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CONCOURS SL : Pokemon is Real Life [Prologue] de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 24/09/2016 à 10:39
» Dernière mise à jour le 03/10/2016 à 19:56

» Mots-clés :   Drame   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 1 : Paisible Puritania
[size=3]Grand Rey[/size]

— Sire ? … Sire, vous m'entendez ? … Sire !

Je m'éveillai soudain, en sursaut, sorti d'un doux rêve. Tout secoué, je balayai la salle du trône du regard, et découvris face à moi mon conseiller, Archibald. Archie, comme j'aimais l'appeler, était un grand homme très fin, au crâne dégarni et uniquement couvert de quelques cheveux gris, témoignant de son âge avancé.

— Que... Que me veux-tu, Archie ?

— Vous vous étiez endormi, Sire ! Vous ne pouvez pas, un régent tel que vous ne doit pas se permettre de tels actes !

Comme je le fixais le temps de sa réprimande, je tournai doucement la tête vers le côté, avant de m'étirer, baillant bruyamment.

— Enfin, Sire, un peu de tenue !

Je restai ainsi pendant cinq bonnes secondes, sentant mes muscles se délier. Puis le regardant de nouveau, je répondis :

— Personne n'est là, argumentai-je d'un geste de la main. On ne rentre pas dans la salle du trône comme un moulin, je te rappelle. Et qui plus est, même si ça risque de te surprendre, le roi est un humain, comme toi, comme tous mes sujets. Il a donc le droit de dormir.

Je restai dans le flou, tentant vainement de me souvenir de mon rêve. Qu'était-ce, déjà ? Aucune idée, dommage. Pourtant, ça semblait bien. Enfin, quel agréable rêve ne laisse pas un affreux sentiment de frustration, à l'heure du réveil ?

Je me levai de mon sublime trône, et attrapant mon manteau royal au passage, je le posai sur mes épaules. Derrière, Archibald accourut.

— Enfin, vous auriez pu me demander, votre altesse !

— Te demander quoi ? souris-je. Nous verrons cela lorsque mes deux bras auront été amputés, pour l'heure j'espère en profiter un petit peu.

— Vous êtes toujours le même...

— Bien entendu. Je n'aime pas le changement, tu devrais le savoir autant que moi. Quoi qu'il en soit, m'accompagnes-tu à l'extérieur ? Je souhaite faire un tour dans les rues de Equinoctium.

Equinoctium était le nom de la capitale de mon royaume. Pour ma part, J'étais le Grand Rey, roi de Puritania. Un individu qui, hormis son statut et son sang n'avait rien de particulier. Des cheveux noirs descendant jusqu'aux épaules, un petit mètre quatre-vingt, et le reste importe peu. Cela faisait quinze ans maintenant que j'exerçais le pouvoir, étant monté sur le trône à l'âge de dix ans.

Bien entendu, je n'étais alors pas à même de gouverner, et heureusement, Archie était à cette époque à mes côtés. A de nombreuses reprises des nobles du pays ont tenté de prendre ma place, et je crois bien que sans ce bon vieil Archibald, j'aurais été décapité depuis longtemps.

Mes parents sont morts alors que j'étais encore très jeune, et selon certains j'en ai été beaucoup affecté. Pourtant, je n'éprouve aucune difficulté vis-à-vis de cela.

Je me dirigeai vers la grande porte en bois massif sculpté et orné de dorures, puis saluant les gardes, la franchis, talonné par mon conseiller. A peine l'eus-je passée que j'entendis un vague bruit provenir de la ville, au loin. Ma capitale était une cité animée, souvent bruyante, et très chaleureuse, où j'aimais passer le plus clair de mon temps.

Pour ainsi dire, rester enfermé entre les murs du château traitait plus de l'obligation que du devoir, et fréquemment j'en sortais, pouvant de ce fait profiter de la douce chaleur du pays.

Mes bottes claquaient sur le marbre presque transparent, reflétant la lumière portée par les immenses fenêtres bordant la pièce. J'entendais souvent dire que j'avais une marche royale, imposante, et que personne ne pouvait y rester neutre. C'était extrêmement gratifiant de savoir cela, mais j'espérais imposer le respect par autre chose que ma simple démarche.

Une volée de marches s'étendait devant moi, menant à l'extérieur. Devant, le soleil m'éblouissait. Tout le château était bâti de manière à réverbérer la lumière astrale, et éclairer ainsi la totalité de la construction jusqu'à des heures tardives. Le seul effet néfaste, si je pus employer un tel mot, était sans nul doute l'aveuglement partiel qu'il causait. Mais avec le temps, on s'y habituait et ce n'était plus une véritable gêne.

J'avançais sur un tapis rouge, où était brodé le blason de notre royaume : un soleil et une lune unis, « portant » une couronne. Autour de moi, des gardes armés de lances me saluaient, et derrière avançait toujours Archibald.

— Allons, dépêche-toi, Archie ! Tu traînes.

— Enfin, sire, je ne peux m'avancer au même niveau que vous !

Je soupirai.

— Je peux comprendre que mon haleine au réveil ne soit pas des plus plaisantes, fis-je, mais fais quand même un effort. Comment veux-tu discuter dans ces conditions ?

— Je suis confus, sire.

Une seconde fois, je soupirai. Son humilité et son respect des statuts collaient bien à son personnage, mais il avait le don de m'exaspérer, parfois. Je m'arrêtai quelques secondes, le temps qu'il s'avance jusqu'à moi, puis lui faisant comprendre implicitement ce que j'attendais, j'avançai.

Nous franchîmes la grande porte d'entrée du château, celle-ci donnant sur une sublime terrasse. Formant un petit balcon, nous pouvions admirer la vue de la ville, s'étendant le long de la colline Éclipse.

— C'est beau, n'est-ce pas ?

Je tournai la tête vers lui, et l'observai. Bien qu'essayant de le dissimuler, je pouvais constater qu'il souriait, fut-ce presque insignifiant. C'était rare de le voir ainsi, et cette vision me donna de même une certaine joie, m'emplissant le cœur d'une folle énergie.

Cette vue... D'ici, nous pouvions admirer les allées descendantes de la belle Equinoctium, les rues bondées, les marchés, en somme toute une vie. Je comprenais parfaitement les sensations de mon conseiller, voyant ce que nous avions bâtis.

— Oui, répondis-je, c'est beau.

Me tournant, je me dirigeai vers les quelques marches menant aux jardins, dernière étape avant d'atteindre la ville.

— Rejoignez-moi quand vous voudrez ! lançai-je au vieil homme, derrière-moi.

Du coin de l’œil je le vis acquiescer. Je passai ainsi outre les haies, fontaines et autres subtilités dont je n'expliquais pas l'utilité, pour atteindre la Grand-Rue, au loin grouillante de monde. Tant mieux, c'était cette atmosphère que j'appréciais.

Jetant un dernier coup d’œil derrière-moi, je laissais Archie à sa contemplation, pour m'enfoncer dans ma capitale. Déjà l'on me saluait, l'on m'adressait des paroles bienveillantes, parfois quelques piques, mais j'aimais ce genre de lien avec mes citoyens.

Tout, absolument tout, dans cette vie était appréciable. Il n'y avait aucun problème dont je pouvais me plaindre, et ainsi jamais je ne me le permettais. Quand tant d'autres souffraient et peinaient à nourrir leur famille, moi j'étais roi dans la plus belle des contrées de ce monde.

Alors certes, ce rôle impliquait moult devoirs, mais ce n'était rien pour moi. A partir de l'instant où la couronne se retrouva sur ma tête, je m'engageai à me donner corps et âme pour cette fonction prestigieuse. C'était à moi d'offrir un visage rayonnant à notre belle Puritania !

Je levai les yeux, contemplant la teinte azurée du ciel nous surplombant. Autour, le vacarme citadin s'intensifiait, à mesure que je m'approchais des quartiers animés de la ville. Un Flamiaou fila devant moi, pourchassant un Rattata. Ailleurs, des Picassaut chantonnaient, et m'imprégnant de leur mélodie je poursuivis mon chemin.

Rapidement j'atteignis le grand marché, bondé. Les premiers Puritaniens m'apercevant m'adressèrent un salut, et l'un d'eux vint à ma rencontre.

— Ah, Sire ! Quel plaisir de te voir ici !

Je baissai la tête très légèrement, souriant au passage.

— Le plaisir est pour moi, Marco. Comment vont les affaires ?

— Bien, très bien, merci. Archie ne t'accompagne pas ?

Tournant la tête, je désignai le château.

— Il est resté un peu plus haut, à admirer Equinoctium. C'est un paysage qu'il semble vraiment apprécier, me mis-je à rire.

Marco Dandvy, un homme au teint basané, plutôt robuste, et l'un des piliers du commerce, à peine âgé de trente années. Je pourrais considérer notre relation comme de l'amitié, comme ce personnage m'avait souvent aidé, dans ma vie de règne.

— Il a bien raison ! renchérit-il. Bon, puis-je t'aider dans quoi que ce soit, sinon ? Peut-être une petite boisson bien rafraîchissante ?

Inclinant doucement la tête sur le côté, je fis mine d'hésiter, puis j'acquiesçai finalement en riant, marchant à ses côtés jusqu'à son étal. Que vendait-il ? Principalement des denrées rares, telles que des baies exportées, ou des épices provenant des quatre coins du monde.
Un homme un peu fourbe, certainement de déformation professionnelle, mais toujours amical et à l'écoute.

Il attrapa une chaise en bois, qu'il posa près de moi, et m'invita à m'y asseoir. Aussitôt, il alla ouvrir un tonneau, et y plongea une choppe de bière, qu'il me tendit alors. Le remerciant, je l'attrapai, et approchai le récipient de mes lèvres. Le froid du liquide me fit frissonner, mais je la bus presque d'une traite, n'en laissant plus une goutte.

— Je présume que c'était bon ? sourit Marco.

Je lui adressai à mon tour un sourire, en guise de réponse. Puis il se saisit d'une seconde chaise, qu'il planta presque face à moi, avant de s'y laisser tomber, poussant un long soupir.

— Et la boutique ? m'enquis-je.

Il balaya l'air de sa main, signe qu'il n'y avait pas à s'inquiéter.

— Les employés s'en chargeront, je ne peux pas non plus être constamment sur leur dos. Autrement, Rey, comment va le royaume ?

Cet homme était le seul, de ma connaissance, à m'appeler ainsi, comme tous les autres y préféraient le nom complet « Grand Rey ». De base, ni Rey ni Grand ne me font office de prénoms. Le premier est mon nom de famille, transmis de roi en roi, et le deuxième, Grand, est un surnom.

— Merveilleusement bien, merci ! hochai-je la tête. En cette époque, tout nous est bon, et ni l'épidémie ni la famine n'osent pointer le bout de leur nez.

Le marchant regarda autour de lui, s'assurant visiblement que personne ne pouvait écouter la conversation, et rapprocha son visage du mien.

— À ce propos... Selon certains dires, fit-il, les Rattatac se multiplient. Certes, c'est signe que la biodiversité ne se meure pas, mais tout cela m'inquiète, cependant. Nous savons ces bougres dévoreurs de nourriture, et s'ils continuent à proliférer, j'ai peur que nos réserves diminuent...

Je redressai le dos, effaçant le sourire de mon visage. Voilà le genre de problèmes auxquels je devais être prêt à réagir. En effet, les Rattatac étaient bien connus pour amasser et ingurgiter des quantités de denrées alimentaires astronomiques, et si leur nombre augmentait, il serait difficile, par l'avenir, de subsister.

— C'est un sérieux souci, commentai-je. Que visent-ils, en particulier ?

— Principalement les baies. Nos réserves de poissons sont plus ou moins protégées. Je ne sais toutefois que faire. Faut-il que nous renforcions la sécurité de nos greniers, ou que nous procédions à une élimination de ces bestioles ?

Je me grattai la tête, pensif. J'avais affronté des cas plus terribles que celui-ci, mais il méritait bien évidemment de profondes réflexions. Faire le mauvais choix était une action à proscrire. Une idée germa alors dans mon esprit.

— Les Rattata peuvent-ils nager ? demandai-je.

— Euh... Et bien... A ma connaissance oui... Mais je ne crois pas que l'eau soit leur élément préféré... Enfin, je ne suis pas certain de te suivre, Rey.

— C'est on ne peut plus simple. Nous allons construire une réserve placée au milieu du lac de la Nuit, bâtie sur pilotis et hermétique au possible. A l'intérieur nous déposerons des tonneaux renforcés, pouvant contenir les produits les plus en risques. Dans le même temps, nous procéderons à une petite chasse aux Rattata et Rattatac, afin de limiter leur prolifération. Marco, je te charge de diriger les travaux.

L'intéressé écarquilla les yeux, puis les plissa, puis pencha la tête sur le côté. Finalement, il regarda le paysage, et se mit à rire.

— Mais enfin, Rey, moi ? Je suis un commerçant, pas un maçon ! Que veux-tu que je construises, avec mes deux mains ? Tout ce dont je suis capable, c'est naviguer sur les mers, vendre des babioles, et compter les pièces d'or. Mon seul talent de constructeur est de savoir empiler les caisses, et à part les bras je n'ai rien pouvant m'y aider. Demande plutôt à quelqu'un de qualifié, voyons !

— Ce ne sera pas faute d'avoir tenté, pourtant... soupirai-je.

— Tenté quoi ? Tu veux vraiment me nommer à un poste particulier ?

J'acquiesçai, souriant. L'autre, en face, semblait éprouver quelques difficultés à me saisir. Tant mieux, j'appréciais quand il avait cette mine. Je décidai alors d'improviser. En effet, je voulais le nommer à un poste important dans le royaume. Après tout, en plus d'être mon ami, il était l'un des marchands les plus influents de l'archipel Puritanien. Puis tel un éclair illuminant une ciel nocturne, j'eus une idée. Je me levai alors, faisant presque sursauter le colosse bronzé.

Me saisissant de ma petite chaise ridicule, je le laissais là, me dirigeant vers le centre du marché, où fourmillaient les habitants. Voyant l'air décidé peu habituel de mon visage, le silence se fit peu à peu, et l'on se poussa devant moi. Je lâchai alors le siège de bois, sur lequel je montai, et posai mon pied sur le haut du dossier. Autour, tous me regardaient, surpris et hébétés.

— Mes chers concitoyens ! fis-je alors. Aujourd’hui, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer !

Je laissai un petit temps de silence, pendant lequel j'entrepris d'observer la foule compacte. Balayant du regard l'assemblée, je m'amusai à remarquer chaque expression portée par le visage de chacun. Puis je repris, ne rallongeant pas davantage l'attente.

— Aujourd'hui est un grand jour pour le commerce de Puritania ! Vous comme moi savons que notre pays est l'un des piliers du commerces mondiales, bien que n'étant pas le plus gros. Nous effectuons des échanges entre chaque île Puritanienne, ainsi qu'avec d'autres nations. C'est cela qui fait notre force et notre richesse. Pourtant, bien que nous soyons tous soudés et réunis sous la même bannière, notre cohésion n'en est pas à son maximum. C'est pour cela qu'en ce merveilleux jour, je déclare la création d'une nouvelle entité, la Guilde des Commerçants ! Son siège se trouvera ici, sur l'île Royale, mais des délégations seront également disséminées sur toutes les îles ! Son but ? Assurer la prospérité et le développement de notre commerce, afin de nous faire devenir le pays le plus riche de ce monde ! Enfin, elle sera dirigée par un conseil des plus grands et sages marchands, eux-même présidés par un autre homme...

Souriant, je me retournai, et regardai mon ami, la choppe aux lèvres.

— Cet homme, à la tête de l'économie Puritanienne, c'est Marco Dandvy ! Confrères, acclamez-le !

L'individu en question recracha toute la gorgée de bière qu'il s’apprêtait à boire, et s'essuyant la bouche, il se leva soudainement, interloqué, puis vint à ma rencontre.

— Mais enfin, Sire ! Quelle est la raison de ce choix ?! Tu ne pouvez pas décider cela sur un coup de tête ! Et qu'en est-il de l'avis de ton conseiller ?

Je haussai les épaules, l'air de rien.

— Il est resté à admirer le paysage, tant pis pour lui. Enfin, je ne crois pas qu'il s'agisse là d'une mauvaise idée, bien au contraire. Ce choix aurait du être fait il y a des siècles déjà.

— Oui peut-être, mais en ce qui me concerne ? Voyons, je ne suis pas le plus qualifié pour présider une Guilde des Commerçants, voyons ! C'est une trop grande responsabilité pour moi, je ne suis pas de taille !

Je m'apprêtais à répondre, quand un homme s'exprima à ma place.

— Si je puis me permettre, messire Dandvy, je partage l'avis du roi.

Les regards se tournèrent vers un homme assez grand, âgé, et au crâne dégarni. Un sourire s'étendant jusqu'à mes oreilles illumina mon visage. Ah, ce bon vieux Archie ! Nous étions désormais deux à soutenir cette proposition, contre un. Enfin... Je connaissais Marco, et je savais très bien qu'au-delà de la peur de devoir assumer une si lourde tâche, dans le fond il jubilait. Je souhaitais le voir devenir le plus grand marchand du pays, et avec ça peut-être en deviendrait-il le plus grand au monde ? Cependant, il me fallait davantage de support.

— Et vous, habitants de Equinoctium, qu'en pensez-vous ? Je sais ce marchand assez apprécié, par ici ! Ne pensez-vous donc pas qu'il est juste qu'il ait la place qu'il mérite ?

Un puissant vacarme me répondit alors, et je compris en voyant l'état de folie de la foule que cette idée était bien reçue. Bientôt, son nom fut scandé de toutes parts, et l'on vit arriver davantage de Puritaniens, alertés par ce bruit. Tout souriant, je me tournai alors vers mon ami, les bras ballants, une choppe pendant timidement à ses doigts. Lui aussi souriait, il semblait vraiment heureux. Était-ce des larmes que j'apercevais au coin de ses yeux ? Qu'importe, cet homme était heureux, tout simplement.