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No Human's Land : Vers un Avenir Meilleur de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 28/07/2016 à 01:32
» Dernière mise à jour le 02/08/2016 à 12:35

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Humour   Science fiction

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Ch. 02 : Un début de progression
Nous étions cachés dans les fourrés, et je m'efforçais, depuis une demi-heure, de secouer le Pichu, afin qu'il reprenne ses esprits. S'il pouvait encore marcher, voir et parler, il avait cependant dû être maltraité lorsqu'il était prisonnier des FéroGuerriers. Quant à moi, je venais d'insulter et de menacer leur chef. Certes, nous étions tirés d'affaire, mais j'avais peut-être un peu trop exagéré. Moi, le battre ? Je soupirai. Il y a des limites à ne pas franchir, je crois. Mon acolyte finit par revenir à lui, toujours un peu chamboulé.

— L...L'Arcko ? fit-il d'une toute petite voix. On est où ?

Je ne pus m'empêcher de sourire. Cela faisait longtemps. Très longtemps.

— On est dehors. On a réussi à s'échapper des FéroGuerriers.

Il ne comprit pas très bien, et réfléchit quelques instants à ce que je venais de lui annoncer. Une minute plus tard – c'est dire à quel point il était troublé –, il saisit le message.

— C'est... C'est vrai ?!

Je hochai la tête. A vrai dire, j'y croyais moi-même à peine. Notre chance, je dirais, a été de tomber sur une faction peu organisée, en dépit de sa prétendue force. Nous avions également eu la chance de nous retrouver dans un petit immeuble avec un seul groupe. Je dis bien petit, car dix étages, même dans une ville moyenne comme ex-Lavandia, ce n'est pas grand chose. Juste avant de disparaître, les humains semblaient s'être développés incroyablement, et même les minuscules villes possédaient des bâtiments d'une trentaine d'étages. Le monde s'était recouvert de gratte-ciels, et les Pokémon en profitaient.

Ils ont pris tout ce qu'ils trouvaient. Les « voitures » par exemple, ces caisses d'acier pouvant transporter les humains, leur ont servi comme barricades ou comme matériaux. L'énergie de leur civilisation a elle aussi disparu. Selon mon père, ils s'en servaient pour s'éclairer, pour faire avancer leurs véhicules, pour se divertir, pour cuisiner... Il ne reste rien de ça. Tout a été réquisitionné pour les factions.

— On doit y retourner.

Ainsi, il ne reste plus que des vestiges, dans un monde que l'on pourrait qualifier de post-apoca... Hein ?

— On doit y retourner, insista le Pichu.

— Mais pourquoi faire ? fis-je, interloqué. On est sortis, c'est pas pour y revenir ! Tu tiens vraiment à mourir, ou c'est ta cleptomanie qui prend le dessus ?

— J'y peux rien, quand ils m'ont emprisonné, ils m'ont pris mon porte-bonheur. Je ne peux pas vivre sans lui !

Je n'en croyais pas mes oreilles. il n'aurait pas pu le dire avant, ou le prendre au passage ?

— Mais... Si c'est juste un porte-bonheur, tu peux en retrouver un autre... Puis ça marche pas trop, ces trucs-là.

— Non, je ne peux pas ! C'est un fragment du cœur de ma sœur cristallisé, je n'en retrouverai pas.

J'écarquillai les yeux. Un fragment du cœur de sa sœur ? Décédée, je suppose. Enfin, ça ne m'étonnait pas, dans ce monde. Mais surtout...

— Pourquoi tu... tu possèdes un truc comme ça ? Je veux dire, il devait certainement être très bien là où il était, ce cœur...

Je sentais l'embrouille venir. Enfin, plus je lui posais de questions, et plus j'étais convaincu que son histoire avait quelque chose de sordide... Une intuition.

— J...Je ne peux pas le dire, mais c'est très important pour moi ! Il faut qu'on y aille.

C'était aussi bien. Je pense que je ne voulais pas entendre ce qu'il avait à me dire. Cependant, je soupirai.

— Je vais te faire un topo de la situation, lui dis-je. Nous avons foncé dans la base des FéroGuerriers, en avons blessé plusieurs, avons percuté leur chef, et avant de nous enfuir, j'ai eu la présence d'esprit de l'insulter et le menacer. Nous devrions faire face à des dizaines de Férosinges, menés par un Colossinge plutôt furieux. Comment tu penses qu'on pourrait y arriver ? En plus de ça, je sais juste utiliser mes jambes pour me propulser assez vite, et toi lancer un éclair, qui les étourdit une demi-minute en leur grillant les poils. Avec un tel arsenal, même à vingt on n'aurait aucune chance.

Il m'écouta entièrement, puis baissa la tête, visiblement peiné. Sa mine m'attristait. Je m'approchai donc pour lui poser une main sur la tête, quand...

— On doit quand même le faire !! hurla-t-il, me décollant les tympans.

— Chuuuuuuuuut ! lui murmurai-je.

Nous étions certes cachés, mais pas hors de portée d'attaques. Il se masqua la bouche avec les mains, et nous restâmes ainsi immobiles, espérant que personne ne se montre.

— Au fait, comment tu t'appelles ? lui demandai-je finalement.

— Kishki. Et toi ?

— Zalen. Et... ton porte-bonheur, là... penses-tu qu'ils le garderaient ?

Une lueur s'alluma dans ses yeux. Visiblement, je lui avais donné une bonne idée. J'espérais que ça nous aide, et qu'il ne hurle pas une seconde fois, car nous serions très certainement repérés. Il sembla réfléchir quelques instants à ce que je venais de lui dire, bougeant sa tête et ses petits membres dans tous les sens, puis se retourna vivement vers moi, me faisant presque sursauter.

— Mais bien sûr ! Je leur ai dit que c'était la chose la plus importante à mes yeux ! Et ces Pokémon, ce sont des fiers, donc tant qu'ils ne m'auront pas attrapé, ils ne seront pas tranquilles. Ils vont donc précieusement le garder, dans l'espoir que je vienne le récupérer. Et même si ce n'est pas le cas, ils ne peuvent le vendre à personne, et le jeter ne leur servirait à rien. Ça constitue un trésor pour eux.

— Donc tu proposes qu'on se jette en plein dans leur piège ? Je ne pense pas que ce soit une très très bonne idée.

— Non, mais du coup, on peut en profiter pour s'entraîner !!

— S'en quoi ?

Ce mot n'était visiblement pas dans mon dictionnaire. Le jour où je m'entraînerai... Qui plus est, où le faire ? Ici, chaque endroit était potentiellement un danger ! Il n'y avait pas de place pour l'entraînement, seuls les forts survivaient. Les faibles, quant à eux, étaient destinés à mourir. Je me relevai, et lui tournant le dos, commençai à m'en aller.

— Désolé Kishki, fis-je, mais ce genre d'histoires, ce n'est pas pour moi. Je préfère continuer à marcher seul.

— Pour aller où ? me demanda-t-il.

Je m'arrêtai.

— Eh bien... Sur cette île, où tous les Pokémon sont unis...

Bien que je ne pouvais le voir, il secoua la tête.

— Ça n'existe pas, dit-il. Et ça n'existera jamais. Tu peux toujours essayer d'en « créer » une, mais une utopie, ce n'est pas réel. Ça naît de l'imaginaire des gens.

Je lui refis face.

— Et comment ? Dans ce monde, toutes les créatures sont mes ennemies !

— Non, pas toutes. Regarde, suis-je ton ennemi ? Si les rôles étaient inversés, toi aussi, tu ne le serais pas. Et il y en a d'autres, comme nous, qui luttent pour survivre. Alors oui, tu trouveras peut-être une île, mais sans personne. Certes, tu ne risqueras pas d'être tué, mais à la place, tu mourras seul, sans personne. Est-ce mieux que de se donner à fond pour sauver qui on peut ?

— C'est... C'est ce que tu penses vraiment ?

Il acquiesça. Ça me faisait mal de l'admettre, mais le Pichu avait raison. Ce que je cherchais, cette île mystérieuse, ce n'était que ma faiblesse, ma lâcheté. Je voulais partir loin de tout, ignorer les demandes d'aide des autres... J'étais même prêt à m'enfuir, laissant Kishki seul pour récupérer son porte-bonheur mystérieux. Au final, cette île n'existait pas, et n'existerait jamais. Qu'est ce que je valais vraiment, bon sang ?! Il me manquait énormément de force, certes, mais également et surtout de la volonté. Voyant ma déroute, la Minisouris me donna un petit coup dans le ventre – amicalement, hein. Surpris, je le regardai.

— T'inquiète, dit-il. Maintenant, on est partenaires !

Il m'étonnait vraiment. Comment pouvait-il trouver la force de dire de telles choses, alors qu'il était lui-même confronté à la dureté de ce monde ? Comme s'il lisait dans mes pensées, ou qu'il me comprenait à la perfection, il continua.

— Si on ne se donne pas d'espoirs, de raisons d'exister, alors on est foutus. Au mieux on finira comme ces brutes, au pire on perdra toute envie de vivre. Si tu en viens à te demander ça, c'est que tu devais l'avoir perdue, cette envie de vivre, non ?

Je hochai la tête en signe d'approbation. Il avait parfaitement raison. Il sourit.

— Donc comme je disais, on est partenaires, Zalen ! Maintenant, allons-nous entraîner dans un coin calme, et revenons pour exploser ces enfoirés, et récupérer mon pendentif !

— Tu veux les exploser ?! m'écriai-je presque.

— Bah oui, répondit-il tout naïvement. Après tout, c'est bien toi qui l'a dit, non ?

Note à moi même : peser le pour et le contre avant de menacer un chef de faction coriace. Je soupirai. Je n'avais donc pas le choix ? J'allais devoir « m'entraîner » ? Et qu'est ce que ce Pichu voulait m'apprendre ? Si encore j'avais eu un professeur, éventuellement j'aurais pu peut-être en tirer quelque chose. Mais là...

— Bon, tu veux t'entraîner où ? fis-je, exaspéré.

— Un peu plus de volonté ! m'encouragea-t-il. J'hésite entre les montagnes et le désert. Il nous faut un endroit où on pourrait tomber sur personne.

Le désert ? Les montagnes ? Au moins, les deux étaient à égales distances. Toutefois, hors de question de me taper plusieurs jours de marche. Certes, je marchais depuis que j'existais, je ne m'arrêtais jamais, mais si Kishki voulait changer quelque chose à ma vie, alors que j'arrête de marcher.

— Et si on restait en ville ? proposai-je.

C'était certainement ce qu'on avait de mieux à faire. En tout cas, me concernant, c'était hors de question que j'aille jusque dans le désert, ou me perdre dans les montagnes, là où je ne serais pas dans mon élément. J'étais aussi bien en ville, caché dans une ruelle suffisamment sombre pour que l'on ne me voit pas. Soudain, une idée me vint.

— Je sais ! m'exclamai-je. Et si on essayait de s'emparer de l'arène ?

Ma proposition le stupéfia. J'espérais qu'il dise non, au fond de moi. Il réfléchit longuement... puis sourit.

— Oui ! C'est une super idée ! Si ça se trouve, les Pokémon s'y trouvant ne sont pas si coriaces que ça. On doit être discret, toutefois, puisqu'elle se trouve juste à côté de l'immeuble des FéroGuerriers.

J'acquiesçai. En effet, un faux pas et ils nous tomberaient de nouveau dessus. Mais ma plus grande crainte était qu'une puissante faction aie le contrôle de l'arène. Cependant, le Colossinge avait bien stipulé qu'ils étaient, selon lui, la plus puissante du quartier. Parlait-il objectivement, néanmoins ? J'en doute fort. Mais l'arène était une bonne idée, puisque ses fenêtres se trouvaient en hauteur, et ne pouvaient pas laisser passer de Pokémon trop gros. Qui plus est, les vitres étaient encore en place, devant être blindées. C'était de loin le bâtiment le moins endommagé de la ville, en excluant le centre commercial. Toutefois, c'était peut-être un peu... grand ? Enfin, tout dépendait de l'intérieur.

Nous planifiâmes un plan, et décidâmes d'attendre la tombée de la nuit pour attaquer. C'était le plus sage à faire, et jouant sur l'obscurité ainsi que l'horaire, nous prendrions nos ennemis par surprise. Certes, ce n'était pas la manière de faire la plus héroïque, mais c'était la seule que nous avions à notre disposition.

Cinq heures plus tard, après nous être suffisamment reposés – le minimum en tout cas –, nous nous approchâmes de l'entrée du bâtiment jaune. L'un des éclairs de décoration était tombé depuis longtemps, et la peinture s'écaillait par endroits. Malgré tout, la résistance de l'arène était incroyable, comparée aux autres immeubles. La porte y menant était coulissante, toute simple. Cela convenait à la perfection. Un autre détail avait attiré notre attention : d'étranges prises électriques collées aux murs. Simple décoration, ou moyen d'alimentation du bâtiment ? A vrai dire, si Kishki avait eu suffisamment de puissance, il aurait pu tenter « d'électrocuter » le bâtiment entier, et bien évidemment ses occupants. Cependant, ce n'était pas le cas, et nous devions oublier cette hypothèse. Un petit boîtier était encastré dans le mur, près de la porte. C'était là certainement un moyen de l'ouvrir. La seule solution, pour le déclencher, était de le recharger en électricité. Certainement que la faction à l'intérieur devait donc compter des membres de type électrique.

La petite boîte était trop haute pour le Pichu, je le pris donc sur mes épaules, cachés par l'obscurité et les quelques feuillages. Il y avait une fente, certainement utile pour passer une carte, ou quelque objet de ce type. Si l'actuel maître des lieux l'avait sur lui, nous serions bien avantagés.

— Au fait, Kishki, lui chuchota-je. Lorsque nous devrons combattre, ne te retiens pas. Même si nous les tuons, c'est nécessaire.

Il hocha la tête, concentré dans son travail. Il tenta de glisser sa queue dans l'interstice, mais je voyais bien qu'il avait du mal. Cependant, je n'étais pas dans la possibilité de l'aider... En fait, c'est plutôt moi qui aurait eu besoin d'aide, sachant que mon dos commençait à me faire souffrir. Oui, porter deux kilos, c'est lourd. Très lourd. J'entendis un petit :

— Ça y est !

Finalement, la porte s'ouvrit silencieusement. Kishki descendit de son promontoire et partit se placer de l'autre côté de l'ouverture. Doucement et prudemment, nous jetâmes un coup d’œil à l'intérieur, pour n'y voir que de l'obscurité. Je m'y attendais un peu, et c'était tout aussi bien ; je n'espérais pas voir surgir la mystérieuse faction pour nous faire une surprise. Ou pour nous tuer. Je réfléchis un instant. Si ma mémoire ne me trompait pas, c'était un vassal qui occupait les lieux. Un petit, cependant, et... Soudain, j'eus une illumination. Je fis signe à la Minisouris de vite se rapprocher de moi. Roulant au sol, il s'exécuta, et me rejoignit.

— Je sais pourquoi les FéroGuerriers ne l'ont pas attaquée ! L'arène est un point intéressant, alors je ne comprenais pas, mais c'est évident ! Puisque la faction occupant les lieux est vassale à l'un des Cardinaux, par extension, les autres, qui doivent être indépendants, n'osent pas l'attaquer. Enfin, ça me paraît logique.

Il hocha la tête rapidement, convaincu par mon explication.

— Donc on va pouvoir les éclater facilement ? fit-il.

J'hésitai. Prudence est mère de sûreté.

— Je ne parierai pas là dessus, répondis-je. Nous sommes tout de même inexpérimentés, alors mieux vaut ne pas foncer dans le tas, et établir un plan d'attaque.

Au moins, à défaut d'avoir appris à me battre, je savais réfléchir. Je n'étais donc pas totalement perdu dans ce monde. Kishki acquiesça et reprit sa place, dans une magnifique roulade arrière, parfaitement bien exécutée. Ce Pokémon m'impressionnait, avec toutes ses figures « acrobatiques ». Bref, nous nous penchâmes donc de nouveau vers l'obscurité du bâtiment. Ce vide me donnait la chair de poule. Mais au moins, ça voulait dire qu'ils dormaient. Nous décidâmes d'entrer, prudemment. Nous avancions côte à côte, en même temps.

Je mis un premier pas devant moi, et ne sentis rien. Rien du tout, pas de sol ni rien. Je tournai la tête avant de tomber, et je vis que mon partenaire quant à lui, venait d'y sauter à pieds joints. Je maudis sa stupidité. Réprimant un cri, nous tombâmes dans le puits. Deux mètres plus bas, nous nous relevâmes, secoués, mais en vie et en forme. Je me tournai vers Kishki, mais j'avais oublié un détail : nous étions dans le noir total. Ainsi, je n'avais aucune idée d'où nous nous trouvions, et si, par un malheureux coup du hasard, nous étions entourés d'ennemis.

J'hésitai à avancer, comme un gouffre pourrait avoir été construit juste autour de nous. Le Pichu fit naître quelques étincelles de ses joues, et s'en servit pour éclairer légèrement le sol. Bonne idée, je n'y avais pas pensé ! Je m'approchai de lui, et nous poursuivîmes lentement notre route, n'ayant aucune idée d'où aller. Nous venions de débarquer en terrain ennemi, et nous avancions maintenant à l'aveugle, quasiment. L'infiltration était réussie, mais ensuite ? Et bien ensuite...

— Halte-là ! s'écria une voix forte, virile.

Des projecteurs accrochés au plafond nous éblouirent. Pendant quelques instants, je ne vis que du blanc, mais peu à peu, je pus discerner le décor et les éléments se trouvant autour de moi. Nous étions dans une grande salle, haute d'une dizaine de mètres, dont les murs étaient peints en jaunes. Le long de ceux-ci étaient accrochées des plate-formes en métal, et quant à nous, nous étions face à une sorte de terrain en terre. J'en déduis que les plaques de métal contre les murs servent de gradins.

— Ne bougez plus ! continua l'inconnu.

Confirmant mon hypothèse, je parvins finalement à apercevoir des formes sur les gradins. Des Pokémon, sans nul doute. Celui qui avait pris la parole sauta sur le terrain, et s'avança vers nous. Il s'agissait d'un Luxray.

— Que venez-vous faire ici ? demanda-t-il. Je doute que vous apparteniez à une faction, pour venir à deux, mais vous pénétrez tout de même une propriété privée.

Il était intimidant, c'était certain. A côté de lui, nous faisions pâle figure. En fait, c'est tout juste si je parvenais à soutenir son regard inquisiteur. Ce Pokémon était infiniment plus impressionnant que Colossaps. Il dégageait une telle sensation de force... Pouvait-il réellement être moins fort que l'autre ? J'avais du mal à le concevoir.

Je me tournai vers mon partenaire, mais il n'avait pas l'air de vouloir parler. En fait, il comptait plutôt sur moi pour le faire. Je soupirai intérieurement ; c'était bien ma veine, ça. Je devais me montrer assuré, mais j'avais juste un souci : que dire ? « Bonjour, nous sommes venus prendre votre base, mais notre opération a échoué, du coup on est emmerdés. Bisous. » ? Non, il fallait être inventif, et courageux.

— Alors ? fit-il, haussant la voix.

Je frissonnai et sursauta presque. Comment pouvais-je être courageux face à ça ? Je n'osais même pas m'imaginer face à l'un des Dieux, je serais sûrement mort de peur. Littéralement. Bref, il fallait que je trouve quelque chose à lui dire. Mais quoi ? Bon sang...

— S'il vous plaît ! fit la petite voix à côté de moi.

Surpris, je me retournai, et vit Kishki agenouillé par terre, prêt à supplier le Luxray. Qu'allait-il lui demander ? De nous offrir gentiment sa base ?

— S'il vous plaît, entraînez-nous. Nous avons besoin d'être plus forts, mais seuls, nous en sommes incapables. Vous ne devez pas être des monstres pour ne pas encore nous avoir tués, alors s'il vous plaît, aidez-nous.

Je n'en revenais pas. Il avait raison, mais comment pouvait-il ravaler sa fierté, au point de se mettre à genoux devant un autre ? Était-ce à cause de sa faiblesse ? Dans ce monde, seuls les forts avaient le droit de se tenir debout ? Trop de questions auxquelles je ne pouvais répondre.

Le Luxray nous observa de la tête aux pieds, puis réfléchit quelques instants, avant de se retourner, et de marcher paisiblement dans l'autre sens.

— Golcab, dit-il. Descends là.

Sur ces mots il sauta dans les gradins, et prenant sa suite, un Elekable tomba au sol, soulevant un nuage de poussière.

— Vous me demandez de l'aide, donc ? dit le Pokémon Brilloeil. Ma réponse dépendra de vos prouesses. Essayez de résister à ce combattant, et je verrai. Golcab, bats-toi comme pour les tuer.

Mon sang se glaça dans mes veines. Il était sérieux ?! Je tournai la tête vers Kishki, qui semblait dans le même état de panique que moi. Face à nous, cable-man s'échauffa en faisant jaillir quelques éclairs de ses mains. J'étais convaincu qu'un seul d'entre eux devait avoir la même puissance que ceux de la Minisouris.

— Désolé les gamins, mais votre route pourrait bien s'arrêter ici. J'espère que vous n'y voyez pas d'inconvénients, fit le Luxray.

Non bien sûr, aucun problème. Ah si, un, peut-être : JE NE VEUX PAS MOURIR ! Comment le lui faire comprendre ? Je crois qu'il n'y a aucun moyen. Ne prenant pas le temps de discuter davantage, le dénommé Golcab tourna les hanches, formant dans sa main droite une lance de foudre. Analysant sa position, je compris qu'il allait nous la lancer. Ça ne m'aidait pas trop, toutefois, car il faudrait encore l'éviter. Puis j'eus une idée.

— Kishki ! Tu peux absorber son électricité pour la renvoyer ?!

— Je peux essayer, en tout cas. Je risque la surcharge, mais c'est une idée !

— Alors place-toi derrière moi et prends son javelot de plein fouet !

— Q... Hein ?

Je ne lui laissai pas le temps de répondre et roulai plutôt devant lui, attendant le projectile mortel. Lorsque celui-ci fut chargé, l'Elekable le lança vers nous de toute sa force, crépitant de toutes parts. Mes sens étaient à leur maximum, j'avais l'impression que le temps s'écoulait plus lentement. D'un petit saut, j'esquivai l'attaque, qui fila vers le Pichu. Celui-ci se délesta de toute sa propre électricité, et absorba ce qu'il pouvait du projectile. De l'autre côté, cependant, l'assaut n'était pas fini. Dans chacune de ses mains, Golcab faisait naître les mêmes javelots que le premier. Pas le temps d'y réfléchir, il fallait agir. Je saisis Kishki par les pattes, ignorant la décharge que je m'infligeais, et le lançai de toutes mes forces vers l'adversaire.

— Balance la sauce et prépare-toi aux prochains !! lui criai-je.

Il s'exécuta, et un fabuleux éclair jaillit de son corps, pour heurter le Foudrélec. Je profitai de cet instant de confusion pour me propulser jusqu'à lui, poussant de toutes mes forces sur mes jambes, et le percutai dans le thorax. C'était une bonne idée, mais j'oubliai un point : une créature de cinq kilos, ça ne faisait pas beaucoup de dégâts dans une montagne de muscles lourde de cent quarante kilos. D'un rapide coup d’œil, je vis la lance de foudre se rapprocher de moi. Si je me la prenais, j'étais mort, c'était certain. De l'autre côté, la Minisouris se vidait de toute sa charge électrique pour subir un deuxième assaut.

Tout cela ne nous menait à rien, nous ne lui faisions pas le moindre dégât. Soudain, à notre surprise, Golcab écrasa ses deux projectiles sur le corps de Kishki qui, ne pouvant le supporter, grilla. L'Elekable le prit dans sa main et le jeta au loin. Je ne perdis pas de temps et je m'écartai de mon adversaire, mettant plusieurs mètres de distance entre nous. Je tournai la tête vers mon partenaire, au sol. Il était inconscient, et pas pour dix secondes, lui. Je m'en doutais, après tout. Nous n'avions aucune chance de gagner contre ce type. Alors que faire, maintenant ? Seul avec mes ridicules propulsions, j'avais encore moins de chances.

Je me tournai de nouveau vers mon adversaire. Celui-ci joignit ses mains devant lui, créant une épaisse sphère de foudre. Lorsqu'il les écarta, celle-ci se sépara en deux autres de même taille. Bon sang... Qu'allait-il faire, maintenant ? Je sentis comme une douce brise me caresser le visage. Étrange. Le vent venait vers lui, comme s'il l'attirait. C'était à n'y rien comprendre, comme nous étions dans un bâtiment presque entièrement fermé.

Je compris. Ses deux sphères attiraient toute chose à elles. Je fonçai vers le Pichu, et l'attrapai comme je pus, afin qu'il ne se retrouve pas emporté lui aussi. Je n'osai imaginer ce qui arriverait si l'on se retrouvait happé dans ce vortex... Même ayant saisi mon partenaire, il n'y avait rien que je pouvais faire pour rester à ma place. Je n'avais aucune prise, absolument rien pour m'aider. Un caillou jonchant le terrain s'envola lui aussi, et au contact de la sphère, se désintégra. J'en eus froid dans le dos, m'imaginant être cette pierre.

Plus que deux mètres nous séparant. Je sentais déjà l'électricité m'engourdissant les pieds, et la panique monter. L'autre lui avait bien dit de nous tuer, non ?! Si je peux me permettre de le dire : c'est la merde. Vraiment. Un mètre. Je fixai désespérément la terrifiante boule jaune, n'étant plus en mesure de bouger. Que pouvais-je faire ?! Rien, comme toujours ?!

— Golcab, ça suffit !

Les deux sphères disparurent alors. Quant à moi, j'étais sous le choc. D'une parce que j'avais failli mourir – même si je n'avais plus vraiment de raison d'avoir peur de ça – et de deux parce que je ne comprenais pas. Pourquoi l'avoir arrêté.

Le Luxray bondit vers nous. Enfin vers moi plutôt, comme Kishki était toujours dans le DreamWorld.

— En effet, vous n'êtes pas très fort. Vous n'avez même pas réussi à érafler Golcab. Alors pourquoi ai-je l'envie de vous aider ? Avez-vous une seule particularité, en dehors du fait que vous vous entraidez ? Aucune. Vous êtes communs. Alors je vais te le dire, jeune Arcko. Vous êtes deux Pokémon errant dans un monde dévasté par la guerre. Je ne sais pas par quel miracle vous avez pu survivre jusque là, mais tu peux me croire, j'en ai vu des centaines d'autres disparaître, pendant ces vingt dernières années. Aujourd'hui, je ne sais pas si vous êtes parmi les derniers à être sans faction, mais c'est rare de voir des Pokémon survivre seuls. Ai-je une seule bonne raison de vous laisser tomber ? Non. Même si vous mourez demain, je peux bien faire un geste. Bien entendu, vous me le revaudrez un jour ou l'autre.

— Euh... Merci, répondis-je troublé.

— Je m'appelle Lufasa, A partir de cet instant, je vous apprendrai les rudiments du combats. Ne va pas croire que tout se passe comme dans un rêve. J'exige de vous la plus grande assiduité, et évidemment, viendra un jour où vous me redevrez tout ça. Qui sait, vous pourriez peut-être intégrer notre faction afin de grandir nos rangs.

Désolé, mais ce n'était pas possible. Jamais je ne rejoindrai de factions. Plutôt crever. Mais ça, je ne vais pas lui dire tout de suite, car ce serait vraiment dommage de gâcher « tous » nos efforts.

— E...Enchanté, Z...Zalen...

Certes, il n'avait pas l'air aussi brutal que les FéroGuerriers, mais je ne me faisais pas d'idées. Ce Lufasa, ainsi que sa faction, tous deux étaient mes ennemis. Je crois avoir pris une décision. Celle de leur faire regretter leurs actes, quel qu'en soit le prix à payer.