Chapitre 2 : L'Ode à la Lune.

C'était avec regret que Pollux et son ami avaient quitté la ville que le mangriff surnommait « la Rosalia de jade ». Il aimait son odeur marine omniprésente. Lui qui venait d'une région montagneuse, cette odeur était celle de l'exotisme, des voyages lointains, de nouvelles découvertes. Il aimait le chant l'océan ; c'était le ressac de ses joies et de ses peines, de ses espoirs et de ses désillusions, des rencontres et des séparations. Regulus quant à lui, était attristé de devoir se séparer du petit flamiaou, mais le professeur lui promit qu'il ferait tout pour lui en procurer un.
Leur but se trouvait de l'autre côté de l'île, au Nord-Ouest d'Ula-Ula. Malheureusement, le petit massif montagneux au centre des terres les empêchait de rejoindre directement l'endroit en longeant la côte nord, il leur fallait donc faire le tour complet. La côte était particulièrement rocheuse, le professeur leur avait donc prêté des bourrinos pour parcourir le terrain accidenté. Pollux était impressionné par l'endurance de ces équidés, et ces derniers avaient été fascinés lorsque le scientifique leur avait parlé des galopas, des « bourrinos de feu, aussi rapides que l'éclair », « ou qu'un spinda monté sur patins à glace » avait rajouté Regulus.
Ils étaient arrivés tard dans la nuit au centre pokémon de la côte sud, et avaient repris leur chemin tôt le matin en direction du nord-ouest.
L'endroit était très vert et pour le plus grand bonheur de Pollux, il sentait l'iode et était balayé par les vents marins. Ils passèrent devant un haut bâtiment blanc, très austère mais imposant. Ils s'en approchèrent pour admirer l'architecture, se demandant quelle pouvait être la fonction d'une telle bâtisse, mais ils étaient là pour le travail, Pollux ne voulait pas trop traîner en route. Quant à Regulus, tant qu'il n'y avait pas de pokémons feu en jeu, il se fichait du rythme du voyage.
Ils arrivèrent donc à une baie agrémentée de quelques îlots et récifs qui bordait le flanc Sid-Ouest de la montagne et s'ouvrait sur la mer. Là encore, le professeur Euphorbe avait été d'une grande aide et les avait informé qu'ils pouvaient emprunter un lokhlass au centre pokémon de la côte Sud. Il les avait également mis en garde contre les dangers de ce chenal pittoresque.
*** ***La traversée était agréable. Le soleil était haut, le vent les ébouriffait gentiment, l'iode les tonifiait et le chant de la mer les accompagnait. La lokhlass avait déclaré s'appeler « L'Eau-Glace » et était de bonne compagnie. Elle leur raconta comment elle avait hérité de ce patronyme grâce à un dresseur peu futé, Pollux lui raconta comment il était devenu scientifique en courant après un arc-en-ciel et Regulus comment il était devenu dresseur spécialisé dans les types feux en étant pyrophobe.
Ils naviguaient depuis presque une heure en discutant joyeusement, lorsque l'eau autour d'eux se mit à bouillonner. Elle n'était pas chaude à proprement parler, mais une myriade de bulles remontaient à la surface en provoquant des remous conséquents. Leur hôtesse de type eau qui les transportait eut soudain l'air inquiète et Regulus semblait percevoir quelque chose également.
-Il y a plein de poissons là dessous…
L'anxiété de L'eau-Glace sembla s'intensifier, et elle se mit à accélerer.
-Oh non… Les froussardines doivent encore être en colère… Il vaut mieux déguerpir !Pollux ne comprenait pas, mais il voyait que le tourbillon de bulles semblait les suivre.
-Les quoi ?
-Les froussardines ! Ce sont des petits poissons, pas plus méchant qu'un lovdisc, mais...Mais elle n'eut pas l'occasion d'achever sa phrase. Un poisson blanc et bleu jaillit hors de l'eau presque par-dessus sa tête et cracha un faible jet d'eau qui mouilla à peine les poils de Pollux, avant de retomber aussi sec – enfin, techniquement aussi mouillé – dans l'eau. Pollux trouva que l'espèce d'alevin ressemblait à un anchwatt aquatique, et se dit que si ce pokémon avait le même genre de famille évolutive que l'anguille de foudre, ils allaient effectivement avoir des ennuis.
Regulus avait attrapé l'une de ses pokéball, prêt à l'action. Et une seconde plus tard, un banc entier surgit sur leur gauche dans une grande gerbe d'eau, et la multitude se rassembla dans les airs pour former ce qu'il semblait être un petit sous-marin qui n'avait aucun mal à se maintenir à la vitesse de la lokhlass.
Les froussardines ressemblaient beaucoup moins à de la friture inoffensive ainsi, et Pollux remarqua que d'autres pokémons les suivaient à une certaine distance, dont des lovdisc, et des poissons aux couleurs bariolées rose-jaune-bleu aux longes dents aiguisées qu'il n'avait jamais vu avant.
Regulus libéra Ed Asich son dracaufeu qui se mit à tournoyer au dessus de leurs têtes. Il déclara d'un ton assuré et héroïquement de circonstance à leur hôtesse :
-Continuez à avancer, on s'en occupe ! Ne vous inquiétez pas de ce qu'il se passe, nagez juste à fond !
Et à Pollux :
-Reste près de moi prof, ça serait dangereux de tomber à l'eau.
Non pas que le mangriff eut beaucoup de place où aller sur la carapace de la lokhlass. Les froussardines passèrent à l'attaque et chargèrent, mais la pokémon de transport réussi à esquiver habilement l'attaque, en ralentissant le banc d'un laser glace qui faillit manquer sa cible et toucha la nageoire latérale du monstre. Le dresseur sortit de son sac une bille montée en pendentif qu'il tendit à son dracaufeu. Ce dernier fit un piqué, attrapa le petit objet, se le passa rapidement autour du cou, puis Regulus tendit un de ses poings en l'air, exhibant un épais bracelet noir pourtant une gemme qui se mit à étinceler, à l'unisson avec celle qu'Ed Asich portait autour du cou, et dans une grande vague d'énergie, le dracaufeu méga-évolua.
Le sous-marin s'était un peu éloigné face au phénomène et à l'apparition d'un micro-soleil au dessus d'eux, mais il se rapprocha et cracha un jet d'eau cette fois beaucoup plus puissant. Pollux se recroquevilla, mais Regulus semblait maîtriser la situation :
-Ed Asich ! Lance-Soleil !
Les rayons solaire et aquatique se percutèrent et explosèrent dans une gerbe de gouttelettes et de lumière, puis le dresseur réitéra son ordre. Face à un dracaufeu sur-entraîné, le banc de froussardines, même unifié, eut du mal à tenir le choc de cette attaque et il vola en éclat, ou du moins il vola en poissons qui retombèrent pitoyablement dans l'eau et s'empressèrent de s'éloigner du danger. Le professeur remarqua que les pokémons eau qui s'étaient tenus à distance se dépêchaient d'imiter leur congénères vaincus.
L'Eau-Glace ne ralentit pas pour autant avant d'avoir mis un bon quart d'heure de distance entre eux et le lieu de l'attaque, et elle ne s'arrêta qu'à bout de souffle. Le professeur lui demanda :
-Nom d'un ponchien, c'était quoi ça ? Regulus se chargea de répondre pour leur hôtesse qui tentait de reprendre sa respiration :
-Les attaques de pokémon sauvages contre les voyageurs sont pourtant courantes...
-Hm...Je ne crois pas qu'il ne s'agisse que de ça...Une fois que la lokhlass se fut un peu un peu calmée, elle reprit sa route en expliquant :
-Les froussardines sont généralement inoffensifs, mais ils savent tirer avantage de leur nombre quand le besoin s'en fait sentir… Et parfois ils se mettent en colère. Les gens d'ici, humain comme pokémon sont très à bourrinos sur l'écologie, donc dès qu'un touriste peu consciencieux pollue leurs eaux, les tabasse à tour de bras pour s'entraîner ou autre, ils passent en mode furie et attaquent tout ce qui passe… Ils ont tendance à être assez susceptibles aussi en période de reproduction… Quoiqu'il en soit, nous sommes bientôt arrivés.Regulus laissa son compagnon de feu se dégourdir les ailes le temps qu'ils arrivent à destination en bavardant tranquillement avec leur hôtesse sur la vie de la faune aquatique dans la région, et Pollux passa le reste de la traversée à méditer.
Durant l'attaque, aucun écailleux n'avait échangé de mot avec ses pairs. Leur coordination avait été parfaite, et le mangriff était sûr qu'on n'obtenait pas une telle perfection sans communication. Il avait demandé à la lokhlass s'ils avaient de quelconques povoir psy et elle lui avait affirmé que non. La théorie du professeur Vega sur les pokémons qui communiquaient par ondes semblait se vérifier, mais Pollux ignorait si ça n'était pas spécifique à l'espèce des froussardines. Voilà qui promettait un long rapport à envoyer à son mentor lorsqu'il atteindrait le prochain centre pokémon…
*** ***
Ils atteignirent la fin du chenal en début soirée et le centre pokémon suivant un peu après la tombée de la nuit. Ils confièrent L'Eau-Glace à l'infirmière qui la renvoya au centre précédent. Pollux passa une bonne partie du temps nocturne à rédiger son rapport, puis il alla se réfugier « entre les ailes de Lunaala » comme disaient les locaux.
Le lendemain s'annonçait radieux, du moins jusqu'à ce qu'ils atteignent la forêt qu'ils devaient traverser pour se rendre à la ville suivante. La voûte des arbres devenait rapidement tellement épaisse que le mangriff avait du mal à voir plus loin que le bout de sa truffe. Mais ce qui inquiétait surtout Pollux, c'était l'absence des bruits auxquels il s'était familiarisé sur l'île : il n'y avait plus de vent dans les arbres, plus de ressac de la mer. En revanche, leurs sons à eux étaient étouffés par l'épaisseur de la végétation humide et des parterres de mousse. Il entendait le grincement d'arbres et de branches qu'on associait souvent aux vieilles forêts hantées.
En tant que type normal, Pollux ne craignait pas particulièrement les spectres, mais il n'aimait pas leur habitude de vouloir sans cesse effrayer les gens, il n'aimait pas l'humidité ambiante de la forêt qui s'insinuait sous sa fourrure et la boue qui en résultait car elle se mettait entre les griffes et le grattait, sans compter que c'était toujours pénible à nettoyer, et particulièrement voyant et disgracieux sur sa blouse blanche. Il songea vaguement qu'il s'était peut-être trop habitué au confort propre, chaud et sec des humains, puis il réalisa que sa forêt natale ne lui manquait pas.
Quelques temps après leur entrée dans la sordide forêt, la brume se leva, puis le paysage changea assez rapidement. Les arbres se firent plus rare, le terrain plus vaseux, les buissons furent remplacés par de grandes flaques à la couleur mauve-de-marais-fantasy, des plantes rouge-sang-fantasy et des arbres morts. Et pour ne rien gâcher, l'élément liquide lançait parfois des petits blob qui suggéraient que des bulles de gaz remontaient.
D'ailleurs le marais avait cette odeur âcre douceâtre de moisissure et de vieux champignons.
Pour ne rien gâcher, ils se sentirent bientôt observés.
Regulus invoqua Inkalunis son lugulabre, qui fit joyeusement savoir qu'il adoooorait la déco, mais beaucoup moins l'humidité. Ce fantôme n'était pas une lumière mais il leur apporta un peu de clarté pour qu'ils puissent au moins voir où ils posaient les pattes. Plusieurs fois, quelque chose remua plus loin ou derrière eux, et ils entendaient régulièrement un « kss kss ssss... » qui semblait se moquer d'eux. Pollux se surprit à maudire le professeur Vega de l'avoir envoyé dans cette aventure. Il fit part de ses réflexions à son ami qui rétorqua joyeusement :
-Le bon côté des choses, c'est que tu seras le premier mangriff au monde à maîtriser l'attaque malédiction !
Le professeur se renfrogna, puis demanda d'un ton toujours maussade :
-Tu es sûr qu'on ne s'est pas perdu ? Je suis sûre d'avoir déjà vu ce tronc pourri avant !Le dresseur retira sa casquette, se gratta derrière l'oreille comme souvent lorsqu'il était contrarié, puis il déclara :
-Je ne crois pas qu'on se soit trop éloigné du chemin ? Tous les arbres morts se ressemblent ici ! Et à force d'esquiver toutes ces marres, c'est dur de savoir si on ne tourne pas en rond...
-Tu n'as pas une boussole ?-Heu...
Il se gratta de nouveau nerveusement derrière les oreilles et regarda son lugulabre d'un air sévère . Le lustre se dandina mal à l'aise, conscient de l'estime que le mangriff portait aux spectres et avoua :
-Heu, il se pourrait bien que… Par inadvertance... Je heu…-Il l'a confondue avec un lavacookie et l'a mangée.
-Il l'a quoi !?Pollux n'en revenait pas. Inkalunis expliqua :
-Je me disais aussi que les lavacookies n'étaient pas aussi fondant d'habitude... Elle avait la même couleur un peu rouille !Le dresseur ajouta d'un ton las :
-Et quand il l'a recrachée, elle était complètement fondue. Donc je n'ai plus de boussole.
Le professeur n'en revenait pas. Les humains avaient une expression dans ce genre de cas : bête à manger du foin. Enfin, en l'occurrence, bête à manger des boussoles…Pollux soupira :
-J'imagine qu'il ne nous reste plus qu'à avancer... Ce qu'il firent. Ils ne tardèrent pas à entendre de nouveau le sifflement moqueur. Mais cette fois ci, quelque chose de nouveau se produisit. Une petite lueur rose et fantomatique se mit à grossir sur le brouillard devant eux. Ils regardèrent le phénomène avec curiosité et inquiétude, puis une petite forme blafarde apparut, dans laquelle deux trous noirs semblaient les regarder. La chose avait une forme de champignon portant trois chapeaux qui luisaient de cette fameuse lueur rosée. Une créature plus grande, comme un zoroark rouge et blanc coiffé à l'envers, émergea également des volutes brumeuse. La créature émit un :
-Kss kss sss… Alors mes beaux, on s'est perdu ? Le petit être prit la parole d'une voix fluette et enjouée :
-Bonjour ! Je vois que vous avez amené votre propre spectre ! C'est original, d'habitude les gens ont peur d'en rencontrer ici...Les deux voyageurs répondirent par un silence surpris. Face à leur mutisme, la première des créatures reprit la parole :
-Des touristes hein ? Kss ksss sss… Je suis Rufus, un lougaroc.
-Chanterelle à votre service ! Êtes-vous perdus ? Regulus retrouva l'usage de sa langue le premier et déclara :
-Enchanté. Je suis Regulus, un dresseur de pokémon feu, Inkalunis mon lugulabre, et voici le professeur Pollux.
Les deux autres parurent surpris. Le petit champignon luminescent se mit à trembler.
-Un dresseur ? De type feu ?L'espèce de loup annonça :
-Les spododos sont de type plante et fée. Ils n'aiment pas le feu… Regulus rappela donc sa lampe. L'obscurité sembla être plus dense, mais les chapeaux de Chanterelle semblèrent briller de plus belle. Puis Pollux déclara :
-Pour répondre à votre question, oui, nous sommes perdus. Nous cherchons à aller dans la ville humaine qui se situe au nord. La spododo retrouva son enthousiasme :
-Oh, pas de problème ! Nous allons là-bas aussi ! Vous pouvez venir avec nous ! Le lougaroc leur sourit de toutes ses dents. Nombreuses et pointues. Et ajouta :
-Nous en serions absolument ravis… Ksss sss sss... Pollux hésita. Leur interlocuteur lupin le mettait mal à l'aise. Il avait lu de nombreuses histoires de gens perdus dans la brume, qui faisaient de mauvaises rencontres… Ou de gens qui se perdaient dans les marais suivaient un feu follet et… Il songea soudain que la petite fongus était peut-être un genre de feu follet d'alola et que son compagnon allait les dévorer tout cru au détour d'une marre empoisonnée… Après tout, si les palmiers étaient des dragons, on pouvait bien penser que les feux follets pouvaient être des champignons fluorescents, non ?
Percevant la peur et l'hésitation du professeur, Regulus redressa sa casquette pour regarder son interlocuteur droit dans les yeux et bien lui montrer
qui il était, et demanda sur le ton de la conversation :
-De quel type êtes-vous, Rufus ? Ténèbres, je suppose ?
Le sourire du lougaroc ne s'estompa pas.
-Non. Roche pur. -Ah, sensible au type combat, donc ?
Un silence lui confirma.
-Mon ami aime autant les gens qui font peur aux autres que les spododos aiment le feu. Soyez gentil avec ses pauvres nerfs, voulez-vous ?
-Ksss sss ss, bien sûr.Regulus sourit.
-Bien, alors nous vous suivons.
*** ***Ils se remirent donc en route, guidés par la petite spododo aux allures fantômatiques, et le lougaroc laissa bientôt s'exprimer sa curiosité.
-Alors, que viennent donc faire des touristes comme vous dans le coin ? Une fois de plus, les deux voyageurs firent l'explication de leurs recherches. Après un temps de réflexion, le loup prit la parole :
-De la communication ? Qu'est-ce qui vous fait croire qu'on communique mieux ailleurs qu'ici ? Pollux entreprit de répondre :
-A cause des légendes. Le professeur Euphorbe nous a raconté que les humains et les pokémons sont très liés ici. Et ça concerne des lougarocs justement… Il nous a expliqué que, parfois, lorsque la lune est pleine, certains lougarocs bipèdes se transforment en humains à la peau claire. Les gens ne font pas attention à ces êtres à la couleur différente, car ils pensent que ce sont des touristes ou des gens d'autres îles... On dit que si les rocabots quittent leur dresseur avant d'évoluer, c'est justement pour acquérir ce pouvoir de se transformer en humains ! Ceux qui réussissent deviennent des lougarocs bipèdes, ceux qui échouent deviennent des quadrupèdes... Lorsque le professeur acheva son récit, le concerné resta interdit quelques instants, il s'arrêta net puis il explosa d'un rire franc qui résonnait comme un aboiement.
-Les humains croient ça ? Waf waf waf, ils en ont toujours eu de bonnes ! Me dites pas que vous, vous y croyez ?
-Et bien, toutes les légendes se basent sur des faits. Nous devons enquêter pour découvrir la part de vérité. Si des humains se transforment en pokémon ou inversement, ils peuvent communiquer avec toutes les espèces, donc nous devons en savoir plus. Pollux imagina un instant que leur interlocuteur était un dresseur transformé et que le spododo était son pokémon… Avec la perspicacité dont il savait souvent faire preuve, Regulus ajouta :
-A ce propos, qu'est-ce qu'un type roche fait dans un lieu aussi humide, et que fait une fée dans un lieu aussi moisi et potentiellement empoisonné ? Le pokémon roche repartit dans son fou rire. Chanterelle, qui était restée silencieuse jusque là déclara avec fierté :
-Les spododos guident les gens dans le marais et la forêt ! Le chemin est tortueux et plein de pièges naturels, des trous d'eau, des trous de boue, des ronces, des nids de tritox… Alors nous guidons, nous sommes la lumière dans l'obscurité ! C'est notre travail ! Rufus se calma un peu et expliqua, amusé :
-Je rentre chez moi. Mon dresseur m'attend. Je l'ai quitté pour évoluer. Kss sss ss. Mais ça n'a rien à voir avec le fait de se transformer en humain. Quand en tant que rocabot, nous sommes prêts à évoluer, nous nous dirigeons au Temple des Astres. Nous avons besoin de l'énergie qui se trouve là-bas pour évoluer.Pollux l'interrompit :
-Le Temple des Astres ?
-Oui, Ksss sss sss. Les humains lui donnent un autre nom je crois. C'est le temple en haut de la montagne enneigée au centre de cette île. Le mont Lanakila... Plein de bonne énergie qui circule entre le ciel et la terre. Des fois c'est de l'énergie solaire. Chaude, passionnée, puissante. D'autre fois, l'énergie est lunaire. Froide, protectrice, sereine. C'est ça qui détermine en quelle forme on évolue. On reçoit la bénédiction du jour ou de la nuit. Ksss sss ss. Dans mon cas, j'ai reçu la bénédiction de la lune… Pollux médita sur ces paroles un long moment. Ils croisèrent un étrange persian argenté et jouflu qui les salua d'un signe de tête guidé par un autre spododo qui envoya :
-Bonjour, voyageurs ! Morille à votre service ! Merci de faire appel à la compagnie Luminexpress ! Chanterelle salua le félin de la même manière et le voyage reprit son cours normal.
Au bout d'un certain temps, le loup de roche brisa le silence pour ajouter :
-Et la seule façon que les lougarocs ont de communiquer, c'est en chantant.Pollux était intrigué.
-En chantant ?
-Oui, sss sss, en chantant. Les humains prennent ça pour des hurlements. Ksss sss ss. Ils n'y connaissent rien. Ils y font à peine attention. C'est juste un bruit de la nuit comme un autre pour eux, ça fait partie du paysage, il n'y a guère que les touristes pour nous écouter… Mais pour nous, c'est l'occasion de s'échanger les nouvelles du jour, de savoir où sont les uns et les autres... Et on chante. On chante pour la nuit, on chante pour la lune. C'est traditionnel. Voulez-vous entendre l'ode à la lune ?Pollux lui adressa un sourire radieux. D'un coup, le loup lui parut plus sympathique, son espèce de ricanement aussi. Chacun sa façon d'être joyeux après tout...
-Avec plaisir !
Le "Temple des Astres" au sommet du Mont Lanakila...