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Paradis Ébène [Concours S/L 2016] de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 23/09/2016 à 16:04
» Dernière mise à jour le 30/10/2016 à 17:18

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Chapitre 2 : Mauvaises croyances.
Lieu : Alola ; île de Mele-Mele
Félix


Les jours passaient paisiblement, sans qu’aucun caillou n’embarrasse mon entreprise. Toutefois, je restais soucieux. Malgré le calme apparent, je savais que le germe de la rébellion corrompait peu à peu les sauvages adultes.

Contrairement aux malléables enfants, l’âme des adultes était déjà fermement figée dans l’erreur ; espérer leur inculquer quelque chose était folie. Au fond cela m’importait peu, ce n’était que des esclaves. Tant qu’ils travaillaient mon sourire était garanti.

Cependant, j’aimerais éviter toute hypothèse fâcheuse. Une révolte est une perte de rendement. Il me faudrait un moyen de marquer leur esprit, d’une façon bien plus profonde que la simple violence. Il fallait que toutes idées d’insoumission soient non seulement inconcevables, mais aussi et surtout impensable pour ses nègres. Je voulais une maîtrise parfaite sur leur esprit.

Car c’était une réalité que je devais accepter ; actuellement, leur esprit ne m’appartenait pas. Oh, il avait peur de nous, évidement, mais notre domination s’arrêtait là. Parfois, je les entendais parler entre-eux, dans leur dortoir le soir. Ils mentionnaient leur vie passée, leur haine, et parfois même, ils priaient leurs idoles impies.

Ces sauvages, ignorants dans tous les sens du terme. S’ils savaient que j’avais étudié leur langage, et que chacun de leur piaillement me parvenait ! Je ne disais rien, évidement. Je préférais qu’ils ne le sachent pas, endormant leur méfiance. Pour dire vrai, mes plus proches collaborateurs – Charles inclus – ignoraient ma compétence dans ce domaine. Un bon maître du jeu sait garder ses cartes.

En tant que bon religieux et serviteur d’Arceus, mon poil se hérissait dès que j’entendais un Alolois balbutier une plainte à une idole. C’était du pur dégoût qui m’envahissait. Comment pouvait-on sacrer un vulgaire tronc coloré ? Car voilà ce qu’étaient les idoles, des espèces de blocs de bois, déformés et barbouillés de façon à représenter une figure grotesque.

Mon incompréhension était d’autant plus grande que j’avais pris soin de constamment les baigner dans la lumière d’Arceus. J’imposais des saintes prières à intervalle régulier, je les obligeais à s’agenouiller une heure entière devant des représentations d’Arceus que j’avais fais ériger ; en somme, je m’étais dévoué à leur rendre la vue.

Mais ils décidaient de rester aveugles. Mon moi bon et naïf avait pensé que ses sauvages réaliseraient d’eux-mêmes la grandeur du Créateur ; il n’en fut rien. La noirceur ne teintait pas que leur peau, elle voilait leur esprit.

Si je voulais frapper un grand coup, il fallait que je m’attaque en priorité à ces horribles idoles, que je leur fasse comprendre que ces sottises n’étaient rien face à la majesté du Tout-Puissant. Et en bon serviteur d’Arceus, j’avais déjà une petite idée en tête.


____________________

~ Un mois plus tard ~
Kahoku

 C’est fou comme le destin pouvait-être ironique. Hier encore, j’étais le fier Patriarche respecté, garant du savoir, Premier Guerrier d’Enak, ma tribu, et Grand Shaman de Tokorico. Aujourd’hui, je suis un simple obéissant soumis, travaillant d’arrache-pied dans un champ de canne-à-sucre.

Du « le », j’étais devenu « un ». Un parmi des. Ici, dans cet enfer végétal, nous étions tous égaux. Les Blancs nous avaient tous réuni, nous, adultes, indépendamment de nos origines, de notre genre. Seuls les plus jeunes avaient été épargnés ; ce n’était pas le cas des plus vieux. Je voyais des anciens lutter, se démener, guerroyer contre leur propre corps tout en subissant l’injure des Blancs ; s’ils tombaient, leur peine serait multipliée.

Ironique, disais-je. D’un point de vue Blanc, nous étions égaux. Qu’importe que nous ayons trente ou cent ans, qu’importe que nous soyons hommes ou femmes, qu’importe que nous venions de la tribu d’Enak ou d’Onol ; nous étions strictement et parfaitement égaux.

Jamais auparavant notre société Aloloise n’avait été aussi égalitaire ; moi-même devait avouer avoir regardé de haut certaines tribus n’étant pas la mienne, m’être senti supérieur à mes sujets, aux femmes, avoir accordé plus de respect aux vieux qu’aux autres. Avec les blancs, toutes ces traces d’inégalités avaient été annihilés ; comme une plaine défrichée de tous rocs.

Ironique, répétais-je. Car, toujours d’un point de vue Blanc, nous étions inférieurs. Nous étions des soumis, des esclaves, des nègres. En nous catégorisant tous sous ses simples appellations, en nous hiérarchisant tous au-dessous d’eux, les Blancs nous avaient doté d’une égalité absolue ; une égalité nègre, une égalité d’objet.

Cette inutile pensée me faisait bien rire. Le rire était l’une des seules choses qui me restait. L’une des trois choses, pour être plus précis.

Le rire, la religion et surtout la pensée. Je me raccrochais bec et ongle à ces trois entités, derniers piliers de ma sanité. Je ne cessais de penser. Penser encore, penser toujours, penser malgré. Penser pour me souvenir ; penser pour oublier. Penser pour penser ; penser pour panser.

Et puis l’espoir, le seul espoir, cristallisé dans un être dépassant ma volonté. Tokorico, le Pokémon Gardien. Toutes les anciennes légendes de Mele-Mele le mentionnaient ; une divinité foudroyante, sommeillant quelque part dans les tréfonds de l’île, qui nous protégeait continuellement.

Je ne savais pas quoi y penser. De l’époque des comptoirs jusqu’à l’actuelle, on ne l’avait vu. En fait, personne ne l’avait jamais vu. J’en étais le Grand Shaman ; titre beaucoup moins prodigieux qu’il n’y paraissait. Mon rôle était simplement d’orchestrer les rites et danses tribales, ainsi que les offrandes adressées au Dieu via des totems le représentant.

J’étais aussi censé communiquer sa volonté à mon peuple ; jamais Tokorico ne m’en avait fait part. Mais pour la cohésion sociale, je l’inventais. Je formulai de larges principes de respect et de fierté, soi-disant venu de la divinité ; ma tribu buvait mes paroles.

Devrait-on me châtier de mon mensonge ? Sûrement. Je l’acceptai. Nous autres, Patriarches, avions accepter ce fardeau de génération en génération. Enfumer notre propre peuple pour le renforcer.

Au fil du temps, j’avais moi-même fini par douter de l’existence de Tokorico. Était-il juste une figure illusoire destinée à rassurer ou était-ce plus complexe ? C’était une question que je ne me posais plus. Je devais faire envoler mes doutes, je devais y croire. Car lui-seul pouvait véritablement nous sauver.


***

 Aucun répit. Le soir venant, le fouet qui nous guidait claquait vers l’église. Ce n’était pas des Blancs qui tenait l’instrument, mais des Gris, comme j’aimais les appeler. Des noirs qui espéraient désespérément se teindre de Blanc.

Certains de mes camarades les appelaient traîtres et les méprisaient. Moi, je les plaignais. Les Gris ne portaient qu’un masque de Blanc, ils voyaient ces intrus valorisant la couleur sur l’humain comme des divinités et désiraient devenir similaire. Risible. Les Gris étaient des nègres, point. De ce fait, les Blancs s’en servaient comme instrument, comme nous. Leur cœur aura beau se blanchir, leur peau sera toujours « souillée ».

— C’est l’heure de la prière au Grand Arceus ! cria le Gris qui nous menait. Tout le monde à l’Église, en silence !

Des précisions inutiles, nous suivons le même schéma chaque journée : levé, prière, pain rance, travail, prière, pain rance, travail, prière, couché. Mais les Blancs aimaient crier ; alors les Gris, soucieux d’imiter leur maître, criaient. Un cri rempli de vide.

En silence, demandait-il ? La chance était de notre côté, nous étions toujours silencieux. Du moins, lorsqu’un Gris ou un Blanc étaient dans les parages ; parler dans ces circonstances était dangereux, très dangereux. Je me souviens d’un vieux sage, pétri de bonté et de raison, qui s’était insurgé de notre condition ; bien sûr, il le faisait discrètement, il était sage, avais-je dit.

Mais ce vieux sage avait trop confiance en son peuple, sa méfiance envers les Gris était faible, il les voyait encore comme des semblables. Grave erreur. Peu de temps après, il a été dénoncé, par un Gris qui avait été son fils. Les Blancs, dans leur grande raison, ont traîné le vieillard dans la boue, l’ont fouetté, et ont percé ses lèvres. Percé ses lèvres pour y installer un cadenas, s’assurant ainsi qu’il ne puisse plus jamais faire entendre sa voix.

Le lendemain, on le retrouva endormi, à moitié dévoré par des Rattata.

Des Blancs en robe menaient les prières destinées à ce Arceus, un dieu soi-disant bonté incarnée. Ma foi n’était qu’en Tokorico, cependant, celui qui n’acceptant pas la bonté d’Arceus se fera immanquablement châtier. Refuser la bonté de ce dieu semblait être le pire des crimes réalisables, bien plus que de refuser de travailler.

Les corps de ceux qui ne l’avaient pas compris étaient là pour en témoigner. Brisés, disloqués, brûlés, tranchés, broyés et pendus aux arbres desséchés.

Il fallait obéir. C’était la règle d’or pour survivre. Pour vivre, il n’y avait pas de règle, car la vie n’existait plus.


***

 Après la prière, venait l’Attendu, la délivrance temporaire ; le moment du couché. Nous étions des dizaines encastrées dans une minuscule cabane puante, moisie, heureuse. Ici, les Blancs et Gris étaient loin ; nous pouvions enfin délier nos langues.

Les pleurs, la colère, la tristesse, la nostalgie, la frustration, la foi, la peine, l’espérance, la souffrance. Tout ce qui nous tourmentait, tout ce qui bouillonnait en nos cœurs, tous ce qui voulait mais ne pouvait s’exprimer, explosait chaque soir, dans ses cabanes nauséabondes, comme un volcan humain.

Je ne pouvais toutefois m’empêcher de craindre. Et si un Blanc passait par là ? Et si nos déferlements étaient entendus ? Si tel était le cas, nous ne connaîtrons sans doute jamais de lendemains. Pour l’instant, personne ne semblait avoir remarqué nos éclats d’émotions ; par instinct, je frissonnais.


***

 Le lendemain arriva et le cycle reprit ; ce n’était mieux, ce n’était pire. C’était ce dont je voulais me persuader.

Aujourd’hui, le ciel était gris. Le travail dans les champs semblait plus pénibles qu’accoutumé et avant la fin de la matinée, nous avions subi deux fois plus de perte que d’habitudes. Mon cœur était lourd.

La pluie tombait ; le ciel était noir. Le pain rance qu’on nous donnait à manger paraissait plus indigeste, plus vomitif que les autres jours ; même l’eau boueuse ne pouvait passer nos gosiers.

Le tonnerre grondait ; le ciel était ténèbres. Les prières d’Arceus tourbillonnant affreusement dans mon esprit, à chaque fois que je les répétais, j’avais l’impression d’être transpercé par une lance sanguinaire.

Et ce fut à ce moment, en sortant de l’église, peinant à respirer, oppressé, traînant péniblement mes lourdes jambes, le corps meurtri, l’âme torturée, que je le vis, dans le ciel.

Une créature gracieuse, autoritaire, majestueuse, divine. Le haut de son corps, principalement noir, humanoïde, nous fixait avec sévérité. Il portait, greffé à ses bras, deux identiques et magnifiques boucliers dorée se terminant par une longue pointe noire aiguisée, d’où jaillissant continuellement des torrents de foudre tonitruante.

Je ne pouvais me tromper, c’était Tokorico. Mon âme me le criait. Cela ne pouvait être que lui. Tokorico, le Pokémon Gardien. Sans réfléchir, je me jetais au sol, balbutiant avec rage toutes supplications que je pouvais. Enfin, mon cœur se réveillait. L’espoir. L’espoir qui n’était auparavant qu’un mot, redevenait l’Espoir.

Le visage tâché de boue, je me relevais, guerrier. Je cherchais du regard mes camarades. Chez eux aussi, je voyais s’enflammer petit à petit la flamme de la révolte, du combat, de l’Espoir.
Je m’avançais vers le Gris meneur des autres Gris, conquérant.

— Espère le pardon, traître, crachai-je.

Inutile d’en dire plus. Le jugement de Tokorico parlerait pour lui-même. Ces Blancs et Gris n’avaient que trop souillé Mele-Mele, notre terre natale, la terre de Tokorico.

La foudre tomba ; le ciel cria.

Ma confiance s’ébranla, l’incompréhension me gagna.

La foudre tomba ; le ciel brûla.

L’odeur cruelle m’envahit, s’insinua, s’incrusta perfidement dans ma peau.

La foudre tomba ; le ciel se brisa.

L’Espoir s’envola, tout s’envola, tout quittait mon corps, il n’en restait rien.

La foudre tomba ; le ciel ria.

Blancs et Gris, ensemble, se moquaient, tonnant plus fort que le ciel lui-même.

Je me retournai, fébrile. Tous. Ils avaient tous étaient anéantis. Même leurs os n’étaient plus que cendre. Tokorico était impassible. Le Gris s’approcha de moi, ricanant.

— Toi, espère le pardon.

Soudain, il sortit une sphère rouge et blanche de ses vêtements, et la pointa vers le ciel. En un instant, Tokorico disparut.

— Je te reconnais, continua le Gris. Tu es Kahoku, le Patriarche de la tribu d’Enak, ou plutôt, était. Votre temps est révolu. Tu le vois notre dieu, notre puissant Tokorico ? Les Blancs me l’ont donné en cadeau, en récompense pour ma servilité. Les Blancs sont forts, Kahoku, bien plus fort que nous. Bien plus fort que nos dieux. C’est en servant les Blancs, en les imitant, que nous avions une chance de nous élever. Et c’est justement ce que j’ai fait.

Son flot de parole m’embrouillait et m’obsédait. Tokorico ? Notre Dieu ? Maîtrisé par les blancs ? Donné à un Gris ? Pourquoi ? Comment ?!

— Je vous plains, poursuivit-il. Votre erreur aura été de n’avoir pas avoir voulu comprendre cela. Vous avez préféré vous enterrer dans de mauvaises croyances. Voyez le résultat, vous êtes morts, vos titres ne veulent plus rien dire, ils sont vides. Mais les Blancs s’occupent de nous, ils reforgent notre société défaillante, ils refont les titres, des titres pleins.

Le Gris s’approcha encore, et me poussa au sol ; je ne réagis pas.

— En recevant Tokorico, les seigneurs Blancs m’ont honoré ! s’écria-t-il. L’ère des Patriarches est terminée ! Que tous les Alolois qui le peuvent m’écoutent ! Je me nomme Reino, détenteur de Tokorico ! Et de ce fait, et par l’approbation de nos seigneurs Blancs, je me dresse au-dessus des Patriarches, au-dessus de Tokorico ! Je me nomme Reino, premier Doyen de Mele-Mele !

D’autres Gris se ruèrent sur moi et me ligotèrent.

Ma tête était vide. Tokorico, mon Dieu, celui en qui j’avais cristallisé mes espoirs, l’Espoir. Il nous avait trahis. Il avait choisi le camp des blancs. Notre symbole, notre identité, notre foi, ma foi ; fracassés.
Ma tête était vide. Je n’avais plus envie de rire, je n’avais plus envie de croire. Ma tête était vide. Je ne voulais penser à rien.


____________________

Félix

 Je peinais à contenir mon amusement. La scène que je voyais à travers la porte de l’église était si ridicule ! Le visage de ce nègre qui se décomposait, c’était sans prix. Celui-là, il ne faudra pas le tuer ; le tuer serait l’apporter le repos. Je voulais qu’il désespère plus longuement, qu’il glisse doucement dans les interstices de la folie ; c’était un châtiment raisonnable pour avoir osé vénérer un autre qu’Arceus le Créateur.

Mon esprit fertile fourmillait de procédés miséricordieux. Tout d’abord, j’enfermerais ce nègre dans un cachot, et je lui couperais mains, pieds, et langue. Je pourrais lui percer les yeux, mais j’ai encore un cœur. Évidement, j’enverrais immédiatement un médecin compétent l’empêcher de passer à trépas. De même, je devrais mobiliser un Leuphorie en permanence dans sa cellule afin de faire durer sa punition le temps qu’Arceus ne lui pardonne.

Il voudra sans doute se laisser mourir, alors il faudra le forcer à manger et à boire. Oh ! J’y pense, pourquoi ne pas mélanger son eau à la cendre de ses camarades ? Riche idée, il faut que je la note. En dehors de cela, il serait bon de lui rappeler qu’on possédait Tokorico. Pourquoi ne pas installer une représentation du « dieu » avec lui, dans le cachot ? De cette manière, ce sauvage aura chaque jour devant lui un rappel matériel du pourquoi était-il châtié.

Ce n’était pas du sadisme, ce n’était que juste rétribution pour la peine qu’il avait infligée à Arceus en osant vénérer un autre. Une rétribution que je trouvais pour ma part encore légère, mais en tant que bon serviteur d’Arceus, je devais faire preuve de miséricorde.

Avec ceci, ce sauvage devrait normalement comprendre toute l’étendu de son hérésie. Cependant, ce n’était pas le seul nègre sur lequel je devais porter mon attention.

Reino. L’un des sauvages qui s’était plié devant nous avant même le projet de civilisation. Il nous était indéniablement utile. Bien sûr, Tokorico ne lui appartenait pas, nous lui avions juste confié sa Pokéball ; nous n’étions pas fous au point de donner un Pokémon aussi puissant à un nègre.

J’aimais cette idée de Doyen, elle était de moi. Le fait qu’un nègre sabote toute l’organisation de son propre peuple, en notre nom, était jouissif. La preuve ultime que nous avions réussi à profondément nous implanter à Alola, aussi bien dans la terre que dans les esprits.

Car oui, le spectacle d’aujourd’hui marquera les esprits à jamais. Tokorico était vénéré par les indigènes de l’île et il venait d’en tuer des dizaines. Ha ! L’ironie est tordante !

Et maintenant que leur pseudo-foi venait de perdre tout son sens, il sera plus aisé de les guider vers la lumière d’Arceus. Un plan parfait.

Le plus drôle dans cette histoire, c’était que notre Tokorico n’était peut-être pas leur Tokorico. En toute vérité, j’avais pour entreprise de trouver un Pokémon ressemblant à la pseudo-divinité, de le capturer, et de le montrer aux sauvages comme étant la preuve que nous étions supérieurs à eux. Projet plus ou moins aisé, puisque ces nègres n’avaient jamais vu Tokorico, ils n’en avaient que d’obscure représentations biscornues.

Le plus gros du problème était en réalité de trouver un Pokémon substitue, qui ressemblerait assez aux totems, tout en étant assez fort pour imposer le respect. La simplicité apparente de la tâche cachait des complications redoutables.

Ils nous avaient fallu presque un mois à mobiliser plusieurs compagnies à travers les régions afin de finalement trouver chaussure à notre pied.

Ce fut à Sinnoh, plus précisément au Mont Couronné, que quatre étranges Pokémon avaient été retrouvés endormis. Personne ne les avait déjà vu, et leur puissance s’était révélée fort satisfaisante, tout en étant bien loin de surpasser la nôtre.

Notre Tokorico était l’un de ces Pokémon. Je ne savais s’il était réellement le Tokorico des Alolois ; qu’importe, l’important était qu’ils le croient.

Petit à petit, nous modelions Alola à notre image. Les enfants sauvages commençaient à savoir prononcer des phrases en kalois, des villages typiquement kalois se multipliaient et nous avions anéanti leur religion impie. Oui, la « Mission Civilisatrice » se passait pour le mieux ; ainsi que les récoltes. Sur ce sujet, je crus entendre que Charles comptait bientôt construire une usine sur l’île…