Partie 10 - C : Un choix forcé.
Cassis
Je voyais dans les yeux de ce Absol qu'il était incroyablement déterminé. Il ne lâcherait rien. Il avait ce regard des fanatiques prêt à donner leur vie. J'aurais aimé en savoir plus sur lui, ses motivations, ce qu'il comptait faire exactement avec Affienns, mais il n'était pas disposé répondre à mes interrogations. Tant pis, une fois qu'il sera au sol, il sera bien obligé de délier sa langue.
— Morflam, lui lançai-je, tu me couvres ?
— …. euh, oui oui !
Notre formation était parfaite ; moi au front et Morflam en soutient, Azorn n'avait aucune chance. Je ne devais cependant pas le sous-estimer, la moindre erreur pourrait nous être fatale.
— Je me nomme Azorn, le meneur de la Confrérie, déclara solennellement l'Absol. Pour notre Grand-Frère et nos idéaux, je vous éliminerais.
Azorn frappa le sol et aussitôt les deux énormes plantes carnivores faites de matière obscure derrière-lui fusèrent vers moi. Leur mâchoire acérée serait sans doute capable de me briser en deux. Si seulement elles parvenaient à me toucher.
Elle était rapide, mais je l'étais encore plus. Grâce à ma Danse Magnétique, je me faufilais avec facilité entre leurs assauts. Azorn bondit vivement, son énorme corne gelée en avant. Avec un petit sourire, j'activais ma botte secrète, le Bastion.
C'était le deuxième As que je maîtrisais plus ou moins après la Danse Magnétique ; une capacité permettant à son utilisateur de résister à quasiment toutes les attaques physiques. Mais il y avait un autre effet : il augmentait drastiquement le poids du lanceur. C'était justement l'effet recherché.
Avec ma masse multipliée, je m'écrasais au sol en un instant, à la grande surprise d'Azorn qui avait bondit pour rien, puisque je n'étais plus en haut, mais en bas. Je profitais de sa surprise afin de rapidement annuler le Bastion, m'élancer à nouveau dans les airs avec ma Danse Magnétique, et de mordre puissamment le dos de mon adversaire. Il tomba lourdement dans un râle sourd.
— Morflam, arrose-le !ordonnai-je.
— … compris !
Subitement, avant même que l'Absol ne pût se remettre sur ses pattes, une torrent de flammes l'engouffra. Les deux plantes carnivores ténébreuses se replièrent sur lui comme pour former un bouclier. Je restais en retrait ; inutile de s’acharner dessus.
J'exploitais plutôt ce moment de latence pour charger mon Zehnte, ma Divine Jaw. Je voulais finir ce combat au plus vite, Affienns n'attendrait pas indéfiniment. Ma mâchoire se gonfla progressivement d'énergie élémentaire jusqu'à doubler de volume. Dès que je verrais une ouverture, l'affrontement prendra fin.
Cependant, cette ouverture ne vint pas. Au contraire même, brusquement, les plantes carnivores se fissurèrent avant de brutalement exploser en une déferlante ténébreuse ; je grimaçai, forcée de reculer. Et je n'étais pas au bout de ma surprise.
Le cyclone noir se condensa soudain et fut entièrement aspiré par Azorn, ce qui chargea le pelage de ce dernier d'une quantité incroyable d'énergie. Je sentais sa puissance augmenter à chaque seconde.
J'avais fais une erreur. Ma mâchoire devenait de plus en plus lourde ; je devais lancer ma Divine Jaw, sous peine qu'elle implosât. C'était là le petit soucie de mon Zehnte, une fois invoqué, il devait absolument être exécuté.
Tant pis. Faisant fi de tous dangers, je plongeais vers l'Absol. Il me jeta un regard. Froid. Imposant. Souverain. Mon corps s'immobilisa de lui-même. Comme si tout mon être, indépendamment de ma volonté, n'arrivait pas supporter la présence débordante d'Azorn. Mon Zehnte arriva à sa limite ; le choc de l'explosion élémentaire me projeta brutalement au sol.
— Gnn... qu'est-ce que...
— Si vous pensez que je suis seul, vous vous trompez lourdement. Grâce à Grand-Frère, tous les membres de la Confrérie sont liés. La Glace mordante de Snowleis, la Plante gracieuse de Gloria, le Combat hargneux de Virchen, et mes Ténèbres inébranlables. Chacun de nous peuvent utiliser les pouvoirs des autres, où que nous soyons, nous sommes toujours ensembles. En te dressant face à moi, c'est la Confrérie toute entière que tu défies !
— …
Voilà ce qui expliquait plus ou moins pourquoi est-ce qu'il pouvait amplifier sa corne d'une aura glaciale et invoquer des plantes carnivores. Restait à savoir comment est-ce que cela était possible, enfin, on verra ça plus tard. Pour le moment, c'était l'action avant tout ; les réponses, ce sera plus tard !
Le problème actuel, c'était les yeux d'Azorn. Je ne savais pas quelle sorcellerie il usait, mais lorsque je croisais son regard, une force invisible m'immobilisait sans sommation. Or, comme l'on disait, tout problème avait sa solution. Il me suffisait simplement de ne pas le regarder. Je fermai donc mes propres yeux.
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Morflam
Le combat avait super bien commencé, mais depuis que le Azorn à fait exploser son pouvoir, les tables avait tourné. La vitesse du Absol rivalisait avec celle de Cassis, qui étrangement combattait les yeux fermés. Mais cela n'avait pas l'air de la gêner plus que ça, même privée du sens de la vue, elle possédait toujours des réflexes terrifiants. C'était donc ça les combats de haut-niveau, tout était … bah d'un autre niveau, forcément !
Et pendant que ces deux là s'amusaient à s'envoyer des pains dans la tronche, j'hésitais encore sur la marche à suivre. J'avais l'impression de me répéter beaucoup ces derniers temps, mais cela ne faisait que traduire mes doutes. Cassis ou la Guilde ? J'avais beau peser le pour et le contre, la balance n'arrivait pas à pencher d'un côté ou de l'autre. Le 50-50 absolu, c'était comme si j'étais face à deux des sept délices du monde, et que je devais en brûler un pour pouvoir en manger l'autre ! La torture ultime !
« Pourquoi hésites-tu ? »
Soudain je m'immobilisais. L'effroi m'envahissait. Non, j'avais dû rêver...
« Penses-tu réellement que tu as le choix ? »
— … !
Une voix écrasante, étrangement paternel, tourmentait mon cerveau. Une voix que je n'avais jamais entendu auparavant, mais dont je pouvais cependant identifier avec précision la provenance. C'était dingue, comme si mon code génétique la reconnaissait instinctivement.
« Tu n'as pas oublié tout ce que l'on a fait pour toi, n'est-ce pas ? Tu avais tout perdu, nous t'avons tendu la main. Nous t'avons élevée, éduquée, entraînée, nourrie. Si tu es arrivée aussi loin aujourd'hui, c'est entièrement grâce aux nombreux sacrifices que nous avions fait pour toi. Et aujourd'hui, tu viens remettre en question ces années de bienveillances ? Pour quelqu'un que tu connais à peine ? »
Le ton était calme, mais n'admettait aucune réplique. Je saisi ma baguette enflammée, tremblante. Il avait raison. Il ne pouvait qu'avoir raison. C'était dans l'ordre naturel des choses.
« Je vois la situation dans laquelle tu te trouves. Il te serait difficile d'abattre Stalhblume et ce Absol avec ta force. Mais ne t'inquiètes pas, tu es des nôtres, je ne vais pas t'abandonner à ton sort. Je vais t'aider. »
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Samartaoth
— Primonarque ! Vous êtes certain de vouloir aller aussi loin ?
« Silence », tonnai-je mentalement dans l'esprit de mon subordonné.
Le Symbios recula immédiatement. Il n'avait pas besoin de m'avertir, j'étais pleinement conscient de ce que je faisais. Me concentrer uniquement sur Morflam, au point de pouvoir communiquer télépathiquement avec elle, me demandait déjà énormément d'énergie. J'avais beau être le plus puissant Alakazam du monde, j'avais encore des limites.
Cependant, si je comptais en plus lui prêter mes pouvoirs, je mettais ma propre vie en jeu. Mais avais-je réellement le choix ? La célérité des événements m'avait pris de court. J'avais envoyé Morflam sur le terrain afin qu'elle développât son expérience du terrain – tout en gardant un œil sur Stalhblume.
Et puis, la Forteresse s'était levée. Ce n'était pas censé arrivé maintenant, pas avant des décennies, non, des siècles. Cela ne pouvait pas être un hasard, quelqu'un devait tirer les ficelles dans l'ombre. Quelqu'un de suffisamment puissant pour échapper à tous mes radars...
Non, je ne pouvais pas laisser Morflam sans surveillance dans ces conditions. Stalhblume était dans le même cas, je doutais qu'elle est une quelconque implication dans cette histoire, mais je ne devais prendre aucun risque.
Je canalisais mon énergie psychique ; les millions d'électrodes placés sur mon corps se mirent à luire dangereusement ; des messages d'erreurs se multiplièrent sur les nombreux écrans indigo foisonnant la salle d'opération.
« Morflam, lui dis-je par télépathie, prépare-toi et n'oublie pas ; ta mission est d'éliminer Stalhblume. Et tous les témoins. »
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Cassis
Tsh, ce Azorn était un coriace, je perdais mon temps avec lui. Pendant que je m'amusais inutilement, Affienns était en danger. Azorn avait évoqué un certain « Grand-Frère », qui était certainement leur chef ; ma mâchoire à couper que notre bon Capidextre se trouvait actuellement avec lui.
Normalement, je pourrais aisément me débarrasser de cet agaçant Absol et continuer ma route. Sauf que mon adversaire semblait maîtriser une version amplifiée de Regard Noir, une capacité si puissante qu'elle me paralysait sur place, en dépit de toute ma volonté, si j'avais le malheur de croiser ses yeux.
J'étais donc obligée de combattre les yeux fermés, me guidant uniquement à l'instinct conjugué à mon expérience. Ce qui n'était pas vraiment pratique ; je sentais l'aura ténébreuse du Absol absolument partout autour de moi, le moindre faux pas et je me faisais faucher de plein fouet. Les ouvertures se faisaient de plus en plus rares.
Brusquement une étrange aura me fit frémir. Je déviais ma course en catastrophe ; j'entendis une effroyable explosion. Surprise, je rouvris les yeux. Ce que je vis failli me faire tomber à la renverse.
Morflam lévitait légèrement, fulminante d'une terrible énergie psychique, ces yeux étaient devenus entièrement blanc, non-naturels. Sa baguette en bois s'était transformée en une longue et immatérielle lance d'énergie irisée.
— … Morflam ? Qu'est-ce qu'il t'arrive.
— Désolée, Cassis. Je ne peux pas... désobéir...
Tout d'un coup, une intense pression défigura la grotte, des rochers se mirent à graviter autour de la Roussil.
— La Guilde veut que je t'élimine, Cassis. J-Je ne voulais pas, je te jure ! Mais le Primonarque lui-même me l'ordonne... et dans ce cas... désolée !
Mon corps se fracassa brutalement au sol en un instant, sans doute une Psyko exceptionnellement puissante. Qu'est-ce qu'elle avait dit, déjà ? Que la Guilde voulait m'éliminer ? Pourquoi ? Encore et encore des questions, comme si je n'avais pas déjà à faire avec Affienns ! Je ne pouvais simplement pas avoir une seule intrigue à la fois ?
— Franchement Morflam, grognai-je, tu as bien choisi ton moment !
Je brisai d'un coup l'emprise de la Psyko et je fusai vers elle ; pas dans le but de véritablement la blesser, non. Juste l'assommer un bon coup, avant que je ne lui passasse un savon mémorable une fois rentré à Wearl !
Du moins, c'était ce que j'avais l'intention de faire. J'avais grandement sous-estimé la nouvelle force de Morflam ; son corps était protégé par une espèce de bouclier translucide et étonnamment résistant. Depuis quand elle était aussi forte celle-là ? Son aura était complètement différente de d'habitude !
— …. c'est inutile, marmonna t-elle. Le Primonarque veut ta mort, et lorsque le Primonarque veut quelque chose, il fait tout pour l'avoir ! Je... il m'a prêté une infime partie de ses pouvoirs... il est déterminé à ce point...
Le célèbre Primonarque s'investissait lui-même afin de m'éliminer ? Trop d'honneur. Surtout que je ne me souvenais pas avoir fait quoi que ce soit qui méritait un tel traitement. J'avais simplement refusé leur « aide » lorsqu'ils me l'avait proposée. Bon, je leur avais aussi dis que j'allais les défier et les détruire, ça jouait peut-être un peu.
Mais honnêtement, je ne pensais pas qu'ils me prendraient autant au sérieux. Premièrement, je n'étais pas la seule à vouloir la fin de la Guilde, sa position en temps que « maître du continent » faisait beaucoup grincer. Deuxièmement, de leur point de vue, je devais simplement être une simple Pokémon qui n'avait même pas une armée digne de ce nom, ce qui était en soit une menace dérisoire, sinon inexistante.
J'avais beau retourner le problème, je ne comprenais décidément pas cette décision ; je ne pouvais qu'amèrement la constater. Morflam semblait bien décidée à en découdre. Tsh, j'avais trop mésestimé l'emprise que la Guilde avait sur elle ; pour le coup, je n'avais vraiment rien vu venir.
— Un conflit interne ? demanda une voix ténébreuse.
Seul Azorn semblait totalement calme. Ah oui, j'étais en plein combat avec lui, je l'avais presque oublié.
— Il faut croire, lui répondis-je. Pouvez-vous attendre un moment le temps que je m'en occupe ?
— Malheureusement, j'ai bien peur de devoir profiter de l'occasion pour vous chasser d'ici.
— Voilà qui me contrarie beaucoup.
Et je pesais mes mots. J'étais certaine de pouvoir vaincre Azorn à l'usure, mais avec une Morflam boostée par son cher Primonarque dans l'équation, il fallait que je revisse tous mes calculs. J'avais toutefois l'intime conviction que le nouveau résultat n'allait pas me plaire.
Heureusement – si je pouvais encore utiliser ce terme – Morflam ne dirigeait pas uniquement son animosité vers moi, mon bon Azorn en faisait aussi les frais, à un tel point que lui aussi fut forcé d'arrêter de me poursuivre pour attaquer la Roussil.
Cependant, entre les explosions psy monumentales et les tempêtes ténébreuses, je sentais que l'Absol ralentissait. Ce type alors, une plaie jusqu'au bout. S'il comptait faiblir, il ne pouvait pas le faire un peu plus tôt, histoire que j'allasse sauver Affienns avant que Morflam ne pétât les plombs ?
— On fatigue ? me moquai-je en évitant de justesse une Rafale Psy à vous faire imploser le crâne.
— … Gloria et Snowleis... elles puisent trop dans mes réserves... rencontrent-elles tant de difficultés que ça ?
— … pardon ?
— Si ça continue ainsi, je n'aurais même plus assez d'énergie pour moi...
J'adorais quand quelqu'un parlait pour lui-même à voix haute. Cette sensation de ne rien comprendre à ce qu'il disait était tout simplement jouissif ; je lui aurais bien témoigné ma joie d'un bon coup de mâchoire, cependant, ce n'était pas simple avec le soldat Morflam dans les parages.
— Hé Morflam, pestai-je. Tu es certaine de ce que tu es en train de faire ? Tu veux réellement nous trahir pour la Guilde ?
— Non ! Bien sûr que non ! Mais qu'est-ce que ma volonté a à voir avec tout cela ?! Ce monde est fait comme ça ! Iræ est gouverné par la Loi d'Or, la loi du plus fort ; le Primonarque est mille fois plus fort plus fort que moi, je ne peux que lui obéir !
— Ridicule, soupirai-je, as-tu oublié pourquoi je combats ? Si tu ne l'as pas encore compris, je vais devoir te l'ancrer dans le crâne, à coup de... !!
Une vague psychique me balaya proprement, tournant en ridicule ma déclaration belliqueuse. N'empêche, ça me faisait réfléchir. Je connaissais la force de Morflam, je savais qu'elle était une adversaire à prendre en compte, cependant, elle n'était en rien un danger pour moi. Mais là, avec simplement « une infime partie » – comme elle le disait – des pouvoirs du Primonarque, son niveau avait fait un bond dantesque !
… quel monstre devait être ce Primonarque au juste ? La réalité me frappa brutalement. Je voulais renverser la Loi d'Or, mais pour ce faire, j'allais devoir affronter des Pokémon qui dépassaient l'entendement. Comme ce Primonarque par exemple. En étais-je vraiment capable ?
— … miss mâchoire ? me coupa Azorn.
— Comment est-ce que vous m'avez appelé ? m'étonnai-je.
— Vous ne m'avez pas donné votre nom, je me laisse donc le choix de vous appeler comme je le souhaite. Je suis désolé si ma tentative de communication a heurté votre sensibilité.
— Haha. Vous pouvez m'appelez Stalhblume. Mais je ne pense pas que ce soit vraiment le moment pour faire les présentations.
Je disais surtout ça parce que Morflam continuait de nous bombarder de lasers tous aussi puissants les une que les autres.
— Je ne sais pas pourquoi, mais elle veut me tuer aussi, déclara le Absol. Et avec Snowleis et Gloria qui pompent mon énergie, je ne peux rien faire.
— Et donc ?
— Cette Roussil veut me tuer, elle veut aussi vous tuer. Pourquoi ne pas faire temporairement équipe ?
… avais-je bien entendu ? Ce Absol qui nous avait sauvagement attaqué et kidnappé Affienns me proposait une alliance ?
— Je ne suis pas stupide, continua-t-il. Si elle vous vainc, je serais le prochain. Je ne peux pas me permettre de perdre maintenant alors que la Confrérie est si proche de son but ultime. Mais ne vous trompez pas, nous restons ennemis ; une fois cette Roussil à terre, nous reprendrons notre combat.
— Cela va de soi.
J'échangeai avec Azorn un regard entendu et ensemble nous nous élançâmes vers Morflam. Cette dernière s'était enfermée dans un mutisme effrayant ; elle enchaînait ses capacités par automatisme. Gnn, je n'aimais vraiment pas la voir comme ça.
Quoiqu'il en soit, notre nouveau duo faisait des merveilles. Nous avions décidé d'attaquer par deux fronts différents, moi de face, et lui dans son dos. De cette manière, Morflam avait dû mal à s'occuper de nous deux à la fois.
Azorn invoquait des immenses lianes ténébreuses que les Psyko de la Roussil se donnait à cœur joie d'anéantir. Ok, une attaque Psy qui anéantissait une attaque Ténèbres, j'avais mal à ma table des types. Soit c'était l'école qui nous avait appris n'importe quoi, soit le Primonarque était si arrogant qu'il n'avait que faire des immunités de base.
Toutefois, à défaut de pouvoir la toucher, Azorn constituait une parfaite diversion. Morflam était si concentrée sur lui qu'elle ne maintenait plus son agaçant bouclier psychique. Évidement, j'en profitais avec un grand sourire. Mes crocs s'enfoncèrent dans sa fourrure, étonnée et souffrante Morflam se retourna, mais surprise, j'avais déjà disparu pour me retrouver à nouveau dernière elle.
Ah, elle avait beau avoir de nouveaux pouvoirs, elle n'était toujours pas très fute-fute notre Morflam. Je suivais continuellement le même schéma d'attaque, je la mordis, puis me rétractais en vitesse, et pendant qu'elle était encore sous le choc, je la croquais à nouveau. Stratégie simple, mais diablement efficace contre une cervelle de Morflam.
Mais alors que je pensais le combat plié et déjà rangé dans l'armoire, une farouche déferlante Psy nous repoussèrent, Azorn et moi.
— Elle a encore des réserves, grognai-je. A moins que ce ne soit le Primonarque qui s'énerve ?
— … Snowleis...
Soudain, Azorn vacilla, il avait du mal à tenir sur ses pattes. Il allait sérieusement me lâcher maintenant ?!
— Ohé ! m'écriai-je. Reprenez-vous !
— Je n'y peux rien, Snowleis abuse énormément sur nos pouvoirs...
Manque de peau, je n'avais pas pensé à apporter mon traducteur Azorn-Cassis avec moi. Franchement, je ne comprenais strictement rien à ces explications, je ne la connaissais même pas ce ou cette Snowleis !
Et si les choses continuaient ainsi, je n'étais pas prêt d'avoir la chance de la connaître. L'aura de Morflam se mit à briller comme jamais, la roche se mit à se craqueler, tandis qu'une énorme boule d'énergie se formait au bout de sa lance.
— Morflam..., maugréai-je.
Je voyais bien qu'elle ne voulait pas faire ça, c'était évident. Je n'avais même pas à me poser la question, je n'avais qu'à la regarder. Des larmes coulaient sur ses joues. Cependant, elle n'avait pas le choix. Elle était trop conditionnée par la Guilde pour désobéir au Primonarque.
Encore cette fichue loi du plus fort, pourquoi est-ce que cela devait être légitime de s'écraser devant quelqu'un sous seul prétexte qu'il était un peu plus musclé que soi ? Stupide, c'était tout simplement stupide.
Et Morflam, cette fille qui passait son temps à manger et faire ses stupides Morflameries, elle n'avait rien d'une tueuse ; pourtant ce Primonarque se jouait d'elle, la forçant à réprimer ses sentiments. Sans doute pensait-il qu'elle en avait pas besoin. Pour ce Primonarque, elle ne devait être qu'un outil dont il pouvait disposer à son bon vouloir.
C'était là qu'il faisait erreur. Il était vrai que je n'avais rencontré Morflam qu'il y a quelques semaines et pourtant, j'avais l'impression de la connaître depuis beaucoup plus longtemps. Et j'avais bien l'intention d'utiliser cette connaissance afin de retourner la vapeur.
— … Azorn ?
— Une dernière volonté ?
— Toujours le mot pour rire, hein. Non, je me demandais simplement, vous pouvez donner la forme que vous voulez à vos ténèbres , n'est-ce pas ?
— Effectivement. Pourquoi cette question ?
— Dans ce cas...
Azorn sursauta à ma proposition, avant de me regarder avec de gros yeux ronds.
— … vous êtes sérieusement sérieuse ?
— On ne peut plus sérieuse. Et au cas où vous l'auriez oublié, Morflam est sur le point de lancer sa super-attaque qui va certainement nous atomiser. Alors à moins que vous n'ayez une meilleure idée dans la micro-seconde qui suit, je vous prierais de bien vouloir m'écouter !
— Très bien, très bien...
L'Absol concentra ce qui lui restait de pouvoir, sans grande conviction cependant. Bah, tant qu'il faisait ce que je disais, il n'y avait aucun problème. Petit à petit, ses ténèbres se condensèrent devant Morflam et prirent la forme... d'un magnifique plateau de baies géant.
L'effet ne se fit pas attendre, la Roussil, répondant à son instinct de morfal légendaire, abandonna totalement sa concentration et je croyais même voir un filet de bave couler de sa bouche.
— C'est le moment ! Azorn, on fonce !
Sincèrement, merci d'être aussi idiote Morflam. Elle était totalement paralysée, un véritable punching-ball. Un combo croisé entre mes crocs et la corne d'Azorn, et la victoire fut facile. Peu glorieuse, mais facile.
— … je me sens sale, grogna l'Absol.
Je partageais un peu son avis, enfin, une victoire était une victoire. J'étais cependant ravie que personne n'était là pour témoigner de cette mascarade.
— C'est bon maintenant ? lançai-je à Morflam qui gisait au sol. Je t'ai vaincu, donc je suis plus forte que toi, alors tu dois m'obéir. C'est comme cela que fonctionne ta petite cervelle, non ? Alors tu vas me faire le plaisir d'arrêter de te faire du mal et de couper tes liens avec la Guilde !
— … ce n'est pas aussi simple..., marmonna t-elle. Tu ne peux pas comprendre Cassis, tu n'as jamais été confronté au Primonarque...
Petit à petit, le corps de la Roussil se mit à devenir de plus en plus translucide, à mon grand étonnement. Des fragments lumineux s'échappait de sa fourrure.
— Qu'est-ce qu'il se passe encore ?!
— … visiblement, le Primonarque a décidé que ma mission parmi vous est terminé. Il me fait rentrer au QG...
— Mais...
Je n'eus même pas le temps de répondre que Morflam disparut instantanément dans un amas de particules irisées.
… je commençais sérieusement à en avoir marre de ce Primonarque, il faisait vraiment tout ce qu'il voulait. Dès que je sortirais de cette caverne, j'irais lui dire deux mots ! Mais avant ça...
Je lançai un regard à Azorn. C'était un Pokémon qui tenait ses engagements apparemment ; dès que le cas de Morflam fut réglé, il se positionna devant moi, prêt à reprendre notre affrontement.
— Assez, me retournai-je. Vous n'êtes pas en état de vous battre.
— Ça, c'est à moi d'en décider.
— Têtu à ce que je vois. Malheureusement pour vous, je vais continuer ma route. Affienns m'attend. De toute façon, vous n'avez plus la force de me poursuivre.
Enclenchant ma Danse Magnétique, je m'élançai plus profondément dans la grotte. Au début, je voulais qu'Azorn m'expliquât plus sur sa fameuse Confrérie mais cela n'avait plus d'importance désormais. Je n'avais plus qu'une envie, d'en finir au plus vite.
Je sentais une aura oppressante qui s'intensifiait au fur et à mesure que j'avançais. Je n'avais plus aucun doute, quelque chose de terrible se trouvait dans ces profondeurs.
Et ce quelque chose n'avait plus qu'à bien se tenir. Non seulement un groupe de Pokémon avait gratuitement kidnappé Affienns, mais en plus, voilà qu'un Alakazam qui ne pouvait plus se sentir venait de nous prendre Morflam !
J'étais vraiment, vraiment de mauvaise humeur. Une humeur massacrante. Et justement, j'avais une folle envie de massacrer quelque chose...