Chapitre 03
L'océan était calme, aussi bleu qu'à Roche-sur-Gliffe, à se demander pourquoi les hommes traversaient la moitié du globe pour leurs vacances. Les nuages dans le coin étaient cotonneux, comme si le ciel, tel un artiste impressionniste, essayait de peindre un tableau de l'océan. Plein est, le soleil commença à se lever, immense boule de feu qui illumina la base des nuages d'un rose pastel, leur donnant un côté surréaliste. Le reste du ciel passa du bleu foncé de la nuit aux teintes pastel du matin.
Un bateau de pêche un peu déglingué et un peu rouillé naviguait seul au milieu de cette immensité. Il avait vogué toute la nuit, plein gaz en direction de l'archipel d'Alola, oubliant même de jeter ses filets à l'eau pour tenter de prendre un peu de poisson. Un homme se dressait fièrement à la proue du vaisseau. Vêtu d'un vieux ciré jaune comme le font tous les marins, il offrait son visage barbu au vent frais du matin et aux embruns qui l'accompagnaient invariablement. Pokemon Jones se sentait bien, il se sentait impatient et il se sentait libre. L'idée d'écarter les bras en croix et de crier "je suis le maître du monde" lui traversa la tête, mais il garda sa réserve et se contenta de savourer ce moment en silence.
Une fois le soleil levé, il fut rejoint par un autre homme. Malgré le fait qu'il ne portait pas de ciré jaune, on sentait dans le moindre de ses gestes qu'il était un vrai marin contrairement à notre paléontologue.
"-On avance bien, on devrait être en vue des côtes en début d'après-midi.
-Parfait, vous nous déposerez sur une place discrète comme convenu.
-Bien sûr, on évitera tous les ports et les villages. Par contre, le débarquement risque d'être un peu plus compliqué.
-Nous devrions nous en sortir. Tant que vous restez discret, nous nous occupons du reste."
Et le capitaine, car visiblement cet homme était le capitaine du navire de pêche, s'en retourna à la barre, laissant notre professeur seul face à l'océan et ses idées. Que faire une fois débarqué sur l'île? Après un long trajet plein de détours, ils avaient réussi à semer leurs poursuivants vêtus de blanc. Il serait dommage maintenant de se jeter dans leurs bras. Car si un fossile hélix reposait caché ici, alors forcément il y aurait toute une troupe d'adorateurs fanatiques.
Le soleil était déjà haut dans le ciel et il réchauffait le pont du navire, lorsque soudain la tête de Charlotte jaillit de la cale. Ses cheveux auburn prirent le vent marin et captèrent les rayons du soleil, rendant sa chevelure plus brillante que le soleil lui-même. Lentement, elle monta les quelques marches de l'escalier de la soute laissant apparaitre petit à petit ses formes généreuses, à peine masquées par un petit bikini jaune. D'abords son cou fin et élégant, puis ses épaules un peu larges soit mais on le remarquait à peine lorsque l'on posait ses yeux sur sa poitrine généreuse. Ensuite sa taille fine, avec un petit diamant dans le nombril et enfin ses longues jambes élancées. Elle portait sous le bras une serviette de plage qui semblait assortie à son maillot, et accessoirement au ciré de Jones.
Celui-ci resta ébahi, pour un peu sa langue serait sortie de sa bouche pour rouler au sol comme l'on pouvait le voir dans les dessins animés. Elle s'approcha de lui, enfin surtout de la proue et installa sa serviette sur le pont. Pokemon Jones reprit rapidement de la contenance et ses esprits et râla après elle :
"-C'est une tenue de pêcheur ça? On avait dit que l'on voulait passer discrètement et incognito!
-Calme toi, on est au beau milieu de l'océan, il n'y a personne à tromper.
-Et le capitaine alors? Je suis sûr que ça le met dans une situation délicate!"
Le vieux loup de mer sourit amusé et d'une voix détachée répondit :
"-J'aime bien moi, Et sauf votre respect, je pense qu'elle passera plus discrètement en maillot de bain que vous avec votre déguisement.
-Et puis de toute façon c'est comme ça. Il y a la mer, le soleil et du temps à tuer, tu ne m’empêcheras pas de prendre un bain de soleil. Tu n'avais pas prévu un autre moyen de passer le temps j'espère...
-Voyons pour qui me prends-tu!
-C'est réglé, console toi en te disant que mon maillot est aussi jaune que le ciré que tu voulais me faire porter."
Et il descendit dans la soute en bougonnant, accompagné par le rire de Charlotte, bientôt suivi par celui plus rauque du capitaine. Elle s'installa aussi confortablement que le pont d'un bateau de pêche le permettait et passa un agréable moment à se faire rôtir au soleil. Ils ne revirent plus Jones de la matinée. Même pour déjeuner, il resta au fond de la cale sombre à broyer ses idées noires.
En début d'après-midi, comme promis, le capitaine cria à Jones que l'on approchait du rivage d'une des îles d'Alola. C'est alors que Jones se décida à sortir de la cale. Il avait troqué son ridicule déguisement jaune contre sa mythique tenue d'aventurier. Le fouet d'un côté et les pokéball de l'autre, il avait le regard sûr et déterminé d'un soldat montant au front ou d’un gladiateur entrant dans l'arène.
Charlotte voulut lui lancer une petite pique taquine, mais devant l'aura qu'il dégageait elle préféra se taire. Elle était impressionnée, comme à l'aéroport. Il pouvait être terriblement banal voire carrément agaçant avec ses petites manières, mais d'un coup il pouvait tout mettre de côté pour se concentrer sur sa tâche et là il devenait un autre homme. Pour cacher son trouble, elle se précipita dans la soute et regroupa ses affaires.
Lorsqu'elle réapparu, sortant des entrailles du bateau, celui-ci était arrêté au large d'une plage de sable fin.
"-Je ne peux pas m'approcher plus près sans prendre de gros risques. Vous allez devoir finir par vos propres moyens.
-Merci pour la traversée, on devrait pouvoir se débrouiller seuls maintenant. N'est-ce pas Charlotte?"
Et il se tourna vers sa compagne. Elle avait rangé toutes ses affaires dans un sac de randonnée qu'elle lança à notre explorateur, mais elle était toujours en maillot de bain. Elle remercia le capitaine d'un baiser sur la joue en lui disant :
"-Merci pour la balade. Jones! On se retrouve sur la plage!"
Et d'un mouvement élégant, elle s'élança, plongea dans l'océan et d'un crawl bien maîtrisé se dirigea vers le rivage. Jones était abasourdi. Quel tempérament ! Elle allait lui mener la vie dure. Le capitaine en souriant sembla lire ses pensées.
"-Sacré bout de fille! Vous n'allez pas vous ennuyer avec elle.
-Sûrement, si j'arrive à comprendre ce qui lui passe par la tête.
-On fait plus d'effort pour certaines personnes que pour d'autres.
-Peut-être bien..."
Il regarda Charlotte s'éloigner du navire. Elle nageait bien et y mettait du rythme. Elle fut bientôt rejointe par un petit Pokemon poisson, un Froussardine très certainement d'après ses observations à l'océarium, qui se mit à nager à ses côtés. Le spectacle était touchant et il fut bientôt rejoint par un autre de ses camarades, puis deux, trois, quatre et ce fut tout un banc qui nagea de concert avec la jeune femme.
Prenant de l'assurance, les Froussardine nagèrent de plus en plus près de Charlotte puis l'un d'eux se glissa dans ses jambes, un second lui picora le flanc, un troisième lui titilla les fesses et elle fut assaillie de dizaines de petites piqûres. Elle s'arrêta, et d'un geste, les éparpilla avant de reprendre sa nage. Mais alors, un flash aveuglant de lumière bleue éclata. Lorsque Jones fut en mesure de distinguer à nouveau la scène, le banc de Froussardine avait disparu, remplacé par un sillon à la surface qui suivait la nageuse à quelques mètres seulement.
Le professeur essaya de distinguer la source de ce phénomène. Un aileron apparut à la surface de l'eau. Un Sharpedo un géant? Puis il fut suivit par un dos sombre et une gueule grande ouverte. La forme banc des Froussardine! Dans un instant de panique il hurla après Charlotte pour la prévenir du danger, puis il saisit une pokéball et appela son Megapados.
"-D'jack surf et fonce vers Charlotte"
Ce disant, Jones bondit sur le dos de l'énorme tortue qui fusa en direction de la belle en détresse. Charlotte, en réponse au cri de Jones, se retourna et identifia aussitôt la menace. Elle reprit sa nage vers la plage en y mettant toutes ses forces. Seulement le Froussardine géant était plus rapide qu'elle et d'ici peu l'aurait rattrapée et, à ce moment-là, Jones ne préférait pas penser à ce qu'il se passerait. Il saisit la pokéball de Jurazyk, son type roche ne l'avantagera pas face au type eau, mais lui seul sera assez rapide pour attaquer le Froussardine avant qu'il ne rattrape Charlotte. Il lança sa pokéball en l'air le plus haut possible et le Ptéranodon en jaillit aussi sec. D'une voix qui se voulait forte et assurée il lanca son ordre :
-"Jurazyk attaque Aéropiqué sur le truc derrière Charlotte!"
Poursuivant l'élan donner par la trajectoire de la pokéball, le Pokemon prit de l'altitude, puis il bascula et plongea en direction de la menace sombre. Il prit rapidement de la vitesse et percuta de plein fouet l'énorme animal marin. Celui-ci sembla à peine sentir l'attaque mais cela suffit à détourner son attention de Charlotte. Alors que Jurazyk reprenait un peu d'altitude le Froussardine projeta vers les cieux un puissant jet d'eau. D'un cri Jones avertit l’oiseau de la menace et il put éviter cette attaque, ainsi que la suivante, mais pas la troisième. Il réussit tout même tant bien que mal à se mettre hors de portée des jets d'eau du monstre.
Mais Charlotte était encore loin d'être, elle, hors de portée. Jones ordonna donc une attaque tête de fer qui toucha. Mais le Froussardine répliqua par un double coup de queue qui effleura juste notre ami volant. S'ensuivit alors une mêlée inextricable où se mélangeaient griffes, ailes, nageoires et dents. Jurazyk lançait des attaques mâchouille dans tous les sens et le poisson répliquait par des coups de queue et de crocs frénétiques.
Charlotte finit par atteindre la plage. Elle se traîna à quatre pattes sur deux mètres puis s'effondra, inconsciente. Maintenant qu'elle était en sécurité Jones pouvait se concentrer sur le combat et il était grand temps car Jurazyk était en mauvaise posture. Jones le rappela, mais alors qu'il s'éloignait affaiblit un dernier jet d'eau le faucha en vol. Il serait tombé à l'eau, si sont dresseur ne s'était pas précipité pour le rattraper.
En faisant ça, Jones attira l'attention du Froussardine, bien résolu à donner encore deux trois coups. Il se précipita toutes nageoires dehors, bien décidé à surprendre Jones occupé avec son Ptéra. Mais D'jack veillait et ne laissa pas le monstre s'approcher de lui. Il fonça vers la plage à la suite de Charlotte et n'eut guère de mal à l'atteindre. Le Froussardine explosa en une lumière bleue aveuglante lorsqu'il atteignit la rive, ne laissant derrière lui qu'un banc de Froussardine solitaires. Avaient-ils eu la frousse pour rien à cause de petites sardines?
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En tout cas, sur le rivage la situation n'était pas brillante. Jones déposa délicatement le Ptéranodon à côté de D'jack et se précipita vers Charlotte, allongée sur le sable. De loin, elle semblait respirer, mais en s'approchant il remarqua que sur elle se trouvaient d'étranges tâches brunes. De près, les tâches étaient noires avec de petits picots roses. On aurait dit de grosses limaces ou de grosses sangsues à pois roses.
C'étaient des Concombaffe, une dizaine s'était approprié le corps inanimé de Charlotte. Il ne se rappelait pas qu'ils soient dangereux pour l'homme, mais dans le doute Jones préféra les retirer sur le champ du corps de son amie. Il saisit le premier, le plus proche de sa tête, à pleine main et reçus en échange un énorme direct dans le visage qui l'envoya le cul sur le sable.
Surprit et groggy, Jones réfléchit un moment, puis, se frottant le côté gauche du visage, il retenta de s'approcher doucement de la limace des mers. Il n'y eut pas réaction jusqu'à ce que le paléontologue n'effleure une des protubérances rosées. C'est alors que le Concombaffe se déforma pour projeter vers lui une excroissance de son corps. Jones, sur ses gardes, réussit à l'esquiver. Fort de sa découverte, il entreprit de retirer un à un les Concombaffe en les prenant délicatement par la partie foncée de leur corps.
Il commença par celui le plus prêt de la tête de l'assistante du docteur Robert, celui-là même qui venait de l'assommer à moitié. Il le prit entre ses deux doigts, tira jusqu'à ce que le Pokemon gluant lâche prise dans un atroce bruit de succion, puis le balança dans l'océan tout proche. Il répéta l'opération avec ceux sur son dos, ses bras et ses jambes et chaque limace retirée laissaient sur le corps de Charlotte un épais filet de bave. Devant l'ampleur des dégâts Pokemon Jones appela son Megapados. "D'jack, fait une attaque pistolet à O sur Charlotte, mais toute légère juste pour la rincer." Le Pokmon s'y employa, et la première goutte d'eau sur son visage lui fit reprendre connaissance. Elle se débâtit, râla bien un peu, mais D'jack finit de la nettoyer entièrement.
Pendant ce temps, Jones se rendit auprès de son Ptéra. Il était mal en point. Si le Froussardine ne l'avait pas mis K.O. il ne manquait pas grand-chose. Il le rangea dans sa pokéball et s'en retourna vers sa camarade. Elle reprenait ses esprits doucement et Jones lui raconta ce qui venait de se passer durant son inconscience. Charlotte se sécha puis se changea, sans que Jones n'insiste sur le fait que le maillot de bain n'était pas une tenue propice aux randonnées dans les bois. Car en face d'eux, par-delà la plage de sable fin, se trouvait une forêt à la végétation luxuriante.
"Maintenant, il faut trouver une ville pour orienter nos recherches.
-Parce que nous ne savons pas où aller maintenant?
-Nous sommes sur Alola, et sans que personne ne soit au courant, c'était le plus important. Maintenant, il faut trouver un site de fouille. Et le mieux, c'est de parcourir les archives locales pour y trouver des indices et ça ne se fait pas sur une plage.
-C'est bien dommage j'aurais pu parfaire mon bronzage pendant que tu aurais cherché... Et tu veux chercher où?
-Une bibliothèque, des archives, un journal local ou je ne sais quoi qui regroupe des informations du coin.
-Et on aurait pas pu faire ça de l'université par internet?"
Jones s'éclaircit la voix un peu gêné "J'ai besoin d'avoir du concret entre les doigts, de feuilleter les documents, de caresser les cartes..."
Elle le coupa net
"En fait, tu es un vieux con réac’ !
-Et si on se mettait plutôt en route?"
Charlotte haussa les épaules, secoua la tête et sortit son téléphone portable.
"Allo Zérocool ! J'ai besoin d'un service, on est en pleine nature et on a besoin de renseignements. Est-ce que tu peux te connecter discrètement, soit aux archives d'Alola, soit à un journal ? On cherche... un instant". Elle baissa son téléphone et se tourna vers le professeur pour lui demander : "On cherche quoi en fait?
-Des articles qui parleraient de découvertes paléontologiques faites sur les îles ou en rapport avec des hommes habillés en blanc. Essaies les entrées suivantes : découvertes fossiles, découvertes paléontologiques, dinosaures, secte blanche, Amonistar et tout ce qui s'en rapproche."
Charlotte transmit les instructions et remercia l'interlocuteur au bout du fil. Celui-ci répondit :
"Ça va prendre du temps, je te recontacte dans quelques heures.
-A tout à l'heure." Et elle raccrocha.
L'après-midi était maintenant bien entamé, mais il restait plusieurs heures avant que ne se couche le soleil. Charlotte, se sentant ragaillardie, saisit son sac à dos et l'enfila sur ses épaules.
"On ne va pas rester tout la journée ? Zérocool ne rappellera que dans un long moment, on a donc du temps. De plus, je n'ai pas trop envie de me faire baver dessus tout l'après-midi. On peut avancer dans la forêt?
-C'est possible en effet, et si on trouve des baies Oran j'en donnerai à Jurazyk, il ne va pas bien."
Jones rassembla ses affaires, rangea son Megapagoss et l'échangea contre son Kranidos. Puis, ouvrant la marche, il avança entre les arbres. Il faisait plus frais à l'ombre des grands arbres, mais l'abondance de végétation les empêchait d'avancer correctement. Ils furent vite en nage à cause des efforts fournis pour se frayer un passage. Notre paléontologue préféré détacha une nouvelle pokéball de sa ceinture et sortit un Kabutops qui, grâce à ses longues griffes redoutables et à sa technique coupe, ouvrit un passage facile pour la petite troupe.
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Ils progressèrent comme cela jusqu'à arriver à une petite clairière éclatante de couleurs sous les rayons du soleil. En effet, sur la végétation verte se découpaient des centaines de fleurs de paradis orange vive et bleu roi, rendant l'endroit unique. Le spectacle subjugua les deux scientifiques qui savourèrent de longues minutes la beauté de cet espace enchanteur. Jones dans un élan de romantisme proposa à Charlotte :
"On peut monter le camp ici, ça nous permettrait de profiter de la magie de l'endroit en attendant que Zérocool ne se manifeste?
- Ça serait sympa en effet."
Et elle s'avança vers le milieu de la place, lorsque tout d’un coup, dans un bruissement d'ailes envoutant, toute la clairière s'envola. Tel un nuage onirique, coloré d'orange flamboyant aux reflets bleus merveilleux, des centaines, voire des milliers de Charmenfer* quittèrent les végétaux sur lesquels ils se reposaient un instant auparavant, pour envahir le ciel azur. La clairière qui était ravissante jusque-là devint un spectacle inoubliable. Tous ces Pokemon qui volaient dans un chaos de mouvements désordonnés, puis d'un même essor, comme emportés sur les ailes du vent, quittèrent l'endroit pour aller se perdre au loin dans la forêt. Seul restait au sol de rares fleurs de paradis, encore surveillées par une poignée de Charmenfer.
"On reste ici quand même?" Demanda Charlotte.
"Comme tu veux, ici ou ailleurs, ça ne change pas grand-chose.
-Ici alors! Je vais essayer d'attraper un de ces Pokemon" Et elle jeta son sac au sol laissant le soin à Jones et son Kabutops de dégager un espace au sol pour y monter le camp. Elle ne revint qu'une fois celui-ci installé, avec un sourire radieux sur le visage.
"La chasse a été bonne?
- Pas mal en effet.
- On n’est pas là pour chercher des fossiles plutôt ?
- Tu es là pour ramasser des cailloux. Moi, je préfère ce qui vit. Du coup, le docteur Robert m'a chargé de récupérer d'autres types d'échantillons. Et j'avoue avoir fait du zèle. J'en ai pris aussi pour moi, j'ai été subjuguée par le spectacle."
Pokemon Jones voulut protester, mais la joie de Charlotte l'en dissuada. Après tout, avec l'épreuve qu'elle venait de subir, elle pouvait bien se détendre un peu. Et une pokéball de plus ou de moins ne changerait pas grand-chose à leur expédition. Il la laissa savourer sa victoire et s'en fut chercher du bois mort pour le feu. Avec toutes les bestioles qui traînaient sur la plage, il ne serait pas étonnant d'en voir aussi surgir des fourrés.
Son tour ne dura pas longtemps, il revint les bras chargés de branches et, comble de chance, il avait aussi déniché une poignée de baie Oran qui feraient sans nul doute du bien à Pachy. Il prépara la flambée pour le soir et s'occupa ensuite de soigner son Ptéra. Les baies Oran ne valaient pas une cure au centre Pokemon, mais en attendant elles lui permirent de se remettre un peu.
La nuit était tombée, le feu allumé et le repas dévoré lorsque Zérocool les rappela :
"J'ai trouvé des articles, mais pas nombreux. Ça a été super facile de pénétrer les réseaux, beaucoup moins de s'y retrouver dans tout ce foutoir. Je commence par quoi?
- Attend, je mets le haut-parleur, comme ça Jones nous entendra.
- Ok, et je commence par quoi?
- Avez-vous trouvé des articles parlant de découverte récente de fossiles ou de site?
- Rien de récent. J'en ai qui parlent d'une dent de Sharpedo géante ramenée par des pêcheurs du coin. Mais ils ne parlent pas de lieu précis.
- Ha oui, ce doit être la dent exposée au musée de Charbourg. Je ne savais pas qu'elle venait d'Alola. Quoi d'autre?
- Malheureusement pas grand-chose, des articles sur les montagnes et les sols du coin mais rien de concret. Je les ai tout de même envoyés sur ton compte mail Charlotte.
- Et pour ce qui est de la secte?
- Là, c'est un peu plus palpable. On parle tous les ans d'une procession d'hommes en blanc qui traverse toute l'île la plus à l'est, du nord au sud pour aller disparaître sur une plage. Les articles sont vagues car les gens les craignent. Personne ne sait qui ils sont vraiment, et du coup tout le monde les évite. Il y a aussi la fondation Aether qui a une antenne dans la région. Mais je ne sais pas s’il y a un rapport. Ils sont habillés en blanc mais s'occupent de Pokemon blessés.
- Et il y a une montagne sur l'île est?
- Je regarde ... oui, et la plus grande de l'île.
- Ok merci, les indices sont vagues, mais ils nous donnent une direction pour commencer.
- Pas de soucis." Et il raccrocha."
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Leur destination pour le lendemain était fixée, il fallait rejoindre cette île et sa montagne.
La nuit était silencieuse et les étoiles illuminaient le ciel comme rarement, rappelant au paléontologue la caverne du temple de la forêt. Ils étaient seuls, tous les deux, et l'immensité des lieux et de la tâche à accomplir commençait à leur peser sur le cœur. Charlotte était plus habituée à dormir sur un canapé chez des amis qu'à la belle étoile à la lueur du feu. De plus elle ne comprenait pas tout ce qui se passait en ce moment, ni comment elle avait fini par se retrouver dans cette situation. Les questions se bousculaient dans son crâne.
"Jones? C'est quoi cette secte dont tu parles tout le temps? Elle semble te faire peur?"
Un long moment s'écoula sans qu'il ne réponde. Elle finit même par croire qu'il ne l'avait pas entendue, ou qu'il faisait tout comme. Mais finalement, il prit la parole.
"C'est un peu compliqué. Elle ne me faisait pas peur jusqu'à la scène de l'aéroport. Je pensais que ce n'étaient que des sauvages, certes dangereux dans leur forêt, mais au rayon d'action limité. J'avais plus peur des hommes de Henry MacKwack, un riche milliardaire que j'ai roulé en même temps. Mais il semblerait que je me sois fourvoyé.
- Et la secte alors?
- J'y viens. Il y a quelques années maintenant, un jeune garçon a fait le tour de Kantos brandissant à tour de bras un fossile d'Amonita, le fossile hélix. Il annonçait la venue du dieu de lumière. Certains le prirent pour un fou, d'autres pour un demeuré, simple d'esprit et les derniers pour un prophète. Petit à petit, de nombreuses personnes suivirent son épopée jusqu'à la ligue Pokemon. Et, avec son équipe, surnommée les 13 apôtres, il en triompha. Tout autour du monde des gens s'inspirèrent de son parcours et se lancèrent eux aussi dans l'aventure, réunissant de plus en plus d'adeptes jusqu'à en compter des millions. Mais le phénomène retomba aussi vite qu'il avait commencé, et le prophète se retrouva seul. Il finit par être interné et son fossile Hélix atterrit sur mon bureau."
Jones fit un pause puis il reprit :
"C'est alors que j'entre en scène, je rencontre le prophète et mène mon enquête. Rapidement, je me rends compte qu'il n'est que la partie émergée d'une secte multi centenaire. Mais je ne suis ni historien, ni archéologue, du coup mes recherches sont longues et fastidieuses. Petit à petit j'avance, et la semaine dernière j'ai ramené mon second fossile Hélix, en me mettant à dos une secte fanatique, bien plus puissante que je ne le pensais."
Un long silence s'installa durant lequel seuls s'entendaient les bruits de la nuit. Un Pokemon insecte vint leur bourdonner aux oreilles et Pokemon Jones reprit la parole.
"En plus de la secte Hélix, il y a le riche milliardaire Henry MacKwack qui me veut des noises. C'est lui qui finança ma dernière expédition, se faisant passer pour un riche misanthrope. Sauf qu'il souhaitait garder les découvertes pour lui et sa collection personnelle. C'est pourquoi il avait chargé son assistante, Claire Northwind, de me mettre sur la touche au dernier moment. Mais je me suis rendu compte de la supercherie et je me suis enfui, emportant le fossile pour le remettre au musée de Roche-sur-Gliffe. Depuis, j'attends sa vengeance..."
Charlotte ne trouva rien à dire. Elle se retrouvait embarquée dans cette galère sans avoir rien demandé, mais, s'attachant de plus en plus à notre paléontologue, elle se demanda si elle devait en être fâchée ou non. Elle rumina un long moment ses sentiments, pendant que Jones s'occupait des siens et ils finirent par se décider à se coucher.
Malheureusement, le destin en avait décidé autrement. Une étincelle illumina d'un coup l'obscurité de la nuit, quelque part dans les bois aux alentours, les mettant aussitôt sur le qui-vive. Juste une étincelle et rien d'autre. Pas un bruit, pas un mouvement, rien que la nuit et les étoiles. Ils s'apprêtaient à se recoucher lorsqu'une nouvelle étincelle éclaira la forêt à l'opposé de la première. Ils ne savaient pas à quoi ils avaient à faire, mais ils étaient cernés. Une troisième, aussitôt suivie d'une quatrième s'enchainèrent et bientôt se fut un véritable feu d'artifice. Dans tous les sens des éclats de lumière explosaient mais sans une seule détonation, écartant par la même l'hypothèse de coups de feu.
N'étant pas menacé plus que ça, Jones se saisit de sa ceinture de pokéball et partit à la recherche de la source, ou plutôt des sources lumineuses, suivi comme son ombre par la belle Charlotte. Mais ils eurent beau chercher, farfouiller et explorer les broussailles, ils ne trouvèrent que ténèbres et griffures. Cela inquiéta un peu Jones, car tout autour d'eux, les flashs lumineux ne stoppaient pas. Ils finirent par abandonner et se retournèrent vers la clairière, lorsque juste devant eux, sur le tronc d'un gros arbre, ils virent la source de leur inquiétude en action.
Un petit Pokemon y était accroché, une petite larve d'insecte avec deux grosses pinces en guise de bouche. Ils l'observèrent longuement avec un intérêt scientifique poussé. Lorsque le Larvibule rapprochait ses deux mandibules, un arc électrique se formait et illuminait la nuit. Décidément, cette clairière était pleine de merveilles, car, une fois les sources lumineuses identifiées, il purent profiter de la beauté du spectacle.
"Ce doit être une espèce de parade nuptiale, la lumière servant à attirer leur congénères.
- Ou alors une méthode de chasse pour attirer les proies?
- Plausible, c'est peut être aussi juste un jeu.
- En tout cas, ça me fera d'autres échantillons, ça tombe bien j'adore les Pokemon insectes, certains ont des évolutions merveilleuses.
- Comme les Prismillon ?
- Exactement !" Répondit Charlotte avec un sourire.
Et elle s'appliqua à capturer deux trois spécimens de Larvibule et tous deux retournèrent se coucher. Pas facile de dormir dans ces conditions, et Jones passa un long moment à leur râler après. Mais Charlotte de son côté savoura le spectacle et ne tarda guère à s'endormir.
Le lendemain nos deux explorateurs reprirent leur route au travers de la forêt. Jones avait décidé de traverser l'île, de passer sur la suivante via le bras de mer le plus court, puis de filer vers la montagne où il chercherait l'entrée sur la plage de la procession. La journée, malgré le travail de Kabutops, fut longue et harassante. En fin d'après-midi, épuisée, Charlotte demanda à dresser le camp sans attendre. Jones ne trouva rien à redire. Ils répartirent les tâches et Jones parti chercher le bois pendant que Charlotte installait les couchages.
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A son retour le paléontologue retrouva sa compagne en train de courir dans tous les sens. Elle poursuivait un drôle de Pokemon noir et blanc en forme de singe qui tenait sous son bras le sac de Charlotte. Elle s'arrêta pour reprendre son souffle, les mains sur les genoux, et apercevant le retour de Pokemon Jones elle dit :
"Heureuse de te revoir, je me suis fait voler mon sac par ce satané Quartermac et pas moyen de le rattraper. Il me balade dans tous les sens depuis tout à l'heure."
Le Quartermac s'était réfugié à l'opposé de la clairière et dix de ses compagnons l'avaient rejoint, formant devant lui une barrière infranchissable. Les sept plus gros formaient une ligne défensive, deux autres se trouvaient sur les ailes un peu en retrait et un dernier juste devant le chef en position de linebacker. Derrière, bien au chaud, le chef chambrait carrément Jones et Charlotte. Il brandissait fièrement le sac, puis se retournait et se tapait le derrière.
Jones essaya de s'approcher du leader des Quartermac mais à peine fut-il à portée de la ligne défensive qu'il se fit sèchement plaquer au sol par le plus gros des défenseurs. Le choc fut rude, mais le professeur se releva et tenta à nouveau de passer. Cette fois le plus grand des Quartermac l'agrippa, le leva au-dessus de sa tête et le projeta au loin. La chute fut encore plus rude et força Jones à revoir sa technique d'approche. Apparemment, les Quartermac voulaient jouer, alors ils allaient jouer.
Jones lança ses pokéball et disposa ses Pokemon en ligne face à celle des singes. Il plaça son énorme Rexillius au milieu, qui forma avec son Dragmara les fondations de sa ligne. A la droite de la paire se plaça son Megapagos et à sa gauche son Kabutops. Il garda Pachy à côté de lui pour lui faire contourner l'affrontement des deux lignes et attaquer le leader par le côté. Jurazyk, encore affaibli du combat de la veille, resterait dans sa pokéball en réserve.
Dans les arbres tout autour de leur terrain de jeux, des Pokemon oiseaux garnirent les branches.
Ils étaient jaunes et verts avec de petites pattes roses et le bout de leurs ailes formait comme des pompons de pom-pom girls. Ils se mirent à danser et à siffler pour encourager les Quartermac. D'abord une dizaine, ils furent bientôt rejoints par des centaines et le vacarme que faisaient tous ces Plumelin fut bientôt assourdissant pour Jones et son équipe.
"Hut, hut, hut!" Hurla Jones pour couvrir le vacarme. Et les deux lignes se ruèrent l'une contre l'autre. Le choc fut terrible, si le Rexillius et le Dragmara dépassait d'une bonne tête les Quartermac, les deux autres étaient beaucoup plus petits. Et à quatre contre sept, la ligne de Jones se fit balayer! Les quatre dinosaures se retrouvèrent sur le dos à contempler le ciel d'Alola. Pendant ce temps, Pachy démarra comme une balle et déborda la ligne par la gauche. Mais il fut cueilli en pleine course par un des ailiers et sauvagement plaqué au sol. Un des Quartermac de ligne sauta par-dessus les dinosaures et fila sacker Pokemon Jones. Dans un seul élan, tous les Plumelin prirent leur envol et tournoyèrent autour du terrain, emplissant le ciel d'encouragement et de couleurs chatoyantes. "Et un bleu de plus" se dit Jones.
Pas facile de se frotter à une équipe de Quartermac surentraîner, mais le paléontologue ne se laissa pas abattre. Il regroupa ses Pokemon autour de lui et mis au point une nouvelle stratégie. Le principe était simple, retenter de déborder la ligne par l'autre côté. Mais pour cela il fallait que celle-ci tienne un petit peu plus longtemps. Il harangua ses troupes, jouant en particulier sur Titi, son Rexillius, et son orgueil surdimensionné.
Ils se remirent tous en position, plus motivés que jamais. Jones lança son triple hut et les Pokemon des deux équipes se lancèrent au combat. La ligne de Jones plia une première fois, mais tint bon, un instant seulement, puis elle vola en éclats. Le petit Pachy se rua vers la droite, mais il fut accueilli de la même façon que lors de son voyage sur la gauche. En voyant sa ligne brisé Pokemon Jones ferma les yeux et serra les poings en attendant le choc violent, qui arriva instantanément et l'envoya au tapis. A nouveau le ciel s'emplit de couleurs, le vert clair des Plumelin tranchant avec le vert sombre de la forêt.
Il commençait à en avoir sérieusement marre de ces macaques, les stratégies d'évitement ne fonctionnant pas, on allait foncer dans le tas. Un petit pow wow pour mettre le plan en place, et les protagonistes se mirent en position.
"Hut! Hut! Hut!" Et Jones se rua vers l'avant pour prêter main forte à sa ligne. L'idée était d'exploser tous ensemble en laissant une petite brèche plein centre pour que Pachy puisse se faufiler. Et c'était pas mal calculé de la part du professeur. Bien sûr sa ligne rompit une troisième fois, mais en chutant ils entraînèrent les Quartermac avec eux, laissant un minuscule passage pour le petit Kranidos. Pachy se faufila, franchit la ligne et se rua vers le leader. Mais il fut stoppé par le linebacker et accompagné par une nouvelle marée citron et pomme dans le ciel azur.
Jones à plat ventre se retourna vers Charlotte : "C'est gentil de nous encourager, mais tu n'as pas un Pokemon costaud qui pourrait me filer un coup de main?
- Un Gravalanch?" Demanda-t-elle en lui lançant une pokéball.
- Très bien ça fera du poids dans ma ligne!"
Un nouveau regroupement permit de mettre en place le nouveau plan. C'était le plan de la dernière chance. Si Titi et Mama tenaient encore le choc, les autres étaient épuisés à force de se battre contre des moulins. Le plan était un peu plus élaboré que les précédents. La ligne devait tenir sa position puis Pachy devait passer au ras du Kabutops et, à deux, filer vers le leader pour le plaquer de toutes leurs forces, le Kabutops protégeant le Kranidos des ailiers en retrait.
Lentement, chacun prit sa position.
L'honneur de Jones était en jeu, ainsi que le sac de Charlotte. La tension était à son comble, même les Plumelin s'étaient tus, attendant le déroulé de la dernière phase de jeu. Jones lança les trois hut et ce fut le choc. L'apport du Gravalanch fût bénéfique, mais la ligne reculait tout de même, doucement mais sûrement. Mais d'un coup, suite à l'échange de dresseur, le Pokemon roche se nimba d'une aura lumineuse. Le Gravalanch évoluait en un Grolem encore plus costaud. Cette évolution permis de stabiliser la ligne et Pachy s'élança à toute vitesse, passa le long du Kabutops qui rompit pour l'épauler. Mais déjà l'ailier des Quartermac se ruait à leur rencontre. Kabutops se jeta dans ses jambes le faisant trébucher, ce qui permit au Kranidos d'effectuer une esquive. Il était passé! Seulement, Jones n'y croyait plus, il restait le linebacker et à moins d'un exploit Pachy allait encore manger la poussière.
C'est alors qu'il aperçut un trou dans la ligne. Un tout petit et totalement excentré, c'était sa dernière chance. Il attrapa la pokéball de Jurazyk, arma son bras et se remémora, bien des années auparavant, ce qu'il avait appris lorsqu'il était dresseur. Il lança la pokéball y mettant un maximum d'effet. Celle-ci effectua une courbe magnifique, passa dans le trou de souris et repiqua en direction du leader. Le Line backer s'était précipité à la rencontre de Pachy, laissant l'arrière sans couverture. Si le Kranidos se fit renverser, la pokéball fila. Et lorsque le Ptéra en jaillit, il eut à peine le temps de lancer une attaque tête de fer vers le voleur du sac de Charlotte.
Les deux Pokemon se heurtèrent violemment, le sac s'envola mais Jurazyk réussit à s'en saisir avant de retomber lourdement sur le sol, complètement KO.
Dur combat, mais il était fini et l'équipe du paléontologue venait de gagner. Les Quartermac se regardèrent incrédules, puis quittèrent la clairière, laissant leur chef seul et honteux. Les Plumelin ne chantaient plus et dansaient encore moins. Par petit groupe ils s'envolaient, comme autant de ballons lâchés pour fêter la victoire de Jones. Claire vint serrer Jones dans ses bras, toute impressionnée par l'exploit réalisé, au prix de nombreuses contusions.
Pachy s'approcha de Jurasyk pour le féliciter mais celui-ci était inconscient. Jones ne tarda pas à venir prendre de ses nouvelles, malheureusement seul un séjour au centre Pokemon pourrait le remettre d'aplomb. Il réintégra sa pokéball, fier du devoir accompli et fut suivi par tous les autres, autant satisfaits que Jurazyk.
Ils allaient pouvoir s'installer enfin pour la nuit et Jones panser ses bleus. Celui-ci se laissa tomber dans un coin pendant que sa compagne s'activait à tout préparer pour passer une soirée tranquille et reposante.
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* Charmenfer : Pokémon insecte ténèbres. Charmenfer se fait passer pour une fleur de paradis pour tromper ses proies. Merci à roonie vainqueur du concours de fanart n15 de pokebip