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Mother de Sow-Erious



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» Auteur : Sow-Erious - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 02:58
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 02:58

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Chapitre 6 : Overkill
Les jours qui suivirent, je les vis sous un vernis lugubre. Je réalisais petit à petit que les hommes avaient utilisé les gouroutans pour asseoir leur pouvoir. Grâce à eux, ces mêmes hommes faisaient payer leurs semblables pour l'exploitation d'une terre qu'ils avaient revendiquée comme étant la leur.

Mais les singes s'étaient mis à rêver de l'impossible, ils avaient entre-aperçu une chimère. Cela leur avait valu d'être destitués et décimés. On avait alors choisi un nouveau symbole et ce sont les tritox qui en ont hérité. Pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, ils avaient été réduits à l'état de moins que rien, d'esclaves pour lesquels chaque corvée allaient être imposée sous peine de torture ou de mort.

Dans tout cela, un pokémon rejeté de tous avait été séparé d'une petite fille qui était sa seule amie. Pour pallier à sa solitude, il se droguait jusqu'à finir complètement déséquilibré.

En parallèle, à la serre, tout continuait bon train. On récoltait des baies, on dansait, on chantait,.... Personne ne semblait se soucier de ce qu'il pouvait se tramer là-bas. On me disait qu'aussi triste que ce fut, en l'état actuel des choses, on ne pouvait rien faire. Et je devais avouer à chaque fois que non, on ne pouvait rien faire.



Les nuits étaient longues, je ne trouvais plus le sommeil. Sans me soucier de mon état de fatigue croissant, je continuais les récoltes ou déambulais en vain dans le jardin.

Ainsi un soir, je trouvai Floramantis devant la cascade entreprenant son ballet nocturne. Je vint m'asseoir non loin, bien en vue, mais elle ne réagit pas et commença sa répétition. Ses gestes étaient élégants, légers. Pourtant, il en émanait une fermeté, une force certaine tranchant l'air à chaque mouvement et apportant un parfum de rhubarbe. Je ne dormais toujours pas, mais y trouvai un repos, un apaisement. Les idées cessèrent de se bousculer dans ma tête, j'en fis abstraction le temps d'une danse.

Les nuits étaient longues, mais les journées paraissaient des siècles en comparaison. Je revenais continuellement voir la ballerine produire son spectacle martial et jamais elle ne dit rien. Jusqu'à ce qu'elle s'arrête un jour brutalement.

Ses épaules tombèrent et elle me dévisagea. Auparavant, cela m'aurait mis mal à l'aise. Au lieu de ça, je restais sans réaction, affaissé sur moi-même, à la fixer tout autant. Je me demandais pourquoi elle s'était interrompue. J'appréciais particulièrement le passage auquel elle arrivait, je me sentais insatisfait.

"Tu ne te souviens vraiment de rien ?"

C'était la première fois qu'elle me laissait entendre sa voix alors que je m'enfermai dans un mutisme immuable. Je ne voulais pas bavarder. Pourquoi elle ne dansait plus ?

"Apparemment non."

De quoi parlait-elle ? Je souhaitais seulement qu'elle recommence à voltiger. Elle allait jouer avec ses faux comme si il s'agissait d'épées qu'elle faisait virevolter autour d'elle. Je lui enviais ce mouvement. Il était complexe, ses lames venant raser sa taille à chaque seconde, mais si élégant.

"Ca n'a pas dû être facile.... Le choc a-t-il tout effacé de tes souvenirs ?"

Elle m'observa encore avant de bondir en arrière. Je crus d'abord qu'elle allait reprendre, puis elle atterrit au sommet de la chute d'eau.

"Suis-moi.", lança-t-elle avant de partir.

Il fallut quelques instants avant que je décide de me lever. Et c'est indifférent que j'escaladai les rochers et suivis la trace odorante qu'elle avait laissée derrière elle. Le chemin s'enfonçait entre les arbres. Des lianes pendaient dans une atmosphère lourde, humide, et des chétiflors et boustiflors y ronflaient.

Le bruit de l'eau disparut tandis que j'arrivai dans une modeste trouée illuminée par la lumière de la lune. Floramantis était appuyée à un arbre, surveillant mon arrivée. La plumeline mauve était là aussi. Les ailes l'une sur l'autre, elle s'inclina en guise de salut.

Il régnait dans cette petite clairière un calme morne uniquement perturbé par une forte senteur aromatique d'agrume. En regardant les environs, je découvris un amas de terre m'arrivant jusqu'aux hanches. Dessus avait été déposé un collier de baies sédra expliquant l'odeur.

Quelque chose se débloqua dans ma mémoire.

"Je ne voulais pas que cela se passe de la sorte, mais Floramantis à raison. Il n'est pas bon de te laisser ainsi.", déclara Plumeline d'une voix douce.

La peur grandit en moi. Le fil de mes souvenirs remonta : le palais, les cours de danse, ma jambe, la jungle et ses brigands, Kulana, Goinfrex, la plage, la jungle, la serre, Maman, la cage, la maison.... Et l'oiseau narra une histoire que je recouvris en même temps.



"Tu étais avec ta mère, chez vous."

Sabelette et moi étions allés plus loin que de coutume, nous rapprochant dangereusement d'une route humaine, et nos mères respectives étaient venues nous récupérer en se plaignant de notre irresponsabilité. Plus tard nous aurions pu partir, aller dans une autre région et pourquoi pas nous lier avec un humain. Mais nous n'étions pas encore en âge. Nos mamans devaient encore veiller sur nous. Nous rentrions.

"Quand elle est tombée dans la gueule d'un empiflor."

En marchant sur une corniche, nous étions exposés. Un empiflor en contre-bas m'attrapa le pied grâce à une liane et je tombai mais Maman plongea pour me sauver. Elle s'est enroulée autour de moi alors que nous tombions dans une bouche grande ouverte. L'instant d'après, nous nous retrouvions dans un liquide chaud, irritant, désagréable. Par réflexe, Maman me jeta en dehors du pokémon plante.

"Tu es resté à côté d'elle et une cage s'est refermée sur vous."

Une prison de fonte. Comme celles ayant amené les apitrinis et l'apireine. Et des hommes vinrent la récupérer. Ils cherchaient seulement à capturer la fleur carnivore mais n'ont pas remarqué qu'il y avait deux passagers supplémentaires.

"Vous avez traversé l'océan et atterri ici même. L'empiflor n'a pas survécu, ta mère lui ayant fait de sévères dégâts de l'intérieur."

Le voyage était flou. Nous étions enfermés et le sol ballotait dans tous les sens. Je pense avoir été malade. La cage avait ensuite été déposé dans ce qui ressemblait à une immense forêt. A peine libéré, Empiflor a recraché Maman et s'est desséché. Elle a rampé vers un arbre et s'est mise dos à lui, le visage crispé en un rictus de douleur. Elle m'avait dit que tout allait bien se passer.

"Et nous vous avons découverts."

Un oiseau prune et une mante rose nous ont trouvés. Maman ne voulait pas que d'autres sachent que nous étions ici. Malgré son caractère méfiant, elle avait décidé de faire confiance à ces deux pokémons pour s'occuper de nous et à personne d'autre. Ils avaient tenu leur promesse, nous ont nourris et ont soigné Maman.

"Quand elle s'est mise à trembler, tu as pris peur. Tu t'es mis à courir et j'ai perdu ta trace dans la jungle."

Plumeline baissa le bec, désolée.

Maman était trop malade. Je ne savais pas pourquoi j'étais parti. Maman m'avait dit de ne pas m'éloigner. Pourtant.... J'étais parti. La vie quittait son corps. C'était trop vrai, je craignais de le voir. Alors j'avais fui.

Mes genoux voulurent flancher mais je restais figé. Comme si je pouvais cacher les gouttes salées qui perlaient aux coins de mes yeux, je levai le menton et fondis en larmes.



Durant un jour et une nuit, je suis resté aux côtés de Maman à lui parler, à m'excuser d'avoir été aussi lâche, à lui raconter mes dernières aventures....

Le lendemain, je sortis enfin de la clairière, apaisé, faisant mon deuil. Je me rendais peu à peu compte de ma bêtise concernant Goinfrex, les tritox ou Mimiqui. Je ne devais pas me laisser abattre comme je l'avais fait. Il fallait que je continue de vivre et peut-être qu'un jour, je pourrai m'expliquer avec mon ami ou venir en aide aux autres.

Le soir tombait après une journée tranquille. En passant non loin de la cascade, j'aperçu une gigantesque masse dont l'énorme ventre montait et descendait au rythme d'une forte respiration. Je reconnu le pokémon en m'approchant : il s'agissait d'un ronflex. Il avait encore des morceaux de baies autour de la bouche et dormait bruyamment.

Je me demandai ce qu'une telle créature venait faire dans la serre. Depuis mon arrivée, j'avais pu en faire le tour, et loin de connaître tous ses habitants, on ne pouvait pas louper une espèce aussi imposante. Une possibilité à ne pas écarter était qu'il avait trouvé un squat avec des provisions illimitées. Décidé à trouver la raison de sa présence, je donnai un coup sec entre les deux yeux du ronflex - sachant qu'il n'y avait pas de risque que je lui fasse le moindre mal - afin de le réveiller.

Il ouvrit les paupières en grognement, exhalant une odeur de baies digérées dans mes narines. Il écarquilla les yeux un instant avant de s'exclamer :

"Je !"

J'esquivai un coup de tête involontaire alors qu'il se redressa énergiquement avec une souplesse que je ne lui aurai pas suspectée.

"Enfin je te retrouve ! Je t'ai cherché toute la journée !", poursuivit-il.

Je ne compris pas tout de suite. Comment me connaissait-il ? Pourquoi me cherchait-il ? C'est en relevant son ton vantard, prétendant m'avoir retrouvé alors qu'il dormait que je tiltai.

"Goinfrex ?", demandai-je sidéré.

Il afficha un grand sourire et essaya de croiser les bras de satisfaction. N'y parvenant pas, il les laissa posés sur sa bedaine proéminente.

"C'est Ronflex maintenant comme tu peux le voir !", annonça-t-il fièrement.

L'évolution est un grand mystère. Les pokémons sont ovipares, nous sortons donc d'un oeuf. Sous une première forme enfantine, nous grandissons jusqu'à une certaine taille. Et indépendamment de cela, nous pouvons évoluer à tout moment. Cependant, il faut réunir certaines conditions pour que ce moment arrive et jusqu'à présent, les secrets de cette transformation restent obscurs. Pour certains elle fait suite à un combat remporté ou perdu, pour d'autres il leur suffit d'attendre patiemment, d'autres encore doivent rejoindre un lieu spécifique,....

"Mais comment ?", voulus-je savoir.

Il se gratta derrière l'oreille semblant rassembler ses souvenirs. Pressentant la longueur du récit, je m'assis en face de mon ami retrouvé.

"Un matin, je fus pris d'une faim intarissable. J'ai commencé à dévorer tout ce qui me passait sous la main sans pouvoir m'arrêter. Après deux jours de repas, je me suis évanoui de fatigue. Et quand je me suis réveillé, j'étais devenu un ronflex."

Je m'attendais à quelque chose de plus complexe. Il avait simplement eu faim et c'était tout. Il reprit.

"Mais il y a eu des évènements antérieurs.... Par où commencer.... Mon maître est mort."

Le détachement qui transparaissait dans sa façon de l'annoncer m'étonna. Il vénérait le vieil homme. Pourtant je sentais une pointe d'amertume.

"Il aura bien vécu, m'essayai-je à glisser.

- Tu sais qu'il était à peine plus vieux que Moke ?"

Moke n'était pas un jeune homme, mais il n'était pas non plus à la moitié de sa vie. Le maître de Goinfrex était un vieillard aux cheveux et à la barbe blanche, incontinent et sénile.

Ronflex regardait mon air médusé et sourit tristement.

"C'est ce qui arrive à un humain lorsqu'il se fait posséder."

Plus il m'en disait, plus il m'embrouillait. Et je crois qu'il le comprit, car il se lança dans une suite d'explications tâchant d'être le plus clair possible.

"Mon maître était en fait un gouroutan de la famille royale. Ils utilisaient leurs pouvoirs psychiques afin de contrôler les esprits d'hommes et de pokémons réceptifs. Il était l'un des plus puissants mais a été envoyé en exil avec les siens suite à leur tentative de putsch. Le vieil homme était un garde à l'époque, réceptacle de mon maître, et a subi la même condamnation."

Il me laissa absorber ses dires un instant et reprit.

"Mis à part lui, aucun autre singe royal n'a survécu à la jungle. Les générations suivantes de gouroutans sont plus petites, moins intelligentes et moins puissantes. Il était le dernier."

Son ton se fit plus sombre.

"Je n'ai pas connu mes parents. A ma naissance, ils ont été attaqués et tués par un lougaroc. Et c'est lui qui m'a sauvé et élevé la première année, m'apprenant diverses techniques de survie. Cependant plus je grandissais, plus je mangeais, et ne pouvant plus assurer la nourriture pour nous deux il m'envoya à Kulana. Je gardais le contact grâce à son réceptacle qu'il avait toujours conservé. La conscience de l'homme avait déjà presque disparue. Je réalisais peu à peu ce qu'il était réellement mais il restait mon maître et je lui demeurais fidèle."

Son regard qui s'était perdu dans la contemplation de l'herbe revint vers moi.

"Puis un jour, j'ai rencontré un pokémon inconnu. Nous nous sommes liés d'amitié, du moins je le pense. Cela n'a duré que quelques semaines, pourtant je le considère comme le meilleur ami que j'ai jamais eu."

La nostalgie m'envahit autant qu'un sentiment opposé, celui de la peur, lui faisait concurrence. J'avais peur de la suite.

"Nous sommes allés dans la jungle une nuit et je l'ai perdu. Je pensais qu'il avait renoncé à nous accompagner car il m'avait raconté son terrifiant passage dans cette même jungle. Les pikachus ne l'avaient pas vu passer. Seule une personne savait où le trouver au village : le vieil homme."

Il arrêta d'utiliser la troisième personne pour la deuxième.

"Tu es arrivé sur son territoire, Je. L'odeur qui embaumait l'air était celle des baies durins. C'était sa nourriture autant qu'un moyen de protection contre le type roche des lougarocs. Il t'a détecté et suivi. Il a commencé par utiliser des attaques entraves discrètes pour t'immobiliser puis est venu apposer sa main pour lancer une puissante hypnose."

Les pieds qui trainaient par terre, la main touffue. Effectivement, cela ne pouvait pas être humain.

"Il m'avertit qu'il ne prendrait aucun risque, personne ne devait savoir qu'il était encore en vie. Il allait te faire disparaître et pour cela te manger."

Une douloureuse sensation de brulure resurgit dans mon membre guéri.

"Je l'ai imploré, supplié, Je. Je te le promets, je ne pouvais pas imaginer une chose pareille. Alors il m'a finalement accordé cette faveur, autant pour que je lui sois à nouveau redevable que parce que tu n'étais pas à son goût.... Je devais dire que les loups étaient responsables de ton état et me débrouiller pour t'expédier loin."

C'est ce qu'il fit. Les hommes avaient suggéré l'idée de m'envoyer reprendre des forces à la serre et Goinfrex avait bondi sur l'occasion pour en convaincre les pokémons.

"Il y a une semaine, le vieil homme est mort. Mon maître ayant toujours vécu accroché à lui l'a suivi dans la tombe. Avant de partir, il m'a confessé un dernier péché ne demandant pas de le pardonner mais au moins d'essayer de comprendre sa situation. Edwin est arrivé à Alola il y a une dizaine d'année. En plus d'avoir une connaissance indéniable des plantes, il avait un vif intérêt pour les espèces pokémons. Ayant entendu parler de l'orang-outan qui avait voulu se faire roi, il est parti à sa recherche. Et comme toi, il manqua de le trouver. Ne pouvant le manipuler, mon maître utilisa un moyen détourné de l'atteindre. Il se servit de Moke, compagnon de Ned bien plus réceptif, pour lui donner une leçon. La force du géant, qui ne se rappelle de rien de ce moment, a suffi à arracher son bras. C'est à ça, Je, que servent les baies tougas alors que Moke pense prendre un médicament pour des pertes de mémoire."

La question initiale de son évolution était finalement arrivée en second plan. Je n'avais pas de mots pour qualifier la sauvagerie de son maître et il n'avait d'ailleurs pas besoin que j'accentue la chose.

Après un temps de silence, je pris la parole pour lui raconter mes propres péripéties. Comment j'ai pu recouvrir l'usage de ma jambe, le passage au palais en lui révélant l'existence de Mimiqui, le travail à la serre, Plumeline et Floramantis, mes souvenirs retrouvés au sujet de Maman,.... La plumeline rouge lui avait déjà fait un rapide résumé, mais il m'écouta patiemment.

Cela fait, nous décidâmes de rejoindre les autres qui avaient préparés une espèce de banquet pour accueillir nos visiteurs Moke et Ronflex.



Au centre de la serre régnait une ambiance festive. Il n'y avait que deux nouveaux venus mais les occasions d'organiser un tel repas étaient rares. Sur une tablée était répartis des baies fraiches, d'autre confites, des miels nouvellement conçus, ainsi que des jus et cocktails.

Les oiseaux sirotaient leur boisson en jacassant. Les joliflors animaient la soirée par un spectacle de hula. Un parecool discutait avec un dodoala, du moins après une demi-heure, ils finissaient de se présenter. Les candines avaient reçu l'autorisation exceptionnelle de se mêler au reste de la serre et elles avaient submergé la zone en un torrent fleuri. Un vent de rhubarbe m'indiqua que Floramantis passait en tapinois prendre quelques mets pour les manger dans un recoin discret. Enfin, Ronflex se retrouva la tête coincée dans un énorme pot de nectar et Moke et Edwin essayèrent tant bien que mal de le dégager.

Demain allait être un autre jour. Loin d'oublier les tritox ou Mimiqui, je devais avancer et ne pas me laisser abattre.



Les vigoroths couraient en tout sens comme à leur habitude. Il attrapait une baie au vol et partaient se défouler dans les arbres. Aussi fut on surpris de les voir revenir cois, avançant directement vers le jardinier. Le dernier de la procession avançait sur trois pattes, tenant un lézard tout noir par la peau du cou dans la quatrième : une tritox.

"Nous l'avons trouvée qui rodait juste à côté. Elle était en train de répandre de l'huile partout.", gronda-t-il.

A part, Edwin dit au gardien de Kulana :

"C'est un tritox. Une tritox même. Ca ne sent pas bon, j'aurai du tenir ma langue devant la reine...."

Le lézard nous regardait d'un air implorant lorsque je réalisai qu'il s'agissait de la femelle que j'avais vue au palais. Celle qui tentait de réchauffer ses frères mourants.

"Elle va les tuer, libérez moi. Je suis désolée, mais elle va les tuer.", supplia-t-elle.

Tout s'enchaîna très vite. Le vigoroth la balança violemment au sol de mépris. En une pirouette, elle retomba sur ses pattes et inonda les alentours d'une huile poisseuse avant de souffler une flammèche sur sa queue. Elle allait la tremper dans l'huile lorsqu'un second vigoroth la plaqua rudement. Sous le poids du singe, elle ne pouvait plus bouger. Faisant face à Moke, elle tenta le tout pour le tout : ne le perdant pas des yeux, elle exhala des phéromones toxiques.

Le géant était immunisé au contrôle mental grâce à sa consommation journalière de baies tougas, mais la manipulation des tritox était d'une autre nature. Il se tétanisa et lâcha son fruit qui vint éclater à terre. Chacun porta son attention sur lui, tous redoutant ce qu'il allait faire. Il se tourna vers Edwin et l'empoigna par le col de sa chemise pour le placarder à la table. Le jardinier tenta de se débattre mais il ne pouvait rien faire face à la domination du colosse qui lui asséna un violent coup de poing pour l'assommer.

Les candines furent alors prises de panique et semèrent un furieux chaos empêchant toute réaction. Elles filaient dans toutes les directions en donnant de violent coups de pied à qui se trouvait sur leur passage.

Fouillant dans la sacoche de Ned, Moke en délogea une allumette. Il la regarda un instant avant de la frotter sur la table et la lancer dans la flaque de combustible.