Traversée en mer
Traversée en mer
Le bruit des vagues frappant la coque du navire était un son des plus relaxant. Cela faisait un bien fou au moral du jeune homme qui regardait l'océan étant une mer de beauté naturelle. Les créatures qui parcouraient sa surface devaient avoir le même sentiment qu'il avait envers elle et cela se comprenait. C'était un monde des plus magnifique quand on prenait le temps de le regarder dans toute sa splendeur. La lune éclairait la surface de l'océan et le dresseur regretta de n'avoir pas amené son Sharpedo avec lui parce que son vieil ami aurait adoré se promener au gré de ces fortes vagues. Cela aurait été surement amusant, mais il ne pouvait pas laisser passer une seule distraction ce qui expliquait pourquoi il gardait toujours l'oeil ouvert. Pendant la nuit, une partie de l'équipage dormait profondément tandis que la majorité des passagers faisaient de même dans leur cabine. Rares étaient les personnes se promenant à cette heure tardive, alors c'était le meilleur moment pour s'adonner aux activités quotidiennes sans avoir le stress causé par la foule de touristes à son bord. Un des serveurs assignés à l'équipe de nuit revient avec le plateau qu'il avait commandé plutôt pour son déjeuner. L'homme travaillant sur ce navire de croisière ne se gêna pas pour partager son opinion sur ses habitudes nocturnes.
— Monsieur, voilà votre déjeuner comme vous l'avez commandé. Il est drôle de vouloir des gaufres aux baies Ceriz à une telle heure.
— S'il vous plait, je vous ai demandé de ne pas m'appeler messieurs. Cela me donne un air vieux et je viens à peine de sortir de mon adolescence. Appelez-moi Oniric seulement, c'est le nom marqué sur ma carte de dresseur si vous ne l'avez pas déjà oublié.
— Je suis désolé, monsieur. Notre patron affirme que nous devons garder les enseignements de politesse requis pour être serveur même si le client le demande. Voulez-vous d'autres choses avant que je retourne aux cuisines?
— Non, pas tout de suite. Peut-être plus tard quand il sera le temps de dîner, lança Oniric en envoyant un sourire moqueur.
Le serveur fit un sourire forcé qu'il faisait à tous les clients et on voyait sans difficulté la fatigue dans ses yeux. Ce n'était pas tout le monde qui était capable d'inverser son horloge biologique sans en ressentir les effets, mais cela était nécessaire pour le type de Pokémon qu'entrainait Oniric. Comme son assiette était beaucoup trop grande pour un homme seul, le dresseur sortit sa Sombre Ball de son sac et il en fit sortir son meilleur ami. Une créature au poil sombre et rouge de la taille d'un enfant apparut devant lui et elle sauta immédiatement sur la table en voyant un de ses repas favoris. Le Dimoret empala une des gaufres à l'aide de ses griffes puis il l'envoya au fond de sa gorge tout heureux de ce déjeuner. Oniric n’avait pas besoin de dire quoi que ce soit, car ces deux amis se connaissent depuis assez longtemps pour être capables de comprendre les intentions de l'autre d'un seul regard. À cause de leur appétit combiné, ces gaufres n'eurent aucune chance de s'en sortir en un seul morceau.
Le serveur avait dû deviner que ce repas ne durerait pas longtemps dans les mains de cet homme affamé. Il revient chercher le plateau en apportant d'abord un autre repas à un client insomniaque. Oniric observait attentivement l'homme servir son repas à l'autre client et il remarqua l'uniforme reconnaissable des employés de son nouvel employeur. Il était étrange de voir deux personnes travaillant pour la même personne se retrouver à la même heure sur le même pont du même navire surtout de nuit. Comme il ne croyait pas du tout aux hasards, le dresseur attendit que le serveur vienne à sa rencontre pour récupérer son assiette et il se renseigna auprès de lui. Un bon pourboire pouvait aisément délier les langues surtout celle des serveurs de restaurant.
— Vous pouvez me dire si je me trompe, mais cet homme ne porte-t-il pas l'uniforme des employés de la fondation Aether?
— Vous avez l'oeil, monsieur. Je crois qu'il est de retour de mission et qu'il se dirige de ce pas vers l'île de la fondation. Ce n'est pas le premier employé qui utilise ce navire, nous voyons un ou deux des employés de la fondation par mois, mais je dois avouer que c'est la première fois que je vois un Dimoret d'aussi proche.
— Faites attention, il adore jouer des tours aux inconnues et vous pourriez être sa prochaine cible. Si cela ne vous dérange pas, je vais aller poser plusieurs questions à cet homme. Je n'arriverai pas à dormir quand il sera temps d'aller me coucher, dit le dresseur tout en glissant un peu de monnaie dans les poches du serveur.
Celui-ci comprit qu'il en avait terminé avec ce client et il repartit vers les cuisines. Il n'avait pas eu besoin de se forcer pour sourire, car il était toujours plaisant d'avoir un bon pourboire. L'homme complètement habillé en blanc repéra Oniric assez rapidement parce qu'il était le seul humain à part lui sur le pont. Il l'invita à s'asseoir avant même que le dresseur eût le temps d'ouvrir la bouche pour lui demander la permission.
— Vous pouvez vous asseoir comme vous êtes venus pour me voir.
— Je me doutais que vous n'étiez pas là par pur hasard. On vous a informé de ma venue et vous avez reçu l'ordre de venir me surveiller de près?
— À vrai dire, j'ai reçu un appel personnel de la patronne et cela m'a énormément étonné d'entendre la voix d'Elsa-Mina qui me demandait de revenir au plus vite par le prochain bateau. Selon elle, on pourrait tenter d'intercepter un colis apporté par un dresseur spécialiste en Pokémon de type ténèbres. On m'a donné votre description et vous avez été faciles à repérer. Un homme vêtu de noir, aux cheveux charbon, aux yeux bleu nuit et se promenant majoritairement la nuit ne court pas les rues.
— Je devrais changer mon style vestimentaire, mais je préfère rester discret et cela fonctionnait jusqu'à présent. Le hic est que le style vestimentaire d'Alola est très différent de celui porté à Illumis. J'arrangerais cela dès que je serais arrivé en ville. Il doit y avoir une boutique sur votre île, non?
— Désolé, je devais vous donner des vêtements quand je vous rencontrerai, car nous avons entendu parler de votre style d'habillement particulier contraire à notre éthique vestimentaire. Nous espérons que cela ne vous dérangera pas d'enfiler un uniforme de la fondation tant que vous êtes sur l'île. Une fois en mission, vous pourrez reprendre vos habits sombres à votre guise.
— Je ne crois pas avoir le choix si je veux garder mon emploi. Je vais aller me changer immédiatement pour respecter votre code vestimentaire. Avez-vous le costume de clown avec vous?
— Il a été livré à la cabine et essayez de ne pas trop le salir, dit l'employé de la fondation d'Aether d'un ton des plus sérieux.
Oniric commença à regretter d'avoir accepté cette offre d'emploi de la fondation, mais cela était un excellent moyen de continuer à faire ce qu'il aimait sans se soucier de ses besoins financiers. S'il devait jouer aux jeux de l'employé idéal pour pouvoir protégés les Pokémon, il l'accomplirait avec la même volonté qu'il défend ses confrères depuis toujours.
L'uniforme de la fondation d’Aether était d'une horreur sans nom et Oniric dut enfermer son Dimoret dans sa sombre balle. Celui-ci n'arrêtait pas de rire de lui tout le long qu'il se changeait et cela était énervant. Le pire était que peu importe le membre de son équipe qui serait avec lui parce qu'ils se moqueraient tous de lui. C'était un contraste trop évident avec son allure ordinaire et sa personnalité. Les vêtements étaient d'une qualité supérieure à ceux qu'il portait avant ce qui était déjà un plus. On pouvait voir facilement qu'ils avaient dû engager un styliste pour allier efficacité et beauté ensemble pour leur uniforme. La fondation d'Aether avait le mérite de savoir vivre et on pouvait leur donner cet avantage, sauf qu'Oniric avait la nette impression qu'il ne faisait pas dans le moule de la société. Il sortit de sa chambre pour voir que l'employé de la compagnie l'attendait juste à la sortie de sa suite. Le dresseur eut le mauvais sentiment qu'il ne tardera pas à se faire narguer et il ne se trompa pas du tout.
— Alors, tu vois qu'avoir un peu de style ne te tuera pas. Je suis sûre que tu vas être encore plus attirant auprès des dames sans compter qu'il est gratuit pour nos employés. Tu peux maintenant être fier d'être membre de la fondation d'Aether et un de tes supérieurs se chargera de t'informer des régals légaux liés à ton contrat.
— J'ai hâte d'avoir terminé toutes les séances d'initiation que vous allez m'imposer. Après, j'irais immédiatement sur le terrain pour recueillir les données et continuer mes recherches. Je me sentirai à l'aise seulement quand je serais de retour dans mes souliers prêts à explorer ces îles.
— Si tu le veux, j'ai trouvé bizarre que tu aie décidé de garder tes propres Pokémon au travail. Nous préférons laisser les nôtres reposés en sécurité sur l'île puis prendre ceux ayant été entrainés par la fondation. Ceux déjà entrainés sur notre île artificielle sont habitués à affronter beaucoup de situations mêmes les plus imprévisibles et cela te facilitera surement la tâche en mission.
— N'y pense même pas, mon équipe est ma famille et personne ne me séparera d'eux. Tu n'avais pas d'autre truc important à me montrer?
— Oui, suivez-moi, lança l'employé de la fondation en le menant vers sa propre cabine.
Oniric ne connaissait pas grand-chose des environs et les îles d'Alola lui étaient presque inconnues, alors des informations sur ce nouvel environnement ne lui firent pas de mal. Son collègue de travail le conduisit à travers un couloir jusqu'à une autre section plutôt réservée aux passagers de la classe moyenne ce qui énerva un peu Oniric. Le dresseur avait voyagé dans une chambre moins coûteuse pour ne pas énerver son nouvel employeur en montrant des goûts de luxe. Il aurait préféré avoir une couverture supplémentaire pour les nuits froides. Son guide l'invita à entrer dans sa chambre et Oniric sut qu'il aurait dû demander une suite de ce style en voyant les meubles ouvragés, le papier peint sur les murs et le matelas moelleux. L'homme qui l'avait entrainé jusqu'ici lui remit une sorte de porte-document et le dresseur reconnut une carte qu'on donnait aux nouveaux dresseurs de Pokémon arrivés dans cette région. Il y avait aussi des fiches complètes sur les Pokémon qui l'intéressaient avec le lieu où les trouver. Cela rendra sa collecte d'informations beaucoup plus facile arrivée sur le terrain et ça lui plut immédiatement. L'employé de la fondation lui expliqua quelques trucs avant de le laisser partir.
— Bon, je vais te laisser étudier cette carte pour quand tu seras de nouveau tout seul et je vais répondre à tes questions demain matin une fois reposer. Tu as beau être habitué à vivre la nuit, sauf qu'aucune personne sur notre île n'est du genre nocturne comme toi. On préfère le soleil et ça évite de nous frapper dans des murs
— Dans ce cas, je te souhaite bonne nuit, lança Oniric en reprenant la direction de sa chambre.
Il ne savait pas du tout pourquoi il l'avait fait venir jusqu'à sa suite comme il aurait pu tout simplement lui donner quand il l'avait rejoint. Le dresseur se doutait qu'il s'agissait par là de lui montrer les suites réservées aux employées de la fondation d'Aether même si les publicités prometteuses l'étaient de toute façon. Peu importe les traitements royaux qu'on pouvait lui réserver tant qu'il pourrait accomplir son devoir, car c'était la raison pour laquelle il s'était engagé dans la fondation d’Aether.
Une fois arrivée dans sa chambre, Oniric avait enlevé l'uniforme pour l'envoyé dans un coin de la pièce même si son collègue de travail l'avait avertie de ne pas le froisser, il s'en foutait pas mal. Pour le moment, il était beaucoup plus occupé par le fait qu'il devait essayer de dormir en plein milieu de la nuit ce qu'il faisait en de rares occasions. Il repensait à ses aventures précédentes qui l'avaient conduit à devenir le dresseur d'exception qu'il était aujourd'hui et il se dit que cette fois-ci tout sera différent. En Alola, il n'y avait pas d'arène Pokémon et encore moins la ligue qui l'accompagnait en tout temps. Il avait croisé des arènes, en tous lieux peu importe la région qu'il parcourait. C'était la première fois qu'il n'avait pas de route précise à suivre, alors il allait devoir accorder sa confiance aux habitants de la région. La fondation d'Aether était déjà un bon point de départ en soin et Oniric sentit ses yeux se fermer un peu en repensant à la conversation qu'il avait réussi à avoir avec un certain professeur Euphorbe. Le dresseur avait l'art de s'endormir devant les hommes de science et y repenser faisait le même effet surement parce que ses souvenirs étaient trop ennuyeux. Cet ennui l'emporta dans le sommeil comme si un Hypnomade l'avait hypnotisé, mais il sentit qu'on essayait de le réveiller peu après.
Oniric regarda son Dimoret qui s'était permis de sortir de sa Sombre Ball et le dresseur devina que le sixième sens de son ami fonctionnait toujours aussi bien. Il n'eut pas à attendre longtemps pour trouver la raison de ce réveil quand la petite furie lui pointa l'extérieur de la cabine par le hublot. À première vue, il n'y avait rien de dangereux parce que l'océan était calme comme si aucun navire ne se promenait dessus en ce moment et c'est cela que Dimoret voulut montrer. Le navire sur lequel il était ne bougeait plus et son meilleur ami avait dû sentir l'arrêt des vibrations même coincé dans sa Sombre Ball. Ce n'était pas la première fois que son équipe montrait des aptitudes particulières et leur dresseur était maintenant habitué à ce phénomène. Maintenant qu'il y avait un problème à résoudre, ce n'était plus le temps d'essayer de s'endormir. Avant de se risquer à l'extérieur, Oniric appela le service de chambre par l'interphone pour obtenir aucune tonalité pendant un moment. C'est seulement quand il parla qu'il obtint une réponse de l'autre côté.
— Je voudrais savoir si on pourrait m'apporter un thé à la baie Pecha
— Je suis désolé , mais les services ne sont pas disponibles à cette heure. Veuillez vous rendormir et attendre jusqu'au réveil du personnel quand le soleil sera levé.
— Vous me dites cela. Pourtant, on venait de m'apporter mon déjeuner, il y a quelque temps. Cela aurait-il un lien avec l'arrêt des machines?
— L'arrêt des machines est à cause que l'équipage a besoin de sommeil pour continuer sa route. Veuillez vous recoucher. Bonne journée, lança l'interlocuteur de l'autre côté qui semblait être pressé. Même son Dimoret en était venu à la même conclusion, cet homme était beaucoup trop nerveux et on sentait le mensonge présent dans chacune de ses paroles.
Les membres du personnel n'étaient pas du genre à être impolis ou mentir et cela voulait dire qu'on lui disait surement de mentir. Une personne ou un groupe d'individus venait surement de prendre possessions du navire jusqu'au lever du jour pour d'obscures raisons. Dans tous les cas, il était temps de remettre cet uniforme et d'aller enquêter. Bizarrement, Oniric était ravi de devoir rester éveillé seulement pour contredire les ordres de son nouveau collègue de travail.