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Paradis Ébène [Concours S/L 2016] de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 29/10/2016 à 22:05
» Dernière mise à jour le 30/10/2016 à 17:24

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Chapitre final : Mon Paradis.
Charles

 Les hurlements sauvages régnaient. Je serrai mes poings. Ils étaient apparus de nulle part en nous prenant tous de revers. Mon regard se résolut. Nos soldats étaient trop loin. Je pris gravement ma Pokéball.

J’avais sous-estimé Ivan, je ne le pensais pas capable de coordonner ce groupe de sauvage avec autant de maestria. Une attaque surprise, dans notre propre village ! J’ignore encore comment il avait fait pour émerger de la terre ; c’était un tour de magicien.
Toutefois, toute magie n’était qu’illusion, une illusion que je comptais bien briser.

— Gardez cette demeure aux périls de votre vie, exigeai-je à mes gardes du corps. Abattez les rebelles à vue. Si j’apprends que ma femme a été blessée durant l’affrontement, croyez-moi, vous regretteriez d’être en vie.
— À vos ordres !

Je hochai la tête, satisfait. J’avais une centaine d’hommes armés jusqu’aux dents, tous dresseurs de Pokémon, pour garder une simple maison ; je pouvais partir serein. Mon combat m’attendait, au centre du village, là où se concentrait la masse de rebelle.

Une fois suffisamment loin, je libérais mon arme ultime. Un Exagide. Je n’hésitai pas une seconde et j’empoignai l’épée et le bouclier spectral. Aussitôt, une puissance incommensurable heurta ma conscience, tentant de me faire perdre toute raison. J’avais conscience des risques. Les Exagide corrompaient l’âme de tous ceux osant les empoigner.

Cependant, mon âme, je l’avais déjà vendue au diable.

Vociférant à la mort, je tins bon. Ma peau se durcit, craquela par endroit, suinta un immonde liquide spectral. Ma vision se troubla, les choses m’apparaissaient désormais qu’en noir et gris. Je ne m’embarrassai pas la peine de reprendre mon souffle, ignorant la douleur, je fléchis les jambes et je fusai, droit vers la scène principale.


____________________

Mina

 Pour l’instant, tout se passait bien. Comme prévu, des centaines d’esclaves avaient rejoint le mouvement, submergeant le village d’une colère ébène. Plusieurs têtes de grands Blancs étaient déjà tombées, j’en tenais justement une dans mes mains.

Cette grasse peau dégoulinante de mépris, cette forme grossière, cette absurde bouche dévorante, ses deux yeux pourris de dédain.

Soudain, l’identité de ce crâne abject éclata dans ma mémoire. Comment l’oublier ? Celui qui avait formaté des milliers de petits nègres, l’investigateur de l’acculturation, le destructeur de langue et d’identité.

Le proviseur de l’école de Mele-Mele, Hubert. Quelle ironie, finir ainsi, le crâne sanglant dans les mains d’une de ses anciennes étudiantes. L’élève avait dépassé le maître.

Prise d’un sursaut de vengeance pour cet homme ayant anéanti ma culture, je plantais mon sabre profondément entre ses deux yeux morts et je brandis son crâne vers le ciel, tel un trophée. Autour de moi, mes camarades acclamèrent mon geste. Mes dents brillèrent.

Brusquement un immense fracas rompit notre état de grâce ; un intense souffle qui souleva un large nuage de poussières me balaya à plusieurs mètres de là. Que s’était-il passé ? Tokorico ? Les soldats étaient déjà de retour ? Impossible ! Ils devraient encore dans la forêt à cette heure-ci !

— Attention ! beugla Ivan.

Aussitôt, son Feunard sauta vers l’origine du fracas et cracha un mur de flamme, anéantissant les particules aveuglantes. Une figure imposante se dévoila. Si je n’étais pas aussi tendue, ma mâchoire m’en tomberait. Lui aussi, je le reconnaissais. Charles Alban. Bien qu’il soit à présent méconnaissable.

Il semblait comme fou, entouré d’une aura cent fois plus meurtrière que nous tous réuni, ses yeux injectés de sang nous fixaient d’une pupille ténébreuse, sans fond. Il tenait fermement une large épée et un bouclier, non, c’était bien plus que cela. Un Exagide. Ce dingue avait empoigné un Exagide !

— Votre petite rébellion s’arrête ici, sonna-t-il gravement. Vous, sauvages, n’êtes pas de taille contre les Kalois. Abandonnez.

S’ils pensaient qu’on allait se rendre bien gentiment ! Nous étions déjà allez bien trop loin, aucun retour en arrière n’était possible. Une dizaine de nos hommes armèrent leur fusil et tirèrent. Charles ne bougea pas d’un pouce. Il eut des légers tintements. Les balles retombèrent au sol. Aucune n’avait pu transpercer la peau inhumaine du possédé.

— Je vois. Vous, sauvages, n’avez pas de raison, de ce fait, vous ne pouvez pas comprendre mes paroles. Dans ce cas, je vais parler par des actes !

Le monstre épéiste fusa dans nos rangs à une vitesse folle, et d’un seul geste, trancha une vingtaine de corps. Je restai interdite. Les yeux de mes compagnons se tintèrent de terreurs. La volonté vacilla. Je tentais de trouver du réconfort auprès de Kale, mais sa peau tremblait autant que la mienne.

— Fuyez ! vociféra Ivan. Vous ne pouvez pas le battre !

Fuir ? Sans doute que nous le devions. Mais alors ? Et ensuite ? Quelle serait la signification de notre révolution ?!

— Je ne le peux pas ! hurlai-je. Je préfère encore mourir que de me terrer dans la peur des Blancs !
— Vous m’avez mal compris, se retourna Ivan. Vous n’avez pas les armes pour le vaincre. Ce qui n’est pas mon cas. Kite, Guma, Feunard !

Les trois Pokémon, comme un seul, se placèrent devant leur dresseur, protecteur.

— Vous avez encore une mission, me rappela l’ex-Général. Il reste encore des Blancs à éliminer, des Blancs qui se terrent dans leur manoir, des Blancs sans défense. Trouvez-les et tuez-les. Je m’occupe de celui-ci.
— …

Je serrai les dents à en faire rougir ma gencive. Encore une fois, je me faisais ordonner par un Blanc. Mais il avait raison, si des balles ne pouvaient blesser Charles Alban, alors nous étions impuissants.

— Tu as intérêt à tenir parole, pestai-je avant de hausser la voix. Vous tous ! Laissez Ivan vaincre ce Blanc ! Dispersez-vous et continuez le massacre des autres !

J’avais usé de mot relativement simple, pour être certaine de me faire comprendre. Et à mon grand soulagement, mes ordres furent entendus ; notre armée insurrectionnelle quitta peu à peu la place, Charles tenta de les en empêcher mais un Chelours arrêta son épée de ses épaisses pattes.

Je n’attendis pas plus pour prendre mes jambes à mon cou. Nous étions des centaines à fuir Charles, la panique ambiante me faisait perdre mes repères, tout ce qui comptait pour l’instant était d’échapper à la mort. Lorsque je m’extirpai enfin de la masse fuyarde, je me rendis compte que Kale n’était plus à mes côtés ; nous avions dû être séparé en route.

Ce simple fait me fit grincer des dents. Toutefois, je n’avais pas le temps de m’apitoyer sur mon sort. J’avais encore mon sabre et mon fusil ; j’avais encore des Blancs à détrôner.

Je m’apprêtais à partir en chasse lorsque mon regard croisa l’énorme clocher des Blancs. Je m’arrêtai. L’église. Sans doute la pire institution de toute la création. J’en avais lu, des histoires sur cette religion. Des histoires sanglantes, fanatiques, meurtrières ; des histoires si immondes que mon esprit ne pouvait les croire. Cependant, avec le temps, j’avais appris à donner crédit à ce que je pensais fabulation.

Ici même, à Alola, c’était les prêtres les plus cruels, invoquant sans cesse leur Arceus, dans le seul but de nous châtier. Pourquoi ? Dans quel but ? Quelle était notre faute ? Les causes importaient peu, seules les conséquences savaient satisfaire le sadisme des fanatiques.

Le pas décidé, je m’approchais de l’antre du Dieu perverti. Le sang pouvant s’y trouver était assurément infiniment plus corrompu que celui giclant actuellement des grands propriétaires Blancs.

Je poussai la lourde et gigantesque porte en bois d’ébène ; le crissement infernal me tira une douloureuse grimace. Une vide morbide habitait l’église, seule une immense statue d’Arceus, au fond, me toisait de ses yeux démoniaques.

Les prêtres avaient-ils fuis ? Dommage. Quoique, s’ils n’étaient pas ici, ils étaient certainement à l’extérieur, et donc à la merci de mes camarades. Cette pensée me rassura.

Je voulais tourner les talons, mais ma rétine resta fixée sur la représentation du dieu Blanc. Arceus, n’est-ce pas. Qui était-il exactement ? Les ignominies de ces fidèles étaient-elles réellement de sa volonté ? Qu’importe ? Qu’il soit d’accord ou non, les religieux massacraient sous sa bannière, et le soi-disant Dieu ne faisait rien pour les arrêter. Peut-être était-il même présent, là, au-dessus du ciel, à observer notre rébellion du même œil qu’un enfant observe avec cruauté un affrontement d’insectes.

D’un calme apparent, je pointai mon fusil vers la statue infernale. Je pressai la détente. La poussière du marbre emplit toute l’église.

— Je vous saurais gré de ne pas détériorer notre intérieur.

Une cynique voix se fit brusquement entendre. Je me mis instantanément sur mes gardes, armant à nouveau mon fusil.

— Qui est là ?!
— Lève les yeux, sauvageonne.

Alors que mon cœur s’était légèrement tût, il hurla sa rage à nouveau. Le Père Félix ! Il était là, appuyé sur une rambarde au premier étage, affichant toujours avec cet air arrogant, supérieur, hautain, hypocrite et vicieux qui cristallisait tout son être.

— Pauvre Arceus, siffla le serpent, ce n’était pas très gentil de ta part.

Je tirai. J’espérais le prendre par surprise. Malheureusement, l’inverse se produisit. La balle s’arrêta d’elle-même, comme immobilisée par une force mystérieuse, avant de tomber simplement sur le carrelage.

— Impulsive en plus de cela, à l’image de ton espèce inférieure.

Une Gardevoir sortit progressivement de la pénombre, se plaçant au côté du prêcheur de malheur.

— Mais pourquoi se presser, Mina ? sourit-il. Tu sais, j’ai toujours rêvé de m’entretenir avec toi.

Vraiment ? Un rêve assurément non-partagé.

— Haha, inutile de prendre un air si dégoûté, ni si incrédule d’ailleurs. Je ne dis que la stricte vérité, comme toujours. Je connais ton secret, Mina, ou devrais-je dire, Mina Alban ? Ta peau moins ébène que les autres à tout de suite éveillé ma suspicion, et j’ai alors mené ma petite enquête de mon côté. Aude peut faire preuve de quelques folies selon ses humeurs, enfin, c’est dans sa nature de femme. Une folie dont tu es la résultante, Mina ! Fruit d’une Kaloise et d’un Alolois ! D’un être pur et d’un impur ! L’alliance du divin et de la bête ! Le fruit défendu !

Ses yeux fous se mirent à luire de démence. Je reculai. Je n’avais qu’une envie, celle d’abattre cet homme dégoûtant. La Gardevoir me fixait ; je pestai silencieusement.

— Dis-moi, Mina Alban, qui es-tu réellement ? Quelle est ta nature première ? Blanche ? Nègre ? Le bien ? Le mal ? Ou alors, un mélange abject, monstrueux ?
— Taisez-vous ! hurlai-je en n’en pouvant plus. Je ne sais pas ce que je suis, mais je sais ce que vous êtes et ce que vous allez bientôt devenir !

J’armai encore une fois mon fusil. Il fallait la jouer fine. Je tirai. La balle s’arrêta. Du même mouvement, je saisis mon sabre, que j’envoyais de toutes mes forces vers ma cible. Celle-ci se baissa bêtement ; comme si je pouvais l’atteindre ! Mais cela le déconcentra, ainsi que son Pokémon. Je tirai une nouvelle fois, sur le plafond. Je savais que cette église n’avait d’imposante que son apparence. Comme prévu, un morceau de pierre se détacha et se soumit à la gravité, fusant droit sur le vieux prêtre.

Il eut un lourd fracas. L’espoir monta. Une main le brisa.

Fébrile, Félix se releva en peu de temps ; du sang perlait sur son visage. Tss, il avait réussi à éviter mon attaque de justesse ! Comment un homme aussi vieux pouvait autant tenir à la vie ?

— Tu m’as pris de cours, ricana l’ancêtre, et je ne le dis pas souvent ! Une double diversion avant de mener ta véritable offensive, je n’ai jamais vu un nègre faire preuve d’autant d’esprit. La raison des Blancs dans un corps de nègre sauvage… tout bonnement stupéfiant ! La naissance d’une espèce nouvelle !

Ce type ne pouvait pas la fermer et mourir ?! Chacune de ses paroles m’irritait au plus haut point ; mes veines pulsaient au désir de son trépas.

— Oui, ces yeux ! exulta brusquement le Père Félix. Ces yeux de rages primitives, propres aux nègres ! Je le répète encore et encore, c’est stupéfiant ! Comment la bête et le divin peuvent-ils cohabiter dans un seul corps ? Ce sont les convictions les plus élémentaires que s’en retrouvent bouleversées !

Mon ennemi bomba son torse antique ; de son sourire carnassier émanait une aura funeste.

— Je sais ! s’exclama-t-il en levant ses doigts squelettiques au ciel. Je vais te le présenter, je suis certaine que cela te fera plaisir. Gardevoir, je t’en prie.

Répondant à l’ordre, le Pokémon Psy brilla d’un éclat rosâtre et aussitôt, un tonitruant résonnement métallique se fit entendre. Que venait-il de faire ? Sans doute une autre de ses perfides malices, le connaissant. Je rechargeai mon fusil, je grimaçai ; il ne me restait plus beaucoup de balles.

De profond bruit de pas s’invitèrent jusqu’à mes oreilles. Mon cœur s’affolait, empreint d’un exécrable sentiment. Les bruits se rapprochaient. De la sueur dégoulinait jusqu’à mes pieds.

Tout d’un coup, une porte dérobée explosa et son métal s’encastra au plafond. Une forme y émergea lentement. Une forme humanoïde, immense, ténébreuse, expirant telle une bête. Mes genoux faiblirent ; un torrent silencieux se déchaînait dans mon crâne.

— Je te présente un vieil ami, entendis-je rire Félix. Il se nomme Kahoku, il était un ancien chef Alolois avant notre arrivée. Je te passe les détails, mais son esprit rebelle était problématique, nous l’avions donc emprisonné dans un cachot. Cependant, il désirait la mort ; quelle punition accorderait le souhait de son sujet ? Je me suis acharné à le garder en vie, convoquant le maximum de Pokémon soigneurs que je le pouvais. Et voici le résultat.

L’être bestial me remarqua ; il beugla atrocement.

— La folie a ramené en lui sa primitivité, s’amusa le religieux enragé. Regarde Mina ! Cette bestialité ! C’est que chaque nègre possède en lui, la marque du démon, ancrée dans chaque pigment de leur peau ! La véritable nature des nègres !


____________________

Kale

 Où était Mina ? Je ne parvenais plus à la retrouver ! Elle était notre chef et était donc solidement armée. Elle devrait savoir se défendre. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter. Et si elle était en danger ?

Au milieu de toutes mes inquiétudes, une autre question jaillie. Et moi, où étais-je ? Je m’étais laissé entraîné par la foule fuyant le Blanc à l’épée Pokémon. Je ne reconnaissais pas les lieux. Je n’avais jamais été très loin dans le village. Je vis la forêt, non loin. Je m’étais si éloigné que ça ?

J’avais du sang sur les mains. J’avais envie de vomir. Ce combat, ces massacres, tout cela me dégouttait. Mais je n’avais pas le choix. Notre destin de nègre était de nous battre, en dépit de nos sentiments, dans l’espoir de liberté.

Soudain, une masse d’hommes en uniforme émergea des bois. Il ne manquait plus que ça ! Les soldats des Blancs étaient de retour, sans doute avaient-ils eut vent de notre rébellion. Un Gris menait le bataillon, un Pokémon que je ne connaissais que trop bien volait à ses côtés. Tokorico.

Mauvais. Je devrais sans doute me cacher. Et alors ? Resterai-je caché toute ma vie ? Quel genre de vie cela serait ? En nous rebellant nous avions déjà décidé de nous remettre au destin. Vaincre ou mourir, il n’y avait pas d’autres échappatoires.

Je restai fermement sur mes deux jambes, le sabre à la main, refusant de répondre à mes instincts primaires. Le Gris – certainement Reino – et Tokorico s’approchaient, ainsi que les autres soldats. Je devais me tenir prêt. Mina avait raison, nous autres, nègres, avions tous une chose en commun : le martyr infligé par les Blancs. Une souffrance qui nous unissait. Nous étions tous liés. Dans cet amas noir, un simple individu n’était rien s’il pouvait permettre le salut des autres.

Si je parvenais à retenir Reino et Tokorico, je donnerai un temps salvateur à mes compagnons. Ce qui serait déjà une énorme victoire.

Les soldats des Blancs étaient pressés, sans doute n’avaient-ils même pas remarqué un insignifiant tel que moi. J’en profitai. Je forçai mes jambes à me propulser vers Reino, avant d’abattre mon arme sur lui.

— AAAH !

Reino se baissa de justesse ; ma lame effleura son épaule, qui devint légèrement écarlate. Aussitôt, le groupe armé s’arrêta, j’entendais de multiple fusils se charger.

— Qu… ! cracha le Gris. Un nègre ?!

Je restai silencieux, toisant mon adversaire.

— Qu’est-ce que tu crois faire ? se moqua Reino. Me tuer ? Moi le Doyen de Mele-Mele ? Avec ton petit couteau ? Hahaha !

Je ne répondis pas, attendant l’occasion de repasser à l’attaque.

— Et il ne bouge pas, ricana le traître. Intéressant. Hé vous autres ! Ne vous préoccupez pas de moi, allez au village punir les autres rebelles ! Moi, je m’occupe de cet arrogant. Il a fait couler mon sang, je me dois de répandre le sien, ma fierté est en jeu.

Une fierté qui me sauvait la mise, ne pus-je m’empêcher de penser. Seul contre eux tous, je ne tiendrais pas une seule seconde. En revanche, s’il n’y avait que Reino…

— Mais je vous rejoindrai bientôt, ria le Gris. Tokorico !

Le pseudo-dieu s’éleva, canalisant de l’électricité dans ses boucliers. S’il me touchait, je ne sentirais même pas ma mort. Je fonçai tel un forcené vers la forêt ; la foudre me manqua de justesse. J’avais besoin des arbres pour me camoufler. Ici, dans une zone dégagée, j’étais sans défense.

Reino ne s’attendait certainement pas à mon mouvement et prit du temps pour comprendre ce que je faisais. Bien. Je savais qu’il allait me poursuivre. La fierté des Gris était trop grande, celle de Reino, encore plus.

— Reviens, lâche !

Je souris.


____________________

Reino

 Ah ! Il me provoquait et il fuyait ? Les nègres étaient vraiment la pire espèce ! Dire que j’en étais un moi aussi, ça me rendait malade. Blanc. Je voulais être Blanc.

— Tokorico, brûle-moi cette fichue forêt !

Le symbole de ma force s’exécuta sans un mot. J’aimais ce sentiment de puissance, ce même sentiment que devais ressentir les Blancs en permanence. La foudre se déchaîna ; l’incendie devint roi. Pauvre forêt, elle partait totalement en fumée, si seulement ses flammes pouvaient purifier ma peau.

Le nègre me regarda, son œil torve me dévisagea. Il me jugeait. Comment osait-il ?! Ne voyait-il pas que j’étais supérieur à lui ?! La fureur bouillonnait dans mon souffle. Je saisis les deux pistolets à ma ceinture. Il avait été trop loin. Je voulais sentir ses os craquer sous mes pieds.

Faisait fi de tout danger, je m’engouffrai à mon tour dans la forêt pourpre. Les braises pleuvaient ; l’odeur de l’enfer montait à mes narines et aiguisait le désir de mes crocs.

— Sors de ta cachette, sale nègre ! hurlai-je.

Je vis un buisson frémir, j’ordonnai à Tokorico de l’anéantir. Fausse alerte. La fumée et les troncs d’arbres limitaient affreusement mon champ de vision, je ne pouvais agir qu’à l’instinct.

Brusquement, une bûche heurta mon crâne ; légèrement sonné, je me retournai. Je vis le nègre se cacher dans la mer de flamme. Cette bûche, c’était lui n’est-ce pas ? Il comptait se battre comme cela ? Le lâche !

— Tokorico, finissons-en ! Ire de la Nature !

La terre se mit à trembler, des fissures abyssales creusèrent la terre, les arbres de feu se déracinèrent, une pression énorme s’abattit sur nous. Et tout d’un coup, un déluge électrique déferla impitoyablement. Les arbres, les buissons et même la terre, tout fut anéantie autour de nous, ne laissant qu’un cratère fumant. Il ne restait plus rien. Juste moi et Tokorico.

J’admirais le cataclysme. Et j’éclatais de rire. Cette puissance ! Cette puissance dont j’étais maître ! C’était moi ! Cette destruction ! C’était mon œuvre !

— Aveugle.

Une vive douleur. Un hurlement d’incompréhension. Je tombai à genou. Je vis mon bras. Au sol. Dans une mare de sang. Je levais les yeux. Le nègre. Il était là. C-Comment ?! Pourquoi ?! Il devrait être mort !

— Tokorico t’épargnes lorsqu’il attaque, lâcha le sauvage. Je me suis simplement rapproché de toi. Pendant que Tokorico se déchaînait, j’étais tes côtés. Tu étais si enragé que tu ne m’avais même pas vu.
— … !
— Maintenant, au nom de la liberté de mes compagnons, meurt.

Mourir ? Moi ? Alors que je m’apprêtais à enfin devenir un Blanc ?! Le démon s’avança, son sabre en main. Il pensait réellement me vaincre ? L’inconscient.

Au-dessus de nous, Tokorico volait, impassible. C’était comme cela que ça fonctionnait, tant que je ne donnais pas d’ordre, il ne faisait rien. Il appartenait à Maître Félix. Mais Maître Félix m’avait promis sa possession complète lorsque j’aurais fait mes preuves. Il m’avait promis la sainteté blanche ! Je le croyais. Les Blancs avaient toujours raison.

Le nègre leva son sabre. Il l’abattit. Son geste se stoppa. Je perçus une lueur d’hésitation dans ses yeux. Je ne cherchai pas à comprendre, et je réunis mes dernières forces, que je concentrai dans mon bras restant. Vif comme le désespoir, je renforçai ma poigne sur mon pistolet et en un instant, un trou sanglant se creusa dans le ventre du nègre. Il lâcha son sabre.

— J-Je t’ai eu ! m’extasiai-je. Sale nègre ! Crève ! CRÈVE !

Je vidai mon chargeur sur ma cible, riant à chaque impact. Son corps s’effondra, sans vie. J’avais réussi ! Je l’avais tué !

L’incessante douleur interrompit ma joie. Ma tête se vida peu à peu. Je perdais trop de sang.

Était-ce ma fin ?

Pourquoi ?

Qu’avais-je fais de mal ?

J’avais obéi aux grands Maîtres Blancs toute ma vie, me pliant à chacune de leur sainte exigence. J’espérais qu’en suivant leur trace, je pourrai m’échapper à mon destin de nègre inférieure. J’espérais qu’en suivant leur pas, mes pieds ébènes se teinteraient de blanc. J’espérais qu’en suivant leur raison, je pourrais atteindre leur intelligence.

Tous ces espoirs, ils ne pouvaient pas s’anéantir maintenant !

Je levai les yeux aux ciels implorant.

— Ô Arceus ! Dieu des Dieux ! Je t’en prie, éclaire-moi ! … Suis-je enfin devenu un Blanc ? … … …


____________________

Ivan

 Les deux. Il fallait l’alliance de mes deux Chelours pour contenir Charles, et encore. Ce fou avait totalement abandonné son âme au profit de la puissance. Un démon. Je ne pouvais le qualifier que par ce terme.

Mais ne l’étais-je pas également ? J’avais tué. Beaucoup de mes anciennes connaissances étaient tombés de ma main. Je ne valais pas mieux qu’un autre.

Ce fichu monde.

Pourquoi fallait-il forcément se battre ? Répandre le sang ? Détruire des vies ? Anéantir des peuples ? Le monde tournait de cette manière. Mais pourquoi ? Est-ce que quelques épices ou pièces d’or justifiaient tant de violence ? Était-ce cela, le bonheur ?

— Charles, soupirai-je. Es-tu heureux ?

Bien sûr, mes paroles ne l’atteignirent pas. Mais je n’avais pas besoin de réponse, son apparence même croassait au malheur.

Le bonheur n’était qu’un mythe. Moi-même, je n’étais pas heureux. Comment le pourrais-je, une fois avoir pris conscience de la folie embaumant cette terre ? Le Père Félix disait que les nègres n’étaient que des êtres primitifs, incapable de raison. Pour ma part, je pensais que nous étions tous – moi le premier – dénués de raison, n’obéissant qu’à nos pulsions primaires.

Mes trois Pokémon se démenaient toujours face à l’Exagide meurtrier. Aussi fou qu’il était, Charles était redoutable. Il maniait l’épée spectrale avec une virtuosité et une puissance rare ; chacun de ses coups fendait l’air avec une telle énergie qu’ils déclenchaient des bourrasques dévastatrices.

C’était un concours de force brute, rien de plus. Griffes et flamme contre épée. Stratégie ? Aucune. Un échange de coups apocalyptiques et destructeurs. Ah, elle était belle la grandeur des Kalois !

— AAAH !!

Soudain, un Vibrobscur titanesque balaya mes Chelours et mon Feunard. Ils s’écrasèrent en face de moi. Je remarquai leur corps, couvert d’horribles blessures. Mon estomac se noua. Ils se battaient pour moi, ils risquaient leur vie dans un combat qui n’était pas le leur. Mon espèce peut-elle faire preuve d’autant d’abnégation ?

… je décidai de suivre mon instinct humain, primitif. La rébellion des nègres ? Elle était importante. Cruciale. Les Kalois devaient comprendre toute l’étendu de leur bêtise, ils devaient payer. Mais mes Pokémon passaient avant tout.

Kite et Guma avaient vu leur famille se faire décimer sous leurs yeux.
Feunard porterait toute sa vie l’incommensurable poids d’une culpabilité mortifère.

— Les amis, soufflai-je, on s’enfuit. Direction le port.

Mes Pokémon me fixèrent, perplexes.

— Accordez-moi un dernier acte égoïste, souris-je. Nous irons à Ula-Ula, comme promis. Le mont Lanakila est si hostile que même les Kalois les plus intrépides n’osent y mettre les pieds. Vous y serez en sécurité, je vous le promets. Vous pourriez enfin vivre une vie à l’air libre.

J’étais désolé pour Mina et les autres, mais c’était ainsi. J’avais réussi à faire germer la révolte dans leur cœur. Je n’étais plus nécessaire à leur évolution. Je pouvais au moins me consoler comme ceci.

— On y va ! m’encourageai-je.


Mes Pokémon acquiescèrent, compréhensifs. Guma me plaça – douloureusement – sur son dos et nous nous enfuîmes, lâchement. Charles tenta de nous rattraper, mais c’était sous-estimer la vitesse des Chelours.

— Désolé…, m’excusai-je à nouveau pour les nègres. J’espère que vous réussiriez à faire entendre votre voix… un jour.


____________________

Mina

 Éviter, courir et survivre, tels étaient mes mots d’ordre. Kahoku me poursuivait, sanguinaire. Il était certain qu’il n’avait plus rien d’humain, suite à toutes ces années de torture mentales infligées par Félix. Et comble de la terreur, l’excès de soin mystique qu’il avait reçu avait aussi rendu son corps monstrueusement redoutable et auto-régénérant !

— Magnifique ! Magnifique ! continuait de s’extasier le prêtre démoniaque. Un nègre pur se battant contre une abomination contre-nature ! Le spectacle est si beau !

Qu’est-ce que j’avais envie de l’étriper celui-là. Je ne pouvais imaginer plus merveilleuse jouissance !

— Amusez-vous bien, grinçai-je. Votre règne va bientôt prendre fin ! La rébellion est en marche, même si je succombe, d’autres nègres prendront ma place !
— Oui, je t’accorde ce fait, nous ne pourrions pas exploiter les Alolois éternellement.
— … !

Je fus si surprise d’entendre ce démon acquiescer à mes paroles que je faillis me faire attraper par Kahoku.

— Pourquoi une telle réaction ? ricana Félix. Ce n’est que du bon sens, tout à une fin. Toutefois, toute fin appel à un renouveau, une adaptation. Auparavant, il était normal d’exploiter des nègres, maintenant, il faut passer par des stratagèmes tel que les missions civilisatrices. Mais bientôt, ce ne sera également plus possible, des voix commencent déjà à s’imposer. Et alors ? On trouvera toujours autre chose. Il y aura toujours des dominants et dominés, quel que soit le degré de modernité d’une société. C’est dans l’ordre des choses. Nous autres, dominants, sommes trop habitués à notre péché de luxure pour l’abandonner.

Kahoku arracha un banc et me l’envoya en pleine face ; je fis une roulade d’urgence, échappant de peu à l’attaque et à son champ de vision. Je profitai du moment pour lui tirer une balle en plein torse. Je grimaçai lorsque la plaie sanglante se referma comme par magie.

— J’ai déjà des contacts, poursuivait inlassablement Félix. Une petite « démocratie dictatoriale » située dans une grande et éloignée région orientale. Leurs dirigeants exploitent eux-mêmes leur peuple, qu’ils gardent dans une main de fer. Des accords commerciaux ont déjà été signés. Nous apprenons de nos erreurs, vois-tu ? L’esclavage et la colonisation, nous y étions bien trop impliqué, certains Kalois – un peu trop candides – n’aiment pas voir leur nom relié à l’exploitation. Mais avec ces accords, Kalos ne sera pas directement coupable de l’exploitation, c’est la région orientale qui génèrent ses propres esclaves, créant ainsi une certaine distanciation avec nous et étiolement de la responsabilité. En résumé, nous laisserons la région orientale se prendre tous les blâmes à notre place, pendant que nous récolterions moult bénéfices.

Sous un simple coup de poing, une colonne de l’église s’écroula dans un déluge de pierre. L’une d’entre elle heurta ma jambe ; je lâchai un cri de douleur. Kahoku bondit, m’écrasant le ventre.

Là !

C’était le moment où jamais !

Il était si proche, pensant sa victoire déjà acquise. Je saisis mon fusil et visais son crâne. Il avait beau pouvoir se régénérer, un coup à bout portant exploserait certainement sa cervelle, mettant fin à son existence infernale.

Je tirai.

Un petit clic envahit l’église.

Mes yeux se gonflèrent d’horreur.

— Ha...hahaha… ne pus-je m’empêcher de rire nerveusement. Sérieusement ? … plus de balles ? … hahaha…

Une main noire me saisit le cou. Je sentis mon corps se soulever. Je me débattais autant que je le pouvais, gesticulant aussi furieusement et inutilement qu’une mouche prise au piège.

— Olah ! s’exclama Félix. Ne me la brise pas, elle m’intéresse. Gardevoir, neutralise le méchant nègre, s’il te plaît. Ah, et ramène-moi Mina.

Une horrible aura rosée m’enveloppa soudainement, et tandis que Kahoku se tordait de douleur, je m’envolai lentement vers le prêtre de malheur et son Pokémon.

— Tu t’es bien défendue, sourit Félix. Tu es digne du sang Kalois qui coulent dans tes veines. Mais ton combat s’achève ici. Les dominés ne reprendront jamais le dessus sur les dominants. Je vais te dire un secret. Nous avions besoin de vous. Sans vous, nous sommes perdus. Qui va travailler à votre place ? Qui va nous fournir nos matières premières, nos richesses, si ce n’est les dominés ? Nous même ? Nous ne savons pas comment faire. Notre oisiveté est notre faiblesse. Pitoyable n’est-ce pas ? Mais c’est là la raison pour laquelle nous nous acharnons tant que cela à exploiter les autres, pour ne pas révéler notre incompétence au grand jour.
— … tss, crachai-je, qu’est-ce que j’en ai à foutre de vos raisons, salaud…
— Que de vulgarité, ça doit être ta partie nègre qui parle. Mais ne t’inquiètes pas, je peux te purifier. Je suis Félix, l’élu d’Arceus, il n’y a pas de Kalois plus saint que moi. Tu as de la chance, tu sais ? Tu as réussi à attirer mon attention et ma bienveillance. Puisse la lumière d’Arceus t’illuminer de sa grandeur !



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~ Quatre mois plus tard ~
Lieu : Kalos ; Illumis.
Mina


 Notre rébellion ne fut qu’une vaste blague. Une fois les renforts Blancs arrivées des autres îles, mes compagnons furent purement et simplement éliminés. Mais cela n’avait plus d’importance pour moi.

Le Père Félix m’avait arrachée d’Alola. J’étais enfermée dans un sous-sol, avec à peine de quoi subsister. Mais ce n’était pas le pire, loin de là.

Mon ventre avait grossi.

Me purifier, me faire devenir blanche. Les mots de Félix cachaient un sens terrible. En réalité, ce n’était pas moi qu’il voulait purifier, mais ma lignée. Ma descendance.

Il m’avait violé. J’attendais son enfant.

Si je pouvais, je me suiciderai sur place, mais j’étais complètement enchaînée, incapable de bouger le moindre muscle, sans compter qu’un Guérilande était ancré sur ma tête, m’irradiant d’onde soignante en permanence.

Le visage de Kale réapparut dans ma mémoire. Je ne le reverrai sans doute jamais. Où était-il ? Est-ce qu’il allait bien ? J’espérai qu’il s’en était sorti. Il était la seule personne en qui je faisais réellement confiance ; une larme coula sur ma joue.

Mon futur était anéanti. Finirai-je pas devenir comme Kahoku ? Folle à lier ? Je ne le voulais pas. Ce serait une trop grande jouissance pour les Blancs. Les Blancs, ces êtres abjects.

Aude en était l’exemple même. Il paraît que Charles Alban avait été retrouvé mort dans les décombres du village, le corps vide, l’âme totalement aspirée par son Exagide. Sa chère femme n’avait pas perdu de temps. Elle avait rapidement compris que c’était Félix qui tirait les ficelles dans l’ombre, que c’était lui, le Blanc le plus puissant. Elle avait donc décidé de le suivre. Risible.

Ces Blancs. Je voulais les exterminer. Les massacrer. Les annihiler. Supprimer jusqu’à leur existence. Ces mots, ces désirs, s’amplifiait de jour en jour.

Je me vengerai.

Félix pensait m’avoir, mais ce n’était que partie remise. L’abomination qu’il m’avait plantée dans le ventre allait me servir d’arme. Cet ignoble enfant qui allait sortir de mes entrailles, j’allais tous faire pour l’éduquer. Il allait devenir mon arme ultime. J’allais lui transmettre la souffrance des nègres, la haine des Blancs.

J’allais lui transmettre mon nom, symbole de mon être, symbole de ma fureur.


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~ 144 ans plus tard ~

Lieu : Alola ; Paradis Æther
Elsa-Mina


 La colère, la rage, la fureur. Tels des fantômes, ces émotions enflammées me hantaient ; la page ne voulait se tourner. L’Histoire me narguait sans cesse. Tant mieux. Qu’elle continue de me tourmenter, qu’elle continue d’attiser ma haine. J’en avais besoin.

Je n’avais qu’à regarder à travers la fenêtre pour percevoir les innombrables cicatrices du passé. Les Doyens ignorant de leur origine, la faible population de Chelours, les constructions modernes ayant totalement remplacé l’art premier d’Alola… la liste était longue.

Et ma peau. Ma peau entièrement blanche. Que d’héritage du martyr, du supplice infligé à mes ancêtres. Je détestai la voir. Je bannissais tous miroirs de mon champ d’existence. C’était bien trop douloureux.

L’horrible histoire de notre famille était transmise de génération en génération, comme une marque maudite scellée dans notre sang. L’histoire d’une vérité tragique, que le présent tentait d’oublier. Je ne le pouvais pas. Ma destinée était d’apaiser la tragique souffrance des anciens Alolois. Par la vengeance.

J’y avais consacré toute va vie et je touchais à mon but. Le projet UC allait de bon train, bientôt, ils seront capables de terrasser les Pokémon Gardien, ses faux-dieux qui autrefois nous soumettait. Ce n’était que la première étape. Ensuite, je nettoierais chaque île de présence humaine, cette détestable espèce qui détruisait tout ce qu’elle touchait. Blancs, noirs, tous avaient péché. Les blancs par l’action de leur ancêtre, et les noirs pour avoir osé oublier leur passé.

Même Lilie refusait de me suivre, clamant haut et fort qu’il fallait se tourner vers l’avenir. Elle osait refuser de porter son nom complet, Lilie-Mina. Une cruelle insulte à notre héritage.

Se tourner vers l’avenir ? Quel avenir pouvait se construire sur un passé aussi morbide ? Aucun. Si je voulais vraiment un avenir, il fallait repartir de zéro.

J’irais débarrasser l’archipel des Hommes, et je le repeuplerais par les Pokémon que j’abrite ici, à la fondation Æther. Un retour à la nature, vengeur, sain et pur. Je créerais un paradis, mon paradis.

Le Paradis Æther.

Aujourd’hui, je le jure sur mon nom, porteur de l’espoir destructeur, que les assassins payeront.



~ À suivre dans Pokémon Soleil et Lune… ~