Chapitre 23 : Celui qui fut Castel
J’ai beau tenter de le semer, le passé me rattrape toujours. La lignée de Salia se dresse constamment contre moi. J’aurai pu affronter sans sourciller mon mentor, mais il a bien compris ma faiblesse : il ne m’oppose que des fantômes de celui que j’étais avant. Combien de Chen devrai-je encore tuer jusqu’à que mon cœur soit totalement sec ?
*****
Leaf avait beau être ambassadrice de Bakan à Cinhol et passer le plus clair de son temps dans cet autre monde arriéré, il y avait une chose à laquelle elle ne s’était pas encore habituée : les déplacements en chevaux. C’était elle qui avait insisté pour les prendre alors que Deornas aurait préféré une voiture, mais après deux jours de voyage, ses fesses endolories commençaient à lui faire regretter.
Elle commençait à se demander si son projet de retrouver Castel dans ce vaste monde était réalisable. Ils n’avaient pas l’ombre d’une piste, et ne devaient compter que sur la perception de Deornas grâce à Sifulis. Techniquement, en tenant une épée en Vifacier, il pouvait repérer tout autre chose en Vifacier partout dans le monde. Et normalement, la seule autre chose en Vifacier à Cinhol, c’était Hafodes, le Pokemon Dieu Guerrier que Castel avait conservé avec lui dans son exil.
Problème : Deornas n'était sûr de rien. Il indiquait des directions assez vagues, mais selon lui, ils auraient très bien pu aller en sens inverse. Leaf avait essayé à son tour en empoignant Sifulis, mais elle ne sentait strictement rien. Selon Deornas, la puissance de la perception du Vifacier devait être proportionnelle au temps passé à avoir tenu du Vifacier. Deornas avait tenu Sifulis assez peu longtemps, et donc sa perception était des plus imprécises. Peut-être auraient-ils dû demander à Alroy de venir. Lui avait toujours Meminyar au fourreau…
- On est où là exactement ? Demanda Leaf à un moment.
Deornas fit ralentir son cheval pour tenter de se repérer maladroitement sur une carte du royaume qu’il avait emporté.
- En direction du Nord-Ouest, si je fais pas d’erreur. Les montagnes devant nous devraient être les Pics d’Hectiolo.
Leaf, qui avait eu le temps d’étudier la géographie du royaume depuis le temps qu’elle s’y trouvait, plissa les yeux pour mieux voir les sommets.
- T’es sûr de ça ? Moi ça m’a l’air d’être les Massifs Septentrionaux, à la frontière des Plaines Orageuses.
- Non, j’en suis pas sûr, dit son mari en pliant la carte. Et de toute façon, quelle importance, vu qu’on avance au feeling ?
- Garde en pour quand on devra repartir.
Deornas la regarda d’un air effaré.
- Ne me dis pas que tu n’as pas pris ton anneau de transfert avec toi ?!
- Bien sûr que si, nigaud. Mais si on ne sait pas où on est, on ne sait pas où on va atterrir dans l’Ancien Monde. Ça ne me chaufferait pas de me téléporter à Johkan, au milieu des troupes de Venamia.
En réalité, il n’y avait pas que Venamia qui inquiétait Leaf. La jeune femme anticipait aussi la réaction d’Erend quand il apprendra que Leaf avait désobéi à ses ordres pour ramener à Fubrica son ennemi. Aussi elle tenait à ce que Castel reste aussi discret que possible une fois dans le monde réel. Ceci bien sûr s’ils le trouvaient, et s’il avait envie de les suivre. Leaf commençait de plus en plus à douter. C’était son idée, mais plus le temps passait, moins elle la trouvait géniale. Elle s’était dit qu’elle avait besoin de revoir Adam, pour la paix de son cœur, mais elle ne pensait plus trop que ça allait l’apaiser. La preuve : elle stressait de plus en plus. Elle avait aimé Adam, oui. Mais pourrait-elle encore le retrouver en Castel ? À quel point le roi tyrannique avait-il changé ? Car Leaf gardait d’assez mauvais souvenirs de l’homme qu’avait été Castel Haldar, un psychopathe notoire qui avait pour principal centre d’intérêt de faire brûler vifs les gens.
- Vaudrait mieux établir le camp, dit à un moment Deornas alors que le soleil commençait à se coucher. Les chevaux sont fatigués.
- Y’a pas qu’eux, maugréa Leaf.
Ils se posèrent en contrebas d’une petite montagne. Leaf appela son Florizarre pour qu’il leur fasse un lit douillé fait de feuilles et de lianes, tandis que son Nidoqueen se chargeait d’utiliser Laser-glace puis Lance-flamme pour créer de l’eau, pour eux mais surtout pour les chevaux. Le Metali de Deornas ne mit pas longtemps à leur ramener un lapin pour dîner. Ensuite, tous leurs Pokemon se chargeaient de monter la garde à tour de rôle par deux. Une chose nécessaire, même s’ils se trouvaient au plein milieu de nulle part. Maintenant que les Pokemon avaient été introduits à Cinhol, il y avait toujours à craindre qu’un sauvage passe par là et trouve deux humains endormis et insouciants à son goût. Une attaque de brigands n’était pas non plus à exclure. Mais avec six Pokemon autour d’eux en alerte constante, Leaf et Deornas pouvaient se reposer sans aucune crainte.
Si la mission et ses conséquences pesaient lourd sur Leaf, elle appréciait ces moments partagés avec son mari à la belle étoile. Il n’y en avait eu que trop peu en trois ans de mariage. Leaf, sa tête posée sur les genoux de Deornas, contemplait le ciel étoilé en essayant de reconnaître les astres. En fait, c’étaient les mêmes que dans le monde réel. Le monde de Cinhol n’était après tout une dimension parallèle, une réplique de la Terre évoluant dans un univers différent et semblable à la fois. Mais cette Terre-là avait l’avantage de ne pas sentir sur ses épaules la menace du Grand Forgeron.
- Je me demande s’il est déjà arrivé dans le monde réel, dit Leaf. Memnark.
- Si c’est le cas, Sire Igeus saura le recevoir, répondit Deornas pour la rassurer. Il détient Atlantis, et un Primordial pour la contrôler.
- Ouais, mais à en croire Nuelfa, ça ne suffira pas. Il nous faut absolument cet Excalord réveillé et soumis à un maître.
- Et pourquoi penses-tu que je me trouve ici, avec toi, en pleine campagne perdue du royaume pour tenter de dénicher un type que je suis loin d’apprécier, gente dame ?
- Je sais pas, sourit Leaf. Je pensais que c’était pour profiter de ma compagnie. Sans Erend, sans Isgon, sans politique, sans guerre…
Leaf leva les bras pour attraper la tête de Deornas et la faire baisser jusqu’à ses lèvres. Le baiser qu’ils échangèrent, dans ce cadre idyllique, réveilla la passion que Leaf gardait bien trop souvent endormie à cause de leurs responsabilités communes. Le fait qu’ils ne se voyaient que lors des importantes réunions entre Bakan et Cinhol, couplé à celui qu’ils étaient tous les deux les tuteurs du roi, faisait passer aux yeux de beaucoup de gens leur mariage comme étant un mariage arrangé. Ces idiots ignoraient bien sûr que Leaf n’était absolument pas du genre de convenir à ce genre de choses.
Elle avait épousé Deornas Haldar parce qu’elle l’aimait, point à la ligne. Et en ce moment, elle avait envie d’une piqure de rappel sur l’amour qui les unissait. Ou plus précisément, son corps en avait envie. Elle se redressa bien vite et commença à détacher l’armure de Deornas, sans cesser de l’embrasser partout sur le visage. Quand Leaf passa une main sous ses habits, Deornas sortit de sa torpeur.
- Leaf… nos Pokemon nous regardent, prévint-il, gêné par avance.
La jeune femme poussa un ricanement.
- Eh bien qu’ils regardent.
Le lendemain, quand ils repartirent, Leaf avait assez peu dormi, et était pas mal courbaturée, surtout au niveau des hanches. Mais elle était contente. Ça faisait un moment qu’ils n’avaient pas passé une nuit comme celle-là. Il n’était plus exclu qu’ils aient réussi à faire d’une pierre deux coups : chercher Castel, et s’atteler à la mission que Leaf avait annoncé à Deornas avant qu’ils ne partent, à savoir, donner un frère ou une sœur à Alroy. Cette pensée la mit de bonne humeur une bonne partie de la journée. Elle aimait Alroy bien sûr, et n’avait plus trop de mal à le considérer comme son fils. Mais Leaf voulait aussi goûter à la joie de tenir sa chair et son sang contre elle.
Ceci dit, elle refusait qu’un enfant de Deornas et d’elle voit le jour dans un monde où les humains seraient destinés à servir de matière première à un scientifique fou alien. Elle redoubla donc d’effort aujourd’hui pour ne pas se plaindre une seule fois durant la chevauchée. Quand ils arrivèrent aux sommets d’un pic et virent l’immense plaine sombre s’étaler devant eux, Deornas soupira.
- Un point pour toi, Dame Haldar. Nous sommes bien sur les Massifs Septentrionaux, et voilà les Plaines Orageuses.
- Ça va nous prendre des lustres à les fouiller si c’est bien là que s’est planqué Castel, maugréa Leaf.
- Non, je ne pense pas. Sifulis semble ressentir du Vifacier vers l’Est. Il y a pas mal de petits villages insignifiants dans ce coin là avant les Plaines Orageuses, perdues entre les massifs et la forêt. On va les explorer un à un.
- Youpi ! Qui dit village dit auberge généralement non, et lit moelleux ?
Deornas lui servit un pauvre sourire d’excuse.
- Euh, en fait, dans la plupart des petits villages du royaume, il n’y a généralement qu’une seule auberge, qui sert principalement… de bordel.
Leaf leva les yeux au ciel. Les maisons closes semblaient être la première économie de ce fichu royaume. Rien que dans la capitale, il n’y en avait pas moins d’une vingtaine ! Quand Leaf avait essayé de légiférer dessus pour les contrôler et les limiter, le duc Isgon avait failli faire une apoplexie. C’était là le résultat d’un royaume aux mœurs encore archaïques et d’une Eglise très peu présente.
- Eh bien tant pis. On s’accommodera du bruit des chambres voisines. D’ailleurs, on pourrait faire les même bruits, tiens…
***
Velgos, depuis qu’il vivait dans ce modeste village de Surdov, avait gardé cachée la fourche d’Hafodes. Déjà, pour passer inaperçu bien sûr, car les villageois avaient beau être coupés de tout, ils ne manqueront pas de faire un lien avec la famille royale Haldar si Velgos se baladait avec Hafodes dans les mains. Et puis aussi pour que personne ne soit tenté de s’en emparer. La puissance d’Hafodes était bien connue dans ce monde, bien plus que de l’Ancien. Cela faisait cinq cent ans que les rois et reines successifs se transmettaient Hafodes et conquéraient des territoires grâce à lui. Velgos était le seul qui pouvait le contrôler parfaitement, sous ses trois formes, mais même lui n’estimait plus avoir le droit de le manier. Il comptait donc le laisser caché le temps qui lui restait à vivre, et quand Velgos mourrait, Hafodes serait libre de tout maître.
Ceci étant, Velgos allait lui rendre visite une fois par semaine dans la grotte non loin du village où il l’avait dissimulé. Il prenait la fourche dans ses mains et lui parlait, ou quelque fois, il l’autorisait à revêtir sa forme normale pour qu’il se dégourdisse ses membres mécaniques. Hafodes avait beau être un Pokemon artificiel, il n’en restait pas moins doué de conscience, et devait ressentir l’ennui et la solitude comme tout le monde. Encore que, les Dieux Guerriers devaient y être habitués. Il s’écoulait parfois des siècles d’attente entre deux maîtres humains. Mais Hafodes, lui, et depuis cinq cent ans, était habitué à la compagnie des humains. Il était passé entre les mains de tellement de Haldar que Velgos répugnait à le laisser tout seul sans visite dans cette caverne sombre et humide.
Hafodes était son compagnon, après tout. Oui, Castel Haldar l’avait eu des mains du Grand Forgeron. Oui, il s’en était servi pour asseoir sa domination et son pouvoir, et avait fait des choses horribles grâce à lui. Mais Castel, au moins à l’époque où il était encore sain d’esprit, avait toujours considéré ses Pokemon comme ses amis. Hafodes, qui était capable de parler, était plus que son ami : il était son égal. Ainsi, comme aujourd’hui, Velgos venait lui rendre visite pour qu’ils parlent une heure ou deux, en se remémorant leurs souvenirs communs et en réfléchissant sur l’avenir. Hafodes semblait trouver du premier comique que quelqu’un comme lui, qui avait tenté de conquérir deux mondes et d’entre détruire un par deux fois, soit réduit aujourd’hui à cultiver des patates.
- Il y a une chose que les Hommes recherchent sans le savoir, disait Velgos au Pokemon Légendaire. Quelque chose pour laquelle ils sont prêts à se battre et même à tuer, ce qui pourtant est tout le contraire la chose en elle-même.
Hafodes renâcla en grattant ses cornes métalliques sur contre la paroi rocheuse. Sous sa forme normale, le Pokemon ressemblait à un immense bovidé de métal rouge.
- Il y a tellement de choses que les humains désirent, et encore plus de choses chez eux qui sont totalement stupides et incohérentes…
- C’est de la paix, dont je parle, poursuivit Velgos. Le désir de paix est le ciment de tout conflits. C’est ça qui est absurde. Les humains n’arrivent pas à vivre tranquillement sans éprouver le besoin de se tuer entre eux. Mais maintenant que je suis à nouveau un homme plein et entier, sans plus aucun titre, ni désir de vengeance, ni folie furieuse, je ressens et j’apprécie plus que jamais ce besoin de paix. Voilà pourquoi je suis bien content de cultiver mes patates, mon ami.
- J’ai appris une chose en servant les humains si longtemps, fit Hafodes, pensif. Il y a des humains pour mener des vies banales, et d’autres pour accomplir de grandes choses. C’est toujours ainsi.
- Sans doute, mais ceux qui sont amenés à accomplir de grandes choses peuvent rêver de vies banales.
Velgos n’arrivait pas trop à cerner laquelle de ses deux personnalités disait cela. Adam Velgos avait été un enfant tout ce qu’il y a de plus banal, qui aspirait à une vie banale, mais qui avait fini par endosser l’exceptionnel à contrecœur mais en se rendant compte que ça lui allait bien. Castel Haldar, en revanche, avait toujours pensé qu’il était différent des autres, et avait savouré cette distinction, mais tout en recherchant malgré lui l’ordinaire. Au moins les deux s’entendaient sur une chose : ils étaient tous deux satisfaits de la vie actuelle qu’ils menaient en Velgos.
- Et toi Hafodes ? Demanda l’humain. Tu n’as jamais désiré une vie comme celle de la plupart des Pokemon ? Une vie sauvage dans une quelconque forêt où tes seuls soucis seraient de te trouver à manger ainsi qu’une femelle pour te reproduire ? Ou bien une vie passée avec un dresseur lambda pour triompher des arènes et des ligues ?
- Je ne me pose pas ces questions, car ça ne servirait à rien, répondit le pragmatique Pokemon. Je suis un Dieu Guerrier. J’ai été créé par le plus puissant des Primordiaux avec un métal légendaire. Seuls des humains promis à un grand destin peuvent espérer me maîtriser. Mon existence ne sera jamais « banale » au sens où tu l’entends, mais c’est la mienne, et pour moi, elle me semble normale.
- Tu n’as pas de désir pour la suite ? Une fois que je serai mort, tu seras libéré de ta servitude envers les Haldar. Que vas-tu faire après ?
- Ce que j’ai toujours fait : je vais patienter sous ma forme Arme quelque part, dans un lieu dissimulé, jusqu’à un humain digne vienne me conquérir. C’est ainsi depuis la fin des Guerres de l’Acier, il y a des milliers d’années, quand j’ai rencontré mon premier maître.
- Et avant cela ? Voulut savoir Velgos.
- Avant cela, c’est assez flou. Je me rappelle de l’Empire Texteel, quand notre roi et maître, Excalord, avait fondé un empire de Pokemon Acier. Je me rappelle nos guerres contre les humains, et plus particulièrement contre les Mélénis. Je me rappelle d’Akkaro, le Mélénis qui m’a vaincu et qui m’a conquis. Mais avant tout cela, je ne saurai le dire. Je ne me rappelle que d’une chose : de notre créateur, Memnark. Un individu guère sympathique, qu’on gagne à oublier.
Velgos hocha la tête. Lui aussi se souvenait de Memnark, le Grand Forgeron. Il ne l’avait jamais vu en personne, mais c’était grâce à lui qu’il avait obtenu Hafodes et la science du Vifacier pour conquérir la Terre. Mais Memnark n’avait jamais cherché qu’à se servir de lui pour purger le monde et en reprendre possession une fois cela fait. Velgos se demandait où était Memnark en ce moment, et quels étaient ses projets concernant la Terre. Bien que Velgos avait coupé tous les ponts avec l’Ancien Monde, il ne pouvait s’empêcher d’être inquiet en songeant aux ambitions de cet être transcendant. Castel Haldar avait été un être aigri qui en voulait à un pays entier. Mais Memnark, lui, n’en voulait à personne. Il considérait juste l’humanité entière comme un sujet d’expérience. L’être humain n’avait de valeur pour lui qu'en la matière première qu’il utilisait pour ses Akyr.
- Dis-moi Castel, quelqu’un sait-il que tu es ici ? Demanda d’un coup Hafodes.
Surpris par la question, Velgos haussa les sourcils.
- Non. Enfin, Arceus peut-être, qui m’a envoyé non loin selon mon vœu.
- C’est pas le Père de Toute Chose que je sens. Il y a du Vifacier qui s’approche de nous.
Velgos sentit une boule froide se former dans son estomac. Erend Igeus avait-il décidé de le traquer jusqu’ici pour lui faire payer ses crimes ?
- Un autre Dieu Guerrier ?
- Non, ça, je le sentirai très bien. C’est une petite quantité, sans volonté propre.
Velgos fut un peu rassuré. Ça devait être quelqu’un avec un anneau de transfert, ou bien une des trois épées légendaires. Peut-être le roi Alroy se baladait-il non loin avec Meminyar pour une affaire ou une autre ? La question était : cette personne était-elle là par hasard, ou bien à sa recherche ? Car si Hafodes pouvait ressentir le Vifacier à distance, celui qui arrivait pourrait le sentir lui. Et Velgos n’avait aucune envie d’être tiré de sa vie paisible qu’il venait juste de se construire, et ce par n’importe qui ou pour n’importe quoi. Il se leva.
- Je vais t’enterrer profondément dans la terre un moment, le temps que cet indésirable s’en aille, pour ne pas qu’il te sente, dit Velgos à Hafodes.
- Tu pourrais avoir besoin de moi si cette personne ne veut du mal.
- Cette personne veut peut-être du mal à Castel Haldar. Mais il n’y a personne de ce nom ici. Je suis juste Velgos, un pauvre agriculteur au visage balafré.
- C’est ça, ricana Hafodes. Et personne de l’Ancien Monde n’irait reconnaître ce nom de Velgos comme étant celui de l’Académie où ton alter égo a…
Hafodes s’arrêta d’un coup, et se cabra violement, comme prêt à sauter sur un ennemi. Castel fut immédiatement sur ses gardes.
- Quoi ?
- Une autre présence en Vifacier vient d’arriver, marmonna le Dieu Guerrier. Bien plus imposante. Et celle-ci, je peux la reconnaître, bien que je n’en ai plus sentie depuis longtemps…
- Abrège ! Qui c’est ?!
- Pas qui. Quoi. Tu devrais renoncer à ton projet de m’enterrer. Un Akyr ne va pas tarder à arriver. Et un costaud.
***
L’Akyr Galvaniseur, de Première Classe, avait été envoyé dans ce monde parallèle de la Terre dès que le vaisseau du Grand Forgeron était arrivé dans son orbite. L’Akyr Galvaniseur n’avait pas très bien compris comment un tel monde opposé du réel pouvait exister, mais le Seigneur Memnark y avait quelque chose qu’il voulait. L’un des Pokemon Dieu Guerrier qu’il avait conçu, Hafodes. Il se trouvait ici, dans ce prétendu monde de Cinhol, entre les mains d’un humain nommé Castel Haldar. Le Grand Forgeron lui avait donné Hafodes en échange de ses services pour purifier la Terre, mais Castel n’avait pas tenu parole. L’humain devait donc mourir, et Hafodes devait être rendu au Seigneur Memnark. Simple.
L’Akyr Cerebro s’était chargé d’envoyer l’Akyr Galvaniseur dans ce monde parallèle grâce à un appareil en Vifacier. L’Akyr Galvaniseur sera de retour dans le vaisseau du Grand Forgeron dans vingt-quatre heures très exactement, qu’il ait réussi sa mission ou non. Mais l’Akyr avait bien l’intention de la réussir. Repérer Hafodes dans ce monde primitif ne serait pas bien compliqué, et l’Akyr Galvaniseur, malgré sa stature impressionnante, savait se déplacer très vite. Il était le plus robuste de tous les Akyr. Son devoir envers le Grand Forgeron qui l’avait conçu avait toujours été d’arriver en premier dans les batailles, et de les quitter en dernier. L’Akyr Galvaniseur aimait bien déchirer la chair des êtres organiques, et il comptait bien s’amuser un peu après avoir tué Castel si jamais il lui restait du temps.
L’Akyr Galvaniseur n’avait toujours pas digéré la défaite que les humains leur avaient infligée. Ils avaient pris Atlantis et éliminé l’Akyr Propagateur. S’il était capable de pleurer, l’Akyr Galvaniseur n’irait pas gâcher ses larmes pour lui. Il n’avait jamais aimé l’Akyr Propagateur, mais il n’en restait pas moins qu’il était un Akyr de Première Classe, le fer de lance du Grand Forgeron. En détruire un, c’était un immense péché envers le Seigneur Memnark, une offense au-delà de tout pardon. Le sang humain allait couler aujourd’hui en compensation de ces crimes. L’Akyr Galvaniseur y veillerait.
Se trouvant au milieu de nulle part, dans une vaste plaine de verdure, il s’immobilisa pour sentir les effluves du Vifacier tout autour de lui. Il sentait trois présences. Une, relativement loin, mais faible, et une autre un peu plus proche, mais également faible. Pas des Dieux Guerriers. En revanche, la troisième, qui se trouvait non loin de la seconde, ne pouvait être qu’un Dieu Guerrier, aucun doute. Hafodes, à en croire le Grand Forgeron, et le Grand Forgeron ne se trompait jamais. Les Dieux Guerriers avaient beau être des Pokemon, ils étaient avant tout des créations du Grand Forgeron, tous comme les Akyr. L’Akyr Galvaniseur les considérait donc comme des espèce de frères éloignés.
- Prends patience, frère de Vifacier, dit l’Akyr Galvaniseur. Je vais te libérer de cet humain indigne, et tu retourneras servir ton créateur, comme il se doit !
En se dirigeant à toute vitesse vers l’endroit où il sentait Hafodes, il espérait que le Grand Forgeron et les autres n’aient pas soumis la Terre avant qu’il ne revienne. Ce serait mortellement ennuyeux.