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Un sbire à Alola de Flageolaid



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» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 17/10/2016 à 11:46
» Dernière mise à jour le 21/11/2016 à 17:20

» Mots-clés :   Alola   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo

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Chapitre 3 : Welcome to the jungle
En tant que modeste urbain, je m’imaginais la jungle d’Alola comme un mix entre la forêt de Jade et le Grand Marais de Verchamps sous le climat de Hoenn. En gros, un lieu chaud et humide avec des arbres, des hautes herbes et de la boue, un endroit que le dresseur avisé traversera en ligne droite pour ne jamais y revenir. La réalité dépassa de loin tous mes pronostics en termes de pénibilité.

Comment en étais-je arrivé là ? Très simplement, je traquais un pokémon légendaire ! J’avais entendu deux types en parler le soir précédent alors que je regagnais mon hôtel. Je passai la nuit à y songer, puisque la chaleur accablante m’empêchait de dormir, et décidai de partir à la rencontre de ce fameux pokémon légendaire.
C’est ironique en un sens, car je n’ai jamais compris l’obsession de mes anciens employeurs pour les pokémons légendaires. Certes, il s’agit de pokémons très puissants, aux pouvoirs dépassant parfois l’imagination. Mais n’oublions pas que cela en fait tacitement des pokémons incontrôlables. Je peux concevoir qu’une telle puissance puisse attirer des cinglés comme Hélio et Lysandre, ou encore des idéalistes comme Max et Arthur. Dans ce cas, quid de Giovanni et Ghetis ?
Je suis certainement trop prosaïque. Toutefois je reste persuadé que l’on peut faire plus de choses avec une centaine de pokémons normaux sous contrôle, qu’avec un pokémon légendaire que l’on ne maîtrise qu’à moitié. Sans rire, vous prenez une armée de cizayox, avec une vingtaine de tarpauds pour invoquer la pluie et défendre ainsi votre escadron contre les attaques de type feu et je suis sûr que vous pouvez vous emparer d’une ville en à peine une heure. Ajoutez à votre troupe quelques méga-gemmes et le tour est joué !
Depuis que j’ai quitté la Team Plasma, j’envisage de monter ma propre organisation, un jour. Je pensais pouvoir percer dans le métier sans m’enquiquiner avec un pokémon légendaire, mais puisqu’il pouvait y en avoir un qui me tombe dans les bras sans trop d’efforts, pourquoi ne pas tenter l’aventure ?
En écoutant les deux types de la veille et en faisant quelques recherches de mon côté, j’avais réussi à glaner de précieuses informations sur ma cible. Il se nommait Harambe. Son nom m’inspirait à mort, il s’en dégageait quelque chose de mythologique. Au moins, il ne s’appelait pas… euh… je ne sais pas… Marshmallow, par exemple.
Les diverses descriptions que j’en avais eues me laissaient envisager une créature de grande taille à la musculature développée, capable de se tenir sur deux pattes, pourvue d’un poil sombre virant à l’argenté au niveau du dos, mélange de gouroutan – un pokémon local – et de pandarbare. D’après la légende, Harambe serait un pokémon tué par braconnier, alors qu’il sauvait un jeune enfant. Cela m’aiguilla vers une créature de type spectre, mais mon intuition me souffla qu’il devait avoir un second type. Mes brèves recherches me menèrent vers trois possibilités : combat, sol ou normal.
Mon plan n’était pas de le capturer, il ne me restait que deux pokéballs – dont une que je soupçonnais d’être défectueuse – et pas assez d’argent pour en racheter. Non, je prévoyais un contact visuel pour commencer, qui pouvait mener à une tentative d’apprivoisement ou à une fuite dans les règles de l’art.

Après deux heures d’errance sur un sol boueux, luttant contre une végétation dense, accablé par la chaleur même à l’ombre, je décidai de faire une pause. Matt m’accompagnait hors de sa capsule et portait les marques de plusieurs batailles contre des pokémons insectes qui défendaient âprement leur territoire. Il me restait encore une potion dans le sac, mais je préférais attendre avant de la lui donner.
Pour le moment, Matt savourait quelques gorgées d’eau fraîche de sa bouteille presque vide. Nous étions assis sur un rocher à moitié recouvert de lichen qui diffusait une agréable tiédeur à sa surface. D’ici un siècle, cela deviendrait une pierre mousse gorgée d’énergie de type plante, capable de faire évoluer les évolis, ainsi que ces pokémons d’une région lointaine dont le nom m’échappe.

Recouvrant pourtant une petite surface, la forêt de Mele Mele devenait gigantesque dès lors que l’on s’aventurait hors des sentiers. Tout en cheminant, je pris conscience de la multitude de pokémons qui grouillait dans la jungle, loin du regard de l’aventurier lambda. Au sol, les parecools inertes me dévisageaient vaguement de leurs yeux mi-clos, tandis que mes sens se concentraient sur la colonie de férosinges qui s’agitait dans les arbres au-dessus de moi. Quand l’un d’entre eux commença à péter un câble, j’accélérai le pas, sachant que toute la colonie allait rapidement s’énerver. Tout autour de moi, les mimigals descendaient des troncs par peur de subir la colère des pokémons porsinges.
Plus loin, je jetais un coup d’œil derrière moi pour m’assurer que les férosinges ne s’approchaient pas, quand quelque chose me stoppa net. C’était Matt. Il répondit à mon regard interrogatif en m’indiquant une zone remplie de parasects et de spododos à quelques mètres. Un brouillard jaune et odorant flottait dans les airs au-dessus de ces pokémons. Des spores. Hors de question de s’en approcher !
Nous bifurquâmes vers la droite, où le terrain devenait encore plus boueux. Je vis un groupe de mucuscules patauger dans les eaux verdâtres d’une petite mare. Finalement, nous prîmes à gauche.

Alors que je me démenais une fois de plus avec la végétation, malgré l’aide de Matt, je crus voir une silhouette massive se découpant derrière les arbres. C’était peut-être Harambe ! Preuve que tout vient à point à qui sait attendre. Je m’élançai vers la silhouette, prenant le risque de trébucher maladroitement, de m’éclater le coude contre un tronc d’arbre, de déraper sur le sol humide, de me relever la lèvre en sang, mais tant pis. Je poursuivis ma course vers Harambe.
Ou juste vers un gouroutan un peu plus grand et large que la moyenne. En fait, il n’était même pas impressionnant, je devais faire dix bons centimètres de plus que lui. Il me regarda tout de même avec condescendance, son visage sombre contrastant avec la blancheur de son pelage. Déçu, je faillis m’en détourner lorsque je compris le traquenard : il n’était pas seul. Je venais de tomber sur une horde de pokémons sauvages : quatre insécateurs – dont une femelle à en juger par l’abdomen – et bien sûr le gouroutan.
Sans quitter la horde des yeux, mon bras se plia lentement de façon à ce que ma main atteigne l’intérieur de mon sac. Je vis les insécateurs se mettre en position de combat avec la même lenteur calculée que celle dont je faisais preuve pour atteindre ma dernière potion. Matt ne pouvait faire face à toute une horde dans cet état-là et mes autres compagnons n’étaient pas taillés soit pour combattre une horde, soit pour lutter sur ce genre de terrain.
Bien entendu, quand on cherche quelque chose dans un sac et que l’on est pressé, la chose en question est toujours rangée en dessous de tout le reste ! Les insécateurs se lancèrent à l’attaque, Matt parvint tout juste à les esquiver. Vive-attaque, poursuite, taillade, cru’aile ! Ils connaissaient chacun un moyen différent de terrasser leurs proies. Et c’est à cet instant précis que le gouroutan utilisa une terrifiante capacité qui hanterait mes cauchemars à tout jamais. Agitant mollement son éventail fait de feuilles et de poils tel un pacha dédaigneux, il lança une SOMMATION !!!! Et les quatre insécateurs retournèrent à l’attaque.

« Matt, tire-toi ! hurlai-je. Fuis ! »

Et d’un geste fulgurant, je ramassai une petite pierre par terre et la lançai vers l’opposant le plus proche, avant de prendre la poudre d’escampette à mon tour. Nous courûmes en criant, tandis que les insécateurs se mouvaient avec agilité autour des arbres, volant à une trentaine de centimètres du sol. Ils nous auraient sans doute encerclés si nous n’avions pas trébuché bêtement contre la racine d’un arbre et plongé la tête la première dans un cours d’eau. Il s’agissait d’une rivière peu profonde, mais son formidable torrent nous tira hors de la jungle avec violence.

Matt retourna dans sa safari ball. Je restai encore quelques instants par terre, couvert de boue, le dos en vrac, à me demander où va ma vie. Sans rire, qu’est-ce que foutais si loin de chez moi, à poursuivre des forces qui dépassent mon existence ?
Je me relevai péniblement, sans geste brusque, massant la nuque endolorie. J’essorai ensuite mon tee-shirt imbibé d’eau bourbeuse et mis un peu d’ordre dans mes cheveux. Je voulus jeter un bref coup d’œil à mon sac, imaginant l’état de mes affaires, mais je n’eus pas le courage de regarder. Je le mis sur mes épaules et m’éloignai de cette satanée jungle.
Le soleil cognait de toutes ses forces comme s’il espérait me planter dans le sol. Ce fut du moins mon impression alors que je descendais la pente vers le littoral en boitillant. De part et d’autre du sentier s’élevaient des statues primitives en pierre, dont les visages austères semblaient le fixer. Cette impression d’être observé me sortit de mes pensées. Tous mes sens se mirent en alerte. Autrefois, je possédais un petit miroir de poche, bien utile dans ce genre de situation pour regarder discrètement derrière soi.
Mes oreilles grandes ouvertes, j’avançais le plus discrètement possible, concentré sur les sons alentours. J’entendis un bruit derrière moi. Des pokémons ? J’en doutais, car soit ils se cachent et ne font aucun bruit, soit ils se montrent. Je fis mine de refaire mon lacet, s’il y avait un randonneur derrière moi, il finirait bien par me dépasser. Mais personne ne vint. Avant de me relever, je pris la pokéball de Bram, puis je poursuivis ma route. L’espion devait se cacher derrière les statues tribales et avancer dans mon angle mort.
D’un geste vif, j’envoyai Bram à l’assaut en contournant les tikis et m’élançai sur le sentier en parallèle. Le fureteur se retrouva prit en tenaille. Bram lui mordit le bras tandis que je lui assénai un coup de poing dans le ventre. L’homme voulut s’enfuir, mais je fauchai le pied. Il s’étala au sol. Je lui bondis dessus, lui planquant le visage contre la poussière.

« Espèce d’enfoiré, j’espère que tu as une bonne raison de m’espionner !
- Je suis de la Police Internationale, crétin. »

Je relâchai ma prise d’un coup et m’écartai. L’homme se remit sur pied sans mon aide (et puis quoi encore ?!), avant de me fixer avec hostilité. Bram se posa au sommet d’une statue derrière lui, prêt à intervenir si jamais il s’en prenait à moi.
L’agent de la Police Internationale s’approchait de la cinquantaine. Il avait le crâne dégarni, marqué par une petite cicatrice. Ce qui demeurait absent au sommet de sa tête se retrouvait en abondance dans ses sourcils et sa moustache. Il portait une chemise colorée et des lunettes de soleil comme bien des touristes, mais il aurait eu meilleure allure avec un imperméable gris et un feutre. Il me montra son insigne, agent Bocage. Jusque-là, ma journée s’était avérée pourrie, je sentais que le pire restait à venir.

« Qu’est-ce que vous me voulez ? lui demandai-je, la voix pleine d’animosité.
- Tu t’imagines peut-être que je vais répondre à une crapule dans ton genre ?
- Bram, à trois, tu utilises poison croix sur ce fouineur. Un.
- Tu bluffes.
- Deux.
- Tu ne vas quand même pas attaquer un flic, si ?
- Trois ! »

L’agent Bocage fit volte-face, les bras devant le visage, pour se défendre contre mon nosferalto. J’en profitai pour le frapper derrière le genou. Le policier trébucha à nouveau et cette fois-ci je l’empoignai encore plus fort. Du haut de son perchoir, Bram nous regardait avec attention.

« Alors c’était du bluff ? fit Bocage.
- Bram n’attaque jamais les humains, à moins que ma vie ne soit en danger. A présent vous allez répondre à mes questions. Pourquoi me suiviez-vous ?
- Beladonis me l’a demandé. Il trouvait ça louche que tu t’embarques pour Alola.
- Vraiment ? Pourquoi moi ? Je n’occupais pas un poste important au sein de la Team Flare, je préparais juste le café !
- Disons que tu nous as caché des choses sur toi, Jasper Holt ! Quand tu moisissais en cellule, Beladonis a découvert que tu avais été un Rocket, un Aqua, un Magma, un cosmonaute et un Plasma ! Rien que ça ! Tu t’es toujours débrouillé pour quitter ces organisations avant qu’elles ne sombrent, jusqu’au fiasco de la Team Flare.
- Oui et alors ?
- Beaucoup de nos agents pensent que tu finiras par intégrer la prochaine bande de barjos costumés qui émergera pour… Arceus sait quoi. Alors Beladonis te garde sous surveillance.
- Je n’ai jamais rien entendu d’aussi ridicule ! m’exclamai-je, tandis que je tombais des nues après cette délirante révélation. Vos patrons vous mettent la pression parce que vous êtes incapables de faire votre boulot aussi bien qu’un môme de douze ans, c’est ça ? Alors vous inventez toutes les combines les plus loufoques pour ne pas perdre la face ? C’est quoi la suite, recruter le Grand détective Pikachu ?
- Espèce de sale…
- J’ai touché le point sensible ? »

L’agent Bocage serra les dents, j’avais donc vu juste. Il continuait de me regarder avec un mépris non dissimulé. Il faut dire que j’avais une tête de repris de justesse avec mes cernes sous les yeux et ma barbe de trois jours. La pensée d’un retour en prison me glaça, en dépit de la météo tropicale. Dans ma poitrine, les battements se changèrent en secousses. Tous les sbires connaissent la peur, c’est la raison pour laquelle ils sont sbires.
Il était peut-être temps pour moi de lui dire la vérité au sujet de mon excursion à Alola. Après tout, cela peut arriver à tout le monde de se tromper de bateau. Dans le meilleur des cas, ce flic me prendrait pour un idiot et cesserait de me filer. Je voulais que l’on me fiche la paix, rien de plus. Mais les choses ne se déroulèrent pas ainsi.

« A ton tour de répondre à mes questions. Que faisais-tu à vadrouiller dans la jungle ? fit le cinquantenaire en prenant sa voix de méchant flic.
- Je cherchais un pokémon légendaire, mais il doit être en congé aujourd’hui…
- Arrête de te la jouer ! Il va falloir trouver une meilleure réponse que ça.
- Je ne plaisante pas, j’étais à la recherche d’Harambe !
- Harambe ? s’étouffa Bocage. Tu es un demeuré, ma parole ! C’est un hoax !
- Un quoi ?
- Une rumeur non fondée qui circule partout ! Les utilisateurs de Loudreddit la diffusent massivement. Cela fait des mois que ça dure, mais tu ne peux pas le savoir, tu étais en cellule. On trouve dans toutes les régions au moins une personne qui prétend avoir vu cet Harambe et plein de types dans ton genre, assez crédules pour y croire ! »

Ensuite, il se mit à rire. Il n’était pas en position de force, pourtant il se moquait ouvertement de moi. Il riait sans retenue. Je venais de passer des heures infernales dans la jungle à cause d’une rumeur. Incroyable. Mon cerveau se trouvait en équilibre sur un muret métaphorique. D’un côté il y avait un bassin rempli de désespoir, sombre et poisseux, de l’autre un bassin plein de colère, rouge et pétillante. De quel côté allait-il tomber ?
Non, je resterais maître de mes émotions. Je poussai le flic contre un tiki et dégainai la super ball de Jean, mon maraiste. Il utilisa bâillement contre l’agent Bocage qui se mit à somnoler. Mais le policier moustachu tenta quand même de m’arrêter en brandissant des menottes. Je rappelai mes deux pokémons et m’enfuit à toutes jambes. Quand je fus assez loin, je jetai un bref regard en arrière pour voir Bocage s’effondrer de sommeil. Puis ce fut à mon tour de me casser la figure.
Je mordis la poussière de façon spectaculaire, du genre chute au ralenti, avec toute ma vie qui défile à grande vitesse devant mes yeux. J’imagine que l’univers m’envoyait un déplaisant message cosmique sur mes récentes actions. Quelque part, je l’avais mérité.
Je massai ma cheville, puis inspectai l’objet responsable de ma chute. Dingue ! Une pépite ! A moitié enterrée dans le sol ! Je la pris sans me faire prier. Tout compte fait, l’univers me soutenait à cent pourcents ! Je n’avais qu’à vendre la pépite et me payer la traversée vers une autre île, histoire de semer l’agent Bocage. Je pouvais même me permettre un bon restaurant !
Une fois la pépite rangée dans le sac, je déguerpis à cloche-pied, ma cheville me faisant drôlement mal. Le port se trouvait à une bonne demi-heure de marche, mais le policier ne risquait pas de se réveiller avant la tombée de la nuit. J’espérais quitter Mele Mele avant dix-huit heures pour une des deux autres îles. Je le sais bien, Alola est un archipel composé de quatre îles, mais je refusais de mettre les pieds sur Akala pour des raisons évidentes d’éruption volcanique précisées précédemment !