Chapitre 24 : Mais qui veut la peau du swag ?
J’aurai pu la fonder avec elle, cette lignée. Peut-être l’ai-je même fait d’ailleurs. Je n’en sais rien. Ce serait ironique, si c’était le cas. J’aurai passé ma vie immortelle à combattre et à tuer mes propres descendants. Un peu comme cet homme, Castel Haldar. Qu’est-il devenu lui d’ailleurs ? Mon père ne me l’a jamais précisé. Les portes du monde de Cinhol sont restées fermées, et même moi je n’ai pas pu les ouvrir. Il ne reste plus aucun anneau de transfert, ni plus personne pour savoir comment les fabriquer.
*****
C’était l’effervescence au Palais Suprême de Veframia. Les satellites de la Team Rocket avaient repéré quelque chose de très grande taille qui venait d’apparaître non loin de la Lune. Et ce n’était clairement pas un astéroïde. Toutes les alarmes du palais s’étaient mises à sonner, et une file d’experts se succédaient aux appareils de contrôle pour tenter d’établir un visuel clair. Mais Venamia n’avait nul besoin de visuel. Elle savait très ce qu’il en était, depuis les menaces de cet Akyr de Plomb et son espionnage d’Igeus. Le Grand Forgeron Memnark venait d’arriver à bord de son vaisseau.
- Dirigeante Suprême, fit l’un de ses généraux. Nos têtes nucléaires sont capables d’atteindre cet appareil là où il est. Désirez-vous que l’on fasse feu ?
Des têtes nucléaires ? Lancées depuis la Terre ? Contre Memnark ? Venamia ne daigna même pas répondre, et se contenta de secouer la tête, exaspérée. Si cette solution avait eu la moindre chance de succès, Venamia l’aurait tentée, mais il était impensable que cet être millénaire et si intelligent qu’était le Grand Forgeron se fasse avoir par des armes aussi primitives. Pourtant, Venamia savait qu’elle allait devoir prendre une décision. N’ayant pas encore déniché le dernier Solerios, elle n’avait encore rien décidé concernant la façon d’agir face à Memnark et ses Akyr. Mais maintenant qu’il était là, elle ne pouvait plus rester indécise.
Igeus et la Confédération Libre étaient des ennemis déclarés de Memnark, et avec Atlantis, ils disposaient d’un avantage sur Venamia. D’ailleurs, Atlantis était dans l’espace elle aussi, en orbite autour de la Terre. Venamia devait parier sur le vainqueur, et tirer parti de la situation. Juste avant que Memnark n’arrive, son espionne Velca Seleis, l’assistante d’Igeus, l’avait prévenu que le Solerios des Plantes avait été trouvé à Kalos, dans la ville de Romant-sous-Bois, et que la reine Eryl était en chemin pour tenter de le prendre à ce Bertsbrand. Venamia avait commencé à monter un groupe d’assaut pour s’y rendre immédiatement, mais c’était alors que les écrans radars de l’espace s’étaient affolés.
Venamia avait espéré s’emparer du Solerios avant que Memnark ne se pointe, pour pouvoir négocier directement avec lui. Ce n’était plus possible. Il lui restait donc trois solutions. La première était de le combattre avec la Confédération : Venamia aurait été prête à mettre sa fierté et sa haine d’Igeus de coté si elle avait été sûre que cette alliance aurait pu l’emporter. Mais ce n’était pas le cas, et Venamia ne voulait pas tomber avec Erend. Et puis, dans le cas peu probable ou ils gagneraient quand même, Igeus aurait toujours Atlantis avec lui, ce qui allait énormément bouleverser l’équilibre des forces entre eux.
Donc non, cette option n’était pas envisageable. La seconde aurait été de se précipiter à Kalos pour tenter de ravir le Solerios avant Eryl Sybel. Mais à ce moment-là, Memnark verrait très clairement qu’elle voulait l’artefact pour elle-même et la considèrerait comme une ennemie. Restait donc la troisième option : elle informait le Grand Forgeron de ce qu’elle savait pour lui montrer sa bonne foi, et l’aidait à récupérer le Solerios pour son compte. Elle ne serait donc plus une alliée potentielle pour lui, mais bien une servante. Ce n’était guère satisfaisant, mais Venamia ne voyait pas de quatrième option.
- Traite avec cet alien avec prudence, lui dit Horrorscor dans sa tête. Il pourrait nous éradiquer en un instant si l’envie lui prenait. Tâche de gagner sa confiance et d’éviter ainsi la destruction qu’il réserve aux autres. Nous aviserons ensuite au fur et à mesure.
Venamia n’aimait pas l’improvisation. Elle préférait quand elle avait un plan parfaitement établi à se tenir. Mais dans le cas présent, le conseil d’Horrorscor était le meilleur, ou du moins le plus sensé. Venamia soupira de dépit, puis demanda à ses techniciens :
- Je veux ouvrir une communication avec ce vaisseau. Est-ce faisable ?
- Ça prendra quelques minutes, Dirigeante Suprême. Il nous faut recalibrer nos ondes radios pour qu’elles traversent l’atmosphère, et effectuer un balayage complet de fréquences.
- Je vais m’absenter pour un temps. Contactez-moi dès qu’un canal avec ce vaisseau sera ouvert. Ian, prenez une dizaine d’hommes de la GSR et faites préparer un transport.
Son fidèle Ian Gallad, chef de la GSR, la garde personnelle de Venamia, hocha lentement la tête.
- Pour quelle destination, madame ?
- Romant-sous-Bois, à Kalos. Nous allons nous emparer du Solerios des Plantes pour le remettre ensuite au Grand Forgeron, et je lui communiquerai cela en chemin, pour qu’il sache bien que je fais ça pour lui. Ah, au passage, on m’a informé que la pseudo reine de l’innocence d’Igeus, Eryl Sybel, serait là-bas, ainsi que son Pokemon chien savant, Ladytus. Si on peut les capturer, ce sera un petit bonus. Si c’est pas possible… je me contenterai de leurs cadavres.
- À vos ordres, Dirigeante Suprême.
Les dés étaient jetés. Venamia allait se coucher face à Memnark pour pouvoir assister aux premières loges à la fin d’Erend Igeus et de ses alliés. Elle allait gagner sa confiance pour qu’il lui fasse don du Revêtarme d’Ecleus. Et après cela… Venamia allait faire en sorte que Memnark ne soit plus un problème. Peut-être en suivant le plan de la Primordiale Nuelfa en s’accaparant Excalord, tiens ? Venamia aimait bien son Ecleus, mais elle n’avait rien contre l’idée de le remplacer par un Dieu Guerrier encore plus puissant.
***
L’Akyr Alpha se perdit dans la contemplation de la planète Terre, ou Pok, selon son nom originel. C’était ici qu’il était né, en tant qu’humain, et qu’il avait eu une seconde existence en tant qu’Akyr grâce au Grand Forgeron. Une planète naturelle, vivante, colorée, très différente de Mirodyr, la sphère artificielle qui servait de monde aux Akyr. Ceci dit, l’Akyr Alpha n’avait aucune espèce de nostalgie pour la Terre. Il était juste venu s’en emparer, au nom du Grand Forgeron.
Dès leur arrivée dans ce système, le Grand Forgeron avait confié à l’Akyr Galvaniseur une mission spéciale : celle de se rendre dans le monde parallèle de Cinhol où devait se terrer Castel Haldar, pour lui reprendre Hafodes, qui revenait de droit au Seigneur Memnark. L’Akyr Alpha savait que ce gros bourrin d’Akyr Galvaniseur aurait préféré faire un carnage contre la Terre, mais l’ordre venant du Grand Forgeron, il ne pouvait rien y opposer. C’est juste après son départ, quand ils s’apprêtaient à faire rentrer le vaisseau dans l’atmosphère, s’attendant à réduire rapidement à néant les piètres défenses des humains, qu’ils avaient vu la cité d’Atlantis sur leur radar, en orbite autour de la Terre. Alors, pour la première fois depuis leur voyage, les Akyr présents hésitèrent.
- Comment est-ce possible ? S’exclama l’Akyr Irradié d’un ton presque outré. Les humains ne devraient pas être capables de contrôler la cité !
L’Akyr Alpha garda le silence, mais n’en pensait pas moins. Atlantis avait été conçue par les Primordiaux, pour les Primordiaux. Tous les appareils d’Atlantis ne répondaient qu’à leur ADN, ou à celle des Akyr grâce aux modifications apportées plus tard par le Seigneur Memnark. Mais aucun Pokemon, aucun humain, aucune autre race n’aurait normalement pu faire décoller Atlantis. Même Mew, un Pokemon Fabuleux capable de se transformer en tout et n’importe quoi n’aurait pas pu reproduire l’ADN des Primordiaux, même en se transformant en l’un d’entre eux.
- Est-ce que les humains auraient évolué à ce point ? Demanda un Akyr de Seconde Classe.
- Qu’importe leur évolution, contrôler Atlantis ne leur est tout bonnement pas possible, répliqua l’Akyr Cerebro. Peut-être qu’un Akyr nous a trahi et les aide en pilotant la cité ?
- C’est encore plus impensable qu’une évolution humaine ! Riposta l’Akyr Argousin.
- Calmez-vous…
Cette voix, ce n’était pas celle d’un Akyr, mais bien celle d’un maître de ce vaisseau, et de tous les êtres présents. Le Grand Forgeron n’était pas physiquement là, sur le pont, mais dans ses quartiers d’où il pouvait, grâce à son exosquelette amélioré, être partout à la fois dans le vaisseau, infiltrant les écrans et les commandes grâce à son esprit millénaire et transcendant. Partout où il y avait de l’acier et de l’électronique, l’esprit du Seigneur Memnark était présent, voyait tout et savait tout, tel un dieu. Et c’est ce qu’il était de toute façon : le dieu et créateur des Akyr.
- Ce n’est ni un humain, ni un Akyr qui contrôle Atlantis, fit la voix désincarnée à travers l’immense passerelle. Je le sens d’ici. Il y a un Primordial dans la cité, qui assiste les humains.
Tous les Akyr présents s’immobilisèrent, tant à cause de la voix de leur maître que de ses paroles. L’Akyr Alpha lui-même était troublé. Combattre des humains primitifs et des Pokemon, c’était une chose, qui devrait se dérouler sans accro. Mais combattre des Primordiaux, ce n’était pas la même chose. L’Akyr Alpha en savait quelque chose. Cela faisait des millénaires que Memnark et ses Akyr étaient en guerre contre l’Empire Infini, et ils en avaient été réduits à se cacher sur une planète artificielle.
- Seigneur, l’Empire Infini se serait allié aux humains ? Demanda l’Akyr Alpha. A-t-il eu vent de notre projet de reconquête ?
- Non, je doute qu’il s’agisse de l’Empire Infini, rétorqua la voix. Ils seraient plusieurs, or je ne sens qu’une seule présence Primordiale sur Atlantis. J’ai une petite idée de son identité, mais peu importe. Avec un seul Primordial aux commandes, Atlantis sera très loin de représenter un danger pour nous. Ceci dit, j’aimerai la récupérer en un seul morceau, donc tant qu’ils n’attaquent pas, ne la prenez pas pour cible. Contentez-vous d’approcher le vaisseau de la Terre.
Alors que l’équipage Akyr exécutait les ordres, l’Akyr de Plomb, un Akyr de Seconde Classe qui avait été le second de l’Akyr Propagateur sur Terre entra sur la passerelle. Ignorant que le Grand Forgeron était là et écoutait tout, il s’adressa à l’Akyr Alpha.
- Akyr Alpha, nous venons de recevoir une communication en provenance de la planète.
- Une communication ? S’étonna l’Akyr Irradié. Les humains sont donc maintenant capables de communiquer à travers une si grande distance ? Stupéfiant.
- De qui est-ce ? Demanda l’Akyr Alpha. De leur gouvernement pour se rendre ?
- Pas vraiment, Akyr Alpha. Il s’agit de cette humaine que j’ai rencontrée, Lady Venamia. Elle est la dirigeante d’un assez grand territoire sur Terre et elle possède Ecleus. Elle affirme savoir où se trouve le Solerios des Plantes, et est partie tenter de le chercher avant ses ennemis pour nous le remettre, en signe de bonne foi, a-t-elle précisé.
En temps normal, l’Akyr Alpha aurait conseillé la plus grande prudence quand il s’agissait de traiter avec un humain, mais il préféra laisser le Seigneur Memnark répondre. Ce qu’il fit quelque secondes plus tard :
- Qui sont ces « ennemis » à qui elle veut prendre le Solerios ?
Tout chamboulé d’entendre la voix du Grand Forgeron, l’Akyr de Plomb prit le temps de s’incliner avant de répondre.
- Il s’agirait des mêmes qui ont pris possession d’Atlantis et qui ont éliminé l’Akyr Propagateur, ô grand maître. Une entité nommée Confédération Libre, et dirigée par un dénommé Erend Igeus, le possesseur de Triseïdon.
- Amusant. Deux détenteurs de Dieux Guerriers se font donc la guerre sur Terre ? Mais soit. Si cette Lady Venamia souhaite se ranger de mon coté, alors je saurai me montrer généreux.
L’Akyr Alpha était plus que sceptique. La dernière alliance du Grand Forgeron avec un humain, le fameux Castel Haldar, n’avait abouti à rien. Les humains étaient soient inutiles soient des traîtres.
- Devons-nous donc laissez cette humaine prendre le Solerios pour nous, seigneur ? Demanda l’Akyr Alpha.
- Bien sûr que non. Le Solerios des Plantes est le dernier qui me manque. Avec lui, je possèderai un pouvoir aussi vaste que l’Univers. Il est hors de question de compter sur un humain pour cela.
L’Akyr Alpha hocha la tête, rassuré.
- Akyr Cerebro, gronda la voix de Memnark. Ton Akyr Doré dont tu m’as tant vanté la force est-il prêt pour une mission ?
Le scientifique Akyr s’inclina, visiblement ravi.
- Certainement, ô Grand Forgeron ! Il reste encore quelques réglages pour stabiliser sa personnalité, mais il est tout à fait apte à accomplir ce que vous voudrez.
- Envoie-le donc à l’endroit que cette Venamia nous a dit. Qu’il récupère le Solerios des Plantes, et me le ramène. Nous attendrons que je l’ai en ma possession pour conquérir la Terre. Ça n’en sera que plus rapide…
***
La reine Eryl, bien qu’elle ne l’aurait jamais avoué à personne, n’était pas sans connaître Bertsbrand. Ce dernier avait commencé à gagner en popularité à peu près quand Eryl avait quitté son village natal coupé du monde pour s’ouvrir à la civilisation. Jeune adolescente impressionnable et naïve, elle s’était vite trouvée admirative devant ce beau gosse plein de talents qui passait souvent à la télévision. Jeune dresseuse qui débutait, elle avait été bluffée par la vitesse avec laquelle Bertsbrand s’était fait un nom dans le dressage. Elle avait fini par acheter ses livres quand il s’était mis à écrire, et oui, elle le trouvait incroyablement beau, tout simplement parce qu’il l’était, et qu’elle avait beau être la Reine de l’Innocence ou encore l’incarnation d’Erubin, elle restait une jeune femme comme les autres qui aimaient regarder les beaux mecs.
Mais maintenant qu’Eryl avait Bertsbrand en face, elle avait largement révisé son opinion à son sujet. Oui, il était toujours aussi beau, pas de toute là-dessus, et son cœur s’était rapidement affolé alors qu’elle s’était dirigée vers lui sous l’arbre géant de Romant-sous-Bois. Mais après, Eryl n’avait mis que deux minutes pour comprendre que Bertsbrand était une immense farce, un imbécile heureux trop persuadé de sa perfection pour parvenir à déclencher un semblant de réflexion. Eryl avait pensé le convaincre de lui remettre le Solerios en utilisant sa fibre patriotique, pour protéger le monde, quelque chose qu’une star internationale comme lui ne pourrait pas refuser. Et oui, il voulait bel et bien sauver le monde, mais le problème, c’était qu’il voulait le faire lui-même, pour qu’apparemment tout le mérite lui revienne.
Eryl avait alors tenté de l’enrôler dans la Confédération Libre en lui promettant monts et merveilles, ce à quoi Bertsbrand avait répondu que ses GSB seraient vite bien plus célèbres et efficaces que la Confédération d’Erend. Eryl lui avait proposé une énorme somme d’argent, mais il est apparu que Bertsbrand était encore plus riche qu’elle. Elle avait tenté de l’impressionner avec ses titres de reine, d’incarnation de Pokemon Légendaire, de quasi-déesse, et autres, mais Bertsbrand devait penser que le fait de s’appeler Bertsbrand était supérieur à tout cela. En désespoir de cause, Eryl avait même été jusqu’à essayer de le séduire, mais Bertsbrand semblait plus vouloir fuir les femmes qu’être près d’elles.
- Je vous en prie, Monsieur Bertsbrand, retenta une nouvelle fois Eryl. Cet artefact est très dangereux, et surtout il attire le danger. Les Akyr ou Venamia tenteront tout pour s’en emparer, et des civils risquent d’être tués…
- Moi et mes GSB se chargeront de protéger les citoyens en combattant ces suppôts du mal, assura Bertsbrand. C’est là notre mission, et nous l’accompliront avec swag.
Les fidèles de Bertsbrand donnèrent leur assentiment en acclamant leur chef. Eryl se retint à grand peine de fracasser le crâne de cet imbécile. Elle ne savait plus quoi faire avec lui. Elle avait bien quelques soldats de la Confédération avec elle, ainsi que Velca et Ladytus. Elle aurait pu essayer de lui prendre le Solerios de force, mais face à tous les GSB présents, ils ne feront pas long feu. Parmi eux, il y avait même Corni, la championne d’arène de Yantreizh. Eryl avait déjà rencontré cette jeune femme sportive quand elle était partie à Kalos avec Dame Cosmunia dans le cadre d’une mission pour les Gardiens de l’Innocence.
C’était le grand-père de Corni qui avait donné à Eryl la Méga-Gemme pour faire méga-évoluer son Tortank. Eryl n’aurait jamais pensé qu’une fille comme elle se laisse lobotomiser par les paroles de Bertsbrand. Mais elle n’était pas la seule. Valériane, la championne locale, avait elle aussi rejoint les GSB. Beaucoup de villageois, dont elle-même, avaient été impressionnés par Bertsbrand après qu’il ait trouvé en un rien de temps le Solerios des Plantes caché dans leur ville. Eryl n’y voyait rien d’autre que de la chance, mais les adorateurs de Bertsbrand y voyaient là la manifestation d’un destin et de capacités hors du commun.
- Monsieur Bertsbrand, tenta Velca, nous ne doutons pas des capacités de vos dresseurs, mais il est probable que parmi eux, ou parmi cette ville, il y en ait des fidèles à Venamia. Elle est sûrement déjà au courant que vous avez trouvé le Solerios, et peut-être même déjà en chemin. C’est trop risqué que le Solerios reste ici.
- Il ne restera pas ici, répondit Bertsbrand. Il partira avec moi quand je partirai.
- Et où partirez-vous au juste ? Demanda Ladytus.
- Là où me mèneront mes pas, ma douce amie Pokemon parlante. Le swag me guidera, comme il l’a toujours fait. Il me donnera la force de m’opposer à la tyrannie de Venamia. Et même si elle vient avec ses robots destructeurs de T-shirt collectors de moi-même, je les vaincrais, car je suis Bertsbrand après tout.
Le fait est qu’il soit Bertsbrand semblait être sa réponse à tout, et son argument ultime et imbattable. Mais Eryl doutait que ça impressionne trop Venamia. Même à l’époque où elle était encore Siena Crust et saine d’esprit, elle n’était pas du tout du genre à se laisser mener en bateau par le genre de mec qu’était Bertsbrand. Enfin, elle devait quand même apprécier les beaux garçons, sinon elle n’aurait pas fait un fils avec l’Empereur Octave de Lunaris, lui aussi un très beau spécimen.
Songer à Venamia plomba le moral d’Eryl, comme à chaque fois qu’elle le faisait. Eryl n’avait jamais été trop proche de la demi-sœur de Mercutio. Siena s’était toujours montrée d’une froideur glaciale et d’un professionnalisme à tout épreuve, à l’inverse de son frère et de sa sœur qui eux étaient bien plus détendus. Mais Eryl et Siena s’étaient souvent battues côte à côte. Siena avait participé à la libération de son village par Trutos. Elle s’était aussi engagée avec la Team Rocket contre l’invasion de l’Empire de Vriff, et lors de la bataille de Parmanie, elle avait risqué sa vie pour sauver celle d’Eryl.
Siena n’avait peut-être pas été une amie proche, mais Eryl la respectait en plus d’avoir une dette envers elle. Si tout ça avait pu se passer autrement, elle serait peut-être devenue sa belle-sœur. Mais à présent, elle représentait tout ce pourquoi Eryl luttait. Et si la Reine de l’Innocence allait bien évidement la combattre de tout son être, elle ne le ferait pas sans une pointe de remord et de tristesse.
Enlevant Venamia de son esprit, Eryl fit un effort pour se reconcentrer sur Bertsbrand. Le convaincre semblait exclu, et lui voler le Solerios aussi. Eryl devrait peut-être passer la main à Erend. Convaincre les gens était un de ses dons, même si face à Bertsbrand, il aurait à faire à un sacré défi. Tandis que Ladytus avait pris le relai, Eryl s’entretint discrètement avec Velca.
- Qu’est-ce qu’on doit faire ? Nous retirer et contacter Erend ?
- Il est actuellement en orbite sur Atlantis, Majesté. Même si on arrive à le joindre, il ne sera pas là avant un moment.
- Bon, eh bien, Ladytus et moi on reste avec ce zigoto, pour ne pas le perdre de vue où qu’il aille. Toi Velca tu fais en sorte qu’Erend soit au courant. On reste en contact.
L’assistante d’Erend hésita clairement.
- Majesté, je pense que je ferai mieux de rester. Je n’ai pas confiance en ce Bertsbrand ni en ses fanatiques.
- Ce sont des idiots, mais des idiots inoffensifs. Plus un danger pour eux-mêmes que pour les autres. Je doute qu’on risque quelque chose avec eux, à moins d’être plongées dans un coma profond tant le niveau de connerie sera élevé à leur contact.
- Oui… toutefois… cependant…
Velca n’avait visiblement aucune envie de partir. Et de l’avis d’Eryl, ce n’était pas parce qu’elle s’en faisait pour elles. Eryl n’était pas la Reine de l’Innocence pour rien. Elle avait appris à différencier, à un certain niveau, quand la personne devant elle avait des intentions pures, ou pas. Et actuellement, Eryl voyait quelque chose d’assez sombre dans les yeux de la jeune femme.
- Velca, à quoi tu…
Mais le bruit de quelque chose qui s’approchait à toute vitesse ne lui permit pas de poser sa question. On aurait dit qu’un avion était en train de s’écraser sur eux. Eryl et Velca levèrent les yeux en même temps, pour voir effectivement quelque chose dans ciel plonger dans leur direction, avec une trainée enflammée derrière.
- Oh, regardez ! S’exclama Bertsbrand. Une comète vient célébrer mon triomphe et mon swag. C’est un signe en mon honneur !
Eryl n’en était pas trop sûr. Que ce soit un truc en l’honneur de Bertsbrand, ou même une comète. Les comètes n’avaient pas cette forme, et au dernière nouvelle, n’étaient pas en or. Car là, Eryl pouvait distinguer les reflets du soleil sur la carapace dorée de cette chose qui fondait sur eux sans ralentir. Même Bertsbrand finit par prendre conscience du danger. Son signe du destin venu célébrer son swag s’apprêtait à le pulvériser.
- OHHHHH MYYYY GOOOOOOD ! Hurla-t-il en prenant les jambes à son cou.
- Tous aux abris ! S’exclama Eryl.
Certains l’écoutèrent, mais pas assez. Quand la chose se cracha en plein sur l’arbre géant de la ville, et ceci dans une explosion de feu et de débris, le choc emporta énormément de badauds sur place. Eryl elle-même fut projetée à quelques mètres. Des cris. Des gémissements. L’odeur du brûlé. Et Eryl qui voyait le monde autour d’elle fluctuer dangereusement sous l’effet du choc qu’elle avait subi. Au milieu des flammes, des restes calcinés de l’arbre et du cratère qui s’était formé au centre-ville, se tenait désormais une créature humanoïde mécanique. Malgré son hébètement, Eryl ne put que remarquer la beauté de cette chose. On aurait dit une œuvre d’art sur pattes, une statue de l’Antiquité au design parfaitement taillé. C’était un Akyr. Entièrement doré.