Story 01 - La Plus Grande Épreuve de Mele-Mele de Ottotom

Ben, sur le dos de Mastouffe, avait repris son ascension de la montagne. Après leur discussion avec le Barde, les deux garçons avaient décidé de se séparer pour aller à la rencontre d'un Dominant chacun. Le Dresseur débutant avait proposé de rester sur la montagne et de grimper jusqu'au sommet pendant que son ami retournait en ville.
Sa décision était bien évidemment intéressée, il savait que Léo serait heureux d'y retrouver Julie, mais surtout, il voulait éviter la puanteur des égouts de la ville. Il préférait laisser la tâche à quelqu'un d'autre. Pendant ce temps, le jeune homme profitait d'une vue digne de légende. De là où il se trouvait, il pouvait voir la totalité de l'île de Mele-Mele ; il distinguait les quelques villes, la colline où il avait grandi, et l'océan qui entourait les terres. Il se demanda ce que sa mère faisait en ce moment, il espérait aussi que les Pokémon sauvages agressifs ne lui causaient pas de problèmes. Toutefois, cela ne l'inquiétait pas trop car Matoufeu était là pour la protéger.
Enfin, Ben leva les yeux vers le lointain, et l'altitude était telle qu'il put voir l'île d'Akala au loin, ainsi que le bâtiment de la Fondation Æther ; petit carré de construction humaine au milieu de l'immensité de la nature.

Bientôt, la lumière naturelle du soleil se raréfia si bien que le jeune homme décida de s'arrêter pour passer la nuit. Il installa son sac de couchage sous un pic rocheux horizontal afin d'avoir un toit au dessus de la tête.
Le ciel se para des couleurs du soir, et assez rapidement, la lumière du jour laissa place au plafond étoilé de la nuit. Ben s’emmitoufla dans son duvet après avoir mangé quelques provisions offertes par le Barde. Cette nuit, Lugaroc, Brindibou et Bombydou dormiraient aux côtés de leur Dresseur, pour qu'ils se tiennent tous chaud mutuellement.

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– Et voilà notre mission, rencontrer le Pokémon Dominant qui habite sous la ville et comprendre pourquoi ils attaquent, conclut Léo après une longue explication de leur périple montagneux.
La descente à dos de Chevroum fut bien plus rapide que l'ascension. L'agilité de son Pokémon avait été bien utile, si bien qu'il avait rejoint le bas de la montagne en fin d'après-midi. De là, il était passé prévenir Emma, l'éleveuse de Mastouffe, que Ben et la PokéMonture étaient restés dans la montagne. Puis, il avait reprit la route en direction de la petite ferme de Mamy Gabi et Papy Herbert. Il fut accueilli chaleureusement par les deux personnes âgées, et tous les trois attendirent le retour de Julie de la ville.
Elle était revenue pour l'heure du dîner. En apercevant Léo avec ses grands-parents, la jeune fille avait soudain accéléré le pas et s'était précipité dans les bras du garçon. S'en suivit une longue étreinte, et un échange de regard lourd de sens. C'est Mamy Gabi qui interrompit ce moment intense entre les deux adolescents en proposant à tous d'aller manger.
Léo profita alors du repas pour leur raconter ce que Ben et lui avaient vécu ces dernières heures, l'ascension de la montagne, la rencontre avec le Barde, le défi qu'il leur avait lancés, puis le combat qu'il avait livré contre son Marisson. Papy Herbert fut ravi d'entendre que son Chrysapile était devenu un puissant Lucanon. Enfin, il leur rapporta ce que le vieil homme leur avait révélés sur les Dominants de l'île, et la mission qu'il leur incombait alors.

Après ce dîner de retrouvailles riche en émotion, les deux propriétaires de la ferme ordonnèrent à leurs cadets d'aller se coucher, car une longue journée les attendait le lendemain. Ils s'exécutèrent sans rechigner. Mamy Gabi offrit à Julie de dormir dans la chambre qui lui était réservée, mais ce soir là, elle préféra rejoindre Léo ainsi que tous ses Pokémon dans la grange.
Les deux adolescents se glissèrent donc dans leur sac de couchage peu après, et roulèrent chacun dans la direction de l'autre pour se retrouver face à face. Ils discutèrent quelques minutes tandis que leur Pokémon s'endormaient tour à tour, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les deux Dresseurs.
Là, dans le silence et la discrétion de la nuit, les deux adolescents partagèrent un baiser, rien d'extravagant ni de langoureux, juste deux bouches pressées l'une contre l'autre pour venir placer un sceau sur l'affection qu'ils se portaient très clairement. Puis, ce premier baiser fut suivi par beaucoup d'autres, dans un cocktail d'émotions des plus extatiques. Enfin, la nuit gagna sur eux aussi, et les deux jeunes âmes s'endormirent en même temps, dans les bras l'un de l'autre.

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Au cœur de la nuit, la montagne de l'île de Mele-Mele devenaient de plus en plus vivante. De nombreux Pokémon s'activaient de toutes parts, certains revenaient d'un séjour dans différents lieux ; des forêts, des grottes, des jardins... D'autres, quant à eux, restaient constamment au sommet de la montagne pour organiser toutes les troupes de Pokémon.
Ben n'en avait pas encore conscience, mais cela ne tarderait plus. Alors qu'il dormait tranquillement sous son rocher, il fut réveillé par des bruits de pas non loin de lui. De plus, quelque chose semblait gratter la pierre sous le rocher. Tous ces sons parasites le tirèrent de son sommeil. Il ouvrit les yeux pour seulement être accueilli par la noirceur de la nuit. Sa vision s'habitua aux ténèbres, et il put se concentrer sur ce qui l'avait réveillé. Allongeant le bras devant lui, il chercha à tâter le sol. Il découvrit de la terre fraîchement retournée et un trou qui plongeait sous la pierre. Intrigué, le jeune homme glissa prudemment sa main dans la petite cavité à peine assez large pour laisser passer son bras.
Il poussa un cri de douleur. Une brûlure partant de ses doigts et remontant jusqu'à sa nuque le paralysa quelques secondes. Il retira ensuite la main le plus rapidement possible. Ses phalanges et sa paume lui faisaient affreusement mal, comme si il avait touché du feu. Une lumière rougeoyante jaillit du petit trou sous le rocher. Luttant contre la souffrance, Ben roula loin de la pierre. Ses mouvements réveillèrent ses Pokémon dormant à côté de lui.
Aussitôt après, ils remarquèrent la présence d'un reptile qui venait de sortir du trou. Le corps de la créature était sombre, mais il s'en dégageait une aura enflammée. Le petit Pokémon avait deux yeux violacés et vicieux. Une marque orange semblait en feu depuis le bas de son dos jusqu'au bout de sa queue. Il avait un crâne noir, à l'instar des quatre griffes sur ses quatre pattes. Le Pokédex du jeune homme l'identifia comme étant un Tritox.
Malgré son évidente agressivité, le lézard ne semblait pas prêt à en découdre. Il poussa un cri serpentin puis tourna les talons pour retourner dans son trou, laissant Ben et ses compagnons derrière lui.

C'est à ce moment que Ben remarqua la présence de nombreux autres Pokémon sauvages qui s'agitaient dans l'obscurité. Il les identifia rapidement. Des corps longs, des crocs proéminents, et une grande vivacité : il se trouvait au milieu d'une véritable horde de Manglouton. Un frisson lui parcourut le dos et il échangea un regard avec son Brindibou. Cela lui rappelait évidemment les événements du jour de son départ. Cependant, les Manglouton ne semblaient même pas prêter attention à la présence du jeune homme.
Des dizaines de Manglouton semblaient tous se diriger dans une même direction comme attirés par la même entité. La plupart portait de la nourriture de tous types dans leur gueule. Leur comportement était des plus curieux. Ben décida que cela valait le coup d'enquêter, et qui sait, ils pourraient peut-être le mener au Pokémon Dominant de la montagne.
Il rappela donc Lugaroc et Bombydou dans leur Pokéball puis invita Brindibou à se poser sur son épaule pour avancer à ses côtés et le défendre en cas d'attaque. Ben commença donc à suivre le chemin tracé par les Pokémon sauvages. Sa main le brûlait toujours autant, et il lui paraissait même que la douleur se répandait dans son poignet et son avant-bras.

Ben suivit donc les Manglouton qui couraient, bondissaient et se hâtaient à travers les roches sur un sentier très escarpé. Le Dresseur avait préféré laisser Mastouffe dormir près du campement qu'il avait installé au pied du rocher. Il ne s'inquiétait pas pour la PokéMonture et préférait économiser les forces du grand chien au cas où ils auraient besoin de redescendre rapidement jusqu'en ville.
Le jeune homme avait donc entamé le chemin à pied, qui s'avéra beaucoup plus difficile que prévu à parcourir. La pente devenant de plus en plus obtus, un humain éprouvait les plus grandes difficultés du monde à maintenir son équilibre, tandis que le corps longiligne des Manglouton s'adaptait parfaitement au relief rocailleux de la paroi de la montagne.
Cependant, Ben ne lâcha rien, malgré la douleur, les crampes, la fatigue et le manque d'oxygène, il continua d'avancer, ne perdant jamais des yeux les Pokémon sauvages qui le menaient toujours plus haut. Il se sentit s'évanouir à plusieurs reprises mais retrouva toujours ses esprits avant la chute.
Et enfin, après une bonne heure de montée, le sol finit par redevenir de plus en plus plat. Le jeune homme était en nage et mourait de chaud, mais il l'avait fait. Il avait atteint le sommet, et avec ça, avait retrouvé les Manglouton.
Ben découvrit alors que le sommet de la montagne était en réalité creux, et qu'il descendait vers une petite vallée verdoyante dans une cuvette. Là, des milliers de Pokémon grouillaient, et se regroupaient en plusieurs cercles qui prenaient tout le périmètre du sommet de la montagne dans un amas de pelage jaune et marron autour d'un seul et même Pokémon.
Le Dresseur s'approcha du rebord de la montagne et plongea le regard. Il devait y avoir une petite dizaine de mètres de dénivelés vers le champ herbeux où s’agglutinaient les Manglouton. Le jeune homme s'approcha aussi près qu'il le pouvait sans déranger l'organisation parfaite des Pokémon en contrebas. Quelques retardataires rejoignaient encore le troupeau sans prêter attention à l'humain qui les observait.
Quand les derniers eurent rejoint ce qui s'apparentait à une véritable armée. Le Pokémon au centre de tous les cercles frappa le sol du pied. De loin, Ben distinguait assez bien ses traits. Il se tenait sur ses deux pattes arrières et avait croisé ses membres supérieures derrière son dos. Il avait la même couleur de fourrure que les Manglouton, mais un visage plus renfermé, caché par sa frange. Mais ce n'était pas le plus choquant. Ben savait bien évidemment qu'il s'agissait d'un Argouste ; la forme évoluée des Manglouton, mais celui-ci avait quelque chose en plus, il était au moins trois fois plus grand que tous les congénères de son espèce.
– Alors c'est lui le Pokémon Dominant... murmura Ben pour lui-même.

L'Argouste Dominant s'adressait à tout son peuple d'une voix grave et gutturale. Il criait, crachait, crissait des dents tout en effectuant de grands gestes ponctués par des acclamations des autres Manglouton et Argouste dans l'assemblée. Une aura particulièrement puissante se dégageait de ce Pokémon. Le jeune homme en avait des frissons rien qu'à le voir. Du moins, c'est ce qu'il croyait, ou bien, c'était la douleur qui le faisait délirer.
Les cris du Dominant se firent de plus en plus virulents, il semblait préparer tous les Pokémon présents à une véritable guerre. De par sa gestuelle et sa façon de s'exprimer, Ben comprit que ce peuple en voulait aux Rattata pour une raison qu'il avait du mal à discerner. Mais une chose était sûre, l’affrontement était proche. Il réalisa alors l'étendue catastrophique que pouvait prendre une guerre ouverte entre de si nombreux Pokémon sauvages. Il n'y aurait jamais assez de Dresseurs dans toute la région d'Alola pour tous les arrêter dans leur folie ravageuse. Un nouveau frisson parcourut le dos du jeune homme pour remonter jusque dans sa nuque. Cette fois, il en était sûr, c'était de la peur.
C'est alors que le discours du Argouste Dominant s'arrêta. Un long silence s'en suivit. Il fallut un certain temps à Ben pour comprendre que tous avaient le regard tourné vers lui, et qu'il était désormais encerclé par des Manglouton sauvages qui montraient les crocs.

D'un geste du bras, le Dominant ordonna à ses sous-fifres de faire descendre l'humain qui les espionnait. Ils s'exécutèrent et le Dresseur n'eut d'autre choix que de suivre les ordres qu'on lui donnait.
On l'amena donc en face du Argouste. De près, il était encore plus impressionnant. Ce Pokémon avait la taille d'un humain, et une véritable impression de force se dégageait de chaque parcelle de son corps tout en muscle. Voyant que le Dominant ne faisait rien d'autre que le dévisager, Ben prit la parole.
– Argouste, en tant qu'habitant de Mele-Mele, je t'en conjure, ne t'en va pas en guerre. Tu détruirais l'île. J'ai bien compris que les Rattata avaient commis un acte grave pour ton espèce, mais je suis sûr qu'il peut y avoir une autre solution.
Le Pokémon Dominant ne répondit pas. Il plongea son regard dans celui de son interlocuteur humain. Ce dernier put y lire toute la haine et la rancœur qui aveuglait son jugement. Il ne pourrait pas être raisonné, la seule solution était de le vaincre.
Le Dresseur caressa alors le haut de la tête de son Brindibou, puis d'un geste il lui ordonna de se préparer au combat. Les milliers de Pokémon sauvages rugirent en choeur, prêt à en découdre, mais l'Argouste Dominant les arrêta d'un aboiement qui résonna dans toute la petite vallée herbue.

Argouste vint se placer devant le petit Brindibou. Il le dépassait de beaucoup en taille, mais cela n'impressionnait pas le petit hibou feuillue. Son Dresseur fit quelques pas en titubant et se rapprocha de son compagnon.
Ignorant la douleur qui montait plus haut encore dans son corps en partant de sa main, et la sueur qui dégoulinait sur tout son visage il ordonna à Brindibou d'utiliser une attaque Feuillage. Le Pokémon s'exécuta. Argouste encaissa l'attaque sans broncher et répliqua avec une attaque Mâchouille que le hibou esquiva en s'envolant.
Ben continua donc de se battre avec son Pokémon, mais leur adversaire recevait tous leurs assauts sans plier, tandis que chacun des coups reçus par Brindibou l'affaiblissait grandement. De plus, l'adrénaline diffusée dans le corps du garçon à cause du combat semblait l'étourdir de plus en plus. Alors que Brindibou était sur le point de recevoir une attaque surprise, il n'eut même pas la force de le prévenir. Le petit hibou voltigea droit vers son Dresseur. Les deux s'écroulèrent au sol, hors combat.
Ben tourna faiblement la tête vers Argouste qui le regardait de haut. Sa vision se troubla, il baissa les yeux vers sa main. Il avait une sale plaie boursouflée dont un liquide jaunâtre coulait. Ce n'était pas une simple brûlure, cela ressemblait plus à un empoisonnement. Puis, dans un dernier élan il releva à nouveau la tête vers le Dominant. Celui-ci avait poussé un cri de ralliement, auquel un écho de milliers de voix avait répondu. Les Pokémon se préparaient pour la guerre, tandis que Ben remarquait enfin que le ciel de la nuit avait laissé place à la lumière matinale. Ce fut la dernière chose qu'il vit avant de s'évanouir.

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Léo, accompagné par sa désormais petite-amie Julie, s'apprêtait à entrer dans les égouts. C'était le début d'après-midi. Les deux adolescents s'étaient réveillés en fin de matinée, emplis d'un sentiment de félicité. Réalisant soudain que ce qu'il s'était passé la veille était bien réelle, ils s'étaient levés, portés par une nouvelle motivation de faire en sorte que leur journée compte.
Ainsi, ils avaient rapidement avalé un petit-déjeuner, remercié leurs hôtes pour leur accueil, et avait récupéré leurs Pokémon en pleine forme dans la grange avant de partir en direction de la ville. Ils arrivèrent quelques temps plus tard, main dans la main, et s'attelèrent aussitôt à trouver un point d'entrée pour les égouts. Ils savaient pertinemment que ce qui les attendait n'était pas ragoutant, mais aujourd'hui rien ne les effrayait. Ils trouvèrent une bouche d'égout mal boulonnée à sa plaque au détour d'un coin de rue et c'est par ici qu'ils entrèrent.

Les deux adolescents descendirent une petite échelle pleine de crasse et furent accueillis par une odeur rance de pourriture, d'humidité et de déjection. Ce n'est qu'après qu'ils remarquèrent que l'endroit était particulièrement sombre et qu'ils ne voyaient presque rien.
Léo fit sortir Lucanon de sa Pokéball et lui ordonna d'utiliser l'attaque Flash. Le Pokémon insecte émit des étincelles puis ses deux mandibules s'illuminèrent, projetant un rayon lumineux devant le petit groupe. Cela révéla un chemin en pavé assez étroit, à côté duquel se trouvait un canal où de l'eau coulait. Les deux Dresseurs décidèrent de choisir un chemin au hasard en attendant de croiser quelques Pokémon. De temps en temps, ils entendaient des bruits de pas, ou des petits gémissements. Ils semblaient avoir choisi la bonne direction car ces sons se firent de plus en plus fréquents, jusqu'à ce qu'un cri de peur les interpelle.
Arrivés à un carrefour entre quatre chemins, un Rattata noir surgit de nulle part et fut prit dans le rayon de lumière émis par Lucanon. Il s'arrêta, surpris, puis se retourna et aperçut son poursuivant qui s'approchait dangereusement. L'autre Pokémon entra à son tour dans l'attaque Flash et fut aveuglé. Cela laissa le temps au Rattata sauvage de s'enfuir et de disparaître dans la pénombre.
– C'est pas vrai, ce Pokémon... C'est un Miaouss, s'exclama Léo.
Les Miaouss étaient des Pokémon qu'il avait déjà rencontré à de nombreuses reprises à Kanto. Ils étaient les Pokémon favoris des parieurs au Casino de Céladopole. Cependant, celui-ci était différent de tous ceux qu'il avait déjà vu. D'ordinaire les Miaouss avait un pelage blanc, quatre moustaches, une pièce rune sur le front et la queue et les pattes arrières marrons. Toutefois, celui-ci avait un pelage bien plus sombre, et ce n'était pas à cause de la crasse des égouts. Au contraire, ce Miaouss avait l'air très propre sur lui. Il avait juste une façon d'être plus ténébreuse. Enfin, les parties d'ordinaire marrons de son corps étaient blanches.
– Je suppose que c'est un Miaouss d'Alola, reprit le garçon originaire de Kanto.
– Oui, c'était les animaux de compagnie de la famille royale il y a bien longtemps, on dit que c'est pour ça qu'ils ont changé de forme.
Le Pokémon sauvage ignorait les deux humains et semblaient utiliser son odorat et ses yeux perçants pour rechercher la trace du Rattata qui avait fui.
– Tu crois qu'il pourrait nous aider à retrouver les Rattata et le Dominant ? s'enquit Léo.
– C'est fort possible. Après tout, c'est un chat et on recherche des souris.
Les deux adolescents échangèrent un regard complice, et le garçon déposa un baiser sur les lèvres de Julie. Puis, il envoya son Ossatueur au combat. Son Pokémon étant très expérimenté, il expédia l'affrontement en quelques coups, et rapidement, Miaouss entra dans une Pokéball, ce qui agrandit une nouvelle fois l'équipe de Léo.

Aussitôt après, le jeune homme libéra son nouveau compagnon de sa balle et lui offrit une Baie Oran pour reprendre des forces. Puis, le Dresseur expliqua à son Miaouss qu'ils étaient à la recherche de Rattata dans les égouts. Le Pokémon félin se attela aussitôt à la tâche qu'on lui donnait.
Il se montra particulièrement efficace puisqu'il ne fallut qu'une petite dizaine de minutes pour emmener son nouveau maître et la jeune fille au bon endroit. Ils suivirent le chat ténébreux à travers les galeries jusqu'à ce que la dernière débouche sur une gigantesque salle. Ils arrivèrent en haut d'un escalier. La pièce était éclairée par des néons au plafond, si bien que Lucanon put retourner dans sa Pokéball. En bas, ils découvrirent des milliers de petites tâches noires, et des centaines d'autres plus grandes. Toutes étaient amassées en désordre autour d'un Pokémon plus gros que tous les autres. Celui-ci claquaient des dents, et poussaient des gémissements stridents. De par sa taille, et sa prestance, ils comprirent qu'il s'agissait du Pokémon Dominant qu'ils recherchaient.
Ce Pokémon était un Rattatac ; la forme évoluée de Rattata. Mais il était différent des Rattatac blancs et bruns que Léo connaissait. Il était bien plus gras et son pelage était bien plus sombre : mélange de crasse et couleur naturelle. Ses moustaches avaient rétréci et ses joues triplé de volume. Enfin, il avait un double menton qui faisait remonter ses incisives inférieures contre celle du haut de sa mâchoire.
Dans l'assemblée, il y avait d'autres Rattatac, mais aucun d'aussi gros que ce dernier. Ses claquements de dents étaient accueillis avec entrain et cris de rage. Le jeune homme comprit rapidement que les Pokémon en contrebas se préparaient à livrer bataille. Il se demanda alors si Ben avait découvert l'autre Dominant et avait pu s'en sortir face à une armée probablement très similaire à celle-ci. Quoiqu'il en fut, il devrait tout faire pour les arrêter, alors sans attendre, il dévala les escaliers pour se joindre à la foule de Rattata en bas.
– Rattatac ! Je te défie ! cria-t-il au loin. Je ne te laisserai pas ravager l'île Mele-Mele simplement parce que tu veux faire la guerre. Les habitants de la région ne méritent pas de voir leur ville détruite pour tes envies belliqueuses !
– T'en dis des belles choses tu sais, se moqua Julie qui l'avait rejoint.
Il prit sa main et la serra fort. Encerclés par des milliers de Pokémon qui claquaient des dents et crachaient, ils n'avaient absolument aucune chance de s'en sortir, mais Léo comptait bien s'en prendre à l'ego du Pokémon Dominant pour espérer le combattre en un contre un.

Son plan fonctionna. D'un coup de queue sur le sol, le Rattatac Dominant fit taire son audience. Ses sous-fifres s'écartèrent pour laisser passer les deux adolescents. De près, Léo réalisa que son adversaire faisait presque la taille d'un humain, de plus, une véritable aura de puissance entourait tout son corps. Il serait un ennemi redoutable.
Face à ce Pokémon si particulier, le Dresseur ne pouvait envoyer qu'un seul Pokémon. Il plongea la main dans sa poche et lança sa vieille Pokéball ornée d'un autocollant en forme de goutte d'eau. La balle cracha un jet de lumière qui prit la forme de son Tortank. Le Pokémon aquatique surplombait tous les autres dans la pièce.
Le combat s'engagea alors entre le gigantesque rongeur et la tortue titanesque. Tortank enchaînait les Coud'Krâne et les Hydrocanon tandis que Rattatac répliquait avec Mâchouille et Vibrobscur. Cette bataille testa les limites du lien entre le Dresseur et son Pokémon. Léo devait rester attentif à tous les mouvements de son adversaire, tout en assurant de pouvoir répliquer si l'occasion se présentait. Un quart d'heure de combat sans interruption révéla que les deux monstres de puissance étaient à égalité. L'issue se déciderait sur un coup du hasard. Seulement la situation était trop grave pour simplement laisser place au hasard, le jeune homme ne pouvait pas le permettre. Il jeta donc un coup d’œil furtif à son bracelet de perles qu'il avait décidé de remettre quand il lui était apparu que des combats difficiles l'attendraient dans cette région. La grande perle qui faisait toute la beauté du bracelet était en réalité une Gemme Sésame, capable de libérer un niveau supplémentaire de puissance chez certain Pokémon. Tortank y était réceptif.
Cependant, Léo n'eut pas le temps de l'utiliser, car après une attaque Vibrobscur que son compagnon contra avec Hydrocanon, Rattatac s'arrêta. Il tourna la tête en direction d'un tunnel noir. Ses moustaches remuèrent quelques instants. Puis, il claqua des dents si fort que le son résonna dans toute la salle. Alors, d'un seul et même mouvement, tous les Rattata et Rattatac s'élancèrent dans l'intriguant tunnel. En quelques secondes, la salle se vida, ne laissant que les deux Dresseurs et le Dominant. Ce dernier s'élança à son tour sans même prêter attention à son adversaire. Le combat se finissait ainsi.

Intrigués, et un peu forcés, les deux adolescents décidèrent de suivre l'armée de Rattata dans le tunnel. Léo ramena Lucanon et son attaque Flash pour les éclairer, mais son utilité se termina rapidement quand la lumière du jour apparut au bout de la galerie.
Julie et Léo débouchèrent dans une nouvelle partie de la ville. De partout, les passants criaient et couraient, sous la lumière du soleil de fin d'après-midi, les rues plongeaient dans un véritable chaos. Manglouton, Argouste, Rattata et Rattatac se livraient bataille dans toute la ville, au prix de nombreux dégâts. Des vitres de commerce finissaient explosées, les transports étaient immobilisés et prenaient parfois feu.
Les couleurs rougeoyantes du ciel donnaient à cette vision une dimension apocalyptique. La ville était en guerre.