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Freeze de Eliii



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» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 10/08/2016 à 11:52
» Dernière mise à jour le 10/08/2016 à 12:37

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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035 - Hanté, mais pas trop
Attention : la scène finale peut être assez violente. Âmes sensibles, évitez de lire ce chapitre si vous mangez ou prévoyez d'aller vous coucher dans les heures qui suivent XD.


Walter déambulait tant bien que mal dans le couloir sombre menant à l'aile gauche du manoir. Les fenêtres ayant été condamnées, on ne voyait pas à deux mètres devant soi, et le voleur détestait cette sensation d'impuissance qui le tiraillait. Il ne savait pas ce qui l'attendait, contrairement aux nuits durant lesquelles il s'introduisait dans des musées pour dérober des trésors incroyables ; pour ça, au moins, il pouvait prévoir des plans à l'avance.

A ses côtés, Oniglali lévitait, l'air sceptique. Le Pokémon glace ne voyait pas trop l'intérêt de se rendre dans cette vieille bâtisse tout en sachant pertinemment qu'il s'agissait d'un piège. Quand bien même c'était pour sauver Linda, se mettre en danger sciemment n'était pas une idée qui plasait à la créature gelée. Bien sûr, il ne pouvait pas se permettre de désobéir à Walter, sinon, il ferait un séjour d'une durée indéterminée dans sa Pokéball, chose qu'il n'apprécierait aucunement. Il était déjà bien content que son dresseur ne lui tienne plus rigueur de sa faculté de parole et accepte de le laisser sortir de nouveau.

"Il fait noir comme dans un four, ici, bordel, grommela le brun, irrité.
- Désolé de pas disposer d'une fonction lampe de poche, ironisa Oniglali.
- Si tu parles pour te foutre de moi, tu peux envisager la Pokéball. Je sais que j'ai accepté de te rendre ta liberté plus souvent, mais... je suis aussi un connard qui se fiche éperdument de l'avis des autres, alors fais gaffe à toi.
- Tu me menaces, moi ?
- Non. C'est un conseil."

La réponse de Walter fut froide et tranchante ; le Pokémon sut que ce n'était pas le moment d'insister. Avançant un peu en retrait derrière son dresseur, il se perdit dans ses pensées. Bien qu'il ne l'admettrait jamais, le trentenaire s'inquiétait énormément pour son amie, et ses poings serrés témoignaient de son envie de mettre une bonne raclée à celui qui avait osé enlever Linda pour l'attirer, lui, dans ses filets. Et qui qu'il fût, ce mystérieux ravisseur n'en sortirait sans doute pas indemne, au vu de la rage, certes contenue mais bien présente, du voleur.

Ils progressèrent en silence, le long du large couloir poussiéreux et sombre, uniquement éclairé par de minces rais de lumière filtrant à travers les planches clouées au mur. Aucun son, à part celui des pas de Walter sur les planches de bois craquant et grinçant affreusement. Lorsqu'ils parvinrent enfin au bout, jusqu'à la porte menant à un salon, le voleur s'arrêta, plaqua son oreille contre le battant de bois, et, jugeant qu'il n'y avait aucun danger, entra dans la pièce, suivi par son partenaire.

La pièce était plus meublée que le reste de la demeure. Il s'y trouvait deux canapés violets, l'un placé en face de l'autre, séparés par une table basse en verre. De nombreuses tapisseries et décorations ornaient les murs, et Walter distingua même une tête de Cerfrousse empaillée, accrochée comme un trophée de chasse au dessus de l'imposante cheminée. Il ne cilla même pas, bien que les yeux exorbités de la tête le mirent atrocement mal à l'aise. Le brun s'approcha de l'âtre et saisit une branche qu'il embrasa avec son briquet, pour ensuite la replacer dans la cheminée. Un feu illumina peu à peu la pièce, la débarrassant de l'obscurité insoutenable.

"Par contre il commence à faire chaud, ça craint, le feu...
- Je te le fais pas dire", renchérit le Pokémon.

En effet, maintenant qu'un grand feu brûlait dans l'âtre, la température de la pièce avait augmenté drastiquement, ce qui n'était pas pour plaire à Walter et Oniglali. L'homme sentait des gouttes de sueur perler sur son front, et il commençait à avoir l'estomac qui se tordait. Quant au Pokémon, il avait l'impression qu'il ne tarderait pas à fondre. Alors qu'il s'apprêtait à poser sa main sur la poignée d'une autre porte, menant sûrement à la cuisine, le voleur sursauta et recula vivement ; elle s'était ouverte d'elle même.

"C-c-c'était quoi, ça ? Un fantôme ? La maison serait vraiment hantée ? geignit Oniglali.
- Figure-toi que j'en sais foutrement rien."

Bien décidé à élucider ce mystère, le brun s'approcha de la porte, mais le regretta bien vite, car une créature surgit de la pièce, lui arrachant un cri de surprise.

"Putain mais c'est quoi ce délire ! s'écria-t-il, pris au dépourvu.
- Poutou."

En voyant la créature s'approcher, il ne put s'empêcher de rester dubitatif. De longs cheveux blonds, une robe rouge, une peau sombre et d'énormes lèvres pulpeuses mourant d'envie de donner un baiser baveux au premier venu. Walter, pour le coup vraiment perplexe, plissa les yeux, se les frotta longuement pour s'assurer qu'il ne rêvait pas, et se pinça fortement la peau du poignet, mais non, c'était bien une Lippoutou réelle qui se tenait devant lui, dans toute la splendeur que lui permettait son regard de Magicarpe frit.

"Euh... on est d'accord, il se fout de nous, là, le taré qui a enlevé Linda ?
- Plus que d'accord, admit Oniglali, tout aussi surpris.
- Poutou ?"

La femelle aux lèvres imposantes fusa sur Oniglali, et lui asséna un coup de tête puissant. Le Pokémon sphérique alla s'encastrer dans les planches recouvrant une fenêtres. Hargneux, il attaqua à son tour la Lippoutou à l'aide d'un Giga Impact bien placé. La créature blonde alla, à son tour, heurter durement un mur, mais cela ne l'empêcha pas de se relever comme si de rien n'était. Walter s'en étonna ; son Pokémon était très coriace, et généralement, un Giga Impact endommageait le Pokémon adverse plus que ça. Sans doute que ce Lippoutou venu de nulle part, et appartenant probablement au responsable de l'enlèvement de Linda, était très bien entraîné.

"Oniglali, laisse tomber, on n'a pas le temps pour ces conneries. Faut retrouver Linda.
- Je m'en cogne, je veux me débarrasser de ce machin ridicule d'abord !
- Bon, d'accord, mais grouille-toi, on n'a pas toute la journée... soupira le voleur.
- Je ferai de mon mieux", répliqua le Pokémon.

Walter s'adossa à un mur, le plus loin possible de la cheminée, pour ne pas avoir à supporter une chaleur trop intense, et observa l'affrontement qui se jouait devant ses yeux. C'était comme si une rivalité subite était née entre Oniglali et cette Lippoutou, depuis qu'elle avait eu la bonne idée de lui foncer dessus comme un boulet de canon lancé à pleine vitesse. L'échange de coups entre eux était intense, effréné, ils se tapaient dessus seulement physiquement, sans avoir recours à une quelconque stratégie ; c'était purement et simplement une épreuve de force.

Au bout d'un moment qui parut interminable au trentenaire, Lippoutou eut une étrange réaction, et s'enfuit, par le couloir où Oniglali et lui étaient arrivés un peu plus tôt. Le voleur, interloqué, plissa les yeux, et regarda Oniglali.

"C'était bizarre, tu trouves pas ? Comme si un déclic s'était fait dans son cerveau atrophié de Barbie Pokémon... soupira l'homme, perturbé.
- J'aurais pas eu l'occasion de la ridiculiser, finalement, pour l'affront qu'elle m'a fait... J'en ai marre, il faut retrouver cette Lippoutou !"

Walter haussa un sourcil, étonné par l'attitude inhabituelle de son Pokémon. En temps normal, il ne cherchait pas plus loin, à cause de sa fainéantise légendaire, mais là, il avait vraiment pris le problème personnellement, et comptait bien le régler. Le brun n'avait donc plus qu'une seule solution à portée, s'il voulait pouvoir explorer tranquillement sans avoir à se soucier des états d'âme d'Oniglali. Il pointa la sphère bicolore en direction de son partenaire, qui fut aspiré par le rayon rouge caractéristique. Il posa ses yeux d'un bleu étincelant sur la Pokéball, et soupira.

"Désolé, mon vieux, mais j'ai pas trop le choix. Faut que tu comprennes un peu qui est le maître, de temps en temps."


x x x

Liz et Will faisaient face à un jeune homme en smoking, agrémenté d'un nœud papillon rose, que la jeune femme connaissait. Elle l'avait rencontré treize ans plus tôt, lorsqu'elle vivait encore dans les rues de Volucité, alors qu'il cherchait son Skitty lui ayant échappé. Pour la remercier de son aide, il lui avait donné tout l'argent qu'il possédait sur lui, soit deux mille pokédollars, somme qu'elle désirait lui rembourser. Mais maintenant qu'elle avait retrouvé cet homme, elle avait d'autres préoccupations en tête que le fait de lui tendre nonchalamment une liasse de billets. En fait, elle avait carrément la peur au ventre, bien qu'il lui en coutait de l'admettre ; le jeune homme charmant qu'elle avait croisé dans la rue était devenu un assassin sans pitié, au service du plus gros empire criminel d'Unys.

"Sander... c'est toi... j'y crois pas. Je...
- Inutile, je comprends très bien ce que tu veux dire, Liz. Moi-même, lorsque le chef m'a nommé remplaçant d'Esther, j'ai eu du mal à croire que je devrais te faire du mal. Cela m'a pris un moment, mais j'ai réalisé que peu importe l'ennemi, ma loyauté irait toujours à mon patron."

La jeune femme aux cheveux bleus baissa la tête, attristée de revoir Sander en de telles circonstances. Comme elle aurait aimé le retrouver en tant qu'ami ! Will, perplexe, regarda tour à tour son amie et l'assassin en smoking qui restait parfaitement calme, les mains dans ses poches, l'air sincèrement peiné ; mais l'était-il vraiment ?

"Tu connais ce type, c'est ça ? Qui c'est, exactement ?"

Il fallut un temps à la pirate informatique pour se ressaisir. Elle déglutit bruyamment, desserra un peu les poings, et se tourna vers le frère de Linda.

"Y'a treize ans... quand je vivais dans la rue, à Volucité, j'ai croisé un type qui poursuivait son Skitty. Je l'ai aidé à le retrouver et je l'ai sauvé d'un petit caïd. Pour me remercier, il m'a filé tout ce qu'il avait dans son portefeuille. Deux mille pokédollars. Puis il est parti sans prévenir."

Will lança un regard interloqué à Sander, qui se contenta de hocher la tête, impassible. Elle disait vrai, alors, ils se connaissaient bel et bien.

"Je ne sais pas ce que tu ressens exactement pour lui, Liz, mais... on doit mettre de côté notre passé. C'est notre ennemi, il travaille pour le Juge. C'est un assassin, quoi qu'on fasse, il tentera de nous faire du mal.
- Will..."

La jeune femme soupira et jeta un regard empli de détermination à Sander, qui haussa les sourcils, surpris de voir une telle lueur dans les yeux de son ennemie. Il esquissa un sourire.

"Je vais me battre contre lui, quand bien même je le considère comme un ami. Je vais l'affronter jusqu'à ce que Linda soit mise hors de danger... Sander. Pardonne-moi."

Le sourire énigmatique de l'homme aux cheveux noirs s'élargit, à la surprise de Will, qui avait vraiment un mauvais pressentiment.

"Je crois que c'est plutôt à moi de te présenter mes excuses, Lizzie... alors, je t'en prie... pardonne-moi.
- Qu'est-ce..."

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, qu'une violente douleur à la tête la submergea de toutes parts, lui arrachant des cris de douleur et des convulsions. Elle s'écroula au sol, roulant par terre, parcourue de spasmes dans tout son corps, puis perdit finalement connaissance, un filet de salive coulant de sa bouche ouverte. Sander n'avait pas cillé, tandis que Will observait nerveusement le corps inerte de son amie.

"Elle est...
- Non. C'est simplement une mesure de précaution, étant donné que je n'aime pas les complications. Pamela."

La Lippoutou, tapie dans l'ombre, juste derrière le blond, lui fit subir le même sort qu'à Liz. Il finit par perdre lui aussi connaissance, douloureusement.

"Merci bien, ma chère. Pourrais-tu emmener ces deux-là en lieu sûr ? Dans des pièces séparées, si possible.
- Poutou !"

La Pokémon aux cheveux blonds hocha la tête, puis leva les mains, exécutant une Psyko, qui souleva les deux corps inertes, et disparut avec eux au bout du couloir. L'homme au smoking se mordit la lèvre, mal à l'aise, et partit dans la direction opposée, jusqu'à la pièce où il retenait Linda, solidement ligotée à une chaise. Il la trouva éveillée, mais la rage qu'il lut dans son regard, ça, c'était inédit.

"Que me vaut ce regard noir empli de haine ?
- Ne jouez pas l'innocent, cracha-t-elle. J'ai entendu des bribes de conversation. La voix de mon frère... qu'avez-vous fait à Will ?!
- Du calme, exigea Sander. Il est juste un peu sonné, mais il va bien, à moins que j'en décide autrement. Malheureusement, le seul qui m'intéresse, c'est votre ami le voleur, et je n'ai toujours pas mis la main dessus. En attendant, j'espère m'amuser autant que possible avec vos amis. C'est que, je m'ennuie, ces temps-ci, vous comprenez ?"

Il ferma la porte derrière lui, et s'approcha d'elle. Ses traits fins et délicats étaient tordus par la colère, une rage sourde intense qui bouillonnait en elle ; comment osait-il s'en prendre à ses amis ? Si elle le pouvait, elle lui ferait regretter son arrogance et son indiffrénce à l'égard d'autrui.

"Qu'attendez-vous de moi ?
- Nous y voilà, souffla l'homme. Le moment le plus difficile. Je n'arriverai pas à vous faire entendre raison. Mais je peux toujours essayer.
- De quoi parlez-vous ? s'étonna Linda.
- Je veux que vous parveniez à convaincre Freeze de me donner la formule, me permettant ensuite de la remettre à mon supérieur. Il a confiance en vous, il vous écoutera."

La blonde en doutait. Son ami était bien trop borné pour ne serait-ce que prêter une oreille attentive à ce qu'elle disait. Il se fichait éperdument de tout.

"Et si je refuse ?
- C'est de la témérité, ou de la stupidité ? Si vous refusez, j'envisagerai probablement de vous remuer un peu le cerveau. Lobotomie trans-orbitale, ça vous dit quelque chose ?
- Vous l'avez déjà évoqué, mais je ne sais pas de quoi il s'agit.
- Alors, vous permettez, que je vous l'explique ?"

Elle ne réagit pas ; il prit ça pour une réponse affirmative, et, sortant une pointe métallique, un genre de pic à glace, de la poche intérieure de sa veste, ainsi qu'une sorte de minuscule marteau, probablement un instrument médical, il démarra ses explications.

"J'ai toujours été fasciné par la médecine. Je me destinais même à cette carrière, à une époque... enfin. Il existe une zone, dans le cerveau, que l'on appelle lobe préfrontal. C'est là que se trouvent le libre arbitre, la créativité, et la plupart des fonctions cognitives de l'être humain. Si je soulève votre paupière, que j'enfonce ce pic à glace dans votre lobe orbitaire... et qu'avec ceci..."

Il montra le petit marteau à la jeune femme, qui ne put s'empêcher de déglutir bruyamment, répugnée, et poursuivit.

"Je donne un léger coup pour que le pic s'enfonce... si je fais ceci sur environ sept millimètres, votre entêtement aura disparu, votre libre arbitre... envolé. Vous serez entièrement à ma merci."

A présent, Linda tremblait de tout son être. Ses yeux exorbités ne voulaient pas se rétrécir, ses paupières papillonnaient atrocement, ses mains moites la démangeaient, et par-dessus tout, son cœur battait la chamade, à en faire exploser sa poitrine. Impassible, avec tout juste un léger sourire sur les lèvres, Sander s'approcha d'elle, les deux instruments chirurgicaux en main. Il soupira et, de sa main libre, souleva légèrement le menton de la blonde, afin qu'elle le regarde dans les yeux.

"Vous voulez peut-être qu'on essaie, à présent, pour voir de quoi ça a l'air ?"