Au jeu de la plage, arme toi de courage !
Durant le reste de la journée, Polux et têtarte surfèrent sur les belles vagues de la plage. Après tous ces efforts, ils avaient besoin de se reposer, et comme le vieil homme leur avait dit qu’ils avaient la journée de libre, quoi de mieux que glisser dans les rouleaux aquatiques déchainés ! Sur sa planche aux couleurs d’un léviator, Polux se montrait d’une agilité étonnante. Sur le bout de la planche, à l’avant, têtarte reproduisait les mouvements de son dresseur en parfaite symbiose. Depuis la plage, plusieurs groupes de touristes, surtout des filles nota Polux en souriant, l’acclamaient à tout rompre.
Le jeune homme décida qu’il était temps de donner à ses fabuleuses fans l’occasion de prendre de magnifiques photos. Sans prévenir têtarte, il sauta sur la planche et ré-atterrit dans une pose de superhéros. Le batracien, qui profitait juste du moment, se retrouva éjecté dans les airs. Vexé, il envoya un gros pistolet à eau sur le visage du jeune homme qui en tomba à la renverse. Le courant les ramena tous les deux sur la plage, étalés comme deux limondes. Les filles explosèrent de rire et partirent voir ailleurs.
-Roh mais pourquoi tu as fait ça têtarte ? Elles m’adulaient !
Le batracien leva les yeux au ciel et soupira. C’était pas facile d’être un pokémon. Soudain un cri rententit. Une des filles de tout à l’heure s’approcha de Polux et lui dit d’un air affolé :
-Vite viens voir, des bacabouhs ont ensorcelé des enfants !
Polux se releva immédiatement et l’accompagna. Une marée humaine s’était réunie en cercle à distance raisonnable autour de quatre enfants. Les petits avaient le regard vide, et entassaient du sable devant eux sans s’arrêter, malgré les appels de leurs parents. La jeune fille demanda à Polux :
-C’est toi qui a stoppé les crabagarres et les quatermacs hier non ? Fais quelque chose !
Le jeune homme se sentit gêné. Il ne savait pas du tout comment aider ces enfants. Puis il regarda dans les yeux de la fille. Ils étaient remplis de tristesse et d’anxiété. Elle se souciait vraiment de ces enfants. Rougissant, Polux bomba le torse.
-Ne t’inquiète pas, Polux à la rescousse ! Pendant que je m’occupe des enfants, va chercher le maitre plagiste, son aide nous sera utile.
-Oh merci, merci !
Et elle le serra dans ses bras. Polux ne put s’empêcher d’avoir un sourire niais. S’il réussissait à devenir maitre plagiste, ça risquerait sûrement de lui arriver souvent. Lorsqu’il reprit ses esprits, la jeune fille était déjà partie en direction du cabanon. Polux se ressaisit et divisa la foule pour s’approcher des enfants. Tout le monde retint son souffle.
Tout d’abord, Polux essaya de se souvenir des mises en garde de ses parents quand il était enfant. Mais il avait beau se creuser la tête, tout ce qui lui revenait en tête était le magnifique visage de la jeune fille. Têtarte lui secoua le bras. Le jeune homme réalisa alors que tout le monde le regardait, attendant qu’il agisse. Retroussant ses manches imaginaires, il s’approcha du premier enfant.
-Eh petit, il faut arrêter de jouer. Donne-moi la main je te ramène à tes parents.
Mais il n’y avait rien à faire, l’enfant continuait de creuser du sable en silence. Polux réessaya avec les autres enfants mais le résultat était identique. Finalement, quand il commença à entendre les gens tout autour en train de murmurer, il décida qu’il fallait qu’il trouve une solution immédiatement. Une idée de génie lui traversa l’esprit. Si les enfants n’avaient plus leurs pelles à la main, ils ne pourraient plus creuser.
Sans plus réfléchir, Polux arracha la pelle de la petite fille devant lui en un geste théatral. Le regard de l’enfant redevint clair, et elle se mit à pleurer. Son père accourut comme un fou et la serra dans ses bras. Il se retourna pour remercier son sauveur mais aussitôt il déchanta. Polux était assis dans le sable, en train de creuser avec la pelle, le regard vide.
Têtarte se frappa le visage avec le poing. Ce que son dresseur était stupide ! Tout le monde savait que c’était grâce à la pelle que les bacabouhs hypnotisaient leurs victimes. Le batracien scruta à travers la foule pour essayer d’apercevoir le maitre plagiste. Mais il semblait ne toujours pas venir. Se frottant les poings comme son dresseur le faisait, il se donna du courage et s’approcha des victimes.
Certains des tas de sables créés par les enfants commençaient à gigoter. L’anxiété de la foule s’amplifia, et pour cause : quand le tas de sable se met à prendre vie, c’est que le bacabouh est devenu suffisamment puissant pour aspirer l’âme de sa victime. Têtarte sut ce qu’il fallait faire. Il se plaça au milieu des quatre bacabouhs et d’un puissant geste frappa le sol d’une attaqua séisme. Il espérait ainsi que les tas de sables s’effondreraient et que les victimes retrouveraient leurs esprits. Mais malheureusement cela n’eut pas l’effet escompté. Au contraire, les bacabouhs réussirent dans le tremblement à amasser encore plus de sable vers eux, ce qui les rendit encore plus puissants.
Têtarte utilisa alors son attaque ultime. Il sauta dans les airs et envoya une violente attaque surf vers le sol. Tout le monde fut emporté par l’immense vague. Le courant était tellement fort que les victimes en lâchèrent toutes leurs pelles. Finalement les bacabouhs se désagrégèrent sous la force de l’eau et disparurent, ne laissant que quatre pelles derrière eux, qui furent entrainées dans la mer.
Quand Polux reprit ses esprits, il était sur le sommet d’un noadkoko, trempé. En essayant de redescendre, une foule entière s’amassa autour de lui.
-Merci, merci jeune homme, votre pokémon a sauvé ces enfants !
Ils essayèrent tous de le serrer dans leurs bras, à tel point que Polux commença à étouffer. Soudain, une voix familière quoique un peu endormie résonna à ses oreilles.
-Gamin ? Mais pourquoi tout le monde t’acclame ? Et elle me veut quoi cette fille ? Elle n’a pas arrêté d’essayer de me réveiller de ma chaise. On peut plus bronzer tranquille ici ma parole !