Chapitre 2 : Un surnom étrange
Le panorama qui s'offrait devant eux était assez impressionnant. Le littoral de l'île était pour l'essentiel bordé de plages et derrière celles-ci les plaines s'étalaient sur une dizaine de kilomètre pour s'arrêter brutalement au pied d'un plateau rocheux situé au centre de l'île. Ce relief montagneux semblait recouvrir les trois quart des terres. Le bateau n'avait pas encore atteint le port, et pour y arriver il contourna l'île sur sa gauche. Un peu plus loin sur la côte il y avait une curiosité géologique. Il devait y avoir un volcan à cet endroit par le passé. Des cratères carbonisés dévorés par l'érosion formaient une tache noire de suie sur le paysage verdoyant et ocre rouge de l'île.
Le bateau accosta dans un port plutôt rustique. Le quai était fait de bois, et pleins de petits bateaux de pêche étaient amarrés. Rien avoir avec le port de Melemele qui lui abritait beaucoup de bateaux de plaisance. Keona se fit la réflexion que la construction devait être solide puisqu'il y avait des voitures à débarquer du bateau. Les deux frère et sœur descendait du bateau avec leur guide en cherchant des yeux leurs grands parents. Ce fut leur grand-mère qu'ils virent en premier. Cette petite femme avait de long cheveux blancs attachés en un gros chignon. quelques mèches encadraient son visage bienveillant. Elle leur faisait des signes de la main. Palila se mit à courir pour se jeter dans ses bras.
"- Mes chéris! Votre voyage s'est bien passés? demanda Okelani.
- Oh oui! s'exclama Palila pendant que Keona embrassait Okelani. De l'avion on a put voir les îles, puis on a vu pleins de nouveaux pokémon sur le chemin, ce Noadkoko était impressionnant, et les Froussardine... enchaîna rapidement Palila.
- Oulà doucement ma chéri! Tu as tout le temps qu'il faut pour nous raconter ça. Ne veux-tu pas attendre que l'on ai rejoint Papy?
- Où est-il? questionna Keona.
- Il nous attend à l'entrée du port avec une surprise répondit Okelani avec un petit sourire malicieux."
Pekelo les attendait un peu en retrait du port a côté d'une grande haie. C'était un homme de bientôt soixante quinze ans avec des cheveux gris coupés courts. Il était grand et musclé par son travail d'agriculteur et sa peau avait un hale prononcé à cause du soleil. Il semblait cacher quelque chose dans son dos. Face aux regards interrogateurs de ses petits enfants, il fit quelques pas en avant pour dévoiler ce qu'il cachait. Deux immenses pokémon de deux mètres cinquante s'avancèrent. Ces pokémon de la catégorie cheval de trait avaient une robe marron avec les crins noirs et un chanfrein ainsi que le nez couleur feu. Le bas de ses pattes avait la même couleur ocre rouge que la terre de l'île. En y prêtant attention, on pouvait comprendre que de la boue séchée ornait ses membres ainsi que la pointe de sa queue et le bas de sa longue crinière. Les yeux écarquillés des deux enfants traduisaient aisément la prestance que dégageaient les Bourrinos.
Une fois que Keona et Palila furent remis de leurs émotions, Palila monta avec sa grand-mère et Keona avec son grand-père tandis que Kimo lui, enfourchait son vélo pour aller faire une course en ville avant de les rejoindre au ranch. La chevauchée se mit en route vers la ferme en empruntant les chemins de randonnées. Les Bourrinos étaient vraiment très lourd, alors pour ne pas abîmer les routes goudronnées, les cavaliers de Bourrinos empruntaient des voies secondaires en terre battus facilement réparables. Passer par ces chemins était un moyen fantastique de découvrir l'île d'Ulaula. Ce réseau avait était conçu pour développer le tourisme vert dans ces contrées.
Le chemin qui allait les conduire jusqu'à la ferme traversait des champs de cannes à sucre mais aussi des champs de céréales ainsi que des plantations de gingembre et de patates douces. Plus loin dans le paysage, les jeunes voyageurs pouvaient apercevoir le sommet de cocotiers dont la culture s'était développée il y a quelques dizaines d'années.
Pendant qu'ils avançaient, Palila commença à raconter à leurs grands parents comment s'était déroulé leur voyage. Du voyage en avion à la traversée en bateau, son enthousiasme ne faiblissait pas. Sa gaieté était communicative car même Keona voulait apporter sa contribution au récit malgré sa réserve habituelle. Pour chaque pokémon rencontré Palila demandait à Pekelo un peu plus de renseignements notamment le type que n'avait pas précisé Kimo. Ainsi le Picassaut était de type normal et vol, le Noadkoko d'Alola de type plante et dragon, la Froussardine de type eau, et le Bourrinos de type sol.
La chevauchée était agréable malgré le soleil de plomb. Les Bourrinos avait un harnais assez spécial. Celui-ci permettait d'accrocher un parasol au dessus des cavaliers. C'est grâce au développement du tourisme que cette idée génial émergea. Pekelo expliqua qu'au début, les hôpitaux furent surchargés de cas d'insolation chez les touristes qui partaient dans les montagnes à dos de Bourrinos. Comme les Bourrinos de prêt étaient dressés pour aller jusqu'au bout du chemin, ils ne faisaient pas demi tour en cas de malaise. Alors les balades dans les montagnes allez être interdite pour le bien des voyageurs. Mais les habitants de l'île qui commençaient à vivre de cette activité ont mis en commun leurs savoir-faire pour donner naissance à ce harnais parasol.
Au bout de deux heures de balade dans les plaines, le terrain commençait à grimper doucement vers les montagnes. Les voyageurs étaient maintenant en vu du ranch, posé au pied du massif rocheux. Seule une des routes principales les séparait de la propriété. Les terres s'étalait sur plusieurs hectares le long de la route. Il y avait essentiellement des pâturages avec quelques cultures et un verger devant la maison.
Les Bourrinos étaient maintenant dans l'écurie à manger leur ration de grain en récompense de leurs efforts. Palila et Keona étaient en train de ranger les harnais avec leur grand-mère quand un sifflement retentit à l'extérieur. Un bruit de galop suivit dans un nuage de poussière. Un troupeau de six Ecremeuh courait vers Pekelo, accoudé à la barrière. Les enfants s'étaient approchés de la barrière pour enfin rencontrer les pokémon favoris de leur grand-père. La course des Ecremeuh était assez maladroite, elle se dandinait de droite à gauche pour courir plus vite et l'on voyait la joie dans leurs yeux bleus.
C'est à ce moment là que Palila se remémora ce qu'elle avait entendu dans le bateau à propos de Pekelo. "- Papy? Pourquoi t'appelle t'on Wiwo'ole Pekelo? demanda Palila à brûle-pourpoint.
- Où as-tu entendu ça ma chérie? s'interrogea Pekelo.
- Sur le bateau je me suis faite une amie qui s'appelle Mily. Quand je lui ai dit qui j'étais elle m'a dit que l'on t'appelait ainsi sur l'île.
- Et Kimo nous a dit que tu avais fait des exploits, compléta Keona.
- Eh bien mon amour, ta réputation de précède taquina gentiment Okelani.
- On ne m'avait pas appelé comme ça depuis très longtemps, s'exprima Pekelo plutôt gêné. Okelani je t'en pris n'en fais pas trop quand tu leur racontera cette histoire. Car je sais très bien que tu vas leur raconter même si je ne veux pas."
Palila et Keona avaient ouvert grand leurs oreilles et quelle ne fut pas leur déception quand Okelani annonça qu'elle raconterait cette histoire après le dîner. En attendant, ils allaient mettre la main à la pâte. La cueillette des fruits et légumes du jardin était une chose nouvelle pour les jeunes citadins. Il fallait maintenant préparer le repas et ce fut Palila qui aida à la cuisine tandis que Keona fut appelé par Pekelo pour s'occuper des pokémons. Faire la cuisine n'était pas nouveau pour Palila mais Keona découvrit quelque chose de tout à fait nouveau : la traite d'une Ecremeuh.
A travers cette activité Keona appris à connaître son grand-père d'une façon différente. Pour ceux qui ne connaissait pas Pekelo, il apparaissait comme une personne taciturne, même un peu rustre. Lors des visites de leurs grands-parents à Volucité, Keona jouait avec Pekelo, il savait donc qu'il pouvait faire preuve d'une grande douceur même si effectivement il ne parlait pas beaucoup. Mais l'éleveur d'Ecremeuh qu'il avait désormais en face de lui était encore plus précautionneux et avait une patience d'ange pour traire ces pokémon. Il leur parlait d'une voix douce et montra à son petit fils comment procéder avec l'Ecremeuh la moins farouche. Les premiers essais de Keona étaient assez maladroits. Les maîtres mots avec ces pokémon étaient patience et douceur. Alors pour qu'il ne se décourage pas Pekelo accompagna tous ses gestes. Quelle ne fut pas sa fierté quand il réussit à traire un verre de lait.
Au repas, Palila n'était pas moins fier d'elle. Sur les indications d'Okelani elle avait préparée toute seule le dessert. Après le dessert, l'impatience se lisait dans les yeux de Palila et Keona. Okelani demanda donc à ses petits enfants de s’asseoir dans le salon avant de lever le suspens sur le passé de leur grand-père. Avant d'entrer dans le vif du sujet, elle fit quelques précisions sur la vie dans l'archipel d'Alola.
L'archipel se situait dans une région tropicale pour lequel les saisons se résume à la saison sèche et la saison des pluies. Pendant la saison sèche il faisait beau et chaud tandis que pendant l'autre saison de fortes pluies s'abattaient sur les îles. Il était d'ailleurs fréquent que des tempêtes sévissent durant cette période. Autre détail que les deux frère et sœur ne se doutaient pas c'est que le canyon qui creusait la montagne était envahit par une forêt luxuriante difficile à explorer. Une fois ces détails évoqués les jeunes citadins n'en pouvaient plus d'attendre la suite de l'histoire. Pekelo souriait dans son fauteuil. Son épouse était incorrigible. Elle ne se lassait jamais de faire baver d'impatience son auditoire. Sur une supplication supplémentaire des enfants, Okelani commença à conter les aventures de son mari.