Le Tueur du Serpentaire de Lief97

—Tu te sens mieux ?

—Oui, beaucoup mieux. Mais je ne me souviens pas d’avoir quitté Lunala…

—C’est normal. Tu t’es endormi. Je t’ai ramené moi-même ici.

Nellune et Tylian étaient assis sur un muret surplombant une plage de galets blancs. Le soir tombait et il n’y avait presque personne en vue, à part quelques bateaux sur la mer et des passants dans leur dos, qui profitaient des promotions pour acheter des souvenirs dans les boutiques qui longeaient l’avenue.

C’était dans cette même ville que Tylian avait passé sa première nuit à Alola, et où il avait rencontré Nellune. Quand il y était arrivé, il avait tout de suite commencé son enquête, obnubilé par sa vengeance. Mais là, il ne pensait plus la même chose. Il appréciait l’atmosphère estivale, presque festive, du quartier.

Il se sentait… différent. Comme soulagé.

—Ça fait du bien… Lâcha-t-il. Je ne sais pas trop pourquoi ni comment Lunala a fait ça, mais je vais mieux.

—Il est fort pour calmer les gens et les rassurer. Et il veille sur nous, de loin. Un peu comme la lune, quand elle se montre dans le ciel.

Tylian aquiesca, et, fatigué, bailla. Jamais il n’aurait pensé vivre tout ça en traquant le Serpentaire. Il avait fait connaissance avec un Légendaire et cette rencontre l’avait totalement dénaturé. Mais il sentait que c’était une transformation positive. Un très bon changement !

—Maintenant, faut le trouver, Dit-il. Tu sais où est le Serpentaire ?

—Sur l’île d’Akala. Mais je dois te parler de lui avant.

—Ah, encore ?

—Je sais plus de choses sur le Serpentaire que tu ne le croies.

—Dis-moi tout, je t’écoute.

Nellune prit une inspiration puis commença à parler en tripotant distraitement un repli de sa robe pourpre.

—Je t’ai dit que j’étais la Gardienne d’Alola. En fait, je suis l’une des deux Gardiennes. Avant, nous étions deux. Il y avait moi, aidée par Lunala, et un autre Gardien, aidé par Solgaleo. Mais Solgaleo s’est trompé. Il a choisi, sans le faire exprès, un humain un peu plus âgé que prévu, un adulte qui avait trop d’ambition. Lunala m’a choisi parce que j’étais une enfant et que je n’avais plus de famille. J’étais quelqu’un de plus « pur ». Solgaleo a préféré miser sur un humain costaud et fort.

—Solgaleo… C’est une sorte de Némélios des légendes d’Alola, non ?

—Oui, il est lié au soleil. C’est un Pokémon très puissant, mais moins porté sur la spiritualité que Lunala. Il a choisi un humain à son image : fort, robuste, fougueux… et trop ambitieux. Solgaleo lui avait conféré une force et une vitesse digne d’un Pokémon, et le Gardien s’en est servi pour blesser Solgaleo. Après ça, Solgaleo a dû hiberner pour reprendre des forces. Il dort toujours aujourd’hui à cause de ses blessures.

—Et ce Gardien ? Ne me dis pas que c’est…

—Si, c’est lui. C’est le Serpentaire. Les pouvoirs qu’il avait pris de Solgaleo l’ont dévoré de l’intérieur. Il a été rendu fou. Il a quitté Alola pour Unys et y a perpétré des meurtres sans raison. Puis, depuis quelques jours, il est de retour ici. C’est mauvais signe, et c’est pour ça que Lunala est inquiet. Car si le Serpentaire s’en prend encore à Solgaleo, ça pourrait briser l’équilibre des forces de la lune et du soleil.

—Je ne comprends pas trop… Qu’est-ce qui se passerait, concrètement ?

—C’est difficile à dire… Je sais pas, en fait. Mais ce que j’ai compris, c’est qu’il faut empêcher le Serpentaire de s’en prendre à Solgaleo. C’est tout. Tuer un Légendaire, c’est comme supprimer une étoile dans le ciel. Ça bouleverse tout le reste !

Tylian songea avec scepticisme que si une étoile venait à disparaître dans le ciel, il serait certainement le dernier à s’en rendre compte. L’astronomie, c’était pas son truc.

—Hm… Et le Serpentaire sait où dort Solgaleo ?

—Non, peut-être pas. Répondit Nellune en haussant les épaules. Mais il a déjà cherché sur Mele-Mele et sur l’île orientale. Et en ce moment, il est sur Akala. Et c’est sur cette île que dort Solgaleo. Dans le volcan.

—Donc il faut l’arrêter au plus vite ?

—C’est ça.

Les deux compagnons se regardèrent, sur la même longueur d’onde désormais. Tylian n’en revenait pas de toutes ces révélations saugrenues, mais il croyait Nellune. Lunala lui avait permis d’ouvrir les yeux sur cette histoire incroyable. Il se leva :

—La nuit va tomber. Tu nous emmènes sur Akala ?

—J’avais une idée, d’abord. Puisque le Serpentaire a des facultés physiques qui dépassent celles des humains, et qu’il peut même affronter des Pokémon à mains nues, on serait en danger face à lui. On doit chercher de l’aide avant.

—Où ça ?

—Lunala m’a parlé d’un homme, du nom d’Eldonis. Un agent de la…

—… de la Police Internationale, je suppose ?

—Oui.

—Alors amène-nous à lui !



***


Eldonis serra la main de l’agent S8 en grimaçant :

—On fera mieux demain.

—Quoi, tu ne viens pas ? S’étonna l’agent S8. Il doit y avoir d’autres chambres de libres, ici.

—Peut-être plus tard. Mais je vais essayer d’obtenir des infos auprès des voyous du quartier. J’ai entendu parler de membres de la Team Skull qui traînaient en ville.

—Comme tu veux. Fais gaffe à toi.

L’agent S8 s’engouffra dans l’hôtel bon marché sans se retourner, pressé d’aller se coucher. Il fallait dire qu’il était presque minuit. La journée avait été mouvementée, qui plus est. Avoir résisté à une avalanche et échoué à pister un gamin sur la montagne sacrée avait laissé un amer sentiment à Eldonis.

Bon, il était temps d’aller voir si ces racailles de la Team Skull rôdaient dans les rues près du port. Eldonis avait entendu parler de soirées illégales où des Pokémon s’affrontaient à mort dans des sous-sols crasseux. Il devrait trouver rapidement ! Ce genre d’endroits passait difficilement inaperçu la nuit, surtout à travers le regard d’un agent surentraîné.

Il arpenta de grandes avenues désertes avant de bifurquer vers des ruelles plus sombres et où les habitations très modestes faisaient presque penser à des favelas. Qui s’en tiraient plutôt bien, comparées à certaines dans d’autres régions.

Eldonis erra de longues minutes, seul, à tendre l’oreille pour écouter de possibles bruits de combat étouffés, et à se cacher dans l’ombre des bâtiments pour suivre du regard les quelques individus louches qu’il apercevait parfois. Son souffle, fin nuage de buée dans l’air, aurait pu le trahir, mais les gens du coin n’avaient pas l’air de s’attendre à être suivis par qui que ce soit. Eldonis était surpris par le manque de prudence de certains des passants étranges qui se promenaient dans les bas-quartiers.

Après plus d’une heure de recherche infructueuse, Eldonis soupira. Il en avait assez, de tout ça. Il aurait donné cher pour rentrer chez lui et abandonner cette mission. Mais le Serpentaire risquait de sévir encore. Il était l’un des seuls à être capable de l’arrêter. Si seulement il en savait plus sur cet informateur mystérieux !

Il aurait aimé être sûr de ses sources…

—Il fait froid, non ? Fit une petite voix aigüe.

Stupéfait, Eldonis fit volte-face.

Une fillette vêtue d’une robe d’été et aux yeux presque orange le fixait en souriant. L’agent avisa rapidement sa peau hâlée qui montrait qu’elle était du coin et son ruban dans ses cheveux. Il ne l’avait pas entendu approcher !

Que faisait une fille aussi jeune dehors et à cette heure ? Et dans ce quartier, surtout ?

—Euh… Tu… Commença l’agent sans trop savoir comment aborder la petite.

—Je m’appelle Nellune, mais tout le monde m’appelle Nelly parce que c’est plus court et que j’aime bien. Enfin, j’aimerais que les gens m’appellent comme ça, en fait… Mais tu as le droit de m’appeler Nelly, tu veux bien ?

—Oui, mais… Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu… Tu n’as pas de maison ?

—Pas vraiment. Ça dépend des jours.

—Tu as entendu parler d’un endroit où il y a des combats de Pokémon la nuit ?

—Non, et je m’en fiche. C’est pas bien, de combattre.

Eldonis la regarda avec suspicion. La plupart des jeunes enfants étaient dingues des combats Pokémon. Il était rare de voir une si jeune personne avec un avis si tranché sur la question.

—Tes parents sont loin ?

—Je ne sais pas. Mais je ne suis pas là pour qu’on parle de moi. Tu viens ? Tylian nous attends juste en dehors de la ville.

—Tylian ?

—Le garçon qui cherche le Serpentaire et que j’ai aidé pour éviter qu’il ne meurt à cause de la balle qu’il a reçu à la jambe.

—Quoi ?

Eldonis se souvenait parfaitement du rapport d’un des agents.

« Je suis formel, je me souviens avoir blessé un type à la jambe droite. Il est tombé et il correspondait à la description du jeune homme qui risquait de gêner l’enquête. Ensuite, j’ai aperçu son Feunard, ainsi qu’une silhouette toute petite, comme une fille, à quelques mètres de moi, et… je me suis endormi. Certainement une attaque de Pokémon sauvage. »

Eldonis cligna des yeux, surpris.

Cette petite fille pouvait-elle être la silhouette en question ? Aidée par un Pokémon capable d’user de Poudre Dodo ? Elle n’avait pourtant pas de Pokéball sur elle. Eldonis tenta de garder contenance, et se redressa un peu :

—Très bien. Je te suis.



***


Tylian se morfondait à l’orée de la forêt. Les bruits des Pokémon nocturnes l’inquiétaient un peu, mais son Lugulabre était dans le coin. Sûrement en train d’effrayer des Mimantis ou des Larvibule avec des Feu-Follets. C’était sa passion, depuis qu’il avait eu l’occasion de visiter Alola !

Tylian entendit des bruits de pas se rapprocher. Il pivota. Nellune était accompagné de cet agent qui l’avait arrêté sur le port d’Akala. Désormais, il connaissait son nom.

—Eldonis, c’est ça ?

L’agent se raidit et porta la main au holster sous sa veste. Il écarquilla les yeux de stupeur. Tylian sourit face à son regard :

—Oh, j’ai prévenu Nellune que vous risquiez de mal réagir en me voyant. Elle a dû faire disparaître votre arme ainsi que vos outils de communication. Et vos Pokéball sont dans mon sac.

—Quoi ? Mais comment…

—Ça risque d’être long à expliquer, mais Nellune ne devrait pas avoir de mal à vous convaincre. J’étais sceptique au début. Vous le serez aussi. Mais restez ouvert.

Le jeune homme s’assit contre un tronc d’arbre en souriant. Lugulabre revînt des profondeurs de la jungle, éclairant les environs et diffusant sa chaleur aux trois humains présents. Tylian soupira :

—Asseyez-vous, Eldonis. Nellune va vous expliquer toute l’histoire. Et accrochez-vous, c’est plus compliqué que ça n’en a l’air.



***


Des Gardiens d’Alola, un Légendaire en hibernation dans un volcan, un assassin fanatique avec des pouvoirs de Pokémon, un garçon en quête de vengeance…

Eldonis écouta avidement — comme tout bon agent de renseignement qu’il était — tout en tentant de garder un esprit critique et rationnel.

Impossible. C’était simplement impossible.

Il regardait de temps à autre Tylian, ce jeune dresseur qui le toisait avec un peu de moquerie sans pour autant paraître bien méchant.

Et cette petite fille, qui débitait un flot continu de paroles avec la joie de vivre d’un enfant qui n’a besoin de rien d’autre qu’un peu d’attention.

Ces deux-là étaient exceptionnels, Eldonis le sentait.

Exceptionnels et talentueux.

Le Serpentaire, l’ancien Gardien de Solgaleo. Doté de pouvoirs ?

La petite fille, Nellune, se tut enfin. Mettant des points de suspension à cette histoire qui n’était pas encore terminée. Eldonis, sceptique, allait parler. Nellune l’en empêcha.

Percevant peut-être sa méfiance, elle lui montra. Inutile de bavarder.

Elle lui prouva que ses pouvoirs étaient réels.

Lévitation, formation de sphères lumineuses qui dansèrent devant ses yeux, téléportation de la fillette autour du camp, flash et autres petits tours qui, accumulés les uns aux autres, achevèrent de convaincre Eldonis.

Ce n’était pas truqué.

Il aurait fallu qu’une dizaine de Pokémon différents soient cachés dans les fourrés et attaquent avec une coordination parfaite pour imager les gestes de la petite fille grâce à certaines de leurs attaques. Mais non, parfaitement impossible.

La petite fille avait des pouvoirs.

Eldonis vit ses convictions de terre-à-terre s’effondrer, et son cerveau tourna à plein régime.

Après tout, les Pokémon avaient des pouvoirs. Pourquoi certains humains n’en auraient-ils pas aussi, de la part d’êtres mystiques et uniques comme les Pokémon Légendaires ?

—Et vous voulez vous allier à moi ? Dit Eldonis après un silence pesant.

—C’est ça, Dit enfin Tylian, resté silencieux depuis le début du monologue de Nellune. On s’occupe de mettre le Serpentaire KO, et vous vous débrouillez pour l’enfermer à tout jamais dans un endroit sûr.

Eldonis fronça les sourcils :

—Je croyais que vous vouliez le tuer. Pour venger votre famille.

—Non, plus maintenant. Nellune a omis quelques détails inintéressants pour vous, mais… quelqu’un m’a convaincu de ne pas tuer cet homme. Histoire qu’il prenne conscience de la gravité de ses actes.

—Je vois.

Tylian continua.

—Je suppose que ça fait beaucoup à digérer pour vous. Moi aussi, j’ai encore l’impression d’être dans un rêve, avec tous ces rebondissements. Mais… C’est assez urgent. On ne peut pas se permettre de poireauter quelques jours.

—Je comprends tout à fait. Mais en tant qu’agent de la Police Internationale, je peux rapidement m’adapter à toute situation. Ce qui prime à mes yeux, c’est l’arrestation du tueur. Vous avez un plan ?

—C’est Nellune qui en a un.

Les deux hommes fixèrent la petite fille, qui sourit :

—Mon plan est simple à comprendre, même pour des adultes qui se cassent la tête comme vous deux. D’abord, on dort. Comme ça, demain on sera en forme, surtout que vous manquez de sommeil. Demain matin, on se donne rendez-vous sur le port d’Akala, et on va à pied vers le sommet du volcan. Le Serpentaire est là-bas en ce moment, je le sens. Il doit préparer quelque chose. Ensuite, Tylian et moi irons l’affronter et après… Monsieur le policier, tu dois l’arrêter et le mettre en prison pour toujours. C’est bien, comme plan ?

Eldonis fut un peu gêné :

—Disons que… c’est assez rudimentaire.

Tylian hocha la tête en soupirant :

—C’est de l’improvisation pure et dure. Mais j’ai entendu dire qu’il n’y avait pas de génie sans un peu de folie.

Eldonis réfléchit quelques secondes puis se gratta le menton, pensif :

—Je suppose qu’on peut de toute manière se permettre d’agir rapidement et de faire quelques erreurs, puisque… Nellune a des pouvoirs qui peuvent nous aider. Ça dérange si j’amène un camarade avec moi ? Il est sur l’enquête depuis le début.

Tylian hocha la tête :

—Mais avant ça, je veux des conditions.

—Lesquelles ?

—Que votre service et personne au monde ne sache que les Gardiens d’Alola existent, ni que je suis lié à l’affaire. Je ne veux pas qu’on nous arrête une fois le Serpentaire stoppé.

—La Police Internationale est toujours conciliante avec ses informateurs, ne vous en faites pas. De toute façon, je doute qui quiconque me croit si j’en parle, et je suppose que Nellune est tout à fait capable de me faire taire d’une manière ou d’une autre ?

Nellune sourit :

—Oui. Si vous voulez, je peux effacer votre cerveau pour que vous ne vous souveniez de rien ?

—Non, merci, ça ira.

Eldonis se releva en époussetant ses vêtements.

—Bon, et bien dans ce cas… Je vous dis à demain, sur le port d’Akala.

Il fit quelques pas en dehors du cercle de lumière projeté par Lugulabre. Avant de se retourner :

—Au fait, je peux récupérer mes…

—Tout est dans vos poches, Répondit Nellune.

Eldonis remarqua que son pistolet, son téléphone, sa montre connectée et ses Pokéball étaient bien dans sa veste. Il rougit, puis s’en alla pour de bon.

Tylian pouffa :

—La tête qu’il faisait ! Ça lui a fait un choc, cette conversation !

—Tu faisais le même genre de tête quand je te parlais de tout ça, au début, répliqua Nellune.

Tylian souffla, dépité. Il allait s’en souvenir longtemps, de cette aventure à Alola.



***


Eldonis tournait en rond dans sa chambre d’hôtel.

Il ne trouvait pas le sommeil.

Il jeta un coup d’œil à l’heure affichée sur son téléphone. Trois heures du matin. Il fit les cent pas en marmonnant, puis s’assit sur son lit avant de chercher l’agent S8 dans son répertoire. Il l’appela et entendit les longues sonneries résonner à son oreille.

Puis, après des secondes qui parurent des heures, l’agent décrocha et dit d’une voix enrouée :

—Quoi ? T’as vu l’heure ?

—Désolé, mais c’est urgent.

—J’espère, parce que là tu viens de me détruire ma nuit…

—C’est au sujet de l’enquête. J’ai du nouveau. Des sources très fiables. Tu ne me croiras pas, c’est pourquoi je ne te dirai rien pour l’instant. Mais demain à l’aube, on doit être sur le port d’Akala.

—Qu’est-ce que tu racontes ? Encore cet informateur-mystère ?

—Non. Rien à voir. J’ai rencontré deux personnes assez spéciales et elles m’ont prouvés leurs dires. Je sais où est le tueur. Demain soir, on fêtera son arrestation autour d’une bière.

—Je préfère le champagne.

—Très drôle. Tu me suis ?

—Tu sais très bien que t’as toute ma confiance. J’ai pas de flair d’enquêteur, contrairement à toi…

—A demain, alors.

Eldonis raccrocha, à la fois fébrile et excité.

Cette enquête allait-elle se solder par une réussite, après un mois d’intenses recherches à travers le globe ?