Time is like thunder
[size=3]Tell me where I belong
I've been trying for so long
Breaking out through the night
Made me see the bright light
Dis-moi où est ma place
J'ai essayé pendant si longtemps
De m'évader pendant la nuit ;
De pouvoir observer la lumière éclatante.[/size]
Dans la cage où je suis retenu captif depuis des jours, j'entrevois une liberté qui m'est retirée. J'ai eu le malheur de n'avoir pas été assez rapide pour éviter le guet-apens. Je ne suis pas le seul à m'être fait prendre, d'autres gars de mon espèce sont également dans des cages. Ils n'ont rien à voir avec moi : je suis domestiqué, j'appartiens à un humain. Les autres sont sauvages.
Nous avons eu le malheur de pénétrer dans cette forêt connue pour ses Pikachu qu'on peut rencontrer à profusion. Les brigands en ont profité pour tous nous capturer sans faire de distinction. Ils n'ont eu aucun mal à m'avoir. Depuis ma naissance j'ai un handicap qui me rend plus lent que les autres Pikachu de mon espèce. Je ne suis pas une souris grassouillette : j'ai un problème avec la vitesse tout simplement. L'idée de courir à vive allure m'a toujours angoissé. Le risque de foncer sur un adversaire, de me faire mal dans la collision...
Cela dit, je ne suis pas assez rapide pour éviter les coups que j'ai pu recevoir par le passé. Je manque de confiance en moi. Mon dresseur me le répète à chacune de mes défaites. C'est plus fort que moi : je n'arrive pas à prendre de la vitesse. Quelque chose se bloque dans mes mouvements, cela m'empêche de m'élancer.
Nos gêoliers ne se sont pas montrés depuis des heures. Entre les barreaux de ma cage, j'observe d'autres Pikachu complètement abattus par leur captivité. Ils se laissent choir sur le sol, le museau baissé sur le sable de la caverne où nous sommes tous retenus.
J'entends devant moi un appel puis une colonie entière de peluches jaunes déboulent soudain dans la grotte ; ils observent, semblent nous compter, puis entreprennent de réduire les cages en morceau avec des Queues de Fer. Ils s'y mettent à cinq pour libérer chaque captif.
Ils sont quelques uns à hésiter pour mon sort, ils restent devant ma prison sans se décider : je ne fais pas partie de leur troupeau mais je reste un Pikachu. C'est ce qu'essaye de leur faire comprendre leur chef avant de faire céder le verrou de ma cage.
Le bruit qu'a provoqué ces multiples fracas réveille un des gardes, un Démolosse.
[size=3]Now I'm willing to fight
And I know that Time is on my side
Maintenant je veux me battre
Et je sais que le temps est dans mon camp.[/size]
Tout de go, nous filons en un seul et même mouvement. Quiconque nous aurait vu sortir de la caverne aurait cru apercevoir une rivière électrique tant nos pelages se trouvent serrés les uns contre les autres. Nous sommes un ruban doré au milieu de la verdure retrouvée. Seul le Pokémon feu fait tache dans cet océan jaune.
Au fur et à mesure que nous avançons, nous nous séparons par groupes. Le Démolosse maintient sa trajectoire, c'est-à-dire la mienne et celle de mon groupe. Chacune des grappes se sépare encore et encore. Hélas, le chien des enfers a bien compris que je n'étais pas un Pikachu comme les autres : non seulement plus lent que la moyenne mais aussi domestiqué donc plus intéressant à récupérer.
Je me retrouve seul en pleine nature avec une faiblesse qui, sans doute, causera ma perte. Je n'ai aucune endurance tandis que Démolosse a toute son énergie, ayant fait une copieuse sieste avant notre libération. Il faut avouer qu'avoir à mes trousses un Pokémon qui fait deux fois ma taille, avec une gueule aiguisée et un aboiement à faire trembler les pierres ne m'aide pas à courir plus vite. Je puise dans mes réserves pour tenter de le semer ; je sens son haleine chaude chatouiller mon pelage.
[size=3]Time is like thunder
Hear it like thunder
Le temps est comme le tonnerre,
Entends-le comme tel.[/size]
Il tente de me saisir avec ses pattes mais rate son coup. Il persiste, ne se décourage pas. De la sueur coule le long de mes joues rebondies, ma respiration se fait difficile. Je n'ai pas l'habitude de courir autant. Lors de nos entraînements avec mon dresseur, nous nous focalisions sur mes attaques électriques plutôt que sur ma course.
Voyant que la distance se rétrécit entre nous, Démolosse repasse à l'attaque : un jet de flammes s'échappe de sa gueule rageuse. Je me baisse sans parvenir à épargner quelques poils qui carbonisent. Les effets de la brûlure ne me font pas renoncer. Au moment où je songe à me retourner pour passer à l'attaque, j'aperçois une rivière. C'est ma chance. L'eau est l'élément ennemi du feu.
[size=3]All we've got are somedays and I am
Trying not to waste.
Tout ce qu'on a ce sont quelques jours
J'essaie de ne pas les gâcher.[/size]
Démolosse essaye une dernière fois de me brûler les oreilles mais je plonge dans l'eau glacée avant que son attaque ne m'atteigne. Une fois qu'émerge mon museau de la surface, je me rends compte que le courant est trop fort. Il m'entraîne vers des rochers dont les pointes proéminentes me menaçent à chaque seconde. Je les évite tant bien que mal. L'effet de vitesse m'effraie. Je ne contrôle rien. C'est ça le problème : je ne suis pas habitué à manier l'élan. Ne voyant plus de rochers devant moi, je lève un moment les yeux vers le ciel qui, tout à l'heure était lisse. Quelques nuages blancs, grisâtres, naissent aux coins.
[size=3]Time is like thunder
Beating like thunder in our heads
Time is like thunder
Le temps est tel le tonnerre
Il bat comme cela dans nos têtes
Le temps est tel le tonnerre.[/size]
Malgré les vagues qui me bousculent et l'eau qui s'infiltre dans mes yeux, j'aperçois quelques Pikachu qui me regardent curieusement. Certains tentent de me poursuivre mais renoncent tant le courant est rapide. J'entends même un cri qui m'avertit. M'avertir de quoi ?
J'attends un moment avant d'entendre un bruit sourd, un fracas qui me secoue déjà. Une cascade droit devant.
Mon cœur bat au rythme des vagues qui m'emportent vers la chute finale. J'analyse la situation. En levant de nouveau le museau, je remarque une liane suspendue au-dessus du vide. Si j'arrive à la saisir, je serai sauvé. Un rocher se trouve juste en dessous de cette liane qui me tend les bras. Dans ma tête s'égrènent les secondes qui me séparent du décompte, de mon unique tentative pour me sortir de là.
[size=3]At the end of your rope
Keep on hoping against all hope
Time is fading away.
Au bout de ta corde
Continue d'y croire ; face à l'espoir
Le temps disparaît.[/size]
Le courant m'envoie sur le rocher que j'escalade. Ma fourrure est trempée, je n'ai pas le loisir de secouer mes poils pour débarrasser mon pelage de cette eau froide. Je bondis immédiatement sur la liane, poussé par la vitesse de la rivière. Lorsque je la saisis, mon poids la fait vaciller si bien que je me balance de gauche à droite. Comme lorsque les humains s'amusent dans des sortes de cabines des manèges géants. Ma tête tourne mais je ne la lâche pas pour autant.
[size=3]So don't you lose a day
We can do what we say
Alors ne perds pas un jour
On peut faire ce que l'on dit.[/size]
Une bourrasque de vent accompagnée du lever d'une imminente tempête me ballote si fort que j'en viens à lâcher la corde végétale. Je fais un saut -ou plutôt un vol- de plusieurs mètres avant de m'étaler sur le sol. Certes j'ai mal mais le plaisir de me retrouver sur la terre ferme me fait oublier la douleur.
[size=3]Time is like thunder
I know, you know
Le temps est tel le tonnerre
Je le sais, tu le sais.[/size]
Le ciel s'est entièrement couvert de noir, comme s'il vivait un deuil.
Je m'abrite dans un trou formé dans le tronc d'un arbre. Le vent devient si fort que siffle au dessus de mes oreilles un chant émané des feuillages. La forêt s'exprime dans un concert sinistre et inquiétant. Toute la faune s'est dissimulée pour ne pas avoir à subir le grondement du tonnerre et l'apparition de la pluie et des éclairs.
[size=3]don’t want to wait
Like thunder
Je ne veux plus attendre !
Comme le tonnerre.[/size]
Je l'attends, le tonnerre qui doit arriver. Dans le vent qui bouscule les branches et secoue les buissons, j'entends une voix familière. Le timbre de voix d'un homme qui cherche à convaincre et persuader.
"Il faut que tu prennes de la vitesse sinon tu ne seras jamais capable d'éviter les coups. On a tous des faiblesses mais tu ne cherches pas à les combler ; il faut pourtant que tu le fasses ! C'est pour toi que je dis ça : je ne veux pas que tu subisses à nouveau les coups que tu as reçus et que je reste impuissant devant ce spectacle ! Ecoute-moi, Rorry !"
Entendre mon surnom au creux de cet abri, sous la tempête qui s'abat, me tétanise. Je n'ai pas l'impression de rêver ; pour m'en persuader, je reste arqué, les oreilles tendues.
"Rorry, évite l'attaque ! Non, à gauche ! Plus vite ! Accélère ! Allez, vas-y ! Tes attaques sont trop lentes, il faut que tu puisses surprendre ton adversaire par ta précision et ta vitesse. Il n'aura aucun mal à les éviter ou même à les retourner contre toi."
Une première goutte vient se poser sur mon museau puis un flot finit de me mouiller entièrement. Le vent redouble les voiles des arbres dont les troncs chutent dangereusement.
[size=3]Time is like thunder
Hear it like thunder
Le temps est tel le tonnerre
Entends-le comme tel.[/size]
Un bruit lointain s'articule entre la musique des feuilles, une seconde voix après celle qui m'a parlé, vient recouvrir et faire autorité dans toute la forêt. Le tonnerre s'annonce. J'ai envie de le rencontrer, qu'il m'aide à courir comme lui, à filer comme un Pikachu doit filer. Sans avoir peur de l'adversité.
[size=3]Beating like thunder
Time is like thunder
Hear it like thunder
Je me bats comme lui,
Le temps est tel le tonnerre
Entends-le comme tel.[/size]
Je bondis de ma cachette, au diable la pluie ! Je glisse sous l'eau, parmi les herbes qui me chatouillent, pars à la recherche de la puissance électrique qui m'appelle et qui rugit. Les voix de la forêt m'accompagnent : les feuilles applaudissent mon audace, les troncs qui se fracassent poussent des "oh" de surprise qui finissent de m'égayer. Je crois même distinguer la voix de mon dresseur qui me pousse à me surpasser, cette fois-ci.
Je ne peux pas décevoir ce monde entier qui croit en moi ; ni faire faux bond au tonnerre, invité si rare.
[size=3]All we've got are somedays and I’m
Trying not to waste.
Tout ce qu'on a ce sont quelques jours
J'essaie de ne pas les gâcher.[/size]
Les premiers éclairs zèbrent le ciel d'encre. Je suis dans la bonne direction. Il me vient à l'esprit une rumeur racontant qu'une colline où se situe un rocher de haute taille a le pouvoir d'attirer la foudre. Tous les Pikachu se trouvant sur la pierre en question au moment d'un impact de la foudre gagnaient en puissance et vitesse. Ou même évoluaient pour certains. C'est ainsi que serait née la première pierre foudre.
Dans cette forêt, s'était illustré un Pikachu devenu célèbre dans l'histoire. Son dresseur avait décidé de le laisser avec ses congénères mais ce dernier refusa de le laisser repartir sans lui. Sur la même colline que celle où se trouvait le fameux rocher, s'étaient retrouvés les deux amis. Ce Pikachu avait également salué ses amis électriques sur cette butte.
On m'avait raconté cette histoire lorsque nous nous étions fait attraper. Je la trouve belle. D'une certaine manière je reproduis ce qui s'était passé entre cet humain et son Pikachu mais en l'arrangeant. Avant de retrouver mon dresseur, il me faut acquérir le pouvoir du tonnerre. Je suis sûr qu'ils me cherchent, tout deux.
[size=3]Time is like thunder
Beating like thunder
Time is like thunder
Le temps est tel le tonnerre
Il bat comme lui
Le temps est tel le tonnerre.[/size]
Je grimpe la colline qui surplombe une partie de la forêt. L'herbe mouillée me fait chuter. Un premier éclair frappe le rocher, je le vois en me redressant. Il n'y aura qu'une seconde chance. Je prends de l'élan, saute au moment du deuxième impact.
[size=3]I don’t want to wait
Je ne veux pas attendre plus longtemps.[/size]