Bonus : Teigne vs Salade
Note de l'auteur : Ceci n'est pas la suite de l'aventure, mais un autre bonus. Ce qui me manque pour écrire, c'est une deadline (parce que j'ai tellement dépassé les trois mois habituels que je me fixais qu'ils n'ont plus aucune importance xD), donc je vais m'en créer une. A partir d'aujourd'hui, je vais publier divers chapitres bonus, un par semaine. Ce sont principalement des scènes écrites du point de vue des Pokémon, que je comptais publier en bloc une fois la fic finie. Changement de programme. ^^ J'en ai sept en tout, ça me laisse jusqu'à fin Octobre pour terminer ce maudit chapitre.
Suite de l'AU de Noël (voir chapitre précédent). Petit combat Teigne/Salade dans le jardin car c'est de la faute du Florizarre si Léa a accusé Teigne d'avoir volé l'étoile - Salade savait où elle se trouvait et n'a rien dit vu que ça amusait les petits. Il a donc promis un combat à Teigne pour la dédommager.
Un épais manteau de neige recouvre tout le jardin, le soleil est caché derrière les nuages, et des cristaux de glace décorent les vitres de la maison. Il fait moche, quoi. Mais Teigne s'en fiche, parce que ce matin, c'est baston. Baston ! Le gros verdâtre l'a promis, alors il n'a pas intérêt à se défiler. Il lui doit bien ça, après avoir laissé leur dresseuse accuser Teigne à tort, alors qu'il savait très bien que ses petits avaient chouré l'étoile que l'humaine avait passé sa soirée à chercher partout.
Songeant à la raclée qu'elle va lui mettre, la Colossinge va le trouver dans sa pièce spéciale après un solide petit-déj. Comme d'habitude, il est occupé avec les minis terreurs, grattouillant le ventre de quatre d'entre eux tandis que la dernière est perchée sur sa tête, présidant les environs de toute sa hauteur. C'est d'ailleurs elle qui réagit en premier à l'arrivée de la Colossinge, en poussant un cri strident.
- Tata Teigne, Tata Teigne ! piaille-t-elle en agitant sa liane. Regarde ce que je sais faire !
Accrochant sa liane à une oreille de Salade, elle saute soudain dans le vide, et éclate de rire tandis qu'elle se balance de droite à gauche, les pattes pédalant dans l'air. Une telle action n'est apparemment pas du goût de son père, qui la réprimande fermement :
- Bulbette, qu'est-ce que je t'ai dit encore hier au soir ?
Penaude, la petite Bulbi se laisse glisser au sol, avant de répondre d'une voix faible :
- Ne pas se balancer parce que ma liane n'est pas encore assez fiable...
- Et qu'est-ce que tu viens de faire ?
- De me balancer. Mais...
- Il n'y a pas de mais, déclare le Florizarre gravement. Que dirait ta mère si...
- Oh, t'as pas fini avec tes sermons, le gros ? l'interrompt Teigne. Laisse-les un peu s'amuser tes petits. Ça fera quoi si elle tombe ? Elle aura un peu mal au derrière, ça lui apprendra la vie quoi.
La Colossinge a dit ça par instinct, et aussi un peu pour embêter le gros, mais lorsque la petite Bulbi lui jette un regard admiratif, elle doit admettre qu'elle est plutôt contente. Le Florizarre, lui, la contemple d'une drôle de façon.
- Quoi ? l'apostrophe-t-elle.
- J'essayais de t'imaginer en maman. Toi et quelques petits Férosinge...
La Colossinge a un mouvement de recul.
- Ouais, bah arrête tout de suite, grogne-t-elle. Je suis pas venue pour parler de ça de toute façon. Je veux mon combat.
- Un combat ? sursaute la petite Bulbi tandis que ses frères et sœurs ouvrent de grands yeux. Papa je peux regarder, dis, je peux regarder ?
- Moi aussi ? demande un autre des bébés.
- Et moi ?
- Mi, mi !
Cette dernière exclamation provient du petit mâle qui passe beaucoup de temps en compagnie de Poupidou. Le Florizarre laisse échapper un souffle d'air par le nez.
- Très bien, mais promettez-moi de rester à l'intérieur. Vous êtes déjà sortis longtemps hier soir, il ne faudrait pas que vous attrapiez froid. Imaginez ce que dirait votre mère.
- On promet ! affirme la petite en sautillant.
- Bien.
Le gros se lève alors, ce qui est une bonne chose parce que Teigne commence à s'impatienter. Tous deux sortent dans le jardin tandis que les petits se massent derrière la vitre. Lâchant un grognement, la Colossinge inspecte le terrain. De la neige, partout. La sculpture en forme de Bulbizarre géant est toujours là, et toujours aussi moche. Mais ouais, ça fera l'affaire.
Face à elle, Salade se secoue, puis la toise d'un air calme.
- Quelques règles avant de commencer, déclare-t-il.
Teigne soupire.
- Tout d'abord, pas de coups dangereux pour la santé, commence le gros. Tu sais ce que je veux dire, ajoute-t-il alors que la Colossinge s'apprête à protester.
Oui, bon. Ce n'est pas comme si elle avait prévu d'essayer de lui arracher les oreilles.
- Ensuite, si l'un d'entre nous est vaincu, on le reconnaît et on ne tente pas de continuer bêtement.
Teigne sourit. Ça, c'est une remarque spécialement pour elle.
- Et enfin, il ne faut surtout pas abîmer le Bulbi de neige des petits.
- Je ferai gaffe, acquiesce la Colossinge, avant de ramasser une poignée de neige et de l'expédier dans la tronche du géant vert.
Ce geste déclenche l'ouverture des hostilités. Deux lianes fusent vers Teigne, une entrée en matière classique de la part du Florizarre. Elle s'y attendait et parvient à les esquiver, se coulant sous la première et feintant vers la gauche pour la deuxième, avant de venir décocher un bon gros coup de poing sur le flanc du mastodonte vert.
BAM !
Satisfaite de ce joli son, la Colossinge s'écarte et recule, mais pas assez vite pour éviter la volée de feuilles acérées qui arrive droit sur elle. Elle encaisse donc, goûtant à son sang lorsqu'il dégouline jusqu'à sa bouche depuis les coupures qu'elle vient de se ramasser. Galvanisée par le liquide rouge, elle virevolte et se glisse sous le ventre du gros, balançant son poing en plein dans l'estomac qui s'offre à elle. Un grognement sourd en résulte. Elle voit les pattes du Florizarre commencer à plier et ressort juste avant d'être écrasée.
Un bond en arrière la met hors de portée d'une liane qui claque. Teigne sent une expression amusée se former sur son visage. Elle fait un signe de la main à son adversaire.
Allez, viens te battre.
Le gros lui renvoie un regard blasé - toujours blasé, celui-là... Des rubans de lumière verte s'échappent soudain du corps de la Colossinge pour aller vers celui du Florizarre. Teigne titube et décide qu'elle n'aime pas cette attaque. Tous les trucs à distance, c'est pour les mauviettes de toute façon. Avant que ses forces ne déclinent trop, elle riposte, sautant les deux poings en avant...
...pour se ramasser par terre à cause d'une liane fourbe qui lui a fait un croche-pattes. Elle se relève en grommelant, tandis que le Florizarre rigole. Ah, mais qu'il s'amuse tant qu'il le peut. Il verra bien ce qu'il va voir, le gros. Elle est capable de tellement plus que ça.
Durant un instant, Teigne hésite à faire pleuvoir des rochers. Ça serait pas mal et il y a fort à parier que le gros verdâtre n'aimerait pas ça, mais sa dresseuse le lui a fermement interdit. "Pas de rochers dans le jardin Teigne, ça foutrait trop le bordel", voilà ce qu'elle a dit (ou à peu près, en tout cas : les finesses du langage humain échappent encore parfois à la Colossinge). Et si Teigne désobéit, elle sera sûrement privée de petits gâteaux. Tant pis, donc. Elle vaincra le colosse vert avec un arsenal réduit.
Repartant à l'assaut, elle feinte à droite avant de prendre une impulsion sur le sol couvert de neige et de s'envoler, atteignant une hauteur de plusieurs mètres. Haha ! Le Florizarre ne s'attendait sûrement pas à ça ! Ses lianes sont d'ailleurs impuissantes à stopper Teigne et elle atterrit sur le dos du monstre, exactement comme prévu. Et à portée de son arbre. Elle administre deux coups rapides sur le tronc, boum, boum, c'est que ça l'ébranle pas mal en plus !
Tout à coup, elle n'est plus sur le dos du Florizarre mais en train de voler dans les airs. Il a dû ruer pour l'éjecter, et elle n'avait pas pensé à s'agripper quelque part. Zut. Une nouvelle fournée de feuilles la frappe en plein visage. Elle commence à se dire que le gros est à fond dans ce combat. Et qu'il n'est pas si nul, finalement. Après avoir essayé de bloquer les feuilles avec ses mains, sans grand succès, le sol monte à sa rencontre plus tôt que prévu et Teigne s'écrase peu gracieusement, le nez dans la neige. Se servant de son élan, elle roule sur quelques mètres au cas où l'autre aurait lancé une autre attaque, mais ça s'avère finalement inutile, car comme elle le découvre en se relevant, le Florizarre la fixe calmement.
Elle lui montre ses dents et se précipite sur lui. Cette fois, ce sera les grands moyens. Ses mains luisent alors qu'elle les croise au-dessus de sa tête, leur tranchant brûlant juste avant qu'elle ne les abatte sur le museau du gros. Un sifflement à l'oreille de la Colossinge lui signale une complication. Plus le temps de modifier sa course. Au final, seule l'une de ses mains atteint sa cible, lacérant la peau verte du Florizarre : l'autre a été interceptée par une liane. Teigne grogne et tente de se dégager. Son pied jaillit, visant le nez de son adversaire. Il la relâche soudain, la repoussant brutalement pour amortir le coup qui arrive sur lui, et ce dernier ne fait que l'effleurer, tandis que la Colossinge bat des bras pour retrouver son équilibre, et, accessoirement, d'éviter de faire le grand écart en dérapant dans la neige.
Suite à ça, Teigne recule, échangeant un regard avec le Florizarre. La trêve ne dure qu'une poignée de secondes, et déjà l'espace entre eux se teint de vert. Ah, le fourbe ! Encore ces rubans qui lui volent son énergie. La Colossinge fonce, tête baissée. Une liane claque à sa rencontre. Esquive. Une autre. Esquive. Et encore une. Esquive. Hé, ça marche bien en fait ! Elle aurait dû faire ça plus tôt.
Tchac !
Crochetée au poignet. Bon, d'accord, ça ne marche pas tout le temps. Teigne plante férocement ses dents dans la liane, parvenant ainsi à libérer sa main. Elle frappe la suivante qui arrive vers elle, poing tendu, mais ça n'a pas l'air d'avoir beaucoup d'effet. Sur celle d'après non plus. Le coup de coude sur le flanc de son adversaire, lui, par contre, est très efficace : en atteste le grondement sourd que laisse échapper le Florizarre. Continuant sur sa lancée, elle grimpe d'un bond sur le dos du monstre, frappe du pied rien que pour l'embêter, puis bondit et entreprend d'escalader son arbre. Arriver jusqu'en haut est un jeu de Magicarpe, et soudain elle contemple la fleur du Florizarre.
Une fleur au centre de laquelle brille un point doré.
Non. Non, il n'oserait quand même pas. Il a lui-même édicté la règle selon laquelle ils ne devaient pas se faire si mal que ça, et voilà qu'il tenterait ce coup-là, celui du soleil concentré ? Teigne est certaine qu'il bluffe. Forcément. En plus, si jamais il la blesse trop durement, leur dresseuse sera furieuse, alors...
Préoccupée par ces pensées, Teigne ne réalise que trop tard ce que son adversaire tente de faire. Elle saute dans le vide pour tenter d'y échapper, mais son hésitation lui a été fatale, et les lianes sont déjà sur elles. Quatre liens vivants, qui claquent en s'enroulant fermement autour de ses membres. Nooon ! La Colossinge enrage de s'être fait avoir aussi facilement, et elle se débat de toutes ses forces. Sans le moindre effet. Elle est écartelée, bras et jambes tirées dans chaque direction, et elle ne dispose d'aucun moyen pour se libérer.
Le Florizarre la ramène devant lui, une expression satisfaite sur son visage. Teigne est sûre qu'il a fait exprès de lui mettre la tête à l'envers, en plus. Elle se tortille dans ses liens, ses poings se serrant inutilement.
- Et donc ? lui lance le mastodonte, sûr de lui.
Teigne lui sourit.
- Et donc, t'as oublié un détail, le gros.
La compréhension se fait jour dans les yeux du Florizarre à l'instant même où la foudre quitte le corps de la Colossinge. C'est toute la puissance de l'attaque déchargée à bout portant qui frappe le mastodonte vert. Sous le coup de la surprise, ou de la douleur peut-être, il projette brutalement Teigne dans les airs. La Colossinge tournoie, dépourvue de repères dans un univers de blanc et de gris.
Vol plané non maîtrisé.
Et plouf, elle atterrit sur un truc qui amortit bien sa chute, un truc complètement blanc. Ah oui, la neige. Non pas qu'elle se soit attendue à retomber dans le gris du ciel, mais bon... Comme elle ne se sent pas très bien, elle décide de rester un moment sur le dos, comme ça. Juste le temps de récupérer, et ensuite elle repartira à l'assaut du gros monstre vert - faut pas déconner non plus, elle ne va pas lui concéder le combat aussi facilement.
Des cris de protestation retentissent soudain, trouant les tympans dans la Colossinge tant ils sont stridents.
- Noooon !
- Notre Bulbi de neige !
- Bilbiii !
La Colossinge cligne des yeux, distinguant les petits à quelques mètres d'elle. Ils n'ont pas l'air contents, ça Teigne s'en rend compte facilement, même si lire les expressions des Bulbizarre à l'envers n'est pas la chose la plus aisée au monde.
- T'as tout cassé notre super Bulbi ! l'accuse l'une des deux filles.
Plusieurs réponses viennent à l'esprit de Teigne : d'abord "c'est pas moi, c'est ton père", ensuite "on s'en fiche, c'était que de la neige", et puis enfin "il était moche de toute façon". Mais aucune des trois ne la satisfait vraiment.
- Euh, pardon ? tente-t-elle finalement.
Ça n'a pas l'air non plus d'être la bonne réponse, parce que la réaction des bébés est terrifiante.
- À l'attaque ! s'écrie férocement la petite Bulbi sans peur.
Et là, c'est la curée.
Teigne se retrouve ensevelie sous plusieurs kilos de bébés Bulbizarre en furie, leurs petits museaux chatouillant sa fourrure tandis que leurs lianes s'insinuent partout, la picotant sans pitié. Les Bulbis poussent des piaillements aigus qui lui écorchent les oreilles, et elle a beau les repousser, ils parviennent toujours à revenir, se juchant sur son ventre ou sa tête à une vitesse incroyable. Elle n'aurait jamais pensé qu'une bande de morveux tout verts puisse être aussi dévastatrice.
En désespoir de cause, la Colossinge tend une main vers le Florizarre. Il l'observe depuis le début, ce gros malin, sûrement très content de lui. Ptet qu'il lui en veut pour le coup de l'éclair. Mais quand même, Teigne ne regrette rien. C'était trop bien joué et elle aurait gagné s'il ne l'avait pas expédié en plein sur le Bulbi des petits, déclenchant son problème actuel.
- Aide-moi, le supplie-t-elle.
- Tu sais ce qu'il te reste à faire, répond le gros.
Teigne grogne. Ouais, bon. Face à cette torture Bulbizarresque, elle n'a pas le choix.
- Je me rends, grogne-t-elle.
Les bébés crient leur victoire, et la Colossinge songe que c'est bien la première fois de sa vie qu'elle est contente de perdre. Étrange constatation. Elle espère que ça ne deviendra pas une habitude, mais juste cette fois, pour les petits Bulbi, elle estime que ce n'est pas grave.
Ils le valent bien, après tout.
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A la semaine prochaine pour un autre bonus !