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Mother de Sow-Erious



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Informations

» Auteur : Sow-Erious - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 02:47
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 02:54

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Préambule : Welcome to the jungle
Je m'assis sur le sable et secouai la tête, essoufflé. Je ne savais pas pourquoi j'étais parti. Maman m'avait dit de ne pas m'éloigner. Pourtant j'étais là, à regarder l'écume se déverser sur le bord de la plage ; à écouter le vrombissement incessant des rouleaux qui claquaient pour repartir aussitôt, mon crâne m'élançant à chaque ressac. Le ciel nébuleux et l'océan crachant ses embruns s'étreignaient paisiblement. Une volée de coxys vint fendre un instant ce tableau pour s'évanouir aussi rapidement qu'elle était apparue.

C'était la première fois que je sortais depuis notre arrivée et j'étais terrifié. Cet endroit, cette terre cernée par les eaux était étrange. Dans la forêt que je venais de traverser, des yeux me suivaient partout. J'étais même certain d'avoir senti l'haleine soufflée par le claquement d'une gueule à quelques centimètres de ma nuque.

La mer montait, et une vague vint bientôt me lécher. Je n'aime pas avoir les pieds dans l'eau. Plutôt, je n'aime pas l'eau. Elle me semble insondable et me donne l'impression qu'elle va m'engloutir tout entier, que je vais me dissoudre, fondre en elle.

En me relevant, je cru apercevoir quelque chose à l'horizon. Un rugissement terrible déchira l'air tandis qu'un second rayon perça. Le jour se leva.

Cet écho, je devais m'habituer à l'entendre. Lui et le cri perçant qui lui répond inlassablement lorsque la nuit tombe.



Le paysage autour de moi changea alors du tout au tout. Le calme laissa place à un bourdonnement constant ; les hululements dispersés devinrent un gazouillis invariable.

Des crabes, kabbys et krabboss, sortirent de rochers submergés en direction de la côte envahie de l'autre côté par une autre espèce venant de la jungle. J'apprendrai plus tard qu'il s'agissait de crabagarres et que ces cousins se livrent une guerre incessante pour la revendication de la plage. Pour les uns, elle va de paire avec la mer et en ferait presque partie intégrante puisque se prolongeant sous l'eau. Pour les autres, tout ce qui est en dehors de l'eau, c'est de la terre.

Devant ce spectacle, je fis deux trois pas hébété. Sous moi, le sable se fit plus mou et je m'enfonçai alors jusqu'à la taille.

"Baaaa....", inspira le sable.

Il était plus brunâtre qu'ailleurs et s'étira tout autour de moi. Un monticule gonfla à un endroit jusqu'à former une éminence menaçante qui me couvrit du soleil. Sentant ce qui se préparait, je courbai l'échine et me couvris la tête.

"Cabouh !", relâcha-t-il en s'effondrant sur lui-même.

Quand je rouvris les yeux, j'étais debout, au même endroit, dans un petit cratère. Le sable qui commençait à chauffer sous les rayons du soleil était redevenu normal. J'enfonçai légèrement mes pieds, mais rien de ne passa.

Sortant de cet étrange trou, des mouches voletèrent devant mes yeux, et je manquai de retomber. Quand je fus debout, un rire moqueur résonna dans le sol. Celui qui venait de se jouer de moi se dessina : un tas de sable informe surmonté d'une pelle, et au centre, un hypnotisant trou béant. Il fronça les yeux alors qu'il continuait de rire.

Encore une fois, une partie de son corps gonfla. La forme s'effrita, se tailla, pour finalement représenter un double de moi-même. Il fit prendre un air ébahi, bouche grande ouverte et bras ballants à ma copie, puis la mit dans des postures ridicules. Je compris que ce pokémon stupide avait aspiré mon énergie.

Petit, Maman me racontait des histoires sur ces spectres et fantômes qui ne se nourrissent pas de baie mais de la vitalité de leur victime. Je voulu répliquer mais je n'avais même plus la force de m'énerver. Qu'est ce que cela m'aurait apporté ? Ces créatures sont bien souvent les plus tristes et solitaires. Je sortis de ma réflexion quand il décida qu'il s'était suffisamment moqué de moi, et partit dans une autre direction, préparant son prochain tour.

La bataille de crabes faisait toujours rage. A ce stade, les combattants escaladaient les carapaces de leurs semblables glorieusement KO sur le champ d'honneur. Ce fut alors à mon tour de m'éclipser. De peur, presque, d'être pris à partie.



Affaibli, je me rapprochai de la jungle à la recherche d'un arbre fruitier. A la lisière, tout était calme, seuls les bourdonnements d'insectes allant et venant me parvenaient aux oreilles. Plus en profondeur, des ombres menaçantes s'agitaient. Les feuilles bruissaient sous des pas lourds, et volaient, emportées par une silhouette rapide.... Je trouvais déjà les pokémons plantes inquiétant. Cette menace invisible n'arrangeait rien.

Les quelques rayons du soleil qui parvenaient à s'insinuer suivaient une forme singulière parmi les arbres. La tête vers le bas, la gueule légèrement entre-ouverte et les yeux figés sur moi, un vortente. Sa respiration sifflante monopolisa mon ouïe et une odeur irrésistible émanait dans l'air depuis déjà un certain temps sans que je m'en sois rendu compte. Mes pieds me portèrent dans sa direction, lui ne me lâchait pas du regard. Il ne s'était pas montré, mais ne s'était guère caché non plus. Tout était en place, il n'avait qu'à attendre que sa proie se rapproche. Avec le jour s'était réveillée une faune nulle part ailleurs pareille et elle se promettait fatale. Je n'allais jamais revoir Maman. J'eu envie de pleurer, mais Maman n'aurait pas été contente. Je ne devais pas me laisser aller.

Un tout petit pokémon insecte jaune et blanc arriva soudain. Attiré par l'émanation sucrée qui irradiait, il vint se poser sur la langue du vortente qui ne put retenir la fermeture réflexe de sa gueule. Le claquement me sortit de ma transe et je fis demi-tour aussi vite que possible. Une fois en sécurité, j'examinai les arbres une dernière fois. Deux yeux me suivaient toujours.



A mesure que la matinée passait, la plage s'élargit et la forêt s'éclaircit jusqu'à laisser place à une plaine broussailleuse. Le soleil à mi-hauteur donnait une couleur d'or au sable qui continuait de chauffer agréablement. L'eau était turquoise, contrastant avec l'azur du ciel par ses pointes d'émeraude et sa mousse blanchâtre. La nuit précédente, les rouleaux étaient réguliers, tel les à-coups portés contre une muraille par kranidos entêté. A ce moment de la journée, on aurait pu comparer les vagues à la charge implacable d'un rhinoféros tant elles étaient hautes et venaient se rompre en un fracas redoutable.

En regardant mieux, j'aperçu de drôles de planches dans le sable, plantées à la verticale. De toutes les couleurs, elles étaient un peu plus grandes que moi et pourvues d'un aileron à leur base. Tandis que de la plaine arrivait à toute vitesse une petite troupe de créatures jaunes :

"Pika !"