Chapitre 5 : Lights Out
Arceus remonta dans la Salle Originelle, suivi de près par les quelques Légendaires qui l'avaient accompagné. Ils n'avaient pas servi à grand chose, mais c'était une bonne chose. Il regarda une dernière fois le Chemin Source, ses arbres déracinés et couchés au travers la route, le lac à moitié vidé de son eau, la grotte effondrée sur elle-même et le peu de Pokémon. Le gros cratère amocha le paysage, qui était en harmonie avant. Maintenant le désordre y régnait, signe de la faille ouverte par le fou Pluton dont il ne restait rien. Il soupira, soulagé d'avoir évité une catastrophe sans précédent. Il n'avait pas remarqué que Njörd et Artikodin avaient désertés l'endroit pour ne plus revenir et se dit tout simplement qu'ils étaient repartis pour veiller sur l'équilibre du monde.
Il allait maintenant aider Mars, Jupiter et Saturne à trouver leurs Légendaires pour qu'ils puissent devenir leurs disciples. Il demanda à Mars de s'avancer, qui ne pouvait pas cacher son impatience de revoir Hélio, et sonda son cœur, sa force et la couleur de son énergie. Rouge, sans aucun doute, comme ses cheveux. Le Pokémon qui la représentait est certainement Reshiram, le dragon blanc de la région d'Unys. Saturne s'avança quand Mars eut fini. Lui était de couleur grise et bleu cristal. Son Pokémon était le représentant du trio, c'est-à-dire Kyurem, le Pokémon forgé dans la glace. Quant à Jupiter, elle était de couleur jaune, son représentant étant Zekrom. Leur point commun était qu'il avait un soupçon de la force draconienne en eux, lui permettant d'être mieux précis dans son verdict. Le trio d'Unys fut appelé et arriva peu après. Seul l'Humain Légendaire de Reshiram était encore en vie, les autres ayant trépassé lors de la dernière guerre il y a presque 500 ans. Encore quelques années et ils reviendraient à la vie. Héphaïstos descendu le long du dragon blanc et se posta devant les trois nouveaux. Mars la regarda de travers, cette femme aux longs cheveux noirs et aux yeux rouges était magnifique. Héphaïstos détourna le regard, ayant en horreur d'être longuement observée ou toisée. Sa chevelure flotta derrière elle, touchant presque le visage de Mars qui fit un large geste pour repousser les cheveux de la déesse. Elle était habillée de noir, avec un débardeur et un short assez courts et une robe faite de feuille orange. Ses longues bottes noires accentuaient la finesse de ces jambes. Dans son dos, elle portait un canon noir aussi grand qu'elle. Il était volumineux, mais la déesse n'avait pas l'air gênée par le poids considérable de l'arme.
Reshiram, le Pokémon blanc comme neige aux yeux bleus azur dont le corps est constitué de flammes ardentes, s'approcha de Mars et elle lui demanda de poser ses mains sur son corps, ce qu'elle fit de peur de contrarier le Dieu de la Réalité. Elle sentit un immense pouvoir l'envahir, lui donner chaud comme si elle était en train de cramer, lui imposant un sentiment de malaise et de nausée. Ses cheveux poussèrent pour atteindre ses genoux. Elle hurla de douleur, suant à grosse goutte, puis tomba inconsciente sous le rire amusé du forgeron. Saturne la regarda avec un air horrifié avant de s'assurer qu'elle allait bien. Kuyrem, le Dieu entre Idéal et Réalité, s'approcha de lui pour lui donner ses pouvoirs. Saturne sentit le froid parcourir son corps, fut pris de spasmes tout en se demandant s'il n'allait pas mourir avant d'avoir eu ses pouvoirs, différentes parties du corps gelèrent puis se dégelèrent lentement, sa respiration était glacée et de sa bouche sortait de la buée glaciale. Ses yeux devinrent jaunes, ses cheveux se pigmentèrent en noir et poussèrent jusqu'en bas des reins. Il sentit une drôle de sensation au niveau de ses parties intimes, de sa poitrine et des cordes vocales. Quand il eut reçu ses pouvoirs, il constata que tout le monde le regardait bizarrement, Mars et Jupiter avaient la bouche grande ouverte et le trio et l'Humaine Légendaire pouffaient de rire à gorge déployée. Seul Arceus essayait tant bien que mal de se retenir d'exploser de rire, mais il éprouvait de grande difficulté à conserver son sérieux.
- Qu'y a-t-il de si drôle ? demanda-t-il d'une voix de femme.
Comprenant que quelque chose clochait avec sa voix et avec son corps, il demanda qu'on lui amène un miroir, de peur de constater le résultat. Kyurem se servit de ses pouvoirs pour lui faire un miroir avec de la glace. Il hésita, prit son courage à deux mains et se regarda dans la glace. Sa seule réaction fut :
- AAAAHHHHH, mais que m'arrive-t-il ? Pourquoi je me suis transformée en femme ? Quelle horreur ! Que l'on m'enlève cette poitrine, dit-elle en s'égosillant.
Sa belle poitrine bien ferme rebondissait allègrement, de quoi dégouter Saturne. Elle voulait absolument vérifier une autre chose, se retourna et regarda dans son pantalon. Elle devint aussi livide qu'un mort, bégaya, n'en revenant pas de ce qu'il venait de voir sous son slip : son sexe masculin était devenu un sexe féminin. Elle hurla de plus belle, se donna des gifles pour vérifier qu'elle n'était pas en train de rêver, mais rien n'y faisait, elle ne se réveillait pas. Comprenant que ce n'était pas un rêve, elle tomba à genoux, maudissant le Pokémon. Elle ne pourra jamais réaliser son rêve, à savoir faire tomber Jupiter au coeur insensible dans ses bras. A moins qu'elle ne soit homosexuelle, mais il, non elle, en doutait. La lumière s'éteignit sur sa pauvre vie, elle désespéra de ne plus voir ses attributs masculins. C'était le néant dans son pantalon, elle paniqua, se releva et fit les 100 pas, tourmentée par la tournure des évènements. Elle s'arrêta et se mit à réfléchir. Si le dragon l'avait fait changer de sexe, il pouvait le lui rendre.
- Rend-moi mon sexe ! s'exclama-t-elle, l'œil mauvais.
Kyurem le regarda, pouffa de rire et mit ses mains devant sa bouche tout en continuant de ricaner bêtement.
- Mais tu es plus jolie en femme ! s'esclaffa-t-il.
- Mais comment veux-tu que je termine en couple avec Jupiter si...
Elle ne termina pas sa phrase parce qu'elle reçut une gifle de la concernée et tomba à la renverse avant de réaliser que sa langue avait fourché.
- Tu as de la chance que tu ne sois plus un mec, sinon j'aurais frappé là où ça faisait mal, très mal et tu aurais hurlé de douleur, parce que tes attributs seraient en miettes qu'on aurait du te les enlever, rouspéta-t-elle tout en se retournant dans l'autre sens, empêchant à l'ancien homme de voir son regard meurtrier.
Saturne porta instinctivement ses mains à son pantalon, de peur qu'elle ne mette ses menaces à exécution, avant de se rendre compte qu'elle était ridicule en plus d'avoir gaffé comme une merde. Elle s'excusa du mieux qu'elle pût, mais elle savait que la femme aux cheveux mauves n'allait pas en rester là. Elle se vengera certainement plus tard.
- Sinon, reprit Kyurem, je t'ai changé en femme, mais je ne peux seulement changer le sexe de quelqu'un tout les 25 ans. Tu comprends, ça demande beaucoup de production de testostérone et autres joyeusetés. De plus, il y aurait des risques à te changer trop souvent, comme des déformations ou autres. Tu pourrais ressembler à un monstre immonde, avec des dents pointues et noircies, une haleine cadavérique, et...
- Ca va, ça va, on a compris l'interrompu-t-elle ne voulant pas en savoir plus.
Finalement, elle se dit que c'était pas plus mal d'être une fille comme ça elle pourra discuter de trucs de meufs avec Mars et Jupiter sans à rougir de honte.
Zekrom, le Pokémon noir charbon aux yeux noirs cerclé de rouge et parcouru d'électricité, demanda ensuite à son élue de s'approcher pour qu'elle aussi puisse recevoir ses pouvoirs. La foudre transperça chaque cellule du corps de Jupiter qui hurla de douleur, ne pouvant plus supporter l'électricité. Sa chevelure se mit à rosir et à grandir jusque par terre et ses yeux prirent la même teinte. Elle tomba dans les vapes et est sitôt rattrapée par Saturne qui avait peur qu'elle ne se fasse mal en tombant. Jupiter sentant que quelqu'un ait mis ses mains sur sa poitrine, se releva dans un bon fantastique tout en assénant un magistral coup de boule à l'inopportune qui s'envola à quelques lieux de là en maugréant contre le mauvais sort, tête à terre et cul à l'air. Jupiter profita de cette position fort désavantageuse pour lui donner un coup de pied au cul qui fit hurler de plaisir Saturne tout excitée malgré le fait qu'elle avait les fesses maintenant endolories. Elle s'assit sur son derrière et admira la femme rose avec une pointe d'excitation et en bavant. Elle était contente de se faire frapper par sa bien-aimée, elle devait être un peu masochiste sur les bords. Arceus, perturbé par cette scène, détourna le regard. Les autres en firent de même. Seul Jupiter la regarda avec dégoût avant de lui écraser la tête.
- Oh oui, encore, écrase-moi encore la tête. J'aime quand tu me tortures. Cela m'excite tellement, jouit la femme aux cheveux noirs.
Elle se mit à rouler par terre et à se frotter partout. Jupiter, qui en avait marre l'assomma en lui disant " extinction des feux, c'est l'heure de piquer un somme, grosse dégueulasse ". Elle demanda une corde qu'elle remarqua attachée autour du bassin d'Héphaïstos pour pouvoir ligoter cette folle furieuse. Elles s'éloignèrent sous la protection du forgeron.
Kyurem s'étonna de voir tant de naïveté chez Saturne car il lui avait menti et ne pourrait plus redevenir un homme. Ce n'est pas tout ça, mais il devait retourner à la Grotte Cyclopéenne pour refroidir la grotte qui commençait à se réchauffer. Et comme la nuit tombait, il irait faire un tour du côté d'Entrelasque histoire de faire peur aux habitants qui n'avaient sans cesse de vouloir approcher sa demeure. Il se demandait quels petits enfants il allait manger aujourd'hui. C'est ce qu'il voulait faire croire, car en fait, il produisait des statues de glace d'enfant puis il les croquait. Il n'allait pas manger des vrais enfants, ce n'était pas un monstre non plus. Mais de loin et avec la brume qu'il produisait, on aurait dit des vrais enfants. C'était marrant de les voir installer un couvre-feu à partir de 20 heures en été et 16 heures en hiver. Ils se réfugiaient terrifiés dans leur maison en vérifiant bien qu'ils avaient barricadé comme il le fallait. Ils aimaient les voir hurler et courir dans tous les sens quand il arrivait aux abords de la ville. Ils avaient même érigé des remparts tout autour de leurs habitations croyant que ça allait l'arrêter. Bon, ce n'est pas tout ça, mais il avait une réputation à tenir. Il se dirigea donc vers l'antre de Mew pour qu'il puisse le téléporter sans délai aux abords de la ville.
Après cet incident, Héphaïstos les emmena dans sa forge pour qu'elles choisissent leurs armes. Elles passèrent dans un long couloir couleur rouge clair avant d'arriver à une salle qui faisait grotte. Une rivière coulait là, alors qu'une roue entraînée par le mouvement de l'eau, tournait à vitesse régulière. La forge était assez grande et bien rangée. La grande cheminée, d'où s'échappait continuellement de la fumée blanche, fonctionnait à plein temps. Le foyer contenait des outils qui étaient mis bric-broc à gauche à droite, tel que des marteaux, des pinces et tout un tas d'autres objets. Dans un autre coin étaient rassemblés le soufflet et les bûches de bois servant à alimenter le feu. Le sol gris était bien propre, on voyait bien qu'il était entretenu régulièrement. A côté de la forge se trouvait un objet que l'on appelle le martinet et qui sert à marteler le fer. C'était un drôle qu'objet que les trois élus n'avaient encore jamais vu auparavant. Il est actionné par tout un mécanisme trop complexe à comprendre et à expliquer. En gros, la grande roue entraînée par le courant de la rivière à l'extérieur de la forge permettrait de mettre en branle tout le système. Saturne sursauta au mot "branle", s'imaginant déjà des choses dans son esprit pervers, mais reçut pour toute compassion un énorme coup de poing dans la mâchoire par une Jupiter furieuse.
Mars prit une grosse épée effilée rouge et blanche qui devait faire sa taille, Jupiter une lance rose avec de petits rubans jaunes aux deux extrémités pointues et Saturne s'enticha d'une lance brun et orange également aux deux extrémités tranchantes.
- Si tu te calmes, on te détache, dit le forgeron, exaspéré par les lamentations de cette femme.
Elle promit de respecter sa parole et elle fut détachée. La Déesse Forgeron constata qu'elle respecta sa parole car elle ne l'entendit pas faire un bruit. Elles sortirent de la forge, retraversèrent le long couloir en sens inverse et passèrent dans la partie centrale de la Salle Originelle. Vénus les attendait avec un grand sourire, puis elle les emmena dans un couloir bleu cristallin. Elle les fit rentrer chez elle. Le décor était somptueux quoiqu'un peu trop bleu à leur goût. Elle les guida jusqu'à l'arrière de sa demeure dans ce qu'elle appelait "les mille trésors", un endroit qui regroupait des milliers de vêtements à perte de vue. Elle leur expliqua comment faire pour que les vêtements qu'elles voulaient apparaissent plus vite mais Mars n'écouta rien, trop absorbée dans ses pensées toutes dirigées vers Hélio.
Mars se sépara du reste du groupe, Saturne et Jupiter ayant déjà trouvé la couleur qui leur correspondait. Elle s'étonna de voir autant de vêtement, il y en avait partout à ne plus savoir quoi en faire, tellement qu'elle ne voyait plus le fond de la demeure. Cette demeure avait-elle seulement un fond ? Elle pouvait sérieusement se le demander, car ça faisait 10 minutes qu'elle avançait toujours tout droit et qu'elle n'en voyait pas la fin. Et dire qu'elle n'en était qu'à la couleur verte... Elle commençait à désespérer.
- Mais où est le rouge, bordel de merde, s'emporta-t-elle, au bord de la crise de nerfs.
Au moment où elle dit cela, les vêtements s'envolèrent dans tous les sens et les vêtements rouges apparurent. Elle pesta en tapant violemment du pied. Cette idiote de Vénus avec ses petits airs angéliques qui la dégoûtait au plus haut point n'avait pas pu lui dire avant qu'il suffisait de dire la couleur qu'on voulait pour que les vêtements de cette couleur apparaissent.
- Vénus t'a expliqué comment faire pourtant mais tu n'as rien écouté, trop absorbée dans tes pensées.
Mars sursauta avant de se retourner précipitamment. Elle croisa le regard insistant de Suicune. Elle n'aimait pas trop ce Pokémon, car elle avait l'impression qu'il pouvait ressentir ses émotions, et par là même deviner plus ou moins ses pensées.
- Mais c'est le cas... murmura le félin.
Elle tressaillit, détestant qu'on lise en elle comme dans un livre.
- Désolé, je ne peux m'en empêcher, c'est dans ma nature. Promis, après on va voir Hélio. Il me manque aussi.
- Désolé, mais il est à moi, alors ne t'en approche pas, lui hurla-t-elle.
Suicune soupira et s'éloigna ne voyant pas le regard de braise de Mars qui avait comme une envie de meurtre. Le maître des Vents Polaires pensait aussi fortement à Hélio et se dit que ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus. Quand il se sentait seul, il sortait une photo d'Hélio qu'il cachait dans sa fourrure. Comme ce fut le cas actuellement. Une grande amitié les liait car seul Suicune pouvait comprendre l'intriguant Hélio qui fermait ses émotions aux autres. Suicune regrettait parfois de ne pas être une humaine. Mais être un Pokémon n'était pas mal non plus. Il pouvait prendre Hélio sur son dos et l'emmener en ballade le long d'un lac ou ailleurs, c'était selon les désirs du jeune homme.
- Hélio, oh mon ami Hélio. Attend-moi, je te rejoins bientôt.
Il gloussa bruyamment, quand Vénus arriva et le dévisagea.
- Tu nous fais quoi ?
- Euh... rien... rien de spécial... en tout cas... balbutia Suicune le regard fuyant.
Et il s'éloigna le regard perdu, sans ne plus rien dire, sous le regard médusé de Vénus.