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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 29/07/2016 à 10:22
» Dernière mise à jour le 29/07/2016 à 16:34

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 14-Fin du chapitre III : Sous la lumière des étoiles.
Azorn

Affienns, désolé ; j'étais tellement désolé. Je t'avais trahi, j'avais détruit ta vie. Et désormais, par ma faute, et entièrement par ma faute, tu avais perdu la raison.

— Stalhblume.

La Mysdibule qui s'apprêtait à s'élancer s'arrêta brusquement et me lança un regard terrifiant.

— … quoi ? cracha t-elle. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, la situation est quelque peu urgente.
— Reste en retrait. Je suis le meneur de la Confrérie, c'est à moi de corriger nos erreurs.
— Et pourquoi je t'obéirais ?
— Parce que je te le demande.

Je plongeais mon regard dans celui de ma bornée d'interlocutrice. Nous restâmes quelques secondes comme cela, quelques secondes où je lui communiquais toute ma détermination de ce simple échange.

— … très bien, soupira t-elle finalement. Mais ne compte pas sur moi pour vous sauver si les choses tournent mal.
— Je n'y comptais pas.

Stalhblume recula, faisait signe à ses compagnons de se mettre eux aussi en retrait. J'étais heureux qu'elle me comprenait.

— Virchen, Gloria, Snowleis, tonnai-je. Il faut mettre mettre notre fierté de côté et regarder les choses en face. Nous nous sommes fait avoir en beauté et nous avons fait du mal autour de nous. Regardez dans l'état où se trouve Affienns ; c'est entièrement de notre faute. Mes amis, membres de la Confrérie, je vous en conjure, prêtez moi votre force. Seul, je suis impuissant, mais ensemble, l'espoir renaît.

Je m'avançai vers Affienns, Virchen se plaça à mes côtés ; Snowleis et Gloria se regardèrent, encore hésitantes.

— Affienns est l'un des nôtres ! m'écriai-je. S'il est en danger, il est de notre devoir de le sauver ! Gloria ! Snowleis ! Je sais que votre cœur est encore embrumé, mais arrêtez de penser à Grand-Frère. Pouvez-vous réellement restez de marbre devant les souffrances d'un ami ? Notre Confrérie a t-elle si peu de sens à vos yeux ?!
— …
— …

Je sentais qu'elles commençaient à comprendre. Cependant, dans son état de rage, Affienns n'était pas disposé à nous attendre. Tant pis, nous commencerons l'affrontement sans elles.

Honnêtement, mes grands discours n'étaient que décorations. Le combat contre Stalhblume et la Roussil m'avait épuisé, sans compter que mon corps avait énormément souffert lorsque Dunkel en avait prit possession. C'était à peine si je pouvais esquiver les assauts fulgurants de mon vieil ami.

Heureusement, je pouvais compter sur Virchen, toujours frais comme un gardon. Lorsque je le voyais se battre, je me rendais compte à quel point j'étais passé à côté de ce qui m'entourait. Pendant ces 40 ans, je n'avais pensé qu'à Grand-Frère, je ne jurais que par lui. Tout le reste était sans importance. Pour dire, je ne m'étais même pas rendu compte que Virchen avait évolué.

Dans ma tête, c'était encore un petit Kungfouine impétueux ; pourtant, mes yeux me montraient un tout autre spectacle. Ce n'était plus un petit Pokémon ; son style autrefois impulsif m'éblouissait désormais par son élégante touche acrobatique. Rien n'était laissé au hasard. Chaque coup était calculé avec précision, l'énergie qu'il déployait était parfaitement contrôlé, aucun gaspillage.

Je ne le reconnaissais plus. Non seulement il était devenu plus sage, mais il avait aussi appris à maîtriser parfaitement sa force. Je me sentais incroyablement stupide de ne pas m'en être rendu compte plus tôt ; et je me disais son ami, pathétique.

… maintenant que l’influence de Dunkel avait disparu, je me rendais également compte que Gloria avait aussi évolué en une belle Roserade. Avant notre rencontre avec le Précieux, c'était son vœu le plus cher. Elle rêvait par dessus tout de trouver une Pierre Éclat... normalement, nous aurions du fêter son évolution en grande pompe. Cependant, nous étions tellement obnubilés par Dunkel que cet événement qui aurait dû être merveilleux avait été effacé dans les ténèbres de l'oubli.

Jamais je ne le lui pardonnerai pour nous avoir volé autant de bons moments, et surtout, jamais je ne me pardonnerais à moi-même pour n'avoir su ouvrir les yeux.

— … !

Cependant, ce n'était peut-être pas le bon moment pour ressasser mon amertume. Affienns était hors de contrôle et ne manquait pas de le faire savoir. Mais il n'y avait pas que ça, Dunkel l'avait lié à nous quatre. Comme nous, il pouvait aussi « puiser » dans notre force et user de nos pouvoirs. Sauf que dans son état, il n'avait absolument aucune retenue sur cette nouvelle puissance.


____________________

Virchen

 Affienns avait toujours été mon rival. Nous possédions deux personnalités opposées, deux forces égales ; il ne pouvait en être autrement. Je l'avais affronté plusieurs fois et le résultat avait toujours été le même : match nul à répétition.

Même si ça faisait bien longtemps que je n'avais pas croiser le fer avec lui, je le connaissais suffisamment pour prédire ses mouvements avec précisions. Et puis, ce n'était pas comme si je venais de le revoir. Après tout, j'étais celui qui était censé le retrouver après sa fuite et le ramener à la Confrérie.

J'avais rapidement pister sa trace – je me répète mais je le connaissais par cœur, il ne pouvait pas m'échapper. Cependant, contrairement aux autres, l'influence de Grand-Frère était faible chez moi ; il paraîtrait que ce fut grâce à mon type Combat. J'avais la chance de pouvoir lui désobéir et de garder mon libre arbitre.

Évidement, je pointais de temps en temps à la Confrérie, faisant croire à ma servilité, mais la plupart du temps, j’espionnais Affienns, vérifiant qu'il n'avait besoin de rien. Je le protégeais aussi ; plusieurs Pokémon revêches qui avaient voulu envahir Herz à l'époque furent bien surpris de tomber sur mes fouets !

Enfin, je n'étais pas parfait. Quand ce fichu Carchacrok avait attaqué le village, j'étais ici, dans cette montagne à faire des courbette à Dunkel. Et lorsque je fus revenu, c'était trop tard. J'avais tenté de prendre le dragon en embuscade un soir, mais il m'avait éclaté ; le pouvoir que lui conférait l'Orbe était tout bonnement monstrueux. J'avais encore du mal à comprendre comment est-ce que Stalhblume avait fait pour le vaincre, et seule qui plus est.

J'esquivai in extremis un rocher qui manqua de m'écraser le crâne. Oups, je devais rapidement me remettre dans l’ambiance du combat si je ne voulais pas finir en pièces détachées.

De base, Affienns n'était pas un adversaire à prendre à la légère, mais avec nos quatre pouvoirs déchaînés c'était tout bonnement démentiel. Ses deux queues formaient des énormes Poings-Glace qu'il mitraillait sans effort ; d'épaisses lianes sortaient de ses petits bras, transformant ces deux membres normalement inoffensifs en fouet aussi redoutable que les miens ; sans oublier son œil rouge, émanant d'une terrible et oppressante aura ténébreuse, qui me paralysait une longue seconde lorsque j'avais le malheur de le croiser.

Mais j'étais également très fort moi aussi, et contrairement à Affienns, mon esprit était encore clair. Il avait beau être surpuissant, ses mouvements n'étaient que force brute, et donc facile à anticiper. Pour quelqu'un comme moi qui avait un style de combat baser sur la finesse et les coups acrobatiques, je parvenais sans mal à éviter les assauts mortels de mon ami d'enfance.

Malgré tout, je n'arrivais pas à lui infliger des coups déterminants, par manque d'occasion certes, mais aussi par manque de volonté. Je ne pouvais me résoudre à frapper sérieusement ce Pokémon que j'avais protégé durant presque toute ma vie.

— Affienns ! tentai-je en désespoir de cause. Bon sang, ressaisis-toi !
— …

Aucune réponse ; au moins j'aurais essayé. C'était comme si j'affrontais un automate. Je n'avais plus le choix, si je voulais que mes paroles ne l'atteignissent il fallait qu'il fût hors d'état de nuire.

— Tss ! pestai-je. Quoi qu'il puisse se passer, ne m'en tiens pas rigueur !

Je fis briller mes fouets de poils, prenant appui, je m'élevai dans les airs, et d'un agile salto avant, j'inondais mon ami d'Aurasphères. Rapidement, je me retournai tête vers le sol et pris un second appui sur le plafond, si puissant qu'un petit cratère s'y creusa. Je fauchai instantanément Affienns en plein ventre, avant d’immédiatement disparaître d'un Demi-Tour parfaitement exécuté.

Arrivé à deux mètres de distance, je me retournai d'un salto arrière, envoyant directement une Aurasphère sur mon adversaire. Profitant du momentum, j'usais d'un large Rebond pour disparaître de sa vue, évitant au passage les deux fouets végétaux enragés qu'avait instinctivement lancé Affienns.

Si l'expérience m'avait appris quelque chose, c'était de ne rien faire instinctivement. C'était le meilleur moyen de faire une erreur, et cela ne manqua pas. Je saisi littéralement ma chance. Je retournai furtivement à ma place précédente et j'empoignais férocement les deux lianes reliées au bras d'Affienns, le tirant vers moi.

Immobilisé, ce dernier tenta de se libérer, opposant une force contraire à la mienne, mais je tenais bon. Sa puissance dépassait largement la mienne, mais c'était sans compter ma détermination. Et surtout, je n'étais pas seul.

— Azorn, maintenant !
— Compris !

Notre meneur surgit furieusement derrière moi, son immense corne de glace en avant. Il percuta violemment le torse d'Affienns, qui alla brutalement percuter le mur dans un fracas assourdissant ; Azorn s’effondra.

— Gnn... j'ai un peu trop forcé..., geignit il.
— Repose-toi, lui lançai-je en m'élançant vers Affienns.

Mon ami ne bougeait plus, toujours encastré dans le mur. Même s'il avait dû tout donner, Azorn avait fait du bon boulot.

— Alors ça y est ? sifflai-je. On s'est calmé ?

L'expérience m'avait aussi appris une autre chose ; il ne fallait jamais baisser sa garde. Chose que je venais stupidement de faire. Affienns ouvrit brusquement son œil écarlate, une immense pression pétrifia soudain mes muscles.

— … !!

Deux énormes Poings-Glace me percutèrent bestialement tels des uppercuts  ; je n'eus même pas le temps d'atteindre le plafond que le vieux singe fondit sur moi, et écrasa ses cruels poings sur mon crâne, me propulsant férocement au sol.

Sa puissance était tout simplement phénoménale ; le paysage devint blanc. Impossible de me rétablir, Affienns enchaînait ses assauts enragés. Hahaha... j'allais donc mourir comme ça ? C'était complètement idiot. Dunkel venait d'être vaincu, la Confrérie était enfin libéré, et moi, j'allais mourir. J'avais bien choisi mon moment !

— Virchen !


____________________

Snowleis

 J'invoquais en catastrophe une ténébreuse main de glace qui empoigna Virchen juste avant qu'Affienns ne pût lui asséner le coup fatal. Ce n'était pas passé loin !

— Je prends le relais, annonçai-je en le plaçant délicatement dans un coin.

Non. Je ne pouvais plus rester les bras croisés. Il était temps que ma grande personne intervînt sur scène !
Restant le plus loin possible, je bombardais Affienns de Tranch'Herbe gelées, tout en le maintenant à distance grâce aux larges mains de glace que je pouvais invoquer n'importe où.

Ma technique était simple : l'avoir à distance. Et lorsqu'il se rapprochait trop dangereusement, je créais un mini-portail dimensionnel pour me retrouver de l'autre côté de la pièce. Simple et efficace ; digne de moi en somme !

Car oui, je devais rester digne. Grand-Frère s'était joué de nous. Je devais mettre ma fierté de côté et me l'admettre, c'était encore difficile. C'était pourtant la vérité, après tout, lui-même avait avoué que nous n'étions que des pions dans son plan égoïste.

Il n'y avait aucun doute ; malgré tout, il y avait encore une part de moi qui espérait que tout cela ne soit d'un affreux cauchemar. C'était tout bonnement irréaliste, comment avais-je pu passer 40 ans de ma vie dans l'erreur, et sans jamais m'en rendre compte ?

Dans les deux cas, j'étais coincées. Soit j'acceptais la vérité et j'admettais m'être fait bêtement avoir par Grand-Frère, soit je refusais la vérité et je continuais volontairement à me voiler la face. Bref, quoi que je choisissais, j'étais le Cadoizo de la farce. Je n'aimais pas cette situation, oh non. S'il y avait vraiment une chose que j'abhorrais, c'était que l'on touchât à ma fierté. Et quand on touchait à ma fierté, il fallait fuir loin. Très loin.

— Yaaah !!

Canalisant ma colère, je matérialisais une main de glace trois fois plus grande que d'habitude qui s'écrasa impitoyablement sur Affienns. Bon, dans l'histoire il n'y était pour rien, mais il allait quand même servir de bouc émissaire à ma rage !

Affienns brisa la main d'un coup de queue, et n'attendit pas une seconde pour foncer sur moi. Si peu de classe, il m'avait habituée à mieux. D'un geste de bras, j'invoquai un portail dimensionnel ; le vieux singe s'y fit aspirer, avant de se faire recracher par un autre qui apparut dans l'autre sens. Il fut si surpris qu'il n'arriva même pas à s'arrêter lorsqu'il vit le mur se rapprocher dangereusement de lui ; le choc fut rude.

— Et encore une fois, souris-je, la magnifique Snowleis démontre sa...... qu... !!

Brusquement, une vive douleur me saisi. Deux longues lianes me transperçaient le dos. Je ne pris pas longtemps à comprendre. Ce vieux singe avait lui aussi invoqué un portail, et alors que je pensais qu'il était hors d'état de nuire, il s'était téléporté juste derrière-moi. Hahaha, si je pouvais, j'en rirais au éclat. Je m'étais fait avoir sur mon propre terrain.

Soudain, des fleurs se mire à éclore sur les lianes. Pas n'importe quelles fleurs, celles-là, je les reconnaîtrais entre mille. C'était des Lilith, une nouvelle espèce que Gloria avait créée en conjuguant ses pouvoirs à ceux d'Azorn. En résumé, c'était une version amplifiée des Vampigraines, à la seule différence que les Lilith étaient bien plus foudroyantes.

Je pouvais sentir leurs racines pénétrer mon corps spectral et absorber une quantité monstre de mon énergie vitale. Tss ! Si je n'étais pas déjà épuisée à cause de mon combat contre la petite tête surpuissante, j'aurais pu me dégager de là sans effort !

— … ce n'est pas très élégant de voler les techniques des autres.


____________________

Gloria

  D'un simple geste, je lançai des fulgurantes Feuillmagik qui libérèrent Snowleis.

Lorsque je vis Affienns invoquer mes Lilith, ma sève ne fit qu'un tour. Ah non, c'était une technique qui m'avait prise de nombreuses années avant d'être maîtrisée ! Même si je l'aimais bien, je n'allais pas laisser Affienns me la copier sans rien dire !

… je disais ça, mais je cherchais surtout une bonne excuse pour me lancer dans la bataille. Azorn avait raison sur toute la ligne, Affienns était notre ami, notre frère même. S'il était en danger, il fallait tout faire pour le sauver. Même si ce « tout » signifiait lui donner une petite raclée ; ne disait-on pas que qui aime bien châtie bien ?

En tout cas, vu comment il nous châtiait à présent, Affienns devait sacrément nous aimer. Maintenant qu'il avait appris à maîtriser les portails dimensionnels de Snowleis, il était mille fois plus redoutable. Disparaissant et réapparaissant à volonté, personne n'était à l'abri de ses énormes Poings-Glace.

Snowleis tirait sa force du combat à distance, elle était donc totalement dépassée par les événements. Comment empêcher le contact avec un adversaire pouvant se téléporter en un claquement de doigts ? Snowleis elle-même ne pouvait invoquer les portails aussi rapidement.

Par chance, je n'étais pas aussi phobique du combat rapproché. J'étendis mes roses, et d'un coup, de longues lame de glaces en émergèrent. Je m'élançai vers Affienns. Poings contre lames, je n'avais normalement rien à craindre.

Nous échangeâmes des coups pendant de longues secondes, chaque impact faisait vibrer la moindre de mes fibres. Je peinais à l'admettre, mais la force brute d'Affienns dépassait largement ma force subtile et élégante. Bientôt, je fus forcée d'éviter ses assauts plutôt que de les bloquer avec mes lames, sous peine de m'écrouler sous l'impact.

— …

… mais qu'est-ce que je racontais ? La force brute surpassant l'élégante et la subtilité ? N'importe quoi. Cela ne pouvait être. J’expirai doucement, tentant de me calmer malgré la situation urgente.

Un poing aussi lourd qu'une masse s'approcha durement. Je l'esquivai d'une feuille et je profitai du moment pour lacérer légèrement sa peau. Je ne laissais pas la réussite m'enivrer ; Affienns ignora la douleur et multiplia les coups de poings sauvages. Je ne pouvais pas reculer.

Nonobstant tout danger, je plongeai dans cette tornade de coups infernale. Étais-je suicidaire ? Non, juste confiante. Cela se jouait à la micro-seconde près. J'évitais chacun des poings, l'un après l'autre, sans effectuer le moindre mouvement de repli. J'avançai, j'avançai toujours.

Enfin, j'arrivais à quelques millimètres du visage de mon ami. Je lui sortis mon sourire le plus élégant. Mes deux lames tournoyèrent ; Affienns poussa un cri de douleur.

Mais alors que je pensais la victoire acquise, Affienns poussa un hurlement terrible. Soudain, je sentis mes forces se faire drainer. Encore les Lilith ? Non, je ne voyais aucune rose...

— … !

Non, c'était encore plus pernicieux. Je le sentais. Azorn, Snowleis, Virchen et moi partagions tous la même source d'énergie ; nous étions liés. C'était pour cela que je pouvais user de la Glace de Snowleis et qu'elle pouvait utiliser ma puissance végétale.

Désormais, Affienns était aussi relié à notre réservoir d'énergie. Ce qui lui donnait la possibilité de le drainer jusqu'à plus soif. Pour faire simple, il était en train d'absorber la totalité de notre puissance dans son propre corps !


____________________

Azorn

 Nous nous jetâmes tous un coup d’œil inquiet. Ce qu'Affienns était en train de faire n'échappait à personne. Et s'il réussissait... non, cela aussi, ça n'échappait à personne.

— Azorn ! s'écria Virchen.
— Je sais ! hurlai-je.

Je le savais ! Mais que pouvais-je y faire ? Je sentais mes forces s’évanouir petit à petit, des forces qui partaient galvaniser Affienns. Un terrifiant cyclone ténébreux, végétal et glacial s'était mis à tourbillonner autour de lui.
Gloria tenta de s'y forcer un passage ; elle fut proprement et simplement balayer.

— Un problème ? me lança sarcastiquement Stalhblume.
— … je n'ai pas le temps de répondre à votre cynisme, crachai-je.
— Et moi j'en ai assez d'attendre que vous refroidissiez Affienns. A quatre contre un, vous galérez encore ?

Elle avait parfaitement le droit de se moquer de nous. Nous nous targuons d'être invincibles lorsque nous étions ensemble, mais finalement, ce n'était que du vent.
Stalhblume soupira.

— Je ne peux pas croire que ce spectacle pitoyable soit le maximum de votre force.
— …. et pourtant...
— Silence, me coupa t-elle sèchement. Je vous ai bien observé. Vous n'avez fait qu'utiliser le pouvoir que vous a accordé Dunkel. Je vous le demande, êtes-vous bien sérieux ? Ce type n'a fait que vous trahir, et vous vous raccrocher encore à lui. Vous n'êtes que des imbéciles.
— …
— Si vous voulez vraiment être intelligent, cessez de compter sur Dunkel. Comptez sur vous-même, sur la force qui vous unie réellement. Dunkel vous a lié artificiellement avec ces Ténèbres, mais votre lien, votre véritable lien, doit être bien plus profond et naturel que cela. A moins bien sûr que toute cette histoire de Confrérie ne soit que du pipeau.
— Notre... véritable lien ?

Encore une fois, cette fichue mâchoire sur patte avait raison. Dunkel était la cause de tout, alors pourquoi est-ce nous continuions encore à compter sur lui ? Il y a 40 ans, nous avions été lié par Dunkel. Mais était-ce la vraiment la vérité ? N'étions nous pas déjà lié ? Toutes ces années passées ensembles, à rire, à souffrir, à creuser cette montagne ! Étais-ce du temps perdu ? Rien que de l'air ?

Je fermai les yeux. Affienns continuait à drainer notre énergie ; non, pas notre énergie, l'énergie que nous avait confié Dunkel.

Je plongeai au plus profond de moi-même. L’impétueux Virchen. La théâtrale Snowleis. L'élégante Gloria. L'innocent Affienns. La Confrérie. Ils y étaient tous, quelque part dans mon cœur. Ils me berçaient d'une lumière pure et éclatante ; une lumière que j'avais ignorée au profit des tentatrices Ténèbres de Dunkel.
Mais désormais, Dunkel faisait parti d'un passé résolu. Ses ténèbres ne m'atteignaient plus.

— AAAAH !

Dans un profond hurlement, je laissai cette intense lumière m'enivrer. A l'image d'Affienns, une aura phénoménale émana de mon corps. Je sentis la fourrure de mes pattes se métamorphoser. L'une se recouvrit d'une luxuriante verdure, une autre d'une mordante glace éternelle, la troisième rayonna d'une vigoureuse teinte combative, tandis que la dernière s'illumina de sagesse.
Le reste de mon corps se recouvrit de ténèbres. Pas des ténèbres violentes, égoïstes ou même malfaisantes. Non, c'était des ténèbres apaisantes, nobles, braves ; mes ténèbres.

— Affienns, murmurai-je. Ne t'inquiète pas, ton cauchemar est bientôt terminé.

D'un coup, comme une flèche impériale, je fusai vers mon vieil ami. Affienns dû voir le danger, puisqu'il s'élança lui aussi, fulgurant. L'impact de notre rencontre provoqua une onde de choc époustouflante qui illumina furieusement le champ de bataille.

— Je... ne perdrais pas !! hurlai-je.

Poussant dans mes dernières limites, mon aura tripla d'intensité. Je sentais le corps d'Affienns se faire repousser, mais il continuait cependant à me résister.

J’étais dans mes limites les plus absolues, et je n'arrivais toujours pas à vaincre les ténèbres de Dunkel. Et alors ? Si mes limites ne suffisaient pas, je n'avais qu'à les transcender.

— AAAAAAAH !!!

Mon aura déferlait si rageusement que je pouvais la sentir consumer ma chair. Ma douleur était bien réelle, j'avais l'impression qu'un volcan entrait en éruption dans mon propre corps, je n'aurais pas été étonné d'apprendre que certain des mes organes fussent en train d'exploser. Mais je ne m'arrêtais pas. Cette douleur physique, elle n'était rien face à toute la souffrance que j'avais forcée sur mes camarades ! Elle n'était rien face à l'immensité de mon péché !

— AAAFFIEEENNSS !!

Soudain, de flèche, je passais à missile. Mon corps s'éleva du sol, emportant Affienns avec lui comme s'il s'agissait d'une brindille. Nous heurtâmes le plafond, sans pourtant nous y arrêter. La roche n'était rien face à ma détermination.

« Ce rocher représente les innombrables obstacles qui nous attendent. Regardez comme il est solide, même avec ma force, j'ai à peine réussi à y creuser une éraflure. Pourtant, je vais continuer, encore et encore, oui, je vais me blesser, je vais souffrir, mais cela ne me fait pas peur. Car je veux dompter ce rocher, je veux dompter ma vie. »

Une sourire se dessina sur mes lèvres. Tiens, c'était bien le moment d'avoir des réminiscences du passé.
… oui, ces phrases emplies de naïvetés et d'espoirs, c'était bien moi qui les avaient prononcées, haut et fort, il y a 45 ans, devant ce rocher titanesque que nous rêvions de transformer de nos propres forces.

« Nous le voulons tous, n'est-ce pas ? Alors, je vous demande une faveur : ce rocher, domptons le ensemble. Tous ensemble, en unissant nos forces, domptons notre vie ensemble ! et un jour ce que vous voyez comme un simple rocher deviendra notre plus belle fierté ! »

Affienns et moi continuâmes à traverser la roche. Strates après strates, nous continuâmes de nous élever, encore et toujours plus haut. Partant des abysses les plus profondes de la caverne, de l'enfer de l'ignorance, des ténèbres du passé...

« Aujourd'hui, partons de rien, acharnons nous dessus, creusons-y un tunnel. Un tunnel sombre, obscur, redoutable. un tunnel qui demain, nous mènera... »

— … jusqu'au sommet, sous la lumière des étoiles !

Nous sortîmes enfin de la roche. Aussi incroyable que cela pût paraître, de l'air frais envahit mes poumons. J'étais... dehors ? Ha...hahaha ! J'avais vraiment... percé la roche, jusqu'au sommet ?! Pourtant, je ne pouvais qu'y croire. Le ciel nocturne m'était témoin, scintillant de milliards d'étoiles d'espoir.

Je m'écroulai, totalement épuisé. Du sang se déversait en quantité affolante de chacune de mes innombrables blessures.

— Az...orn... ?

Cependant, une simple voix dispersa d'un seul coup tout mon martyr. Je ne pus me retenir de pouffer.

— Haha... tu es vraiment un sacrée numéro, Affienns. Alors il aura fallu te faire traverser une montagne entière pour que te reprennes tes esprits ?!
— … je... ah....
— A moins que tu ne te souviennes de rien ? voulus-je savoir.

J'entendis mon ami réfléchir ; la fraîcheur de la nuit m'apaisait.

— Si, souffla t-il finalement, je m'en souviens. Snowleis m'avait kidnappé, je me suis réveillé attaché dans cette caverne avec cet individu se faisait appeler « Grand-Frère ». Il m'a insufflé ses ténèbres oppressantes...et puis... je ne sais plus trop... j'avais l'impression de ne plus rien contrôler... alors s'était ça qui vous avait fait perdre la tête...
— Grand-Frère a été vaincu, l'annonçai-je. Tu peux remercier Stalhblume.
— Stalhblume ?! s'exclama brutalement Affienns. Elle est ici ?!
— Oui, difficile de la rater ! ricanai-je. Et si je puis me permettre, tu devrais mieux choisir tes amis, celle-là n'a pas l'air très fréquentable !
— Haha... oui, elle n'est pas facile à cerner. Mais je suis certain qu'elle a un bon fond... probablement.

Après un léger silence, nous éclatâmes tous les deux de rires. Depuis quand est-ce que nous n'avions pas ri comme cela, ensemble ?

— Je suis heureux de te revoir, Azorn, déclara brusquement Affienns d'un ton solennel.
— Moi aussi, soufflai-je.

Encore un moment de flottement ; je me sentais de plus en plus léger.

— Alors c'est terminé, reprit mon vieil ami. Si tu peux me parler comme cela, j'imagine que toute cette histoire de « Grand-Frère », de pouvoirs liés et compagnie, n'est plus.
— … désolé, geignis-je. C'était de ma faute. Il y a 40 ans, alors que nous étions tous heureux, alors que le futur nous tendait ses bras accueillants, j'ai tout gâché.
— Cela ne te ressemble pas d'être aussi négatif.

Le ton de reproche d'Affienns me fit tressaillir.

— Ce qui est arrivé est arrivé, continua t-il. Je ne sais toujours pas les circonstances exactes de l'incident de 40 ans mais... je sais qu'au fond de toi, tu ne pensais qu'à notre bien. Tu as toujours été comme ça, Azorn. Ta gentillesse et ton abnégation étaient à la fois ta plus grande force et ta plus grande faiblesse. C'est pour cela que je le sais, tu n'as jamais voulu nous faire du mal. Je mentirais si je dirais que je n'ai pas souffert lorsque j'ai été obligé de prendre la fuite et de me cacher pendant ses longues années. Cependant, jamais au grand jamais je n'ai perdu foi en toi. Je savais qu'un jour tu retrouverais la raison, car tu es un bon Pokémon, Azorn ; ta nature même repousse le mal.

A chacun des mots qu'alignait Affienns, je sentais l'émotion monter en moi. Il... il avait toujours cru en moi ? Moi ? L'imbécile qui n'avait pas été capable de résister à la tentation des ténèbres ? Ma culpabilité n'en fut que plus grande. Comment avais-je pu délaisser un tel ami ?!

— Haha... tu es aussi facile à lire qu'un libre d'images ouvert ! ricana Affienns. Je t'en conjure, arrête de te mutiler l'esprit. Le cauchemar est terminé. Tu sais, il y a 40 ans, tu as peut-être refuser le futur, mais lui, il ne t'as jamais tourné le dos. Le futur ne t'abandonne jamais, quelque soit tes erreurs, quelque soit tes crimes, il t'attendra toujours. Regarde, je suis sûr que tu peux encore les voir, ses deux bras rayonnant d'espoir, qui ne demandent qu'à être saisis.
— Mon... futur...

Avais-je encore un futur ? Après ses longues années sous la coupe de Dunkel, je n'y pensais plus. Quand j'y repensais, j'avais été immensément stupide. Dunkel m'avait promis une grande puissance. Mais pour en faire quoi ? Quel était l'intérêt d'une telle force s'il fallait sacrifier tout le reste ?

— Hé, expirai-je. Désolé de changer de sujet mais, sais-tu où nous sommes ?
— … pas vraiment, non. Je peux voir les étoiles et sentir le vent...
— Nous sommes au sommet du rocher. Le rocher colossal dans lequel nous avions construit notre base.
— … sérieusement ?
— Difficile à croire, hein ? riais-je. Mais je ne te mens pas. Ce rocher représentait les obstacles de notre vie, en promettant de le percer jusqu'au sommet, c'était une manière de nous promettre de ne jamais succomber à l'adversité.
— Oui, je m'en souviens, nous avions vraiment cru que tu étais devenu fou à l'époque.
— Et vous l'étiez tout autant, vu que vous m'aviez suivi.

Encore une fois, nous rîmes à l'unisson ; le mien se perdit à travers le ciel.

— Quand j'étais jeune, poursuivis-je, mon rêve était d'atteindre ce sommet. Grand-Frère – enfin Dunkel –, m'avait écarté de ce rêve. Et regarde moi maintenant, j'y suis. Je suis au sommet du rocher.
— Que veux-tu dire par là ?
— … tu te trompes sur un point Affienns. Le futur ne me tend plus les bras, parce que je les ai déjà saisis, au moment même où je suis monté ici.
— Azorn...
— Dis Affienns, tu me pardonnes ? Tout le mal que je t'ai fait...que j'ai fais à tous...
— Qu'est-ce que tu racontes encore, soupira t-il. Bien sûr que je te pardonne, je ne t'en ai jamais voulu.
— … merveilleux...

Je sentais l'air se refroidir, la douleur s’évanouir.

— Alors c'est parfait, murmurai-je paisiblement. Je n'ai plus aucun regret. J'ai atteint mon rêve d'enfance, et j'ai pu relier avec chacun de mes amis. Rien ne pouvait me rendre plus heureux.
— A-Azorn ? paniqua Affienns. Arrête ! Tu parles comme si...
— … comme si j'allais mourir ? terminai-je à sa place. Haha... c'est un miracle si je suis encore en vie.

Je me relevai délicatement, dévoilant le lac de sang qui continuait de couler de mon abdomen.

— Azorn ! I-Il faut te soigner !
— C'est déjà trop tard mon ami. Je suis vraiment heureux d'avoir pu te retrouver.
— N-Non ! Ne parle plus ! I-Il faut trouver un médecin ! Ah ! Patch ! Est-ce que Patch est ici ?!

Je m'avançais de quelque pas, m'approchant de mon ami d'enfance. Je secouai doucement la tête.

— C'est fini. J'ai atteint le sommet de la montagne, le sommet de ma vie. J'ai tout donné pour cela, je n'ai plus rien à accomplir.
— Bien sur que si ! s'affola Affienns. Comment peux-tu dire ça, alors que nous venons à peine de nous retrouver ?!
— … effectivement, tu as raison, il me reste une chose à faire.
— T-Tu vois ! Tu ne peux pas...
— Affienns ! tonnai-je.

Mon vieil ami se stoppa net, me fixant de ses yeux fébriles et humides.

— Moi, Azorn, meneur de la Confrérie, te reconnais comme étant mon successeur !
— M-Mais... !
— Maintenant va ! Puisses-tu faire résonner son glorieux nom à travers tout Iræ !
— Azorn... je...
— J'ai confiance en toi, Affienns, lui souris-je. Je sais qu'avec toi, notre mémoire perdura à jamais. Je ne te demande qu'une chose... ne fait pas les mêmes erreurs que moi. Ne perds jamais la vue sur tes objectifs... ne laisse rien n'y personne changer ta route...
— N-Ne dis pas ça ! Et... je... je ne suis pas comme toi, Azorn ! Je suis loin d'avoir des rêves et des objectifs aussi grand que toi !
— Ce n'est pas vrai mon ami, tu as déjà le plus merveilleux... des objectifs...

Je ricanai faiblement ; un peu de sang sortit de ma bouche.

— … celui de vivre...

A bout de force, je laissai mon corps tomber sur mon successeur. Je le sentis qui me prit dans ses bras ; ses chaudes larmes coulaient sur ma fourrure.

Je levai les yeux au ciel, les souvenirs des ces années passées avec chacun de mes amis m'envahirent. Virchen, Snowleis, Gloria, et Affienns..., encore une fois, désolé de vous avoir entraîné dans mon cauchemar. Mais je savais que vous parviendriez à retrouver le bon chemin, avec ou sans moi.

Pour moi, c'était ici que ça se finissait. C'était ici que cela devait se finir. Au sommet de ma vie, sous la lumière des étoiles...