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Mother de Sow-Erious



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» Auteur : Sow-Erious - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 02:53
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 02:55

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Chapitre 3 : Is there anybody out there ?
Le repas du soir aurait été un joyeux festin si on n'avait pas pris la décision d'organiser une expédition nocturne dans la jungle. Les enfants jouaient et couraient en tout sens alors que les adultes mangeaient pensivement leur dîner par petites bouchées. Les vigoroths au fort tempérament se battaient entre eux quand les quatermacs méditaient, assis en tailleur. Chacun évacuait la pression à sa manière : Goinfrex en se goinfrant toujours plus, Plumeline ne tarissait pas d'histoires dont s'abreuvaient les pikachus.

Moi, je ne pouvais rien avaler. Le cri strident qui annonçait la nuit venait de retentir quand je me remettais en mémoire celui des lougarocs. Ne sachant pas me battre, étant de faible constitution, j'hésitais encore à accompagner la troupe. Mais à l'instar de Moke qui devait suivre Ned, mon ami se portait garant pour moi.

A la fin du repas, Edwin sortit quelques gadgets de sa sacoche qu'il étala devant lui. Il y avait une boîte métallique sur laquelle était dessiné un curieux pokémon tortue rouge et jaune crachant une fumée épaisse, un ballot en feuilles de bambou, ainsi qu'une petite cheminée en ébène noire dont la partie la plus large ressemblait à une tête de simiabraz. Il défit le ballot et prit une pincée de son contenu : des fragments d'herbes séchées à l'odeur légèrement âcre. Il en mit dans son instrument qu'il porta à la bouche après avoir tassé. Dans la boîte se trouvaient des bâtons en bois dont une extrémité était habillée d'un revêtement rouge. Ned en saisit un et en frotta le bout sur une pierre à côté de lui. Les humains n'ont pas de pouvoir, mais compense ce manque par toute sorte de tour, d'invention,.... La baguette prit feu. Une flamme dansante brilla dans la nuit, flamme qu'il étouffa dans sa cheminée. Cette cérémonie terminée, il aspirait et soufflait dans le bec fumant et répondit à Moke.

"Je te l'ai déjà dit, je suis décidé à vous accompagner. A vrai dire, j'espère trouver quelques baies sauvages qui sont sensées être arrivé à maturation à cette période de la saison. Des baies chartis dont je pourrai vous faire un onguent qui vous protégera des offensives des lougarocs. Et des baies durins et pocpocs qui serviront de répulsifs grâce à leur type eau.

- N'espère pas trouver de durins jeune homme, intervint le vieil homme sale. Un certain pokémon arboricole en est féru et a déjà dû toutes les récolter. Et gare à toi si tu oses le voler.

- Vous parlez de Gouroutan ? Le pokémon ayant prétendu être "un homme comme nous" il y a une quinzaine d'années, allant jusqu'à se proclamer roi d'Alola en manipulant la famille régnante ?", répondit le blond dont l'oeil s'était allumé d'une lueur provoquante.

Les humains les plus âgés s'étaient raidis d'avantage et le visage du maître de Goinfrex s'assombrit. C'est avec la mâchoire crispée qu'il répliqua durement :

"Ne me crache pas les formules de tes bouquins qui palabrent sur notre histoire. Derrière chaque vérité se dissimulent des secrets dont personne n'a idée.

- Et quels secrets cachent votre vérité ?"

Quelque chose piquait dans le ton d'Edwin. Un sous-entendu qui m'échappa et qui fit devenir rouge de colère le vieil homme. Nous assistions désormais à un duel de regard rompu par le plus âgé vociférant :

"Espèce de petit insolent. Ton infir....

- Je ne voulais pas manquer de respect, coupa Ned d'un ton d'excuse. Le nombre de Gouroutan a nettement diminué, on en parle presque comme d'une créature légendaire maintenant. On ne risque pas trop de tomber sur l'un d'eux, et si jamais cela devait arriver, nous nous éloignerions afin de le laisser en paix."

Ce fut le gardien du village qui prit la responsabilité de clore la discussion en déclarant qu'il était plus que temps de partir.



Nous traversions une steppe herbeuse qui débouchait sur les bois dans un silence pénible. Personne ne pouvait prédire comme allait se dérouler la soirée, mais chacun se faisait son idée quand on entendit l'écho sinistre des loups au loin.

Puis les masses touffues s'agitèrent à une centaine de mètres de nous. Un furieux combat s'y déroulait. Deux plus gros pokémons étaient un peu plus grands que les herbes : un rattatac ainsi qu'un argouste. Sans même le voir véritablement, ce qu'il se passait se devinait aisément. Les pikachus s'arrêtèrent pour observer la scène, leurs oreilles pivotant à chaque éclat. L'un d'eux tourna la tête vers Moke qui, d'un signe de tête, détacha les souris de la troupe. Ils partirent au grand galop, et l'on entendait bientôt des éclairs tonner dans la bataille. Nous continuâmes.



Dés l'orée de la forêt, l'air devint lourd et le silence se fit angoissant. Il y régnait aussi une humidité ambiante qui rendait la chaleur désagréable. Le moindre contact avec une feuille était irritant.

Notre groupe, déjà réduit, fut encore divisé en deux. Nous étions trop nombreux pour rester discrets. Je restais donc avec Goinfrex, Moke, Edwin - toujours accompagné de Plumeline, deux quatermacs et deux vigoroths. Les autres partirent en sautant d'arbre en arbre tandis que nous restions au sol.

"Fais attention à tout, m'avertit Goinfrex. Surveille tes pieds, attention au-dessus de ta tête, ne touche à rien, guette la moindre odeur et le moindre bruit suspect."

Comme en réponse à ce qu'il venait de dire, je marchai dans une flaque de vase. Une fois sorti, en relevant le nez, je faisais face à un vortente. Le souvenir de ma première rencontre avec ce pokémon resurgit, et je reculai aussitôt. Me pensant assez loin, je m'arrêtai un instant afin de regarder autour de moi. Il n'y avait plus personne. Nous étions entrés dans la jungle une dizaine de minutes plus tôt et j'étais déjà perdu.

Je restais là un certain temps. Accroupi au pied d'un gros arbre, tendant l'oreille. Mais rien. Personne ne vint, ni ami, ni même étranger. Il fallait que je bouge malgré la trouille qui me pétrifait.



Le périple qui s'en suivi fut angoissant. Mis à part des vortentes bien enroulés dans leurs lianes, je ne détectai aucune forme de vie durant de longues heures.... Jusqu'à ce que j'arrive dans une zone marécageuse.

Goinfrex m'avait donné des cours sur les espèces insulaires. Aussi je pouvais reconnaître des larvibules, chrysapiles, sovkipous et cocombaffes. Il y avait aussi des pokémons que l'on retrouvait en dehors des îles : des nénupiots, lombres et venipattes. Tous trempaient dans une mélasse repoussante. J'avançai de quelques pas et des cocombaffes glissaient comme des savonnettes entre mes pieds. Une ombre serpenta en arrière plan. C'était un draïeul qui débarrassait le point d'eau croupie de ses algues et feuilles mortes tout en se mouvant.

Un sovkipou s'agita sur ma droite, ondulant sur deux mètres en avant. En regardant dans la direction d'où il venait, je compris son inquiétude. Sur un palétuvier descendait un tritox, connu pour ses sournoiseries. Heureusement pour moi, cela devait être un mâle, car il me dévisagea avant de repartir en laissant une trace ravinée sur le tronc. Les femelles peuvent s'avérer être de redoutables prédatrices manipulatrices pouvant plier à leur volonté les plus fiers pokémons et humains.

Au bout d'un moment, j'aperçu des formes familières flotter à la surface de l'eau. Dans leur écrin feuillu, une quantité importante quantité de baies pocpocs étaient la cible des gourmands du marais. Je n'avais pas de sac, je n'en étais pas responsable. Mais je pouvais essayer d'en récolter quelques unes et je conduirai tout le monde à ce point.

L'avancée dans la boue fut difficile. Je tentais d'éviter de marcher sur les cocombaffes et sovkipous se camouflant dans la saleté pour m'enfoncer à chaque enjambée jusqu'aux genoux. Je devais aussi tâcher d'être plus rapide que les nénupiots qui se laissaient porter sur la mare et n'émergeaient que la bouche grande ouverte afin d'avaler les baies vers lesquelles je me dirigeais. Quand je fus parvenu à en ramasser trois, je rebroussai chemin pensant que les autres seraient certainement plus agiles que moi.

Un grésillement d'abord léger monta dans l'air. En cherchant d'où cela provenait, je devinai que les larvibules et chrysapiles en étaient l'origine. Leur nombre impressionnant formait une rangée imprécise, tel un couloir électrique. Un second bourdonnement plus important tinta, s'approchant étrangement vite. Il n'y avait rien en vue mais le vrombissement augmentait toujours. C'est en suivant la rangée d'insectes du regard que je repérai un lucanon, voletant le long du rail. Personne ne voulait prendre une décharge sur son passage : les venipattes s'écartaient, les lombres et nénupiots plongeaient, les sovkipous s'enfouissaient dans la gadoue et les cocombaffes expulsaient leurs organes au loin. Il ne sembla pas me remarquer et passa très vite en suivant toujours la file. Une fois disparu, la vie reprit son cours et moi mon chemin.



"Tu es perdu peut-être ?", résonna une voix au-dessus de moi.

J'inspectai les hauteurs sans réussir à trouver mon interlocuteur. Oui, j'étais perdu. Cela faisait de nombreuses minutes que j'avais l'étrange impression de tourner en rond. Mais plus frustrant, je ne discernais personne aux alentours. Je me concentrai afin de scruter chaque relief. Enfin je repérai une silhouette ronde sur une branche. Des serres étaient enroulées autour de celle-ci, mais la silhouette n'avait pas de visage.

"Les baies ouhou la vie ?", s'écria le pokémon en faisant tournoyer sa tête de trois quarts de tour.

Pris de stupeur, je tombai sur les fesses devant les grands yeux qui venaient de se plaquer sur moi.

"Ahah, désolé. J'adohoure faire ça."

J'avais en face de moi un efflèche, un représentant massif qui plus est. La laxité de leur cou était connue sur l'archipel, mais je ne m'attendais pas à autant.

"Ça fait plusieurs fois que je te vois passer. Es-tu perdu ou cherches-tu quelqu'un pouhour te délester de ton précieux chargement ?"

Il avait dit cela en zieutant les fruits que je tenais. L'un d'eux m'avait d'ailleurs échappé et roulait au pied de l'arbre de la chouette. Goinfrex m'avait dit autre chose sur cette famille de pokémon : ils étaient considérés comme des bandits. Son attrait pour ce que je transportais devint plus clair. Voyant que je me relevai sans le perdre de vue et en tâtonnant pour récupérer ce qui était tombé, il se mit à rire de plus belle.

"Quel étrange pokémon avons-nouhous là. Je ne te connais pas mais au vu de ton attitude, toi, tu dois me connaître...."

L'intensité de son oeillade, légèrement de profil, me mettait mal à l'aise. Je répondis avec une fausse assurance, d'une voix tremblante qui ne trompait personne.

"Tu es un efflèche, une canaille qui n'hésite pas à dérober les biens des autres !"

Sa tête pivota d'un quart de tour pour me regarder de l'autre côté, mais toujours légèrement de profil. La poitrine gonflée par l'orgueil d'avoir été reconnu par un étranger, son intérêt paraissait avoir changé.

Soudain, j'eu la chair de poule. Je sentis comme un courant d'air derrière moi. Quelque chose d'autre me guettait dans l'obscurité. D'un geste élégant, il leva une aile avant de la rabattre sèchement vers le bas. Des plumes acérées filèrent dans ma direction pour se planter dans mon dos.

"Laissons-le compagnons ! Nouhous ne volons pas les pokémons en détresse."

Un cliquetis se fit entendre lorsque je me retournai. Un étrange individu se tenait là, me fixant de ses yeux étincelant sans pupille. Il avait une face ronde, orange, avec deux crocs pointant vers le bas. Une longue chevelure ombrageuse couvrait son corps - ou sa carapace de bois - qui alternait deux couleurs : marron en haut, blanc au centre et à nouveau marron en bas ; avec à chaque étage deux étranges trous béants. Le tout semblait flotter à quelques centimètres du sol.

"Vous pouvez vouhous montrer.", rassura Efflèche.

Les dents de l'individu commencèrent à se balancer d'avant en arrière et sa crinière à rétrécir alors qu'un visage souriant apparaissait à son sommet.

"Bouge de là Jackie !", fit une voie enfantine qui sortait du corps.

Ce qui ressemblait à une citrouille fut éjectée de son trône à la verticale. La pile en bois se défit, chaque partie quittant son support en roulant sur le côté. Six yeux s'allumèrent et trois fantômes surgirent. La chouette voleta pour venir se percher sur une branche au-dessus d'eux.

"Je te présente les triplets brocélôme : l'Ambré, le Blême et le Châtain. Ainsi que Jackie la pitrouhouille. Quand à moi, je suis Bin des Biouhou, prince des brigands."

Il se présenta avec une extravagance exagérée allant jusqu'à poser une aile sur le coeur et saluer passionnément. Ceci fait, ils attendirent attentivement. Je ne compris pas tout de suite, mais la révélation de leur identité incitait à ce que je donne aussi mon nom. Goinfrex m'aurait déconseillé de le faire et puisque j'étais étranger, j'essayai de trouver une couverture correcte.

"Et je suis Sabelette, de Kanto."

Les spectres consultèrent Efflèche du regard. J'espérais qu'ils ne connaissent pas de sabelette ni qu'aucun d'entre eux n'ai jamais quitté l'île.

"Chez nouhous, et je pense partout ailleurs, la bienséance veut que si l'on se présente, l'autre en fera de même. Allons, mon ami. Qui es-tu donc pour ne pas nous révéler ton nom ? Ouhou aurais-tu peur de quelque chose ? J'espère ne pas en être la cause."

La chouette avait parlé avec une infinie courtoisie, j'avais envie de me confier à lui. Il connaissait les sabelettes et Maman m'aurait disputé de ne pas répondre à quelqu'un d'aussi avenant. Même si l'on doit toujours se méfier, le silence est traitre. Ne rien donner empêche souvent de recevoir. Mais encore une fois, c'est mon camarade goinfre qui me revint en tête, m'affirmant que je devais me protéger d'eux.

"Tu dois te protéger de nous, te dis une petite voix dans ta tête. Alors voyons ce que je peux faire pour te rassurer ?...."

La végétation des alentours était épaisse, mais je n'aurai pas pu les semer en courant. Peut-être aurai-je pu jeter mes baies, en espérant que cela les ralentisse. Après tout, c'étaient des voleurs, des filous, pas des loups enragés. Et si j'avais creusé un tunnel ? S'eut été encore pire. Ils n'auraient eu qu'à me suivre. Je n'aurai pas eu d'échappatoire.

J'aperçu quelque chose à la cime des arbres. Tout en haut, des dodoalas dormaient paisiblement. Ce pokémon singulier peut ne s'éveiller que quelques minutes par jour et cela pour manger. Leur nourriture doit alors se trouver à porter de main : baies ceriz, pêcha, fraive, willia - mais pas de maron qui avait le terrible inconvénient de les maintenir éveiller. Tout devait se trouver dans de modestes nids en brindilles et les canailles étaient surement là pour eux. Je réfléchis un instant, mais quand bien même j'aurai assommé l'un des escrocs par hasard en faisant tomber un garde manger, je n'aurai pas pu me fondre dans la masse.

Quand tout à coup l'espoir renaquit. Il y avait une vingtaine de dodoalas qui se reposaient à même les arbres mais la colonie était énorme. De grosses cabanes avaient été bricolées au même niveau. Dans chacune se trouvait une demi-douzaine de ces paresseux avec toute une nichée de doudouvet, ces boules de cotons rendant le sommeil des premiers encore meilleur. Deux de ces cahutes nous surplombaient.

"Oh je sais, te présenter un autre de mes comparses peut-être ?"

Un buisson frissonna à gauche. Les pas se faisaient lourds et le bois des branches mortes craquait dessous. J'allais perdre mon sang froid, je devais fuir, mais j'étais plus tétanisé que jamais. Quand un ourson à la face rose sortit du fourré pour rejoindre ses compagnons. Je me sentis ridicule : le bruit se diffuse et s'amplifie en forêt. Sans pour autant le connaître, je l'avais déjà vu. Une petite de Kulana en avait une peluche qu'elle promenait partout.

"Je disais donc, voici Nouhounourson. Ou Nounou-Ronchon pour les intimes, glissa le volatile.

- T'as fini oui ?! tonna l'ourson d'une voix étonnamment grave. Si je devais pas tout le temps m'occuper de l'autre idiot, je serai peut-être pas d'aussi mauvais poil !"

Je restai stupéfait. Un fruit roula sur les autres et tomba à nouveau, mais je ne réagis pas. Nounourson me foudroya de ses yeux que certains qualifieraient d'adorables. La scène était à peine crédible.

"Quoi ? Qu'est ce qu'il a celui-là ? Encore un qui veut me serrer dans ses bras ? Je ne suis pas mignon !

- Excuse-le, il a eu une mauvaise journée, continua Efflèche moqueusement. Oh, par contre, j'ai fait une erreur. Ce n'est pas un, mais deux de mes amis que je voulais te présenter. Lui aime beaucoup les câlins. Nous l'appelons d'ailleurs : Calinou !"

A ce moment, les brôcélomes se planquèrent dans leur section de tronc. Les arbustes de gauche s'ouvrirent en deux et se couchèrent sur le sol. Une version plus grande de l'ourson, bipède, jaillit les bras et la gueule grands ouverts.

"Câliiiiiiin !"
Une langue molle pendait de sa mâchoire. Il fonça vers moi comme si il avait retrouvé un ami de longue date. En reculant, mon dos se colla à un arbre trois fois plus large que moi. Mon instinct me sauva et je m'abaissai quand la bête arriva. Le végétal ne résista pas. Il fut broyé par la force titanesque de l'étreinte.

En s'effondrant, le tronc en emporta d'autre plus fragiles. La canopée se romput et tout ce que j'avais précédemment imaginé arriva. Les dodoalas ne se réveillèrent pas pendant la chute, seuls les doudouvets sortirent de leur sommeil pour lancer une cotogarde et c'est dans une forêt de coton que je m'enfuis.



Je continuai à m'enfoncer dans la nuit. Une odeur atroce commençait à monter bien que je ne voyais aucun marécage sur mon chemin. Bin des Bious, comme il se faisait appeler, disait m'avoir vu passer plusieurs fois et il devait avoir raison, je ne reconnaissais rien. On ne peut pas dire que j'avançais à travers la jungle, j'errais.

La chouette n'avait pas cru à mon mensonge. Pour autant, elle ne m'avait pas reconnu non plus. Y avait-il des sabelettes dans la région ? J'allais questionner Goinfrex dés que je l'aurai retrouvé.

La zone était étrange. Je n'avais croisé personne et j'avais fait attention à ne rien goûter ni même toucher. Pourtant je me sentais comme drogué. L'odeur se faisait de plus en plus forte, mais j'avais déterminé qu'elle provenait d'un gros fruit vert à l'enveloppe couverte d'épines qui pourrissait à distances régulières. Je connaissais les baies qui pouvaient rendre confus, Maman me les avait apprises, et celle-là n'en était pas une.

Puis mon corps commença à ne plus me répondre. D'abord ma queue s'affaissa, puis mes bras, mes jambes, et quand je tombai à genoux, mon crâne bascula. Je me retrouvais allongé, la face dans l'humus, au milieu des bois. Je ne pouvais pas crier. Il n'y avait personne, juste cette odeur repoussante.

Je perçus enfin quelque chose après plusieurs minutes. Je voulus hurler mais rien. Un genre de pas approchait, un pas d'homme. Il trainait ses pieds au sol plus qu'il ne marchait. Arrivé à mon niveau, j'entendis qu'il mit un poing par terre. Il posa son autre main, une main velue, sur mon front et chuchota paisiblement :

"Dors."