Chapitre 3 : Une nuit pour savoir
La clef de sa maison l'attendait, cachée sous un des pots de fleurs de la maison de ses parents. Bastien le souleva, récupéra le petit bout de métal et ouvrit la porte de son chez-soi.
Le jeune dresseur n'avait pas à se plaindre de ses conditions de vie. Ses parents, grâce à leurs métiers respectifs, lui fournissaient une vie excellente.
Sa mère était maîtresse d'école primaire tandis que son père était Policier... mais pas dans n'importe quelle branche. Son père travaillait pour la sécurité du pays et était membre du très célèbre S.A.M : Service Anti-Mutants. Bastien demandait régulièrement à son père s'il pouvait lui raconter ses aventures ou essayer de lui montrer des photos des Mutants, mais celui-ci refusait à chaque fois. Lui répétant sans cesse qu'il était obligé de garder toutes ces informations secrètes.
Bastien entra dans la maison, puis dans la cuisine, ouvrit un placard et y récupéra un paquet de biscuits. Il en sortit un de la boîte et l'avala goulûment avant d'en donner un autre à son Pokémon.
Le Melokrik le croqua et l'avala aussi vite que son dresseur. Bastien attrapa la seconde Poke ball accrochée à sa ceinture et libéra la créature à l’intérieur. Il appuya sur le bouton central et la sphère de métal s'ouvrit, libérant une petite chauve-souris à la peau bleue.
Le petit Nosferapti répondant au nom de Nox voleta à travers toute la pièce, content d'être enfin libéré. Bastien lui lança un biscuit qu'il attrapa entre ses crocs.
« - Nos ! Le remercia-t-il en se posant sur l'épaule de celui qui s'occupait de son entraînement. »
Nox n'était pas le Pokémon de Bastien, ce n'était pas lui qui l'avait capturé et ce n'était pas non plus le Pokémon qu'il avait utilisé pour se faire connaitre. Il s'agissait en réalité du Pokémon de son meilleur ami : Soren Delaroche. Lorsque que celui-ci avait vu les performances de son ami en temps que dresseur il lui avait directement confié son Pokémon.
« - Allez tous les deux ! J'ai quelques recherches à faire, je vous ouvre le jardin si vous voulez ».
Bastien ouvrit la verrière qui reliait son salon à son jardin. Seul le Melokrik sortit, le Pokémon chauve-souris un peu réfutant à l'idée de sortir en pleine journée suivit son deuxième dresseur jusqu'à sa chambre et se posa devant l'écran de son ordinateur.
La chambre de l'adolescent était composée d'une mezzanine sous laquelle était posé son bureau. Les murs étaient d'un beige très clair avec un plancher blanc. On pouvait voir accrochées à ces murs des affiches plastifiées un peu partout ; notamment une relatant le tableau des types avec les efficacités de certains éléments par rapport à d'autres.
« - Alors, voyons voir ce qu'Internet peut m'apprendre sur ces Mutants. »
Les pages internet commencèrent à se multiplier sur l'écran. Bastien devait faire le tri parmi les fausses images et les faux reportages.
Le temps passa et le jeune dresseur ne trouva pas de vraies informations sur ces étranges créatures. Il trouva beaucoup de discours haineux, beaucoup de rapports de condamnation mais très peu de photos ou de récits.
Bastien retrouva quand même quelques rapports d'anciens policiers du Service Anti Mutants relatant de créatures puissantes, pouvant parfaitement jongler entre leurs deux corps. Le deuxième racontait même un combat entre le Pokémon d'un Policier de Kanto et un Mutant :
[...] L'arrestation allait enfin avoir lieu. Depuis six heures du matin, mon équipe et moi étions à sa poursuite, la journée avait été longue et la traque difficile. Il nous fallut quelques heures pour finalement coincer la créature à Argenta. Elle était fatiguée et s'était réfugiée dans une caverne sans issue. La confrontation avec elle fut alors inévitable.
Nous lâchâmes chacun nos Pokémons pour l'arrêter mais le combat ne tourna pas à notre avantage, et tous nos Pokémons furent rapidement mis K.O.
Lors du combat je me rendit compte qu'il s'agissait d'un Mutant mâle Mi-Homme, mi-Feunard. Il en avait tous les attributs. Son corps était similaire à celui des Humains mais avait, en contrepartie, neuf queues jaunes claires qui sortaient de derrière son T-Shirt.
Comme le Pokemon, il était capable de générer des flammes sans les craindre. Mes hommes avaient commençé à prendre peur devant l'horreur qui nous faisait face et il m'était impossible d'utiliser le collier dans ces conditions.
Je déployai alors mon arme secrète et j'ouvris ma seconde Poke ball pour l'invoquer. J'éntourai la corne de mo, Absol avec l'équipement en Zetal, en prenant soin au préalable que le métal n'entre pas en contact avec son corps et le combat prit une toute autre tournure. Comme prévu, la créature fut immobilisée et rapidement arrêtée. [...]
L'article continuait mais ne donnait pas plus d'informations sur cette arrestation. Bastien ne comprenait pas tous les termes de du texte notamment pour le "collier" ou pour ce "Zetal". Qu'es ce que c'était ? Et surtout comment on pouvait en équiper un Absol ?
Tant de questions auxquelles Bastien ne pouvait pas avoir de réponses. Il éteignit son écran et ressortit de sa chambre. En sortant il se rendit compte que le soleil venait déjà de se coucher et il fut surpris d'avoir passé autant de temps sur son ordinateur.
Il était dix-neuf heures, et ces parents n'étaient étrangement toujours pas rentrés. Il mit la main dans sa poche, sortit son téléphone pour voir s'ils avaient essayé de le joindre et ce fut le cas. Bastien avait reçu un Sms de sa mère pendant qu'il effectuait ses recherches. Le message disait :
"On rentrera tard ce soir, ne nous attend pas pour manger, ton père m’amène au resto."
Ce n'était pas la première fois que le dresseur allait dîner seul un soir. Et cela ne le dérangeait pas plus que ça. Il ouvrit son frigo, attrapa deux tranches de jambon, ouvrit un paquet de chips, mit le tout sur une assiette et se posa dans la canapé de son salon. Il attrapa la télécommande de sa TV et l'alluma.
Il passa de chaînes en chaînes, zappant entre les pubs, le temps d'attendre que la chaîne numéro 6 : Une chaine réservée uniquement au traitement d'information d'Edaed, démarre son édition du soir. Bastien n'était pas particulièrement intéressé par ce qui se passait dans sa région et ne regardait généralement pas la télévision. Aujourd'hui il regardait s'il n'y avait pas d’événements majeurs comme un tournoi Pokémon ou un changement important au niveau des grands dresseurs (conseil 4 etc...) :
« Bonjour à tous et à toutes et bienvenue pour cette nouvelle édition, au programme aujourd'hui nous allons aborder la très célèbre et annuelle fête florale qui aura lieu la semaine prochaine dans la gigantesque réserve naturelle d'Edaed. Notre reporter Eric Chantoyer est sur place ».
Un homme, avec un micro dans les mains, apparut sur l'écran. Il se tenait droit et se préparait à parler. Derrière lui un grande porte en fer était fermée et un pancarte indiquant le nom de la réserve était gravé dessus.
« - Oui, comme vous l'avez signalé, je suis actuellement derrière la grille d'entrée du parc et je suis avec Mr Dasol, un des organisateurs du festival. Pour commencer je vais tâcher de vous rappeler depuis combien de temps cette célébration existe et surtout qui l'a crée... »
Bastien attrapa une pleine poignet de chips et l'avala. Il en sortit deux petites de la poche et les distribua a ses deux Pokémon. Il continua de regarder la télévision pendant encore quelques minutes avant de ressortir du canapé.
« - Vraiment rien d'intéressant... » Souffla-t-il.
Le jeune homme reprit la télécommande et s'apprêtait à changer de chaîne quand, soudain, la présentatrice fit interrompre le reportage de son collègue et revint à l'écran.
« Nous interrompons votre reportage pour une annonce en provenance de la ville de Labielle. Selon des informations sûres provenant des services de polices nous allons peut-être pouvoir assister à une arrestation de Mutants. Nous sommes actuellement en train de dépêcher une équipe de reportage pour que vous puissiez assister à l’événement en direct. Nous demandons également aux Labielliens de rester chez eux et de ne pas ouvrir leurs portes à ces monstres. Comme à son habitude le S.A.M lance également un appel à témoin. Si vous avez des informations n'hésitez pas à nous appeler. Restez en direct sur chanel 6 ! La chaîne de l'information et du direct ».
Sophie Vault présentait les informations depuis plus de cinq années et, même s'il était fréquent d'aborder le problème des Mutants, il était très rare de pouvoir filmer une arrestation. Le Service Anti-Mutant agissait la plupart du temps dans l'ombre des caméras et ne dévoilait que très rarement comment ils avaient agi afin de les coincer ; pour ainsi agir avec plus d'efficacité lors des raids suivants.
Elle profita de la pub pour remettre en ordre ces beaux et longs cheveux blonds. Elle remit correctement sa chemise et se remaquilla en vitesse pour récupérer le direct.
De son coté, Bastien était bouche bée devant ce qu'il venait d'entendre. Des Mutants ? Ici ? A Labielle ? L'occasion était trop belle.
Il attrapa ces deux Pokeballs, récupéra Melo et Nox, enfila un manteau et sortit en trombe de sa maison.
Il se mit à courir à l'aveuglette à travers les rues de sa ville sans réellement savoir où aller. Il ne savait pas où trouver ces Mutants mais essayait de se repérer avec les lumières dans le ciel.
Il traversa la moitié de sa ville. Labielle avait un tout autre aspect la nuit. Les rues n'étaient plus éclairées que par les faibles lumières des lampadaires posés sur les cotés de la route. Le dresseur était seul dans les rues, en partie à cause de l'alerte Mutant, et n'était pas vraiment rassuré. Après tout, il ne savait pas sur quoi il allait tomber. Il passa devant le B.A.L qui était lui aussi fermé pour l'occasion. La ville semblait morte, il n'y avait même pas un Pokémon dehors. Après un bonne dizaine de minutes à courir sans s'essouffler, il finit par arriver dans une longue allée résidentielle. La rue était bloquée par deux Policiers, armés, vêtus d'une tenue bleue avec un étrange logo imprimé dans le dos.
Bastien avait déjà vu ces tenues car son père portait la même. Il s'agissait de l'uniforme officiel du S.A.M.
Bastien comprit rapidement que les forces de l'ordre ne bloquaient pas cette zone par hasard. Il essaya de ne pas se faire repérer par ceux-ci et se cacha derrière une voiture.
Le jeune garçon était perdu, devait-t-il faire demi-tour ici ? Ou essayer de franchir illégalement les sécurités pour approfondir ces recherches ?
Il resta caché à regarder à travers les vitres pour voir comment la situation allait évoluer. Rien ne se passa durant presque une demi-heure et Bastien commençait à avoir des courbatures à force de rester accroupi. Quand tout à coup, un des talkies-walkies d'un des deux hommes sonna. Bastien, trop loin, ne put rien entendre.
« - Message pour toutes les unités, nous avons besoin de renforts d'urgence. Ils sont plus nombreux que prévu et opposent de la résistance. Venez immédiatement ».
Bastien vit les deux policiers quitter leurs postes et partir avec les deux Démolosses qui les accompagnaient. L'entrée de la rue n'était désormais plus gardée. Bastien se releva doucement, et se rapprocha lentement des barrières. Il hésita quelques secondes, jetant un coup d’œil dans la rue en face de lui pour être sur que le Service Anti Mutants s'était bien éloigné et se décida enfin d'enjamber la frontière.
Il avança à pas de loup dans la petite rue qui était plongée dans l'obscurité. Tout était calme dans la rue, pas un bruit, pas une lumière dans les maisons. Le S.A.M avait surement fait évacuer les logements aux alentours. Bastien longeait discrètement les maisons afin de ne prendre aucun risque. Quand soudain, un bruit d'explosion brisa le calme et le fit sursauter . Un gigantesque jet de flammes traversa le ciel et mit le feu à une maison située au bout de la rue.
Le jeune dresseur enjamba le grillage d'une maison abandonnée située à quelques mètres de l'endroit duquel la flamme avait surgi. Il entra dans un jardin et se rapprocha de la lumière dégagée par le feu ; Et c'est depuis ce jardin qu'il avait enfin un point de vue sur ce qu'il était venu voir.
Une douzaine d'Hommes en uniforme, accompagnés d'une dizaine de Pokémons, avaient encerclé trois étranges créatures.
Un Homme, âgé d'au moins trente ans muni de deux grandes ailes oranges dans le dos et d'une grande queue orange, semblait combattre les policiers tandis que, derrière lui, se trouvait un garçon apeuré aux joues rouges avec deux oreilles pointues jaunes aux bouts noirs. Il tenait dans ces bras un petite fille qui avait les mêmes traits physiques que celui-ci. Des traits de Pikachus...
« - Laissez... Lâcha l'homme-Dracaufeu. Ces enfants...TRANQUILLES ! »
Et un gigantesque torrent de flammes sortit de sa bouche et vint cueillir les policiers.