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Concours SL 2016 - Pokémon Archives - Affaire Lalo et Véra de nomade01



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Informations

» Auteur : nomade01 - Voir le profil
» Créé le 25/10/2016 à 17:47
» Dernière mise à jour le 26/10/2016 à 10:15

» Mots-clés :   Aventure   Policier   Région inventée   Suspense

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DOSSIER I : Jusqu’au bout des îles
<< [...] Je n’avais jamais vu ça. Le procédé d’emballage utilisé pour protéger ce carnet est très ingénieux; il nous aura fallu plusieurs heures pour l’en dégager. Ce résultat n’a pu être obtenu que par la combinaison d’une chaleur élevée sur un matériau malléable à haute température, et néanmoins résistant. Or, l’île de Pripriate d’où provient le journal de Véra n’a ni activité volcanique, ni Pokémon sauvages de type feu. Seul un Boumata aurait pu produire une atmosphère suffisante, mais la réserve naturelle la plus proche est trop lointaine. La section scientifique penche plutôt pour un phénomène de haute pression, qui aurait permis d’abaisser la température de fusion du matériau. Nous n’avons pas la technologie nécessaire par ici, et aucun Pokémon recensé à ce jour ne serait capable d’un tel exploit ! […] >>


Extrait du rapport de l’agent Nyjen, affaires non classées.
Poste de police de l’île Galados.






Journal de bord de Véra


3e jour depuis le départ d’Elitos, 18h.

Il paraît que tous les explorateurs tiennent un registre. Ils peuvent y consigner leurs découvertes, leurs observations ou bien des coordonnées des lieux visités. C’est un vieux moine croisé ce matin sur la Route 4 de Pêchiport qui m’a conseillé de garder une trace de ce que j’allais découvrir.
L’idée n’est pas bête, mon frère a bien fait pareil lorsqu’il a consigné ses propres recherches. Mais contrairement à lui, mon habileté pour le dessin est inexistante, et je doute de pouvoir réaliser une quelconque esquisse exploitable. Mais qu’importe, il me suffira de dépeindre mon voyage par écrit, et si je reste sur ses traces et que je réussi à décrypter les plans et illustrations de son carnet, je retomberai sur les mêmes endroits, les mêmes Pokémon, la même plante au même emplacement … Et je découvrirai ce qui lui est arrivé. Du moins je l’espère !
Mais du coup, non, je ne me plie pas à l’exercice pour la science. Je ne le fais même pas pour moi. Il m’importe peu de témoigner à la postérité. Je le fais pour mes Pokémon. S’il m’arrivait quelque chose, ces écrits permettraient d’en avoir une description précise et de pouvoir les identifier. Ça me rassure, bien que je leur ai appris à revenir sur leurs pas, en groupe soudé, jusqu’à la Corporation.
Voilà plus d’un an que Lalo, mon frère, est porté disparu. Les dernières notes de son carnet font état de la découverte d’un artefact mystérieux; sa trace est donc perdue dans une des îles de l’Archipel de Tilbur, constitué d’une dizaine d’atolls verdoyants, et principal refuge de Plumeline en migration. Mais son journal de bord a été retrouvé sur l’île artificielle de Pripriate, bien plus éloignée vers le Sud-Est.
Il s’est manifesté pour la dernière fois par une lettre provenant de l’île de Pêchiport, sur laquelle je me trouve actuellement, indiquant qu’il allait bien, que Balbo, son Tiboudet, avait évolué en un magnifique Bourrinos, et que cela lui permettrait de transporter plus d’équipement.
Son journal donne essentiellement des informations sur la faune et la flore rencontrée, et vraiment très peu sur les aspects techniques de son voyage.
Je sais qu’il est allé sur les îles de l’Archipel de Tilbur à l’aide de son Sharpedo et d’une embarcation dont il a dessiné les plans, et vu le gabarit du bâtiment, le pauvre Pokémon a dû se donner à fond jusqu’à épuisement. Mais ce qui m’a inquiété davantage, c’est de savoir s’il a ou non emmené Balbo avec lui, car il n’en fait nullement état dans ses notes, et les moyens de transport qu’il a utilisé ne sont pas adaptés à un Bourrinos.
Car dans notre famille, nous n’utilisons pas de Pokéball. Nos Pokémon restent à nos côtés, du matin au soir, du premier jour, au dernier. La tradition sur l’île de ma naissance, Elitos, veut également que nous ne nous séparions pas de notre premier Pokémon. Il est acquis dans la douleur lors d’un rituel dédié, et dès lors, rien au monde ne saurait nous persuader de les abandonner, ne serait-ce que pour un voyage de quelques jours.
J’ai donné une description précise de la nature et du talent de Balbo, mais malgré tous les efforts d’investigation déployés par l’inspecteur Nyjen, de l’île Galados, il n’a pas été identifié.
Il avait déjà un tempérament bien trempé, et une force physique hors normes en tant que Tiboudet, mais je m’inquiète quand même beaucoup pour lui.
C’est pourquoi je tiendrai à jour mon propre journal, et contrairement à mon frère, je décrirai précisément les événements et les lieux auxquels j’aurai à faire. Cela permettra d’orienter plus facilement les recherches. Si, disons-le rondement, l’infortune me touchait.


4e jour, 2e jour de marche sur Pêchiport, 10h30

Nous avons été surpris par la pluie hier soir, et j’ai du ranger mon carnet. Plus pour chercher un abri que pour éviter qu’il soit trempé, car Miki s’est tout de suite étendue au-dessus de moi pour me protéger des premières gouttes; je l’ai utilisée comme une capuche, qui me couvrait les épaules et une partie du dos. Elle a l’habitude de prendre cette forme, mais je suis toujours déconcertée par la froidure qu’elle dégage.
Miki est une Mimiqui. Papa m’a permis à 10 ans de la choisir comme mon Pokémon originel: mon premier Pokémon. La marque que j’ai choisie pour me lier à elle, est une forme complexe, mêlant à la fois des figures géométriques et des symboles représentant les vagues primitives d’Alola. Il a fallu des semaines de travail pour forger un sceau de métal tout juste assez abscons pour être quand même reconnaissable, et utilisable une fois chauffé à blanc.
J’ai choisi de porter la marque entre les omoplates, et je pense que c’est pour ça que Miki est souvent accrochée à mes épaules. La sienne se situe au bout de ce qui lui sert de queue. Contrairement à moi, elle n’a pas souffert quand on l’a marqué, ou ne l’a pas laissé paraître.
Les pluies diluviennes de l’île de Pêchiport ne durent jamais plus d’une quinzaine de minutes, mais les courants d’air chaud venant du nord augmentent le phénomène de condensation et rendent les gouttes tellement grosses qu’elles accumulent plus d’énergie en tombant que sur les autres îles d’Alola, ce qui occasionne de gros dégâts sur les cultures de baies. Les plantes endémiques y sont adaptées, généralement plus épaisses et résistantes.
Mes Pokémon savent très bien comment réagir dans ce genre de situation. Pouic, un Picassaut que j’ai sauvé et décidé d’emmener avec moi depuis que j’ai 14 ans, nous assure toujours un abri rapide. Il est généralement averti de l’imminence d’une tourmente par ses semblables, et il se met aussitôt à creuser dans la roche ou dans le tronc d’un gros arbre pour que nous puissions nous y abriter.
Pouic est sûrement l’un de mes Pokémon les plus reconnaissables: il lui manque une patte. Les Picassaut sont attirés par les objets brillants, mais sur Elitos, nous ne commerçons guère de matériaux de la sorte, et lorsque nous sommes amenés à fabriquer ou acheter des breloques, nous faisons bien attention à leur donner un aspect plus patiné. Ce qui explique que Pouic s’est rué sur un tesson de bouteille serti de diamants que la mer avait dû charrier. Malheureusement pour lui, la compétition est rude sur nos îles, et dans la bousculade avec ses congénères, il s’est tranché la patte gauche. J’ai assisté de loin à la scène, et ai pris soin de lui jusqu’à son rétablissement.
Je n’ai pas eu besoin de l’apprivoiser; notre lien d’amitié a automatiquement été basé sur cet évènement. Je suppose que Pouic pense qu’il m’est redevable, c’est pourquoi il n’est jamais loin, toujours à l’affût du moindre service qu’il pourrait me rendre.
Le troisième et dernier Pokémon que j’ai choisi d’emmener avec moi est un Lucanon. Et quand je dis “choisi”, j’entends par là qu’on me l’a imposé, et que j’ai accepté, contrainte et forcée, qu’il soit mon protecteur.
Dans mon village natal, nous avons cinq Lucanon qui veillent à notre sécurité, et il en fait partie. Elitos est une île si peu faite pour le tourisme et tellement reculée, que les personnes qui y accostent n’ont généralement pas de bonnes intentions. Notre élevage de Bombydou est l’un des plus réputé d’Alola; le nectar qu’ils produisent est un délice. Mais il est aussi le fruit de convoitises.
La Corporation de l’île a néanmoins voté pour m’attribuer ce Lucanon lorsque je leur ai annoncé mon départ. Je m’y suis pourtant opposé. D’une part parce que Miki et Pouic sont à même de me protéger, et d’autre part car c’est le plus faible des cinq Lucanon. Je me sentirai coupable s’il lui arrivait quelque chose.
Toutefois, je suis sur Pêchiport depuis deux jours, et je n’ai rencontré aucune difficulté qui nécessite une telle garde rapprochée.


4e jour, Imeville, 21h15

J’ai atteint Imeville aux alentours de 18h, après avoir marché toute la journée sur la rocailleuse Route 5.
C’est une petite bourgade portuaire aux pieds d’une montagne enneigée. Pourtant, la température avoisine les 38°C. La peau de Miki est toute flasque par ces chaleurs.
J’ai trouvé un petit gîte tenu par une gentille vieille dame, Ernestine. Elle m’a écouté lui raconter les raisons de mon passage sur Pêchiport, et n’a pas hésité à me proposer sa meilleure chambre, pour la moitié du prix.
La Corporation m’a alloué un petit pécule pour que les problèmes d’argent ne contrarient pas mon entreprise. Je l’ai pris sans rechigner, mais Pouic serait capable d’amasser la même somme en une journée s’il le fallait. Ce ne sont pas les touristes fortunés qui manquent dans la Colonie du Grand Sud. Quatre grandes îles pittoresques la constituent: Nimos, Feulival, Boutentro et Pêchiport. Pêchiport est celle la plus au sud, en forme de croissant de lune dont la face concave est orientée vers l’est. Imeville est la dernière ville australe que je traverse avant l’Archipel de Tilbur, ma prochaine destination. Une navette maritime part demain matin à 8h pour Lavile, la capitale.
En attendant, je vais profiter du vent frais qui descend de la montagne rafraîchir l’accablante atmosphère de la journée. Mes Pokémon ont eux aussi souffert; j’observe Miki toute ratatinée dans un coin de la pièce, somnolente. Même le Lucanon de la Corporation s’est à moitié endormi sur le rebord de la fenêtre.
Il serait également temps pour moi d’aller me reposer.


5e jour, en mer, 8h30

Je suis furieuse ! Nous avons failli rater la navette !
Au réveil, Pouic avait disparu. Branle-bas de combat, nous voilà à chercher cet écervelé, Ernestine en renfort ( notre barouf l’a sorti du lit ). C’est le Lucanon qui l’a finalement retrouvé, sur une petite place marchande, à farfouiller les détritus d’une poubelle communale. Rien de surprenant pour un Picassaut, mais l’opération nous a quand même mis en retard, et nous avons pu embarquer de justesse.
Je ne sais pas si les sermons suffisent à estomper les instincts des Pokémon. Mais Pouic ne s’était jamais autant éloigné de notre groupe. La faute sans doute à toute cette agitation touristique, ces odeurs, ces couleurs, ces objets brillants ! Moi aussi ça me retourne le cerveau; je me sens mal à l’aise.
Nous sommes une trentaine à avoir pris la navette, et je suis la seule à n’avoir pour seul bagage qu’un sac à dos, et une tenue adaptée à la vie dans les îles. Les autres sont tous des touristes, chargés comme des Bourrinos et plus fleuris qu’un Guérilande. Même leurs Pokémon ont l’air différents et décalés. L’un d’eux ressemble à un Rattata qu’on aurait trempé dans un bain de baies Myrte. Affreux !
Le trajet promet d’être long, malgré les énormes propulseurs du vaisseau côtier. Je ne m’attendais de toute façon pas à une partie de plaisir.