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Pokemon Jones et les aventuriers d'Alola de sirerobert



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» Auteur : sirerobert - Voir le profil
» Créé le 29/10/2016 à 17:16
» Dernière mise à jour le 29/10/2016 à 20:47

» Mots-clés :   Action   Aventure   Kalos   Présence d'armes   Romance

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Chapitre 02
Pokemon Jones arpentait les couloirs lugubres de l'université de Roche-sur-Gliffe. Il avait troqué sa tenue d'aventurier contre un costume de tweed marron et des petits souliers vernis. L'air maussade, il se dirigeait vers l'amphi A où il devait donner un cours à des élèves de seconde année. Il s'arrêta à une fenêtre et regarda l'océan au loin. Après la jungle et les aventures, le retour au train-train quotidien le mortifiait. Il aimait son travail pourtant. Partager ses connaissances avec ses jeunes étudiants était très enrichissant. Son cadre de vie était très agréable, si l'université était loin d'être aussi réputé que les grandes écoles d'Illumis, son département paléontologue était bien côté et lui permettait d'effectuer ses recherches dans de bonnes conditions. Et la présence de l'océan tout proche n'était pas pour lui déplaire.

Et pourtant, depuis son retour, il traînait sa déprime comme un mauvais rhume qui refuse de guérir. Il s'arrêta devant une fenêtre et plongea son regard dans le lointain. La mer était si bleue et l'amphi serait si gris, le soleil brillait et transformait les ondulations de la mer en autant de diamants scintillants, alors pourquoi s'enfermer sous les néons? Un Wailmer sauta hors de l'eau comme pour l'inviter à le rejoindre, bientôt suivi par tout un banc, s'égayant à la surface de l'eau. Ce spectacle lui arracha un sourire et il reprit le chemin de son cours. Après tout, d'ici moins de six mois, une expédition de fouille était prévue dans les montagnes au sud de Bourg-Croquis, moins épique en perspective mais sûrement riche en enseignement, on y avait trouvé un fémur de Rexillius et le reste du squelette ne devait pas être loin.

Il arriva dans son amphi, toujours le plus petit, mais toujours aussi bondé. Il jeta son cartable de cuir usé sur le bureau et en écrivant son nom au tableau commença son speech.

"-Je n'ai pas besoin de me présenter, tout le monde me connaît déjà, je suis le professeur Jones. Je vais prendre la suite du professeur Martin et de son cours de paléontologie sur le paléozoïque."

Il était une sorte de star de l'université. Les garçons le prenaient pour un héros de film et les filles lui lançaient des œillades langoureuses. Si d'habitude il s'amusait de la situation, ce matin ça le gavait royalement. Toutes ces gamines qui jouaient aux femmes, en quand enfin il rencontrait une femme, une vraie, pourquoi fallait-il qu'elle soit l'éminence grise d'un milliardaire machiavélique ?

Enfin bon, à force de courir après les reliques il finira bien trouver celle qui lui convient. Il avait toujours eu du mal avec ses histoires de cœur, mais la semaine dernière il avait fait fort. En plus du revers sentimental, il s'était mis à dos cette femme prête à tout et surtout son employeur, un riche milliardaire qui ne reculait devant rien.

Ajoutez à ça une secte de fanatique plus ou moins représentée mondialement et le tableau était complet. Il ne savait même pas comment il avait survécu à sa semaine de vacances. Il se força à se concentrer sur son exposé, et une fois lancé il oublia peu à peu son mal-être grâce à l'évolution des coquilles d'Amonita aux travers du mésozoïque et leur application pour les datations des strates sédimentaires.

Les cours s'enchaînèrent, les heures s'égrenèrent et la journée se passa, alternant les moments de déprime et ceux un peu plus joyeux. Une fois son dernier cours fini, il se dirigea vers son bureau, histoire de travailler un peu à ses prochaines fouilles. Mais, devant la file d'étudiants qui l'attendait, il hésita ! Il s'apprêtait à rebrousser chemin quand on l'aperçu et, du coup, plus question de fuir. Il se faufila jusqu'à la porte et s'adressa à la première étudiante :

"-J'installe mes affaires et je suis à vous."


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Il pénétra dans son bureau et se barricada d'un tour de clef. Un coup d'œil par la fenêtre lui permit d'apercevoir l'océan et son ras le bol atteint alors son apogée. Il ouvrit la fenêtre, jeta son cartable par-dessus le bord et sauta l'étage à sa suite. Il atterrit lourdement sur la pelouse entre les massifs de fleurs. Il se releva, secoua ses jambes endoloris avant de les épousseter, histoire d'être présentable s’il croisait un confrère. Il se pencha pour ramasser son cartable mais se trouva nez à nez avec une paire de bottes de cuir noir. Il releva la tête, un homme le toisait de toute sa hauteur, long manteau noir, lunette de soleil et un visage calme et placide.

"-Professeur Jones je suppose? On m'envoie vous chercher, mon boss veut avoir une petite discussion avec vous.
-Bizarrement je m'attendais un peu à ce genre de chose. Et vous êtes?
-Personne, mon nom est Personne. Mais appelez-moi Zérocool. Si vous voulez bien avancer.
-Et peut-on savoir qui vous envoie? Est-ce un riche collectionneur ou un fanatique en bure blanche?
-Non, non, vous vous trompez, c'est juste un de vos collègues, le docteur Robert. Il désirait vous voir, mais ne voulait pas faire la queue avec tous vos étudiants si assidus. Du coup il m'envoie vous chercher, histoire de gagner un peu de temps. Et la meilleure façon restait de vous attendre à côté de votre issue de secours. Prenez par la droite nous allons au bâtiment de biologie animale.
-Cela reste tout de même un peu surprenant comme méthode. Vous êtes aussi professeur à l'université?
-Plus ou moins, je suis docteur en mathématiques appliquées, ingénieur réseaux et développeur. Je travaille pour l'université mais je ne suis pas enseignant chercheur comme vous.
-Vous êtes un petit génie free-lance.
-On peut dire ça, on peut dire hacker aussi."

L'université de Roche-sur-Gliffe se trouvait tout près de l'océarium, coincée entre la falaise du rivage et le centre-ville. Un grand bâtiment principal de pierres et de briques, haut de trois étages servait à l'administration et à donner les cours aux étudiants. Et, disséminé tout autour, se trouvaient des édifices plus petit dans le même style mais avec seulement un étage. Ceux-ci étaient destinés aux différentes unités de recherche, par exemple celui de paléontologie regroupait aussi l'unité de géologie. Et tout autour des pelouses, des parterres de plantes rares et des arbres exceptionnels, choisis et entretenus par le département de biologie végétale. Le séquoia qui ombrageait les fenêtres de Jones était centenaire et magnifique.

Ils traversèrent de concert les différentes pelouses jusqu'au département de biologie Pokemon, puis jusqu'au bureau du docteur Robert. Jones le connaissait de réputation, un brillant chercheur en systématique Pokemon, des recherches très théoriques à première vue. Celui-ci l'attendait assis derrière son bureau, le nez dans une liasse de document.

"-Assieds-toi." L'invita-t-il. Puis il se leva et sorti d'un placard deux verres et une bouteille.
-Je n'ai pas de whisky, est ce qu'une vodka fera l'affaire?

Sans attendre de réponse il servit deux verres pendant que Jones prenait ses aises sur une chaise et que l'étrange homme en noir s'adossait à la porte. En lui tendant un verre il enchaîna :

"-J'ai entendu parler de ta dernière expédition, très impressionnant. Tout ce que l'on raconte est vrai?
-Je n'ai pas entendu tout ce que l'on raconte mais il est fort probable que ce ne soit pas le cas. Mais une chose est sûre c'était une belle partie de rigolade.
-Ça m'en a tout l'air. Je t'aurais bien accompagné moi-même mais ce n'est plus de mon âge toutes ses conneries."

En effet les rides sur son front, sa paire de lunette aux verres épais et ses cheveux blancs indiquaient clairement qu'il était plus près de la retraite que de ses vingt ans.

"-Je pourrais te raconter deux trois histoires de jeunesse, mais tu n'es pas là pour m'écouter radoter. As-tu lu les travaux du professeur Raphaël Chen dans la revue Pokesciences de ce mois-ci ?
Jones secoua la tête en signe de dénégation.
-Du tout, j'étais un peu occupé ces dernière semaines. Je ne connais même pas ce professeur. Il appartient à quel service?
-Il n'est pas d'ici, c'est un cousin, je crois, du célèbre professeur Chen de Kantos. Toujours est-il qu'il travaille dans les îles d'Alola et qu'il aurait observées des formes atypiques de certains Pokemon très connus de Kantos. Dans son papier il parle de Ratatta et de Miaous comme exemple, mais ce ne seraient pas des cas isolés.
-Et qu'entend-t-il par forme atypique, si c'est juste un poil plus foncé ce n'est pas très intéressant?
-C'est évidement bien plus que ça. D'après son exposé, Il y a bien une modification de couleur mais aussi de type et de comportement pour s'adapter à leur environnement insulaire. Il conclut en disant qu'il continue ses recherches pour savoir si nous avons affaire à de nouvelles espèces de Pokemon ou si ce sont juste des formes différentes.
-C'est certes passionnant, mais je ne vois pas pourquoi je suis ici. Mon truc c'est les cailloux, pas les Pokemon et encore moins leur classification.
-J'y viens. Le département de systématique est très intéressé par ce genre de recherche. Si nous avons devant nous de nouvelles espèces, nous devons être sur le coup. Alors bien sûr je ne vais pas faire la course avec le professeur Chen, il est sur place et a une trop grande longueur d'avance. Par contre je peux me placer sur un axe de recherche un peu différent. Quand est-ce que ces mutations ont eu lieu. Et c'est là que vous entrez dans la course!

Jones le regarda droit dans les yeux. Il y lisait une excitation de gamin, mais aussi un appétit féroce de réussir qui ne lui rappelait que trop bien celui de Claire Northwind. Un sentiment de nostalgie l'envahit d'un coup comme une vague s'écrasant sur la plage. Mais qui se retira aussitôt comme le reflux, ne laissant derrière elle qu’algues en lambeaux et coquillages cassés.

"-Je ne suis pas sûr de vouloir entrer dans une course, la dernière m'a laissé de mauvais souvenir."

Ce n'était bien sûr pas vrai, il ne rêvait que de décoller à nouveau vers un horizon inconnu. Mais il se méfiait des motivations de son hôte qui lui rappelait un peu trop celles de Henry MacKwack. Il but une gorgée et d'un geste l'incita à poursuivre.

"-Nous parlons ici de course au sens métaphorique bien entendu. J'ai besoin de toi pour aller chercher des échantillons de Pokemon anciens sous forme de fossiles. Une fois ramenés ici, nous les daterons au carbone quatorze, puis nous les ferons revivre pour voir si ils ont une forme classique ou si ils ont une forme d'Alola."

Un long silence s'installa entre les deux hommes. Le docteur Robert semblait attendre une réponse de la part de Jones. Quand à Jones il voulait faire parler le docteur, pour connaître un peu plus ses motivations. Le docteur Robert reprit la parole.

"-Un voyage dans les îles aux frais de l'université, je me serais attendu à plus d'enthousiasme!
-Justement, je rentre juste d'expédition, j'ai des cours en retard, du coup je ne suis pas sûr que l'administration me laisse repartir comme ça. Surtout que je prépare déjà un autre projet pour la fin de l'année.
-Ne t'inquiète pas pour les paperasses administratives, je m'en charge. Et pour ce qui est de tes cours, je dois avoir un ou deux étudiants prêts à les assurer à ta place.
-Apparemment tout est réglé... Seulement il vous faut mon accord et je ne suis pas sûr que cela soit très moral d'empiéter sur les recherches du professeur Chen.
-Moral ? Nous parlons de recherches scientifiques, nous travaillons tous pour la Science avec un S majuscule. Les sujets ne sont pas des propriétés, surtout que nous cherchons à travailler en parallèle de ce que fait Chen. Mais laisse-moi te présenter Charlotte, elle va t'exposer notre projet."

Il s'approcha de son bureau et grâce à son téléphone appela sa collègue. Elle ne tarda pas à frapper à la porte. Zérocool lui ouvrit avant de la refermer et de reprendre sa position d'attente ou plutôt de guet. Charlotte fit une très forte impression à notre aventurier, juste son entrée dans le bureau suffit à le convaincre de prendre part à l'expédition, tant pis pour ses réticences morales.

Charlotte était une femme délicieusement féminine, jolie, sensuelle et même pulpeuse. Sa blouse blanche ouverte laissait voir un tailleur sombre et un chemisier mimosa délicieusement remplit. Une paire d'escarpins et de collants sombres finissait d'habiller sa silhouette élancée. Une petite paire de lunette et un ordinateur portable sous le bras lui donnait un air studieux qu'elle ne démentit pas en installant prestement son portable sur le bureau et en commençant sa présentation.

Pokemon Jones eut du mal à rester concentrer. Pour dire vrai il n'écoutait qu'un mot sur deux. Mais comment lui en vouloir, car résister à la fascination exercée par le doux balancement de ses longs cheveux auburn était un exploit. Et que dire de ses yeux bleus brillants qui lui rappelaient tant l'océan qu'il admirait il y a quelques instants. Ses lèvres rouges comme celle de blanche neige parlaient, mais lui rêvait jusqu'à ce que le docteur Robert reprenne la parole.

"-Donc pour faire simple vous prenez l'avion pour les îles d'Alola, vous ramassez deux trois échantillons et vous les ramenez fissa jusqu'au labo.
-Nous?
-Bien sûr, Charlotte vous accompagne. Elle s'occupera du côté administratif et biologique pour que tu te concentres sur celui paléontologique."

La petite réunion dura encore un long moment durant lequel ils réglèrent de nombreux détails, toujours sous l'œil attentif du pirate noir. Mais l'essentiel était décidé, Jones à peine rentré repartait pour de nouvelles aventures, certes moins palpitantes mais tout aussi exotiques et aussi bien accompagné.
Moins palpitante? Pas si sûr.


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Une fois rentré chez lui il fut accueilli par son adorable petit Kranidos qui, en signe d'affection vînt cogner son crâne renforcé contre ses tibias.

"-Oui moi aussi je suis content de te revoir Pachy. J'espère que tu n'a pas fait ton cracrado et fait pipi partout?"

Il porta son regard tout autour de lui, mais à première vue tout était propre. Son canapé en cuir noir et son fauteuil en tapisserie de grand-mère qui dépareillait tellement dans cette pièce avaient été épargnés. Son terrarium, servant de table basse et abritant une Mimigale naine était propre. Rien sur le carrelage de la cuisine américaine ouverte sur le salon, ni devant la télévision et ses bibliothèques contenant ses collections de vieux livres, de fossiles et de pierres plus ou moins précieuses. La porte du couloir était encore fermée et en un seul morceau. A priori tout allait bien. Il gratta la tête de son petit protégé, puis retira ses chaussures et sa veste qu'il jeta négligemment sur le divan.

L'atmosphère de la pièce était particulière, et convenait parfaitement à notre paléontologue. Un mélange de déco moderne et d'un style naturaliste fin dix-neuvième. Un grand buffet de type apothicaire habillait tout un mur. On y trouvait des livres épais, reliés de cuir, tels que "les Pokemon fossiles" par le docteur O.C. March, la "grande aventure de R. Owen" ou "la guerre des os" par E. Cope. Ainsi qu'une collection de pierres d'origine très diverses, parmi lesquelles on pouvait voir une grosse géode de quartz blanc, une pierre foudre, une plaque de pyrite impressionnante, une pierre eau, une émeraude brute ou une pierre feu. On y trouvait aussi un gros morceau de granit étiqueté Yantreizh, une ophiolite de Charbourg, un gneiss du mont Selemnite, une roche volcanique et un basalte de la région de Hoenn et un schiste du mont Foré. Les derniers espaces libres étaient remplis par de petits fossiles de toutes formes. Des coquilles plates ou spiralées, des dents plus ou moins grosses, des oursins en boule et des rostres en cône.

En regard de ce meuble si chargé se trouvait un mur vide, seulement habillé de tableaux. Ces quatre tableaux représentaient la région de Roche-sur-Gliffe mais sous des formes variées. L'un était une carte géologique aux milles couleurs, le second une prise de vue aérienne de la ville en noir et blanc. On pouvait y voir l'océarium en pleine construction. Le troisième était une représentation photo thermique de la région et le dernier une aquarelle représentant la plage, les falaises et le vieux bourg.

Le troisième mur de la pièce était réservé au téléviseur écran plat et à une jolie collection de DVD. Elle était composée principalement de vieux films en noir et blanc. Mais entre les titres tirés du passé et inconnus de la plupart, on trouvait de grand classique tels que "le bon, la brute, et le Lucario", "le masque de Zoroark", la série des "Tygnon", "les Roucool" de Hitchcock ou encore "les dents du Carcacrok". Au-dessus de la télévision trônait bien rangée dans un joli cadre une série de badge de la ligue de Kalos. Un souvenir de la jeunesse de Jones, à l'époque où il avait fait son apprentissage de dresseur. Seulement il n'y avait que sept badges, jamais il n'avait réussis à battre le blizzard d'Urup et donc n'avait pu obtenir son badge iceberg. Il avait obstinément refusé d'adapter son équipe et son voyage s'était achevé à Auffrac-les-Congères.

Depuis son entretien avec le docteur Robert, quelque chose le turlupinait. Il alla dans sa chambre et farfouilla dans son armoire à la recherche du petit carnet où se trouvaient ses notes sur la secte du fossile Hélix. Il chercha le passage qui lui avait permis de localiser les précédent fossiles. Il avait dégotées ces informations dans un vieux livre déniché dans une bibliothèque d'un collectionneur de vieux livres à Illumis. Une fois trouvée la bonne page, il la relut pour la centième fois à voix haute.

"-Sept gardiens pour sept graines de vie. Trouver la source de lumière revient à vaincre les sept géants. Le géant aux pieds dans les nuages est le plus puissant des sept. Le géant aux pieds dans la neige est le plus implacable de la fratrie. Le géant aux pieds dans la forêt est plus beau que ses frères. Le géant aux pieds dans l'océan est le plus calme du groupe. Le géant aux pieds dans le sable est le plus sage de tous. Les jumeaux aux pieds dans les rochers vont par deux. Quant au géant Blanc, il est le plus rapide et le plus insaisissable, toujours en mouvement et toujours sur ses gardes."

Les géants étaient des montagnes, où ont été cachés les fossiles nautiles. Les jumeaux, en partant de ce principe, il les avait identifiés, c'était les monts Selemnites, où un certain Red et le prophète avaient découvert leur fossile hélix. Le géant aux pieds dans la forêt aussi, et depuis une semaine le trésor qu'il recelait reposait dans le musée de Roche-sur-gliffe. Il n'avait pas réussi à mettre de nom sur les autres, mais il se pourrait que le géant les pieds dans l'eau se trouve sur une ile et pourquoi pas une ile d'Alola?

Le professeur Jones avait d'abord pensé au Mont Chimnée ou au Mont Mémoria de la région de Hoenn, mais s'ils se trouvaient eux aussi sur une île, ils n'avaient pas vraiment les pieds dans l'eau. Le hasard serait trop beau. Mais après tout, la différence entre le chercheur qui cherche toute sa vie sans rien trouver et celui qui trouve ne serait-elle pas là, juste un hasard trop beau pour être vrai? En tout cas, cela valait le coup de creuser le sujet. Jones avait cinq jours avant de prendre l'avion, cela lui suffisait largement pour faire quelques recherches sur la géographie, l'histoire, la faune et la flore des îles.

Bizarrement, le lendemain trouva Jones beaucoup moins mélancolique que la veille. Les cours du matin furent expédiés avec le sourire et il passa sa pause de midi, un sandwich à la main, à feuilleter des bouquins de la bibliothèque et des cartes géologiques. Il avait besoin d'un maximum d'informations pour optimiser ses recherches une fois sur place. Et le soir, après les cours, il se dirigea vers l'océarium. Il aimait naturellement se promener dans ses allées. Il aimait à s'imaginer flottant dans les fonds marins, entouré de poissons silencieux. Mais ce soir, il concentra son attention sur quelques bassins seulement.

Il commença par scruter un grand aquarium, et particulièrement un banc de Froussardine. Il les regarda nager, tourner et virevolter, mais n'eut pas la chance de les voir prendre la forme banc. Pourtant, d'après le panneau d'information, elle devait être impressionnante, et surtout dangereuse! Il devrait s'en méfier s'il fallait prendre un bain de mer. Un autre espace montrait une plage typique d'Alola, parsemée de dizaine de Concombaffe. Pas très ragoûtant, mais surement moins dangereux qu'un énorme Froussardine. Le petit Bacabouh ne semblait pas très menaçant lui non plus, mais peut être que sa forme évoluée pouvait l'être. Le dernier aquarium auquel il prêta attention contenait au milieu de Rosabyss et de Lovedisc, une dizaine de Denticrisse aux couleurs flamboyantes. Couleurs qui servaient de mise en garde pour ses éventuels agresseurs. Encore un spécimen à éviter. Après cet examen des quelques espèces qu'il avait sous la main, Jones se rendit à l'évidence, ce voyage risquait de ne pas être une balade touristique.


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Le lendemain se déroula sensiblement de la même façon, Jones échangea simplement sa visite à l'océarium par une visite chez son tailleur. C'est lui qui fabriquait et entretenait ses costumes pour enseigner et surtout ses tenues d'explorateurs tellement réputées chez ses élèves. Après chaque expédition il fallait faire quelques reprises et réparations. Mais cette fois ci, il lui fallait en plus un nouveau fouet en peau d’Arbok en toute urgence, car il avait laissé le sien dans une des pièces du temple, accroché à un gros rocher.

Une fois son petit tour finit, il rentra chez lui. Et là, une très mauvaise nouvelle l'attendait. Son petit Kranidos avait mis sens dessus dessous son appartement. Le canapé était retourné, le fauteuil renversé, les pierres brisées ou envolées, les livres déchirés, les DVD éparpillés et la télé fracassée. Jones s'apprêtait à hurler après son petit dinosaure gris et bleu lorsqu'il l'aperçu allongé inconscient le long du mur à moitié enfoui sous un tableau. Il se précipita vers lui. Il respirait, mais avait subi un choc violent. Du coup, il était fort probable qu'il ne soit pas responsable du fouillis.

Il voulut aller l'installer sur le lit, mais la chambre était dans le même état. Il fallait se rendre à l'évidence, le petit animal était une victime, tout comme lui, de cambrioleurs. Il refit rapidement le lit pour y déposer délicatement Pachy. Lorsqu'il retourna dans le salon, il eut la confirmation de sa dernière supposition. Sur l’un des murs on pouvait lire, écrit à la bombe rouge, "vous possédez ce qui nous appartient". Apparemment quelqu'un n'était pas très satisfait de ses récents exploits. Sûrement un coup de Henry MacKwack, il doutait que des sauvages en bure blanche traversent les mers en pirogue.

En tout cas, ils n'avaient pas pu prendre grand-chose. Le fossile hélix était bien au chaud au bureau d'étude des fossiles de Roche-sur-gliffe et ... SON CARNET! Il se précipita dans la chambre, puis vers son armoire. Il entendu remuer Pachy, mais se concentra sur sa recherche. Heureusement le compartiment secret n'avait pas été découvert et le carnet y était toujours tranquillement rangé. Le pire était évité, mais maintenant il fallait tout ranger et faire sa déclaration d'assurance. Toute une partie de plaisir!

Le jour suivant n'arrangea rien à la mauvaise humeur de notre aventurier. Après avoir passé la moitié de la nuit le nez dans les papiers, une drôle de surprise l'attendait encore à l'université. Il retrouva son bureau dans le même état que son appartement. Les hommes du milliardaire n'ayant rien trouvé chez lui, ils avaient dû pousser jusqu'à son bureau pour finir leur travail. Mais ils étaient à nouveau restés sur leur faim. Jones appela sa direction pour les prévenir du léger incident survenu durant la nuit. L'avantage, c'est que ce n'était pas lui qui aurait à faire avec l'assurance. Une fois raccroché avec le secrétariat, il s'inquiéta du fossile hélix. Il reprit le combiné du téléphone et appela le bureau d'étude, mais à sa grande satisfaction aucun problème n'y avait eu lieu. Il les averti de la situation et leur recommanda de bien le surveiller et il fila assurer ses cours de la journée.

Le reste de semaine passa comme un tourbillon. Pris entre les préparatifs, les recherches et ses cours notre paléontologue avait à peine le temps de dormir. Mais tout fut bouclé à temps et maintenant il se trouvait dans un taxi en direction de l'aéroport, aux côtés de la ravissante Charlotte. Si Jones était toujours en costume de tweed professoral, Charlotte avait troquée sa blouse blanche et son tailleur contre une tenue plus confortable. Un jeans un peu serré, un petit haut jaune poussin au décolleté très intéressant, une veste en cuir noir et des ballerines assorties à son top. Le trajet jusqu'à l'aéroport se passa en silence qui finit par devenir gênant pour notre professeur. Ses quelques tentatives pour lier connaissance se buttèrent à des réponses évasives.

"-C'est votre première expédition scientifique?
-Non.
-Des îles paradisiaques, plutôt sympa comme destination, ça change des forêts tropicales pleine de moustiques!
-Hum hum.
-Ça fait longtemps que vous collaborez avec le docteur Robert?
-Non
-Il travaille sur la systématique Pokemon il me semble? Ça consiste à quoi exactement?
-Classer les Pokemon en fonction de leurs genres et espèces.
-Et vous avez des travaux propres?
-Oui bien sûr.
-Qui porte sur quoi? La systématique eux aussi?
-Non sur les différentes variétés de Prismillon et leur reproduction.
-Cela semble passionnant. Vous avez un objectif d'étude?
-Obtenir un Prismillon noir.
-Comme les tulipes?
-Plus ou moins oui.
-Et vous pourriez me parler des travaux du professeur Chen bis?
-Bien sûr, mais j'ai son article dans mon sac."

Sur ce elle lui tendît le magasine, mettant un terme à la conversation. Une fois arrivé, il tenta bien une blague sur le poids de bagages des femmes, mais il se heurta à une indifférence des plus totales.


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Ils s'arrêtèrent pour boire un café en attendant leur vol et une fois l'heure arrivée ils se dirigèrent vers les portes d'embarquement. C'est alors que Jones se rapprocha de Charlotte presque à la toucher et marchant épaule contre épaule il lui demanda sans la regarder :

"-Continuez à marcher en regardant droit devant vous, mais ça vous arrive souvent d'être suivit par un homme en costume blanc?
-Pardon?" Demanda-t-elle en regardant par-dessus son épaule. Jones l'agrippa par le bras un peu abruptement et la força à poursuivre son chemin.

-Un homme en costume blanc nous suit depuis que nous sommes descendus du taxi. Je me suis dit que c'était peut-être une de vos connaissances?
-Je ne connais personne à même de me suivre!
-Alors il doit être là pour moi..."

Ils tournèrent brusquement sur la gauche dans un couloir latéral et Jones plaqua Charlotte contre le mur et se plaça devant elle. L'homme mystérieux déboula quelques secondes plus tard et Jones le reçus d'un coup à la glotte. Quelques mouvements de bras, une prise d'étranglement et une lutte brève laissèrent l’inconnu au sol totalement inanimé. Charlotte s'exclama :

"-Tu ne l'as tout de même pas tué?
-Non, il est juste inconscient. Vite aide-moi à le traîner dans les toilettes pour qu'on le fouille discrètement. "

Prenant chacun un bras, ils traînèrent leur poursuivant jusqu'à la porte la plus proche donnant sur les toilettes. Jones ne put s'empêcher tout en tirant de blaguer un peu :

"-Sympa ces petites animations, ça donne du relief à nos vacances!"

Mais Charlotte n'avait pas l'air prêt à rire. Elle avait les lèvres serrées et le visage livide, presque aussi blanc que le costume de l’inconnu évanoui. Une fois dans les toilettes Jones entreprit de le fouiller, pendant que Charlotte s'éloignait de la scène pour s'appuyer au lavabo. Le costume, mis à part la couleur d'un blanc immaculé, ne révéla aucun indice à notre professeur. Par contre en dessous, l'homme portait un drôle de justaucorps moulant, lui aussi blanc, avec sur la poitrine un logo doré brodé. Il appela sa compagne :

"-Charlotte viens voir ça!"

Elle resta un instant immobile comme tétanisée par ce qui se passait. Mais elle se ressaisi, se passa un coup d'eau sur le visage et se dirigea vers Jones qui lui montrait le torse de l’inconnu.

"- Reconnais-tu ce logo?" Demanda-t-il en pointant du doigt le petit insigne doré, moitié losange, moitié en forme de prisme, qui ressemblait fortement à un rappel.

"-Ou cet uniforme blanc?"

La jeune femme secoua la tête mais ne trouva pas la force de décrocher un mot. Jones poursuivit son inspection et en écartant la veste révéla un pistolet. Mais rien de plus. Ni portefeuille, ni papier d'identité, juste l'arme et le logo doré. Jones regarda le visage blafard de l'assistante du docteur Robert et poursuivit ses questions :

"-Cela ne vous rappelle rien en rapport avec les travaux du docteur Robert? Un partenaire de recherche de votre patron ou un organisme de financements pour ses travaux? Un de ses collaborateurs ou anciens collaborateurs qui souhaiterait le doubler ou régler quelques comptes?"

Mais à chaque question Charlotte secouait la tête. Jones s'arrêta lorsqu'il vit que des larmes montaient à ses yeux. Il la prit alors dans ses bras et la consola.

"- Calme-toi... Ça secoue toujours un peu la première fois mais tu verras tu finiras même par y prendre goût. Il fallait que je pose ces questions pour être sûr, mais je pense savoir qui ils sont. Au cours de ma dernière expédition, j'ai été attaqué par des sauvages en bure blanche, des adeptes du fossile Hélix. Je ne sais pas si il y a un lien entre le fin fond de la forêt tropicale et l'aéroport d'Illumis mais la couleur de leur tenue laisse penser que oui. Allons ne traînons pas ici, ça serait dommage de se faire surprendre et de devoir répondre à certaines questions. On continuera la discussion dans l'avion."

Et en ouvrant la porte des toilettes il ajouta avec un sourire :

"-Une femme, deux mecs dans les toilettes des hommes ça fait toujours jaser."

Et il réussit à lui soutirer un petit sourire.
Ils marchèrent d'un pas pressé dans les allées de l'aéroport quand une nouvelle fois Jones attrapa Charlotte par le bras et la plaqua contre le mur. Elle commençait à en avoir un peu assez de cette manie. Le voyage allait être long si tous les deux mètres il lui répétait ce manège. Mais d'un geste il désigna une file d'attente.

"-Regarde, c’est notre porte d'embarquement et sur le côté, derrière la file d'attente, tu ne trouves pas qu'il y a un mec qui ressemble étrangement à celui que l'on a laissé dans les toilettes?"

Elle pencha un peu la tête pour regarder par-dessus le torse du paléontologue. En effet il y avait bien un autre homme vêtu du même costume blanc qui semblait chercher quelque chose ou quelqu'un. Lunettes noires sur le nez, il tournait la tête de gauche à droite.

"-Tu as raison, il a l'air de nous chercher.
-Oui, et surtout il a l'air de savoir quel vol nous allons prendre! Ne restons pas là à attendre qu'un troisième complice nous épingle. Il va falloir changer nos plans."

Et ils s'éloigneront discrètement en direction de la sortie de l'aéroport.

"-Changer nos plans? Je ne suis pas sûr que cela plaise au docteur, ses attentes sont plutôt pressées et tout délai risque de l'irriter.
-Et d'après le docteur qu'est ce qui est mieux, attendre une semaine de plus ou de ne pas avoir ses échantillons?
-Je...
-C'est ce que je pense aussi, mais rassurez-vous on ne va pas traîner non plus. On file direct à la gare et on saute dans un train. J'ai un ami qui fait des lignes directes dans de petits coucous. Il pourra sûrement nous filer un coup de main.
-Mais l'aéroport d'Alola risque d'être surveillé comme celui-ci!
-C'est pourquoi nous allons atterrir au plus près d'Alola, louer un bateau et finir le voyage par la voie des mers. On pourra débarquer sur place discrètement, prendre nos échantillons et repartir de la même façon. Ni vus, ni connus, et avec un peu de chance tu auras même le temps de faire des photos de vacances.
-Ca me paraît un peu tordu comme plan.
-Tu veux que l'on retourne à la porte d'embarquement pour demander son avis au type en blanc avec son flingue?
-Non je n’ai pas dit ça, mais on peut appeler le docteur, il sera le plus à même de prendre une décision?
-Tu pourras l'appeler dans le train si tu veux, mais ne traînons pas dans le coin!"

Et sur ce, ils franchirent en coup de vent les portes automatiques de la sortie de l'aéroport et sautèrent dans le premier taxi venu. Sur le trottoir, un homme les regarda s'enfuir, un homme vêtu de petits souliers noirs, de lunettes aux verres assombris et d'un costume blanc.