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CONCOURS SL : Pokemon is Real Life [Prologue] de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 25/09/2016 à 19:48
» Dernière mise à jour le 29/10/2016 à 12:14

» Mots-clés :   Drame   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 2 : Folie meurtrière
[size=3]Tartiflette[/size]
— Messire Gendô ?

Un homme apparut à la porte. Fin, des traits secs et visiblement impossible à cerner. Bien habillé, il semblait remplir un rôle d'assistant. Les poings appuyés sur une table, je lui tournais le dos. Entendant mon nom, je me retournai.

— Quoi donc ? fis-je d'une voix grave.

— Votre invité, le seigneur Cornélius, est arrivé.

— Bien, faites-le entrer.

Je me replongeai aussitôt dans ma méditation. La pièce dans laquelle je me trouvais était particulièrement sombre, et bien que l'obscurité ne pus aider à le discerner, elle était luxueusement décorée. Quelques secondes plus tard, un individu visiblement bon vivant, moustachu et chauve entra. Je m'approchai alors.

— Ah ! m'écriai-je. Cornélius, quel plaisir de te voir !

Nous échangeâmes une forte poignée de main, pour qu'aussitôt je l'invite à s'asseoir. Lorsqu'il fut installé, je me laissa à mon tour tomber dans un fauteuil en cuir de Bourrinos, poussant un soupir de soulagement.

— Bien, Gendô, où en es-tu dans ton projet ? me demanda l'invité.

J'ouvris la bouche pour parler, mais me raviser, je croisai les mains, pour me pencher vers l'avant. Entre nous était disposée une table relativement basse, où était posée une carte représentant l'intégralité de Puritania.

— Le Royaume a organisé une chasse aux rongeurs, répondis-je. Tout y passe, même les Togedemaru. Je crois que le Roi est inquiété par la prolifération soudaine des Rattatac, et de ce fait il agit précipitamment. Ce n'est pas suffisant pour le faire flancher, toutefois. Je sais que si les mesures prises à l'heure actuelle sont extrêmes, il va songer à la suite, et trouvera une solution. Seulement, s'il ne se dépêche pas, le temps ne lui rendra pas la nourriture volée.

— Vas-tu tenter d'augmenter le nombre de Rattatac présents à Equinoctium ?

Je secouai la tête.

— Certes, non ! Je ne suis pas en mesure de faire s'accoupler davantage de ces bestioles ! me mis-je à rire. Par contre, je peux charger des soldats d'affamer les rats, les forçant à chaparder davantage. Vois-tu, ils possèdent une réserve de nourriture dans leur tanière, et font en sorte de simplement la maintenir toujours au même niveau. Que se passera-t-il, donc, s'ils se retrouvent sans rien ? Les Rattatac eux-même sortiront.

Cornélius hocha doucement la tête.

— Et c'est avec ça que tu comptes renverser le Grand Rey ? J'ai peur que ce ne soit pas assez.

Je partis dans un éclat de rire, et je me levai soudain, marchant jusqu'à mon bureau, quelques mètres plus loin.

— Le renverser ? Non, ce genre d'objectif ne m'intéresse pas. Le Roi est un fainéant idéaliste ne représentant aucun danger. Ce que je veux, mon cher ami, c'est briser ce pays.

Accompagnant cette dernière phrase, je frappai le meuble du poing, faisant sursauter le gros bonhomme. Il avait beau être un puissant noble, je l'effrayais. Seule sa fortune était impressionnante, pas lui.

— Avec des Rattatac ? reprit-il.

— Non, souris-je. J'ai en tête d'autres bestioles, on va dire. Des plus puissantes.

— Et pourquoi veux-tu « briser » Puritania ? J'ai du mal à te suivre, Gendô.

— As-tu entendu parler du Pokémon légendaire Zygarde ? demandai-je.

L'autre acquiesça. Je revins m'asseoir face à lui, et me mis à fixer la carte. Suivant mon regard, Cornélius m'imita.

— Il est dit que son corps est disséminé aux quatre coins d'Alola. Le chercher serait une perte de temps, alors je vais le faire venir à moi. Selon la rumeur, il apparaîtrait dans le cas où un écosystème se retrouverait en grand danger. En somme, il me faut provoquer quelques dégâts majeurs dans ce pays. Et comme c'est là l'occasion de faire d'une pierre deux coups, j'écraserai ce système pourri. Je présume que tu es aussi au courant pour la récente création de la Guilde des Commerçants ?

A ces mots le noble se leva, le visage empourpré, et presque surpris devant cette expression de colère, je haussai le sourcil. Dans le fond, ce gros nounours m'amusait ; il n'avait rien, hormis le nom et la fortune. Il était faible. Suffisamment pour pouvoir être manipulé.

— C'est... C'est révoltant ! s'écria-t-il. Comment le Roi a-t-il pu décider de cela ainsi, sans l'accord des principaux membres aristocratiques du pays ?!

Je ne pus m'empêcher de sourire, et me retournant, je m'asseyais légèrement sur mon bureau en chêne massif. J'y passai ma main, soulignant ses formes, et me rappelant le travail merveilleux de l'ébéniste. Puis, lorsque j'eus fini ma contemplation, je dirigeai mon regard vers la boule rouge me servant d'invité, et je le fixai droit dans les yeux. Je perçus un mouvement de recul de sa part, il semblai tremblé. Il recula d'un pas, ne parvenant à me comprendre.

— Rasseyez-vous, Cornélius, lui intimai-je doucement mais sèchement.

Il s'en trouva confus, et par des gestes brusques et maladroits, il se laissa choir sur son fauteuil. L'émotion le traversant semblait être passée, et il restait désormais là, interdit, pendant que je le fixais. Puis, tout doucement, j'ajoutai :

— Je n'attendais qu'un oui. Avant d'exprimer tes pensées les plus grossières, cher ami, réfléchis-y d'abord. Pourquoi ne vous a-t-il pas demandé votre avis ? Sans doute parce que vous n'auriez pas été favorables à son idée. Il a beau ne pas représenter une menace, il reste le Roi, et il est intelligent. Vous, nobles, souhaitez vous accaparer son pouvoir. Revenez à votre place, vous n'êtes pas faits pour diriger.

Je me redressai, et m'approchai de Cornélius, qui se colla à son siège, avant de poursuivre.

— Mais c'est une méprise. Vous considérez l'argent comme un moyen de vous engraisser, une simple richesse qu'il est bon de dépenser en plaisirs, et n'avez aucune idée de ce qu'est le monde réel. C'est pour cela que Garmond est roi, et pas l'un de vous. Votre rôle, nobles, est d'être sous les ordres de quelqu'un et de l'aider financièrement. Le reste ne m'intéresse pas, et n'intéresse personne. Est-ce clair ?

— M...Mais enfin Gendô... Tu exagères...

Je me baissai, posant l'extrémité de mes doigts sur la table. Puis, mon regard s'abaissa jusqu'à la carte, comme mon sourire s'effaça. Je plissai des yeux, et après une légère réflexion, je repris.

— Ne m'appelle plus Gendô, veux-tu. A partir de maintenant, je me fais appeler Tartiflette. J'ai une mission pour toi, alors ouvre grand tes oreilles, et ne me fais pas répéter. Tu vas aller me chercher tous les foutus aristocrates de ce pays, me les ramener ici sans que l'on ne le sache, et faire en sorte qu'ils suivent ma cause. Si par un malheureux hasard il en manquerait, je veux les plus puissants quoi qu'il t'en coûte. Compris ?

Il acquiesça, sans prononcer un mot. Puis, tremblant presque, il se leva, se dirigea vers la porte, l'ouvrit, et se rua dans le couloir. Je me relevai, et me tournant, je marchai une nouvelle fois vers mon bureau. Y étaient posés deux croquis, l'un représentant un étrange félin, et l'autre une chauve-souris.

[size=3]⁂[/size]
[size=3]Grand Rey[/size]
Et c'est ainsi que je me retrouvais assis sur mon trône, dans mon château, assailli par toutes sortes de journalistes, crayon en main. Je tournai la tête vers la droite, pour y voir Archie, debout et droit comme un i. A ma gauche, assis, Marco. Pour l'occasion, il était vêtu de luxueux habits.

Quelle occasion ? Celle de son intronisation en tant que président de la Guilde des Commerçants. Cela faisait quelques jours désormais que j'avais fait l'annonce de sa création, et le pays en était sans dessus-dessous. Le soir même, nous en avions tous trois discuté, comme mon ami marchand ne comprenait pas pourquoi je m'étais permis cette liberté. Archibald le savait tout autant que moi : si j'avais simplement proposé cette idée, les nobles me seraient tombés dessus.

Il fallait à tout prix me donner tort, même si le pays en pâtissait. Et puis, n'étais-je pas le Roi ? Ce n'était pas à ces vauriens riches de me dire que faire, sachant que le peuple apprécierait ce choix.

— Sire ! Ce choix est-il raisonnable en vue de la récente montée du nombre de Rattatac en ville ?

Cette question me prit littéralement au dépourvu, et j'en fus étonné.

— Eh bien... Pardonnez-moi mais je n'en vois pas le rapport, répondis-je.

— Nos réserves de nourriture sont en danger ! Est-ce le moment de prévoir des plans de développement économique ?

— Que me conseillez-vous alors ? rétorquai-je. Tuer tous les rongeurs ? Nous avons déjà lancé un plan de chasse les visant, mais il nous est impossible d'en venir à bout totalement. Exterminer les Pokémon n'est pas une solution. Ils sont la nature, et c'est à nous de nous adapter à la nature, pas l'inverse.

Un autre journaliste se leva alors, m'interpellant. Je tournai la tête vers lui, attendant sa question.

— A ce propos, Sire, comment ces créatures peuvent-elles pénétrer dans les réserves de nourriture ? Toutes nos constructions sont faites en roche, ne sont-elles pas protégées ?

En effet, toutes nos bâtisses étaient faites d'un matériau blanc, et prenaient des formes assez cubiques, où seule la taille et les détails différaient.

— Je vous prierais, lorsque vous posez une question, de légèrement vous renseigner au préalable. Une grande partie d'Equinoctium a été construite il y a des décennies, à une époque où nous ne subissions pas ce problème. De même, je n'en ai été moi-même mis au courant qu'il y a quelques jours, et je ne pense pas qu'il soit possible, en un laps de temps si réduit, de renforcer chaque maison. Enfin, nos ennemis sont des rats, et provenant des égouts de la ville, ils peuvent parvenir n'importe où. Nous n'avons aucune magie nous aidant à les éliminer, et nos seuls moyens sont déjà mis en place.

L'interrogatoire se poursuivit ainsi sur plusieurs heures, et lorsque le dernier journaliste fut parti, le soleil s'effaçait déjà à l'horizon. Affalé sur mon trône, je ne souhaitais qu'une chose : dormir. Mais je savais qu'Archie m'épiait, et dès lors que je fermerais l’œil, me réprimanderait.

Cependant, le problème des Rattatac occupait une part importante de mon esprit. Ces derniers jours, leur nombre s'était vu grandissant, et évidemment, nos pertes aussi. A l'heure actuelle, ils ne représentaient qu'une menace mineure, mais je savais anticiper, et je me doutais que dans les semaines à venir, si rien n'était fait, ces Pokémon pourraient nuire.

Je songeai à la question que m'avait posé le jeune homme, un peu plus tôt... Était-ce bon d'avoir ordonné si tôt la formation de la Guilde ? Me concernant, j'en étais convaincu. Cependant, il avait noté sur son papier cette interrogation, en avait fait de même avec ma réponse, et très certainement apparaîtrait-elle dans les tirages de demain. Bientôt les nobles le verront, et s'en serviront contre moi.

Il me fallait donc rapidement mettre un terme à ce problème de rongeur, sans quoi mes projets ne pourraient pas se réaliser. Je n'avais pas de temps à perdre en broutilles, toute mon attention se devait d'être concentrée sur le projet de la Guilde.

Mon objectif était simple : améliorer nos relations commerciales avec les autres nations, et ouvrir encore davantage de routes. Plus notre bénéfice serait important, mieux les Puritaniens vivraient.

Je me levai, et m'adressai à Marco, toujours assis. Il semblait épuisé, mais ce n'était pas le temps de dormir, même moi en était conscient. De ce fait, j'éviterais au moins les remarques déplaisantes d'Archie.

— Marco, je vais avoir besoin de ton aide.

— Que puis-je faire, Rey ?

Je secouai la tête.

— Ne perds plus ton temps à m'appeler ainsi. Utilise plutôt mon prénom, je suis ton ami avant d'être le roi.

Il baissa un instant les yeux, fixant ses pieds, puis se leva à son tour, non sans un gémissement plaintif.

— Comme tu voudras, Garmond. C'est tout ce que tu désirais ?

— Non, répondis-je. J'ai besoin de toi parce que nous n'avons plus de temps à perdre inutilement. Comme tu le sais déjà, la noblesse guette la moindre occasion pour m’évincer du trône, et l'apparition soudaine comme la prolifération des Rattatac pourraient en constituer une assez grosse. Il nous faut donc vite mettre un terme à tout ça.

— Je suis d'accord avec toi pour les rats, mais ne vas pas me faire croire que toi, tu crains les nobles ? Tu le sais aussi bien que moi, les nobles ne sont que des réserves à sous déconnectées du monde, et seuls, ils ne peuvent rien faire ! L'époque où ils étaient bons en politique est révolue, et désormais leur seul talent est de savoir mettre l'ambiance dans un banquet. Pour te faire chuter de ta place, il leur faudrait un véritable dirigeant, sachant qu'ils ne peuvent jouer qu'un rôle de support.

Je hochai la tête, approuvant la théorie de mon ami.

— C'est bien ça, le souci. Je ne suis pas populaire partout dans le royaume, et quelqu'un ayant un minimum d'importance peut très bien s'associer à eux...

Marco s'approcha de moi, et posa sa main sur mon épaule. Relevant les yeux, je le vis sourire. Je le savais insouciant, mais tout de même...

— N'aie crainte, Garmond, fit-il. Nous parlons des nobles comme des imbéciles, mais ce ne sont pas des animaux, ils savent réfléchir. Il faudra donc quelqu'un d'intellectuellement supérieur à eux pour les unir, et heureusement, il existe en ce pays peu de gens pouvant manipuler les principales fortunes, pour destituer le Roi. Et ceux que je connais, ils t'apprécient. Qui plus est, tu as à tes côtés le président de la Guilde des Commerçants, alors ne crains rien.

Je souris à mon tour.

— Tu sembles t'être fait à ton rôle, monsieur le président, plaisantai-je.

Le colosse se mit à rire, et son écho retentit dans toute la pièce.

— Très bien, je vais t'aider, cher monarque. Mais à une condition.

D'un mouvement de tête, je lui intimai de continuer.

— Je souhaite m'occuper entièrement de la Guilde. En gros, en cette époque de crise apparente, j'en prends les rennes, et tu t'occupes d'autre chose. Compris ?

J'en fus pris au dépourvu. Certes, je n'étais en aucun cas opposé à sa demande, mais elle m'étonnait. Qu'avait-il en tête ? Je n'avais jamais pu comprendre cet homme, et pour le savoir, je devrais le laisser aller au bout de son projet.

— Très bien, concédai-je. Je compte sur toi, ne me déçois pas.

Je me tournai vers la grande porte, au fond. De là parvenaient les derniers rayons de l'astre solaire, nous atteignant. Quelle heure était-il ? Certainement tard, très tard. Je crus discerner alors une forme dans la lumière, comme s'approchant. Puis...

— Votre Majesté ! s'écria la forme.

Un homme accourait, essoufflé et paniqué. De là où il se trouvait, je pouvais clairement voir son visage. Conscient que quelque chose s'était passé, je me tournai tour à tour vers Archie et Marco, qui, me regardant à leur tour, dévoilèrent une mine inquiétée. L'inconnu arriva finalement à notre niveau, et ne prit pas la peine de s'agenouiller.

— Sire, c'est horrible ! Pour une raison que l'on ne peut expliquer, les Rattatac semblent devenus fous !

— Q...Que veux-tu dire ?! Développe !

— D'ordinaire... haleta-t-il. D'ordinaire seuls les Rattata sont de sortie, chapardant quelques denrées. Mais là c'est différent, même les Rattatac déferlent en grand nombre dans les rues, et saccagent tout !

Je devins livide, et mon visage se déconfit. Mais me rappelant que je ne pouvais pas perdre la face, je me ressaisis.

— Que l'on mobilise l'armée, et que l'on m'apporte mes Pokémon, sur le champ !

Les gardes présents dans la pièce s'activèrent alors, ne perdant pas une seconde. Je passai ma main tremblante dans mes cheveux, et fixai la porte. Un dernier rayon de soleil m'éblouit, puis plus rien.