Chapitre 3 : Une chute malheureuse
Dix sept ans plus tôt.
C'était la saison des pluies. Les pluies abondantes ruisselaient sur les îles d'Alola depuis deux mois seulement et déjà une tempête les isolait du reste du monde. L'océan n'était pas navigable, et aucun vol ne pouvait être programmé. Aucun ravitaillement n'était possible. Évidemment tous les habitants étaient préparés à ce genre d’événement. Chacun avait un stock de vivres pour attendre la fin de ces tempêtes tranquillement chez eux. Mais cette année était plutôt étrange. Les tempêtes survenaient en général vers la fin de la saison des pluies, quand les températures redevenaient plus chaudes. Et lorsque ces tempêtes duraient trois à cinq jours en temps normal, celle-ci s'éternisait depuis dix jours déjà et ne semblait pas vouloir faiblir. Les vents violents avaient détruit les lignes électriques et les divers objets qu'ils transportaient dans les airs avaient abîmés plusieurs bâtiments.
Pekelo s'était levé à six heure du matin comme à son habitude. Il y avait du boulot sur la ferme et il n'avait personne pour l'aider. Les employés habitaient plus loin sur l'île et l'éleveur refusait qu'ils prennent le risque d'avoir un accident en venant au boulot. Sa femme n'était pas là non plus. Avant l'ouragan, elle était partie rendre visite à Malia sur Melemele. Leur fille travaillait d'arrache pied dans un laboratoire pharmaceutique. Elle s'était fiancée durant la saison chaude, alors Okelani était partie pour l'aidée à organiser le mariage.
Il fallait tout d'abord qu'il vérifie le groupe électrogène. Le bruit qu'il avait entendu pendant la nuit l'inquiétait un peu. En effet le générateur avait subit des dégâts. La branche d'un arbre s'était abattue sur l'appareil. Il lui faudrait le réparer. Il alla ensuite vers l'écurie, luttant contre le vent. Les pokémon étaient calme. Même un peu trop calme comparé à d'habitude. Les Bourrinos tournèrent la tête pour voir leur maître mais sans entrain. Et quand il s'attendait à ce que les Ecremeuh viennent le saluer, elles restèrent allongées sur la paille. Quelque chose n'allait pas.
Il s'approcha pour les examiner rapidement et constata qu'elles avaient de la fièvre. Cette maladie ne semblait pas affecter les autres pokémon de l'étable. Après avoir prodigué les premiers soins aux Ecremeuh, il finit de donner à manger et à boire aux Bourrinos en espérant qu'après quelques instants les médicaments commenceraient à agir. Au bout d'une heure aucune amélioration n'était à noter. C'était même de pire en pire. Il n'avait pas le choix. Il devait rejoindre le Centre Pokémon au plus vite. Une fois les Ecremeuh dans leurs Poké Balls il partirait en voiture jusqu'au village.
Rejoindre le village avait été compliqué à cause des rafales de vent et des débris qui encombraient la route. Le Centre Pokémon était remplit de dresseurs inquiets. Mais que se passait-il donc?
"- Pekelo? l'interpella l'infirmière. C'est une véritable épidémie! Ne me dit pas que tes pokémon son malades eux aussi?
- Si, j'en ai bien peur. Mes Ecremeuh ont de la fièvre et je n'arrive pas à les soigner. De quelle maladie s'agit-il?
- C'est une vieille maladie. Une de celle qui ressurgit tous les quarante ans. On la nommait Fièvre du Typhon. Elle ne s'attaque qu'aux pokémon qui ne sont pas nés sur l'archipel. Les quelques doses d'antidote que l'on avait en réserve sont épuisés. Je vais prendre en observation tes pokémon mais il va falloir attendre la fin de la tempête pour avoir à nouveau ce médicament. J'en suis désolé."
Une fois de retour au ranch, Pekelo alla chercher un livre dans sa bibliothèque. De vagues souvenirs lui étaient revenus sur le chemins du retour. Il avait déjà connu une épidémie semblable quand il avait huit ans. A l'époque son grand-père été toujours en vie, et il soignait lui même les pokémon avec des plantes. Le recueil de son aïeul, regorgeait d'information. Peut être y avait-il une plante qui pourrait être utile. En tournant les pages, il trouva ce qu'il cherchait. Il y avait bien une fleur mais elle poussait dans la montagne. D'un rapide coup de téléphone, il en informa le Centre Pokémon, qui bien entendu n'avait pas cette fleur en réserve. Il allait devoir partir en expédition dans les montagnes pour trouver et ramener cette plante.
Avant de partir il s'assura que les pokémon restant aient tout ce qu'ils leur fallait pour plusieurs jours. Il ne savait pas exactement où trouver la fleur, et l'ouragan était un obstacle important. A contre cœur il avait harnaché un Bourrinos pour grimper dans les montagnes. Il était très inquiet pour ses Ecremeuh et ne souhaitais pas qu'un de ses Bourrinos soit blessé durant l'ascension. Mais sans son aide, jamais il n'y arriverait. Tout était prêt, il pouvait partir.
L'escalade du mont rocheux était compliquée. Le sol était glissant à cause de la pluie incessante, et les rafales de vent déséquilibraient le cavalier. Sur ce versant de la montagne, il n'y avait que de la terre et des rochers la végétation ne commençait que proche du sommet. La nuit allait tomber alors qu'il était à mi chemin. Mais la noirceur ne lui permettrait pas d'avancer plus. Il s'arrêta entre des gros rochers pour se protéger un peu des éléments et s'appuya dos contre son Bourrinos pour se tenir chaud. Il mangea des barres de céréales et essaya de dormir un peu.
Il était impossible de dormir. Ses pensées se dirigèrent vers ses Ecremeuh au Centre Pokémon. Il était devenu éleveur de ces pokémon au retour de son voyage initiatique. Il était partit un peu après ses seize ans dans le pays d'Unys. Au cour de son voyage, il avait découvert ces fabuleux pokémon. Il se lia fortement d'amitié après en avoir capturé un. Puis au fur et à mesure qu'il avançait dans son voyage, un projet mûrit. Il avait apprit tout seul comment traire une Ecremeuh, et s'était mis à vendre du lait. Le commerce fonctionnait bien. Avant son retour dans l'archipel, il avait capturé plusieurs Ecremeuh. Ainsi il avait put monter son élevage. Durant toutes les années qui suivirent, le commerce de lait dans l'archipel avait était florissant. Maintenant, l'inquiétude crispait son cœur. Il avait peur pour ses partenaires les Ecremeuh.
Le jour commençait à se lever. Il y avait un peu de clarté mais le soleil restait invisible. Il en était de même pour la lune pendant la nuit. Pekelo repris son périple, affrontant les éléments pas à pas. Il atteignit la végétation en milieu d'après midi. Il était proche du versant opposé et la pente raide mettait en difficulté le Bourrinos. Puis tout alla très vite. Une bourrasque de vent plus forte que les autres arracha une branche d'un arbre proche. La branche atterrit aux pieds du Bourrinos. Le pokémon prit peur et se cabra, ce qui désarçonna Pekelo. Il dévala le flanc de montagne vers le canyon.
Sa chute en roulé-boulé ne voulait pas s'arrêter. Les pierres lui labouraient les côtes et les branches basses des buissons lui giflaient le visage. Puis il fut stoppé par un tronc d'arbre, lui coupant le souffle. Pekelo était mal en point. Recouvert de boue, les vêtements en partie déchirés, il avait des contusions et des griffures un peu partout. Il reprenait ses esprits doucement, la tête lui tournait un peu. De sa position, il observa le point d'où il avait chuté. Plus de cent mètres de terrain très pentu le séparait de sa monture. Il tenta de se relever mais une vive douleur s'empara de sa poitrine. Il devait avoir une côte cassée. Après quelques essaies pour se redresser, les brumes de l'inconscience s'emparèrent de Pekelo.
Environ une heure plus tard, Pekelo ouvrir faiblement les yeux. Toujours allongé sur le sol détrempé de la forêt, il essayait de rassembler ses idées. Il tourna la tête à droite et à gauche pour trouver une solution, mais la tête lui faisait mal aussi. Un bruit arrivant des arbres le fit sursauter. Ce mouvement brusque lui causa une douleur terrible. Il lutta pour ne pas s'évanouir à nouveau. Entre deux clignements d'yeux, il aperçu une forme blanche et violette s'approcher de lui, puis il sombra à nouveau.
A son réveil, Pekelo n'était plus allongé au même endroit. Il avait été déplacé à l'abri d'un rocher en surplomb. Celui qui l'avait amené là, lui avait même déposé quelques baies. Il put en manger quelques unes ce qui l'aida à retrouver quelques forces. Il voulait essayer de s’asseoir mais pour le moment son torse était bien trop douloureux. Un moment plus tard, un bruit dans les branchages se fit entendre. Était-ce son sauveur qui s'approchait? Pekelo vit une silhouette descendre d'un arbre. Cette personne avait-elle grimpée aux arbres pour cueillir des fruits? Non ce qu'il voyait ne faisait qu'évoquer une forme humaine. Un pokémon d'environ un mètre cinquante se tenait devant lui. Ses poils étaient assez longs de couleur mauve sur ses épaules et son dos le reste du corps était blanc. Il avait de longs bras touchant presque le sol, et ses jambes se terminaient par des mains tout comme ses bras. Sa tête était essentiellement blanche seules ses joues portaient du noir. Son museau, ses mains et ses pieds étaient glabre laissant voir une peau grise. Le Gouroutan lui apportait quelques bananes.
La nuit allait tomber. Pekelo allait devoir rester sur place pendant la nuit pour reprendre des forces. Il n'avait aucun moyen de contacter des éventuels secours. Toutes ses affaires étaient restées dans les sacoches attachées au Bourrinos. La fatigue l'emporta dans des rêves étranges jusqu'au lendemain matin. Le réveil fut pénible car tous ses muscles étaient endoloris. Le Gouroutan était toujours présent et il avait de nouvelles baies à lui offrir. Pekelo fit un effort pour s’asseoir mais laissa tomber l'idée pour le moment. Son regard se tourna vers le Gouroutan. Ses yeux étaient passés du noir et jaune au rouge. Puis Pekelo eu une sensation étrange de lévitation. Grâce à la capacité Télékinésie, le pokémon redressa Pekelo en position assise. Il avait dû utiliser le même procédé pour déplacer Pekelo jusqu'ici. Soulagé, Pekelo le remercia et mangea les fruits. Certains de ces fruits devaient avoir un effet anti douleur car il put se déplacer doucement un peu plus tard dans la matinée.
Les éléments se déchaînaient toujours, mais Pekelo devait, malgré la douleur, chercher un moyen de retourner sur ses pas. Malheureusement, il n'avait plus aucun repère. L'accès à la forêt du canyon était si difficile, qu'il ne s'était jamais aventuré aussi loin. En réfléchissant, la montée abrupte ne lui permettait pas de repartir tout droit. Et les pluies diluviennes avaient dû engorger la partie basse du canyon, il ne pouvait pas non plus descendre. Il devait donc chercher un trajet plus praticable pour remonter la crête. Sa côte cassée n'allait pas l'avantager. S'il arrivait à déterminer quelle baie l'aidait à soulager la douleur, il pourrait peut être en trouver en chemin et espérer pouvoir marcher.
Un nouveau repas de fruits l'attendait sous le rocher. Il procéda à quelques tests pour savoir lequel de ces fruits était miraculeux. Il en arriva à la conclusion que les baies jaunes et vertes étaient les antidouleurs. Maintenant il espérait ne pas avoir à grimper dans un arbre pour les ramasser. Pekelo pris donc la décision de partir à la recherche du fruit autour de l'abri. Il chercha un moment puis découvrit ce qu'il cherchait. Après toutes ces mésaventures, la chance lui souriait un peu. Les baies poussaient sur des buissons à peine plus grand que lui. Il ramassa quelques uns de ces fruits quand un détail dans la végétation attira son attention. Il y avait un mur en pierre.
La difficulté d'accès des lieux rendait assez peu probable le fait qu'il y ai une construction dans cette forêt. Et pourtant, en s'approchant d'avantage, c'est plus qu'un mur qui se dévoila devant Pekelo. Un grand bâtiment en pierre se dressait devant lui. Le toit n'existait plus mais le reste était en bon état. Il y avait une grande entrée avec des gravures de chaque côté. Cette construction pouvait faire penser à un temple. En regardant de plus prêt, les ornements représentaient les pokémon légendaires Solgaleo et Lunala. Dans l'histoire des îles, on retrouvait souvent des gravures de ce genre dans les vieux temples. Mais par contre, le pokémon qui accompagnait les deux légendaires était inconnu de Pekelo. Il décida d'explorer l'intérieur du temple par curiosité.
D'autres gravures ornaient les murs intérieurs. Elles semblaient raconter une histoire. La première gravure semblait décrire un monde en harmonie avec de nombreux pokémon vivant ensemble, avec parmi eux Solgaleo durant le jour et Lunala pendant la nuit. L'étrange pokémon était là lui aussi mais en retrait comme un observateur. La deuxième gravure montrait un conflit entre divers pokémon comme si le monde se scindait en deux. Le pokémon inconnu était placé ici au centre comme un médiateur. La gravure suivante représentait une tempête et tous les pokémon se tournaient le dos. Le médiateur avait disparu de cette gravure. La quatrième gravure représentait un homme suppliant Solgaleo et Lunala. La cinquième gravure était un retour au calme avec les deux légendaires luttant ensemble contre la tempête. La dernière gravure était plutôt étrange. L'étrange pokémon y figurait avec le soleil et la lune projetant leur rayon vers lui. Il était imposant se tenant debout comme un Homme, les bras épais terminés par des griffes et quatre appendices partaient de ses épaules un peu comme des ailes mais davantage apparentés à une queue plate, qu'il possédait aussi. Il était accompagné de deux autres pokémon qu'il ne connaissait pas non plus. L'un avait une forme de chien et l'autre une forme rapprochée du cobra.
Cette étrange histoire le laissait perplexe. Un bruit le fit se retourner. Le Gouroutan le regardait intensément. Il le rejoignit et toucha l'épaule de Pekelo. L'instant d'après ils se trouvaient dans un endroit totalement différent.