Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Au revoir Kalos de Fregia



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Fregia - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 18:01
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 18:01

» Mots-clés :   Aventure   Kalos   Présence de personnages du jeu vidéo

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
L'expédition
Aurel était inquiet ; chaque matin depuis deux jours il arpentait le chemin de terre qui menait à la ferme en quête du facteur, en vain. Certes, Sélène l'avait prévenu qu'elle lui écrirait après l'expédition, mais cela faisait maintenant presque un mois qu'il attendait cette lettre qui ne venait pas et il craignait le pire. En particulier, il s'était renseigné, depuis, sur les légendes entourant le Pokémon Feunard et certaines faisaient froid dans le dos. C'était une créature à la vive intelligence, capable de prendre possession de l'esprit de ses adversaires, de créer des illusions, et de vivre plus de 1000 ans. Cette longévité couplée à un caractère rancunier lui permettait aussi de maudire ceux qui lui manquaient de respect pour des siècles, sur des générations.

Sélène n'était pas bête et c'était une scientifique, certes jeune, mais qui jouissait déjà de quelques expériences sur le terrain à Kalos. Mais toutes ses expéditions précédentes s'étaient passés en mer ou sur un rivage, jamais en montagne. Elle avait Elise et Rodéo avec elle et le Goélise en particulier était tout à fait capable de protéger la jeune femme et le faisait plus que volontiers. Mais est-ce que l'oiseau marin se montrerait aussi efficace loin de son territoire de prédilection ?

Il n'y avait aucune raison que cela tourne mal, c'était ce qu'il s'était dit pendant tout ce temps, mais il lui semblait aussi que trop d'occasion pouvaient transformer cette sortie scientifique en carnage. Son inquiétude était d'autant plus absurde que son amie était plus qu'heureuse d'y participer ; il devrait être content pour elle et ne plus y penser jusqu'à sa prochaine lettre. Mais c'était plus fort que lui ou alors sa vie actuelle tournait tellement en rond qu'il n'avait plus que ces lettres pour la pimenter. Sa louable inquiétude pour Sélène ne serait alors qu'un prétexte pour masquer l'ennui perpétuel dans lequel il s'était englué tout seul.

La question commençait à peine à pénétrer son esprit, quand il entendit les aboiements de Fifi courant vers une silhouette au bout de l'allée : le facteur. Il s'élança à tout allure, saluant l'homme qui poussait son vélo :

"Ah, je sais ce que tu attends comme ça. Tiens, je l'ai là."

L'homme sortit une enveloppe blanche de sa sacoche et la tendit à Aurel ainsi que plusieurs autres lettres auxquelles il n'accorda même pas un regard. Il proposa machinalement un café au postier qui refusa poliment en reprenant sa tournée. Si l'inquiétude du rouquin c'était quelque peu abattue en recevant la précieuse missive, elle remonta en flèche quand il ne reconnut pas l'écriture de son amie sur l'enveloppe, pas plus que sur les pages et les photos qu'elle contenait. Il frémit, mais l'épaisseur du contenu le rassura un peu : on annonçait pas un décès en plusieurs pages. Tout en marchant vers la maison, il entama sa lecture.

« Cher Aurel,

Premièrement, cette lettre est écrit sous ma dictée par l'un des assistants au laboratoire qui a eu la gentillesse de venir m'aider. Ensuite, moi et mes Pokémons allons bien, je suis désolée de ne pas t'avoir écrit plus tôt, j'aurais pu te contacter autrement, mais je t'avais prévenu que je mettrais du temps avant de t'écrire, donc j'espère que tu ne t'es pas trop inquiété pour rien. Je vais de toute façon tout te raconter de l'expédition et de ce qu'il s'y est passé.

Je t'épargne les préparatifs, rien de particulier ne s'y est produit, le professeur Chen est un homme consciencieux et méthodique. Tout ce dont nous avions besoin avait donc été préparé bien en avance et le matin du départ, il a suffit de s'équiper, de prendre nos sacs, de poser l'équipement trop encombrant ou trop lourd sur le dos de Rodéo et de partir.

Les premières heures ont été longues et pas très intéressantes, je m'étais encore entraînée à monter mon Tauros, mais comme il avait une charge supplémentaire et pour éviter de le fatiguer, nous avions décidé que je marcherais autant que possible. Ainsi, tant que nous n'arriverions pas à la route obstruée par les éboulis, mes petits pieds devraient me porter moi et mon énorme sac à dos. Cela dit, je n'avais pas à me plaindre, très vite le chemin est devenu bien plus agréable, surtout en compagnie du professeur. Cet homme est un véritable puits de science sur la faune d'Alola et en particulier sur les espèces présentes à la fois sur les îles et à Kanto, d'où il est originaire.

Il a d'ailleurs avec lui deux Miaouss, l'un vient de Kanto et l'a accompagné à Alola où il a capturé le second. C'est une espèce que je n'avais jamais vu en chair et en os auparavant ; ce sont d'élégants petits félins qui peuvent marcher à quatre pattes aussi bien que sur deux. De nombreuse histoires les associent à la richesse, à cause de la pièce en or qui orne leur front. Le professeur me les a décrit comme extrêmement intelligents et capable, dans de rare cas, d'apprendre le langage des hommes, bien que les siens n'aient jamais appris. Le Miaouss originaire de Kanto est de type normal, sa fourrure est beige avec des tâches marrons au bout des pattes arrières et de la queue, au contraire de sa forme autochtone qui est de type ténèbres et uniformément grise, à l'exception des tâches qui cette fois sont moins marquées et plus claires (tu pourras constater la différence sur une photo du professeur avec ses deux protégés).

Le long de notre route, nous avons naturellement aperçu de nombreux Manglouton et Picassault. Ce sont des Pokémon très communs à Alola et ils vivent un peu partout, y compris en ville ; tu as du en apercevoir en arrière plan sur les photos que je t'ai envoyé. Manglouton est une espèce de type normal, proche de Linéon en apparence, mais je lui trouve un air bien plus hargneux avec ses grandes dents et ses bandes blondes sur le dos et le ventre. Picassault est un petit oiseau noir et blanc avec un bec long et fin, le haut de sa tête est coiffé d'une houppette rouge, qui n'est pas sans me rappeler nos Passerouge locaux.

Mais le professeur m'a surtout beaucoup parlé des Noadkoko d'Alola que nous avons pu croiser. Si tu avais pu les voir ; ils sont immenses ! Ceux que nous avons à Kalos, dans la Baie Azur n'ont strictement rien à voir. De ce qu'il m'a été expliqué, ils sont non seulement bien plus hauts (surtout plus allongés, ils ont un long cou qui part de leur corps trapus), mais disposent en plus d'une quatrième tête dans leur dos, qui rend les attaques surprises presque impossibles. Plus étonnant encore, ils ne sont pas de type psy mais de type dragon. Le climat chaud d'Alola leur convient donc parfaitement, puisqu'ils détestent le froid. Cela dit, et tu le verras sur les photos, je n'ai pas vu grand chose de "draconique" en eux, en dehors de cette sale "habitude" qu'ils ont d'abattre violemment leurs têtes sur leurs ennemis (ce qui explique la distance à laquelle nous avons fait nos observation).

C'est après la pause "Noadkoko" que la route, jusque là tranquille et simple à arpenter, a commencé à devenir plus difficile. Nous nous sommes écartés des plages paradisiaques au sable blanc qui font la renommée d'Alola, pour entamer l'ascension d'un de ses volcans. Rassure-toi, de mémoire d'Homme, ce volcan n'a jamais craché de flamme, ce qui explique la présence récente de Goupix et de Feunard qui, dans cette région, préfèrent le froid.

Alors que nous grimpions le long des flancs de la montagne, le professeur m'a racontée deux histoires. La première faisait suite à notre rencontre avec les Pokémons palmiers rencontrés en aval et concernait le changement de type des créatures vulpines que nous voulions rencontrer. Contrairement aux Noadkoko, dont l'origine reste encore floue, les chercheurs savent que des Goupix sont arrivés avec les premiers habitants humains d'Alola. Toutefois, l'espèce a toujours préféré vivre en solitaire et ils ont quitté les plages et les forêts chaudes et humides des îles, trop peuplées et ont élu domicile sur les plus hauts pics de l'archipel, là où la neige ne fond jamais. Cette transition d'un climat tropical à un climat bien plus froid s'est fait progressivement : peu à peu, ces Pokémons ont perdu leur type feu pour un type glace plus adapté à un nouvel environnement. Les spécimens que nous allions observer au sommet de la montagne sont d'autant plus intéressants qu'on y trouve normalement ni Goupix, ni Feunard, mais une famille y aurait été aperçue récemment, d'où l'intérêt pressant du professeur.

La deuxième histoire, elle, est bien plus ésotérique que la première et concerne le volcan dont que nous arpentions. Il existe deux pokémon légendaires particulièrement important dans le folklore de la région (l'équivalent local de Xernéas et Yveltal). Ces créatures de légendes portent le nom de Solgaleo et Lunaala, l'un est un fauve diurne symbolisant l'astre solaire, l'autre est une bête nocturne aux ailes étoilées et représente la nuit. Ce cratère, qui crachait des flammes autrefois, monte désormais si haut dans le ciel que la neige le recouvre parfois. Cette évolution évoque aux habitants d'Alola l'alternance entre le jour et la nuit. Pour eux il est évident qu'un jour le volcan s'éveillera à nouveau, comme un grand fauve au matin, et enverra vers le ciel ses gerbes de braise. Comme le sommeil prend fin quand le soleil se lève, les légendes raconte que c'est Solgaleo qui réveillera le volcan et Lunaala qui le rendormira.

Malgré mon amour pour les sciences dures, j'adore ces récits. D'autant que les récents évènement à Kalos nous ont démontré que les Pokémon mythiques qui peuplent nos contes sont parfois aussi réels que toi et moi. Nos bavardages et mes questions ont du pourtant prendre fin lorsque des rochers ont commencé à bloquer notre avancée. Nous approchions du sommet, et nous avions décidé de planter notre premier campement en aval des éboulis. Contrairement aux entraînements, où Rodéo et moi pouvions charger à fond sur les obstacles, le professeur nous a demandé d'être "soigneux" et "délicats", de progresser lentement s'il le fallait, mais il ne voulait surtout pas déranger les Pokémons sauvages. Les Feunard qui ont été aperçus dans les environs, contrairement à la variété plus commune dans d'autres régions, sont réputés pour leur caractère doux et amène, mais n'en restent pas moins des créatures redoutables, qui n'hésitent pas à s'en prendre à ceux qui malmènent leur territoire.

Dégager le chemin nous a pris des jours, c'était long et difficile, même avec l'aide de Rodéo. Plus nous progression et plus la douce brise de montagne faisait place à des vents cinglants. Quand nous nous levions à l'aube, la rosée qui couvrait la végétation d'un voile de givre me rappelait les froids matins d'hiver à Yantreizh. Je tentais de voir le positif de ce climat glacial : plus la rigueur s'installait et plus nous augmentions nos chances de croiser les discrets habitants des lieux. Mais c'était Elise qui souffrait le plus de l'environnement ; elle partait de moins en moins loin lorsque je l'envoyais en éclaireur et passait le plus clair de son temps perchée dans la fourrure de Rodéo. Les deux Miaouss n'en menaient pas large non plus et demeuraient presque constamment dans leurs Pokéball, seul le plus âgé sortait parfois lorsque nous nous abritions au campement. Avec mon Tauros, la créature qui s'en sortait le mieux était encore cet agaçant petit Rocabot, qui pour d'obscures raisons nous avait suivi jusque là. Cette inexplicable filature inquiétait Chen, qui pensait que le mauvais caractère du canidé pouvait compromettre nos chances avec les Feunard.

Mais il faut reconnaître que ce Pokémon faisait preuve d'une remarquable ténacité, même quand la neige se mit à tomber et qu'Elise dut, elle aussi, retourner dans sa Pokéball, il continua de nous suivre. Nous pouvions l'entendre hurler à la lune presque tous les soirs, au grand agacement du professeur, car nous n'avions toujours pas trouver nos spécimens, seulement quelques traces, difficiles à dater à cause des conditions climatiques qui ne cessaient d'empirer. Nous n'étions pas équipés pour endurer un blizzard et c'est ce que nous craignions le plus, si nous nous éternisions dans les hauteurs du volcan. Ainsi, la décision a donc été prise de faire demi-tour.

Le matin du départ, la neige tombait en gros flocons dans le cratère désert. Il régnait dans la brume une quiétude et un silence parfait ; la nuit dernière, nous n'avions même pas entendu les hurlements intempestifs de Rocabot. J'allais donc sortir Rodéo afin de commencer à remballer les dernières pièces d'équipements et les attacher sur son dos, quand un drôle de son a figé mon mouvement. Cela ressemblait à un glapissement cristallin, un écho lointain qui résonnait contre les parois de pierre et de glace. Le bruit était si ténu et j'étais tant habituée à être aux aguets pour rien, que j'aurais détourné le regard et repris mon action où je l'avais arrêté si une forme n'avait pas bougé entre la danse des flocons.

Je me suis accroupie dans la neige, fixant intensément ce que je croyais voir. Au pire, j'aurais eu l'air stupide en observant si sérieusement un courant d'air joueur (aucune importance, cela m'était déjà arrivé pendant l'expédition). Discrètement, je sortis Elise de sa Pokéball. J'ai pris son bec fermement pour lui interdire tout son et lui ai indiqué la direction vers laquelle elle devait se concentrer. Son talent "regard vif" lui permettrait peut-être de déjouer la capacité "rideau neige" qui camouflait si bien Goupix et Feunnard sur les sommets enneigés. Mon oiseau frigorifié claqua doucement son bec, communiquant que c'était bien un Pokémon que nous observions. J'ai frémi et retenu mon enthousiasme alors que le professeur nous rejoignait, alerté par notre numéro.

Nous avons observé des heures dans la neige, immobile, attendant finalement de mieux apercevoir un couple de Feunard et leur petit Goupix. Nous n'étions pas dupes et eux non plus, ces Pokémons étaient bien conscient de notre présence, mais nous ne les dérangions pas et ils avaient peut-être même choisi d'eux-mêmes de se montrer à nous. Un signe de générosité ? Un bon présage envoyé par ces créatures considérées comme des esprits divins protecteurs à Alola ? En cet instant je ne me posais pas la question, je contemplais bouche bée ces bêtes magnifiques, presque invisibles avec leur longues fourrure évanescente dans cet univers blanc. Que cet endroit ait été fait pour eux ou qu'ils s'y soient adaptés, il n'y avait pas à douter du type de ces Pokémons : il y avait une nature manifestement féérique dans la façon dont leurs neufs queues volaient dans l'air, comme de merveilleux voiles et leurs déplacements agiles et gracieux dans la neige ne pouvaient être que ceux d'un type glace. Ils n'auraient pu être plus éloignés de l'espèce flamboyante, plus connue ailleurs dans le monde. J'espère que les quelques photos que j'ai pu prendre rendrons hommage à leur beauté.

Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés assis là, à les regarder. Tout ce dont je me souviens c'est des terribles crampes qui ont suivi. Une fois la petite famille disparue, le professeur a finalement sonné le départ. Grâce au travail de déblaiement fait à l'aller, le chemin du retour a été bien plus rapide et beaucoup plus simple. Je prenais même le temps de prendre en photo la faune et la flore de la montagne, m'éloignant un peu avec Rodéo pour me documenter et continuer de découvrir la région. Jusqu'à ce qu'une après-midi radieuse, alors que nous nous rapprochions du pied du volcan, je sois surprise par une horde de Manglouton. C'était la première fois que j'assistais à une attaque groupée à Alola, mais comme tu le sais, on en croise couramment à Kalos et je ne me suis pas laissée impressionner, ni moi, ni Elise, qui a toujours su gérer ce genre de combat. Sans effort apparent, elle les a chassé de larges mouvements d'ailes, déchaînant des bourrasques tranchantes qui ont rasé les hautes herbes alentours.

Satisfaite et fière des performances toujours plus qu'honorables de ma vieille amie à plume, j'allais la rappeler à mon poignet, quand un énorme Pokémon se jeta sur Rodéo, le projetant en contrebas dans une ravine et moi avec. Les mugissements paniqués de mon Pokémon m'ont forcée à bondir sur mes jambes, malgré les élancements douloureux qui parcouraient mon corps. Un Argouste d'une taille absolument gargantuesque labouraient le flanc de mon Tauros à grands coups de pattes et seul ses ruades paniquées tenaient éloignée la gueule garnies de dents pointues. Je n'ai jamais trop aimé les Argouste, comme sa pré-évolution Manglouton ; j'ai toujours trouvé qu'ils avaient une vilaine tête agressive. Ma déontologie me prévient de porter de tel jugement d'ordinaire, mais là s'en était trop : sans réfléchir, j'ai hurlé sur notre attaquant, tentant de l'arracher du dos de Rodéo. Elise est enfin arrivée à tire d'aile et c'est son intervention seule qui mit le Pokémon sauvage en fuite.

Sans attendre d'avantage, j'ai ordonné à mon Goélise de partir chercher le professeur et de lui indiquer notre position. Malgré le bruit, je n'étais pas sûre qu'il nous ait vu tomber et la végétation était plus qu'abondante au alentours, masquant le lieu de notre chute. Je n'ai pas laissé Elise protester et elle s'est finalement élevée dans les airs en piaillant. J'ai profité de l'absence pour inspecter l'état de ma courageuse monture : Rodéo était mal en point, mais il s'en sortirait sans mal si je le faisais rentrer dans sa Pokéball, tant pis pour l'équipement. Quant à moi, mes jambes étaient couvertes de profondes griffures et une vive douleur m'empêchait d'utiliser mon poignet droit : impossible de grimper la ravine dans cet état.

Mais là n'était pas le pire, une fois seule, panique et craintes se sont emparées de moi ; tous les sons alentours, chaque mouvement dans les branches, étaient l'occasion d'un sursaut ou d'un gémissement plaintif. Je me sentais comme un animal blessé et acculé, j'étais un animal blessé et acculé, condamné à l'attente. Jusqu'à ce qu'un bruit au dessus de ma tête ne me fasse sourire : enfin le professeur arrivait pour m'aider à remonter. Mais le visage qui s'extirpa des lianes n'avait ni le sourire bronzé de Chen, ni le bec piailleur d'Elise, mais les crocs baveux de l'Argouste géant.

J'ai poussé un cri, auquel le hurlement familier de Rocabot a répondu comme un écho salvateur. Le petit canidé s'est jeté au cou du monstre, envoyant dans son œil une gerbe de cailloux pour l'aveugler. La douleur et la surprise, en plus de l'épuisement du à sa première confrontation avec Rodéo et Elise, ont eu raison du Pokémon sauvage qui s'est enfui, laissant les aboiements furieux du canidé derrière lui.

La suite est assez flou dans mon esprit. Je ne me suis pas évanouie, mais les évènements semblent faire partie d'un tout brumeux et incertain. Je me souviens que le professeur est finalement arrivé et les secours ont suivi peu après. Mon Tauros a été pris en charge au centre Pokémon alors que j'étais transportée à l'hôpital de Mele Mele. Je souffrais de diverses contusions, mon poignet était foulé et les plaies à mes jambes, bien que sans gravité, laisseraient des cicatrices. Au final, je n'ai eu le temps de t'écrire qu'une fois laissé à la solitude de ma chambre d'hôpital (et encore j'ai du retenir un assistant pour écrire à ma place à cause de mon poignet).

J'ai eu peur certes, mais je vais bien. Comme prévu Rodéo s'est remis très vite et j'ai pu les récupérer, lui et Elise. Je t'écrirais à nouveau très bientôt, en attendant ne t'en fais pas trop pour moi, les aventures sont aussi faites de quelques frayeurs comme celles-ci !

Je t'embrasse mon cher Aurel, prends bien soin de toi et de Fifi,

Sélène, depuis une chambre d'hôpital où elle s'ennuie beaucoup trop. »

Le jeune homme avait fini la lettre assis à une chaise de la cuisine. Qu'il ressente de l'inquiétude, de la colère et un certain sentiment d'impuissance face à ce qu'il venait de lire n'avait rien d'étonnant. En revanche, il se surprit à éprouver aussi une certaine forme d'envie, de jalousie même, à l'égard de sa vieille amie. Il l'avait déjà ressenti en lisant ses lettres et en admirant les photos des merveilleux paysages d'Alola, mais il ne s'en était jamais formalisé : il n'y a rien de plus normal que d'être un peu envieux de quelqu'un qui travaille tous les jours dans un environnement aussi magique. Mais là, ce qu'elle lui avait décrit n'avait rien d'agréable et s'éloignait de l'idéal paradisiaque, que son travail au laboratoire avec le Motisma récalcitrant. Alors pourquoi ressentait-il cela ?

Il frotta ses yeux de son pouce et de son index, puis rangea les papiers dans leur enveloppe. Il ne servait à rien de se préoccuper d'avantage de ses sentiments, il n'avait de toute façon pas envie d'y penser. Il répondrait à sa lettre dans la soirée, après son travail.