Maitre plagiste de Polux999

Le soleil éclairait doucement la calme étendue d’eau. En arrivant devant le cabanon, Polux et têtarte ne purent s’empêcher d’admirer ce paysage qu’ils connaissaient pourtant par cœur. La lumière du matin donnait aux vagues une couleur irisée des plus splendides. Même le sable semblait briller. Polux fronça les sourcils. Sur la plage, des dizaines de petites boules noires étaient dispersées. Intrigué, le surfeur s’en approcha. Qu’est-ce que c’était que ça ?

-Têtarte, demanda le jeune homme, touche-les pour voir ce que c’est.

Le batracien se retint de lever les yeux. Pourquoi c’était à lui de toucher ces trucs à l’air visqueux ? Mais en bon pokémon, il obéit et tendit doucement son poing vers la chose enfoncée dans le sable. Au moment où il en effleura la surface, un grand rire le fit sursauter, lui et son dresseur.

-Ah ah ah, vous êtes pile à l’heure tous les deux !

Polux fit un bond dans les airs. Il se retourna et grogna de colère. C’était bien évidemment Pectorius, qui ce jour-là arborait un maillot de bain et des lunettes de soleil aussi colorés qu’un denticrisse. Le vieil homme rit de plus belle.

-Et bien alors, je vous fais peur ? Moi, un vieil homme tout ce qu’il y a de plus inoffensif ?
-Inoffensif n’est pas le mot qui me vient à l’esprit, rétorqua Polux.

Le vieil homme le prit par l’épaule. En un instant, il changea l’expression de son visage pour afficher un masque des plus sérieux.

-Gamin, aujourd’hui, tu vas devoir remplir la plus importante de toutes les missions, la principale tâche qui fait des maitres plagistes les héros d’Alola.

Le surfeur commença à avoir des étoiles plein les yeux. Emerveillé, il posa à son tour sa main sur l’épaule du vieil homme, et d’une voix épique, il demanda :

-Dîtes-moi, maitre plagiste, et j’exécuterai.
-Tu vas devoir … nettoyer la plage.

Polux s’effondra au sol de surprise et de déception. Son têtarte gloussa devant son dresseur. Pectorius éclata de nouveau de rire.

-Oui je sais, une fois dit à voix haute, ça ne parait plus aussi incroyable. Pourtant c’est bel et bien la principale tâche des maitre plagistes. Tu vois ces choses noires dans le sable ? Ce sont des concombaffes, chaque nuit ils reviennent sur la plage pour se dorer la pillule. Mais sur la terre ferme, ils sont sans défense. Il faut donc les remettre à la mer pour les sauver. Voilà ton épreuve, tu as une heure pour remettre tous les concombaffes dans l’océan. A tout à l’heure !

Et sans attendre de réponse, il partit s’installer sur une chaise pliante sur laquelle étaient posés un journal et un verre de jus de fruits. Polux se releva en maugréant dans sa barbe. Ce satané bonhomme le prenait vraiment pour un homme à tout faire. Il leva la tête pour essayer d’estimer le nombre de concombaffes. Il y en avait des dizaines et dizaines, à perte de vue. Têtarte sentit le jeune homme perdre espoir. Pour l’encourager, il lui tendit le poing. Polux sourit et tendit à son tour le sien. A eux deux, ils allaient y arriver c’était sûr !

Durant les quarante premières minutes, Polux travailla sans relâche. Les uns après les autres, il arrachait les concombaffes du sable (non sans plusieurs gémissements de dégout) et les jetait dans la mer. Il opérait pokémon après pokémon, sans regarder derrière lui, toujours avançant jusqu’à l’autre bout de la plage. Lorsqu’il arriva enfin au bout, il s’épongea le front trempé de sueur et frappa dans le poing de têtarte.

-On l’a fait poto, la plage est enfin pro… aaaaaaaaaaah !

En parlant, le jeune homme s’était retourné et avait défailli. La plage était de nouveau recouverte de concombaffes. Polux réalisa son erreur : au lieu de jeter les pokémon au loin, il s’était contenté de les déposer dans l’eau peu profonde, juste au début de la plage. Les concombaffes n’avaient alors eu qu’à faire quelques mètres pour revenir dans le sable chaud. Et en plus, il lui semblait même qu’il y en avait encore plus que tout à l’heure. C’en fut trop pour Polux qui s’écroula par terre et fit le mort.

Têtarte n’essaya même pas de vérifier si son dresseur allait se relever. Levant les yeux au ciel, il plongea dans l’eau. Lorsque l’eau fut suffisamment profonde, il frappa le sol d’une puissante attaque séisme. Sous l’impulsion du choc, le sable se souleva jusqu’à émerger à la surface en un gigantesque banc de sable. Les concombaffes, en sentant la terre trembler, se tournèrent vers la mer pour essayer d’en voir l’origine. Au moment où ils aperçurent le monticule de sable surgir des profondeurs, ils s’élancèrent dans sa direction, comme des lucanons attirés par la lumière des mélancolux. En quelques minutes, la plage était de nouveau déserte.

Lorsque le sol trembla, Polux s’était relevé à la hâte. Que se passait-il ? Mais en ouvrant les yeux, il crut rêver. Les concombaffes n’étaient plus là ! Tout à son bonheur, il repartit vers le cabanon. Le vieil homme s’était endormi sur sa chaise et ressemblait à un véritable ronflex. Le jeune homme le réveilla brutalement.

-Allez debout là-dedans ! J’ai gagné mon épreuve !

Pectorius sursauta de peur. En voyant le visage hilare du surfeur, il sourit à son tour.

-Ok, j’avoue je l’ai bien mérité. Alors voyons ça … Bravo la plage est propre comme un sou neuf ! Et les touristes commencent à arriver, c’est parfait ! Félicitations mon garçon ! Maintenant laisse-moi dormir, euh je veux dire surveiller la plage.

Polux quitta le vieil homme et croisa têtarte revenant de l’eau, tout trempé et essouflé.

-Et bien têtarte, tu te la coules douce ? Tu aurais pu essayer de m’aider quand même !

Le batracien en fit tomber sa machoire. Son dresseur n’avait rien vu ! N’en pouvant plus, il s’effondra dans le sol.