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Le Projet Wallace de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 07/09/2016 à 19:25
» Dernière mise à jour le 07/09/2016 à 19:25

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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098 - Work, Bitch !
« Plus grande est notre fortune. Et plus sombre est notre sort »
(Robert Desnos)

« Retrouver un jour ou l'autre, une étoile
S'endormir l'un contre l'autre, aimer...
Chavirer et prendre l’eau quand tout ruisselle
S’élever, recoudre l’air… aimer »

(Mylène Farmer, Un jour ou l’autre)

« Il paraît que pour le faire évoluer je dois mettre ma vie à l’envers ! »
(Amélia, à propos de Sépiatop, dans le chapitre 54, « De la mer à la terre »)



- Un problème ?

Wallace regarda autour de lui alors que Tristan s’adressait à lui. Effectivement, ouais, il y avait un problème.

- Ouais. Y’a pas assez de monde.

Tristan tourna la tête et soupira.

- Je suis d’accord…

Sur les terrains d’entrainement, Naomi, Walter, Perrine, Robbie, Fey, Ana, Steven, Rebecca, Francis, Quinn, Lucy et Orson s’étaient déplacés pour la session d’entrainement spéciale en cas d’attaque.

- Je suis particulièrement déçu par ton entourage, Tristan. T’as réussi à rameuter que Orson. C’est un peu comme si on faisait un barbecue et que tu venais avec des asperges.

Tristan regarda Wallace, atterré.

- Essaie de convaincre Tino qu’il a besoin d’un entrainement spécial…
- Ouais j’avoue…
- Benjamin dit qu’au pire il se cachera.
- On marquera ça sur sa tombe… « Au pire, je me cacherai ».
- Ugh… Christina me fait à moitié la gueule…
- Encore ?!
- Ouais. En même temps, t’as pas réussi à convaincre Mike !
- On est potes mais pas à ce point-là. Fey n’a pas réussi à convaincre James !

Fey regarda Wallace alors que son Méga-Lockpin se farcissait tous les Pokémon que les autres élèves lui envoyaient.

- Il a pas le temps avec son boulot à côté. Mais il m’a juré qu’il s’entrainait ! grommela Fey.
- Mouais. Tout comme il t’a juré qu’il mettait des capotes !

Fey secoua la tête, blasée. Quinn se tourna vers Wallace.

- Hey ! On sort de table !
- Et d’autant que je me souvienne, y’avait ni banane ni saucisse, donc inutile de faire ta mijaurée ?!

Tristan inspira.

- Je… pense que le fait que tu diriges les sessions d’entrainement avec ton tact légendaire suffit à faire fuir la moitié de la classe…
- Tu aimes mon tact !
- J’aime ton côté tactile, nuance.
- Grosse nuance…

Tristan secoua la tête alors que Wallace affichait un grand sourire.

- Je comprends vraiment les autres, en fait…
- Elles donnent quoi, tes recherches ?

Tristan inspira.

- Je les ai pas faites.

Wallace s’étonna. Tristan haussa les épaules.

- Si jamais je retrouve la maison de madame Rachel et que Direction Dresseurs en profite pour mettre la main sur elle, ça va être terrible.
- Je voulais juste que tu retrouves des traces d’elle ! A part sa page Wikipédia qui raconte son « héroïsme » pendant la guerre, on n’a pas grand-chose.
- Et c’est pas plus mal. Tu as entendu monsieur Meadow, on doit rester à distance autant que possible.

Wallace inspira.

- T’as raison.
- Comme souvent, merci de le remarquer...
- Hm. Francis, tu remplaces Fey.

Francis acquiesça et quitta le banc pour remplacer Fey pendant que les autres régénéraient leurs Pokémon. Naomi s’arrêta devant Wallace et Tristan.

- C’est pas super productif.
- Je sais… soupira Wallace.
- L’année avance, les gens privilégient l’examen… et on peut pas trop les blâmer pour ça…
- C’est clair.
- On est vraiment certains qu’on va être attaqués ?

Wallace inspira.

- On a plus de chances d’être attaqués que de ne pas l’être… je suppose.

Naomi agita la tête.

- C’est léger.
- Tu veux quoi, que j’organise un attentat pour remotiver les troupes ?
- Non, mais… Walter n’a pas tort quand il dit qu’on doit être plus proactifs.
- Oui non mais là, c’est juste toi qui écoute ton chéri, c’est comme si je te disais « Waouh, Naomi, super mignons tes talons hauts ! »

Naomi regarda Tristan qui serra les dents.

- … en fait je préfère ton sac à main !
- … j’en étais sûre ! Je te vois lorgner dessus depuis ce matin ! Wallace, j’insiste, il faut soit calmer le jeu soit provoquer notre chance.

Wallace grimaça.

- Pas fan de ta formulation.
- Je sais, mais c’est tout ce que j’ai.

Les élèves se mirent en place face à Francis.

- Vas-y pas trop fort ! grommela Steven.
- Ouais ouais !

Francis sortit Smogogo, Némélios, Alakazam et surtout Steelix qui se mit à méga-évoluer. La créature lévitant à l’aide de son anneau gravitationnel toisa le reste des Pokémon adverses. Rebecca souffla. Perrine déglutit. Francis ricana.

- Allez, venez, pauvres mortels, vous heurter au serpent géant de la fin de la saison 3 de Buffy contre les vampires !!!
- FRANCIS ! Des gens sont MORTS pendant cet épisode ! cria Fey.
- Et il a donné naissance à Harmony alors… respect ! souffla Quinn.
- Je comprends mieux que Tino et Benjamin n’aient pas voulu venir… marmonna Orson.
- Tu m’étonnes… souffla Robbie.

Tristan sourit.

- Y’en a au moins qui s’amusent !
- Ouais…

Perrine fut vaincue la première, Cacturne et Kecleon se faisant latter par Méga-Steelix et Némélios combinés.

- Ok, je suis nulle.

Perrine s’en retourna vers les garçons.

- En cas d’attaque faudra pas compter sur moi.
- On avait compris, tu seras l’ouvreuse, tu te baladeras sur le champ de bataille avec des snacks pour les troupes ! sourit Wallace.
- C’est… en quelque sorte un rôle de soigneur dans un RPG ! admit Tristan.
- Vous êtes drôlement complices, tous les deux, ça m’inquiète. Habituellement vous êtes au bord de la rupture toutes les cinq minutes… s’étonna Perrine.

Wallace et Tristan se regardèrent.

- Elle a pas tort…
- Faut avouer qu’en ce moment, avec les exams qui approchent, j’ai pas envie de me prendre la tête, alors bon… marmonna Tristan.
- Moi non plus… Pour à peu près les mêmes raisons !

Perrine plissa les yeux.

- C’est vrai, ce mensonge ?
- Et aussi parce que je fais le gros du mémoire.
- Et voilà, Tristan, pour que tu aies la relation parfaite, fallait le mettre aux travaux forcés.
- Je comprends toujours pas pourquoi il le fait…
- Parce que j’ai envie ! Les choses sont devenues infiniment plus passionnantes depuis que Perrine vit avec ses grands parents !

Perrine leva les yeux au ciel.

- J’dirais pas « passionnantes », mais… ouais, c’est plutôt cool d’avoir une famille étendue, tout d’un coup.

Tristan plissa les yeux. Perrine haussa les siens.

- Euh… sans… vouloir te vexer… ?!
- Hein ? Oh, non ! Je me disais juste qu’au contraire, ça devait être chiant d’avoir deux personnes âgées à la maison…
- Deux personnes âgées qui mangent avec nous ce midi, grand-père va donner une conférence cet après-midi.

Tristan écarquilla les yeux. Wallace bavait presque.

- Géniaaaaal !!
- Si tu le dis… marmonna Perrine. Y’a Amélia, là-bas.

Wallace et Tristan se retournèrent pour voir la blonde aux cheveux courts observer ses camarades. Wallace inspira et s’avança.

- Hey ! Tu veux venir ? Y’a une vague d’absentéisme, là !

Rebecca se retourna une seconde avant d’ignorer cordialement son amie. Orson, lui, se laissa carrément distraire par la présence d’Amélia, et son Opermine qui menait jusque-là un combat honorable s’effondra sous une Queue de Fer.

- … aaaaaaaaaaw… geignit le petit gros.

La blonde préféra s’en retourner vers l’établissement scolaire. Wallace sourit.

- Prévisible.
- Va falloir qu’on s’occupe de son cas à un moment… marmonna Perrine.
- Rebecca dit qu’elle s’en chargera le moment venu… souligna Tristan.

Perrine agita la tête, pas certaine.

- Mouais…

***

- Je suis TELLEMENT contente !!!

Linda et Etienne se regardèrent, surpris. Helen s’était mise à la table des enfants pour la première fois.

- J’y crois pas, ça fait trois ans qu’on enquête sur votre fils et sur Direction Dresseurs, et vous voilà, là, devant nous, c’est très excitant !

Etienne se pencha vers Linda.

- Je t’avais dit qu’on était encore frais pour notre âge ! On peut tout à fait aller en boîte ! constata Etienne.
- Tu ne vas pas remettre cette histoire de plan à trois sur la table quand même ! Il y a des enfants ! souffla Linda.

Walter sourit. Wallace agita la tête. « Je vois le lien de parenté, direct… »

- Vous êtes géniaux ! sourit Helen. Ils sont pas géniaux ?
- C’est mes grands-parents… grommela Perrine.
- On le savait déjà avant vous, qu’ils étaient géniaux ! sourit Walter.
- Je crois que vous les embarrassez, madame Clover… souffla Naomi.

Etienne regarda Naomi en inspirant.

- Et si encore, c’était la première fois qu’on se retrouvait dans une situation embarrassante, ma femme et moi !
- Tu te rappelles le taré à la Roserade qui voulait me violer dans ton appartement ?
- C’était la belle époque ! soupira Etienne. Et tu te rappelles la prise d’otages ?
- La prise d’otage ! On aurait dû se marier pendant, tiens ! souffla Linda.
- Sans compter la fois où un imbécile fou amoureux de ma sœur m’a fait une guéguerre de tous les diables et a détruit la faculté de Doublonville.
- Ce bon vieil Antoine de Beaufort… son enterrement était d’un triste...
- Surtout à cause de la petite Pénélope. Et son horrible chiard.
- Etienne, enfin, le pauvre petit était de toute évidence lourdement handicapé !
- J’ai demandé à Andrew ensuite, il m’a assuré que non !

Wallace mangeait en écoutant, éberlué, tout autant que les trois autres et Helen – enfin, surtout Helen, qui se demandait s’ils plaisantaient ou pas.

- Spoiler alert, tout est vrai… souffla Perrine.
- Qu’est-ce qu’il y a eu d’autre… Notre mariage…
- Attends, le premier ou le deuxième ? souffla Etienne.
- Celui que ton connard de beau-père a interrompu !
- Ah. Ah oui, après qu’on ait adopté mon demi-frère biologique. Maintenant que j’y pense, ma vie ressemble vraiment à une mauvaise fiction !
- J’allais le dire…

Perrine, Walter et Naomi regardèrent Wallace qui haussa les épaules.

- Ah bah désolé…
- On passera sur la Team Galaxy, hein…
- Oui, on passera ça… marmonna Etienne.
- Ainsi que la partie où je donne naissance à un monstre en te trompant.
- Bon sang, il vous suffisait de fermer la porte du placard ! A défaut d’être chastes, vous n’auriez pas pu avoir un diplôme de serrurerie, merde ?
- Tu ne vas pas recommencer, c’est mon cul, j’en fais ce que je veux ! pesta Linda.

Wallace regarda Etienne et Linda qui le regardèrent, malicieux.

- Ils sont comme ça depuis hier, j’ai juste envie de les étouffer avec un oreiller dans leur sommeil… soupira Perrine en souriant.
- Essaie un peu pour voir ! sourit Linda.
- C’est tout l’avantage d’être vieux, tu reviens sur le passé avec distance, calme et bonhommie.
- Oui… On en a vécu, des horreurs… admit Linda.
- Et vous en vivrez aussi… enfin, sauf Perrine qui a eu son quota ! marmonna Etienne.
- Ouaip. Immunisée, la grosse ! sourit Perrine en levant son verre.

Walter inspira. Naomi déglutit bruyamment. Helen serra les dents, gênée. Wallace agita la tête.

- Bah ça fait un bail qu’on n’avait pas eu de déjeuner aussi mouvementé…

Pendant ce temps-là, Tristan et Robbie faisaient un tour de table.

- Pourquoi vous n’êtes pas venues à l’entrainement ?!

Santana regarda les deux garçons, lasse.

- Sans vouloir vous vexer – parce que vous êtes des créatures innocentes - je n’ai aucunement besoin de me justifier auprès de vous.

Violette inspira.

- Pareil.
- Yup, je la rejoins. Aucun compte à vous rendre, les gars… souffla Holly.
- On s’entraine déjà avec les jumeaux, en plus… admit Gina.

Tristan et Robbie se regardèrent. Rebecca inspira.

- Et moi, bah… J’peux pas les forcer !

Tristan et Robbie hochèrent la tête. Le duo se dirigea vers la table de Mike, James, Fey, Ana et Steven.

- Même question, pourquoi vous êtes pas venus à l’entrainement aujourd’hui ?
- Boulot… grommela James.
- Je leur ai dit ! souffla Fey.
- Vous vous prenez pas pour de la merde, les gars quand même… marmonna Mike.

Robbie haussa les sourcils.

- Il me semble qu’on a décidé ça en AG, en vote à main levée, et…
- Et rien du tout, putain ! On peut essayer d’avoir notre diplôme tranquille et pas… se préoccuper de la quinzième guerre mondiale à nos portes ?
- Va dire ça aux marcheurs blancs de l’autre côté du Mur…

Robbie regarda Tristan, atterré. Il serra les dents.

- Désolé, je les relis… pour la troisième fois…
- En plus y’a Rebecca et on est genre en froid alors bon…
- Vous devriez vous expliquer… souffla Tristan.
- Et toi tu devrais te mêler de tes putains d’affaires et de ta relation pourrie avec ton mec !
- Elle est pas pourrie ! grommela Tristan.
- Ah ouais ? Donc ça t’amuse de jouer les secrétaires pendant que monsieur discute avec Grand-Père Simpson et la vieille dans Hunger Games 2 ?!

Steven regarda Mike, stupéfait. Mike souffla.

- Rebecca m’a fait regarder de sales films, vieux.
- Putain, grave…
- Je fais mon devoir, c’est tout !
- Moi pareil ! marmonna Robbie.
- Ouais, bah allez sucer ailleurs… souffla Mike.

Les deux s’éloignèrent. Ana regarda Mike, déçue. Il souffla et désigna Steven.

- C’est lui qui se préoccupe de tes jugements, pas moi !
- Mike, calme ta joie.

Mike regarda Steven qui lui lança un regard méchant. Ana regarda Steven qui se redressa.

- Pardon.
- Vieux, d’ailleurs, pourquoi t’y étais, toi ? Juste parce qu’elle y était ?!
- J’ai un prénom… marmonna Ana.
- Mec, c’est important tout ça. Tristan s’est aperçu que les gars nous tracent depuis le début, ils font que récupérer des données sur nous…
- On le sait déjà, ça, et PUTAIN, Facebook le fait aussi depuis au moins cinquante ans et t’en as rien à foutre !
- Ouais, sauf que là, c’est des gars qui peuvent nous attaquer à tout moment !
- Et qui l’ont pas fait depuis au moins dix mois !
- Cinq… marmonna Fey.
- On s’en fout. C’est bientôt les exams, je m’en cogne de tout ça maintenant.

James inspira. Fey souffla en le regardant.

- Avant, j’aimais pas manger avec tes potes parce qu’ils étaient cons, et maintenant j’aime pas manger avec tes potes parce qu’ils se foutent sur la gueule…

Elle avala une fourchette de nouilles.

- J’adore l’évolution de notre relation !

James sourit.

Tristan et Robbie se dirigèrent vers la table de Clive et Andréa.

- Ton avis ? souffla Robbie.
- Eh bah… Santana et Violette m’ont l’air reparties pour se remettre ensemble…
- Clairement.
- Et Steven et Ana sortent probablement ensemble.
- Non ?!
- Ah bah si ça sort dans les prochains jours, c’est moi qui l’ai dit le premier. Heeey…

Clive et Andréa regardèrent Tristan et Robbie.

- Oh putain, la PJ de la milice, bordel à cul de pompe à merde… soupira Clive.
- Tu crois que ça marche comme excuse, « Prise à partie dans une orgie de Chelours » ? demanda très sérieusement Andréa.

Tristan et Robbie s’éloignèrent.

- Plus tard, je ferais un film sur ces deux-là… geignit Robbie.
- Tu-m’é-tonnes… Hey les jujus…

Lilian et Léon regardèrent les deux gusses en mâchonnant.

- On mange ! signala Léon.
- On… avait remarqué… Pourquoi vous étiez pas à l’entrainement ?
- Votre entrainement est trop simpliste et contredit farouchement les principes personnels, physiques et spirituels que nous respectons lors de nos propres entrainements. Quand j’ai proposé à Wallace d’être le superviseur des entrainements, il m’a… plus ou moins poliment enjoint à, je cite : « pas la ramener parce que sans mon frangin, je ne valais rien ».
- Alors qu’on aurait pu vous entrainer en binôme ! signala Léon.

Tristan souffla.

- Il pense que votre méthode d’entrainement est trop personnelle et ne peut pas s’adapter à la nôtre.
- Précisément la raison pour laquelle nous boycottons votre « entrainement ».

Robbie et Tristan s’éloignèrent.

- Bilan ?
- Bilan ? Quel bilan ?! On est une classe d’azimutés.
- Et on finit par la meilleure table…

Tristan et Robbie s’assirent à la table de Christina, Orson et Benjamin.

- Pourquoi vous êtes pas venus à l’entrainement, donc ? souffla Tristan.
- Hors de question que je m’entraine avec Steven ! geignit Christina.
- Bien compris.
- Moi j’étais là ! sourit Orson.
- On a vu… marmonna Robbie.
- Et moi pareil, je m’entraine pas avec Steven ! souffla Benjamin.

Tristan agita la tête puis remarqua ce qu’il aurait dû remarquer depuis le début. L’absence de Tino.

- … oh non…

Tino était surexcité comme une gamine en chaleur. Etienne le regardait comme s’il était malade ou attardé.

- Euh… Vous le connaissez ?! demanda le vieux professeur.
- Le moins possible… marmonna Wallace.
- De loin, résuma Walter.
- Par obligation… souffla Perrine.
- Il tond la pelouse, un truc dans le genre… soupira Naomi.

Linda regarda Etienne, puis le jeune homme.

- Je crois qu’il veut un autographe…
- J’avais compris, j’aurais juste aimé qu’il le demande normalement au lieu de baver comme un Rocabot !

Tino déglutit.

- Monsieur Smirnoff, je suis votre plus grand fan ! J’ai lu tous vos livres !! J’ai suivi tous vos combats ! Je connais vos cas stratégiques par cœur !
- *touss* mais tu n’en as jamais cité un seul, *touss* marmonna Wallace.
- *touss* fayot, *touss* ajouta Perrine.
- Si vous vouliez bien me faire l’honneur de signer mon carnet de bord ! Il recense toutes mes techniques de combat favorites !

Etienne s’empara de l’objet et le feuilleta. Tino manqua d’en faire une syncope. Linda regarda les enfants.

- Dans ce type de situation, je me contente de sourire poliment et d’être une jolie première dame pour mon président de mari !

Linda refit face à Etienne, souriante et potiche à souhait, ce qui fit bien rire Naomi et Perrine.

Etienne inspira.

- Mouais.

Il sortit Seviper sous les yeux étonnés d’Helen.

- Euh… normalement c’est interdit mais…
- Estelle, si tu veux bien te donner la peine…

Le serpent hocha la tête et dévora tout rond le carnet sous les yeux exorbités de Tino.

- M… m… m… m…

Wallace haussa un sourcil, étonné. Perrine pencha la tête.

- Mon garçon, tu m’as l’air prodigieusement doué et intelligent, mais il te manque quelque chose, quelque chose que l’écriture et les études ne t’apporteront pas…

Etienne tapota le front de Tino qui était paralysé par le choc.

- C’est l’âme. Tu as besoin d’âme pour devenir un dresseur parfait. Une fois que tu infuseras de l’âme dans ton dressage, tu seras digne de moi.

Etienne se redirigea vers son assiette.

- Auquel cas, en attendant, tu n’es qu’un petit scribouillard indigne de posséder mon autographe.

Tino secoua la tête, désabusé.

- M… Maître Smirnoff…
- Va jouer ailleurs, veux-tu.

Tino s’éloigna, estomaqué. Etienne le regarda et hocha la tête.

- Il va faire de grandes choses, et plus tard, il dira que c’est moi qui l’ai inspiré dans tout ce qu’il aura accompli.

Wallace s’étonna.

- Mais euh… vous étiez obligé de…

Etienne tapota le crâne d’Estelle qui recracha le carnet, couvert de bave. Pas trop dégoûté, Etienne feuilleta vaguement l’objet à nouveau.

- Il a classé ses techniques préférées par ordre alphabétique, a fait des tableaux pour les ranger par Pokémon qui s’en sert et par type utilisé… et a visiblement utilisé des stylos violets fluo…

Walter tira la langue.

- Beeeh. Je savais qu’il était pas net.
- Tu m’étonnes. Un vrai détraqué… sourit Wallace.
- Si tu l’avais eu en voyage itinérant, tu l’aurais perdu exprès, celui-là ! admit Linda.
- J’allais dire la même chose pour toi mais tu t’es déjà traînée de tels boulets qu’à côté, ce môme aurait été de la petite bière ! admit Etienne.
- N’est-ce pas !

Helen inspira lourdement.

- Eh bah, le jour où j’aurais autant de recul sur ma vie…

Tristan et Robbie virent Tino revenir à sa table, mystifié.

- Il est… incroyable, je veux être comme lui plus tard !
- … très, très vieux ?! geignit Orson.

Wallace inspira.

- Bon, parlons peu, mais parlons bien. Vous avez des infos sur ce qui se trame entre Roland et Justin Truce ?

Etienne regarda le jeune homme aux yeux noisette.

- Suffisamment de grisbi pour que notre cher fils nous éloigne du pays pendant longtemps.
- Vous étiez menacés ?
- D’après Roland, oui.
- Comment qualifie… Qualifierié… Qua-li-fie-riez-vous. Merde, c’est dur à prononcer !
- Je t’avais dit de noter ! souffla Walter.
- Comment qualifieriez-vous l’état de votre relation avec votre fils ?

Etienne regarda Linda qui haussa les épaules.

- Tout va bien.
- Moui. Il aura fallu attendre qu’il nous paie un tour d’Europe pour que notre relation avec notre fils s’assainisse.

Wallace hocha la tête.

- Je suppose que vous ne savez rien des manigances de votre fils ?
- Non. Il nous en a religieusement tenu à l’écart.
- Tant en termes de distance qu’en terme de contrat de confidentialité.

Naomi grimaça en regardant Linda.

- Sérieusement ?
- Oui.
- Votre fils vous a fait signer un contrat de confidentialité ?!
- Tout à fait. Il a grandement insisté là-dessus ! sourit Linda.
- Nous n’avons pas le droit de vous dire, par exemple, que notre fils a littéralement un mur d’informations avec une fresque chronologique pour chacun d’entre vous avec les évènements de vos vies ou de vos cycles scolaires… souffla Etienne.

Perrine écarquilla les yeux.

- … je réitère : Si je le revois, je lui colle mon genoux dans les roupettes !!
- Et on sera deux ! admit Naomi. Vous savez ce qu’il en est, dans le détail ?
- Oh ouiii, Etienne a mémorisé la première moitié de l’alphabet et moi la seconde !

Naomi grimaça et regarda Walter et Perrine qui inspirèrent.

- Elle se fout de toi.
- Tante Linda a une grande maîtrise du sarcasme !

Naomi regarda la vieille dame qui sourit en haussant les épaules. Etienne poursuivit.

- Notre fils est un filou, quand il plaisante, il est sérieux, et inversement…
- Nous, c’est le contraire, bien sûr ! sourit Linda.
- Mais la menace Truce est réelle. Lui et son entourage ne reculeront devant rien pour le faire plier. Et inversement.

Wallace soupira.

- Vous voulez pas dire ça aux gens qui ne veulent pas qu’on se prépare à une éventuelle attaque ?
- Oui, parce que… il faut remotiver les troupes… marmonna Helen.

Etienne regarda Linda.

- Elle est sur quoi, déjà, cette conference ?

***

Game of Thrones Season 6 – Light of the Seven

Amélia regardait les portes du hall.

Un nouveau système de sécurité était installé. Son Sépiatop à ses côtés, Amélia inspira. Elle regarda les plans qu’elle avait récupéré, plus les nouveaux qu’elle avait volé avec l’aide de Sépiatop et qu’elle avait transmis à Shirley dans les locaux de Direction Dresseurs la semaine passée. Le nouveau système de sécurité n’était qu’une mise à jour de l’ancien. Et on désactivait les alarmes de la même manière.

Elle était juste en train de se demander si elle allait le faire.

***

Amélia se tenait face à l’immeuble.

A l’époque, elle avait encore ses cheveux. Elle portait encore sa veste en cuir brun, ses débardeurs blancs, ses jeans slims.

Elle regarda l’immeuble de Direction Dresseurs, l’adresse que lui avait indiqué Shirley.

« Mike l’a fait, je peux bien le faire. »

Manque de pot, Seth n’était pas là le jour où elle venait.

Amélia entra dans le hall de l’immeuble, consciente qu’elle faisait quelque chose de dangereux.

Et comment. Le premier regard qu’elle croisa fut celui de Teresa Torres.

- Eh bien petit oiseau… On s’est perdu ?

Amélia plissa les yeux, effrayée. Elle tenta de faire demi-tour, mais les Kirlia l’avaient déjà interceptée.

- Reste avec nous, voyons. Tu seras bien traitée. Sauf si tu rechignes à nous avouer les secrets de tes amis…

Amélia plissa les yeux.

- … Du moins si tu survis après être passée entre les mains de Justin Truce !
- A-ME-LIAAAAAAAA !

Amélia haussa les sourcils quand elle vit Shirley Benetton arriver par l’ascenseur.

- Je t’ai vue sur les caméras de surveillance ! Tu es ma-gni-fique ! Waouh ! Teresa, c’est bon, je m’en charge !!
- Je comptais la cuisiner un peu…
- Hors-de-question ! J’ai prévu une journée spéciale esthéticienne avec elle pour lui proposer mon programme d’éducation estivale !! Je sa-vais qu’elle viendrait !

Teresa s’étonna.

- Vous êtes conscient que c’est une fille de nobles ! Truce n’acceptera jamais qu’elle…
- Oh-la-la, Teresa, vous allez finir par nous accompagner chez l’esthéticienne, hein ! Vous êtes vraiment-vraiment-vraiment trop ronchonne !
- … mademoiselle Benetton, je n’aime pas beaucoup votre ton !
- Allez viens, Amélia, on va s’éclater entre copines !!

La petite et la grande blonde partirent donc pour de nouvelles aventures…

MANUCURE.

- D’abord je tiens à te prévenir. Tu vas en baver.

Amélia hocha la tête.

- Tu vas devenir forte à la fois dans ton dressage, dans ton corps et dans ton esprit. Tu vas te connaître mieux que tu ne te connais toi-même. Tu vas t’entrainer sans relâche et tu vas maitriser jusqu’aux fondements de ton moi profond. Ça veut rien dire mais qu’est-ce que c’est classe hein !

Amélia hocha la tête.

- Tu es silencieuse, j’aime ça ! J’a-dore être la seule à parler ! Et vous êtes géniale, Ming-Li !

La chinoise hocha la tête.

Amélia sourit. « Elle me rappelle Rebecca au début… »

PEDICURE

- Tu vas dormir dans une petite chambre à l’étage des dortoirs. Avec tous les autres étudiants. Tu n’auras pas d’appartements de princesse, oh non. Tu vas dormir avec le petit peuple, dans des draps mal lavés – même si la blanchisserie de l’immeuble est géniale – mais ne t’attends pas à ce que la force que je t’ai promise t’arrive sur un plateau.

Amélia acquiesça.

- J’ai besoin d’une réponse précise, Amélia, ton silence peut s’arrêter maintenant !

Amélia sourit.

- Je suis prête.
- Boooooon trop coooooooool !

NETTOYAGE DE PEAU

- Autre chose. Je ne te demanderais pas d’aveux sur tes camarades et je ne te livrerais pas à Corrigan ou à Torres. Pourquoi, vas-tu me dire ?

Amélia s’en fichait en fait, elle ne voyait pas assez bien les conséquences.

- Eh bah parce que ça m’intéresse pas, tout ça. Ce-pen-dant… Je dois signaler ta présence à quelqu’un. Tien-Tien, vous êtes une brute avec mes points noirs ! J’a-dore !!

La maigre et vieille chinoise hocha la tête. Amélia fermait les yeux pendant qu’on la tripotait.

- J’espère que ça va bien se passer !

SHOPPING

[censuré pour votre confort]

***

Shirley et Amélia se tenaient dans le bureau de Justin Truce, perplexe face à ces deux blondasses portant de grands sacs en papier remplis de vêtements.

- … à qui ai-je l’honneur.
- C’est Amélia ! Amélia Levy, vous savez, de la classe, là ! La classe qui vous cause tous ces soucis !

Justin haussa un sourcil puis deux, puis se releva carrément.

- … Vous l’avez kidnappée ?
- Bah non, enfin ! J’ai lu la note de service, pas de kidnappings !

Justin regarda Amélia.

- Tu confirmes qu’on ne t’a pas kidnappée ?!

Amélia hocha la tête.

- Je suis là de mon plein gré. Je veux que madame Shirley m’entraine.
- Shirley tout court OH MON DIEU, Amélia, je n’ai pas 45 ans !
- Pardon Maître.
- Maître non plus, je n’ai pas 85 ans !! IIIIIK !

Justin semblait quelque peu perturbé par ce spécimen de féminité.

- As-tu conscience de ce qui se passe ici ?
- Pas vraiment. Vous faites des cours particuliers, un truc dans le genre ?

Justin agita la tête.

- Plus ou moins. Shirley, pouvez-vous nous laisser ?

Shirley hocha la tête et sortit du bureau par l’escalier dérobé donnant sur un couloir.

- AÏE ! J’me cogne toujours la tête dans cet escalier à la con !!

Justin regarda Amélia avec son regard glacial qu’il savait si bien manier.

- Je sais qui tu es, Amélia Levy.

La blonde était mal à l’aise.

- Ah… ?
- Oui. Pélagie de Beaufort a eu un unique enfant, Harken, qui a lui-même eu trois enfants - mais deux sont morts en bas-âge – Iaïa, Phalanstère et Frédégonde. Phalanstère a lui-même eu quatre enfants qui ont constitué les quatre branches de la famille De Beaufort : Amarantine, Bosco, Lenka et Mana. Tu es l’arrière-arrière-petite-fille de Mana De Beaufort mariée – de force, je suppose que tu es au courant – à Otton Levy.

Amélia balbutia. Elle savait qu’elle avait un ancêtre nommé Otom, c’est tout, elle ne s’attendait pas à une récitation de son arbre généalogique. Sa première réaction fut cependant de se dire : « Quels noms ridicules ».

Justin inspira lourdement face au silence béat de l’adolescente.

- Tu es un déchet.

Amélia se recroquevilla, rentrant la tête dans ses épaules. Inutile de dire que ses sacs de course étaient tombés par terre pendant l’énonciation des péripéties familiales.

- Un joli déchet, mais un déchet quand même. Les déchets, je les jette, généralement. Dans un fossé, avec d’autres déchets.

Amélia n’en menait pas large. C’est la première fois qu’elle avait aussi peur pour sa vie. Elle était incapable de dire ce que l’homme allait faire. La dernière fois qu’elle avait eu cette sensation d’imprévisibilité, c’était quand ses parents, avant la guerre, s’étaient mis à briser toutes les valeurs familiales. Le miroir, le bruit de ce miroir qui se brisait lui revenait en tête, un bruit sourd immonde…

- Tu vas rester sous le commandement de mademoiselle Shirley. La moindre tentative de fuite sera punie par Mademoiselle Torres en personne. Je vais contacter tes parents pour leur dire que tu as gagné un séjour en camp de vacances tous frais payés dans les îles. Tu vas rester ici et devenir un de nos soldats. Si jamais tu tentes de nous trahir ou si tu essaies un peu trop souvent de t’enfuir, je m’en prendrais à tes parents.

Amélia pleurait. Silencieusement. Elle n’osait même pas sangloter. Elle n’ouvrirait la bouche que pour acquiescer et avoir la possibilité de sortir de ce bureau.

- Et je suppose que tes parents sont de plus gros déchets encore que toi. Ces vêtements, tu les as achetés avec l’argent du sang. Le sang de tous les pauvres travaillent pour ta famille, qui ont travaillé pour ta famille et qui sont morts pour que toi et ta sale race ayez une vie prospère.

Amélia frissonnait de tous ses membres.

- Je suis sûr que tu n’as jamais réalisé le privilège dont tu jouis. Il a toujours été acquis, inné… Tu t’es toujours sentie au-dessus du petit peuple, et ça t’a toujours procuré du plaisir, n’est-ce pas ?

Amélia ne savait ni quoi répondre, ni ou regarder, alors elle ferma les yeux après avoir clos la bouche. Voyant qu’il avait réussi son effet, Justin inspira.

- Va rejoindre Mademoiselle Shirley et surtout, file droit. Compris, déchet ?

Amélia hocha rapidement la tête et sortit à toute vitesse, dévalant les escaliers. Une fois en bas, et sous les yeux de Shirley, elle vomit dans la première poubelle qu’elle trouva. La femme en vert joua avec une de ses couettes blondes, observant sa protégée fondre en larmes et essuyer le vomi sur sa bouche.

Sans dire un mot.

***

Plus dure serait la suite.

L’emploi du temps était outrageusement strict. Levée, Amélia avait à peine le temps de se laver sommairement qu’elle était déjà soumise aux exercices collectifs. Elle faisait du sport presque jusqu’à l’épuisement. A midi, elle était vaguement autorisée à manger. Ensuite, elle s’entrainait dans de dangereux combats entre élèves, là encore presque jusqu’à épuisement.

Les premiers jours, elle crut sérieusement mourir. Encore.

C’était trop pour elle. Il y eut ce jour où elle resta effondrée à terre. Les autres élèves restaient indifférents à son sort. Sepiatop tentait de la relever. Sepiatop était son seul soutien dans cette histoire.

Seth Corrigan, ayant bien compris qu’elle était là de son plein gré, avait cessé d’essayer de la sortir de là après seulement une tentative.

- Amélia, je peux te sortir de là. Tu n’as qu’un mot à dire.
- Shirley !

La blonde, en train de discuter avec Fiodor Wick, regarda sa disciple alors que Seth Corrigan était penché vers elle, éberlué.

- Il essaie de me faire sortir.
- Envoie-le chier ! grommela Shirley.

Amélia regarda Seth et lui colla une gifle. Le jeune homme se releva, stupéfait.

- Super !! sourit Shirley.

Teresa Torres prêtait un œil attentif à ses progrès, mais sans plus. Shirley…

- Relève-toi, Amélia.

Sepiatop se dirigea vers la femme, avec la ferme intention de la défaire, mais Shirley l’écarta d’un simple coup de cravache, destiné uniquement aux récalcitrants.

- Amélia, qu’est-ce que je t’ai dit ?

Amélia regarda Shirley.

- Ca n’arrivera pas sur un plateau.

Amélia hocha la tête et se releva. Le sol. Les murs. Tout était noir, et la lumière autour était ignoble, des néons qui changeaient d’intensité aléatoirement toutes les quinze minutes.

Tout était fait pour la rendre folle.

Et avec succès.

Au bout de deux semaines, son corps supportait l’entrainement. Ses Pokémon avaient intégré la méthode de Shirley. Sauf Sépiatop. Vostourno, Cerfrousse et Balignon avaient tous compris qu’en réduisant la limite de la retenue qui les empêchait de blesser sérieusement les adversaires, ils augmenteraient virtuellement leur puissance, et à partir de là, pourraient augmenter leur niveau.

Amélia devenait enfin forte. Mais son Sépiatop posait problème.

***

- Qu’est-ce qui ne va pas avec lui, en fait ?

Amélia regarda son Sépiatop. Elle était dans le bureau de Shirley qui était tout vert et rempli de photos de femmes en pleine séance de fitness.

- Je sais pas…
- Il ne suit pas l’entrainement, il semble refuser de gagner de l’expérience, il ne m’aime pas, je vois qu’il ne m’aime pas, Amélia ! grommela Shirley.

Amélia haussa les épaules.

- Je sais pas, il a l’air de vouloir me protéger…
- Eh bah s’il veut te protéger, il va falloir qu’il se plie à mes règles !
- Ou pas…

Fiodor Wick entra dans le bureau de Shirley. Amélia le regarda, suspicieuse. Fiodor ne perdit pas de temps et ficha une seringue dans la tête de Sépiatop. Le Pokémon laissa échapper un couinement strident et agita les tentacules.

- Mais…
- Fiodoooor ! Vous m’aviez dit que vous lui demanderiez avant !
- Ordre de madame Torres. Tout élément récalcitrant doit être maîtrisé.

Fiodor retira la seringue aussi vite qu’il l’avait inséré. Sépiatop retomba dans les bras d’Amélia. Le scientifique inspira.

- Il a maintenant les pouvoirs hypnotiques d’un Sépiatroce. Et quand il évoluera en Sépiatroce, eh bien… tu vas te retrouver avec un sacré Pokémon à ta disposition. En fait, grâce à cela, il va surtout pouvoir hypnotiser des humains, ce qu’il ne pouvait pas faire en l’état.

Amélia regarda Sépiatop qui semblait s’être remis. Shirley soupira.

- Merci, docteur Wick…
- Vous n’avez pas à me remercier, c’était un ordre, je me suis contenté de l’exécuter.

Fiodor partit. Shirley semblait courroucée. Elle regarda Amélia.

- Je te promets de lui coller mon genou dans les roustons pour ça ! Enfin… Je pense, malheureusement, qu’il serait profitable pour toi que tu t’entraines avec d’autres gens. De l’immeuble.

Amélia plissa les yeux.

- Non.

Shirley s’étonna. Premier écart dans la docilité sans failles d’Amélia.

- Non ?
- C’est vous que je veux. Depuis le début, c’est avec vous que je veux m’entrainer, c’est vous que je veux.
- Ok, je vais faire l’impasse sur ce sous-texte lesbien dégueulasse que je perçois…

Amélia grimaça.

- … et te rappeler que la moindre désobéissance de ta part sera punie.
- Je ne veux pas m’entrainer avec les autres, juste avec vous.

Shirley était à la fois courroucée et admirative de l’aplomb d’Amélia. Elle se rassit dans le fond de sa chaise en cuir verte.

- Eh bien. Tu l’auras pas volée, celle-là.

***

Quelques heures plus tard, Amélia était en sous-vêtements dans une grande pièce sombre. On ouvrit la porte et Teresa Torres entra.

- Eh bien, eh bien ma jolie. Cela va mieux ? On s’est calmée ?

Amélia hocha la tête, frissonnante. Shirley apparut dans l’embrasure de la porte. Teresa tendit une Pokéball et rappela Neitram. La lumière revint. Amélia se couvrit. Teresa lui jeta ses affaires.

- Shirley te rendra tes Pokéballs une fois que tu seras rhabillée. Si tu fais encore la forte tête, Neitram te soumettra de nouveau à sa Zone Etrange.

Amélia hocha la tête, se relevant difficilement. Elle hocha la tête pour bien marquer qu’elle avait compris. La vieille dame hispanique hocha la tête et sortit de la cellule.

***

- Je ne vois pas en quoi cela fait partie de ton entrainement…

Amélia aidait Orlando aux archives de Direction Dresseurs. L’homme avait une nuée de Cornèbre qui l’aidaient à ranger les dossiers par ordre alphabétique. Un Scarabrute poussait des chariots de dossiers. Amélia observa ce petit monde, intriguée.

- Moi non plus…
- Cela dit, tu vas pouvoir m’aider à scanner les derniers dossiers de l’année.

Amélia regarda le tas de dossiers à côté du scanner. Elle frémit. La Zone Etrange du Neitram de Teresa était déjà un aperçu de l’enfer, mais alors scanner des dossiers…

Elle s’y attela deux jours durant. Les pires de sa vie. L’ennui qui la traversait pendant ces scans de l’enfer était plus grand que tout ce qu’elle avait connu. Même les cours, c’était intéressant à côté de cette corvée inhumaine que représentait le scan de dossiers.

Après cela, on pouvait lui faire faire n’importe quoi, même la séquestrer ; elle le prendrait bien.

***

C’est ainsi qu’elle apprécia sa journée avec Bibi Fricotine, la femme de ménage.

- Boh dis donc. A vue de nez, j’t’aurais même pas crue capable de t’approcher d’un balai.

Et pourtant, c’était un délice de nettoyer après cet horrible passage par les archives. Elle en vint même à sourire comme une dératée. Bibi la regarda, stupéfaite.

- Ma parole, l’est complètement zinzin…

***

- J’vais juste t’apprendre les bases…

Yoshida Aoto voyait en effet Amélia tenter d’utiliser une souris comme une télécommande sur une télé.

- … parce que sinon, je sens que j’en ai pour le siècle à venir…
- Votre ordinateur ne marche pas !
- … c’est pas le seul truc… ugh… comment tu fais quand tu dois commander des fringues en ligne ?
- J’utilise une tablette tactile comme tout le monde, duh !

Yoshida plissa les yeux, rassuré.

- Je vois. Ça va être plus simple que prévu !

***

Dans les cuisines de Tiburce, elle devint une cantinière zélée. Les autres élèves de Direction Dresseurs s’étonnèrent de la voir aussi enthousiaste à son poste, elle qui était habituellement si… inexpressive.

- Tout va bien, Amélia ?

La blonde releva la tête vers Vivien Atkins qui prit son dessert, suspicieux.

- Laisse, tu sais bien ce qu’il en est…

Vivien regarda Jake, le second de Randy Stallbo et hocha la tête.

- Hm… bon courage, Amélia.

La blonde regarda les garçons passer, quelque peu désenchantée.

- Hey, la blondasse ! Remue ton gros cul, la deuxième tournée de purée est prête !

Amélia leva les yeux au ciel et alla rejoindre Tiburce qui l’attendait avec sa grosse cuiller en bois.

***

Arroser les plantes avec Gatsby Rover fut sans surprise une activité reposante.

- C’est vraiment très plaisant d’avoir une jolie fleur pour arroser mes jolies fleurs…

Même si le vieil homme avait un côté légèrement dérangeant, elle apprécia cette petite accalmie dans ses journées de travail.

***

Jake observait Amélia alors qu’elle faisait son travail, à savoir éditer les rapports du groupe de mercenaires de Randy. Lequel Randy observait la fillette avec une pointe de méfiance.

- Un problème, chef ?

Randy regarda son second.

- Je te fais confiance parce que tu m’as rejoint et que tu es devenu mon homme de confiance, Jake.
- En effet, chef.
- Et je t’avoue que ta… docilité… m’apporte autant qu’elle me concerne...
- Merci, chef !
- Mais elle, c’est un élément extérieur. Un élément du camp ennemi qui vient chez nous pour récupérer des informations et les redonner à l’ennemi. Un peu comme un certain vice-président de notre entreprise.

Jake grimaça.

- Chef, vous vous méfiez encore de monsieur Corrigan ?!
- Qui ne le fait pas, ici ? Jake, cite-moi une personne qui ne se méfie pas de ce type ?

Jake réfléchit presque un peu trop. Randy plissa les yeux.

- Ne te fais pas un nœud au cerveau.
- Eh bien, Vivien lui fait confiance.
- C’est du pareil au même. En plus tu m’as rapporté qu’il fouillait les dossiers du gouvernement.
- Oui chef, mais Vivien m’a assuré que c’était du piratage !

Randy inspira et regarda Amélia qui imprimait les rapports de mission.

- Là, elle récupère des infos et je n’aime pas ça.

Amélia se disait juste : « C’est presque aussi chiant que le scan. Mais pas autant quand même. »

***

- Parle-moi, Amélia, nos séances sont importantes !

Amélia agita la tête. Tara Yokas inspira.

- Je répète ma question : Peux-tu me parler d’un évènement marquant de ton enfance ?

Nouveau silence. Tara souffla.

- Je vais appeler Teresa…
- J’avais tout ce que je voulais. J’étais heureuse. Il ne s’est rien passé dans ma vie.

Tara haussa un sourcil. Les deux femmes étaient sur des fauteuils perpendiculaires.

- D’accord. Et maintenant ?

Silence intrigué d’Amélia.

- Tu avais. Tu étais. Et maintenant ?

Amélia regardait le plafond. Elle souffla de nouveau.

- Je…

Elle déglutit. Shirley lui avait dit de ne pas prendre cette séance au sérieux parce qu’elle ne pouvait pas supporter Tara.

- … tout le monde change sauf moi…

Amélia inspira.

- Je veux changer aussi. Comme ça… Rebecca voudra me parler à nouveau.

Tara hocha la tête.

- Qui est Rebecca ?
- M… Ma meilleure amie. Enfin mon… ancienne… meilleure amie…
- Vous vous êtes disputées ?
- Non, je… elle… elle s’est éloignée de moi…
- Pourquoi ?

Amélia souffla.

- Elle… préfère la compagnie des autres, parce que… je suis une idiote.

Tara agita la tête.

- Tu as prouvé ici que tu étais une brave fille, très capable, quand on avait la patience de te comprendre. Shirley est très contente de toi, elle parle de toi à tout le monde.

Un mensonge. Tara le savait, c’était juste pour amadouer l’enfant.
Amélia le savait. Shirley n’aurait jamais rien dit à portée des oreilles de cette garce.

Sachant que son interlocutrice lui mentait, Amélia se braqua de nouveau.

- Je sais que je suis intelligente, ne me ménagez pas. Je suis la meilleure élève de Mademoiselle Shirley.

Tara plissa les yeux.

- Inutile d’être prétentieuse. L’orgueil ne trompe personne, ni moi, ni toi.

Amélia souffla et se leva.

- Je crois qu’on a dépassé l’heure.
- Non, mais tu peux y aller, signala Tara, voyant bien qu’elle n’arriverait plus à rien.

***

- NAN ! Nan ! C’est une amie de l’horrible petite rousse, je n’en VEUX PAS dans mon service !

Shirley serra les dents et regarda Amélia.

- Désolée, tu n’auras pas droit à une précieuse journée au service comptabilité, monsieur Callum ne veut pas de toi !

Amélia regarda Jerry qui semblait à moitié hystérique.

- … tant mieux, il était vraiment trop nul en tant que professeur remplaçant. Et puis il est même pas mort.

Jerry serra les dents.

- Ces enfants sont ignobles !! IGNOBLES !!!

Shirley soupira en partant avec Amélia.

- Alors, que t’as appris cette semaine de stage ?
- Que je veux juste m’entrainer avec vous.

Shirley agita la tête.

- Eh bien au moins maintenant, tu vas filer doux.

***

L’entrainement se poursuivit donc, et Amélia devint à la fois une bonne dresseuse et une excellente gymnaste, la formation première de Shirley étant quand même la gymnastique.

La fin du mois de juillet et le début du mois d’aout furent très constructifs pour elle. Vostourno, Chapignon, Cerfrousse et Sépiatop devinrent d’excellents éléments. Elle mangeait équilibré et s’était forgée une discipline. Shirley lui apprenait régulièrement diverses leçons de vie plus ou moins profitable, notamment de rester belle en toute situation.

Et Amélia apprécia ces leçons. Shirley agissait comme la grande sœur qu’elle n’avait jamais eue. Elle buvait ses paroles, suivait le moindre de ses ordres et la servait fidèlement.

Vint la dernière semaine…

- Amélia, je n’étais pas d’accord…

Sous-entendu : C’était prévu dès le départ.

- … mais tu dois passer un dernier entretien dans le bureau de monsieur Truce.

Amélia eut une réaction épidermique.

- Pitié, non !
- Pitié, Si, Amélia, c’est obligatoire ! Il l’a souhaité expressément.
- Mais je ne veux pas…

Shirley inspira.

- Parfois dans la vie on doit faire des choses qu’on ne veut pas faire, Amélia. Regarde, moi, je dois aider à faire la vaisselle une fois par semaine à la cantine ! Tu sais à quel point c’est mauvais pour les mains, sans parler des effets désastreux sur les épaules et le dos !!

Amélia savait. Elle souffla et se dirigea à contrecœur vers le bureau de Justin.

Elle croisa Seth Corrigan qui la toisa.

- … bonjour…

Il s’étonna qu’elle lui parle. Il en déduit qu’elle essayait de l’appeler au secours.

Mais il était bien trop tard, et surtout, il ne voulait pas risquer une nouvelle opprobre de la part de Teresa et encore moins de Justin.

- Bonjour.

Lui répondit-il simplement avant de partir.

Au moment où elle aurait eu le plus besoin de lui.

Elle arpenta l’escalier maudit qu’elle s’était jurée de ne plus jamais reprendre.

Justin n’était pas là, c’était Teresa qui l’attendait. Fiodor Wick était avec elle. Etrangement, cela la rassura. C’était idiot, bien sûr. Teresa l’avait déjà torturée avec sa Zone Etrange, et le docteur Wick avait piqué Sépiatop sans prévenir. Mais au moins, ce n’était pas l’intimidant monsieur Truce.

- Bonjour… marmonna-t-elle timidement.
- Assieds-toi, Amélia… prononça calmement Teresa en terminant de la paperasse.

Amélia s’assit. Elle regarda par terre. Fiodor inspira et… sortit un révolver qu’il chargea.

Amélia prit peur, ce qui fit sortir Sépiatop.

- Voyez ce que je vous disais. Réflexe conditionné.
- Impressionnant… admit Teresa en relevant à peine le nez de sa paperasse.

Fiodor pressa la gâchette : C’était un faux.

- Bon, cela était fait, passons à l’étape suivante.

Fiodor sortit un diapason. Amélia ignorait ce qu’était cet objet, sa seule réflexion interne fut : « On doit pas manger grand-chose avec cette fourchette »

Fiodor le fit vibrer en tapant sur le bord du bureau de Justin. Ce faisant, Sépiatop saisit la tête de sa maîtresse. Amélia ne comprit rien du tout, ni la réaction du Pokémon, ni le pourquoi, ni le comment, ni rien.

- Voilà ce que je vous disais. Quand j’instille mon produit aux Pokémon, je gagne un contrôle sur eux, mais pour cela je dois en appeler à leur nature profonde.
- Un vulgaire tour de passe-passe. Qu’en est-il de ce que j’ai demandé ?
- L’état d’hypnose est déclenché. Je vais faire sonner le diapason une nouvelle fois. Pendant la période de vibration de l’objet, vous pourrez donner votre ordre, elle y obéira.

Teresa hocha la tête. Fiodor refit vibrer le diapason. Les yeux de Sépiatop brillèrent. Amélia eut peur bien trop tard. Teresa leva une feuille de papier et commença à la lire.

- Amélia, tu obéiras à chacune de mes directives. Tu nous enverras des rapports de ce qui se passe dans ta classe par SMS, à Shirley en priorité, qui nous les transmettra. Tu récupèreras notamment des données sur tes camarades. Noms, Pokémon, techniques de combat. Et surtout, toute intervention de Roland Smirnoff dans l’établissement doit nous être signalée.

Amélia sembla hocher la tête.

- Toute désobéissance provoquera ton retour dans la Zone Etrange de Neitram.

Les mains d’Amélia se crispèrent de terreur.

- Si tu as bien compris, coupe-toi les cheveux à la garçonne avant la rentrée scolaire. Shirley viendra vérifier.

Le bruit du diapason cessa. Sépiatop s’éloigna de sa maîtresse, déboussolé. Amélia sanglotait. Teresa la regarda, comme une vieille grand-mère rassurante.

- Eh bien, Amélia ?

La blonde regarda Sépiatop puis regarda Teresa.

- Q… qu’est-ce que vous m’avez fait ?!

Avec flegme et – inhabituellement chez elle – douceur, Teresa expliqua :

- Rejoins bien gentiment Shirley, Amélia, tu as fait du très bon travail. Merci.

Presque contre sa volonté, Amélia se leva et partit du bureau. Teresa agita la tête.

- Il me faudrait une armée de Sépiatop !
- Ce serait extrêmement contraignant de reproduire le même exercice avec une armée entière…

Teresa soupira en regardant son scientifique.

- Rabat-joie !
- Je ne fais qu’énoncer les faits…

Amélia revint auprès de Shirley qui la regarda.

- Ca s’est bien passé ?

Amélia hocha la tête.

- Booon. Notre temps ensemble est presque fini alors on va revoir les bases.

Amélia soupira.

- J’aimerais m’entrainer plus longtemps avec vous encore…

Shirley regarda Amélia avec dépit.

- Je sais, ma chérie, mais il faut que tu sois un bon agent double, sinon tout ça n’aura servi à rien !

Amélia acquiesça. « Agent double ? »

Quelque chose se déclencha dans sa tête. « Oui, tu dois informer Shirley de ce qui se passe dans la classe. »

Elle prit un air déterminé qui resterait le sien. Cet air dur qui marquait son entêtement à réaliser sa mission.

- Je comprends.
- Su-per-cool ! Allez tu vas m’aider à donner un cours, ça va être trop rigolo !


***

Amélia s’avança vers le digicode.

- Hey, Amélia…

La blonde se tourna vers… Orson Bertelin. Elle le regarda comme si c’était un insecte.

- … ça va ?

Il demandait ça avec une gentillesse désarmante. Ils étaient seuls dans le hall. La plupart des autres élèves mangeaient.

- … pourquoi tu demandes ?
- Bah je sais pas… c’est ce que les gens font, non ? Demander si ça va.
- Ca va.

Orson hocha rapidement la tête.

- Euh… Monsieur Smirnoff… Le vieux, pas l’autre, le méchant, là… lui, il est… sympa… pour un vieux… Il va donner une conférence, et madame Clover a annulé le cours pour qu’on y aille tous, toute la classe, à l’auditorium… alors je pensais…

Amélia grimaça. « Qu’est-ce qu’il me fait, là ? »

- Je pensais que tu voudrais y aller aussi…

Amélia rassembla ses neurones. Elle se rappela de l’annonce de madame Clover. Elle chercha un détail qui pourrait la sauver. Puis, comment se sortir de ce pétrin.

Bingo.

- C… C’est dans une bonne demi-heure, Orson, merde !

Orson se crispa.

- Qu’est-ce que tu as à me coller et à t’inquiéter pour moi, bordel, tu es ridicule ! Tu espères quoi ?! Que je sorte avec toi ?!
- N… Non-non-non !
- Alors QUOI ?

Le cri avait résonné dans le hall. Deux filles de la classe voisine, qui sortaient de la cantine, se tournèrent vers eux, tout en continuant à marcher vers les jardins.

Orson avait le regard fuyant et se touchait les doigts, frileux.

- Je… J… Enfin, je…
- Je-je-je-je quoi, Orson ? Crache le morceau !

Orson inspira en relevant la tête.

- Je suis inquiet pour toi, voilà tout ! Je…

Orson se mordilla les lèvres, observé par une Amélia sévère.

- … tu es toute seule en ce moment et je m’inquiète pour toi… parce que je pensais qu’on était amis et…
- Amis ?! Amis ? Orson, on s’est juste battus une fois ensemble ! Tu es ce genre de garçon nauséabond qui croit que quand une fille tolère sa présence, c’est qu’elle est amoureuse ? Tu me donnes envie de vomir ! Dégage !
- M… Mais non je…
- DE-GAGE !!!

Orson serra les dents…

… et s’avança.

- Tu n’as pas à t’isoler, je ne sais pas ce que tu traverses en ce moment mais tu ne dois pas rester seule, j’y connais rien mais…

Il avançait, avançait, et les yeux d’Amélia s’écarquillaient, s’agrandissaient…

- … mais je sais que c’est pas bon de rejeter les gens autour de soi et…

Elle sortit Cerfrousse qui utilisa Extrasenseur. Le Pokémon repoussa Orson qui glissa quelques mètres plus loin sur le sol lisse du hall.

Orson regarda Amélia qui venait de l’attaquer. Il balbutia.

- M… m…

Amélia paniqua. « S’il dit quelque chose, je suis fichue ! »

Orson se releva et regarda Amélia. Elle ne comprit pas vraiment son regard. Peur, incompréhension, déception ? Toujours est-il qu’il partit promptement, ayant bien compris qu’aucun de ses mots n’atteindraient la jeune fille.

« Il n’y a plus de retour possible. Il va me dénoncer. C’est certain ! »

Encounter! Hiker – Pokémon Diamond/Pearl/Platinum

Elle se hâta d’exécuter la procedure neutralisant le système de sécurité. Au moment d’entrer les dernières commandes, Sépiatop sortit de sa Pokéball. Elle le regarda, courroucée.

- Quoi ? Tu veux m’en empêcher, c’est ça ?

Sépiatop hocha la tête. Amélia inspira et sourit en regardant le digicode.

- C’est un peu tard, non ?

Sépiatop piaillait, l’enjoignant de cesser ce qu’elle faisait. Amélia inspira, hésitant une dernière fois avant d’entrer les derniers chiffres qui déverrouilleront l’alarme.

- Voilà. Et pour éviter toute mauvaise surprise…

Elle sectionna les fils reliant le boîtier à la porte avec l’aide d’une paire de ciseaux à ongles. Une fois cela fait, elle souffla, satisfaite.

Un simple coup d’œil à sa droite suffit à lui faire comprendre que l’inévitable était arrivé.

Sépiatop avait évolué en Sépiatroce. Le Pokémon émit un rire sardonique en se frottant les tentacules l’une contre l’autre, un air de connivence dans ses yeux.

- Je te préfère comme ça… sourit Amélia.

***

- Notre monde est régi par le combat. Nous capturons des Pokémon. Nous les dressons. Nous les amenons l’un contre l’autre. Le Rattata sauvage tout fraichement capturé affronte son confrère Roucool qui était aussi sauvage que lui la semaine dernière. C’est une violence que nous faisons à notre environnement. La violence sert la violence.

Etienne s’appuya sur le pupitre.

- Mais la vie nous apprend que cette violence est nécessaire.

Wallace inspira. Helen buvait les paroles d’Etienne Smirnoff. Linda se tenait au premier rang de l’auditorium, attentive et bienveillante.

- Nous devons nous battre sinon les Pokémon sauvages qui peuplent notre monde nous attaqueront une fois que nous aurons posé un pied dans les hautes herbes. Nous devons nous battre parce que nos amis, nos frères, nos sœurs, nos ennemis, vont vouloir se battre à leur tour. Nous savons à quel point un combat peut changer une vie.

Steven hocha la tête. Orson inspira lourdement. Rebecca ferma les yeux, significative.

- Nos vies sont façonnées par le combat. Nous ne pouvons y échapper qu’en nous barricadant dans la banalité, le quotidien, la routine. Certaines personnes renoncent. Beaucoup de pères et de mères de familles, les vôtres, les miens… ont renoncé à une vie de combat pour élever des enfants.

Francis agita la tête. Lucy songea à sa famille. Quinn se demanda si ses parents auraient le temps de mener une « vie de combat ».

- Un jour, vous aussi, vous cesserez de vous battre pour élever vos enfants.

Fey sourit. James lui tapota l’épaule.

- Ou pas. Je n’ai jamais cessé de me battre. Je suis un vieux professeur. Je me suis toujours battu. J’ai eu trois enfants. Le premier est devenu un homme politique grandiose. La seconde une prolifique chef d’entreprise. Le petit dernier est médecin. Je pense que je me suis bien battu. Et que j’ai gagné, au bout du compte !

David sourit. Denis ricana avec le reste du public. Perrine leva les yeux au ciel en souriant.

- Mais… Les forces du mal sont toujours présentes. C’est ma minute « Révérend Alden ». Oui, mes chers enfants, chers professeurs, le mal fait partie de notre monde. Les organisations criminelles. Les fous. Les syndicats. Putains de syndicats…

Rires du public. Walter secoua la tête, amusé par la verve de son grand-oncle.

- Les obsédés. Les tueurs. Les gens qui ont du pouvoir et des obsessions. C’est ce mal précis qui menace chacun d’entre nous. C’est une épée de Damoclès qui peut s’abattre n’importe quand. On ne sait pas par qui ou par quoi ça va arriver mais ça va arriver. Vous avez toute une vie pour vous préparer à cela.

Mike hocha la tête. Violette sourit, intriguée. Tino enregistrait tout.

- Etre dresseur de Pokémon, c’est savoir se protéger, protéger les siens, se battre pour préserver sa liberté. Le dresseur, une fois attaqué, est dans une lutte acharnée pour gagner ou perdre, mais au final pour s’en tirer, pour vaincre. C’est très allégorique, évidemment. Mais les jeunes comme les moins jeunes, savent que chaque combat compte. Et que tout comme toute étape cruciale de la vie, chaque combat vaut la peine d’être mené. Merci.

Wallace sourit. Clive et Andréa commencèrent les applaudissements. Rebecca sourit et applaudit à son tour. Holly et Gina regardèrent Lilian et Léon tout en applaudissant. Santana devait bien avouer que c’était un bon discours. Walter, Naomi, Perrine, Tristan et Robbie applaudissaient en sifflant ou criant. Etienne secoua la tête, pas dupe des plaisanteries des enfants.

Amélia, assise à l’écart, ruminait ses actes, observée de loin par un Orson effrayé et inquiet.

***

Sacha regarda Roland qui léchait des timbres.

- Je rêve. Tu vas vraiment le faire alors ?
- Ouaip.
- C’est un peu… dégueulasse comme tactique, nan ?
- Ca va rendre les choses plus marrantes ! C’est un jeu, je joue, c’est tout !

Roland continua à mettre au point ses enveloppes. A côté de lui, des paillettes, des stylos de toutes les couleurs, diverses lettres…

Il semblait s’amuser comme un petit fou.

Son téléphone sonna.

- Ah bah quand même ! Allô ? Ouais ! Vous pouvez commencer les travaux… Mardi en début d’après-midi ! Voilà ! Bon courage !