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No Human's Land : Vers un Avenir Meilleur de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 30/07/2016 à 23:33
» Dernière mise à jour le 31/07/2016 à 17:18

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Humour   Science fiction

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Ch. 06 : Les p'tits pieds
Avant de poursuivre la montée, nous décidâmes tout de même de faire un inventaire de nos capacités, ainsi que d'établir une stratégie, afin de ne pas se retrouver dans la même situation qu'auparavant.

Pour ma part, je possédais mon amélioration, que j'avais originalement baptisée « Green Boost », ainsi que ma toute nouvelle capacité, la tornade verte, que j'aurais pu nommer « Tempêteverte ». Je trouvais cependant ce nom trop peu esthétique, et j'optais davantage pour « Green Tornado », afin d'être plus original. Cette dernière augmentait ma versatilité, et me permettait donc d'attaquer à moyenne portée, ainsi que de porter des coups mortels, létalité que je ne pouvais pas encore obtenir avec mon Green Boost.

Concernant Kishki, il n'avait pas ma capacité défensive immédiate, mais me surclassait largement. Tout d'abord, il avait ses boucliers. Le précédent combat avait montré qu'ils étaient inefficaces face aux Férosinges, mais son idée de les combiner et de les faire exploser s'était montrée utile. A cela s'ajoutait ses lances de foudre, qu'il pouvait asséner à moyenne ou à très courte portée, voire à bout portant. Il lui fallait malgré tout augmenter leur puissance pour percer l'armure élémentaire de nos ennemis, comme à moins de les concentrer et de viser en plein dans la tête, elles ne pouvaient les tuer. En somme, ses explosions étaient sa capacité la plus puissante, actuellement.

— Concernant notre stratégie... commença le Pichu.

— Eh bien... Je me mets en première ligne pour te servir de bouclier, et tu les tue pendant que je les occupe ? Évite juste de me griller au passage, ou de me faire sauter.

Il me toisa de la tête aux pieds.

— J'ai jamais goûté l'Arcko. Cuit, ça doit être bon !

Je frissonnai ; ce petit me faisait peur, des fois.

— Dans tous les cas, dis-je, pour que notre stratégie porte ses fruits, il faudra que tu trouves un moyen d'augmenter la puissance de tes lances, pour les perforer d'un coup. En partant du principe qu'on est illimités en énergie, tu devrais pouvoir rajouter de la foudre, non ?

— Oui... Mais ce n'est pas si facile... Si j'en mets trop sans que je puisse la maîtriser, ça ne sera pas suffisamment stable, et ça risquera de faire boum. Et là, adieu mes petites mains...

Il avait raison. Certes, nous avions, apparemment, une réserve infinie d'énergie élémentaire. Toutefois, l'utiliser n'était pas aussi simple que ça, et plus l'attaque que l'on souhaiter effectuer était complexe, puis la difficulté à la maîtriser augmentait, en parallèle à la quantité de flux que l'on y insufflait.

Ainsi, je pouvais par exemple dépenser une grande quantité d'énergie en exécutant le Green Boost, étant une capacité on ne peut plus simple. Ses lances, elles, n'étaient pas excessivement complexes, mais demandaient une certaine maîtrise pour leur matérialisation. Soudain, une idée me revint en tête.

— Attends ! m'exclamai-je. Pendant l'entraînement, tu pouvais faire d'autres trucs, genre créer une espèce de fouet, et faire apparaître des sphères ! Encore le premier, j'en vois pas trop l'intérêt, mais les bouboules, si tu les chargeais au maximum et les dispersais un peu partout dans la pièce, tu pourrais ensuite les faire exploser ? Ça ne doit pas être trop difficile à modeler, non ?

Il réfléchit quelques instants. Bien que modeste, je devais avouer que c'était une très bonne idée. Une telle attaque permettrait de tuer les ennemis à distance, donc sans avoir besoin de les attirer. En tout cas, j'aimerais bien voir une telle capacité en action. Le mieux, encore, aurait été qu'elles puissent s'accrocher aux Férosinges, pour exploser. Je décidai de le proposer, au cas ou.

— Si tu peux, essaie aussi de les faire s'attacher aux Pokémon. C'est à dire que dès que tes sphères entrent en contact avec eux, elles les entourent.

— Euh... Ça va être dur, ça. En plus, si je le fais, leurs petits pieds seront détruits. Sauf que je les veux leurs pieds.

— Pour... en faire quoi, au juste ? demandai-je, surpris.

— Du pâté. J'en ai jamais mangé, je veux goûter. Je suis sûr que c'est bon, aux pieds de Férosinges. Ou alors je pourrais les collectionner ! J'en ferais des guirlandes, et les accrocherais aux murs de la base ! Ce sera tout décoré après, ça va être beau !

Cette souris... elle était étrange... vraiment étrange... En tout cas, je changeais ma mission de priorité : maintenant, je devais éradiquer chaque pied de singe que je trouvais. Autrement, on était perdus.

— Bon, pour en revenir aux sphères, fit Kishki, je testerai sur le moment. J'ai déjà réussi à en créer, quoique moins chargées, mais on verra bien.

C'était une bonne mentalité. Confiants, nous décidâmes de monter, alors sûrs de notre stratégie. Une fois arrivés au deuxième étage, nous nous préparâmes à encaisser une attaque, mais rien. Personne, hormis nous, n'y était présent. Pas un bruit non plus ne venait perturber le silence pesant installé ici. Nous nous regardâmes, troublés. Enfin, ils devaient certainement nous attendre plus haut. Pourquoi, je ne le savais pas, toutefois.

Nous nous dirigeâmes donc vers l'escalier suivant, plus éloigné. Je restais tendu, ne sachant pas ce qui pourrait nous tomber dessus. L'étage du dessus était également silencieux au possible, et pas un Pokémon ne se montrait.

— Tu penses pas qu'on les a tous tués ? demandai-je à mon partenaire.

— Ça me semble louche, quand même. Mais s'ils ne nous attaquent plus, c'est une hypothèse.

— Vaut mieux rester sur nos gardes quand même. Je les sens pas, ces stupides singes.

Il hocha la tête, visiblement sérieux. Il y avait de quoi, après tout, nous jouions nos vies. Nous entamâmes la montée des marches, nous attendant au même vide que précédemment. Et quelle ne fut pas notre surprise lorsqu'un Férosinge utilisant le Combat Boost – oui je l'ai nommé ainsi – se propulsa dans notre dos. J'eus tout juste le temps de réagir qu'il me percuta de plein fouet, m'entraînant dans sa course jusque dans un mur, où il se servit de moi comme bouclier.

— Zalen !

Il arma une lance de foudre, mais hésita à la lancer, sachant que je pourrais être pris dans l'attaque. Deux autres singes fondirent sur lui de chaque côté. Instinctivement, il forma deux boucliers, n'ayant eu plus de temps pour les renforcer, et leurs poings passèrent au travers. En dernier recours, il tenta de les faire exploser, mais c'était inutile, ils étaient devenus instables.

Sachant qu'il restait encore des soldats, je ne comprenais pas, au début, pourquoi ils nous avaient attaqué à cet étage précis. Puis je m'en rendis compte. Alors que les précédents étaient plus ouverts, où toutes les cloisons avaient été abattues, celui-ci regorgeait de pièces, de murs, bref de coins pouvant aider à tendre des embuscades. Nous avions réussi à éliminer le premier groupe en jouant sur leur nombre, mais là, nous ne pouvions refaire la même.

Ils nous attaquaient par petits groupes, puis repartaient immédiatement se cacher. J'avais réussi à me débarrasser du premier attaquant quand trois autres me fondirent dessus, trop rapidement pour que je puisse former Green Tornado. Je vis alors dans leurs mains trois sphères brunes se former, et j'écarquillai les yeux, pressentant le pire. Lorsque celles-ci furent assez grosses, ils les lancèrent vers moi, trop près pour que je puisse les esquiver.

Je concentrai tout mon flux dans mon Green Boost, espérant que celui-ci me sauve la vie. Les sphères entrèrent en contact avec mon corps, provoquant alors une triple explosion d'énergie. J'avais tenu bon, mais ma défense s'était brisée en trois différents points. Sans que je ne m'en rende compte, le premier Férosinge m'asséna un violent poing chargé dans l'un de ces trous, visant directement mon estomac. Je crachai du sang et tombai à genoux, crispé par la douleur.


Une quinzaine de mètres plus loin, Kishki faisait face aux multiples assauts des Pokémon comme il pouvait, mais se faisait peu à peu surpasser. Une lance de foudre toujours armée dans sa main, l'autre l'aidant à la formation des boucliers, il encaissait les attaques ennemies sans pouvoir riposter, comme les Porsinges attaquaient par groupe de trois.

Lorsqu'il tentait d'en viser un, les deux autres l'attaquaient dans son angle mort, l'empêchant de lancer son projectile de foudre. Un autre groupe surgit, et s'apprêtant à essuyer un coup de poing, il fit une roulade arrière, mettant ainsi de la distance entre lui et les autres. Alors il abandonna la défense et fit naître une seconde lance dans son autre main, avant de les lancer vers les deux singes les plus proches. Mais ceux-ci étaient agiles, et bondissant sur le plafond, ils esquivèrent aisément le projectile, qui partit s'encastrer dans le béton.

Les Pokémon profitèrent alors de ce temps de faiblesse pour attaquer, chargeant dans leurs mains les mêmes sphères brunes qui m'avaient blessé. Seul problème : Kishki ne maîtrisait pas de Boost. Et pour compléter...

L'un des attaquants poussa un cri, et une trentaine d'autres singes sortirent de leur cachette, armant les mêmes sphères. Tandis qu'une était prête, une deuxième chargeait dans leur autre main. Comprenant le danger, Minisouris fit immédiatement apparaître une sphère de protection tout autour de lui, utilisant les derniers dixièmes de secondes à sa disposition pour la densifier. D'un coup, toutes les sphères partirent, filant vers le bouclier rond. Au contact de celui-ci, les sphères explosèrent évidemment, et leur action combinée déversa un torrent d'énergie brune, qui, agissant comme de l'acide, fit fondre la protection d'électricité.

Kishki écarquilla les yeux, et avant de pouvoir faire quoi que ce soit, une seconde salve de projectiles l'atteignit, balayant son bouclier. Certes, celui-ci lui avait permis d'éviter de mourir, mais perdu ainsi dans ce nuage de fumée noire, il ne discernait plus rien, et ne savait pas si les Férosinges préparaient une autre attaque.

— Kishki ! criai-je. Fais exploser l'étage ! Autrement, on va perdre !

— Mais... Tu vas y être mêlé aussi !

— Perds pas ton temps j'ai mon boost ! Ils sont déjà en train de recharger ! Utilise des bouboules pour les distraire, puis fais apparaître ton bouclier massif, comme en bas ! Il faut qu'on pète ces murs !

— Et... Et si l'immeuble s'effondre ?

— Alors le boss final sera vite à nous. Dépêche-toi !

Il hocha la tête, et faisant tournoyer ses petits bras, des sphères chargées d'électricité apparurent, avant de filer vers les parois les plus proches, où se trouvaient les Porsinges. Ces derniers se flairant pas le danger, ils ne prirent pas la peine de s'enfuir, et d'un claquement de doigt, les bouboules explosèrent, les balayant plus loin.

Le Pichu profita alors de ce moment de distraction pour faire apparaître deux sphères de protection autour de lui, l'une beaucoup plus épaisse que l'autre. Il commençait à haleter ; même pour lui, enchaîner autant d'attaques d'un coup était fatiguant. Toutefois, il ne pouvait se louper. Ce coup devait être son plus puissant, alors autant y aller à fond.

Il fit donc apparaître une dizaine de bouboules électriques chargées au maximum, qu'il incorpora à son bouclier déjà à son summum. De cette surcharge d'énergie jaillirent des étincelles, et autour des protections transparentes, l'air se déforma sous l'effet de la chaleur.

Non seulement il avait des difficultés à respirer, mais il transpirait maintenant à grosses gouttes. Ses muscles, bien qu'entraînés, lui faisaient un mal de chien. Après tout, son corps était entièrement constitué de flux énergétique, et l'énergie devait bien venir de quelque part. Non... Ce n'était pas assez !

Il chargea dans chacune de ses mains des lances, qu'il fit passer au travers de son bouclier interne, pour les planter dans l'externe, le plus fragile. Il en formait autant qu'il le pouvait, autant que son corps le lui permettait. Après une quinzaine, il sentit comme un pincement au cœur, et tomba à genoux au sol, se tenant fermement la poitrine. Il y eut alors comme des hésitations dans les créations de foudre, signe de sa faiblesse.

Le Pokémon s'en rendit compte et se releva tant bien que mal, essayant au mieux de conserver sa stabilité. Si celle-ci se rompait maintenant, tout serait fichu.

— Zalen... murmura-t-il. Protège-toi bien et essaie de ne pas te prendre l'une de mes lances...

Remis debout, il écarta alors les bras, et après une violente vibration de l'air, l'électricité accumulée entre les deux boucliers ainsi que ceux-ci explosèrent, libérant un véritable déluge d'éclairs. Il n'était plus possible de voir le décors, seul du jaune occupait la pièce. Puis, la foudre entra en contact avec les murs, et explosa une seconde fois, libérant un tsunami de flammes à travers l'étage, carbonisant tout sur son passage.

Les Férosinges tentèrent de s'enfuir, mais la chaleur et le feu allait beaucoup plus vite, et ils furent bientôt calcinés jusqu'à la moelle. Les parois également ne purent y résister, et les armatures en fer fondant, le béton céda. Les murs, le plafond, le sol, tout céda. Il y eut une brisure dans ce dernier, et nous ce qui se trouvait dans l'étage tomba en dessous, soulevant des volutes de fumée et de poussière. Les flammes s’échappèrent par les escaliers, et firent également fondre les vitres.

[stoppez donc la musique]


Je me réveillai, étant alors jusque là inconscient. Combien de temps suis-je resté ainsi ? Une heure ? Deux heures ? Impossible à dire. J'ouvrai les yeux difficilement, pour constater que ma vue était brouillée. Ma tête me tournait, j'avais envie de vomir. Je tentai de me réveiller, mais une grande douleur m'en empêcha, me laissant allongé par terre. Je tournai alors la tête vers le point d'origine de la douleur, tentant avec mes yeux défaillants de repérer ce qui n'allait pas.

Je discernai du rouge. Du rouge sur moi, et autour de moi. Autour, ma peau était en grande partie noire. Ça me revenait peu à peu... il y avait eu l'attaque finale de Kishki, puis l'incendie... Et Kishki ?! Où était-il ?!

— K...Kishk... je peinai à articuler.

Ma gorge ne parvint à produire aucun son. Autour de moi, quelques flammes dansaient encore, finissant de brûler un morceau de bois tombé. Ce qui m'inquiétait plus, c'était de savoir où se trouvait mon ami Pichu. En plus du fait de savoir si j'allais survivre à mes terribles brûlures, étant – on le rappelle – de type plante.

Bon, il fallait réfléchir efficacement, sans se précipiter. Première chose : le sang. J'en étais recouvert, et je tenais bien à savoir d'où il venait. Je tentai de concentrer mon regard sur ma hanche gauche, d'où provenait apparemment la fuite. En effet, un objet y était planté ; un petit morceau de fer à moitié fondu et déformé par le souffle de l'explosion.

Évidemment que je ne pouvais pas bouger, j'avais une lame enfoncée dans la moitié de l'épaisseur de mon corps ! Il fallait que je la retire, mais mes bras bougeaient difficilement, je n'avais aucune force. J'étais comme alourdi. Encore, si ce n'était qu'une question de poids concret j'aurais pu m'en sortir, mais là... mes muscles refusaient simplement de fonctionner correctement.

Combien de temps allais-je rester là, bon sang... Si un simple Férosinge arrivait, il pouvait à tout moment m'achever, n'ayant plus mon Green Boost. D'ailleurs... Une idée venait de germer dans mon esprit : et si je l'utilisais pour augmenter les capacités de mon corps, et donc essayer de retrouver un état à peu près normal ? Il fallait essayer.

Je me concentrais donc. Avec la douleur provenant de mes blessures, c'était rude, mais il fallait bien que je le fasse. Il fallut de longues secondes pour qu'enfin, l'aura verte apparaisse, quoique dissipée.

— G...Green Boost... tentai-je de murmurer.

Mon corps se mit à luire d'une douce lueur verte, et peu à peu, je sentis mes forces grandir. Ce n'était rien par rapport à d'habitude, mais dans mon état, ça me faisait un bien fou. Mes bras se mouvaient désormais quasi-normalement. J'en profitai donc pour saisir de mes deux mains le morceau de ferraille planté dans le côté gauche de mon ventre, et prenant de grandes inspirations pour m'armer de courage, je tirai un coup sec.

— Aaaaaaaaaaaaiiiilleee !! m'écriai-je.

C'était en effet très douloureux, mais qu'importe, ce qui comptait était que je puisse bouger. Le plus gros était fait, mais pas le plus dur, la plaie saignant toujours abondamment. Si je ne me dépêchais pas, je finirais par de nouveau sombrer dans l'inconscience, et mourir d'une hémorragie. Il fallait donc que je le fasse...

J'étendais mon bras pour attraper un morceau de bois brûlant toujours. Oui, la seule solution était de cautériser la plaie. Si on m'avait dit qu'un jour, j'utiliserais du feu pour me sauver, bah... je leur aurais dis d'aller se faire voir. Parce que franchement, ce que j'allais faire, je voulais pas le faire. Ma main tremblait de peur, mais je n'avais pas le choix. Je rapprochai la braise ardente de la blessure, et inspirant, je l'y appuyais fort.

— AAAAAAAAAAAHHH !! hurlai-je.

Je crus mourir, la douleur était insoutenable, pire que tout ce que j'avais pu jusque là endurer, et brouillait même mon boost. Après quelques secondes de soins par le feu, je retirais le morceau de bois et le jetai au loin. Je reposais ma tête contre le mur. Tout mon corps tremblait, et j'aurais pu mourir que ça aurait été moins terrible. Plus jamais je ne referai ça.

J'aurais aimé pouvoir me plonger dans un point d'eau froide, mais en l'état, il n'y en avait aucun. Je dus attendre quelques minutes avant de pouvoir me relever totalement. Mes jambes tremblaient toujours, et j'espérais ne pas tomber au sol lamentablement. La cicatrice était encore fraîche, tomber la rouvrirait à coup sûr.

Comme ma vue me revenait, j'en profitais pour regarder tout autour de moi. Sur trois étages, le sol s'était brisé, offrant un magnifique panorama. Des tiges de fer servant d'armatures pendaient dans le vide, fondues. Par terre, les morceaux de béton tombés formaient des petites montagnes de débris, ainsi que des obstacles à éviter.

Par un quelconque miracle, le bâtiment tenait encore debout. Sûrement étions-nous en vie grâce à cela. Pourtant, je sentais qu'il oscillait d'un côté à l'autre, preuve de sa fragilité. Il suffisait d'une attaque trop puissante, et tout s'écroulerait. Je m'avançai d'un pas traînant vers ce qui restait des baies vitrées, à savoir seulement l'armature. Une fois au bord, je tombai à genoux, haletant. Cet effort de marche m'avait vidé. Comment pouvions-nous vaincre Colossaps dans cet état ? Et surtout, pour une première guerre, ça se passait plutôt mal.

J'espérais que tous les combats entre factions n'étaient pas aussi destructeurs, car on atteignait des sommets. Enfin, si trois étages s'étaient effondrés, c'était uniquement grâce – ou à cause, tout dépen – à l'attaque explosive de Kishki.

Autour de moi se trouvaient des corps carbonisés de Férosinges, avec pour certains la peur gravée sur le visage. Je les observais, mais ne parvenais pas à éprouver la moindre once de pitié ou de culpabilité. Absolument rien. Pourtant, ils ne m'avaient rien fait. Ils étaient juste des Pokémon appartenant à une faction, et c'était suffisant. Je me relevai, ma main posée sur ma cicatrice, et me remis à marcher, à la recherche de la Minisouris.

Je doutais fort de trouver son cadavre parmi ceux des singes, sachant que son bouclier l'entourait. Toutefois, j'étais certain qu'il l'avait également fait exploser, ce qui, dans le fond, n'était pas une très très bonne idée.

Où aller, maintenant ? Redescendre aux étages inférieurs, où monter en espérant ne croiser personne. D'un autre côté, seul Colossaps devait subsister dans ce bâtiment, à moins qu'il n'ait conservé près de lui une garde rapprochée. Nous avions éliminé une soixantaine de sbires depuis notre arrivée sur les lieux, et bien que l’immeuble fut grand, il ne pouvait certainement pas en contenir beaucoup plus.

— Zalen ! fit une petite voix dans mon dos.

Je savais bien entendu à qui elle appartenait, mais je me retournai tout de même. Il le fallait.

— Te voilà Kishki, fis-je. J'ai cru qu tu avais été blessé.

— Un peu, oui... Mais pas autant que toi, j'ai l'impression.

Ma remarque était stupide ; forçant un peu sur mes yeux toujours affaiblis, je remarquai son oreille et son bras ensanglantés. Le problème avec les créatures aussi petites que lui, c'était que la moindre écharde équivalait à un coup de pieu. Je remarquai alors qu'il portait un étrange collier autour du cou.

— Kishki, c'est... commençai-je en désignant l'objet.

Il hocha la tête.

— Oui, c'est mon pendentif. Le cœur de ma sœur.

Je m'approchai, intrigué par cette objet unique, et lorsque je fus suffisamment prêt pour en discerner chaque détail, je pus m'émerveiller devant la beauté de ce cristal. Celui-ci était teinté d'une douce couleur verte claire, avec en son centre un éclair jaune. … Hein ? Un éclair jaune.

— Euh... Kishki... C'est une pierre foudre.

Il acquiesça, tout souriant.

— C'est ça. Ma sœur disait toujours que c'était son corps, puisque ça lui permettrait un jour d'évoluer. Bon, c'est pas vraiment son cœur, mais voilà, quoi.

Je... n'en revenais pas ? En fait je ne savais pas trop quoi penser. D'un côté j'étais rassuré, mais quand je me disais que tout ça avait commencé juste à cause d'une simple pierre foudre... Bref, le plus important était qu'il ait retrouvé son truc, et qu'il aille bien.

— Tu vas pouvoir te battre ? me demanda le Pichu.

— Pas tout de suite, répondis-je. Là, si je peux bouger normalement, c'est grâce au Green Boost. Autrement, je serais immobilisé au sol par mes blessures. Ensuite, la cicatrice dégueulasse que tu vois sur mon ventre, c'était un bout de fer coincé. J'ai réussi à cautériser la plaie avec une braise qui m'a fait atrocement souffrir, mais ça peut à tout moment se rouvrir. De plus, dessous c'est un peu blessé, faut pas oublier. Je pense avoir évité l'hémorragie interne, mais bon. Ça m'embêterait de me prendre un coup de poing de l'espace dessus.

— Ah oui, je t'ai entendu crier ! Dis-donc, ça a du faire mal.

— ... Plutôt, oui.

Je soupirai. Cette pile m'exaspérait, vraiment. Enfin, au moins il avait l'air en pleine forme. Oui, il avait l'air, jusqu'à ce qu'il tombe au sol, se retenant de ses petits bras. Je me précipitai alors vers lui, mais une douleur fulgurante à l'abdomen me ralentit.

— Ç...Ça va ? m'exclamai-je.

— O...Oui... Ça ira... le Thunder Big Bang m'a juste épuisé au possible, et je ressens encore cette fatigue...

Le quoi ? Ah, ce devait être certainement le nom de son combo démentiel. Plutôt stylé. Ça m'étonnait, d'ailleurs, car le connaissant, il aurait pu choisir un nom ridicule. Je pensais également à autre chose : cela faisait deux semaines que nous nous côtoyons, et jamais nous ne nous étions appelés « amis ». Après tout, ce genre de choses ne se disait pas ainsi, et nous étions dans un monde gouverné par l'égoïsme, la violence et le pouvoir, alors ce genre de sentiments devaient être de trop.

— Ils... Ils ont un garde-manger, plus loin... On pourrait prendre quelques baies... ? Des baies oran, je me souviens qu'il y en avait...

— Très bien, allons-y, dans ce cas-l...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'une forme inconnue tomba du plafond pour s'écraser violemment au sol, avec une telle énergie que même les morceaux de béton sursautèrent. La créature qui venait de tomber, je la reconnaissais. Ce n'était autre que Colossaps, le chef des FéroGuerriers. Et je pouvais lire dans ses yeux une émotion dominante : la colère. Les mots de Lufasa me revinrent en tête. Le sentiment fort du Colossinge, c'était justement la colère.