1. Un petit coin de paradis
L’archipel d’Alola était considéré par beaucoup comme un paradis sur terre, où Pokémon et humains vivaient en harmonie. Était-ce cela, en plus du climat tropical exceptionnel, qui attirait de nombreux touristes à visiter ces belles îles, voire à s’y établir pour les plus téméraires ? Ce n’était certainement pas l’une des raisons ayant poussé Markus Mahina Miller, jeune enseignant de vingt-cinq ans, à déposer ses papiers à Ekaeka, ville principale de l’île de Mele-Mele.
Markus grandit dans la lointaine région de Kanto d’une mère Alolaine et d’un père Kantois. Suite au décès de sa grand-mère maternelle, il décida, âgé alors de vingt-et-un ans, de renouer avec ses origines maternelles et de partir découvrir la région contée par sa mère durant son enfance. Il s’installa donc dans la maison de feu son aïeule, reçue en héritage, et acheva sa formation dans sa nouvelle région d’adoption. Une fois son cursus académique achevé, notre jeune enseignant trouva rapidement un emploi dans une école privée de la ville, située non loin de son domicile.
Les élèves de cette école étaient reconnaissables par tous. En effet, ces derniers portaient un uniforme propre à l’établissement : polo blanc et short cyan avec un motif représentant l’hibiscus blanc sur chaque canon pour les garçons ; polo blanc accompagné d’une jupette turquoise et d’un hibiscus rouge dans les cheveux, pour les filles. De tous les uniformes scolaires, c’était certainement le plus beau existant à des kilomètres à la ronde, apportant une certaine prestance et une cohésion pour le corps estudiantin - c’est ce qu’on entendait dire, du moins. Au grand désespoir de Markus, les enseignants étaient astreints au port d’une blouse blanche. Fort heureusement, le reste de la tenue ne disposait d’aucune réglementation, laissant libre court à la décente fantaisie.
Ce qui intéressait le plus les amateurs de Pokémon de l’archipel n’était de loin guère la prestance de l’uniforme ou la fierté liée à l’école fréquentée, mais bien une tradition d’Alola remontant à de nombreuses décennies, accessible pour tous les jeunes résidents ayant onze ans révolus : Le Tour des Îles !
Participer à cette épreuve est un rite de passage qui, autrefois, symbolisait la fin de l’enfance et l’entrée dans le monde des grandes personnes. Parcourir les quatre îles d’Alola, remporter les différentes épreuves qu’offrent les sept Capitaines et affronter le Doyen de chaque île lors de la Grande Épreuve étaient des expériences qui ne laissaient personne indifférent. Surtout pas la volée de dernière année dont la charge a été confiée à Markus Mahina Miller cette année, motivée par l’envie de réussir le Tour des Îles. Markus reconnaissait cependant qu’une Ligue Pokémon comme à Kanto ou ailleurs pourrait être un plus pour la région.
D’ailleurs, le cours que tout le monde aimait le plus était celui d’Art du Combat. Ce dernier permettait, en effet, de mettre en pratique toute la théorie accumulée en classe sur le champ de bataille. Les élèves avaient la possibilité d’emprunter des Pokémon appartenant à l’école ou d’utiliser les leurs.
A contrario, ceux qui plaisaient le moins étaient bien plus nombreux. En effet, la simple étude des Pokémon ou du combat ne pouvait seule suffire, il fallait obligatoirement la compléter avec des basiques comme les mathématiques, les langues ou les pratiques artistiques. L’instruction était sauvée ; hors de question de former des têtes vides de logique et de bon sens.
Une fois arrivé à l’école, il était commun aux enseignants de se retrouver, avant le début des cours, dans la salle des profs à papoter autour d’un café ou parfois de plusieurs.
- Tiens Markus, demanda une de ses collègues au détour d’une conversation banale. Je viens de voir quel était ton deuxième prénom. Savais-tu qu’il signifiait Lune en alolain ?
- Evidemment que je le savais, Lilo. répondit-il d’un air amusé à la question. Notre mère vient d’ici après tout. Même ma sœur n’y a pas échappé, tu sais. Le sien est Lā, ce qui signifie Soleil. Et ne parlons pas de mon neveu et de ma nièce, prénommés respectivement Sun et Moon. C’est drôle, non ?
Lilo rit de bon cœur, mais n’eut pas le temps de poursuivre la conversation. Le directeur de l’établissement avait débarqué dans la salle, pressé et heureux d’annoncer un événement important pour l’école qu’il dirigeait.
- Mes chers enseignants, j’ai une bonne nouvelle pour vous tous ! s’exclama-t-il tout euphorique des informations qu’il détenait, retenant ainsi l’attention de tous. Le tournoi Pokémon interscolaire d’Alola se tiendra dans deux semaines sur la plage du terrain de golf d’Akala, et notre école a, cela va de soi, été invitée à y participer.
L’excitation et quelques cris de joie retentirent dans la salle. Certes, il était habituel que nous soyons invités à un pareil événement, mais cela faisait toujours chaud au cœur quand Monsieur le directeur venait nous l’annoncer.
- Toutefois, reprit-il. Cette années, j’ai pris la liberté de n’envoyer que deux classes, soit celle de Lilo et de Markus. Ne me demandez pas pourquoi, ils ont juste de bons résultats ! Ils sauront faire honneur à notre uniforme et à notre établissement. Sur ce, je vous laisse sur la table tous les documents y relatifs. Passez tous une bonne journée.
Tandis que le directeur repartit en direction de son bureau, tous les regards se tournèrent vers Markus et Lilo. Quelques commentaires par-ci par-là se faisaient entendre, mais les deux concernés ne semblaient y prêter attention.
- Tu te rends compte Markus, balbutia Lilo tout en lisant les documents reçus auparavant. Toi et moi… avec nos classes respectives… dans un tournoi… si ce n’est pas le destin qui…
- Je t’arrête tout de suite avec ce genre de pensées, coupa Markus d’un ton calme et posé. Navré, mais tu sais très bien que je suis marié à mon travail, je n'ai malheureusement pas le temps pour une relation sentimentale. De plus, as-tu remarqué que l’école ne peut envoyer que huit élèves. Je te propose donc d’en sélectionner chacun quatre selon tes propres critères.
Lilo, les joues rouges, accepta la proposition de Markus sans contestation. Puis, voyant l’heure tourner, se dirigea vers sa salle de classe suivi peu après par Markus. Arrivé dans sa salle encore vide, il prit une des Poké Ball accrochée à sa ceinture et l’ouvrit, libérant ainsi son fidèle assistant Brindibou. Directement, le petit volatile alla se poser sur son perchoir, à côté du bureau de Markus.
- Salut mon petit assistant. dit-il à son Pokémon en lui caressant sous le bec après avoir rempli sa gamelle de nourriture. Es-tu prêt pour cette nouvelle journée à l’école ?
Le Pokémon battit joyeusement des ailes en signe de réponse. Il aimait beaucoup être à l’école et aider parfois fois Markus dans son travail avec les enfants. Ses facultés de surveillance étaient fortement appréciées. Peu à peu, il finit par devenir la mascotte de la classe et sa présence était demandée par tous les élèves.