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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 01/07/2016 à 09:11
» Dernière mise à jour le 02/05/2017 à 23:04

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 8 : Bien plus qu'un lien.
Affienns – 40 ans plus tôt.

 Plus les années passaient, et plus notre vie devenait facile. Notre réputation n'était plus à faire, les Pokémon avaient même cessé de nous attaquer pour nous prêter allégeance. Quelle surprise se fut, lorsqu'un beau matin, nous avions retrouver une trentaine de Pokémon – les mêmes qui nous harcelaient – agenouillés devant notre base, demandant notre pardon et protection !

Visiblement, ils avaient choisi de changer de stratégie, s'ils ne pouvaient pas vaincre leur adversaire alors ils le rejoignaient. Nous étions méfiants au début, bien sûr, mais nous avons rapidement compris que nos inquiétudes étaient infondées.

Ces petites frappes jouaient les caïds, mais c'était uniquement parce qu'elles n'arrivaient pas à trouver une place. Et quand on ne trouvait pas sa place, on tentait de s'en faire une. La Loi d'Or qu'ils aimaient tant était la parfaite excuse pour ça ; jouer les grosses brutes pour prendre la place des faibles. Sauf que dans les faits, c'était bien plus dur que ça.
Déjà, pour jouer les grosses brutes, la base c'était d'être déjà forts. Et puis, ce n'était pas en volant les possessions de plus faibles que soi que l'on comblait son mal être.

— Ça commence à devenir un problème, grommela Gloria. On a plus assez de place dans la réserve de nourriture... et ça va prendre des jours pour en creuser une autre !
— Il faudrait leur demander d'arrêter de nous donner de la bouffe, soupira Virchen. C'était cool au début, mais à force...
— Bah va leur dire toi ! La dernière fois, j'ai tenté de décliner la baie d'un Zigzaton, il a failli éclater en sanglot !

Cette discussion me fit pouffer. Nous étions devenus un peu trop influant dans le coin. Les anciennes petites frappes avaient décidé de se construire eux-même un petit village près de notre base et ils n'hésitaient pas à nous faire des offrandes régulièrement.

Ce n'était pas totalement gratuit cependant, en échange, nous étions chargé de les protéger des attaques extérieurs. Comme un Maire était censé le faire pour son peuple. Alors oui, nous aurions pu refuser et ainsi nous débarrasser définitivement d'eux, toutefois...

L'idée était tout simplement grisante ! Maire ! C'était le rêve de tous Pokémon à Iræ ! Les Maires représentaient la puissance, le charisme, la gloire, la réussite ! Nous cinq, nous ne voulions qu'une chose : nous élever le plus haut possible. Débuter aussi jeune en tant que Maire – même d'un minuscule hameau sans nom – était une occasion que ne pouvait se refuser.
Ceci dit, nous n'étions pas véritablement des Maires étant donné que le village des anciennes petites frappes n'était même pas reconnu en tant que tel ; ça faisait quand même plaisir à l’ego.

— … et sinon, quelqu'un aurait vu Azorn ? lança Snowleis à tout hasard.

Nos regards s’assombrirent. Dans notre bonheur, il y avait une ombre au tableau. Azorn.

— Il creuse..., soupira Gloria.
— …

Sous ce rocher aussi grand qu'une montagne, nous y avions fait une promesse. Un jour, nous y percerions un tunnel jusqu'au sommet, jusqu'à la lumière, se serait notre accomplissement ultime. Sauf que ces derniers temps, ce n'était pas vers le haut que nous nous dirigions, mais vers le bas, littéralement.

Aucun de nous ne savait réellement quand est-ce que tout avait commencé à déraper, ça c'était passé du jour au lendemain. Tout d'un coup, Azorn avait décidé de creuser le rocher en profondeur, disant qu'il avait « senti » quelque chose d'intéressant en bas. Rien d'alarmant en soi. Sauf que depuis il ne s'arrêtait plus, sauf pour dormir ; et encore, il dormait sur place.

On avait plusieurs fois tenté de le faire revenir à la raison, mais il n'y avait rien à faire, c'était comme s'il était devenu totalement imperméable à nos paroles...


***

Trois mois plus tard, Azorn n'était toujours pas revenu à la surface. Il creusait, creusait, creusait. Désormais, notre base comportait un dédale souterrain impressionnant, je n'osais même pas y mettre les pieds tant il était labyrinthique ; je ne savais même pas jusqu'où est-ce qu'il descendait.
Le moral de notre groupe en prenait un sacré coup. Nous tentions de faire bonne figure, mais ce n'était qu'une façade.

Nous ne savions plus quoi faire. Virchen avait arrêté de s'entraîner, Gloria n'avait plus jouer les artistes depuis belle lurette, et même Snowleis ne s'amusait plus de ses apparitions théâtrales. Sans Azorn, rien n'était plus pareil. Il était notre meneur, notre pilier, celui qui nous avait rassemblé.

— Bah vous en faites en tête !
— … !

Soudain, une voix que nous avions plus entendu depuis un trop long moment se fit entendre derrière nous. Nous nous retournâmes en un instant. Je voulus répondre quelque chose, n'importe quoi, mais c'était comme si j'avais oublié comment parler.

— Azorn ? s'écria Virchen à ma place.

C'était bien lui. Son pelage autrefois immaculé avait laissé place à une bouillie de poils sales et désordonnés, ses yeux fatigués avait perdu leur éclat, même son sourire puait la déchéance.

— Mais qu'est-ce que tu fichais depuis tout ce temps ?! s'énerva Gloria.
— Je vous l'avez dis, j'ai senti un truc incroyable et je me devais d'aller vérifier ! Et devinez quoi ? J'ai enfin trouvé !
— … trouvé quoi ? parvins-je enfin à prononcer.

J'attendais impatiemment sa réponse. Ce « truc » comme il l'appelait, il devait être vraiment exceptionnel. Car pour c'était pour ce « truc » qu'il nous avait abandonné, lui, notre meneur. Un « truc » qui était, pour lui, plus important que nous. Rien que d'y penser, je ne pouvais m'empêcher de fulminer.

— Fufufu, s'amusa cependant Azorn. Vous voulez le savoir, hein ? Et bien, je vais vous le montrer ! Suivez-moi !

D'habitude, le ton jovial de notre meneur m'arrachait toujours un sourire. Mais à présent, il m'enrageait. Toute notre inquiétude, tous nos tourments, sa voix guillerette s'en fichait éperdument. Toutefois, je ne me voyais pas faire une scène, j'étais bien trop épuisé pour cela.

Azorn s'enfonça à nouveau dans la caverne, en nous faisant des signes de sa tête. Virchen, Gloria, Snowleis et moi nous concertâmes, perplexes, avant de partir à sa suite.

La marche était longue, très longue, et surtout, pesante. Au bout de dix minutes interminables, mes pas me semblaient incroyablement lourds, mon cœur se serrait si fort qu'une irrépressible envie de vomir se faisait de plus en plus sentir ; il y avait quelque chose dans l'air, un je-ne-sais-quoi de malsain.

— … excusez-moi, m'arrêtai-je. Je crois que je vais remonter, je ne me sens pas très bien...
— Remonter ? s'étonna Azorn. Mais non, je te jure, c'est génial ce qu'il y a en bas !
— J-Je te crois, geignis-je, mais je ne peux vraiment plus continuer...
— Non ! hurla brusquement Azorn. Tu dois venir !

Je reculai instinctivement, apeuré. Il... il venait de me crier dessus ? Jamais, strictement jamais il n'avait hausser le ton sur l'un d'entre nous. Il était comme fou, je voyais même son aura ténébreuse tournoyer légèrement autour de lui. … il ne comptait pas m'attaquer, hein ?

— T-Tu me fais peur ! bégayai-je.
— Azorn ! grogna Virchen. Qu'est-ce qu'il t'arrive, ça ne te ressemble pas !

Azorn s'immobilisa un moment, prenant sans doute conscience de ce qu'il était en train de faire.

— Désolé, je ne sais pas ce qu'y m'a pris..., s'excusa t-il.
— …

Non, je n'aimais pas ça. Pas du tout. Quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas naturel. Je ne devais pas rester ici.

— Je remonte, m'affirmai-je, j'ai besoin de me reposer.
— Je l'accompagne, me supporta Virchen.
— …

Azorn resta silencieux un moment. Je ne l'avais jamais vu comme ça, aussi morne et inquiétant.

— Très bien, concéda t-il finalement. Mais tu me promets de revenir après, hein ?
— … promis.

Immédiatement après, je remontais à la surface avec Virchen. Aucun d'entre nous ne dit mot durant tout le trajet. La comportement d'Azorn me hantait. Comment avait-il pu changer à ce point ? Je ne comprenais pas. Cette violence, cette folie... non, ce n'était pas lui. C'était comme si un imposteur tentait de se passer pour lui.

Je m'inquiétais aussi pour Gloria et Snowleis, restées avec lui. Elles ne risquaient rien, hein ? Azorn restait tout de même notre Azorn au fond de lui. Du moins, je l'espérais vraiment.
Une fois à l'air libre, ce fut comme une délivrance. Je pris de longue et nombreuse respiration, pour purifier mon corps de ce malaise qui m’empoisonnait.


***

 Le lendemain matin, je rejoignis Virchen à l'entrer de la base. Je n'avais pas dormi de la nuit ; mes cernes me défiguraient. Nous avions attendu de longue heure le retour de Gloria, Snowleis et Azorn, mais ils n'avaient plus montrer aucun signe. Avaient-ils dormis dans les lugubres profondeurs de la caverne ? A même la roche boueuse ? Impossible, notre sensible artiste auto-proclamée qu'était Gloria ne l'aurait jamais accepté.

— Qu'est-ce qu'ils fichent ? grogna Virchen.
— Tu crois... qu'il leur ait arrivé quelque chose ?
— … non, c'est impossible.

Son petit moment d'hésitation ne me trompait pas. Il pensait la même chose que moi, c'était certain.

— Il faut aller les chercher, statua le Kungfouine. Quitte à ratisser cette fichue grotte de fond en comble, on ne peut pas...

La température chuta brusquement et une brume d'installa ; Virchen et moi nous regardèrent d'un coup, comprenant ce que cela signifiait. Mais alors que nous nous attendions tous les deux à voir Snowleis apparaître dans ses habituelles entrées théâtrales, ce fut une petite rose sur patte qui se matérialisa.

— Wouaaah ! s'exclama t-elle. Ça marche vraiment !
— Gloria ?! T-Tu viens de...
— D'utiliser les pouvoirs de Snowleis, oui ! Hahaha, c'est génial ce truc !
— Gloria, on avait dit qu'on leur ferait la surprise ensemble...

Cette fois, si fut la Momartik qui émargea des tréfonds de la grotte ; de l'herbes verdoyantes poussaient sur son passage. Virchen et moi-même restâmes sans voix.

— Alors, vous regrettez d'être parti, n'est-ce pas ? se vanta Gloria. Azorn ne nous avait pas menti ! C'est vraiment génial son truc !
— … et d'ailleurs, où est-ce qu'il est Azorn ? demandai-je.
— Oh, il est toujours en bas, répondit Snowleis. Avec notre Grand-Frère.

… pardon ?

— … avec qui ? m'étonnai-je.
— Avec notre Grand-Frère ! lança Gloria comme si c'était tout naturel. D'ailleurs, dépêchez-vous de nous rejoindre, il veut vous voir !
— Oui ! renchérit Snowleis. Il faut que vous veniez vous aussi, maintenant !

Je jetai un regard vers Virchen ; la sueur qui s'écoulait sur son visage répondit à ma place.

— … qu'est-ce qu'on fait ? lui murmurai-je discrètement.
— Qu'est-ce que j'en sais moi ? grommela t-il. Je ne suis pas fait pour réfléchir moi !
— Ça je le sais bien gros bêta ! Elles ne sont clairement pas dans leur état normal, et c'est qui ce Grand-Frère ?
— … encore une fois, qu'est-ce que j'en sais ?! Mais ce que je peux te dire, c'est que tout cela me fiche les jetons...
— Qu'est-ce que vous faites ?

La voix glaciale de Snowleis nous fit sursauter.

— Il faut venir avec nous ! insista t-elle. Et vous aussi vous serez capable d'utiliser les pouvoirs des autres ! Ça ne vous grise pas ? Toi, Virchen, tu ne voulais pas devenir plus fort que n'importe qui ? C'est le moment ou jamais ! Tu seras le seul Kungfouine au monde à pouvoir invoquer un Blizzard ou à pouvoir rendre son corps spectral !
— Notre Grand-Frère nous permet de lier nos capacités ! s'enthousiasma Gloria. Plus on est nombreux à être lié et plus on devient fort ! Affienns ce n'est pas toi qui disais que nous étions comme des frères ? Et bien grâce à Grand-Frère, on peut devenir bien plus que ça ! On peut être lié, et pas seulement grâce à des fumisteries comme l'amitié, non, on peut réellement lier nos esprits !

Elles avaient beau en parler comme si c'était la plus belle chose au monde, plus elles ouvraient la bouche, et plus le dégoût m'envahissait.

— Les filles, grinçai-je. J-Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée ! C'est... c'est un peu précipité vous ne croyez pas ? Et puis, c'est qui ce Grand-Frère dont vous n'arrêtez pas de parler ? Vous ne vous êtes pas fait embobiner par un Pokémon louche j'espère !
— … pourquoi...

L'expression de Snowleis s'assombrit brutalement. Mon instinct de survie me fit tressaillir.

— Pourquoi tu ne veux pas comprendre ?! hurla t-elle. C'est une occasion en or ! Nous cinq, grâce à Grand-Frère, nous pourrions devenir les plus puissants Pokémon au monde ! C'est notre rêve ! La raison pour laquelle nous sommes ensembles ! Et toi... tu veux tout gâcher ?!

Un Laser-Glace frôla ma joue. Pas un de ses petits rayons qu'elle nous lançait lorsqu'elle s'amusait, non. C'était une véritable attaque, avec une réelle intention de blesser, voire plus.

— S-Snowleis ! vociféra Virchen. Qu'est-ce qu'il te prend ?! Et toi Gloria, dis quelque chose !
— … elle a raison, lâcha la Rosélia. Notre but est si proche, et pourtant, vous refusez de nous aider ! C'est injuste ! Pourquoi vous ne voulez pas ?! Je pensais que nous étions amis !

Une tempête de fleurs déferla subitement autour d'elle, Virchen et moi nous protégeâmes comme nous le pouvions, mais les pétales tranchantes ignoraient nos efforts ; les petites entailles sanglantes se multipliaient.

— Affienns ! s'écria Virchen. Vite, il faut fuir !

Je n'avais pas le temps de réfléchir. Si je restais là, je finirais en bouillie, c'était certain. A contre-cœur, je pris mes jambes à mon cou. Je m'éloignais de notre base, celle que nous avions mis cinq longues et magnifiques années à construire. Je n'arrivais pas à croire que cela allait se terminer comme ça, si brutalement. Ce n'était pas possible, ça devait être un cauchemar. Oui, c'était juste un affreux cauchemar... j'en étais certain, demain... demain je me réveillerais dans notre base, comme d'habitude, et tout recommencera comme avant...

— Aaah !

Le cri de Virchen résonna subitement. Je me retournai, paralysé. Son torse était recouvert d'une énorme couche de glace.

— Ne t'arrête pas ! me hurla t-il entre ses râles de douleur. Cours, cours !

Je voulais l'aider. Je voulais me précipiter sur lui. Il me disait de courir, mais je sentais qu'il demandait aussi mon secours. Je vis Gloria et Snowleis. Elles me rattrapaient. L'effroi parcourra de nouveau mon corps. Mes jambes bougèrent d'elle-même. Non pas vers Virchen, comme je l'avais voulu, mais vers la plaine. Je m'éloignais de plus en plus. Je me maudissais d'avoir abandonner mon ami. Mais j'avais peur, bien trop peur. Ma lâcheté avait pris le dessus.



____________________

Affienns –Epoque présente


  C'était un beau rêve. L'arrivée fut fatalement tragique, mais le chemin était brillant. Je ne comprenais toujours pas ce qu'il s'était passé. Les événements avaient basculé du jour au lendemain. Après toutes ces années, je ne pouvais m'empêcher d'être ronger par le regret.

Il y avait des signes précurseurs. Dès qu'Azorn avait commencé par se comporter de façon étrange nous aurions du réagir. A la place, nous l'avions laissé faire, nous l'avions laissé sombrer dans la folie. Nous nous prétentions amis, mais nous n'avions pas été capable de percevoir que l'un de nous allait mal. Pathétique.

Je soupirai faiblement. Non, c'était le passé, 40 ans s'étaient émiettés depuis. Désormais, il était temps de se tourner vers le future. La Confrérie ; je devais l'affronter, me libérer.

Je fis rapidement le point sur ma situation. J'étais attaché à la verticale sur un rocher plat, dans une caverne obscure. J'étais seul. Étrange, je m'attendais au moins à revoir l'un de mes anciens camarades. Je ne sentais plus ma Télégem sur moi, je devais l'avoir perdue en chemin. Ah, je savais que je n'aurais pas dû compter sur ces nouvelles technologies...

— Tu es enfin réveillé.

Une voix tonna brusquement. Lugubre, perçante. Je frissonnai. Je ne voyais toujours personne.

— Qui est là ? lançai-je en réunissant mon courage.
— … oui c'est vrai, tu ne m'as toujours pas rencontré...


Une présence écrasante s'engouffra alors dans l'air, toutes les fibres de mon corps se crispèrent par instinct. Je dus concentrer toute ma volonté rien que pour laisser mes yeux ouverts.

— Tu ne me connais pas encore, mais bientôt tu ne pourras plus te passer de moi. Car après tout, je suis ton Grand-Frère.


____________________

Cassis

 Nous descendions, descendions, descendions. Cela semblait interminable, un dédale infini. L'air devenait de plus en plus insoutenable, les galeries étroites étaient légions. Pour l'instant nous n'avions croisé strictement personne, ni même la route de nos propres coéquipiers.

C'était inquiétant. On était passé par tellement de passages différents que je doutasse pouvoir retrouver mon chemin vers l'endroit où nous étions arrivés. J'espérais qu'Aglaé, Géraldeline et Brazoro s'en sortaient bien, car je ne pourrais pas les aider en cas de pépin, surtout que je n'avais strictement pas la moindre idée de l'endroit où ils pouvaient bien se trouver ! En parlant de ça, je ne savais même pas si on s'approchait d'Affienns ou si on s'en éloignait...

— Au nom du caviar, de la truffe et du fois gras ! s'exclama soudainement Morflam.

Je l'aurais certainement pas dit de la même manière, mais je partageai ce sentiment. Il semblerait que nous étions enfin arrivées au bout de la galerie, pour y découvrir un gouffre. Un gouffre de compétition, assurément. Un ricanement nerveux m'échappa. Une terrible aura néfaste bouillonnait dans ses entrailles profondes, remontant jusqu'à nous tel un avertissement mortel.

— Ohé, souffla Morflam. On... on ne va pas descendre là dedans, hein ?
— Je crains que nous n'ayons pas le choix...

Où aller d'autre ? Remonter ? Pour se perdre à nouveau dans le dédale de grottes ? Ce gouffre était notre seul piste, et mon instinct me hurlait qu'il y avait quelque chose de louche là-dessous. Enfin, je disais mon instinct, mais c'était surtout de la logique.

J’aperçus un minuscule escalier rocheux qui longeait la paroi du précipice, serpentant jusqu'à ses entrailles. Apparemment, Morflam vit la même chose que moi, puisqu'elle blêmit à vue d’œil.

— C-Cassis..., geignit elle. Je n'ai pas confiance... l'escalier est bien trop petit...
— Oui, acquiesçai-je. Et en plus, on prendra des heures à l'emprunter. On a pas de temps à perdre.

Sans attendre – car Affienns n'attendait certainement pas lui – je saisi puissamment Morflam par sa main et je bondis d'un coup dans le gouffre. La Roussil poussa un cri terrible. Bah, ses cordes vocales s'épuiseront bien à un moment ou un autre. Je me servis des crocs de ma mâchoire pour prendre appui sur la paroi rocheuse, histoire d'à la fois accélérer ma chute tout en gardant son contrôle.

Bientôt, nous atteindrions le fond de cet abîme surnaturel. Je le sentais au plus profond de moi, au fur et à mesure que le paysage caverneux défilait sous mes yeux, je m'approchais aussi de l'éclat de la vérité.