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CONCOURS SL : Pokemon is Real Life [Prologue] de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 24/10/2016 à 14:10
» Dernière mise à jour le 24/10/2016 à 14:16

» Mots-clés :   Drame   Médiéval   Région inventée

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Chapitre dernier : Alola
[size=3]Grand Rey[/size]
Nous nous élançâmes l'un vers l'autre, parés à tuer. Nos deux épées s'entrechoquèrent, provoquant un bruit strident, faisant écho à travers les ruines du palais. Malgré sa carrure, Hogart semblait plus rapide que moi.

Il fit glisser sa lame le long de la mienne, et aussi rapidement, m'en asséna un coup, que je parai in extremis, mais me déséquilibrant. L'autre le remarqua, et d'un croche-patte me fit tomber au sol, où il tenta de m'empaler. Dès que je vis son épée se rapprocher de mon corps, je roulai sur le côté, provoquant une grande douleur dans mon épaule gauche, meurtrie.

Chancelant, je me relevai juste à temps pour apercevoir mon adversaire me donner un coup d'estoc, qui se planta dans mon estomac, m'arrachant un cri de douleur.

— Eh bien, Sire, vous n'arrivez plus à esquiver ? Que c'est pathétique !

Je grinçai des dents, et sans dire un mot, je fixai mes yeux dans les siens. Tel un éclair je donnai une impulsion à mon bras, et d'un coup vers le haut je tranchai son bras gauche, qui partit s'écraser au sol.

Le signal de la douleur sembla mettre du temps à arriver au cerveau de l'autre, comme il se contentait d'observer, yeux écarquillés, son membre tomber. Puis...

— AAAARGH !! s'écria-t-il.

Il recula, et d'un coup sec retira l'épée de mon abdomen, me faisant poser un genou au sol.

— Comme ça, nous sommes à égalité... articulai-je.

— Misérable... siffla Hogart.

Ses yeux étaient injectés de sang, le même sang qui coulait sur les dalles brisées, se mélangeant à celui des gardes morts. Poussant un nouveau cri, il se jeta sur moi, levant son épée en vue de me décapiter.

Je plissai les yeux, et tentai de parer son coup. La douleur semblait avoir décuplé ses forces, et je ne parvenais ainsi plus à contenir chacune de ses attaques.

— Qui es-tu, pour appeler ton Roi ainsi ?! fis-je.

— Tu n'es pas mon Roi, Garmond... Et tu ne l'as jamais été ! Seuls ton père et le seigneur Gendô sont à même d'être considérés ainsi ! Toi... Tu n'es qu'un incapable !

— Pourquoi t'être rangé du côté de Tartiflette ?! Que t'a t-il offert pour ça ?!

— Il m'a offert le privilège d'être à ses côtés pour assister à la création d'un nouveau monde ! N'est-ce pas merveilleux ? Je n'ai plus besoin du passé, seul compte ce que nous construirons !

Ma nervosité me fit sourire.

— Parce que tu crois que je vais vous laisser faire ? Une fois que j'en aurai fini avec toi, j'irai tuer cet homme, et d'une manière ou d'une autre, je rétablirai la paix dans ce Royaume ! N'oublie pas que je suis le Roi, Hogart.

Le colosse se mit une nouvelle fois à rire, un rire tonitruant et dément qui reflétait son état psychologique. J'avais presque de la peine pour cet homme, que j'admirais autrefois. Il avait beau être un imbécile, c'était un personnage courageux et plein de bonne volonté. Maintenant, je n'arrivais même plus à l'en qualifier.

— Être Roi ne changera en rien la finalité de l'histoire. Puritania disparaîtra. Ce n'est pas avec ton autorité que tu pourras changer quoi que ce soit. Tu es hors jeu, désormais. Contente-toi donc de voir ton pays sombrer, avant de rendre le dernier souffle.

Cette fois ce fut à mon tour de l'attaquer, avec un coup latéral qu'il dévia aisément. En une fraction de seconde il me désarma et me fit tomber, avant de riposter. Aussitôt je me jetai en arrière, et la pointe de sa lame se planta dans le marbre.

— C'est inutile de résister, tu finiras par périr ! dit le général.

— Détrompe-toi, je ne périrai pas ! Au contraire, m'écriai-je en esquivant un second coup, je te l'ai déjà dis, je sauverai Puritania !

J'aperçus alors une des lances appartenant aux gardes, qui traînait non loin. Mes talents d'escrime n'étant pas suffisamment grands, et mon agilité étant réduite du faite de mes blessures, je n'avais aucune chance de vaincre Hogart dans un duel traditionnel.

Alors il me fallait user d'une puissance dévastatrice, qu'il ne pourrait éviter. Sans plus réfléchir, je me ruai sur l'arme, au moment où mon adversaire comprit ce que je m'apprêtais à faire. Il se mit à courir vers moi, mais c'était trop tard. J'effectuai une rotation de mon bassin, bras déployé vers l'arrière, le soldat bien en vue. Déployant toute la force qu'il me restait, je lançai le javelot vers lui, si vite qu'il n'eut pas le temps de réagir. Il put se décaler d'une dizaine de centimètres, suffisamment pour survivre, mais pas assez pour s'en tirer. La pique se planta dans son épaule droite, et tournoyant avec, lui arracha le bras, avant de s'enfoncer dans le mur.

Son épée tomba au sol, et le général se retourna pour observer la lance s'encastrer dans le mur.

— Tu ne devrais pas tourner le dos à ton adversaire !

En effet, il me regarda brusquement, et vit avec horreur que j'avais autour de moi les cadavres des soldats, ainsi que leurs armes. L'une d'elle était dans ma main, prête à partir.

— Esquive-la donc, j'en ai encore plein ! hurlai-je.

Je projetai alors violemment le javelot vers lui, et il l'esquiva de justesse. Pourtant ce n'était pas assez. Aussitôt je me saisis d'une autre lance, que je le jetai. Comme pétrifié, il resta sans bouger, attendant que le morceau d'acier lui parvienne.

Alors la pique lui pénétra l'abdomen, le plaquant et l'enfonçant contre le mur derrière-lui. Une grande quantité de sang jaillit de ce trou, barbouillant le marbre contre lequel il était assis. Je m'effondrai au sol, mes jambes ne pouvant plus me supporter.

Cette vue m'était horrible, mais sans que je ne sache pourquoi, je ne parvenais pas à en détacher mes yeux. Cet homme, faisant partie de ma famille, était en train d'agoniser, par ma faute.

Je restai ainsi de longues secondes à l'observer, haletant. Finalement, mes yeux descendirent jusqu'à mon ventre, saignant lui aussi. Hogart se mit à rire.

— Quelle belle fin de combat... fit-il. Brutale, mais stupéfiante...

J'observai le mur ; autour de lui y étaient plantées d'autres lances, et au milieu gisait son corps, privé de ses deux bras.

— J'ai l'impression... de ne plus ressentir aucune douleur, haleta-t-il. Ce doit être la première fois que je perds un combat.

Je fermai les yeux.

— Et ce sera la dernière, répondis-je.

Il ferma à son tour les yeux, et ne les rouvrit plus. Après un très long silence, j'entendis une voix derrière-moi.

— Garmond !

Je tournai la tête, découvrant Marco. Ses habits étaient en lambeaux, et son corps couvert de plaies sanglantes.

— Que t'est-il arrivé ?! lui adressai-je.

Il avança de quelques pas, et s'écroula à son tour.

— J'ai tenté de me rapprocher... Mais l'énergie dégagée par ces deux bêtes est trop grande, mon corps n'a pu y résister.

Il dirigea son regard vers le cadavre mutilé d'Hogart, et après une seconde de stupeur, se contenta de l'observer sans dire mot. Une pensée s'immisça soudain brusquement dans mon esprit.

— Et la capitale ?! m'écriai-je. Les habitants ?!

Ses yeux se baissèrent, et lentement, il tourna sa tête vers moi.

— La ville n'en est plus une, Garmond...

Je restais ainsi immobile, incapable de dire quoi que ce soit. C'était une vraie catastrophe.

— Certains ont pu être épargnés en s'éloignant, mais ce n'est pas le cas de tous. Une partie d'Equinoctium a purement et simplement été rasée. Et malheureusement, elle ne s'étend pas tout autour de la colline Éclipse...

A son tour il se tut, et interdits, nous observâmes le décor apocalyptique nous entourant. Hogart était mort, le palais était détruit, la capitale était partiellement détruite, les trois quarts de ses habitants étaient vaporisés, Marco était recouvert de blessures, et moi, j'étais incapable de sauver qui que ce soit. Je sentis une larme chaude couler le long de ma joue. L'autre l'aperçut du coin de l’œil, et s'adressa à moi.

— Tu sais... Lorsque nous avons vu Tartiflette pour la première fois, Hogart m'a dit qu'il s'agissait de ton frère cadet.

Je le regardai.

— Il t'a dit ça ?

Marco acquiesça et poursuivit.

— Selon lui, il aurait été emmené par les Raquelaitte à la mort de vos parents. Il dit l'avoir reconnu grâce à la cicatrice au-dessus de son œil, en forme de Lune.

— Je m'en souviens, Tartiflette lui-même me l'a avoué. Cependant, je n'ai aucun frère se nommant Gendô. Son nom n'est inscrit ni dans ma mémoire, ni dans les registres royaux.

— Il m'aurait donc menti ? fit-il.

— Bien que je ne puisse l'expliquer, Hogart était de son côté. Il aurait très bien pu inventer cette histoire, pour une raison ou une autre.

Mon ami hocha la tête doucement, ne sachant quoi répondre. J'enchaînai donc.

— Le général m'a donné quelques informations, concernant le projet de Tartiflette. Selon lui, les créatures s'affrontant dans le ciel sont Solgaleo et Lunala, les divinités protectrices de Puritania. C'est le conseiller qui les a libéré, afin d'invoquer une tierce créature, nommée Zygarde, et ainsi reformer le monde.

— Zygarde... J'ai déjà entendu ce nom... Dans les anciennes légendes, il est dit que ce Pokémon est le gardien de l'écosystème. Il intervient lorsqu'il est en danger.

— Alors c'est ça... murmurai-je. En utilisant Solgaleo et Lunala, il prévoit de bouleverser cet écosystème, pour le forcer à se montrer.

— C'est tout à fait ça.

Je me retournai brusquement, et j'aperçus dans derrière-nous un homme s'avançant. Malgré les secousses incessantes, il n'éprouvait aucune difficulté à se mouvoir. Il s'arrêta à quelques mètres de nous, et dirigea son regard vers le corps de Hogart, gisant contre le mur.

— Mutilé puis empalé... Voilà une fin digne d'un combattant. Tu t'es bien battu, Hogart, repose-toi désormais.

Il marcha jusqu'à son bras droit, et ramassa son épée, traînant non loin. Puis il revint vers moi, et sans que je ne puisse l'apercevoir, il dégaina la sienne, et me les planta dans le dos, m'arrachant un cri de douleur. Pour une raison que j'ignorais, aucun de nous deux n'avait été en mesure de bouger, comme si nous étions paralysés face à cet homme.

— Garmond !!

Pris de spasmes, Marco se leva et tenta de m'aider, mais c'était inutile. Dès qu'il fut debout, Tartiflette arracha l'une des armes de mon corps, et la lança en direction de sa cuisse. De celle-ci jaillit un flot de sang, et il s'écroula au sol, serrant les dents et le visage crispé.

— Qui t'a donné le droit de te lever, au juste ? Et puis, vous êtes tellement mieux à terre. Il faut que cette scène soit impeccable, pour l'arrivée de Zygarde.

Je ne pus m'empêcher de sourire, malgré la gravité de la situation.

— Et quand se montrera-t-il, d'ailleurs ?

— Ce n'est plus qu'une question de secondes. Taisez-vous, et observez simplement.

Soudain, le sol s'illumina de petits points verts, dont l'intensité grandissait rapidement.

— Le voilà...

La terre trembla, mais avec une puissance inégalée jusque là. Un véritable gouffre se forma dans le marbre, et ce qu'il restait des murs finit de tomber. Puis plus rien. Les débris flottaient dans les airs, les secousses s'étaient arrêtées. Seuls restaient les points verts, qui, s'illuminant de plus en plus, nous éblouirent bientôt.

— Zygarde ! Montre-toi ! hurla Tartiflette, levant les bras vers le ciel.

Il y eut alors une gigantesque explosion provenant des tréfonds de la colline Éclipse, et cette dernière s'effondra sur elle-même, emportant les dérisoires constructions, ainsi que les malheureux habitants.

— Garmond ! cria Marco.

Tout alla très vite, et entraîné dans un déluge de pierres et de terre, j'atteignis le sol, sonné. Doucement, je relevai la tête, et lorsque ma vue me revint, je crus m'évanouir. Toute la capitale avait été rasée, et seuls restaient des gravats sur un sol de sable, gagné par la mer. La colline n'existait plus, seule demeurait une étendue blanche, à perte de vue.

Au loin, l'eau fonçait vers nous, projetant des gerbes d'écumes. D'ici quelques minutes, le lieu serait englouti. J'entendis des toussotements non loin, pour ensuite voir Marco émerger du sable. Me précipitant vers lui, je lui tendis mon bras, afin qu'il se relève.

— Regarde... Le ciel !

L'écoutant, je levai la tête vers la voûte céleste, et les yeux écarquillés, je restai là à la contempler. En son centre se trouvaient toujours Solgaleo et Lunala, accompagnés d'une troisième forme. D'ici, j'apercevais un être humanoïde noir. Celui-ci leva les bras, et une sphère verte apparut devant lui. Une seconde plus tard, elle explosa, produisant une onde de choc cataclysmique.

Mon ami me projeta au sol, et de ma position, je pus l'observer. En un instant, l'océan nous entourant fut repoussé à dizaines et des dizaines de kilomètres de là, et les îles formant Puritania furent soufflées, s'effondrant telles des châteaux de cartes. De là où je me trouvais, je ne pouvais que voir sans agir, une nouvelle fois. Devant moi, Puritania s'écroulait.

— Ce n'est que le début. Cette attaque est née de la fusion des pouvoirs des trois Pokémon. Mais Zygarde étant naturellement plus puissant, il peut la maîtriser, fit calmement Tartiflette.

Me retournant, je voulus lui demander pourquoi détruisait-il cette terre, si son rôle était de la protéger, mais la réalité parla d'elle-même.

A une dizaine de mètres de là se trouvait le conseiller, assis sur l'épaule du monstre. Je pus alors constater sa grandeur ; c'était une créature mesurant pas moins de cinq mètres, humanoïde, et recouverte de formes hexagonales vertes. A cela s'ajoutait une longue queue, et quatre autres étranges bras, plats.

— Tartiflette... siffla Marco. Au nom du Soleil, je vais te tuer !

Il se releva comme il put, tremblant de tout son corps, et se servit de l'épée le transperçant autrefois comme d'une canne.

— Le Soleil, tu dis ? demanda le blond, amusé. Un Soleil est censé illuminer ses pairs, ce qui n'est vraisemblablement pas ton cas. Et puis, pourquoi me tuer ? Tous les Puritaniens sont morts, il ne reste plus que nous trois. Qu'est-ce que cela changera, au final ?

Le marchand me regarda droit dans les yeux. Je n'avais plus la force de pleurer, désormais. Tout ce que je voulais, c'était venger mon peuple. Archie, Hogart, et tous les autres. Tous autant qu'ils fussent, leur mort n'était due qu'à Tartiflette. A mon tour, je me relevais, mon épée en main. Derrière, Solgaleo et Lunala s'écrasèrent au sol, provoquant un nuage de poussière.

— Finissons-en, déclarai-je. Ce chapitre ne se terminera pas sans ta mort, Tartiflette.

Celui-ci secoua la tête.

— Non, tu te trompe. Il se terminera avec la création d'un nouveau monde, que je pourrai modeler selon mes désirs. Zygarde m'appartient désormais, il n'a qu'à exécuter mes ordres.

Les deux bêtes se relevèrent, et étant désormais visibles, nous les regardâmes. Jamais, de toute ma vie, je n'avais eu la « chance » de les voir d'aussi près. Mes pieds se mirent alors à bouger sans que je ne m'en rende compte, et je m'approchai du lion, étant le plus près de moi. De l'autre côté, mon ami, boitant dangereusement se dirigea vers la chauve-souris, immobile elle aussi.

— Alors ce sont eux, les gardiens de Puritania... murmurai-je.

Nous fixant du regard, je tendis vers la tête du Pokémon mon bras droit, Marco son bras gauche. Malgré la douleur me parcourant, je ressentais une forme d'apaisement.

Prenez-les.

J'entendis cette phrase dans ma tête, comme un écho. Qui venait de me parler ? Je n'eus pas le temps de le comprendre que ma main toucha la fourrure blanche. Je ressentis alors une puissante brûlure dans ma paume se propager dans tout mon bras, m'en déchirant les entrailles. Du coin de l’œil, je vis que Marco subissait la même douleur.

Alors, mon membre supérieur s'embrasa, illuminé d'une couleur orangée. Ma peau se craquela, et prit bientôt une teinte noire, tel du charbon. Je ne ressentais plus aucune sensation, mais étonnamment, j'avais encore le contrôle de mes nerfs.

Je reculai de quelques pas, et tombai en arrière, haletant.

— Que... Que se passe-t-il ? bégaya le marchand. Mon bras...

Le sien aussi était carbonisé, et entouré d'une flamme argentée.

Voici notre volonté.

Solgaleo se rapprocha de moi, et vint se frotter contre mon corps, provoquant ma stupeur.

— Qu'est-ce que cela veut dire ? s'enquit Tartiflette, sans inquiétude.

— Si nous le savions nous-même, nous pourrions te répondre, fit Marco.

— Stupides créatures...

Il fouilla dans sa poche, et en sortit deux petites sphères violettes, qu'il pointa vers les Pokémon. Rien n'en sortit.

— Que...

Cet homme ne nous possède plus.

Je commençais à deviner cette voix comme étant celle des deux gardiens, s'exprimant à nous par télépathie.

— Que pouvons-nous faire ? demandai-je.

Le regard du lion se plongea dans le mien.

Combattre. Le sceau sur votre paume indique que nous sommes liés.

Intrigué, je la regardai, découvrant un petit rond jaune qui se démarquait des cendres.

— C'est ridicule... Avoir le bras en feu et l'aide de ces Pokémon ne changera rien à votre sort ! Zygarde, pulvérise-les !

Le Pokémon fit agiter ses quatre tentacules, faisant apparaître un rayon vert, qui fila jusqu'à nous. Instinctivement, Marco plaça sa main en avant, et la lune y étant dessinée s'illumina un instant. Aussitôt, Lunala amassa de l'énergie, et de sa gueule jaillit un autre rayon, celui-ci bleu. Le choc des deux provoqua une violente explosion, qui nous projeta au loin.

— Solgaleo ! m'écriai-je dans ma chute. Toi aussi !

Pointant Zygarde de ma main, le soleil s'illumina, et entouré d'une gigantesque sphère orange, le lion fit apparaître une magnifique cascade horizontale, qui se déversa à toute vitesse vers le géant.

— Vos attaques sont inutiles, fit calmement Tartiflette. Zygarde, Sanction Suprême.

Le jeune homme descendit de son épaule, et le Pokémon se propulsa à travers le ciel. Lorsqu'il fut suffisamment haut, il recourba ses tentacules vers un point unique, et de petits hexagones bleutés apparurent. La seconde d'après, un énième rayon se forma, infiniment plus puissant que les autres. Au contact de la terre, une déflagration titanesque eut lieu, s'élevant sur des centaines de mètres de haut.

Mes oreilles bourdonnaient, mon nez et ma gorge me brûlaient, mes yeux étaient clos. Hormis la chaleur me calcinant le visage, je ne sentais rien. Je me mis soudain à tousser, et plus je toussais et plus mes poumons souffraient. Pourtant, je ne pouvais pas m'arrêter. J'avais l'impression de m'étrangler, et j'en tombai à genoux.

Après quelques temps, la fumée disparut, et relevant légèrement la tête, je vis que les deux gardiens nous avaient protégés. Toute leur force avait été consacrée à la matérialisation d'un bouclier pour nous, et en conséquence ils avaient été sévèrement atteints. Et je me retrouvais ainsi au sol, peinant à respirer. Ma tête me tournait, et observant mon abdomen, je compris que la perte de sang y était pour quelque chose. J'étais couvert de liquide hématique, et je devinais qu'il devait être également dispersé ailleurs. Me voyant à terre, Marco se précipita vers moi.

— Garmond ! s'exclama-t-il. Tout va bien ?!

— O...

Une nouvelle quinte de toux me coupa la parole, et je crachai un flot de sang noirâtre. Cette substance continua de couler de ma bouche, comme déversant tout le contenu de mes veines pourries.

— Je crois que c'est la fin, souris-je à mon tour. L'infection arrive à son paroxysme, et j'ai perdu trop de sang...

— Non, Garmond... Tu ne peux pas me laisser avant que nous l'ayons tué ! J'ai besoin de toi ! Reste en vie ! Même étant le Soleil, tu dois m'aider !

Je secouai doucement la tête.

— Tu n'as toujours pas compris... murmurai-je. Marco, tu n'es pas le Soleil. Si tu souhaite être une incarnation divine, alors tu devrais être la Lune.

— Non... Je sais que c'est Tartiflette !

— La Lune est la protectrice de Puritania, au même titre que le Soleil. On n'oserait qualifier un ennemi ainsi... Regarde nos symboles respectifs, et tu comprendras...

Son regard se porta vers son bras, brûlant d'un feu argenté.

— Je dois te dire quelque chose... poursuivis-je. Nous en avons déjà parlé avant, mais cet homme n'est pas mon frère cadet. Pourtant, j'en ai bien un, et c'est toi, Marco Rey.

Il écarquilla les yeux, bégayant.

— Mais... Mais enfin... C'est impossible ! Je suis plus vieux que toi, Garmond ! Et puis même, je me souviendrais avoir vécu au palais !

— Là non plus tu ne comprends pas, souris-je. En effet, tu es plus vieux. Et c'est pour une bonne raison : de nous deux, c'est toi l'aîné. C'est à toi que l'on aurait dû confier le trône à la mort de père et mère, pas à moi. Tu n'as supporté leur mort, et tu as tenté de mettre fin à tes jours. Bien que tu t'en sois sorti, tu es resté inconscient pendant des mois, et à ton réveil, plus aucun souvenir. Je pris alors les rennes du Royaume à ta place, et tu fus évincé du trône. Navré de t'avoir caché ça tout ce temps, mon frère...

Je vis de grosses larmes rouler le long des joues de Marco, et à cette vision elles me vinrent également. Je me devais de lui avouer ça, maintenant que ma mort était certaine. Alors je levai mon bras, et le tendit vers lui, poing fermé.

— Prends-là, cette volonté.

Son regard s'abaissa d'abord à ma main enflammée, puis il revint vers mon visage. Lentement, et par des mouvements saccadés, il leva son bras droit, et l'approcha. A une vingtaine de centimètres, il s'arrêta.

— J'ai tellement de choses à te dire... murmura mon frère. Et tellement d'autres à te demander... Pourquoi tout doit-il s'arrêter maintenant ?

— Toutes les belles histoires ont une fin, souris-je. Et il en va de même pour les tristes. La tragédie de notre vie prend fin aujourd'hui. Au fond, Tartiflette a raison, c'est un nouveau monde qui se crée. Puritania a disparu, les Rey également, tout s'est éteint. Cette planète ne sera plus jamais la même, quoi qu'on en dise. Elle aura un futur, un avenir qui, bien qu'inconnu, sera certainement radieux. Certainement la paix disparaîtra, certainement la guerre corrompra les générations futures, mais je prie pour qu'un jour, elle disparaisse. Mais pour cela, il faut que notre ennemi meure. Et pour ça, je compte sur toi ; prends ma place, Marco.

Il écouta mes paroles jusqu'à la dernière syllabe, puis ferma les yeux. Alors il approcha son poing, et l'appuya contre le mien. Une douce brise vint nous caresser le visage, soulevant quelques poussières autour de nous. Une larme coula le long de ma joue, puis plus rien.

Protège l'avenir, mon frère.

*****
[size=3]Marco Rey[/size]
La silhouette de mon frère disparut dans un volute de fumée, ne laissant que des traces carmines sur le sol sablonneux. Mon bras était toujours tendu vers le bas, dans une position inchangée.

Mais il possédait le Soleil. Je ramenai mes deux mains devant moi, et observai mes paumes. Dans la gauche, un petit croissant de lune argenté était dessiné. Dans la droite, c'était un petit rond jaune.

— Eh bien, où est passé le Roi ? ricana Tartiflette. Il a prit la fuite ?

— Non, répondis-je sèchement.

Tout m'apparaissait clair, désormais. Depuis le jour où j'avais été promu à la présidence de la Guilde des Commerçants, ma manière de penser avait changé. Au début, c'était imperceptible, mais avec le temps, j'étais devenu avide de puissance comme de pouvoir. J'avais tenté de prendre le rôle de monarque quand mon frère était incapable de gouverner, et j'avais cru être un héros national. Au fond, je le savais...

— Je ne suis qu'un homme parmi tant d'autres, continuai-je. Sans les autres, jamais je n'aurai pu avancer dans la vie, je le sais. Je suis la Lune. Garmond est le Soleil. Un Soleil qui brûle encore ardemment dans mon cœur, et que j'emporterai avec moi dans l'autre monde.

— Je vois... Et que vas-tu faire, désormais, si ce n'est inventer de jolies déclarations ?

— Te tuer. Pour toutes les vies que tu as toi-même détruit. Mon frère... C'est avec honneur que je te succède... au titre de Grand Rey. Je veux juste savoir une dernière chose. Pourquoi fais-tu ça ? Pourquoi veux-tu recréer un monde ? Est-ce simplement pour le diriger ?

— En effet, c'est un point important, mais ce n'est pas tout. Je hais cet univers, où tout dépend des plus forts. La paix que nous vivons aujourd'hui est bien fragile, et il ne tient qu'aux dirigeants de choisir d'y mettre fin. Un simple humain sans pouvoir ne peut réclamer une vie tranquille, il est impuissant.

— Mais la paix dure depuis plus d'un siècle, désormais ! Peut-être même que lorsque tu seras mort, elle durera encore.

— Oui, répondit Tartiflette, mais un jour, elle cessera. Et ce que je fais aujourd'hui, c'est en prévision de cet avenir. Je veux qu'il ne soit jamais terrible !

Je fronçai les sourcils.

— Et pour cela, tu juges nécessaire d'éliminer des millions de gens ?!

— De toute façon, tout le monde mourra, fit-il sèchement. Tu ne comprends vraiment rien, Marco Rey. Tant que les Hommes seront en vie, le malheur perdurera. C'est une espèce tellement complexe que lorsqu'ils auront tous disparus, jamais une autre forme de vie leur étant semblable ne pourra reparaître. Seuls resteront les Pokémon, commandés par une seule personne : Tartiflette.

Je serrai les poings, ses idées générant en moi une profonde rage.

— Dans ce cas-là, je te tuerai. Et même si par cela je dois provoquer la guerre, je sais qu'elle ne sera pas éternelle. Comme l'a dit mon frère, viendra un jour où les enfants de ce monde fragile se lèveront, et le répareront. Des vies seront certainement perdues, mais j'ai foi qu'elles ne soient qu'un timide nombre, en comparaison de ton projet. Alors Tartiflette, il est temps de disparaître !

— Soit. Zygarde, envoie cet inconscient en enfer !

Le Pokémon Dragon s'éleva haut dans les airs, chargeant une nouvelle fois sa Sanction Suprême. Il trônait ainsi dans ce ciel déchiré, séparé en deux.

— Solgaleo, Lunala, nous avons deux missions, leur adressai-je doucement. La première est de vaincre cet homme, et la deuxième est de réunifier le jour et la nuit. Je compte sur vous.

Malgré leurs blessures, les deux créatures se relevèrent comme elles purent, l'une battant timidement des ailes, l'autre chancelant presque sur ses pattes.

— Ne vous en faîtes pas, souris-je. C'est bientôt la fin.

Je m'en approchai, et posai mes mains sur eux. Ils s'illuminèrent alors, et les flammes entourant mes bras gagnèrent en intensité. Peu à peu, elles recouvrèrent mon corps, seule ma tête dépassant. Mes habits comme ma peau brûlèrent, et prirent une teinte noire. C'était douloureux, mais les blessures de mon cœur l'étaient infiniment plus.

— Harmonie.

Les petites flammes devinrent un terrible brasier doré et argenté, carbonisant jusqu'à mon âme. Puis le ciel devint blanc, toile vierge seulement troublé par Zygarde, préparant son attaque. Au sol se tenait toujours Tartiflette, ne souriant plus.

— C'est fini, articulai-je. Tu a perdu, Gendô.

Il ne me répondit pas, ce qui témoignait de son inquiétude.

Mes flammes s'étendirent jusqu'à la voûte céleste, mélangeant dans cette toile nacrée le bleu et le rouge. Comme ces deux couleurs, le jour et la nuit s'harmonisaient, reprenant leur aspect normal.

Mon âme, hôte du jour et de la nuit, se déchirait petit à petit, les accompagnant à leur place originelle. Je le sentais, je l'apercevais, pourtant je vivais. Et dans mon cœur vivait aussi Garmond. Nous étions unis, mais tandis qu'il était le Soleil, j'étais la Lune. Je savais où nous irions tous deux, et je n'en étais aucunement attristé. Le monde tel que nous le connaissions avait disparu, seuls restaient le désespoir et l'espoir futur.

Puis plus rien. Zygarde libéra toute sa puissance, et le ciel s'harmonisa. Un pilier de lumière noire engloba ce qui était autrefois Puritania, balayant l'eau marine à des centaines de kilomètres de là. Toute la matière de ce lieu fusionna, donnant naissance à quelque chose d'autre. La forme la plus pure et la plus puissante de l'énergie, qui anéantit jusqu'au dernier atome ce qu'il restait des îles.

L'incommensurable force dégagée brisa les plaques tectoniques à l'endroit où se trouvait autrefois notre royaume, provoquant une série d'éruptions qui, au fil des années, donna naissance à un nouvel archipel, bien plus petit que Puritania.

Où étais-je ? Plus de ce monde, certainement. Non, je le savais. Mon existence avait été séparée entre le jour et la nuit. De manière plus précise, j'étais devenu la nuit. Mon frère, quant à lui, était devenu le jour.

Nous étions ainsi condamné à nous observer, sans jamais pouvoir nous atteindre de nouveau. Comment devrais-je nous appeler ? Marco ? Garmond ? Non. Nous ne formions plus qu'un tout, nous étions l'harmonie, Grand Rey.

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Ainsi se termina l'histoire de Puritania. Un seul homme réchappa de cette destruction massive. Il se nommait Gustavo Raquelaitte, père adoptif de Gendô Raquelaitte, et grand marchand. Lors de l'affrontement, il se trouvait dans Yhuôn, l'ancienne Hoenn, afin de régler des affaires commerciales.

Rapidement, la nouvelle de la disparition de l'archipel se répandit, et lui-même en eut vent. Étant l'un des plus proches collaborateurs de Tartiflette, et connaissant tous ses plans, il déclama partout où il allait que son fils, Gendô, avait orchestré cet événement. Bien entendu, ses dires ne furent pas immédiatement crus, mais avec le temps ils devinrent une rumeur parcourant l'ensemble des régions.

Peu après, Gustavo fut assassiné, en raison de son histoire. Une nation entière disparut du globe, emportant avec elle d'innombrables accords commerciaux, ainsi qu'une richesse immense. La banque du monde n'étant plus, la guerre s'installa entre les royaumes, ceux-ci voyant là une possibilité de gagner le pouvoir suprême. Elle dura vingt années, et fut nommée Guerre Puritanienne, en hommage au pays du même nom.

Après elle, une grande partie de la population mondiale se souleva pour réclamer une nouvelle paix. Malheureusement, leur demande ne fut pas entendue par les dirigeants, qui une fois les royaumes reconstruits, la relancèrent.

Les années passèrent, sans que la paix ne se remontre. L'espoir fut alors perdu, et une vieille légende revint. Celle disant que l'homme à l'origine de la destruction de Puritania, l'homme à l'origine de tout ce chaos, se nommait Gendô Raquelaitte.

Cette deuxième guerre marqua alors un tournant dans l'histoire de la planète, comme l'humanité entra dans ce qui s'appelle aujourd'hui l'ère Gendô. Dix ans. Vingt ans. Trente ans. Cent ans. Deux cent ans. Au fil des siècles, l'espoir d'une paix nouvelle disparut avec les gens, et lorsque l'ancienne génération se fut éteinte, plus personne n'osa y songer.

Entre temps, de nombreux biologistes du monde entier se réunirent, et planifièrent de réintégrer certaines espèces de Puritania, protégées dans d'autres régions. Une expédition de repeuplement fut alors lancée, et l'archipel fut nommé Alola, en honneur au grand chercheur Alan Erdola, à l'origine de cette initiative.

Mille ans passèrent. Mille ans pendant lesquels Alola put se reconstruire. Mille ans après l'époque où vivaient Garmond, Marco, et Tartiflette, la guerre perdura. Jamais plus elle ne s'éteignit, et la Terre resta dans l'ère Gendô.

Ainsi commença l'histoire d'Alola.



Voilà, le prologue de Pokemon is Real Life se termine.
J'espère que vous avez apprécié, et si tel est le cas, n'hésitez pas à m'en faire part.
Vous vous en doutez sûrement, mais il y aura une suite.
Mille ans plus tard.