Chapitre 4 : Mother's talk
Maman était là, de dos à quelques mètres de moi. Elle avait les mains l'une dans l'autre derrière elle, comme lorsque j'avais fait une bêtise. Des larmes commencèrent à perler au bord de mes paupières. Je courus vers elle pour lui sauter au cou, trop heureux de la retrouver mais traversai un écran de fumée qui se dissipa doucement.
Elle était un peu plus loin dans la même position. Je restais un peu stupéfait de ce qui venait de se passer. Elle tourna légèrement tête comme pour écouter ce que j'avais à dire et je me remis à courir dans sa direction sans guère plus de succès.
Elle apparut à nouveau, toujours à distance. Je ne comprenais pas, pourquoi me refusait-elle tout contact ? Je regardais désormais mes pieds, ne pouvant plus contenir mes pleurs. Les sanglots me submergèrent et seuls mes hoquets venaient troubler le silence morne qui nous entourait.
Puis une chaleur grandit en moi, de mes extrémités jusqu'au sommet de mon crâne. Le larmoiement cessa de lui-même et j'ouvris les yeux. Une trace sombre se trouvait alors au sol. En suivant cette ombre, je vis qu'elle me reliait à Maman. Sans s'être rapprochée, elle me faisait maintenant face.
Nous restâmes un instant ainsi. Je prenais tout ce que je pouvais de son étreinte, aussi irréelle fusse-t-elle. J'avais peur de ce qu'elle allait répondre mais je me lançai enfin :
"Tu ne vas pas revenir."
Cette phrase, je l'avais pensée question, elle était étrangement sortie affirmation. Pour toute réaction, elle hocha sobrement la tête. C'était un adieu et pour autant je n'étais pas triste. Elle ne souhaitait pas que je le sois. Elle m'avait élevé, protégé, nourri toute ma vie. Aujourd'hui, encore loin de la totale indépendance, je parvenais à me débrouiller. Je m'étais fait des amis, j'avais trouvé une autre famille en quelque sorte.
Comme une écharpe fatiguée, usée sur laquelle on tire, le lien se rompu. Nous restâmes figés de front. Je ne voulais pas la perdre de vue. Je mémorisais son visage, craignant de l'oublier au moment où elle allait disparaître. Elle sourit finalement et s'envola.
Quelqu'un d'autre marchait au loin. Une forme jaune, ronde, devant tourner le bassin à chaque pas. C'était Sabelette mon ami d'enfance. Que faisait-il ici ? Ou bien le confondais-je avec un autre sabelette puisqu'il y en aurait dans la région ? Non, ce motif hexagonal de ses écailles, c'était lui. Je levais un bras et le hélais :
"Hé ! Goinfrex !"
Le glouton se stoppa net et tourna la tête vers moi, la main encore coincée dans la glotte.
"J'ai revu Maman ! Elle va bien ! Et toi ? Qu'est ce que tu fais là ?", lui criai-je.
Il me fixa une seconde ahuri et repartit en crachant sa patte avant de se la lécher goulument. Je baissai la mienne et cherchai à le suivre. Je fus bloqué par une main sur mon épaule.
"Ned ?"
Ne lâchant pas sa prise, celui-ci sortit un bâton de feu de sa poche qu'il frotta sur son pantalon. Une étincelle jaillit. Elle était d'un bleu ensorcelant de toute beauté. Il m'adressa un sourire triste, compatissant. La flamme dansa quelques instants avant de tomber au sol. Sa poigne se serra. Il affichait désormais un rictus de souffrance, son bras droit décharné par endroit commença à pourrir.
Goinfrex continuait d'avancer, j'allais le perdre de vue. Cherchant à me dégager de l'étreinte de l'homme, je remarquai qu'il avait disparu. Et c'est sans plus me poser de question que j'allais me ruer vers mon ami pour me retrouver une nouvelle fois immobilisé. Une odeur bougie venait d'envahir mes narines. Baissant la tête, ce que je vis me fit perdre mon sang froid : ma jambe gauche était en train de fondre.
Je me réveillai en hurlant de douleur avant de m'affaisser brusquement et de retomber dans un sommeil de plomb.
J'émergeais à nouveau. J'avais mal au crâne et je ne reconnaissais pas l'endroit où j'étais. Je reposais sur un lit de fleurs et de pétales. Les arbres étaient différents de ceux de la jungle que j'avais traversée. Ou étais-je dans une autre partie de celle-ci ? En m'accoudant, je remarquai que ma jambe gauche semblait recouverte d'un enduit cireux. Il y avait du vrai dans ce rêve que j'avais fait : j'ai eu un souci avec ma jambe....
"Ne bouge pas trop ou tu vas t'évanouir à nouveau. Pose ta tête."
Une petite créature vint se pencher au-dessus de moi. C'était un guérilande, un pokémon qui récolte des fleurs afin de s'en servir pour soigner les autres. C'est alors que je constatai que je n'humais plus rien. Toutes ces fleurs autour de moi, je les voyais, mais sentais rien. Mes narines s'agitaient en tout sens et mon soigneur s'en aperçut.
"La perte de l'odorat est fréquente après un tel traumatisme. De plus, tu as dormi plus d'une semaine, laisse ton corps reprendre petit à petit son fonctionnement normal."
Je ne répondis pas, mais seulement à cause de ma gorge sèche. Il avait parlé de traumatisme, quelque chose s'était donc passée après que je me sois endormi dans les bois. Et j'aurai été absent pendant plus d'une semaine. Où étais-je ? Quelqu'un m'avait-il retrouvé ? Que s'était-il passé ? Qui était l'humain là-bas ? Tant de question que je n'étais pas en mesure de poser pour le moment. Il fallait que je retourne dans mon sommeil.
Durant mon alitement, Guérilande était mon unique visiteur. Alors que je reprenais doucement des forces, je pus apprendre de lui que je me trouvais dans la serre principale de la Nanana Fool Company dirigée, depuis ses bureaux, par James Fool son riche fondateur et homme politique. C'était Edwin, lointain cousin de James, qui l'entretenait en tant que botaniste, jardinier, homme à tout faire. L'entreprise avait démarré avec une plantation de baies nanana, d'où son nom, puis avait persisté et entendu ses activités.
Concernant mon sauvetage, ce fut Goinfrex qui m'avait retrouvé au bord de la plaine broussailleuse. Ma jambe avait été mâchonnée et deux os étaient fêlés. On soupçonnait les lougarocs d'être dans le coup. Et quand on se demandait comment j'avais pu en réchappé, on racontait que le soleil devait se lever lors de l'attaque. Sous sa forme diurne, l'animal m'aurait laissé à vue pour que l'on me retrouve. Cette théorie était plausible, mais qu'était-il advenu de l'homme de la forêt ? Je n'en parlai pas, acceptant transitoirement cette version.
Si les chairs avaient du mal à se réparer, les os se ressoudèrent rapidement. Je pus marcher, en boitant et la jambe badigeonnée de cataplasme, au bout de quelques jours.
La serre était gigantesque, si bien qu'il me fallut un peu plus de temps avant d'être capable de la traverser de bout en bout. Mon odorat était revenu et je flairais, le nez au vent, les émanations florales toutes plus singulières les unes que les autres et pourtant étrangement familières. Elle abritait aussi une abondante communauté de pokémons. Je découvris que les noadkokos locaux n'avaient rien à voir avec ceux que j'avais déjà pu voir. Je les savais un peu idiots mais leur type psy leur donnait une surprenante spiritualité. Ici, ils se baladaient en grognant toute la journée et à prétendre être les premiers dragons à quatre têtes - une quatrième tête se trouvant effectivement au bout d'un semblant de queue.... Il y avait aussi des parecools qui se la coulaient douce aux côtés de dodoalas. Ainsi qu'énormément d'autres pokémons plantes et insectes.
Un secteur du jardin était fort agréable. Une cascade reconstituée se déversait dans un bassin entouré de fleurs de toutes les couleurs. C'était un petit coin de paradis où se réunissait une cour bariolée. Je n'osai approcher de peur de me trouver ridicule devant ces extravagantes créatures.
C'est lors de l'une de ces promenades qu'une voix familière m'interpela.
"Hola, Je !"
Plumeline papotait avec d'autres volatiles colorés lorsqu'elle m'avait aperçu. Goinfrex ne l'appréciait guère, mais j'avais la conviction que derrière cette façade qui vouait un culte pour le luxe, l'oiseau pouvait faire preuve d'empathie. Je la saluai du chef discrètement avant de continuer mon tour.
"Où crois tu aller comme ça ? demanda-t-elle en venant se mettre en travers de mon chemin.
- Je soigne ma jambe", fis-je fébrilement.
La solitude me pesait. Guérilande était soucieux de venir me voir aussi souvent que possible, cependant il était en quelque sorte mon médecin et les discussions ne variaient que très vaguement. J'espérais qu'elle reste avec moi. Nous n'étions pas véritablement amis mais je souhaitais un peu de compagnie. Et c'est ce qu'elle fit. Elle me barra le passage d'une aile et dirigea l'autre en direction du point d'eau.
"Allez, on va te présenter à tout le monde. Du moins au gratin de la serre. Et tâche de ne pas me faire honte !", ajouta-t-elle en me regardant de haut.
Lorsque nous arrivions, elle m'orienta vers les volailles avec lesquelles elle discutait précédemment. Elles étaient trois. La première était jaune pâle, comme un canarie. Deux crêtes de plumes se dressaient sur sa tête et de gros pompons de duvet terminaient ses ailes et ses pattes. La seconde, toute rose, était surmontée d'une couronne et revêtait un pagne à la manière de Moke. La dernière était violette, coiffée d'un chignon et possédait une excroissance en panache au bout des ailes.
"Les filles, voici Je ! Je, je te présente Plumeline, Plumeline et Plumeline !", annonça Plumeline.
Ainsi, elles faisaient toutes partie de la même espèce qui, à l'image des sancokis, se déclinait sous plusieurs formes. Si elles arrivaient à se différencier, c'est qu'il devait exister une infime variation quant à la prononciation de leur nom. Etourdi, je me promis de ne jamais me risquer à les appeler de cette façon. Je hochai une nouvelle fois la tête en guise de salut. Elle répondirent de vive voix.
"Hey ! pour la première.
- Aloha !", fit la seconde.
La troisième me dévisageait et ses premiers mots à mon égard furent :
"Mes condoléances, elle est en paix."
C'est Plumeline, la rouge, qui rompu le malaise qui grandissait en moi en s'esclaffant.
"Ahahah, ne fait pas attention. Les spectres sont un peu perchés, Plumeline n'échappe pas à cette règle."
Cette-dernière me regarda perplexe puis en convint et salua à sa façon : en apposant ses toupets l'un contre l'autre et en s'inclinant respectueusement.
Alors débuta le récit de mes aventures depuis que j'avais traversé la jungle pour la première fois et m'étais retrouvé sur la plage aux crabes. Je n’intervins que très peu au sujet de ma propre histoire, ma récente amie s'en étant emparée avec ferveur et exerçant ses talents d'oratrice en l'agrémentant de quelques détails inédits dont je ne me souvenais guère.
Le conte se termina sur ma terrible blessure qui m'avait obligée à garder le lit jusque récemment. C'est toutes ensembles qu'elles s'exclamèrent qu'il fallait m'aider à recouvrer l'usage de ma jambe.
"Je marche déjà depuis la semaine dernière. Les sensations reviennent peu à peu, même si je suis très vite fatigué. Ne vous inquiétez pas.", voulus-je les rassurer.
Les quatre posèrent les ailes sur leurs hanches et me regardèrent comme un enfant faisant un caprice. Elles avaient décidé de me prendre sous leur tutelle, et je n'allais pas m'enfuir.
"Utiliser nos gambettes, ça nous connaît ! fit une première.
- Chacune à sa manière qui plus est, continua une deuxième.
- Et ce sera paaarfait pour ta rééducation ! poursuivit une troisième.
- Oh yeah !", conclut la dernière.
S'en suivit un mois de danse intensive dont ma jambe en mauvais état servait de prétexte. L'attention de toute la serre se porta sur nous, et nombre de curieux s'approchaient afin d'observer nos séances. Dont notamment Edwin qui venait regarder quelques instants le spectacle avec amusement à chacun de ses passages.
On entama mon enseignement par le style buyō. Très statique, il s'agissait de réacquérir un semblant d'équilibre, de retrouver une précision dans les gestes et d'en amoindrir les tremblements. Je me fatiguais alors encore rapidement et, si je pouvais compenser mon manque d'équilibre grâce à ma queue, l'agitation de mes membres fut la difficulté principale à surmonter.
S'ensuivit l'apprentissage de la danse typique d'Alola, le hula, ainsi que du flamenco. Ils allaient de pair car en plus de compter tous deux beaucoup de gestes de mains, ils se complétaient concernant la partie basse du corps : la première discipline mettant l'accent sur la maîtrise de mouvements saccadés du bassin, la seconde imposant une furieuse cadence au niveau des pieds. A ce moment là, l'usage que j'avais jadis de mes muscles était intégralement revenu ; désormais je les affutais.
La dernière Plumeline put enfin m'enseigner sa spécialité, le cheerleading. C'était une danse athlétique mêlant gymnastique et figures acrobatiques pour laquelle chaque partie du corps pouvait être sollicitée. Lorsqu'elle m'en fit sa première démonstration, je compris pourquoi elle avait été gardée pour la fin et j'hésitai à laisser tomber. J'avais recouvert mes capacités et même plus. Mais l'émulation qui était montée autour de nos activités me poussa à continuer. Car à ce stade, les joliflors s'étaient jointent à nous, des candines nous regardaient de loin avec envie n'ayant pas l'aval de leur sucreine, les vigoroths nous accompagnaient tantôt avec des chorégraphies guerrières se rapprochant de la capoeira, tantôt en donnant le rythme avec des tambours. Même les noadkokos s'arrêtaient de temps à autre pour sauter d'une patte sur l'autre en suivant la mesure.
Un matin, je me réveillai plus tôt que de coutume. En me rendant à la cascade avant que le jour ne soit levé, j'entendis des sons étranges, comme si l'on s'amusait à donner des coups de sabre dans le vide.
Les plumelines étaient coquettes et délicates, touchant à tout ce qui pouvait être de raffiné. Mais Floramantis, la créature qui se trouvait là ce matin, était la grâce incarnée. Haute sur ses pointes de pieds, ses atours associaient plusieurs teintes de roses avec des touches vertes aux extrémités. Elle s'adonnait à ballet millimétré où tout semblait fluide, les mouvements enroulés les uns dans les autres.
Suite à un coup de taille, elle penchait son corps en arrière en poursuivant par une projection détournée de son talon la faisant pivoter sur elle même. Talon qui venait ensuite se poser pour donner un nouvel appui qu'elle rejoignait en rasant en le sol, tous membres resserrés. Sa seconde jambe se leva, genou pointé vers le haut, pour être raplatie en avant. Ses bras tombèrent dans le même élan et elle mima le ressac des vagues.
Chacune de ses envolées donnaient naissance à une nouvelle. Elle semblait jouer avec un matériau invisible, comme si elle manipulait l'air pour le caresser, le repousser, le trancher sans fin.
Lorsque rugit le soleil, je sursautai et dévoilai ma présence en marchant sur une branche. L'élégante acrobate posa sur moi un regard énigmatique et s'en alla en laissant derrière elle un parfum de rhubarbe.
Je tentai d'imiter quelques pas quand Ned arriva depuis un fourré donnant sur le point d'eau. Il sourit et s'adressa à moi.
"Elle est épatante n'est ce pas ? Depuis quelques temps, elle ne sort que si personne ne se trouve dans les environs, fuyant lorsqu'on l'approche. Mais je ne peux pas m'empêcher de l'espionner. Son art n'appartient qu'à elle."
Hébété, je ne montrai aucune réaction. Le sourire de l'homme s'agrandit et il passa son chemin.
Son art n'appartient qu'à elle. Cette phrase trouvait une résonnance particulière en moi.
Mon apprentissage terminé, je quittai mon lit de convalescence pour aller m'installer avec d'autres pokémons. Guérilande paraissait triste de me voir partir et je lui promis de venir régulièrement lui rendre visite, je n'allais pas bien loin non plus. Je commençai alors à prendre part à l'entretien des végétaux et aux récoltes.
Je profitai d'une chasse à la baie remu parfaite, en tête à tête avec Plumeline, la rouge, pour discuter un peu plus de ce qu'il s'était passé lors de l'expédition en forêt.
"Oh, rien de bien excitant, hélas. Nous n'avons pu récolter que quelques baies chartis et pocpocs sans rien voir d'autre que des insectes et ces vortentes pervers....", se plaignit-elle.
Un instant, je me demandai si elle avait le moindre souvenir concernant ma mésaventure. Mais elle poursuivit.
"On t'a perdu très vite, Je. Goinfrex était inquiet, il a fait demi-tour et est parti à ta recherche. Pas dans la jungle bien sur, mais vers le village."
Elle avait anticipé mon interrogation.
"Ensuite, pas de lougarocs, toujours rien. Une cueillette sans plus d'intérêt. Nous sommes rentrés et nous sommes couchés. Quand on a remarqué que ni Goinfrex ni toi n'étiez revenus, les quatermacs et les vigoroths sont partis à votre recherche en se séparant afin de passer les bois au peigne fin. Goinfrex se trouvait au bord des broussailles, il attendait que tu reviennes. Mais toi, personne n'a pu te mettre la main dessus. Seul fait remarquable, un quatermac est revenu délirant de ses recherches. Il avait dû être attaqué. Ah celles-ci !"
Elle avait trouvé un plan de remu intéressant et interrompit son récit. Je m'approchai pour constater la supériorité de cet arbre par rapport aux autres. En extérieur, il n'y avait pas de différence. Par contre, l'odeur sucrée dont ses fruits embaumaient la zone était la preuve d'une maturité proche de la perfection.
Plumeline en cueillit un et mordit dedans, laissant son palais d'experte travailler. Je l'imitai et en gobai un moi aussi. Sa peau bleue, délicate, éclatait au moindre mouvement de langue en y répandant un goût sirupeux. La baie avalée, elle laissait une sécheresse en bouche qui poussait à en reprendre une.
"Elles seront parfaites pour les poffins sucrés d'Edwin !", s'exclama-t-elle.
Je posai mon panier en osier au pied de l'arbre et démarrai le ramassage par le bas, l'oiseau s'occupant des grappes les plus hautes.
"Puis le soir venu, Goinfrex rentra de son poste de guet avec ce qu'on pensait être ton cadavre sur le dos."
J'eus la chair de poule. On m'avait cru mort. J'avais été mal en point, mais entendre ces mots me plongea dans une terrible épouvante.
"Néanmoins tu n'avais pas été trop abîmé, les lougarocs t'avaient laissé la vie sauve. Alors on a décidé qu'il valait mieux pour ta santé que nous t'emmenions.
- On ?, demandai-je.
- Ned proposa et les hommes furent tous d'accord. Mais au niveau des pokémons, c'est Goinfrex qui insista pour que tu partes avec nous. Cela fendait le coeur des pikachus d'ailleurs."
Ses mots sonnèrent bizarrement. Ned était humain et il est dans leur nature de toujours craindre le pire : une infection, le pourrissement des chairs,.... Cependant, rester au village n'aurait pas changé grand chose. Nous sommes plus résistants qu'ils peuvent le croire. Pourtant, le glouton avait insisté pour que je parte.
Je notai aussi qu'il attendait mon retour, avait retrouvé mon corps, cela sans apercevoir directement les lougarocs qui avaient sagement attendu la fin d'après-midi pour m'éloigner d'eux. Quelque chose ne collait pas.
"Y a-t-il des hommes dans jungle ?", demandai-je enfin à brûle-pourpoint.
Plumeline parue surprise de ma question car elle arrêta sa collecte un instant pour vérifier si j'étais sérieux. Elle plissa les yeux, intriguée, et répondit en se remettant à sa besogne.
"Si il y en a eu un jour, plus depuis des siècles. Même les pokémons ne se risquent pas trop là dedans. Alors les hommes...."