« La mort détruit, mais la vie dégrade »
(Jean de la Ville de Mirmont)
« Oubliez-moi, bon sang. »
(Perrine dans le chapitre 58, Oncle Machine I, Lambda Eleven)
« J’ai ce feeling qu’il y a
Bien plus de choses à dire… »
(Mylène Farmer, Stolen Car)- Dou-dou-doubidou…
Roland mettait à jour sa fresque sur les élèves.
« Rebecca – Contact avec Cobaltium ? Trois Mousquetaires libérés ? ??? ? Profit ? »
Sur sa chaise de bureau à roulettes, il ajoutait des notes aux vingt-huit carnets.
« Wallace-Tristan : Toujours ensemble, yay ! ^^ »
Roland sourit, satisfait.
« Mike => s’est enfin débarrassé de ce gros boulet de Rebecca »
« Amélia => Stable, ne fait chier personne… pour le moment ! è_é »
Sacha plissa les yeux.
- Est-ce que tu fais encore des smileys à l’écrit ?
- Nnnnnnnoooooon… marmonna Roland.
Il secoua la tête et se saisit d’un autre carnet.
« Truce : Trop calme, en plein travail parlementaire. »
Un téléphone sonna. Roland soupira.
- C’est le week-end, il se passe quoi… Sacha, c’est qui ?
Roland retourna à ses carnets. « Orson => Ne fait toujours rien »
- Ta mère !
- Hey !
- Non, c’est ta mère qui appelle !
Roland se releva soudainement. « Maman ?! »
Il se précipita sur le téléphone.
- Oui m’man ?... qu… oh… Je… je vois, euh… vous avez prévenu… D’accord… je… je me charge de tout, ok ? Et…
Roland serra les dents. « Lui dis pas que ça change tes plans, elle va mal le prendre. »
- … et je me charge de tout. On se reparle plus tard.
Roland raccrocha et resta stoïque.
- Un problème ? demanda Sacha en mangeant un burrito.
Roland soupira.
- Quelqu’un est mort.
***
Perrine regarda sa toile, dans sa chambre.
« Rien à faire… »
Elle rangea son matériel de peinture. « Pour l’examen final des options, je suis pas capable de peindre autre chose que… »
Elle regarda ses six tableaux précédents, trois dans son style sombre habituel et trois horribles tableaux bien guimauves sur l’amour.
- Génial, panne d’inspiration juste au bon moment… Urh… Enfin, non, je peux encore peindre un truc sur l’amour, mais…
Elle agita la tête.
- C’est mort. Mort, mort, mort. J’ai déjà exploré le thème, c’est bon. Pourquoi j’ai fait ma puberté, j’aurais dû prendre des hormones !
***
- J’me sens juste… J’sais pas, je sais pas ce que je dois faire, il attend quelque chose de moi et j’ai beau me démener comme un diable, je sais pas comment lui donner ça.
Walter soupira et regarda Wallace. Ils étaient chez Walter, pour changer.
- Tu l’aimes ?
- Bah évidemment, ça crève les yeux, nan ? Au point où on en est, si je dis que je l’aime pas, tu vas juste me foutre une claque et me hurler « Tu te fous de ma putain de gueule, salope ?! »
Aude, qui passait dans le couloir à ce moment là, regarda les garçons, éberluée. Walter se tourna vers elle.
- Maman, tu peux fermer la porte, s’il te plait ?
Aude hocha la tête et ferma la porte sans discuter. Walter inspira.
- Ecoute, Tristan veut juste que tu te comportes comme un petit ami normal !
- On va dans des bars, on se fait des cinés, on bouffe au bistro, on se balade en bouffant des crêpes au fromage, merde, il veut quoi, une balade en pédalo sur fond de soleil couchant ?!
Walter plissa les yeux.
- Tu fais comment, toi, avec Naomi ?!
- Eh bien, on va dans des parcs, on mange souvent ensemble, on apprécie simplement la compagnie l’un de l’autre.
- Niveau sexe, c’en est où ?
Walter inspira.
- C’est… le sujet à ne pas aborder.
- Ca va bien devoir arriver à un moment où à un autre.
- Bah… vu comment la première fois s’est passée… Et vu ta situation avec Tristan…
- Rien à voir ! soupira Wallace.
Il souleva le pichet de Piña Colada.
- T’en reveux ?
- Ouais.
Wallace servit Walter alors qu’ils étaient allongés sur le lit devant une télénovela.
- Regarde dans les sitcoms, c’est facile. Pourquoi on se prend autant la tête ?
Walter soupira.
- Parce que dans les sitcoms, tout est manichéen. Tout est soit bien soit pas bien, il n’y a pas cette nuance de doux-amer comme on a, nous. Je suis avec Naomi, mais quand j’essaie de faire avancer notre relation, je me heurte à ma propre réalité. Tu es avec Tristan, mais quand il essaie de faire avancer votre relation, il se heurte à ta réalité. Le problème avec nous, c’est que contrairement aux sitcoms, ce n’est pas un scénario qui nous guide, c’est deux scénarios qui s’entrechoquent. Regarde, imagine ce que ça représente pour toi de faire entrer Tristan dans ta vie !
Wallace serra les dents.
- Hanlanlan…
- Le présenter à tes parents en tant que ton petit ami, officialiser les choses, rencontrer sa tante…
- Mes parents savent que je sors avec !
- Sortir avec et être dans une relation amoureuse avec, c’est pas la même chose ! souffla Walter.
- Han la galère…
- Et pourtant c’est quelque chose que Tristan va souhaiter à un moment. Et ça va être pareil avec moi et Naomi, je vais devoir officialiser les choses si je veux que ça prenne forme.
- Attends, vos parents ont pas déjà fait cette réunion genre « Hey, nos enfants sortent ensemble » ?
- Si, mais la prochaine étape, c’est…
- Oh bon sang, vous les hétéros, vous êtes tellement chiants !
- La différence, en effet, c’est que nous, on est sûrs de nos sentiments ! Fey et James, Francis et Quinn, Perrine et Robbie… Du côté homo par contre…
- Oh quoi !
- Bah toi et Tristan, c’est le bordel, Violette et Santana, c’était folklo grâce à… Andréa…
Wallace leva les yeux au ciel.
- Ok, on est de super mauvais exemples pour la jeunesse. Mais… on a de la marge pour s’améliorer !
Walter secoua la tête en soupirant.
- Tu te rends compte, bientôt la remise des diplômes. Ensuite la fac. Ensuite…
- Ensuite le déluge, putain… soupira Wallace.
Walter soupira. On frappa à la porte. Colin entra. Walter leva les yeux au ciel.
- Papa, tu n’as pas besoin de frapper, on regarde une sitcom !
- Euh… Wallace veut peut-être rentrer chez lui… ?
Wallace s’étonna.
- Un problème ?
- De famille, oui… marmonna Colin, gêné.
Wallace hocha la tête.
- Pas de soucis. A plus, Walt.
- Hm…
Wallace prit ses affaires et partit. Il vit Aude, à la table du salon, quelque peu secouée.
- … à bientôt, m’dame…
- Oui, à bientôt, Wallace… désolée pour…
- J’comprends… j’espère que ça va aller…
Wallace prit la porte et soupira. « J’connais cette ambiance… »
***
Perrine souffla en regardant son frère qui prenait Dedenne par la queue et le faisait tourner.
- Je peux pas être la SEULE à trouver ça malsain !!
- Bah si, tu peux ! sourit Firmin.
Perrine regarda Denis qui haussa les épaules.
- Dedenne n’a pas l’air de se plaindre ! En plus ça a l’air de l’aider à charger ses batteries !
- Papa, c’est de la maltraitance !
- En tout cas ton frère a l’air de s’amuser !
- Mouais…
David semblait pris dans ses comptes.
- Comment on peut dépenser autant pour la nourriture…
- C’est parce que tu as voulu te mettre au bio, ça… souffla Denis.
- Oh je t’en prie ! Il n’y a que le soja que je prends en bio !
Denis soupira.
- Comme si on avait besoin de soja…
- Eh bah si.
- Essaie aussi d’acheter moins d’amarante…
- Mais qu’est-ce que tu as contre l’amarante ?!
- … tout ! Perrine, seconde-moi !
- Tu ne me secondes pas sur Firmin alors je ne te seconde pas sur l’amarante !
Denis soupira.
- Et j’ai voulu une famille…
Le téléphone de David sonna.
- Allons bon, c’est qui…
David prit nonchalamment le téléphone et se leva en sursaut.
- Allô ?!
- David, ta tension !
David semblait effaré.
- Maman, calme-t… Mam… Oh n… oh non… Oh mon…
David se rassit, effondré.
- Oh non…
Denis se releva. Perrine s’étonna.
- M’enfin David, qu’est-ce qui se passe ?!
- Papa ?
Firmin regarda son père. Perrine lui prit le bras.
- Viens, on va dans la chambre, Firmin.
- Qu’est-ce qu’il a papa ?
- Des trucs de grand !
Firmin hocha la tête et suivit sa sœur. Même si sa compréhension de « trucs de grands » était un peu confuse.
***
Denis conduisait. David était à côté de lui tandis que Colin et Aude étaient à l’arrière. David soufflait. L’ambiance était forcément un peu gênante, au vu des circonstances.
- Malcolm doit être dévasté… marmonna Colin pour briser la glace.
- C’est sûr… admit Aude.
David hocha la tête. Il se tourna vers Aude.
- Qui vous a prévenus ?
- Sa mère.
- Oh. J’ai eu peur que ce soit tante Estelle au début ou même… papa…
- A force de voyager comme ça, c’était certain qu’il allait arriver quelque chose… marmonna Denis.
David grimaça. Denis inspira.
- Tu sais que je suis nul dans ce genre de situations !
- Ouais mais là, quand même…
- La santé de Judith était fragile de toute façon… marmonna Colin.
Aude inspira.
- Je devrais être surprise que vous ne respectiez pas les morts, mais… en fait, non, ça ne me surprend pas…
- C’est pas ça… marmonna Denis.
- On n’est pas vraiment des… « proches », on connait les enfants de la famille, mais… marmonna Colin.
- Sa fille est mon ex-belle-sœur, c’est pas rien ! souffla David.
Petit silence. Puis Aude se mit à rire. Colin la regarda.
- … c’est qui, qui nous faisait la morale, y’a pas deux secondes ???
- Excuse-moi, c’est juste… ça fait des années qu’on est mariés toi et moi et… je viens de réaliser tout ce qu’on avait traversé, tout ce que j’avais supporté, et…
Aude ricana de plus belle en se tournant vers la fenêtre.
- … et merde, Wonder Woman, c’est une belle chiffe-molle à côté de moi !
Denis grimaça.
- C’est pas faux.
- Bah Denis !
- Excuse-moi, mais c’est vrai, quoi, faire partie de cette famille, c’est pas simple, David !
David agita la tête.
- Hm. Oh, vous croyez qu’on va revoir Rachel ?
Colin haussa les sourcils.
- Bah… ça dépend, elle est où, déjà ?
- Roland la protège de Justin Truce, comme il a protégé nos parents.
Denis leva les yeux au ciel. David le regarda.
- Quoi ?
- Rien, j’ai encore droit au numéro de « Tu vois, mon frère est un héros en fait ».
- Ah non, tu vas pas recommencer !!
- Ah ça, non, je vais pas recommencer, cette conversation s’arrête maintenant.
David grommela et bouda dans son coin. Colin agita la tête.
- Bah, y’a des chances. Mais elle serait sous étroite protection, un truc dans le genre.
- Oui, la protection de Roland ! sourit David.
- Arceus tout puissant… grommela Denis.
- Mais pourquoi tu ne peux pas admettre que Roland ait fait de bonnes choses ?!
- De bonnes choses comme… Te donner un malaise cardiaque ?! Te faire faire une attaque de panique rien qu’en portant une cravate ?! Tu te rends compte que pendant l’année suivant son départ, on n’a fait QUE se disputer ?!
- Y’avait des circonstances autour, Denis, ta jambe… souffla David.
- Ouais, ouais… Tu sais que je me suis posé très sérieusement la question de savoir si toi et ton frère vous n’aviez pas fait des trucs pas net…
- DENIS !!
- Wow putain ! geignit Colin.
- Je suis là, hein… je sais que je suis facile à oublier, mais bon… souffla Aude.
David semblait scandalisé.
- N… Non mais tu te rends compte de ce que tu dis ?!
- Oui, et je me pose toujours sérieusement la question vu ton… fanatisme à l’égard de ton frère !
- Il ne s’est absolument rien passé, je te défends de sous-entendre des choses pareilles !!
- Euh… je seconde Aude, je suis là et…
- C’est comme si tu disais que Colin et Kate avaient fait des trucs !
Colin agita la tête.
- Euh… ça devient un peu insultant, là…
- Ou Malcolm et Rachel ! Ils sont jumeaux, forcément !
- Pourquoi je n’ai pas emmené d’écouteurs, moi… soupira Aude.
- Ok, ok, fin de la conversation, comme d’habitude tu es incapable de rester sérieux ou même concentré, tu es tellement gêné que tu dois dévier sur les autres…
- Gêné ?! Moi, gêné ? Non mais ça va pas non !
Colin regarda Aude qui tentait de s’évader spirituellement. Il serra les dents, compréhensif.
Silence, gênant cette fois. Colin, voyant que la situation s’est apaisée, se risqua à relancer une conversation.
- … dites, n’empêche, on est d’accord que les Heine sont un peu maudits ?
Denis haussa un sourcil. David inspira et hocha la tête. Aude regarda son mari.
- Je… sérieusement, le respect des morts, c’est en option ou…
- Regarde comme ils ont fini, tous !
- Oui, comme on finira tous un jour, Colin, morts, enterrés, dévorés par les vers, ce qui ne fait pas de nous des gens maudits, juste… des gens !
- Après la guerre, ils n’ont plus jamais été les mêmes, tous les deux !
David hocha tristement la tête.
- Roland a survécu, Lily a survécu aussi, bon sang, j’ai survécu, mais… un homme fort comme monsieur Heine a été complètement ravagé… et madame Heine…
- Qu’est-ce qui leur était arrivé, en fait ?! demanda Denis.
- On n’a jamais trop su… marmonna Colin.
- Ils ont été cambriolés par des tarés, d’après Nathan, Judith avait été genre enterrée vivante…
Nouveau silence, ultra gênant. Aude inspira lourdement.
- Voilà pourquoi on ne vous invite jamais à dîner…
- Aude ! grommela Colin.
- Non, je m’en fous, je leur dis, vous êtes déprimants tous les deux, Denis comme David, et ils te rendent déprimant toi aussi, ça m’insupporte, je suis pas comme ça.
David agita la tête et décida de mettre la radio. « Dead Inside » de Muse retentit dans la voiture. Aude désigna David en regardant Colin, tandis que le médecin semblait au comble de l’embarras.
- T’abuses là, c’est pas sa faute ! marmonna Colin.
Denis affichait un franc sourire.
***
- Et du coup c’est pour ça qu’on est là.
Wallace, Naomi, Walter, Tristan, Robbie, Nadia, Daria et Firmin regardaient Perrine.
- Un décès dans votre famille… s’étonna Robbie.
- Cercle familial… précisa Perrine.
- Et du coup… on passe la journée chez toi ! s’étonna Naomi.
- Sous surveillance… marmonna Tristan.
Le groupe se tourna vers Finn Meadow qui lisait un bouquin.
- Vous occupez pas de moi, faites votre vie… Je suis juste là parce que j’ai dit à ma femme que ça me saoulait et que je préférais encore garder les gosses. Parfois j’devrais vraiment fermer mon claque-merde.
Flora jouait dans un coin sous l’œil méfiant de Firmin. On pouvait entendre Noé s’exténuer dans la salle d’entrainement.
- Pourquoi nous avoir tous invités ? s’étonna Naomi.
- Je trouvais ça chiant d’être seuls un dimanche, et surtout… avec lui… geignit Perrine avec dégoût.
Finn releva la tête.
- Lui, lui… Je suis le seul enfoiré qui savait que tu finirais hétérosexuelle, morveuse !
- GROS MOT, PAPA !
Finn leva les yeux au ciel.
- Je comprends pas pourquoi Lily a tenu à ce qu’il conserve cette habitude de merde…
Perrine plissa les yeux.
- Oncle Finn, tu connaissais madame Judith ?
- Vaguement. Le moment le plus marquant que j’ai passé avec elle, c’était sur ce tournoi géant à la con, sur l’île de N.
Wallace eut un frisson. Perrine inspira.
- Donc tu connais bien tante Rachel.
- Vaguement, là encore, pour les mêmes raisons, outre le fait qu’elle se soit barrée.
Perrine regarda Wallace, Walter et Naomi.
- Dis, pourquoi oncle Roland a quitté tante Rachel ?
Finn regarda Perrine, étonné.
- Pardon ?! Tes parents t’ont jamais expliqué ça ?
- Bah non. Tu sais, les vieilles histoires de famille… papa aime pas trop les ressortir !
- Tu m’étonnes. Rachel a trompé Roland avec le flic chargé de retrouver leur fils kidnappé.
Perrine écarquilla les yeux. Wallace regarda Walter, stupéfait. Naomi garda la bouche ouverte, ébahie. Robbie et Tristan se regardèrent.
- … wow ! C’est… dur !
- Elle l’a un peu cherché en même temps.
Naomi allait dire quelque chose mais Wallace l’en empêcha.
- Et… Roland, tu le connais un peu ?
- Pareil que le reste de la bande. Si tu pouvais te taire, maintenant, parce que si j’avais voulu papoter en long en large et en travers, j’aurais été crécher chez Charlie et Léopold…
Robbie ricana.
- Léopold… Y’a encore des gens qui s’appellent comme ça !
Tristan haussa un sourcil. Wallace plissa les yeux.
- On va vous laisser tranquille, monsieur Meadow ! sourit Wallace.
- Super, merci à toi, homosexuel avisé.
- Mais on vous laisse vous occuper des gosses tout seul ! souffla Naomi.
- J’comptais pas m’en occuper spécialement…
Firmin, Nadia et Daria se regardèrent.
- Combat de Pokémon ? demanda le fils de David et Denis.
- COMBAT ! cria Nadia.
- ALLEZ COMBAT ! sourit Daria.
Finn plissa les yeux alors que les trois gamins sortirent leurs Pokémon, prêts à en découdre.
***
- C’est donc ça !! Putain, ça fait trois ans qu’on bloque là-dessus ! souffla Wallace.
- Je savais que c’était un truc craignos comme ça ! sourit Naomi.
- Je… vois pas ce qui prête à sourire… marmonna Perrine.
- Eh bien, les objectifs et les mobiles de ton oncle se précisent. Il est parti, il est revenu… et actuellement…
Tristan hocha la tête.
- Il les protège, il les protège tous.
Wallace regarda son petit ami, intrigué. Tristan inspira.
- Vous vous rappelez quand moi et Rebecca on est tombés dans ce ravin à la montagne ?
- C’est « Rebecca et moi » d’abord… souffla Robbie.
- Robbie, tais-toi, sinon je t’émascule ! grommela Walter.
- Bah quoi ?!
Perrine et Naomi regardèrent le jeune homme en fauteuil.
- Ouais, j’aime pas ce genre de persiflage à deux balles ! Continue Tristan !
- Eh bah on était dans un chalet occupé par monsieur Malcolm Heine, sa femme et leurs enfants.
Perrine fit de gros yeux.
- … ET VOUS NOUS AVEZ RIEN DIT ???
- Et Rebecca n’a rien dit ?! s’étonna Wallace.
- Et… alors ? s’étonna Robbie.
- On avait juré de ne rien dire ! Mais bon, là, vu les circonstances… Donc on était chez monsieur Heine qui nous a soignés, et du coup il nous a dit qu’il était dans une sorte de programme de protection des témoins. Mais du coup ça fait sens.
- Je vais le tuer ! grogna Perrine.
- Roland Smirnoff fait tout ce qu’il fait depuis le début pour protéger les siens, y compris Rachel, son ex-femme, parce que…
Wallace hocha la tête.
- Truce méprise les nobles. Helen nous avait expliqué qu’il nourrissait une grande rancœur à l’égard de sa caste.
- Oula, attendez… Donc Roland protège sa famille… de Truce… ce qui l’a amené… réfléchit Naomi.
- … à commettre de nombreuses erreurs et de nombreux détours qui l’ont amené dans sa situation actuelle ! marmonna Robbie.
Walter hocha la tête.
- Les élections, tous ces mouvements de manche pour gagner du temps… On a bien fait d’être proactifs sur cette histoire, notre action va peut-être aider à débloquer les choses, c’est peut-être ce que Roland attend.
Tristan agita la tête.
- Roland Smirnoff compte sur des enfants pour faire la sale besogne ?
- Il compte sur moi et Walter surtout. Mes pères – enfin, surtout Denis – ont toujours insisté sur le fait que mon oncle était un détraqué, mais je crois qu’on sous-estime grandement à quel point il l’est.
***
- J’attire seulement ton attention sur le fait que nous ayons annulé nos vacances juste pour surveiller le bâtiment de l’association Pokémon pour vérifier que Justin Truce n’intervienne pas pendant un enterrement !
Dimitri serra les dents. Arlène était à l’arrière de la voiture. Pablo conduisait.
- Dites, Rhodes, vous croyez que moi je voulais faire ça de mon dimanche ?
- Je me doute bien que non, et c’est pour ça que je lance officiellement le mouvement « Y’en a un peu marre de Roland qui contrôle nos vies ».
Dimitri agita la tête.
- J’ai une grosse dette envers lui…
- IL A une grosse dette envers toi ! C’est toi qui a retrouvé son fils ! IL devrait t’être reconnaissant ! Au lieu de ça, tu es son gentil toutou !
- C’est mon maître, il m’a appris à me battre ! Et à sortir de mon trauma de guerre.
- D’après ce que tu m’as raconté c’est plutôt ton ami Yann qui s’en est chargé !
Dimitri agita la tête.
- Et vous, Montes, vous l’avez aidé à remporter la zone de combat, et quoi en retour ?
Pablo inspira.
- Vous en avez parlé avec Roland ?
- Non, parce qu’il est complètement obnubilé par cette stupide petite classe.
- Alors taisez-vous, vous dites que nous n’avons pas de couilles, mais vous n’avez pas d’ovaires non plus puisque vous ne lui avez pas dit ça en face... A propos d’ignominies féminines, où est votre fils ?
- Jackson le garde… souffla Dimitri.
- Je ne veux même pas y penser…
***
Jackson passait des diapositives.
- Et ça, c’est un Dodrio à cinq têtes obtenu en utilisant un traitement pour la fertilité sur un Doduo avant évolution.
Raphaël, dans sa chaise bébé, gazouilla et tapa dans ses mains.
- Je sais, j’étais vraiment un scientifique génial… souffla Jackson en sirotant une canette de coca.
***
- On y est…
- Et c’est un échec !! grommela Arlène.
En effet, Justin prenait le jet privé de l’association. Sur le parvis de l’association ainsi que sur la place qui ornait le lieu, des militants pour le mouvement de Holland, qui faisaient une sorte de sit-in, un mouvement nommé « Poképolis Active » qui s’était installé ici pour faire savoir son désaccord des politiques menées.
- Qu’est-ce que c’était bien quand on avait ce jet ! soupira Dimitri.
- N’est-ce pas ?! J’adorais les tables en acajou ! geignit Pablo.
- Et la machine à café…
- Oh, je rêvais de coucher avec ! soupira Pablo.
- Moi aussi… geignit Dimitri.
- Vous êtes deux gros débiles ! soupira Arlène.
- Et tu as fait un bébé avec un de ces deux gros débiles ! sourit Dimitri.
- Et j’aurais pu être ce gros débile, si je n’avais pas été aussi défoncé au Burning Man ! sourit Pablo.
Arlène inspira.
- Ok, j’ai rien entendu et je vais finir par devenir lesbienne, si vous continuez à sortir des énormités pareilles. On fait quoi ? On le suit ?
- De la merde. Vous avez raison, ras la cafetière de jouer les hommes de main…
Pablo ouvrit la boîte à gants devant Dimitri et sortit une boîte à cigares. Arlène haussa un sourcil.
- Enfoiré !
- Héhéhé ! Roland n’a jamais apprécié que je fume au bureau, alors…
- Ca explique vos longues pauses ! s’étonna Dimitri.
- Eh oui !
- J’aurais juré que vous vous masturbiez ! ajouta Dimitri.
Arlène se frictionna le visage tandis que Pablo rehaussa ses verres fumés.
- Je dois avoir un cigare à la marijuana pour vous…
- Ah non, ça me fait dormir…
- JUSTEMENT ! soufflèrent Pablo et Arlène en même temps.
***
- Merci d’être là.
Justin s’assit face à Seth, dans l’avion.
- C’est bien parce que tu m’as embêté toute la nuit avec cette histoire…
- Je l’ai senti, Seth, j’ai senti la présence de ma mère.
Seth regarda Justin et soupira.
- Je ne comprends même pas pourquoi j’ai répondu à tes appels.
- Je te remercie de l’avoir fait.
- Je suis toujours fâché contre toi à cause de ton comportement le soir de l’élection.
Justin inspira.
- Je suppose qu’il est inutile que j’essaie de m’excuser…
- Tu supposes bien.
Justin inspira. « Ce voyage va être génial… »
***
- C’est ridicule…
- C’est comme ça.
Rachel souffla et regarda Sacha dans le rétroviseur de la limousine.
- C’est l’enterrement de ma mère !!
- Et vous pouvez vous y rendre librement.
- Vous vous rendez compte que je suis plus forte que vous quand même ? Vous n’êtes qu’un ancien acteur à la retraite, je suis professeur de combat direct !
Sacha Ketchum inspira.
- J’en ai rien à foutre.
- Et si je sors un Pokémon et que je vous attaque, là ? Dans la voiture ?!
Sacha secoua la tête.
- Un, ce serait très con, vous bousilleriez notre seul véhicule, deux, vous me devriez une blinde de fric et trois, vous irez pas à l’enterrement de votre mère, vous vous contenterez d’errer sur la route comme une conne.
- … bien répondu…
- Et puis, vous allez revoir vos amis et votre famille, vous devriez être reconnaissante, au moins…
Elle regarda dehors. « Merde alors, je vais revoir les autres… J’y avais même pas pensé… »
***
- Ça va ?!
Perrine se retourna vers Robbie. Finn était dans la salle d’entrainement avec les enfants, et du coup les ados avaient repris possession du salon et de la télé. Perrine était assise à la table de la cuisine, songeuse.
- Ca va, juste que… les pièces du puzzle se rassemblent au moment où le plan de mon oncle est enrayé par un décès…
Robbie agita la tête.
- Faut croire que rien ne se déroule jamais exactement comme on l’a prévu…
- Ca vaut pour tout le monde. Nous, même…
- C’est sûr. On pourrait rompre, là, maintenant.
Perrine haussa les épaules.
- Ok !
- Hein ? Non !
- T’avais pas prévu que je dirais « ok » ?!
- Bah… Si, un peu, mais je m’attendais pas à ce que ça te fasse ni chaud ni froid !
- Je plaisantais, voyons.
Robbie inspira et se tourna vers Tristan, Wallace et Naomi qui examinaient les disques durs de l’association Pokémon récupérés à l’école.
- C’est… accablant… déglutit Tristan.
- A ce point ?!
Tristan ouvrit trois documents.
- Ca, c’est les statistiques de tous les Pokémon de tous les profs et élèves. Ça, c’est nos courbes de progression. Ça, c’est un diagramme qui estime notre puissance militaire.
Wallace haussa les sourcils.
- Militaire ?!
- En quelque sorte notre capacité de destruction.
Naomi secoua la tête.
- Pourquoi ?!
***
- Je vous le redemande, POURQUOI ?
- Ordre de monsieur Truce.
Teresa Torres était plongée sous la paperasse par ni plus ni moins que Vivien Atkins.
- Je n’ai même pas accès à ma boîte mail !
- J’en suis désolé, mais vous devez valider ces recrutements pour les infrastructures de l’association Pokémon !
- Pourquoi il a attendu si longtemps avant de me les faire valider ???
Vivien haussa les épaules. « Peut-être parce que monsieur Corrigan les gardait de côté… »
- Je n’étais même pas aux entretiens !!
- Ordre de monsieur Truce.
Vivien retourna dans son bureau chercher d’autres dossiers en retard. Il regarda son Papilord qui l’aidait dans sa tâche. « Nous avons pour mission de la tenir occupée aujourd’hui, nous allons réussir ! »
Il retourna dans le couloir et croisa une fille blonde aux cheveux courts accompagnée d’un Sépiatop.
- Hey Amélia !
- Hey.
***
Tristan inspira.
- A première vue, les deux camps nous voient comme… une baliste dans Fire Emblem.
Wallace leva les yeux au ciel.
- Référence geek, ça faisait longtemps…
- Nous sommes un engin de siège que les deux camps peuvent utiliser.
- Si tant est qu’ils ont un archer !
Tristan se releva pour regarder Walter qui haussa les épaules.
- J’aime les jeux de stratégie !
- Ca ne change rien à ma métaphore…
- Et c’est pour ça qu’on a bien fait de décider d’être neutres dans cette affaire. Je suis même sûr que cette histoire d’élèves qui gardent leurs uniformes et d’élèves qui ne les ont toujours pas remis, ça a bien brouillé leurs cartes. Plus la page Facebook.
- Je t’ai déjà dit d’arrêter avec cette page Facebook, tu vas tous nous faire tuer ! grommela Wallace.
- Tu es jaloux parce que je mobilise les masses !
- Je suis inquiet parce que ça te rend mégalo !
Walter secoua la tête.
- C’est pas ce que mes six mille followers disent !
Naomi plissa les yeux.
- Ok. Euh… Du coup qu’est-ce que ça veut dire pour notre futur ?
Tristan inspira.
- Eh bien on va soit être utilisés par un des deux camps soit être ignorés au profit d’une bataille à venir plus grande. You-hou, j’ai envie de dire !
- Et du coup vous êtes divisés entre… Walter et Wallace qui veulent la jouer tierce partie, et Perrine et Naomi qui veulent attendre de voir comment ça va se passer ? marmonna Robbie.
- C’est plus compliqué… admit Naomi.
- Walter veut être une partie neutre, Perrine veut attendre et réagir en fonction, Naomi veut qu’on fasse un raid pour aller leur botter le cul, moi…
Wallace agita la tête.
- Je sais pas. Je sais plus, disons. La mort de Manternel et…
Il désigna Tristan.
- Plein d’autres trucs ont remis les choses en perspective.
- Tu veux un jus d’orange, Plein d’autres trucs ? demanda Perrine.
- J’dis pas non… sourit Tristan.
Une grande ombre arriva dans le salon. Les jeunes se tournèrent vers Finn.
- … vous êtes là depuis… ? demanda Robbie, apeuré.
- Assez longtemps pour savoir que vous êtes impliqués dans des trucs pas nets.
***
- Amaillide. On y est. Ce n’était pas bien long… marmonna Justin.
Seth soupira. L’avion semblait prêt à atterrir. Il regarda Justin qui soupira.
- Tu sais, Seth, à une époque, c’est toi qui essayait de me dérider…
L’ancien adjudant de Roland Smirnoff soupira.
- Tu es tout mielleux uniquement parce que le souvenir de ta mère, à savoir de quelque chose dont tu cherches à percer le mystère depuis longtemps, s’est ramené à toi. Tes idées sont en place, tu es redevenu le Justin terre à terre dont je suis tombé amoureux.
Justin rougit. Seth souffla.
- Mais en ce qui me concerne, le souvenir du Justin amer, acerbe et implacable de l’élection est trop présent. C’est comme si… comme si tu avais mis du bleu de méthylène dans un verre d’eau. C’est teinté à jamais. La façon dont tu m’as traité, ton comportement, ta rage, presque…
- Tu sais bien que c’est la faute de…
- Mais OUBLIE Roland Smirnoff ! Tu es intelligent, tu SAIS qu’il le fait exprès, tu as vu notre combat, tu sais que pour lui tout ça n’est qu’un jeu, que les élèves de cette classe d’Ogoesse ne sont qu’un outil pour lui, que tu n’es qu’une pièce du jeu d’échecs comme une autre pour lui…
Justin inspira.
- C’est bien pour ça que je veux le neutraliser…
- Non, tu veux le neutraliser parce qu’il a été lié à une famille noble. Au fait, où en est le plan pour assassiner les Heine ? Maintenant que Malcolm Heine est revenu sous les radars, tu vas aller le tuer, lui et sa famille, je présume ?
Justin inspira.
- Je… Mes plans ont changé…
- Tes plans ou ceux de Teresa Torres ?
Justin se mordilla les lèvres.
- Encore ça…
- Oui, encore ça ! L’influence de cette femme, Justin, est à mes yeux ENCORE PIRE que la mauvaise influence de Roland Smirnoff sur toi ! Tu sais ce que je vois en ce moment devant moi ? Un pantin ! Une poupée de chiffon que tout le monde manipule à sa guise. Qui se laisse infl…
- Assez !
Seth regarda Justin qui avait levé une main.
- On vient d’atterrir. Je descends, tu restes là, j’en ai assez entendu. Je suis capable de prendre mes décisions tout seul. Et je n’ai besoin de personne pour me dire ce que j’ai à faire.
- Non, tu as besoin de Teresa et de Roland.
Justin fronça les sourcils et partit vers la porte de sortie du jet. Seth soupira et sortit son téléphone.
- Vivien, comment ça se passe ?
« Bien… elle est furax, mais bien. »
- Ok. Pas de mouvements suspects ?
« Amélia Levy est là. »
Seth souffla, exaspéré.
- Quoi d’autre ?
« Les mercenaires de Randy continuent leurs sessions d’entrainement… »
- Mouais. On ne sait toujours pas trop pourquoi…
« Non, et quand je demande à Jake, l’étudiant qui assiste monsieur Stallbo, il ne sait pas non plus. »
- Bon… Je rentre d’ici quelques heures. Demande à Teresa de valider les licenciements ensuite.
« Reçu… même si elle va se douter de quelque chose à la longue… »
- Elle est bien trop occupée à rouspéter pour s’apercevoir qu’on la mène en bateau. Continue.
« Bien reçu ! »
Seth raccrocha. Il regarda par un hublot et ses yeux s’écarquillèrent.
***
- Je… ne m’attendais pas à ça.
- Nous non plus… geignit Helen.
- Si ça peut vous rassurer nous ne sommes pas là pour nous battre.
Justin Truce contemplait Helen Clover et Holland Tenorman qui se tenaient devant lui.
- Je suppose que vous ne pouvez pas me dire ce que vous faites ici… marmonna Truce.
- Eh bien, trois de mes Pokémon sont très sensibles aux émanations mystiques et comme mon Strassie peut servir de pendule, j’ai repéré que ça venait d’ici alors on a pris le premier ferry depuis Ogoesse, et on est venus !
Holland regarda Helen, aussi estomaqué que Justin. Elle haussa les épaules.
- Quoi ? C’est rien de compromettant ! Et c’est la vérité !
- Certes, mais comment dire… tu te rappelles qu’en théorie, c’est un ennemi ? marmonna Holland.
- Oui mais bon… ça n’a rien à voir avec le reste, on s’en fiche !
Holland agita la tête. Justin le regarda et inspira.
- Je suppose que vous n’accepterez pas mes regrets quant à ce qui vous est arrivé…
Holland inspira, s’appuyant sur sa canne.
- Oh, si. Ce n’est pas vous qui m’avez tiré dessus donc j’accepte tout à fait… et j’irais même jusqu’à dire que je vous remercie pour votre sollicitude.
- Vous vous rappelez de qui vous a tiré dessus ? s’étonna Justin.
- Non, répondit fermement Holland.
***
Dans l’avion, Seth était en panique.
« IL VA LUI DIRE. »
« IL VA LUI DIRE ET JUSTIN VA SAVOIR QUE JE SUIS UN TUEUR. »
« UN TUEUR A LA SOLDE DE ROLAND SMIRNOFF. »
« ET JE VIENS DE LUI FAIRE LA MORALE EN PLUS ! »
« maisqu’est-cequ’ilsfoutentlàtouslesdeuxbordeldemeeeeeeeeerde !!!!!!!! »
Seth s’agitait et psychotait tellement que le personnel de l’avion se demandait s’il devait le mettre sous sédatifs ou pas.
***
- Pour en revenir à votre venue… marmonna Holland.
Justin inspira.
- Mes raisons sont plus personnelles.
- Ah ?!
- Disons familiales.
Holland hocha la tête.
- Très bien, je ne vous demande rien de plus.
Justin hocha la tête et regarda Helen.
- Du coup… vous avez découvert quelque chose ?
Helen regarda Holland qui plissa les yeux.
- Quoi ?
- Je peux lui parler ?
- Oui, bien sûr. Comme tu l’as dit, rien de ce qui se passe ici n’a quoi que ce soit à voir avec ce qui nous oppose.
- Oh. Eh bien, apparemment une fissure de l’espace-temps s’est produit ici… euh… c’est un mausolée. A la gloire de Keldeo…
- Je sais cela. C’est lié à l’histoire de ma famille.
- Et du coup il y a quelques jours, sans qu’on comprenne pourquoi…
Justin regarda au sol. Il vit les traces. Il hocha la tête.
- Terrakium, Cobaltium et Viridium se sont réunis.
Holland haussa un sourcil. Helen sembla stupéfaite.
- Vraiment ? Mais alors… Keldeo aurait dû renaître et…
- … potentiellement provoquer une nouvelle guerre entre humains et Pokémon.
Helen hocha la tête.
- Ça aurait été… embêtant, je suppose.
- Vous supposez bien… admit Justin. Cependant les textes sont ambigus, évidemment, puisqu’on n’a jamais pu communiquer avec eux. On a toujours vu leur comportement comme belliqueux, alors qu’ils ne faisaient que faire justice au comportement ordurier des hommes envers les Pokémon.
Holland inspira. Helen acquiesça.
- Oui, enfin… C’était une toute autre époque.
- Il n’empêche que je suis lié par le sang à ces Pokémon. J’ai ressenti au fond de moi que quelque chose d’anormal se produisait.
Holland hocha la tête. « Vous ne nous dites pas tout, mais admettons… »
- Comment ça, liés par le sang ? s’étonna Helen.
« Parfois, son idiotie chronique a du bon… » songea Holland en prenant un air offusqué.
- … il y a des siècles, mon aïeul Salazar Caub est venu en aide à ces Pokémon quand personne d’autre ne les aidait. Il en a été béni. C’est là l’origine de notre noblesse.
- Ah… j’ai cru que vous étiez le fruit de l’union d’un humain et d’un Pokémon !
Holland regarda Helen comme si elle était la reine des connes.
- … pourquoi tu me regardes comme si j’étais la reine des connes ?!
- … pour une raison bien précise… marmonna Holland, furieux.
- Cela ne m’embêterait pas tant que cela, marmonna Justin. Vous savez, l’histoire des dieux et héros grecs est pleine de fornications contre-nature qui donnent naissance à des personnages fantastiques.
Holland leva les yeux au ciel. « On est SERIEUSEMENT en train d’avoir ce genre de conversation ??? »
- Ah mais oui ! Sans pour autant que ça ait été normalisé, hein ! indiqua Helen.
- Evidemment que non, renchérit Justin.
- Donc euh… les trois se sont réunis ici… marmonna Holland pour revenir au sujet.
- Et ensuite… Keldeo aurait dû être ressuscité, mais…
Helen sortit Strassie. Le Pokémon sembla inquiet et tourna autour de la stèle. Helen hocha la tête.
- Une émanation mystique.
Justin approcha de la stèle.
- Qui a édifié ce monument ?
- D’après la légende, ce seraient les trois mousquetaires Pokémon… marmonna Helen.
- Non, en vrai. Des Pokémon ne peuvent pas mettre au point un monument aussi complexe.
- J’ai peut-être une réponse…
Les trois visiteurs se relevèrent pour faire face à Goyah, l’ancien maître du conseil d’Unys.
- … mais elle risque de ne pas vous plaire.
Helen regarda Justin qui semblait stressé mais se ravisa.
- Je… Nous avons perçu une activité anormale.
- Nous, nous… comme vous y allez… marmonna Holland.
Goyah inspira.
- La personne qui a construit ce mausolée est Lady Hortensia Benz.
Justin tiqua. « Benz. Comme Astor Benz. L’homme que ma mère a probablement fréquenté… »
- C’est William Gebney qui rapporte ce fait dans ses mémoires.
- Oh ! C’est celui qui a fait ce film…
- Tout le monde connait cette histoire, tais-toi ! grommela Holland.
- Pourquoi tu t’énerves contre moiiiii ! geignit Helen.
- Parce que pour une femme férue d’histoire, tu es bien inconsciente de la portée de ce qui se passe ! souffla Holland.
Justin inspira.
- Elle n’a fait que le construire, mais…
- William explique qui est cette femme dans ses mémoires. On peut trouver l’information sur Pokébip, je pense.
Justin haussa un sourcil. Holland regarda Helen qui mit un temps fou à comprendre.
- Quoi ?!
- Tu es la seule prof ici, tu as des accès à Pokébip, la base de donnée des enseignants !
- Ah bon ? Ah bah oui !
- Mais depuis quand es-tu aussi…
- Ah ça va hein ! Je suis pas comme monsieur Truce, avec un pédigrée extraordinaire, ou comme toi qui a été l’élève de Roland Smirnoff…
- Je dirais plutôt la marionnette, mais si tu préfères…
- Je suis une simple prof d’histoire qui s’avère être liée à la classe préférée de Roland Smirnoff. D’ailleurs, monsieur Truce, vous ne les aurez jamais, ils vous vaincront !
- Ca n’est pas pertinent ici, si vous pouviez accéder aux données concernant Hortensia Benz, ça ferait… comment dire… avancer les choses !
Helen hocha la tête et manipula son téléphone.
- Alors… « Hortensia Benz. Mère d’Astor Benz, ancien agent du gouvernement. Madame Benz était connue pour être une notable d’Amaillide. Sa famille n’était pas noble, mais hautement respectée. Les Benz ont pour Pokémon emblématique Ténéfix. On raconte que les Benz ont même créé la Ténéfixite eux-mêmes en distillant des gemmes de Ténéfix »… C’est dégoûtant ! geignit Helen.
- Continuez, s’il vous plait… marmonna Justin.
- Ok. « Elle est à l’origine de la stèle du mausolée de Keldeo. Comme l’explique William Gebney dans ses mémoires. » Il y a un extrait.
- Lis-le… marmonna Holland.
- Ca va, ça va !
« Au moment où j’allais enterrer Keldeo, au comble du désespoir, cette dame magnifique est apparue. Je savais qui elle était : Hortensia Benz. Engoncée dans une robe noire et pourpre, un chignon gris fermement serré sur la tête, ce maquillage sombre mais outrageant des dames de la haute, Madame Benz n’a pas enterré Keldeo tout de suite. J’ai observé cette femme, et ce qu’elle a fait n’était pas normal, pas naturel. Son Ténéfix est entré dans le corps du Pokémon. Elle l’a ranimé, mais ce n’était plus lui. C’était… un morceau de viande dirigé par un spectre. Une poupée de chair. »Helen regarda Goyah qui hocha la tête. Justin semblait intrigué.
- Euh…
« Je l’ai observée, fasciné par le spectacle morbide qui s’offrait à moi. Elle observait avec un sourire malicieux. Quand son Ténéfix est sorti du cadavre, Keldeo n’était pas seulement mort, il était comme vidé de son âme, de sa force. Et ensuite, le Pokémon, aidé par d’innombrables griffes, a construit la stèle et l’a enduit du sang du cadavre qu’il venait de profaner. »Holland regarda la stèle.
- Ce qui explique ces traces sombres…
- C’est absolument ignoble… marmonna Justin d’un air neutre.
Holland le regarda. « Il donne le change. Si ce qu’ont rapporté Marigold Heller et Brice Tramer est exact, sa famille a fait mille fois pire. »
Helen continua.
-
« Je n’ai absolument pas compris ce que j’ai vu, mais je me suis renseigné plus tard aux archives de New York. A l’époque, les Etats-Unis espionnaient de près Poképolis parce qu’ils y soupçonnaient des activités de terrorisme, de communisme, entre autres, mais surtout de sorcellerie voire de chamanisme, et la famille Benz était répertoriée comme très liée à ces mouvements. Je n’ai jamais pu interroger les Benz à ce sujet, et encore moins monsieur Astor qui s’est toujours montré très vindicatif à l’égard de quiconque soupçonnait sa mère d’être une wiccane, mais je pense que le rituel commis par madame Benz avait un but précis. »Holland faisait une grimace étrange. Helen haussa les épaules.
- Ouais, je comprends pas trop ce que la sorcellerie vient faire là-dedans…
- C’était de la sorcellerie à l’époque, à présent, ce serait plutôt les effets d’une attaque Pokémon… Ombre Nocturne, je présume… marmonna Justin.
- Truce, il est connu que votre famille a des liens étranges avec les Benz. Je me doute bien que vous avez été mené ici par je ne sais quel lien…
Justin regarda Goyah qui haussa les épaules.
- … mais vous devez vous rendre à l’évidence. Ce que vous cherchez ici n’est pas un truc que vous pourrez rationnaliser avec des connaissances, des sciences ou des mots. Vous savez que c’est au-delà, que c’est plus mystique et profond que cela.
Justin inspira fermement.
- En continuant à chercher ce que vous cherchez, vous allez y perdre des plumes.
Justin hocha la tête.
- Quant à vous…
- Oh bah moi j’étais là par intérêt historique, je suis servie !
- Et moi je la suivais… mais je suis content d’avoir revu mon ancien rival.
Justin inspira.
- Oui, merci encore pour vos partisans devant ma porte…
- Ce n’est qu’une broutille. Attendez un peu que tout se mette en place.
Helen regarda Holland, surprise. Justin inspira.
- Il vaut mieux que je reparte.
- Hm. Sinon la conversation pourrait devenir moins cordiale.
Justin s’en retourna à son jet. Holland hocha la tête.
- Que tout se mette en place ? s’étonna Helen.
- C’est trop facile de lui faire peur. Il est fébrile, il est à un tournant. Le prochain mouvement de Roland sera le bon.
Helen plissa les yeux.
- Attends, tu es du côté de…
- Personne. J’attends juste de les voir tous les deux s’entredéchirer au point qu’ils n’aient plus que leurs yeux pour pleurer. Là, je pourrais rire.
Justin remonta dans le jet privé de l’association Pokémon et vit Seth complètement flippé et accroché à son siège.
- … euh… j’ai… raté un épisode ?
- Non, non, non non…
***
- Du coup, il a les glandes contre sa mère, il lui parle pratiquement plus, se met à la détester ouvertement, genre il a tyrannisé sa famille, fin Lily parle de cette période comme si elle était prise en otage par un terroriste…
Perrine regarda Robbie qui regarda Tristan qui regarda Wallace qui regarda Walter qui regarda Naomi… et le groupe semblait sonné par les révélations de « Tonton Finn ».
- Tout ça parce qu’il a vu sa mère avec le meilleur ami de son père dans un placard à balais. Genre si jamais Linda avait pas emmené le gosse avec elle à l’hosto, bah… ils auraient pas eu tous ces problèmes. D’après ce que Lily m’a dit, Etienne a demandé à monsieur Heine de tout dire à sa femme. Judith, donc.
Wallace haussa un sourcil.
- Ca explique pas mal de trucs…
- Bah vous imaginez les moments de silence dans les dîners de famille !
Les jeunes hochèrent la tête.
- Du coup, toute cette merde avec le frangin ne s’est résolue qu’après la guerre et… plus encore quand Roland et Rachel se sont mis ensemble.
Walter acquiesça.
- D’accord, d’accord, d’accord…
- La suite, vous la connaissez, mariage, enfants, gros pépin, divorce…
La troupe acquiesça.
- Maintenant vous passez à la caisse.
Finn tendit la main. Les six élèves grommelèrent en cherchant quelques biftons à verser.
- Voilà. Et comme ça, je garde le silence. Mais j’insiste. Je trouve que Lily a raison quand elle ne veut plus rien avoir à voir là-dedans. J’vous conseille de faire pareil et de vous tenir éloignés de toute cette merde. Sauf si ces connards vous cassent vraiment les couilles, là…
- Papa, ça suffit les gros mots, là !! cria Noé.
Finn inspira et se leva.
- Excusez-moi, j’ai un châtiment corporel à délivrer… grommela l’ancien soldat.
Perrine, Robbie, Walter, Naomi, Tristan et Wallace se regardèrent, quelque peu stupéfaits par tout ce qu’ils avaient appris.
***
David descendit de la voiture.
- C’est un beau cimetière…
- Si tant est qu’il puisse y avoir de beaux cimetières… marmonna Colin.
Denis soupira.
- Allez, c’est qu’un mauvais moment à passer… souffla le bibliothécaire.
- Je regrette vraiment de n’avoir emmené ni drogue ni écouteurs… souffla Aude.
La troupe s’avança dans le cimetière jusqu’à arriver vers une troupe de chaises face à un trou.
- C’est là… marmonna Colin.
- Hm… Oh ! OH !
David se mit à courir. Denis soupira.
- David, ta tens… oh et pis laisse tomber.
David accourut, fou de joie. La femme qu’il avait repéré secoua la tête en souriant.
- Ne cours pas, David, voyons…
- MAMAAAAAAAAAN !
David se serra contre Linda qui soupira.
- Mon bébé, bon sang comme tu as grandi ! Et grossi…
- C’est les lasaaaaaaaagnes !!!
- La seule recette de cuisine que je lui ai appris, évidemment !
Lily, Estelle et Etienne sourirent. David regarda sa mère, ému.
- J’ai eu tellement peur pour vouuuuuus !
- Mais il n’y avait pas de quoi, nous étions parfaitement bien !
- Il a fallu que l’autre idiote clamse ! souffla Estelle.
Colin regarda Aude, gêné.
- Aude, tu te rappelles ma mère ?
- Ouiiiiiiii…
- Tu vas bien, maman ?
- Aussi bien que possible, fils. Surtout depuis que j’ai vu…
Kate, Bernice, leur fils Elijah, Malcolm et Claire revinrent après un tour de cimetière.
- C’est vachement classe ! admit Kate.
- Y’a des tombes complètement ouf. J’veux être enterrée ici ! s’enjoua Bernice.
- J’ai épousé Malcolm uniquement pour entendre ce genre de phrases ! sourit Claire.
- Mouais, j’aimerais pouvoir dire la même chose de Colin… admit Aude.
- Tu es une rabat-joie, voilà tout ! sourit Colin.
- Monsieur Smirnoff, vous saviez que Mateo Morf était enterré ici ? s’étonna Malcolm.
- Hm, j’avais emmené Roland voir sa tombe lors d’un circuit des célébrités enterrées ici. Où figure également, donc, le caveau mortuaire de la noble famille Heine.
Malcolm hocha la tête. David se décolla de sa mère.
- Papa…
- Je suis content de te revoir également, fiston, je… me passerais des effusions…
David serra quand même son père dans ses bras. Lily regarda Etienne.
- Demande à un Chamallot de pas brouter…
- Je sais, je sais… Fiston, quand grandiras-tu un peu…
- Jamaaaaaaaaaais ! Vous m’avez trop manquééééééé !
Denis salua ses beaux-parents.
- Je suis toujours avec lui, malgré lui !
- Perrine va bien ?
- Oui, désolé, on n’a pas amené Firmin…
- Ce n’est pas grave ! sourit Linda.
Denis plissa les yeux, intrigué.
- On attend qui ? souffla Estelle.
- Eh bah… souffla Malcolm.
David fit de gros yeux.
- Elle VIENT ???
- D’après les infos que j’ai, Roland serait en train de la faire venir.
- ROLAND VA VENIR ?
Linda serra les dents. Etienne inspira. Estelle secoua la tête.
- Non, non, non. T’excite pas, mon grand.
David regarda Denis qui souffla.
- Profite de tes parents et ne pense pas trop à ton frère pour le moment. Et puis n’oublions pas que Judith est morte dans tout ça…
- On va attendre que Rachel arrive pour vous expliquer comment ça s’est passé…
Elle apparut justement au bout de l’allée, accompagnée par Sacha Ketchum qui resta à distance, dans un imper gris et avec un chapeau.
- Je suppose que je ne dois pas m’enfuir… souffla Rachel.
- Vous supposez bien. Vous êtes vachement perspicace quand même !
Rachel leva les yeux au ciel. Elle se dirigea vers sa famille.
« Mon Dieu… »
« Ca fait tellement longtemps… »
« David s’est presque empâté ma parole… »
« Colin a carrément une bedaine… »
« Les Smirnoff… qu’est-ce qu’ils sont vieux… Et Estelle… »
« Qu’est-ce que je vais leur dire ? Je suis presque une inconnue pour eux… »
- RACHEL !!!
La brune haussa les sourcils en voyant David courir vers elle.
- T’es pas censé ne pas courir ?!
David lui sauta au cou.
- RACHEL !!! MON DIEU RACHEL, CA FAIT TELLEMENT LONGTEMPS !!!
Etienne se pencha vers Denis.
- Il est au courant, de tout ce qui se passe avec Roland, Justin Truce…
- Non.
- Oh.
- Ouais.
- On va éviter de lui dire alors.
- Yyyyyep… marmonna Denis.
Rachel était surprise. Malcolm s’avança.
- Soeurette…
- Mac… je suis ravie que tu ne réagisses pas comme ça !
- Le pauvre, ça fait des années qu’on le prive de ses parents et de sa Rachel, laisse-le un peu !
Rachel souffla.
- David…
- Mais j’ai eu tellement peur pour toi, tu es partie tellement vite après tout ça !!
- J’avais besoin de prendre de la distance, tu te doutes bien…
- Fallait pas nous laisser comme ça, Rachel… Fallait pas me laisser…
Rachel plissa les yeux et regarda son frère qui inspira.
- Euh… David, tu peux laisser ma sœur enterrer sa mère, s’il te plait ?
- Oh pardon, pardon…
- J’ai du temps pour discuter, David, promis.
David hocha la tête, les yeux tous rouges.
Rachel arriva vers les autres conviés.
- Etienne, Linda, Estelle…
- Rachel, enfin… sourit Etienne.
- Comme tu as grandi toi aussi ! sourit Linda.
- Ils ont trente balais, ils ont pas grandi, arrête ! sourit Estelle.
- Lily !
- Mon mari garde les gosses, désolée !
- J’ai passé trois-quatre ans enfermée à élever des gosses, je t’assure que je ne veux pas en voir plus. Sauf ton respect…
- Elijah. Bonjour, madame !
- Il est chou ! Vous auriez pu adopter un bébé les filles !! grommela Rachel.
- Trop compliqué ! admit Kate.
- Et hors de question que j’allaite ! souffla Bernice.
Rachel secoua la tête. « C’est comme avant, finalement… »
- Colin, Aude ! Colin, tu as pris du poids !
- Ah bah, après des jumelles ! admit Colin.
- Par contre, Aude, waouh !
- Toi aussi, tu penses que je devrais me remarier ? sourit Aude.
- Carrément !
- Heeeeeeeeey !
Rachel souffla en regardant tout le monde.
- Eh bah… Désolé que maman doive mourir pour qu’on se revoie, c’est… un peu triste…
- En fait sa mort est plutôt drôle !
Tout le monde se tourna vers Estelle qui agita les mains.
- Question de point de vue, hein. On était dans un resto.
- Un petit bistro bourgeois bien tranquille à Prague. Comme on paie rien, on profite ! sourit Linda.
- Le vin à Prague, le vin ! sourit Etienne.
- Ton père s’est découvert une passion pour le vin. Lui qui s’était juré de ne jamais boire… souffla Linda.
- On savoure, tranquille, on fait la teuf, et on croyait que Judith dormait.
- Elle tenait un peu moins bien le coup que nous, donc des fois, effectivement, elle dormait après les repas.
- Sauf que là… elle avait les yeux ouverts… souffla Estelle.
Rachel haussa les sourcils.
- Elle…
- Est morte de vieillesse. Au calme, après s’être bien amusée avec nous.
David baissa la tête. Malcolm inspira. Etienne et Linda se regardèrent. Colin agita la tête.
- C’est… quand même mieux que la mort horrible qu’elle a failli avoir pendant la guerre !
- Assurément ! souffla Estelle.
- Ah bah ça… souffla Etienne.
- Oui, je confirme ! sourit Linda.
Aude secoua la tête en regardant son mari.
- Quoi ?!
- J’allais dire que tu étais insortable, mais en fait… je crois que c’est moi qui suis insortable !
- J’allais le dire… marmonna Denis.
Rachel souffla.
- Les pompes funèbres…
- Arriveront quand elles arriveront. On peut prendre notre temps ! souffla Linda.
Rachel acquiesça. Elle regarda les gens.
- Je suppose que vous voulez savoir comment ça se passe… Je ne le vois pas, si ça peut vous rassurer.
- On ne le voit pas non plus, nos contacts sont purement téléphoniques ! souffla Etienne.
- Idem pour nous à l’époque, maintenant on ne l’entend presque plus… souffla Malcolm.
David inspira.
- Et… pourquoi il me contacte pas, moi ?
Rachel, Etienne et Linda regardèrent David, un peu confus. Colin plissa les yeux.
- Hey, moi non plus, et je m’en plains pas !
Denis souffla et regarda David.
- Donnez-lui des réponses parce qu’il se meurt d’amour…
- Il veut te protéger aussi, c’est pour ça ! souffla Rachel.
- Tu connais ton frère, il a toujours été un peu spécial… marmonna Linda.
- Ne pense plus trop à lui.
Estelle regarda Etienne, stupéfaite.
- Bah toi, tu sais remonter le moral de ton enfant ! M’enfin, j’devrais pas faire mon étonnée… David, mon petit chéri, ton frère est dans une telle merde que tu devrais t’estimer heureux de pas être pris dedans, mais je te jure que ton frère ne te snobe pas.
David hocha la tête.
- D… D’accord, je comprends…
Denis poussa un immense soupir.
- On vient d’économiser dix ans de thérapie, là…
- Tu exagères… souffla David.
- Tu veux que je leur parle de ton attaque de panique le soir de l’élection ?
Linda sembla horrifiée. Denis la désigna.
- Hein ?
- Non, non ! C’est bon, j’ai compris, j’arrête d’espérer…
Rachel hocha la tête, satisfaite. Etienne souffla. Estelle grommela.
- V’la les croque-morts…
- Bon…
Rachel hocha la tête et tout le monde alla s’asseoir.
- Oh, au fait, David, Denis…
Le couple se tourna vers Linda, Etienne et Estelle.
- En théorie, et en partie à cause du décès de Judith, Roland ne nous prend plus en charge, et il n’a pas réfléchi à nous reloger, alors…
David sembla tout jouasse à cette idée. Denis un peu moins.
- Je vis enfin le dilemme idiot de tous les couples de sitcom… geignit Denis.
- Oh dis oui Denis, dis oui !
- Nan, on va les mettre à l’hospice, David… bien sûr qu’on va accueillir tes parents chez nous…
- Yeaaaaah ! Génial !!!
Estelle se retourna vers la famille.
- Dites ! On enterre une femme, là !
***
Perrine eut un frisson mortel. Walter, Robbie, Tristan, Wallace et Naomi la regardèrent, en pleine partie de cartes.
- J’ai… un super mauvais pressentiment… je sais pas trop pourquoi, je le sens mal…
***
A distance, dans le cimetière, Roland observait la cérémonie funèbre. Il soupira.
- Quel putain d’accroc dans mon plan… je suis capable d’anticiper tous les coups de pute possibles et inimaginables, mais pas la mort. Rhaaa, je me déteste, parfois… Sacha ?
« Tout va bien, tu le vois aussi, arrête ta parano… » grommela Sacha.
- Bon… J’espère que les autres clampins ont bien suivi Justin, quoi qu’il fasse…
***
- Je suis désolé.
Justin s’étonna.
- C’était un peu à moi de dire ça, nan ?
- Je… j’ai été un peu dur. Tu arrives enfin dans la position que tu souhaitais acquérir plus que tout, forcément c’est beaucoup de pression… J’aurais dû… savoir me retirer et faire profil bas.
Justin inspira.
- J’ai été con… En plus tout ça pour me retrouver avec un mouvement révolutionnaire sur les bras…
Seth souffla.
- Fais-les arrêter.
- Je vais passer pour un tyran.
- Ils font chier jusqu’au Congrès, si tu les fais arrêter, tu auras un plus grand soutien politique.
- … et le soutien public ?
- Tu t’en cognes. T’as bien entendu ? C’est pas une démocratie. Evacue la place de l’association à coups de karcher, emmène-les par fourgons de police, bref, fais le ménage. C’est toi le chef oui ou non ? Ta stratégie de les tolérer gentiment ne fait qu’affaiblir ton pouvoir et renforce le leur.
Justin sourit.
- Tes conseils avisés me manquaient.
Seth sourit.
- Reviens à la maison.
Seth souffla.
- Je ne peux pas…
- Mais si tu peux.
- Tu n’as pas besoin de moi, tu as besoin d’un conseiller.
Justin soupira.
- Je peux être ton conseiller, mais rien d’autre.
- Cela ne me plait pas.
- Eh bien, monsieur le noble, il va falloir vous contenter de ce que vous avez et pas de ce que vous désirez.
Justin regarda Seth, malicieux.
- Mais au moins ça veut dire qu’on se reparle ?
- En quelque sorte, sourit Seth.
- Eh bah ça me convient… sourit Justin.
Seth sourit. « Laisse-lui au moins ça, Seth… »
***
George Ezra - BudapestLorsque tout le monde était parti, Perrine et Firmin s’étonnèrent de voir leurs parents revenir avec Etienne et Linda Smirnoff. La jeune fille avait tout d’un coup des grands-parents. Et… ça faisait bizarre.
***
- Je suis rentré…
Walter vit une vieille dame à la table de la cuisine, ainsi que ses tantes Kate et Bernice.
- … c’était prévisible…
***
Rachel rentra chez elle, accompagnée par Roland et Sacha.
- Tu manques beaucoup à David.
- Je sais. Ton frère à toi va bien ?
- Oh oui, très bien, depuis qu’il est libre.
- Tu sais que ce n’est pas aussi simple pour toi.
Rachel souffla.
***
Seth retourna dans l’ancien manoir de Justin, déboussolé. « Si j’avais osé descendre… qu’est-ce qui se serait passé… »
***
Justin avait débarrassé la place des militants en utilisant adroitement Kabutops et Amonistar. La presse arriva sur les lieux, et Justin paracheva le tout avec une Draco-Rage de Dracolosse. « Seth a raison. Il suffit que je m’impose… »
***
Sur le ferry, Holland et Helen ne purent que constater la chose.
- Mais qu’est-ce qui lui prend ?! s’étonna Helen.
Holland inspira. « Le vrai Justin Truce n’est jamais loin, voilà ce qui lui prend… »
***
Finn dormait dans la voiture. Lily secoua la tête. « Il est pas croyable… tout ce qu’il a fait, c’est garder les gosses ! »
***
Perrine voyait donc David aux anges avec Etienne et Linda qui dorlotaient Firmin.
- On va devoir mettre Firmin dans ta chambre, Perrine.
Perrine hurla intérieurement.
- D’accord… répondit-elle, les dents serrées.
- Sauf si ça t’embête… marmonna Linda.
- Non, bah non… grommela la jeune fille le plus gentiment possible.
Etienne inspira.
- Et sinon, Perrine, ça va l’école ?
- Euh… oui…
- Pas trop de problèmes ?
Perrine regarda son grand-père qui lui lançait un regard sans équivoque. Perrine agita la tête.
- Les problèmes habituels…
- J’ai été prof alors crois-moi, je sais ce que c’est.
Perrine hocha la tête. David sourit.
- J’arrive pas à croire qu’un jour je me retrouverais à vous héberger avec ma famille ! Et j’arrive pas à croire non plus que tes vieilles histoires de professeur me manqueraient un jour, papa !
Etienne sourit.
- Et puis Perrine ne les as jamais entendues, mes histoires, ça va me permettre de radoter un petit peu…
Perrine sembla crouler littéralement sous le poids de ce qui l’attendait.
- … après tout, c’est important, les histoires, ça permet de relativiser. Le passé est parfois trop lourd, trop compliqué, trop dur…
David acquiesçait comme un fanatique religieux. Denis sentait que les semaines à venir seraient longues.
- … Il faut savoir bien l’expliquer. Raconter une histoire, tu vois.
Perrine hocha la tête, intriguée.
- Je crois que je vois.
- Je te redemande donc, ma grande, comment ça va, l’école.
Perrine hocha la tête.
- Disons que c’est calme, bien qu’un peu tumultueux, parfois.
- C’est souvent comme ça, l’école.
- C’est comme partout, y’a des crétins et des gens bien… et parfois aussi des situations pas toujours rigolotes… admit Perrine.
David s’étonna. Denis plissa les yeux. « L’est malin, le vieux Smirnoff… »
Etienne hocha la tête.
- L’administration est toujours aussi butée, hm ?
- Ah ça…
- Et avec l’association qui vous surveille, ce doit être encore pire.
Perrine hocha la tête.
- Tu ne portes pas ce stupide uniforme, j’espère.
- Ca va pas, non… sourit Perrine.
Linda sembla soulagée.
- C’est tellement… rétrograde !
- N’est-ce pas.
Perrine plissa les yeux. Finalement, la venue de ses grands-parents ne serait peut-être pas une mauvaise chose.
- Je… ne vais répondre à aucune de vos questions idiotes.
Jebb, Milo et Farah se regardèrent.
- J’vous l’avais dit, tous tarés ces gosses ! souffla Jebb.
- Nan, au lieu de ça, je vais vous raconter une histoire.
Milo plissa les yeux. Farah allait protester, mais le blond à lunettes lui barra le chemin.
- Laissez-là dire.
- On perd du temps ! soupira Farah.
- Peut-être pas.
Perrine inspira.
- C’est l’histoire d’un dresseur de Pokémon.
Farah regarda lourdement Milo qui plissa les yeux.
- Je fais court : On en arrive au combat final, celui contre le boss de fin, que le dresseur gagne. Il se dit : Bon, et si je devenais Président de la République ? Je sais que Poképolis n’est pas une république et encore moins une démocratie, mais passons sur ces détails superflus. Il devient Président de la République. Que fait-il ? Il noue des contacts. Un de ces jours, l’un de ses contacts, qu’on va appeler… « Le Contact », pour faire simple… décide qu’il veut être plus fort que le Président, voire Président à la place du Président. Comme le Président-Dresseur a un melon pas possible et qu’il se prend pour Jésus, il décide de chicaner le Contact qui finit par lui montrer c’est qui le patron. Du coup, le Président Dresseur doit ruser, jusqu’au jour où il apprend que sa chère nièce et son cher petit-cousin font partie d’un groupe d’étude sur un devoir controversé. L’occasion est trop belle, il décide de les encadrer et de veiller sur eux comme une mère poule. Ce qui intrigue le Contact, l’obsède, l’énerve… Arrivés au climax, le Président-Dresseur voit que la situation stagne, alors que fait-il ?
Farah regarda Milo qui tendit les mains pour demander la réponse. Jebb était stupéfait.
- Il s’arrange pour que les étudiants se sentent menacés par le Contact, puis que le Contact pense avoir une possibilité d’avoir le dernier mot. Il les réunit tous les deux à Ogoesse, il les fait s’affronter l’un et l’autre… et au final…
Perrine inspira, blasée et les larmes aux yeux.
- … et au final tout cela n’aura été qu’une belle supercherie pour récupérer son ex-femme.
Silence. Glacial. Jebb regarda Milo et Farah.
Perrine releva la tête.
- Oh, et mon amie Naomi est au tribunal donc vous ne l’interrogerez pas. Fallait que je vous prévienne.
Jebb secoua la tête et saisit son téléphone.
- C’est Crowley, on arrête TOUT.
Milo regarda Farah qui hocha la tête.
- Je préviens les agents des six régions IMMEDIATEMENT. C’est une affaire incroyable. Roland Smirnoff doit être arrêté.
Le médiateur jeunesse regarda son téléphone et haussa les sourcils.
- Misère !
Farah et Jebb le regardèrent.
- … La rumeur est déjà en train d’enfler sur le net ?! Conférence de presse dans le hall du tribunal ?!! QUOI ??! Procès du siècle, Truce contre Smirnoff ?! HEIN ???
Perrine se leva et sortit de la salle pendant que les trois zigotos s’agitaient.
Un sourire diabolique ornait son visage.