Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

La légendaire quête du cookie au miel d'Apireine de Lief97



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 20/08/2016 à 19:02
» Dernière mise à jour le 19/02/2021 à 18:53

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 13 : La Coalition des Pokémon rejetés
« Avant, il n’y avait rien. Puis sont apparus les trois Légendaires constructeurs de l’Univers : Keunotor, Rattata et Caratroc. Ces trois Pokémon uniques au monde sont infiniment puissants. D’ailleurs, rares sont les Pokémon plus intimidants qu’eux ! Vous avez vu la tête de Caratroc et son regard de tueur ? Non mais regardez ce monstre ! »
Cours d’histoire à Citéfol, tenu par le professeur Métalosse.


***



L’Île des Origines était désormais bien au-dessus du navire. Elle flottait dans le ciel, à plusieurs centaines de mètres d’altitude, et semblait parfaitement inaccessible. Quelques cascades tombaient dans l’océan dans un vacarme infernal, rendant la mer agitée.

Terry Lancepelle jeta l’ancre de plusieurs tonnes par-dessus bord rien que par la force de son auriculaire gauche, sous le regard médusé de Ticho.

— Vous êtes costaud, pour un pêcheur !
— Cette ancre n’est pas bien lourde, répliqua Terry Lancepelle. À peine une tonne. Plus l’ancre est légère, plus elle s’enfonce dans l’eau.
— Bah oui, tichôôô, c’est tellement évident…

Le Sage 33 leva ses trois têtes vers le ciel et lâcha :

— Ma foi, c’est un peu haut.
— Sacrebleu, j’allais dire la même chose ! s’écria Gontran en éclatant d’un rire tonitruant.
— Certes, certes ! plaisanta Insolourdo.

Ticho passa une aile fatiguée sur ses yeux et lança :

— Fermez-là, espèces de dictionnaires moyenâgeux ! Tout mon respect à vous, Dodrio, enfin surtout Albert et pas les deux abrutis qui partagent son corps, mais on a AUTRE CHOSE À FOUTRE QUE DE DISCUTER ! Antoine, Keunotor peut pas faire voler le bateau là-haut ?
— C’est un navire, rectifia Terry.
— Ouais, ouais, c’est ça, tichôôô.

Antoine se gratta la tête, gêné.

— Hum… en fait… vaut mieux pas que Keunotor sorte de sa Ball à cet endroit.
— Pourquoi ? s’étonna Julie. Il a le mal de mer ?

La jeune fille s’était tournée vers le professeur Cumulo Nimbus, toujours penché au-dessus de la mer, livide. Tadmorv, près de lui, venait de trouver l’inspiration pour sa future recette. Il sortir un carnet de sa bouche qui lui servait accessoirement de sac à dos et griffonna un titre en marmonnant :

— Tarte au vomi… Ingrédients : Pâte, vomi…

Antoine grommela :

— Keunotor n’a pas le mal de mer, il a juste… de mauvaises réactions lorsqu’il revient dans le coin. Caratroc vit là-haut, sur l’île, et ils sont ennemis depuis longtemps. Ils ont eu un… différend par le passé. Si Keunotor sort, il va purement et simplement nous ignorer pour aller là-haut tout seul et il risque bien de détruire l’île. Son traumatisme risque de lui faire perdre les pédales.

Alakazam, agrippant toujours sa peluche d’oiseau et son gourdin, semblait peiner à suivre la conversation :

— NOUS DEVOIR NAGER DANS LES CASCADES ? NOUS FAIRE GLOU-GLOU TOUS ENSEMBLE ? NOUS AMIS ?

Mackogneur posa une de ses quatre mains sur l’épaule de son maire stupide :

— Non, non. Mauvaise idée de remonter les cascades, je le crains.
— Ignorant, lâcha rageusement Azurill dans un murmure, en réajustant sa cape rose.

Un silence gêné s’ensuivit. Chacun se mit à réfléchir au moyen de monter sur l’île. Le silence fut vite rompu par Jack dont les diodes s’alarmèrent.

— ALERTE ! MON DÉTECTEUR GPS INDIQUE UN OBJET INCONNU EN MOUVEMENT A TRIBORD ! IL SE RAPPROCHE !

Tout le monde pivota vers la droite du navire. Sauf Alakazam qui regarda vers la gauche, démontrant une fois de plus ses capacités de réflexion. Mackogneur lui chuchota discrètement :

— De l’autre côté, monsieur le maire.

Alakazam fut donc le dernier à découvrir, stupéfait, un énorme navire, bien plus gros que le leur, qui s’approchait d’eux, enveloppé par la brume.

Terry s’affola :

— Des… des… des… des pirates !

Un drapeau noir au sommet d’un mât laissait à penser qu’ils n’étaient pas pourvus de bonnes intentions. Les voiles, peintes en rouge, faisaient indéniablement penser à du sang.

— À l’abordage ! lança une voix.

Aussitôt après, cinq Pokémon sautèrent sur le pont et encerclèrent le groupe de voyageurs.

— Nous sommes la Coalition des Pokémon rejetés ! gronda un Braségali.
— Tout le monde nous trouve moches, faibles et nuls ! enchaîna un Lucario. Certains ne savent même pas le nom de notre espèce !
— Nous sommes là pour nous venger de ceux qui nous méprisent ! conclurent simultanément un Absol, un Dracaufeu et un Feunard.

Un silence oppressant leur répondit. Puis le Braségali bomba le torse :

— Rendez-vous, ou ce sera la guerre !



***


— C’est vraiment un monde de merde, tichôôô… depuis quand des Pokémon qui pètent la classe comme eux sont rejetés ?

Antoine soupira :

— Tu plaisantes, là ? Regarde ce renard à neuf queues, là. Il est hideux. Ça te donne pas envie de vomir ?
— Bien sûr que non !

Les voyageurs étaient tous attachés autour d’un grand mât, au diamètre si large qu’ils tenaient tous les uns à côté des autres, prisonniers des épais cordages que le Braségali avait serrés autour d’eux. Ils étaient pour le moment réduits à un rôle d’otages.

Le navire de Terry Lancepelle, à quelques mètres du bastingage, était en ce moment-même fouillé par Lucario et Dracaufeu. Absol, Feunard et Braségali surveillaient les prisonniers d’un œil mauvais.

— On devrait leur piquer leurs objets de valeur, non ? demanda Absol.
— Oui, pourquoi pas ? répondit Braségali, pensif. C’est une bonne idée.

Ticho leva les yeux au ciel :

— Et vous vous prétendez pirates ? De vrais pirates ne se poseraient même pas la question !

Braségali le foudroya du regard et le pointa du doigt :

— Toi… Je ne t’aime pas beaucoup !
— T’inquiète, c’est réciproque.

Braségali grimaça, mécontent.

Puis, d’un coup sec, il lui arracha son poireau des mains.

Ticho hurla :

— RENDS-MOI ÇA IMMÉDIATEMENT ESPÈCE D’ENFOI…

Il se tut quand Braségali s’empara de la Pokéball d’Antoine. Puis il entendit chacun de ses partenaires se plaindre tour à tour.

Alakazam fut contraint d’abandonner son gourdin, ce qui le fit hurler de colère, puis sa peluche, ce qui le fit pleurnicher lamentablement. Gontran se vit confisquer son sabre-laser jaune, Azurill sa cape rose de sataniste, Cumulo son Pétabull, et Tadmorv son carnet de notes trempé de bave que Braségali récupéra au fond de sa gorge.

Les autres ne perdirent rien, n’ayant aucun objet de valeur aux yeux des pirates.

Braségali s’arrête devant Jack, retenu par la corde, et dont les pieds battaient dans le vide.

— BONJOUR. NE ME FAITES PAS DE MAL S’IL VOUS PLAÎT. MOI AUSSI, JE SUIS REJETÉ.
— Ah oui ?
— JE FERAI CE QUE VOUS VOULEZ SI VOUS ME LIBÉREZ DU JOUG DE CES IDIOTS. ILS ME RETIENNENT EN OTAGE DEPUIS LONGTEMPS.

Braségali sembla outré.

— Quoi, tu es leur prisonnier ? Mon pauvre…

Le pirate défit quelques nœuds, libéra Jack et resserra la corde. Les autres s’agitaient, stupéfaits.

— Traître, vil menteur ! s’écria Gontran. Tu n’as donc aucun honneur chevaleresque ?

Antoine, choqué, clignait des paupières, incapable de trouver les mots. Ticho grogna :

— J’avais confiance en toi, Jack ! Tu veux vraiment nous trahir comme ça ?

Jack se tourna vers lui. Son ventre clignota très brièvement et le Pokémon Vol eut tout juste le temps d’apercevoir un petit symbole s’afficher sur sa carcasse métallique.

;)

Ticho tenta de juguler ses émotions. Jack faisait ça pour tromper les pirates et les aider à s’en sortir ? Ou alors il se moquait de lui ?

Lucario et Dracaufeu revinrent sur le navire pirate. Braségali désigna Jack :

— Ce petit gars est avec nous ! Il était leur prisonnier, c’est scandaleux !
— Mais c’est même pas un Pokémon ! se plaignit Dracaufeu.
— Et alors ? Il est rejeté comme les membres de notre Coalition ! Il est le bienvenu. Maintenant, on s’en va. Abandonnez leur vieux rafiot ici, on met le cap vers notre île !
— C’est un navire ! répliqua Terry.



***


L’île de la Coalition des Pokémon rejetés était située à moins d’une vingtaine de minutes par voie maritime. Elle était assez petite. Tout ce qu’on apercevait sur l’île, c’était une plage de sable blanc, une petite forêt, et une demi-douzaine de petites maisons en bois abritées sous des palmiers. Un ponton en pierre servait à accoster l’énorme navire, dont la taille équivalait presque l’îlot.

— On fait quoi d’eux, chef ? demanda Lucario en désignant les prisonniers du menton. On devrait les tuer, non ?

Jack intervint :

— SI JE PEUX ME PERMETTRE…
— Oui ? demanda Braségali, intéressé.
— JE PENSE QU’ON DEVRAIT LES ÉLIMINER DE LA MANIÈRE LA PLUS CRUELLE POSSIBLE. COMME ÇA, ÇA MARQUERA LES ESPRITS DU MONDE ENTIER ET ILS APPRENDRONT À MIEUX NOUS TRAITER !

Les pirates restèrent bouche bée. Puis Absol rejeta la tête en arrière en hurlant :

— Mais c’est un pur génie !

Les autres l’applaudirent avec joie ; Ticho leva les yeux au ciel, tandis que les autres attachés au mât vociféraient ou insultaient Jack de tous les noms. Cumulo rejeta le contenu de son estomac sur le pont en éclaboussant un Azurill rassuré que sa cape soit en sécurité dans la cale du navire. Après tout, sa cape était sa fierté.

Gontran tonitrua :

— Si vous voulez ma mort, alors affrontez-moi à la loyale, comme de vrais guerriers ! Je me battrai selon le code d’honneur des Chevaliers de la Table Carrée !

Braségali secoua la tête négativement :

— Non, non. On risque de se blesser si on vous affronte, et j’aime pas les pansements. Ça picote quand on les enlève.

Ticho grommela.

— Un Braségali sensible, on aura tout vu !

Antoine, à côté de lui, murmura :

— Espérons que ces imbéciles ne fassent pas sortir Keunotor de sa Pokéball. L’île des Origines est encore visible à l’horizon.
— Il ne nous aiderait pas, s’il nous voyait comme ça, tichôô ?
— J’ai déjà dit que non. Il va se ruer tout droit vers l’Île et nous abandonner à notre sort. S’il m’obéit, c’est uniquement parce qu’on a passé un… un contrat. Je te raconterai une autre fois.

Les pirates discutaient avec Jack, l’air excités.

— Les écarteler ? s’étonna Dracaufeu. Le bûcher, ça leur ferait plus mal, non ?
— J’avais pensé à une noyade ! ajouta Feunard. Ce serait rigolo.
— Oh oui, oh oui ! s’excita Absol comme un enfant de deux ans.

Braségali se gratta le menton, soucieux.

— Ou alors on les pend au mât du navire ? Ça ferait joli, tous ces gens en train de se balancer au gré du vent !
— Ou alors on les coupe en morceaux et on fait un ragoût avec ! proposa Lucario d’un ton très sérieux.

Jack émit des bips pour attirer l’attention sur lui.

— J’AI MIEUX ! ON PEUT SE DÉBROUILLER POUR LES ENVOYER SUR L’ÎLE DES ORIGINES ! ON ENTENDRAIT LEURS CRIS QUAND ILS SE FERONT TUER PAR LES LÉGENDAIRES !

Les pirates se turent. Braségali sembla amusé.

— Oh ! Ce serait bien. Mais comment on les envoie là-haut ?
— VOUS AVEZ DES CANONS, PAS VRAI ? IL SUFFIT DE LES METTRE DEDANS, ET DE TIRER.

Les pirates semblèrent très impatients à cette idée.

Ticho regretta soudain que Jack essaye de les sauver.



***


Azurill fut le premier à être jeté sans ménagement dans un des canons. Jack demanda à Braségali s’il pouvait se charger de tirer et de viser. Le chef de la Coalition accepta avec joie.

Jack s’excusa à l’avance :

— LE PREMIER TIR EST UN TEST, POUR VOIR LA PORTÉE ET L’ANGLE DE TIR. JE VAIS PEUT-ÊTRE RATER.
— Pas de problèmes, lâcha Braségali. Si quelques-uns meurent par noyage, ça peut être très amusant quand même !

Le robot alluma la mèche du canon après avoir relevé ce dernier à près de 70 degrés vers le haut.

— FEU ! cria Jack, visiblement emballé par son idée.

Un Azurill à l’arrière-train enflammé fusa en lâchant un hurlement tout droit venu des enfers. Il dessina une jolie courbe au-dessus de la mer avant de s’écraser dans l’océan en soulevant une grande gerbe d’éclaboussures. Un concert de cris angoissés retentit sur le navire, autant de la part des pirates que des voyageurs emprisonnés.

Ticho resta indifférent :

— Bah, personne ne le regrettera, celui-là.
— ZUT, TROP BAS, lâcha Jack. VOUS POUVEZ METTRE CELUI-CI DEDANS ?
— Quoi, pourquoi moi ? s’agita Tadmorv.
— Avec plaisir ! s’exclama Braségali.

Le Pokémon libéra Tadmorv et le jeta comme un vulgaire flan dans le canon.

— FEU.

Tadmorv s’envola comme une fusée en direction de l’Île des Origines. Il s’éleva haut dans le ciel, érafla une cascade sans cesser d’extérioriser son stress en criant, ce qui était compréhensible. Le Pokémon Poison percuta de plein fouet une falaise de l’Île volante, avant de lentement glisser le long de celle-ci, puis de retomber dans la mer avec violence.

— MINCE, ENCORE RATÉ. JE CROIS QUE LA CANON MANQUE DE PUISSANCE.
— Pas grave ! gloussa Feunard. C’est marrant de les voir tomber dans l’eau ! Continue !

Braségali acquiesça :

— C’est vrai ! En plus, Dracaufeu va se charger d’aller les récupérer, l’eau c’est son élément !
— Oui, confirma ce dernier. J’adore nager depuis tout petit.
— Au lieu de raconter ta vie, va nous chercher ces deux abrutis ! répliqua Braségali. On va continuer avec eux deux jusqu’à ce qu’ils meurent d’épuisement. Laissons les autres là.

Ticho grogna. Voilà un imprévu. Jack avait peut-être organisé un plan afin de les envoyer sur l’Île pour les sauver — possibilité qui commençait enfin à atteindre l’esprit de ses compagnons ligotés — mais il n’avait pas prévu qu’Azurill et Tadmorv serviraient de boulets de canon plusieurs fois d’affilée…

— À moi de tirer ! A moi ! s’écria Lucario alors que Dracaufeu balançant un Azurill trempé et terrifié dans le canon.

Jack s’écarta discrètement. Les cinq pirates étaient tournés vers l’horizon, les prisonniers dans leur dos. Le petit robot fit apparaître un smiley souriant à ses amis, qui comprirent enfin qu’il ne les avait pas abandonnés. Surtout quand Jack s’empara discrètement d’un couteau planté dans le mât voisin, et quand il commença à découper les cordes qui liaient ses amis.

Les pirates, trop absorbés par le spectacle de voir Tadmorv et Azurill apprendre à voler, ne remarquèrent pas quand leurs « prisonniers » récupérèrent leurs objets volés derrière eux. Ils n’entendirent pas non plus Alakazam percer un beau trou dans la coque du navire avec son gourdin.

Ils ne virent pas non plus la petite chaloupe qui repartait tranquillement vers le large où était toujours ancrée la frégate de Terry Lancepelle.

Par contre, ils commencèrent à s’inquiéter quand, après avoir envoyé Tadmorv et Azurill dans l’océan pour le dix-huitième fois, ils remarquèrent que de l’eau leur arrivait aux chevilles.

La chaloupe récupéra un Azurill tremblant et un Tadmorv presque inconscient alors qu’au loin la Coalition des Pokémon rejetés criait sa haine et sa colère, prisonniers de leur minuscule îlot.



***


Une petite vague fit entrer un peu d’eau salée dans la chaloupe très chargée.

— Arrêtez de bouger ! ordonna Terry. On va couler, à cette vitesse !
— C’est une chaloupe cabriolet trois places ! répliqua Julie. Et on est treize !

Les têtes latérales du Sage 33 pivotèrent brutalement dans sa direction :

— Non, quinze, petite peste ! lança Bob. Tu nous comptes pas, nous ?
— Vous avez le même corps qu’Albert, rétorqua-t-elle. Donc vous ne comptez pas !
— Ma foi, ma dresseuse dit la vérité ! renchérit Insolourdo. Je plussoie !

Gontran, dont l’armure lourde faisait chavirer la chaloupe à chaque mouvement, dégaina brutalement son sabre-laser.

— Ah ! Quel plaisir de retrouver cette arme prodigieuse !

Il fit quelques gestes d’épée qui frôlèrent le crâne du professeur Cumulo Nimbus. Celui-ci voulut dire quelque chose, mais les mouvements de balancier de l’embarcation eurent raison de son estomac.

La cape rose d’Azurill en paya les frais. Ce dernier versa des larmes en pleurnichant comme une fillette :

— Je… Je… Je suis banni ! Je ne suis plus un sataniste, j’ai sali ma cape ! Je… je veux mourir !

Ticho le regarda sans comprendre :

— En voilà une bonne résolution, tichôôô. Mais pourquoi seulement maintenant ?

Alakazam sursauta violemment quand il fut arrosé par une vague.

— ÇA MOUILLE !
— Oui, monsieur le maire, l’eau ça mouille, répondit Mackogneur d’un air las.

L’embarcation tangua violemment quand Gontran donna un coup d’épée dans le vide. Terry et Antoine s’agacèrent en chœur :

— Arrêtez de bouger !

Tadmorv et Jack restaient de marbre, terrifiés à l’idée de mourir noyés. Mais la barque était de plus en plus instable et s’enfonça légèrement dans l’eau, laissant entrer une vaguelette à l’intérieur, ce qui effraya Alakazam, qui bouscula Gontran vers le fond de la chaloupe. Le poids du chevalier souleva l’avant de la barque, Terry fut catapulté par-dessus bord et entraîna Antoine dans son vol plané.

L’embarcation se renversa et ses occupants lâchèrent des cris et des jurons. Des éclairs commençaient à apparaître là où Jack flottait.

Seul Ticho, qui voletait au-dessus de l’eau, soupira.

— C’est une blague… Comment voulez-vous qu’une troupe aussi ridicule parvienne à affronter des Légendaires ? Quels abrutis…

Julie lâchait des cris stridents.

— Mes cheveux vont mettre trop longtemps à sécher, c’est horrible !
— Je vais vous sauver de la noyade, jeune damoisblblblblb… commença Gontran en s’enfonçant dans l’eau à cause de son armure.
— Mon Pétabull, mon Pétabull ! s’affolait Cumulo Nimbus.
— Je vous avais dit de ne pas bouger, nom de Rattata ! s’énerva Terry avant de plonger pour sauver le Pétabull et Gontran.

Ticho soupira.

— Dans quel bordel on s’est encore fourré…



***


Loin de là, dans un système solaire voisin


Dans le vide interstellaire, trois Pokémon de petite taille, d’à peine trente centimètres de haut, se chamaillaient en se promenant autour d’une géante gazeuse.

— Non, c’est moi qui aie détruit l’étoile TPX45S5D51S hier ! lança l’un d’eux.
— Pfff, dis pas n’importe quoi, Genesect, rétorqua Mewtwo. Mon papa a dit que c’était moi !
— Mais non, c’est moi, puisque je le dis ! ajouta Deoxys d’une voix criarde.

C’était assez commun pour les trois amis de se disputer lors de leurs promenades intergalactiques quotidiennes. Mais ça s’arrêtait toujours très vite. D’ailleurs, les trois garçons cessèrent leurs chamailleries quand ils aperçurent un météore passer non loin d’eux. Ils le suivirent de regard alors que celui-ci rentrait dans l’atmosphère de la planète gazeuse en lâchant un bruit sec, lors de son passage à travers le mur du son.

Deoxys gloussa :

— On aurait dit un pet…
— Moi quand je pète, je repousse même les trous noirs ! se vanta Genesect.
— Ouais, bas évite si tu veux qu’on reste potes, râla Mewtwo.
— Hé, ça me fait penser… reprit Deoxys. Mon frère m’a parlé d’un jeu. Ça s’appelle « Pète-Planètes ». On essaye ?

Les deux autres se regardèrent en souriant.

— Ouais, carrément ! C’est quoi les règles ?
— En une minute, faut détruire le plus de planètes possibles. Gazeuses ou telluriques, peu importe. Mais que des planètes ! Celui qui en explose le plus en une minute a gagné !
— Je vais gagner ! s'écria Genesect qui aurait bien aimé pouvoir s’auto-féliciter encore longtemps.
— Allez, on joue ! s’exclama Mewtwo.

Deoxys sourit :

— Ok, trois, deux, un… C’est parti !

Alors que Genesect et Deoxys fonçaient vers la gazeuse, Mewtwo joua la stratégie ; plutôt que de jour aux coudes à coude avec les deux autres, il allait plutôt se diriger vers le système solaire voisin pour ne pas être gêné par ses camarades.

Mewtwo atteignit la vitesse de la lumière et s’arrêta une seconde après son départ près d’une petite planète grise. Il claqua des doigts et une énorme météorite apparut, chargeant droit sur la planète.

Les deux corps célestes se percutèrent et le choc fut mille fois plus puissant que le Big Bang originel.

La planète termina en petits morceaux, mais Mewtwo ne profita pas du spectacle. Il passa à la suivante, puis encore la suivante, et ainsi de suite… Il comprit vite que les gazeuses étaient plus difficiles à casser que les planètes solides. Il se concentra donc sur ces dernières.

Il en détruisit une douzaine et en remarqua une, un peu plus loin, verte, blanche et bleue. Il aurait tout juste le temps de la détruire, celle-là.

— Temps écoulé ! lança Genesect d’un coup.

Mewtwo, stupéfait, sursauta alors qu’il préparait une attaque ; son habituel énorme météore ne prit pas complètement forme, et, rendu fragile, se scinda en deux gros rochers qui fondirent tout de même vers la planète bleue.

Deoxys réapparaut, et leva un doigt réprobateur :

— On compte pas ces météorites, là, compris ?
— Bah, de toute façon, elles suffiront pas détruire cette planère, elles sont trop petites, constata tristement Mewtwo.
— Bon, venez, on va jouer ailleurs !



***


Ticho se posa sur le bord du navire de Terry.

Tous ses compagnons venaient juste de remonter sur la frégate. Ils étaient trempés, épuisés, et ils râlaient les uns contre les autres. Jack lâchait des étincelles, à peine remis de sa courte nage forcée. L’armure de Gontran, toute rouillée, faisait un bruit terrible de porte mal huilée. Et tout le monde engueulait tout le monde dans un vacarme infernal.

— On se croirait dans une crèche, lâcha Ticho. Calmez-vous, les gosses !

Personne n’entendit sa moquerie. Il se percha au sommet du mât principal de la frégate, fatigué. Ils étaient revenus au point de départ ; impossible de rejoindre l’Île des Origines qui lévitait au-dessus d’eux.

Enfin, si.

Lui, il pouvait y aller. Mais il n’irait jamais crever là-haut tout seul, surtout pour une recette imaginaire aussi inutile que Gontran.

Une étoile filante sembla apparaître dans le ciel. Ticho la fixa, surpris d’en voir une en plein jour. Puis il comprit que l’étoile filante était un météore chargé à bloc qui fonçait dans sa direction.

Il s’envola en lâchant un cri d’alerte à ses compagnons. Ceux-ci, occupés à se chamailler et à se menacer réciproquement, ne l’écoutèrent pas.

Le météore passa en sifflant près de Ticho, qui en ressentit l’intense chaleur, puis la comète forma un beau trou en plein milieu du navire. Les voyageurs sur le pont se turent, stupéfaits, et Terry lança un appel désespéré vers le ciel alors que son navire s’enfonçait dans l’eau.

Ticho secoua la tête :

— Quel était le pourcentage de chance que ça nous arrive à nous, ici et maintenant ? Quel monde de me…

Il n’eut pas le temps d’en rajouter, car une seconde météorite arrivait. Mais sa trajectoire n’était pas la même ; la météorite en question heurta le bord d’une falaise de l’île des Origines.

Une pluie de rochers commença à dégringoler en direction du navire qui coulait…

Puis les rochers s’arrêtèrent net. Ils flottaient, comme le reste de l’île, alors que la météorite s’écrasait dans l’océan.

Ticho haussa les sourcils, surpris.

Les rochers formaient désormais une sorte d’escalier volant qui menait droit vers le sommet de l’Île des Origines.

— Je retire ce que j’ai dit, tichôôô. Parfois, un monde merdique, ça a du bon.