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Freeze de Eliii



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Informations

» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 29/07/2016 à 11:45
» Dernière mise à jour le 29/07/2016 à 12:23

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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033 - Réminiscences de la rue
Treize ans plus tôt.

Les rues de Volucité étaient, pour une fois, plutôt calmes. Et pour cause, il s'agissait de la période de vacances la plus prisée des citadins, qui s'en allaient vers l'est de la région, se dorer sous le soleil de Vaguelone, tout en se laissant bercer par le doux clapotis des vagues sur le rivage. On pouvait entendre quelques voitures, mais l'habituel claquement des chaussures de ville sur le béton, caractéristique des innombrables employés de bureau qui se pressaient d'un même pas jusqu'à leur bureau, était quasiment absent. Un soleil de plomb régnait sur la ville, et l'on était à l'abri que dans les ruelles relativement sombres.

Cela, la jeune fille, âgée d'une quinzaine d'années, l'avait bien compris. Ses cheveux blonds étaient en grande partie parsemés de mèches bleues. Bien qu'elle ne disposât pas de beaucoup d'argent et qu'elle fût contrainte de vivre dans la rue, elle avait tenu à se teindre les cheveux de cette couleur qu'elle aimait tant. Ses yeux verts brillaient d'intelligence et de malice, chose rare chez les enfants de la rue, à Volucité, qui avaient tendance à avoir cet éclat de haine dans leur regard. Haine probablement dirigée contre les riches et les puissants, à défaut de pouvoir l'être sur autre chose. Habillée d'un simple t-shirt noir sous une chemise à carreaux, d'un jean légèrement écorché par endroits, et de vieilles baskets, elle avait une apparence plutôt garçonne, tout en restant assez féminine et plutôt jolie.

Elle traînait, comme à son habitude, dans la Rue Etroite. Naturellement, beaucoup de rues étroites étaient disséminées dans la capitale, mais celle-ci se caractérisait par son café, lieu à l'ambiance bon enfant où des musiciens venaient souvent jouer en échange de quelques billets. Elle aussi, elle aurait aimé disposer d'un talent pour jouer de la musique. Elle avait trouvé, quelques jours plus tôt, une vieille guitare fonctionnant encore, mais n'ayant aucune connaissance en la matière, elle s'était contentée de la donner à un ami musicien, qui lui avait gracieusement offert un repas et dix pokédollars, reconnaissant.

Comme beaucoup de jeunes personnes sans abri, l'adolescente avait développé un certain talent dans le vol ; elle était parfaitement capable de faire les poches de quelqu'un sans se faire remarquer, et même si cela arrivait, elle était suffisamment rapide pour s'échapper en courant, ne laissant aucune chance à son poursuivant. Mais si elle avait véritablement une passion, c'était l'électronique. Un jeune scientifique qu'elle connaissait, inventeur autoproclamé qui n'avait pas trouvé de travail autre qu'un petit boulot après la fin de ses études, la logeait de temps à autre, quand l'argent ne manquait pas trop, et lui avait appris bon nombre de choses concernant la réparation et l'entretien d'appareils électroniques. Elle adorait les ordinateurs, et selon le jeune homme, elle serait capable d'en pirater un dans peu de temps ; la jeune fille apprenait vite.

Elle s'arrêta à la sortie de la ruelle, qui donnait sur une large avenue, et s'adossa au mur pour déguster les barres de céréales qui constituaient son déjeuner. Alors qu'elle avait à peine entamé la première, elle vit une forme rose passer à toute allure à côté d'elle, frôlant sa jambe et la faisant perdre l'équilibre. Bientôt, un jeune homme apparut à sa suite, mais s'arrêta net en voyant l'adolescente à terre. Il s'approcha d'elle et lui tendit la main, qu'elle prit, rougissant légèrement gênée.

En observant celui qui lui venait en aide, elle s'étonna. Il semblait issu d'une famille riche, avec son costume impeccable et ses cheveux parfaitement peignés. Ses yeux noisette ne trahissaient que de la sympathie. Il ne semblait pas âgé de plus de vingt ans.

"Qu'est-ce qu'un richard comme toi fait dans le coin ? questionna-t-elle.
- Je me promenais avec Skitty, mais sans que je ne sache pourquoi, il s'est enfui..."

La jeune fille se souvint brusquement de la cause de sa chute.

"C'est sûrement ton Skitty qui m'a fait tomber, j'ai vu un truc rose passer à toute vitesse... viens, allons le chercher avant qu'il soit totalement perdu !
- Mais... ce n'est pas dangereux, les ruelles, comme ça ?
- T'es en sécurité avec moi, je connais la ville comme ma poche. Allez, suis-moi !"

Le jeune homme hocha la tête et suivit l'adolescente à travers un dédale de rues. Il n'avait pas l'habitude de courir, mais il tint bon sans se plaindre, tandis qu'elle semblait bouger avec une facilité déconcertante.

"J'ai entendu un bruit par là-bas, ça mène à un cul de sac..."

Elle accéléra, au grand dam du jeune homme qui n'appréciait décidément pas l'exercice physique. Finalement, ils arrivèrent dans une impasse. Skitty se trouvait contre le mur, acculé par un homme trapu armé d'un couteau.

"Allez, sale bête, laisse-toi faire, que je revende ta fourrure à prix d'or...
- Laissez Skitty tranquille !" geignit le jeune homme en rejoignant son Pokémon, ignorant le type au couteau.

Profitant de la diversion, l'adolescente saisit une barre de fer qui traînait là, l'empoigna à deux mains, et asséna un coup puissant dans la nuque de l'homme, qui lâcha son couteau, puis s'écroula tête la première au sol, inconscient. Le jeune homme prit Skitty dans ses bras, et remercia chaleureusement la jeune fille. Elle lui tendit sa main après avoir lâché son arme de fortune.

"Moi, c'est Liz. Liz Bradley.
- Oh... Sander Dowell. Merci encore... fouille dans la poche de ma veste, et prends l'argent que j'ai sur moi, pour te remercier."

Malgré le fait qu'elle n'appréciât pas la charité, elle sentait que refuser cet argent peinerait Sander. Aussi s'exécuta-t-elle, retirant les billets du portefeuille. Elle les compta, mais lorsqu'elle releva les yeux, il s'en était déjà allé.

"Mais... y'a au moins deux mille pokédollars, là-dedans !"

Liz soupira et se promit, si elle le revoyait un jour, de rembourser ce jeune homme. Autant d'argent, ce n'était pas raisonnable, pour le peu qu'elle avait fait.

"Sander Dowell, hein... j'espère qu'on se reverra."



x x x

Liz se réveilla avec une étrange impression. Elle se frotta les yeux, jeta un rapide coup d'œil au réveil de l'hôtel, qui indiquait six heures, puis se leva. La jeune femme s'étira longuement, tout en réfléchissant au rêve qu'elle venait de faire ; ou plutôt, à la situation qu'elle venait de revivre dans son sommeil. Treize ans plus tôt, elle avait fait la rencontre de ce jeune homme riche, Sander, et ne l'avait plus revu depuis. Evidemment, elle nourrissait toujours l'espoir de le retrouver pour lui rembourser deux mille pokédollars — somme qu'elle transportait en toute circonstance dans sa poche.

Pourquoi avait-elle fait ce rêve, précisément ? Elle n'en savait rien, et doutait que cela soit un quelconque rêve prétendument prémonitoire. Elle ne croyait pas à ce genre de choses. Les derniers événements l'avaient un peu secouée. Ethan avait quitté le groupe pour rester avec sa femme ; évidemment, c'était la meilleure chose à faire. Il ne ferait que se mettre en danger, s'il restait avec eux, à cause de son inquiétude pour elle. L'hôtel dans lequel ils s'étaient arrêtés, situé sur la route 9, juste à côté du centre commercial R9, le plus prisé d'Unys, n'était pas spécialement confortable, mais il s'agissait du seul dans les environs, alors ils s'en contenteraient.

Les membres du groupe restaient beaucoup plus silencieux, depuis cette séparation, qui les avaient affectés plus que ce qu'ils pensaient au début. Les conversations entre Walter et Oniglali — bien que personne d'autre ne comprenait ce que le Pokémon pouvait bien dire — étaient la seule animation, ces temps-ci, puisque le voleur le sortait aussi souvent qu'avant.

Deux heures plus tard, Liz quitta sa chambre pour rejoindre le restaurant de l'hôtel. Walter et Will y étaient déjà attablés, et avaient commandé des croissants et du café. En revanche, aucune trace de Linda, alors que d'habitude, elle se levait aussi tôt que les autres. La jeune femme releva ce détail, mais ne s'en préoccupa pas ; après tout, la blonde devait être épuisée, après tous ces événements.

"Salut les mecs... soupira-t-elle, en se laissant lourdement tomber sur l'une des chaises placées autour de la table.
- Salut, femme, répliqua Walter sur le même ton, ayant visiblement passé une mauvaise nuit.
- Linda n'est toujours pas levée..." ajouta Will, l'air légèrement inquiet.

Après leur maigre petit-déjeuner, ils se dirigèrent vers la chambre de Linda, bien décidés à savoir pourquoi elle n'en sortait pas. Liz frappa à la porte, mais ne reçut aucune réponse, même après avoir réitéré l'action. Intriguée, elle saisit la poignée, et put constater que la porte n'était pas verrouillée. A l'intérieur de la chambre, rien ne semblait anormal. Le lit était fait, les rideaux tirés, mais la fenêtre était entrouverte. Etant donné que la pièce se trouvait au premier étage, un intrus aurait pu y entrer d'une manière ou d'une autre, et en ressortir sans trop de dégâts.

"Putain, elle a disparu ! s'étonna le voleur en regardant aux alentours. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
- Attends, quoi ? Disparu ?"

Will se laissa tomber sur le lit, abasourdi. Sa sœur jumelle était introuvable, et ce ne pouvait qu'être un coup du Juge et de sa petite armée de tueurs. Liz farfouillait partout, et trouva un morceau de papier dans le tiroir supérieur de la table de chevet. Elle le lut à voix haute.

"Votre amie va bien, mais pour combien de temps ? Venez, on va bien s'amuser."

Walter, dubitatif, ricana.

"Y'a que dans les films que ce genre de conneries arrivent ! Et puis, comment on retrouve ce gros malin qui l'a enlevée ?
- Attends, y'a des coordonnées GPS en bas..."

Sans plus attendre, la jeune femme quitta la pièce pour aller récupérer son ordinateur portable, dans sa propre chambre. Elle fit quelques recherches, et trouva le lieu correspondant en vision satellite.

"Oh... c'est le vieux manoir près d'Arpentières, soupira Will.
- Le truc hanté, là ? Cool, j'ai toujours rêvé de voir des fantômes en vrai !
- Walter... grommela Liz en lui donnant un léger coup dans le bras.
- C'est bon, c'est bon, je me tais ! Qu'est-ce qu'on attend pour aller retrouver miss potiche ?"

Le blond leva les yeux au ciel, mais ne répliqua rien. Malgré ce qu'il pouvait en dire, le voleur était tout de même très attaché à Linda, et derrière ses airs désinvoltes et stupides, il s'inquiétait pour elle.


x x x

A des kilomètres de là, non loin d'Arpentières, une petite ville bâtie à côté d'un volcan, se trouvait une grande demeure de pierre, ancienne de plusieurs siècles. Le jardin, qui était auparavant magnifique, ne comportait plus que des herbes folles couvertes de cendre volcanique. Quelques Fantominus et Spectrum rôdaient autour de la bâtisse, et venaient parfois même à l'intérieur.

Le bâtiment n'était pas en mauvais état, mais la couche de poussière qui recouvrait chaque meuble avait de quoi impressionner ; à peine passait-on un doigt sur une étagère, qu'on finissait inévitablement par tousser à cause de tout cet amas de saleté. Dans l'une des pièces de l'étage, une jeune femme blonde, ligotée sur une chaise, dans le noir le plus total, attendait, angoissée.

"Ne vous en faites pas, je ne vous ferai aucun mal, mademoiselle."

Linda sursauta, faisant bouger la chaise sur laquelle elle était assise. Elle plissa les yeux, et put discerner une silhouette qui s'approchait. Un homme, vu la voix, quoi qu'elle fût assez aiguë, mais bien masculine. Le son de ses chaussures contre le plancher résonnait dans le vide de la pièce. Il se rapprochait, encore plus, elle le sentait.

"N'ayez pas peur. Je vous assure que vous ne souffrirez pas."

La jeune femme aurait voulu le croire. Son timbre de voix se voulait rassurant et aimable, mais dans l'état actuel des choses, elle ne pouvait se fier à rien ni personne. Elle était tout de même ligotée, et on ne ligote pas quelqu'un avec des intentions louables en tête. Lorsque l'homme se fut suffisamment approché, elle put l'observer. Bien habillé, relativement jeune, probablement trente ans, l'air sympathique. Néanmoins, elle se méfiait toujours. Elle amorça un vif mouvement de recul en voyant l'aiguille qu'il tenait dans sa main gauche. Une tige de fer longue et pointue.

"V-vous... qu'est-ce que...
- Eh là, il n'y a pas lieu de vous inquiéter. Je ne vous ferai pas subir de lobotomie transorbitale, ni rien de ce genre là. C'est juste un sédatif.
- Loboto... quoi ?!
- Détendez-vous, Linda, d'accord ?"

La blonde se raidit. Une vague de froid la fit trembler sur sa chaise. Les liens qui l'enserraient ne tarderaient pas à lui brûler la peau des bras.

"Comment connaissez-vous mon nom ?"

Elle n'entendit pas sa réponse, quoi qu'elle ne fût pas certaine qu'il lui en donnât une. Elle sentit ses paupières lourdes et ses yeux se fermer. Tout s'estompa autour d'elle.

"Je suis désolé, mais les ordres sont les ordres, jolie demoiselle", soupira Sander.