Chapitre 7 : Fear For The Future
Quatre années passèrent, cours laps de temps pour les humains limités par le temps dans leur vie, mais long laps de temps pour les Légendaires qui vivaient éternellement. Leurs occupations se résumaient à protéger le monde, faire leurs devoirs, manger et dormir, bref rien de passionnant. Celles des humains se résumaient à se lever, manger, aller travailler, aller conduire les enfants à l'école, s'assurer d'avoir assez d'argent pour pouvoir nourrir sa famille, bref rien de bien passionnant non plus. Leur courte existence leur imposait des contraintes comme le fait de bien vivre sa vie et ne pas la regretter. Ils étaient aussi sujets aux maladies, et certaines blessures graves pouvaient leur enlever la vie, celle-ci ne tenant parfois qu'à un fil. Une fois qu'un être humain mourrait, il était oublié après un certain temps, sauf s'il avait accompli un acte mémorable au cours de sa courte existence.
Les Légendaires étaient intemporelles, qu'importe le temps qui passait, ils ne seraient jamais oubliés. Par contre, les humains disposaient de ce côté assez bestial, ce qui fait qu'il ne pouvait s'empêcher de faire la guerre aux autres dans le but de s'accaparer leurs richesses ou tout simplement de se montrer plus puissant que ses voisins, tout ça dans une quête absurde de pouvoir. C'est pour cela que les élus des Dieux étaient triés sur le volet, dès lors une sélection draconienne s'opérait, même si parfois Arceus n'exécutait pas les bons choix. Ils vivaient en paix et se battaient peu ou pas du tout sauf si un fou débarquait avec ses inventions, ou qu'un Humain Légendaire déraillait pour quelques obscurs raisons inconnues des autres. Ils pouvaient guérir de leurs blessures même des plus graves, du moment qu'ils n'étaient pas décapités ou démembrés. Bref, ils incarnaient des Dieux intemporelles et quasiment immortels.
Ce jour-là, Arceus allait s'en souvenir longtemps. On était au mois de juin, il faisait beau avec une légère brise qui jouait dans les branches des arbres, les faisant balancer tout doucement. Arceus somnolait dans la Salle Omnipotence. Depuis quelque temps, il était en proie au doute, comme si quelque chose de terrible allait se passer et provoquer un désastre sans nom. Il se réveilla précipitamment, ayant senti un mal ténébreux et puissant quelque part sur terre. Il regarda dans tous les coins de sa création, à commencer par le Chemin Source de peur qu'un fou n'ait encore été tenté d'ouvrir le portail menant au Monde Distorsion retenant captifs Giratina, Darkrai et Lucifer. Il ne vit rien à cet endroit, rien n'avait changé en quatre ans, si ce n'est que des Pokémon sauvages et extrêmement agressifs s'y trouvaient. Zeus, Dieu du Ciel et Humain Légendaire d'Arceus, aux courts cheveux gris en bataille mais avec un air jeune et aux yeux gris qui reflétaient la sagesse, portait une armure de diverses couleurs, était reconnaissable grâce à ses ailes d'anges bruns et à sa longue hache qui dégageait une constante aura électrique pouvant tout griller sur son passage. Il s'approcha du Créateur et posa sa main sur son épaule, ce qui fit tressaillir le Divin perdu dans ses pensées.
- Ça va aller, murmura Zeus qui se voulait rassurant.
- Oui, ça va aller, répondit Arceus pas plus convaincu que ça.
D'un coup, il frissonna de nouveau, ayant enfin repéré la cause de son malaise. Son regard s'était perdu au-dessus de Bonaugure et plus précisément au-dessus de l'ancienne maison familiale d'Hélio qui n'était toujours pas sorti de sa sphère. Il s'y tenait une jeune femme du nom d'Erika, son mari Gauthier et leur dernier-né, un certain Niels. Le danger planait sur l'homme de la famille. Celui-ci disait au revoir à sa famille avant de s'éloigner pour partir sur un lieu de fouille archéologique.
Sur terre, Gauthier, jeune homme au court cheveux blonds et aux yeux bleus rieurs, embrassa sa femme, aux longs cheveux châtains et aux yeux verts pétillants, et prit son fils dans ses bras. Il s'apprêtait à visiter les Ruines Bonville avec d'autres collègues. Il était persuadé de trouver quelque chose de spectaculaire là-bas, son flair ne le trahissait presque jamais, à une ou deux exceptions près.
- Pourquoi je peux pas venir ? interrogea l'enfant insouciant.
- Tu dois comprendre Niels. Ce sera long et peut-être dangereux du fait que ce sont d'anciennes ruines qui peuvent s'effondrer à tout moment.
Le jeune garçon aux cheveux blonds mal coiffés le dévisagea avec une petite mine de Medhyena battu dans l'espoir d'attendrir son père et de partir sillonner ce nouvel endroit. Son père l'amenait souvent donc il ne comprenait pas son refus. Il n'avait que 7 ans, mais il savait déjà ce qu'il voulait, dans ce cas c'était d'accompagner son père même si la dernière fois cela c'était mal passé.
C'était il y a presque 6 mois. Il avait suivi son père pour explorer la Grotte Revêche car il espérait y trouver des gemmes pouvant permettre de méga-évoluer certains Pokémon. Ils étaient passés par Charbourg, y avaient fait escale et étaient ensuite reparti à l'aube en empruntant les chemins escarpés qui devaient mener à la grotte. L'accident était survenu en fin de soirée alors qu'il marchait le long d'un col très étroit et dangereux. Le passage sur lequel s'aventurait Niels était friable et ce qui devait arriver arriva, le chemin de roche céda et Niels glissa le long de la falaise avant de tomber lourdement sur sa jambe. Il avait chuté sur facilement 5 à 6 mètres. Dans la dégringolade, sa jambe avait émis un craquement sinistre ce qui avait fait hurler de douleur le jeunot. Son père avait cherché longtemps à le rejoindre mais la nuit sans lune ne le laissait rien voir à plus d'un mètre et la torche n'offrait pas plus de visibilité. Niels n'avait pas osé dormir de toute la nuit, sentant des Pokémon prêt de lui en train de l'épier.
Au petit matin, une famille de Vosturno dirigeait par une Vaututrice l'avaient pris en chasse comme une vulgaire proie. Ils le lasseraient de toutes parts, faisant couler du sang par les nombreuses blessures. On voyait bien qu'ils ne disposaient pas de gros gibier depuis longtemps car ils le regardaient avidement. Niels se contentait de hurler, ne pouvant pas bouger du fait de sa cassure, et il se protégeait les yeux de peur que les vautours viennent le lui gober. Soudain, les vautours s'étaient arrêtés de l'attaquer et avaient levé les yeux au ciel. Niels retira les mains de son visage et leva aussi ses yeux. Son père était perché sur son Roucarnage et il avait l'air furieux. Jamais Niels ne l'avait vu dans cet état et il se mit à trembler. Il sortit un Lucanon, nouveau Pokémon venant d'Alola, et lui ordonna de tuer les Pokémon. Le Pokémon lucane fit frémir ses ailes et il se précipita sur les cinq Vostourno qu'il taillada en pièce avant qu'ils n'aient eu le temps de réagir. Vaututrice aberré par cette situation et prit de panique, s'enfuit sans demander son reste. Lucanon le rattrapa vite fait et enchaîna Fatal-Foudre sur Fatal-Foudre. Il tomba misérablement au sol, une odeur de chair grillée se mêlant à l'odeur de sang de sa pré-évolution. Niels n'osa rien dire, mais il était écœuré de la réaction de son père qui ne s'en prenait jamais aussi sauvagement à des Pokémon. Il le regarda et vit qu'il détenait quelque chose de bestial au fond de ses yeux, ce qui le fit recroqueviller sur lui-même. Son père banda sa jambe, l'installa sur Roucarnage et retourna déposer Niels à la maison sans un mot, avant de repartir à la grotte. Finalement, il n'avait rien trouvé et Niels avait gagné un plâtre à sa jambe.
Il regarda son père droit dans les yeux pour le faire changer d'avis mais il lui hurla dessus :
- Non, c'est non, c'est trop dangereux et tu viens à peine de sortir de ton plâtre. Tu restes ici, un point c'est tout.
Il n'insista pas davantage, ayant peur des réactions de son père. Ce dernier s'éloigna sur le dos de son Roucarnage, résolu à arriver le plus vite possible aux Ruines histoire qu'il puisse l'explorer le plus vite possible et résoudre l'énigme des gens qui disparaissaient mystérieusement en s'approchant de cet endroit. Il partit, la boule au ventre, la nausée le tenaillant. Il transpirait à grosse goutte et sa respiration était saccadée. Il savait que quelque chose allait arriver.
Arceus regarda cet être abject engueuler son fils qui était terrorisé. Il se dit qu'il avait peut-être raison de ne pas l'emmener au vu du danger, mais il aurait pu lui expliquer plus calmement. Il sortit de la Salle Omnipotence, marre de l'observer. Il y reviendrait que s'il sentirait un danger. Il tourna son regard vers une autre salle, dorée celle-là, et décida d'y entrer. La Salle Sphérique devait son nom, non pas à cause de sa forme, mais au fait qu'elle conservait les orbes contenant les âmes des Humains Légendaires qui avaient péri lors de la dernière guerre. Cela faisait longtemps qu'il n'y était plus venu du fait qu'il ne devait pas ressusciter un de ses compagnons. Néanmoins, il voulait s'assurer de la date butoir à laquelle certains Humains reviendrait.
Il passa devant la sphère de Thanatos sans s'en préoccuper pour aller vers la sphère de... Il s'arrêta une minute, laissant sa patte avant droit en suspend dans les airs. Il n'en revenait pas de ce qu'il avait vu, il devait rêver, ou il était devenu fou et était en train d'halluciner. Il se retourna avec effroi, n'osant pas y croire : la sphère de Thanatos était vide de son contenu, comme s'il était revenu en vie, ou qu'il s'était échappé. Il s'approcha prudemment et s'aperçut qu'elle était fendue de toute part. Qu'est-ce que ça pouvait bien dire ? Il se souvint qu'il avait vu Hélio plusieurs fois et il était particulièrement sombre ces derniers temps. Il y avait peut-être un rapport. L'affolement commença à le gagner, non ce n'était plus de l'affolement à ce stade mais de l'épouvante. Si Thanatos s'était libéré, il cheminait droit à la catastrophe. Il leva les yeux, regarda en bas, à gauche, à droite, en haut, partout où son regard pouvait se poser. Son ventre se comprimait en proie à un stress immense, il se plia de douleur, mais ce n'était pas le moment de se sentir mal. Il courut hors de la salle en haletant. Il n'y avait presque peu de Légendaire, chacun vaquant à l'équilibre du monde. Il poussa un Jugement tonitruant, espérant qu'il se fasse entendre du plus grand nombre possible de ses enfants. Ils avaient déjà essuyé des pertes lorsqu'ils avaient affronté les trois comparses du Monde Distorsion, mais ici il ne se tenait qu'un seul Dieu, un seul obstacle, mais bien plus puissant que tout ce qu'ils pouvaient imaginer. Quoique quand il y repensait, il se demandait qui était le plus dangereux entre Thanatos et Lucifer, se souvenant de sa dernière altercation où il avait pissé dans son froc !
Du côté de la Salle du Silence où était enfermé Hélio, ce dernier et trois jeunes femmes s'affairaient à détruire la sphère. Maintenant qu'Arceus s'était rendu compte qu'il avait été berné, il n'était plus question de le laisser sortir. Cela allait être d'une simplicité enfantine de sortir de là. Après tout, ça faisait des années qu'il tissait tranquillement sa toile sans se faire remarquer, mais il y était enfin parvenu, il était entré dans la sphère et avait pris possession du corps d'Hélio pour pouvoir sortir d'ici à la conquête du monde. Bien qu'Hélio s'était maintenu en forme, il n'avait rien su faire pour empêcher cet évènement d'intervenir. Thanatos était dans son corps, ayant relégué l'esprit du jeune homme dans son subconscient. Il n'était plus qu'un spectateur.
La sphère présentait de nombreuses fissures. Saturne, Mars et Jupiter, qu'ils avaient su manipuler grâce à ses pouvoirs, étaient en son contrôle. Elles combinèrent leurs pouvoirs et la sphère céda dans un grand fracas, tellement grand qu'il ébranla la Salle Originelle dans son entièreté. Même dans la Salle du Silence, le bruit s'entendit, malgré le fait que le silence était d'ordre ici. Un souffle et un nuage de poussière se répandirent dans l'entièreté de la demeure, détruisant les piliers qui la soutenaient, Arceus fut balayé comme un fétu de paille et s'encastra dans un pilonne avant de s'effondrer lourdement, soulevant bien plus de poussière que la destruction de la sphère avait causée. La poussière demeura longtemps avant de retomber et de former une épaisse couche de saleté.
Thanatos sortit des débris de la sphère et se dirigea vers la sortie, suivit de ses trois lieutenantes. Ils passèrent devant un Dialga hors d'état de nuire, s'aventurèrent dans les couloirs, constatèrent avec surprise le Créateur allongé sur son flanc. Thanatos s'aventura dans la Salle Omnipotence pour chercher ce qu'il voulait. Il était encore faible et allait devoir attendre encore quelques années. En attendant, il allait former une Team, qu'il appellerait la Team Apocalyptico, resterait dans l'ombre le temps de se constituer une armée, puis il partirait en guerre pour détruire les Légendaires ainsi que le monde. Il avait d'abord besoin d'un scientifique pour créer des armes efficaces comme avaient su le faire l'ancien chef de la Team Galaxie, Pluton et tant d'autres. Il sortit précipitamment de la salle, toujours suivit des trois femmes et descendit les escaliers menant aux Colonnes Lances. Ils masquèrent leur présence pour éviter de se faire voir par le Dieu Suprême et s'élancèrent dans les ombres des colonnes sur les traces de leur proie.
Suicune et Vénus, croisèrent Thanatos et ses complices sans le savoir, ils étaient trop concentrés sur ce qui se passait dans la Salle Originelle. Il monta rapidement les escaliers et ne put que constater les dégâts. Il déposa Vénus et partit en direction de la Salle du Silence sans un mot, furieux contre lui-même de ne pas avoir put protéger l'homme qu'il aimait, furieux contre Hélio de ne pas lui en avoir plus parlé et furieux contre Arceus de ne pas l'avoir pris au sérieux. Il arriva et constata que la sphère pouvait se résumer à un tas de débris. Dialga bégayait des "désolé" à tout bout de champ ce qui l'irritait au plus haut point, avant de sortir pour rejoindre son Père. Il le suivit en proie à une rage non contenue. Beaucoup de Légendaires étaient présents et aidaient Père à se relever. Ils s'arrêtèrent quand le Dieu des Vents Polaires arriva et les dévisagea avec un visage déformé. Lui qui était d'ordinaire si beau, si calme, si posé et qui ne cédait jamais à la rage, n'avait plus rien de tout ça. On aurait dit un monstre avec des envies de meurtre, un monstre sans cœur, sans âme et sans pitié, prêt à les étriper. Il faisait peur et beaucoup frémir en le voyant. Même Seth et Raïkou n'en menaient pas large, c'était à eux de courber l'échine maintenant. Suicune s'approcha d'eux, menaçant, et fit claquer ses mâchoires à quelques millimètres de leurs visages. Il était prêt à déchiqueter n'importe qui ici qui l'ouvrirait de travers.
- Il suffit Suicune, je comprends ta rancœur mais nous devons rester unis, supplia Arceus.
- La ferme, tu parles de rester uni mais tu n'es même pas capable de veiller sur le bien-être de l'un d'entre-nous, s'égosilla le félin. Cela n'aurait pas dû arriver si tu m'avais écouté.
- Il est vrai que j'ai fait une erreur regrettable, mais je vais tout arranger, justifia le Dieu.
- Des erreurs, tu ne fais que ça. Giratina, Darkrai, Lucifer, Pluton, Hélio, Thanatos par deux fois. Arrête de dire que tout va aller. Tu n'es qu'un menteur, beugla Suicune.
Les autres Légendaires ne savaient pas où se placer, s'ils devaient défendre leur Père ou Suicune même si ce dernier n'avait pas tout à fait tort. Suicune savait ce qu'il devait faire, il ne voulait plus être à la botte de cet incapable. Il déclencha une tempête qu'il abattit sur son Créateur qui ne fit rien pour l'éviter. Il provoqua une tempête tellement forte que l'on ne parvenait plus à voir devant soi. Suicune s'enfuit, il voulait juste retrouver Hélio et l'aider, même s'il n'était plus lui-même. Il masqua sa présence comme lui avait appris son amoureux. Il savait où il allait, il sentait sa présence. Il l'avait senti aussi tantôt mais il avait été trop dissipé pour y faire attention. L'attitude d'Arceus le dégoûtait au plus haut point. Il marmonna un "incapable" et accéléra sa cadence, sans remarquer qu'il était poursuivi par le félidé jaune et Seth.
Gauthier venait d'arriver aux Ruines Bonville, il avait salué ses collègues et pris ses quartiers en plantant sa tente près des autres. Le temps était à l'orage, ils ne pourraient pas aller explorer les ruines ce soir, ils devraient attendre le lendemain matin. Il s'installa dans sa couche et s'endormit comme une souche, ne sachant pas que le camp était surveillé par un esprit maléfique.
Il se réveilla tôt au matin, le sol était détrempé, il avait plu, tempêté et le ciel s'était fendu toute la nuit à cause des éclairs et du tonnerre, ce qui fait que certains n'avaient pas trouvé le sommeil. Lui-même s'était plusieurs fois réveillé de par le bruit, mais aussi de par son excitation et surtout de par sa peur. Il prit un rapide déjeuner composé de croissants, prit son matériel et se dirigea dans les ruines. Les ruines étaient un endroit étrange, prisent dans une perpétuelle brume mauve claire, et étaient un vrai complexe labyrinthique. Il s'aventura profondément tout en attachant une corde solide à un pilonne de l'entrée. De nombreuses heures passèrent sans qu'il ne s'en rende compte, perdu dans ses pensées. Il avait fait de nombreux détours, mais il était soulagé de s'être rattaché à une corde, sinon il se serait perdu à coup sûr. Il n'avait pas encore découvert pourquoi des personnes disparaissaient mystérieusement, mais il savait que s'il passait quelques jours ici, il découvrirait la solution de l'énigme. Soudain il sentit la corde bouger violemment comme si on essayait de le tirer en arrière ou de le prévenir que quelque chose n'allait pas. Il remonta la ficelle en courant et en chutant plusieurs fois. Il lui fallut plusieurs heures pour remonter ce dédale.
Il était enfin parvenu à l'entrée et constata avec stupeur qu'il faisait nuit. Il se glaça d'effroi quand il constata la mare de sang à ses pieds. Le camp était en feu, il ne restait rien, absolument rien. Il n'avait pas le temps de se demander ce qui s'était passé et où étaient ses collègues car il prit ses jambes à son cou, de peur de mourir aussi dans d'atroces souffrances, de circonstances funestes. Il aurait le temps d'enquêter plus tard quand il sera en sécurité. Il galopa, le plus vite et le plus loin possible, mais il avait l'impression de ne pas avancer. Le vent souffla abruptement et une couche de glace se forma devant lui. Des stalagmites sortirent du sol pour lui couper la retraite. Il était piégé, la glace formant un large cercle autour de lui. Il se retourna et constata qu'il ne se tenait pas seul : il y avait un homme aux longs cheveux bleu coiffés en queue de cheval lui jetant un regard méprisant et qui lui rappelait quelqu'un, une jeune femme aux longs cheveux rouges, une autre aux longs cheveux noirs et la dernière aux longs cheveux roses. L'homme aux cheveux bleu sortit une Pokéball qui libéra un Cornèbre, un Pokémon que Gauthier détestait par-dessus tout.
- Tu te souviens encore de lui, s'étonna Thanatos.
- Qui... qui es-tu ? bredouilla-t-il.
- Allons ne vient pas me dire que tu ne te souviens pas de ton fils, Hélio, même s'il n'est que relégué au rôle de figurant.
Gauthier déglutit, avait-il bien entendu le nom de son fils qu'il avait renié quand celui-ci s'était enfui pour ne plus revenir ? Il le fixa dans ses yeux et vu qu'il disait la vérité. Au fond de Thanatos, Hélio tressaillit, n'espérant plus jamais croisé le regard de son géniteur et fut pris d'aversion pour cette abomination. Cette réaction arracha un sourire effroyable à Thanatos, Gauthier en trembla car il ne comprenait pas ce qu'il attendait pour le tuer. Il voulait certainement faire durer le plaisir de le voir à la limite de faire dans son froc ou peut-être avait-il d'autres projets pour lui. Cornèbre s'envola à toute vitesse pour venir le percuter et taillada son corps à de nombreux endroits sans lui infliger des blessures trop graves. Le scientifique brailla de douleur, il avait l'impression que des milliers d'aiguilles s'amusaient à s'enfoncer dans sa chair. Le sang gicla dans tous les sens, ce qui fit glousser les quatre protagonistes. Il avait des éraflures dans tous les coins, mais le déversement de sang n'était pas trop dramatique pour qu'il puisse rendre son dernier souffle. Il sortit son Roucarnage pour pouvoir s'enfuir par la voie des airs, puisqu'il ne pouvait espérer s'enfuir par la voie normale bouchée par la glace. Il n'eut pas le temps de grimper dessus car son oiseau reçut une tornade de glace. Il ouvrit de grands yeux en constatant que c'était une des femmes qui avaient exécuté cette attaque.
- Super, je suis en présence d'un phénomène de foire, marmonna-t-il.
L'oiseau poussa un grand cri quand il fut percuter par les stalagmites qui s'étaient détachées du sol pour se propulser à grande vitesse sur lui. Il chut lourdement au sol, une aile en lambeau qui pendouillait tristement. Il ne pourrait plus jamais voler. Il voulut le rappeler dans sa ball, mais cette dernière ne fonctionnait pas, des minces filets ténébreux empêchaient le système de fonctionner. Et dire qu'il avait inventé un tel système pour les ball des enfants de moins de 12 ans pour leur interdire de faire des bêtises et de partir en voyage initiatique sans connaître les bases du dressage. Son invention se retournait un peu contre lui, conscient qu'il ne pourra pas compter sur l'aide de ses créatures. Le Pokémon ébène transperça le volatile beige qui poussa un long hurlement déchirant avant de rendre son âme. Il s'acharna sur son cadavre pour en prélever des lambeaux de chair qu'il dégustait voracement. Hélio fut dégoûté de ce spectacle, n'ayant pas appris à ses Pokémon d'être aussi sauvages et barbares. Il en avait fait des machines de guerre, des machines à tuer, sans états d'âme ni d'émotion. Il hurla de tout son cœur ne pouvant supporter un tel massacre. Thanatos s'en amusa, puis participa au festin en plongeant sa main dans le corps de l'oiseau pour en extirper son cœur et croqua dedans, ce qui fit dégouliner le sang sur lui. Hélio hurla de plus belle, écœuré par tant de cruauté et de mauvais goût. N'en pouvant plus, il sombra dans l'inconscience, pendant que Thanatos riait d'un rire dément. Gauthier assista à cette dégustation quoiqu'il détournât les yeux. Il finit par tomber à genoux et vomit ce qu'il avait mangé un peu plus tôt dans la journée tout en sanglotant et parcouru de spasmes. Il reçut un coup derrière la nuque et puis plus rien.
Thanatos était réjoui, il avait su provoquer la peur chez le scientifique, de quoi ôter toute envie de rébellion par la suite quand il se servira de lui pour ses expériences. Mars fit fondre la glace avec ses flammes et ils purent se mettre en route, en quête d'un endroit isolé pour établir une base. Soudain, il s'arrêta, stupéfait de ce qu'il avait devant lui : Suicune se présentait à lui. Il en était que plus content, il allait pouvoir la torturer, l'anéantir pièce par pièce psychologiquement, mentalement et physiologiquement et il la tuerait. Il ligota Gauthier avec ses fils ombreux, sentant que son combat contre le Légendaire serait long, il ne voulait pas que son "nouvel allié" de circonstance s'enfuit. Il entendit Hélio, qui venait de se réveiller quand il avait senti l'odeur de sa bien-aimée, lui hurler de ne pas faire ça, mais il ne l'écoutait pas.
"Arrête, tu vois bien qu'il n'est pas venu ici pour combattre, supplia-t-il".
A bien y réfléchir, il avait peut-être raison. Il regarda attentivement le félin bleu et y vit un profond chagrin ainsi que de la colère tournée sur lui-même et sur quelqu'un d'autre mais pas vers lui. Il s'approcha jusqu'à se poster devant lui et l'observa tout en le caressant, chose que le Dieu du Vent du Nord laissa faire.
Il ne pipa mot et se laissa prendre dans ses bras. Elle mit son nez contre le sien avant de dire :
- Je sais que tu es Thanatos et que tu as pris possession du corps de mon bien-aimé, mais je sens qu'il est toujours là. Je sens aussi que ses émotions jaillissent sur toi. Tu m'aimes, je le sais et moi je t'aime. Je ne veux pas te perdre, souviens-toi de la promesse qu'on s'est faite il y a quatre ans murmura-t-elle.
Elle le regarda, ses yeux humides, puis l'embrassa passionnément. Il hésita, puis il lui rendit son baiser et passa une main dans sa fourrure mauve et l'autre se posa sur son visage. Elle y prit plaisir. Il continua à la caresser. Il voyait bien qu'elle ne jouait pas la comédie.
- Vous êtes pathétique, dit une voix arrogante.
Ils se détachèrent l'un de l'autre afin de se retourner vers le nouvel arrivant.
- Seth, mais que fais-tu ici ? s'énerva-t-elle.
- Tu étais tellement absorbé par ton Hélio que tu n'as même pas remarqué que tu étais suivie. C'en est assez décevant, assura-t-il.
Elle le regarda avec une envie de meurtre.
- Tu sais, ce que tu as fait à Arceus, est une haute trahison, je devrais te battre à plate couture et te trainer à lui pour que tu puisses recevoir la peine que tu mérites, éluda-t-il.
- Je te battrais à plate couture. Et dis à Arceus que ce n'est qu'un incapable couplé d'un fieffé idiot, confirma-t-elle.
- Je n'en ferais rien, cela fait longtemps que le Père m'irrite au plus haut point. Je ne supporte plus ses procédés, déclara-t-il.
- Tu n'es qu'un menteur et un manipulateur de la pire espèce, lâcha-t-elle.
- Il dit la vérité, je ne sens aucune entourloupe, rétorqua Thanatos. Néanmoins, pourquoi veux-tu te joindre à moi alors que tu voulais ma mort ?
- Humpf. Je ne t'aime peut-être pas des masses mais je déteste encore plus Arceus, ce gros prétentieux. Quitte à choisir, je préfère être dans ton camp que dans le sien. Ne dit-on pas "les ennemis de mes ennemis sont mes amis" ?
- Tu veux savoir ce que j'en pense... Je pense que tu es un gros opportuniste qui n'hésite pas à trahir les autres dès qu'il en a l'occasion. Néanmoins, je veux bien que tu te joignes à nous. Mais je te préviens, dès la première entourloupe de ta part, je te tue.
Seth acquiesça de la tête, le message est bien passé mais il ne tenterait pas de faire l'imbécile. Comme on dit, on ne tente pas le diable !
Suicune, ayant le cerveau trop embrouillé par ses propres émotions pour percevoir les pensées de Seth, lui accorda alors sa confiance puisque Thanatos en faisait de même. Il les emmena alors à une vieille planque de la Team Galaxie cachée dans la forêt qui bordait la ville de Voilaroc.
Ils marchèrent longtemps sous la pluie, Suicune transportait son amoureux sur son dos, comme elle le faisait régulièrement auparavant. Ils arrivèrent enfin à destination sans rencontrer d'obstacle si ce n'est que la boue. C'était une bâtisse qui s'effondrait par endroits mais elle était encore en bon état, du moins pour y passer la nuit. Le scientifique fut enfermé dans un cachot, fermement gardé par Raikou. Chacun s'installa dans sa chambre, épuisé par cette longue journée et les évènements qui en avaient découlés. Suicune décida décida de dormir avec Thanatos qui trouvait que ce n'était pas une mauvaise idée d'avoir des Légendaires avec lui dans son équipe. Le carnassier bleu se coucha à ses côtés et se mit à le caresser tendrement. Il répondit à ses cajoleries et l'embrassa dans le cou avant de s'endormir comme une masse, pas encore totalement au milieu de sa forme. Demain, ils se remettraient en route pour aller chercher le trio d'Unys qui était rentré dans leur région pour veiller sur l'écosystème. Il irait ensuite chercher Yveltal à Kalos, puis reviendraient ici, à Sinnoh, pour se trouver une cachette que le Dieu de la Mort voilera grâce à ses pouvoirs.
Trois jours passèrent à Bonville dans la tranquillité sans être au courant du drame qui s'était passé à quelques lieux de là. Il était 8 heures du matin, le soleil s'était déjà levé depuis belle lurette. Il faisait beau mais pas exceptionnel non plus et une légère brise faisait soulever doucement les branches des arbres. La petite poste du village venait de relever ses volets et d'afficher ouvert sur sa porte, que déjà des gens se précipitaient à l'intérieur poster leurs courriers. A l'heure de l'internet, ce village était encore fort ancré dans les traditions et aimait envoyer le courrier via des Pokémon voyageurs dont les oiseaux étaient fort prisés ainsi que les Pokémon psy qui pouvaient se téléporter sur de longues distances, mais ces derniers étaient réservés pour des lettres recommandées, pour des affaires urgentes ou les longs voyages que ne pouvaient parcourir les oiseaux. D'autant plus que même si les Pokémon télékinétiques étaient puissants, le voyage leur prenait beaucoup d'énergie et ils devaient rester plusieurs jours sur place pour récupérer leur énergie. Ils étaient donc vraiment utilisés en cas d'urgence. Un jeune stagiaire soupirait, il était blasé alors que sa journée ne faisait que commencer. Il fixait la porte d'entrée sans arrêt comme si quelque chose d'extraordinaire allait arriver et allait bouleverser la vie du village sans intérêt qui n'attirait plus de touristes depuis longtemps. S'il savait à quel point il avait raison, d'ici quelques jours des journalistes, des policiers et autres allaient débarquer ici pour essayer d'éluder l'affaire la plus sordide du mois, voire de l'année, voire même de la décennie qui restera longtemps marquée dans les esprits.
- Dites-moi chef, les scientifiques qui explorent les ruines n'avaient-ils pas dit qu'ils viendraient poster du courrier tous les jours. Or trois jours sont passés et toujours rien. Pas un seul n'est venu. C'est quand même étrange, questionna-t-il.
- Bah tu sais, ils sont tellement pris par leur travail ces gens-là qu'ils ne voient pas le temps passer.
- On devrait quand même aller jusque-là pour s'assurer qu'ils aillent bien, non ?
- Ils ont demandé à ne pas être dérangé pour des futilités, soupira-t-il blasé par le stagiaire.
Il n'insista pas, il irait voir à la pause de midi de quoi il en retournait.
Le temps passa lentement, très lentement du fait du peu de clients qui étaient passés demander leurs services. Néanmoins midi arriva, le jeune stagiaire au cours cheveux bruns attrapa sa veste et sortit en quête de renseignements. Il trouvait déjà cela bizarre qu'aucun d'entre eux ne soit venu déposer du courrier pour leur famille, mais aucun n'avait l'air de s'être rassasié à l'auberge "Pot-au-Prêt" où ils avaient réservé chaque jour une table pour dix personnes. Décidément, quelque chose ne tournait pas rond et il donnait cher pour savoir quoi. Il pénétra dans la petite auberge de pierre et salua la tenancière.
- Eh Marie, tu n'as pas vu les scientifiques ?
- Oh Lucas bonjour. Non aucun n'est venu depuis le début de la semaine.
- Ok, merci. Je vais aller jusque-là leur dire un petit bonjour et leur demander ce qui se passe.
Il sortit brusquement sous le regard interloqué des habitués de l'auberge. Il se dirigea d'un pas ferme vers le bois qui bordait les ruines. Il s'arrêta, sentant une drôle d'odeur dans l'air. On aurait dit une odeur de cramoisi mêlée à du sang. N'osant imaginer le pire, il se mit à courir à bâton rompu jusqu'à arriver au lieu.
- Nom de Dieu, de bordel de merde. C'est quoi cette galère ! s'égosilla-t-il à la limite de prendre ses jambes à son cou.
Il ne voulait pas d'ennui, mais il ne savait pas comment réagir. Devait-il inspecter les lieux ou prévenir les autorités compétentes ? Devant lui, se tenait une mare de sang et il ne restait plus rien des tentes, elles étaient parties en fumées. De peur de marcher sur une pièce à conviction, il prit ses jambes à son cou, traversa le bois sans s'arrêter malgré les points de côté et arriva à Bonville tout en bousculant un fermier.
- Mais ça va pas, vindoui.
- Désolé, souffla-t-il sans se retourner ni s'arrêter.
Le fermier le regarda abasourdi, se demanda s'il n'avait pas Giratina à ses trousses pour courir aussi vite. Il entra dans le poste de police, essoufflé et se tenant les côtes tellement il avait mal. Il s'adressa tant bien que mal à un officier, une jeune femme aux cheveux blonds coupés au carré et aux yeux bleus dur et froid.
- Là... les scientifiques.... ils... vite... besoin d'aide...
- Quoi, calmez-vous , reprenez votre souffle et expliquez-vous.
- Pas le temps... scientifiques... camp brûlé... mare de sang...
Il tomba dans les vapes, son corps le lâchant. L'officier fit appel à l'infirmière de garde et elles le soulevèrent toutes les deux pour aller le déposer dans un lit. Elle laissa la secouriste, prit son talkie-walkie et informa son supérieur hiérarchique. D'après ce qu'elle avait compris, il était arrivé quelque chose aux scientifiques. Une histoire de camp brûlé et de sang. Elle leva les yeux au ciel, se questionnant sur le fait de se retrouver dans une galère étrange.
Erika attendait impatiemment des nouvelles de son mari. Cela faisait trois jours qu'il était parti et aucun Pokémon n'étaient venus apporter du courrier. Elle commençait à s'inquiéter et pas un peu. Elle alluma la télé, alors que Niels s'amusait dans sa chambre. On était début d'après-midi et il faisait frisquet. Assez curieux pour un mois de juin que les météorologues annoncés pourtant comme resplendissant. Elle faisait la vaisselle, quand elle entendit une nouvelle qui la bouleversa considérablement. Le journal était en train de parler de scientifiques disparus dans les Ruines Bonville. Elle fit tomber la vaisselle qui s'éclata dans un raffut pas possible et beugla d'un cri si puissant qu'il fit s'envoler les Pokémon oiseau des alentours. Niels qui était dans sa chambre, sortit brusquement, traversa le couloir suspendu entre les deux arbres et entra dans le salon. Son regard s'arrêta sur le poste de télé et entendit qu'on parlait de son père. Sa mère se précipita sur le poste, l'éteignit et empoigna Niels par le bras tellement fort qu'on voyait les jointures de ses veines.
- Aïe, tu fais mal, lâche-moi, brailla-t-il.
- Tais-toi, s'époumona-t-elle.
Elle lui lança un regard glacial dont Niels préféra détourner le regard. Elle prit sa Pokéball d'où un Symbios en sortit et les téléporta à Bonville, devant le poste de police où s'était réuni un grand nombre de citoyens et de journalistes. Elle bouscula la file et rentra dans le bâtiment sans un vis-à-vis à l'arrière du troupeau qui se crispait de son impolitesse et de son impertinence.
Elle se posta devant le guichet, avec sa tête des mauvais jours. Elle marmonna, inspira, expira, rumina puis s'adressa enfin à la policière qui la regardait bizarrement.
- Je veux savoir où est mon mari, pesta-t-elle du tac au tac.
- Pardon ? grogna-t-elle, le nez plongé dans ses dossiers.
Erika s'énerva devant l'incompétence de l'officier aux cheveux blonds courts et carrés. Elle s'approcha et dit d'une voix menaçante sans équivoque :
- Mon mari fait partie de l'expédition menée aux Ruines Bonville, il s'appelle Gauthier Nash, a 40 ans, cheveux courts bruns et yeux bleus. Que vous faut-il de plus
? J'ai le droit et j'exige des informations.
- Ecoutez-moi, de un vous vous calmez, de deux vous serez aimable de ne pas vous emporter, et de trois si vous continuez je vous dresse un procès-verbal et je vous fais enfermer au cachot pour la nuit. C'est clair ? cracha-t-elle.
Elle attendit qu'elle se calme pour la conduire dans le bureau du chef, vieil homme barbu avec des cheveux gris et des yeux éteints, qui l'invita à s'asseoir, ce qu'elle fit sans hésitation. Elle demanda à Niels de rester en dehors de ça. Il attendit devant la porte, l'air boudeur. Il était en droit de savoir. Il se colla discrètement à la porte et écouta la conversation.
- Alors comme ça votre mari fait partie de l'expédition, s'exclama l'homme à la voix cassée.
- Oui, il est parti il y a trois jours et ne m'a pas donné de nouvelles... pleurnicha-t-elle.
- C'est le jeune stagiaire de la poste qui est passé par là qui a remarqué que le camp était brûlé et qu'il y avait une mare de sang.
- Dites-moi si mon mari est vivant, invectiva-t-elle au bord de l'hystérie.
- Nous ne savons pas, il y a trop de sang pour définir à qui il appartient. De plus, nous n'avons pas retrouvé de corps. Ils ne sont peut-être pas morts, ils ont peut-
être été kidnappés on ne sait pour quelle raison.
Elle éclata en sanglots, s'imaginant le pire pour son mari. Niels qui en avait assez entendu, décolla son oreille et partit en courant en direction des ruines. Il arriva, essoufflé, passa en dessous des banderoles que la police avait mises en place pour interdire le passage et ne put que constater l'effroyable spectacle : du sang, du sang et encore du sang à perte de vue. Cela puait la merde et cette odeur vint agresser les narines de Niels qui respira difficilement. Il ne pouvait plus bouger, il tremblait de tout son corps. Il s'ordonnait de bouger, de se cacher la vue de cette scène horrible et effroyable, mais son cerveau ne répondait pas. Il sentit les larmes couler sur ses joues, tomba à genoux, vomit et brailla à n'en plus finir. Il sombra dans l'inconscience que sa mère le rattrapa. Elle le prit dans ses bras et se téléporta chez elle où elle allongea son enfant dans son lit.