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CONCOURS SL : Pokemon is Real Life [Prologue] de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 14/10/2016 à 22:11
» Dernière mise à jour le 14/10/2016 à 22:11

» Mots-clés :   Drame   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 5 : Soleil et Lune

[size=3]Marco[/size]
Quelle était ce sentiment me parcourant... ? Pourquoi sentais-je de ce Tartiflette un soupçon de malveillance ? Son visage, pour sur, témoignait d'une certaine bonté, mais son regard le trahissait. Qu'importe qui il put être, je ne l'appréciais déjà pas.

— Tartiflette ? répéta Grand Rey. Voilà un nom peu commun. Sont-ce tes parents, qui t'en ont fait « cadeau » ?

— Je prends cela comme de l'ironie, votre majesté. A vrai dire, au même titre que vous êtes Roi, je suis Tartiflette, rien d'autre.

Garmond haussa les sourcils, légèrement amusé par la répartie du nouveau conseiller.

— Un titre, donc ?

— Une preuve d'identité, plutôt. Mais tout cela est bien gênant pour moi, Sire. Vous n'êtes vraisemblablement pas le premier à me piquer sur ce nom, et bien qu'en ayant établi une carapace avec le temps, je dois reconnaître que je m'y fais mal.

Le jeune homme royal se rassit sur le trône, et croisa les jambes. Son expression semblait changée. Déjà, mon discours l'avait touché, je le savais. Archie était peut-être un père pour lui, mais en ce qui me concerne j'étais un frère. Un frère qu'il écoutait et aimait.

En plus de cela, ce mystérieux Tartiflette l'apaisait visiblement. Je tournai la tête vers Hogart, et m'aperçus qu'il paraissait aussi anxieux que moi. Je soupirai intérieurement ; le contraire m'aurait déplu. Du coin de l’œil, il remarqua que je le fixais, et détourna le regard vers moi. Notre expression en disait long, inutile d'échanger des mots. Nous le ferions plus tard.

— Tu prendras tes fonctions demain, indiqua Rey à l'homme blond.

Je plissai les yeux, remarquant un détail : sa chevelure. Instinctivement, je me mordis la lèvre, pris d'une soudaine inquiétude. A Puritania, la majorité de la population était brune, châtaine pour certains, mais très peu étaient blonds.

C'était une couleur « privilégiée », une teinte que la populace ne possédait pas dans le sang. Qui donc, alors ? Pour sur, les nobles. Quand bien même ils ne le seraient originellement pas, une coloration était si facile, avec leurs moyens financiers.

Je me souvenais du discours de Garmond, concernant les nobles, ses potentiels ennemis. Mais prendraient-ils un tel risque ? J'en doutais fort. Alors qui était-il ? Le cerveau inconnu se servant d'eux ? C'était une possibilité, je ne devais pas l'ignorer.

Je sentis mes jambes faiblir. Tout cela n'était pas plaisant, et mon corps me le montrait bien. J'avais aussi un autre problème : comment dire au Roi que je pensais ce conseiller un danger. Même s'il ne prenait pas mal cette accusation, il n'en tiendrait certainement pas compte. Au moins, le général aussi était soucieux. Bien qu'il puisse parfois être benêt, il n'était pas un idiot, et devait certainement penser comme moi.

Enfin, je n'avais aucun autre choix à ma disposition. Soudain, Rey toussa, et je me glaçai. Je l'avais presque oublié : la mort le guettait. Malgré tous les moyens à notre disposition, sa blessure avait conduit à une infection, qui se propageait petit à petit dans son corps. Il disait n'en être pas beaucoup affaibli, mais je voyais bien son regard changer d'éclat.

— Puis-je me retirer désormais, Sire ? s'inclina Tartiflette.

Je le regardai de nouveau, observant chaque détail de son visage clair. Il n'était décidément pas originaire de Puritania, son physique ne trompait pas.

— Oui, je veux te voir à partir de demain, donc.

— C'est entendu.

Il effectua une dernière courbette, puis se retourna et s'effaça peu à peu, entouré des deux mêmes gardes. Pas une seule fois ses yeux ne croisèrent les miens. Ne ressentait-il pas ce mépris que j'éprouvais déjà pour lui ? Autour de moi, l'air en était chargé.

— Vous devriez aller vous reposer, votre Majesté, suggéra Hogart.

— Ne suis-je pas censé reprendre mes fonctions ? C'est pourtant vous deux qui me l'avez dit.

Le général me regarda, anxieux.

— Certes... tentai-je d'argumenter. Mais nous verrons cela dès demain, en même temps que votre conseiller.

Il soupira, puis se leva, attrapa de son bras droit son manteau, qu'il jeta sur ses épaules. Son pas n'était plus aussi droit, sa fatigue en devenait ainsi apparente. Nous le fixâmes le temps qu'il rejoigne ses appartements, puis lorsque la porte fut fermée, nous nous observâmes une nouvelle fois, Hogart et moi.

— Qu'en penses-tu ? me fit-il. De ce Tartiflette.

Je hochai brièvement la tête, songeant aux mots que je m'apprêtais à employer.

— Je ne sais pas. Je n'arrive pas à lui faire confiance. Et puis... J'ai l'impression qu'il s'agit d'un noble.

— Ce n'est pas qu'une impression, répondit aussitôt le colosse. Cet homme est un noble. Et pas n'importe lequel, d'ailleurs.

Sa remarque m'interpella, et je l'en questionnais donc davantage.

— Que veux-tu dire ? Le connais-tu ?

Il acquiesça, la mine grave. Quelque chose n'allait pas, c'était certain.

— Bien entendu, que je le connais. Aujourd'hui je suis seul, mais nous étions autrefois deux, avec Archie. Ce personnage n'est autre que le frère cadet du Roi.

J'écarquillai les yeux, et laissai ma mâchoire pendre, exhibant ainsi une partie de ma dentition. Que venait-il de dire, au juste ?

— Tu ne dois pas être sans savoir, poursuivit-il, que les anciens Roi et Reine sont décédés il y a quinze ans de cela. A l'époque, Garmond avait dix ans. Et ce blondinet, quant à lui, venait d'atteindre son cinquième anniversaire. A la mort de leurs parents, l'aîné a été nommé Roi, et une famille noble s'est présentée, désirant prendre sous leur tutelle le plus jeune. Ils ont senti qu'ils avaient à y gagner, je suppose.

— Qui est cette famille ? Et puis... Comment ils ont pu le prendre sans que personne ne dise quoi que ce soit ?!

— Ce sont les Raquelaitte, originaires du Kento (*). Je doute que tu en aies eu entendu parler, étant donné qu'elle n'est pas particulièrement reconnue. Sa fortune n'est pas vraiment conséquente, et elle occupe une place mineure dans la politique du royaume. Ensuite, personne n'était là à ce moment. A cette époque, je n'étais que maître d'armes, et Archibald simple conseiller. Les régents venaient de mourir, et aucune autre instance n'existait pour chapeauter Puritania.

Je hochai la tête, perplexe.

— Sont-ils vraiment frères ? interrogeai-je.

Ma question sembla surprendre le moustachu, qui haussa les sourcils.

— Pas de sang. Gendô, quant à lui, est originaire de Yhuôn. C'est cela qui explique son teint et ses cheveux plus clairs.

— Il y a quelque chose que je ne saisis pas, fis-je. Comment as-tu pu remarquer que c'était bel et bien lui ? T'a-t-il parlé ?

Hogart secoua la tête.

— J'ai de suite remarqué la cicatrice au-dessus de son œil. Une telle cicatrice, ricana-t-il, ce n'est pas banal. Peu de gens ont une marque en forme de lune sur le visage. Je n'ai bien entendu aucune certitude, mais j'ai encore moins de doutes. Enfin, c'est merveilleux ! La famille se reconstitue enfin ! Je suis sûr que le Roi en sera ravi, lorsqu'il saura qui est son conseiller !

J'acquiesçai, et esquivai son regard heureux. Un frère retrouvé, disait-il ? Je peinais à le croire. Je lui lançai un geste de la main, et m'éclipsai en direction de la sortie du château. Bientôt je franchis la grande porte, et une fois sur le grand balcon, je m'arrêtai. De mon bras je me protégeais le visage des rayons astraux, pour réfléchir. Réfléchir à que faire. Où avait pu partir ce Tartiflette ? Où plutôt... Gendô.

Et si tout cela n'était qu'une plaisanterie ? Peut-être me faisais-je des idées. Si ce conseiller était bel et bien le frère de Garmond, et s'il ne faisait que tenter de le revoir, alors je n'avais rien à craindre. Peu à peu, je détendais mes muscles. Après tout, il était envisageable qu'il n'ait, jusqu'à présent, jamais été autorisé à pénétrer dans le château. Pourquoi ? Ce n'était pas à moi d'y répondre, manifestement.

Je soupirai ; si seulement Archibald était toujours de ce monde, les choses auraient été plus simples. Enfin, je devais penser au futur, et nous verrions bien demain si cet homme blond pouvait nuire.

Le soleil m'éblouit. Je détournai le regard, les yeux encore illuminés, pour descendre les marches menant à la capitale. Sur mon chemin quelques uns de mes pairs me saluèrent, mais je ne leur répondis que d'un bref signe de la main, sans même l'accompagner d'une esquisse de sourire. Pour l'heure je ne souhaitais témoigner d'une joie quelconque. Je n'avais pas à pleurer non plus, mais seul le doute m'occupait l'esprit.

Raquelaitte, n'est-ce pas ?

Je m'arrêtai soudain. Je levai la tête vers l'astre solaire, et m'imprégnais de sa lumière. Bientôt mes paupières se fermèrent, et une larme s'écoula le long de ma joue. Était-ce mon cœur qui s'exprimait, où la douleur ? Je les rouvris, absorbé par cet éclairage quasi-divin.

La lune, n'est-ce pas ?

Toujours pas de soleil. Il n'existe aucun équilibre en Puritania s'il y a lune sans soleil. Et si celle-ci se nomme Gendô Rey, alors je deviendrai le soleil de cette nation. Je devine que le Roi est en danger, et je ne peux le laisser ainsi. Par extension, le Royaume aussi souffre. C'est à moi de le sauver, de le redresser et le remettre sur le droit chemin, qu'importe ce que l'on puisse me dire ou me reprocher. Tel est mon rôle de Président de la Guilde des Commerçants, et d'ami.

Traînant les pieds, je rentrai chez moi, presque à contrecœur. Je ne me sentais pas l'âme de tourner le dos au jour dès maintenant, mais je n'étais pas non plus en mesure de faire quoi que ce soit : réfléchir m'épuisait.

J'arrivai devant ma maison, en pierre blanche comme toutes les autres, et après un dernier soupir, je poussai la porte d'entrée. Me dirigeant vers un fauteuil, je me saisis de mes Pokéball, pour en faire sortir mes alliés : un Lougaroc au pelage et aux yeux rouges, et un Gouroutan. Je m'assis, contemplant mes créatures, avec une seule idée en tête.

— Je suis le soleil, murmurai-je. Je dois sauver le Roi. Cette confiance aveugle qu'il porte à ce Tartiflette, je la briserai.

Mes lèvres bougeaient presque d'elles-mêmes, formant du mince courant d'air les parcourant un son, inaudible mais réel.

— Vous aussi, vous faites partie du soleil. Ensemble, nous allons reprendre Puritania à la lune.

Bientôt, je m'assoupis.

*****
[size=3]Grand Rey[/size]
J'ouvris les yeux dans mon lit, réveillé par les doux rayons du soleil matinal. J'entendis alors toquer à ma porte.

— Garmond ? Je peux entrer ?

— Bien sûr, je t'en prie Marco.

Je vis la poignée tourner, et le marchand pénétra dans la chambre, souriant. Il observa la grande fenêtre, et s'en approcha de quelques pas.

— Nous pouvons apercevoir la mer, d'ici. Quelle belle vue.

J'acquiesçai, sans un mot. Je m'étais souvent fait cette même réflexion.

— Quelle heure est-il ? demandai-je.

— Presque onze heures de la matinée, soupira mon ami. Que dirait le peuple s'il savait que son Roi se levait aussi tard ?

Je ne pus m'empêcher de sourire.

— Toutes mes excuses, c'est dans ma nature...

Je sentis soudain une violente douleur aux poumons, et une quinte de toux m'échappa, m'arrachant la gorge. Lorsque je fus remis, mon regard se tourna vers Marco, qui m'observait, le visage triste.

— Ne t'inquiète pas, tentai-je de le rassurer, ce n'est rien.

Ma voix affaiblie n'était pas convaincante, et je savais bien moi-même qu'un jour, je finirais par mourir de cette infection. Je me redressai, et m'appuyai sur le lit de mon seul bras. Un bandage entourait mon autre épaule, de manière à ce que l'on ne puisse pas voir les chairs nécrosées, de même que pour limiter les contacts.

— Tu voulais me demander quelque chose de particulier, où tu étais simplement venu pour me réveiller ?

— Oui... J'aimerais que tu restes à te reposer, pour aujourd'hui. Ton état de santé ne s'améliore pas, et je pense que tu es aussi bien ici que sur le trône. Je prendrai ta place.

Je bougeai légèrement la tête, perplexe.

— N'est-il pas de mon devoir que d'être présent sur le trône ? Je suis bien le Roi, pourtant.

— Juste pour aujourd'hui...

Je secouai vivement la tête, et m'extirpant de mes draps, j'attrapai mon manteau royal, pendant non loin. J'étais déjà partiellement habillé, et je n'avais pas besoin de beaucoup plus, connaissant la température bientôt atteinte. Je me tournai vers mon ami, le regard dur.

— Je ne peux m'absenter du trône, fis-je. Je suis le Roi, le soleil de cette nation.

Je vis les yeux de Marco s'agrandir, puis son visage s'assombrir. Cette phrase, pour une raison m'étant inconnue, semblait l'avoir atteint. Je soupirai, puis sortis de la chambre, laissant l'homme derrière-moi.

J'espérais que le conseiller soit déjà arrivé. Il ne fallait pas qu'il soit aussi fainéant que moi, puisque dans ce cas-ci il ne me serait pas utile.

Les couloirs défilaient devant moi, et avec eux la couleur soleil, comme elle était appelée. Pour moi, ce n'était qu'un rouge-orangé, mais je ne relevais pas, me fichant de la décoration de ce palais. Je poussai une dernière porte, et pénétrai dans la salle du trône. Hogart m'attendait, accompagné du dénommé Tartiflette. Tournant la tête, je vis des gardes ; tout allait bien.

— Vous voilà, fillette ! m'adressa le général.

J'acquiesçai, et me postai devant le conseiller, qui posa un genou au sol.

— Votre altesse, dit-il.

D'un geste de la main, je l'invitai à se relever, ce qu'il fit aussitôt. Son regard bleu pénétra le mien, et nous restâmes ainsi de longues secondes.

— J'ai quelque chose à vous dire, Sire, me fit-il. Le général pourra en témoigner.

Du coin de l’œil, je vis arriver Marco derrière-moi, et soulagé, je soupirai intérieurement.

— Je t'écoute.

— Je me nomme Gendô Rey. Peut-être ne vous en souvenez pas vous pas, mais je suis votre petit frère.

Je ne savais que répondre, me retrouvant ainsi pris au dépourvu. Tournant la tête, je jetai un coup d’œil furtif au marchand, qui se tenait légèrement en retrait. Ses yeux étaient durs, fixant le conseiller.

— Mon frère, dis-tu ? N'a-t-il pas été adopté par une autre famille ? intérrogeai-je.

Hogart s'avança alors.

— Oui, il s'agit des Raquelaitte. Vous n'avez pas l'air étonné, Sire.

Je hochai la tête. Étais-je surpris ? Non. A vrai dire, je n'avais aucune raison de l'être. A leur étonnement, je poursuivis mon chemin jusqu'au trône, sur lequel je m'assis nonchalamment.

— Soit. Tu es mon frère cadet, et donc ? Ma famille se trouve ici. Marco, Hogart, Archie. Comme tu remplaces ce dernier, il est juste que tôt ou tard, je te considère comme un frère, en effet. Mais cela fait quinze ans que nous nous sommes perdus de vue, et je n'ai pas grand souvenir de notre vie d'avant. Ainsi, que tu sois Gendô Rey ou Tartiflette m'importe peu. Ou plutôt, je préfère que tu sois Tartiflette, crois-moi.

Bien que brève, j'aperçus une grimace se former sur son visage. Un rapide regard adressé à Marco me fit comprendre que lui aussi l'avait remarqué. Décidément, je n'arrivais pas à lui faire confiance. Il n'avait pourtant pas l'air méchant, mais qui était-il pour prétendre être mon frère ? Peut-être cherchait-il un moyen de mieux s'intégrer ? Ce devait être ça, en effet.

— Je comprends... Pardonnez mon impolitesse.

— Ne t'attarde pas sur de tels détails, et passons au plus important. Es-tu familier avec le palais, déjà ?

Il acquiesça, sourire aux lèvres.

— Permettez-moi de vous rappeler que j'y ai vécu. J'ai tout de même refait un tour, hier au soir.

— Ça vaux mieux. Sans vouloir remettre en cause ta mémoire, j'ai peur qu'à cinq ans elle ne fut pas particulièrement développée. Bien, désormais ton travail de conseiller est de rester ici à mes côtés, de me réveiller quand je m'endors, et de m'empêcher de prendre des décisions hâtives et stupides.

— C'est un honneur pour moi.

*****
Une semaine s'écoula ainsi, période pendant laquelle Tartiflette s'habitua peu à peu à son rôle. En parallèle, je voyais la méfiance de Marco à son égard grandir. Hogart, pour sa part, n'était pas cernable. L'appréciait-il ? Le détestait-il ? Je penchais pour la première possibilité, mais je ne pouvais évidemment rien affirmer.

En ce qui me concernait, je commençais à réellement apprécier la présence de cet homme mystérieux. Je savais qu'il cachait des secrets, mais que le temps passe, je n'attendais que de les découvrir.