Prologue
C’est un “Boum !” qui créa la magnifique région d’Alola, sans raison apparente ; l’eau soudainement bouillonnante, la terre qui en émergeait telle une divinité, bouleversant les dizaines de kilomètres à la ronde d’eaux non seulement à cause de la chaleur émise, mais aussi parce que des courants fulgurants emportaient les groupes d’Amonita et de Carapagos dans les flammes ardentes du maelström. C’était un chaos, mais un chaos d’une beauté spectaculaire qui laissait paraître des fusées de lave orangées et rouges, dansant autour d’elles-mêmes comme des feux d’artifices. C’était un portrait coloré inoubliable, mais uniquement admirée par les Pokémon fossiles car, en effet, la région d’Alola se forgea près de 50 millions d’années plus tôt.
Ainsi, la première roche à respirer l’air fut celle de l’île d’Ula’Ula, caractérisée par son volcan de glace titanesque. Le reste suivit pendants plusieurs millénaires, d’abord par Akala, puis par Melemele. Le petit benjamin, Poni, s’échappa des océans avec 5 millions d’années de retard. Dès lors, la faune et la flore se manifestaient rapidement.
Les Sabelettes furent, dit-on, les premiers occupants non fossilisés de l’île. Vivant en grand groupe, ils savaient chasser le Kokiyas dans les eaux profondes mieux que quiconque grâce à leur incroyable habilité à nager. Avec le temps, d’autres espèces apparurent dans les déserts et les forêts, et les Sabelettes perdirent peu à peu cet instinct aquatique ; ils changèrent même de couleur pour se fondre dans le paysage ensablé. Car oui, aucun Pokémon n’a gardé sa forme ou son type ancestral ; les Tartard possédaient autrefois des pouvoirs psychiques hors du commun et hypnotisaient leurs ennemis avec leur spirale ventrale, les Krabby, de type feu, lançaient des boules enflammées de leurs pinces imposantes. Bref, des millions d’années d’évolutions et de changement.
Pourtant, un détail échappait presque à cette loi universel, un détail si petit que nul être vivant n’y prêtait attention. En effet, une seule petite graine dorée se formait au fond d’une crevasse, entourée de magma et de roche en fusion, qu’elle ne craignait pas. Elle était là, paisible, au fond de son trou où personne ne pouvait l’importunait. Ce que tout le monde ignorait –S’il y eût un monde- c’est que cette graine était unique, elle portait en elle la puissance éblouissante de Solgaleo et l’énergie apaisante de Lunala. Pourquoi donc ? Mystère. Un mystère qui n’était pas près d’être élucidé. La seule chose que nous et vous savons, c’est que cette graine “magique” grandira en une fleur magnifique pendant des centaines d’années, un processus quasi-éternel, et qui donnera à cette plante l’aventure la plus sensationnel que quiconque n’a, ou n’aura jamais vécu.
Trêves de paresse ! Le volcan en question est encore en plein réveil. Qu’adviendra-t-il donc de la précieuse graine au milieu de ce carnage naturel ? La voilà qui roule, roule et roule dans cette crevasse menaçante, imbibée de lave. Elle esquive une, deux, trois coulées avant de s’engager dans une pente vertigineuse. Au fur et à mesure que l’île émerge, la boulette dévale le circuit descendant en lacet, se dirige vers l’océan fumeux, se fait sauver juste à temps par de petites remontées. Après plusieurs zigzags, la graine trouve enfin une place sûre, entre deux roches, qui lui permet une immobilité certaine. Une immobilité qui se poursuivra pendant une petite éternité, jusqu’à ce que quelqu’un –ou quelque chose- vienne la délivrer.
Un vrai miracle, cette petite graine.