042. 3x16 - Le joueur de flûte d'Autéquia
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. L’accès à Vermilava étant bloqué, les trois adolescents se dirigent vers Autéquia dans une ambiance électrique. En froid à cause de leurs avis divergents sur la coordination, Sofian et Flora finissent par discuter de leur relation que Sofian promet d’améliorer à l’avenir. La Team Rocket, quant à elle, a décidé de voler Galifeu afin de mener à bien leur mission et ont l’opportunité de contacter la Team Magma pour les aider.
Route 113
Les flammes ardentes crépitaient au cœur du très vieux fourneau rongé par la rouille. Le petit tas de cendres gris qui venait d’y être déposé se consumait dans une odeur de calcination qui s’était imprégnée sur les murs de l’atelier avec le temps. Il enfonça alors son outil métallique dans l’âtre et travailla agilement les cendres fondues jusqu’à l’obtention d’une pâte translucide qu’il appliqua à un petit objet scintillant. Il ôta enfin ses lunettes de protection et admira le travail. Elle était enfin prête.
Le Limagma devança les pas de son dresseur et tous deux rejoignirent la statue métallique qui décorait l’entrée de son atelier. Il observa un instant l’aigle figé dans une position inconfortable et, le cœur battant, souffla dans l’outil qu’il venait de confectionner. Mais aucun son ne s’y échappa. Tremblant de tout son corps, l’homme essaya à nouveau ; en vain. Fou de rage, il balança de toutes ses forces l’objet scintillant qui se brisa en une centaine de morceaux de verre contre le mur.
— Ne soyez pas si violent.
L’homme fit volte-face. Une ombre se dessina au pas de la porte de son atelier.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il, non sans surprise.
En entrant dans l’atelier, le mystérieux inconnu révéla un uniforme rouge et noir, et ses épaisses lunettes de soleil qui masquaient presque entièrement son visage.
— On dirait que les affaires ne sont pas concluantes en ce moment, Monsieur Hamel, remarqua-t-il en jetant un coup d’œil autour de lui.
L’artisan resta muet, observant chaque mouvement de l’intrus qui scannait à présent de son regard caché la statue métallique de l’aigle.
— Comment connaissez-vous mon nom ? se risqua-t-il enfin en comprenant que l’homme masqué n’allait pas reprendre la parole.
— La Team Magma connait toutes les personnes avec qui elle peut faire affaire.
— La Team Magma ? répéta l’artisan, de plus en plus paniqué.
— Ne prenez pas ce ton effrayé, Hamel, nous ne sommes pas l’ennemi, assura l’inconnu qui lui tournait à présent le dos, toujours en inspection de l’atelier.
— Qu’est-ce que la Team Magma pourrait retirer de mon petit commerce de vitrier ? demanda l’artisan en cherchant des yeux son Limagma, prêt à attaquer derrière lui.
— Oh, de grandes choses, Hamel, de très grandes choses.
L’homme se tourna enfin et fit face de sa grande taille à l’artisan pétrifié de peur.
— Je suis venu vous proposer une marché, annonça le sbire de la Team Magma. Vous n’êtes pas qu’un simple vitrier comme vous aimez le laisser entendre. La Team Magma est très intéressée par les pouvoirs mystérieux de votre flûte blanche.
— Comment connaissez-vous l’existence de… ! s’exclama l’artisan, surpris.
— La Team Magma sait tout. Comme je le disais, cette flûte blanche nous intéresse. Malheureusement, nous ne connaissons pas les secrets de son utilisation. En revanche, vous, oui. C’est pourquoi nous vous proposons de travailler ensemble : vous utilisez votre flûte blanche quotidiennement et en contrepartie, la Team Magma fera pleuvoir pour vous tout l’or gris qu’il vous manque pour faire…
Il jeta un nouveau coup d’œil à la statue métallique de l’aigle en fronçant les sourcils, avant de reprendre :
— …quoi que ce soit que vous soyez en train de faire.
L’artisan écarquilla les yeux. Étaient-ils réellement capables d’un tel exploit surnaturel ?
— La Team Magma possède des pouvoirs bien plus impressionnants que vos mélodies… « atypiques », ajouta le sbire, comme s’il avait lu dans les pensées de l’artisan. Il ne suffit que de votre accord pour que notre chef accélère le processus de réveil du Mont Chimnée. Et tout ce que vous désirez sera enfin à votre portée. Alors ?
Le sbire tendit sa main droite.
— Marché conclu ?
Sans hésitation, l’homme lui serra la main tandis que l’autre affichait un sourire satisfait.
— Parfait.
— Comment je fais pour vous les amener une fois que je les aurai ?
— Vous n’aurez pas besoin de nous appeler. Nous serons là.
Et l’homme rabattit sa capuche sur son crâne avant de prendre congé.
Sans plus attendre, Hamel enfila sa veste courte et matelassée, prit son sac en peau sur l’épaule, se jeta sur un tiroir et s’arrêta face à une magnifique flûte blanche poussiéreuse. Il hésita un instant, se souvenant de sa triste promesse de ne plus jamais l’utiliser, mais un dernier pincement au cœur en voyant la statue de l’aigle le convainquit et il quitta son atelier avec la flûte blanche.
Arrivé au centre d’une très vaste plaine ensoleillée, il porta son instrument de musique à ses lèvres, ferma les yeux, et se mit à jouer.
Non loin de là, trois acolytes étaient en proie à un débat électrique.
— Non, non et non ! s’énervait le chat. Le boss n’apprécierait pas qu’on implique d’autres criminels dans ses affaires !
— Miaouss a raison, approuva James, déjà que le boss ne nous apprécie pas trop.
— Mais l’aide de la Team Magma nous serait tellement précieuse ! argumenta Jessie. Ça veut dire des effectifs en plus, plus de budget, plus de moyens pour mettre la main sur Galifeu !
— Jessie n’a pas tort, fit remarquer James. Notre matériel ne nous a pas vraiment aidés dans la tâche.
— Mais enfin, bandes d’abrutis, si on accepte la proposition de la Team Magma, vous ne pensez pas qu’ils vont nous obliger à leur offrir nos services en contrepartie ?!
— C’est pas faux, avoua James en réfléchissant.
— Et c’est une fois qu’ils nous ont aidé qu’on se barre avec Galifeu sans leur donner notre contrepartie, comme on l’a toujours fait ! répliqua Jessie.
— C’est vrai que ça nous a plutôt bien réussi les retournements de veste, appuya James.
— Mais vous allez arrêter ! s’emporta Miaouss qui les gifla à tour de rôles. Nous sommes la Team Rocket ! Nous avons une mission et nous allons la terminer avec succès ! Et seuls !
— Et si on n’y arrive pas ? paniqua Jessie.
— On pourrait faire comme Michael ! suggéra James. C’est vrai quoi, Hoenn est assez grand pour nous cacher !
— On ne va quand même pas abandonner la mission et fuir, ce serait du suicide, marmonna Jessie.
— Et pourquoi pas ? On en aurait fini avec cette chasse aux pokémons interminables qui nous a tout coûté dans la vie. Et on serait libres ! À nous les vacances ! À nous le calme et la sérénité ! À nous les ballades champêtres dans les bois avec les magnifiques pokémons de cette région !
— Il a complètement perdu la tête, soupira Jessie.
— Mais non !! Miaouss, qu’est-ce que tu en penses ? Tu pourrais enfin vivre ta vie de Miaouss comme tu l’as toujours espéré !
Jessie et James se tournèrent vers leur acolyte, mais le pokémon ne répondit pas. Il semblait perdu dans ses pensées. À bien y réfléchir, il semblait même complètement pétrifié.
— Miaouss, tout va bien ? s’inquiéta James.
Le chat resta muet, le regard perdu dans le vide, les poils hérissés, les membres figés dans une position féline qui ne lui ressemblait pas. Tout à tout coup, Miaouss démarra en trombe et disparut dans les feuillages sans laisser de traces.
— Miaouss ?! s’exclamèrent en chœur ses deux acolytes qui partirent à sa poursuite.
Dans leur course à travers le bois, Jessie et James constatèrent avec étonnement que de nombreux pokémons les avaient imités. Rattata, Zigzaton, Fuinard,… tous couraient dans la même direction, comme attirés par un appel mystique. James repéra Miaouss qui couraient entre les racines des arbres et voulut l’attraper. Mais Jessie l’en empêcha et le força à se plier en quatre derrière un buisson. Elle lui montra la vaste plaine qui s’offrait à eux et dans laquelle un nombre incalculable de pokémons des champs étaient apparus, tous courant en direction d’un point central.
Un homme se trouvait au centre de la plaine et la Team Rocket n’eut aucun mal à constater qu’il jouait d’une flûte particulièrement étincelante de laquelle émanait une mélodie triste et profonde.
— Regarde ! chuchota Jessie en pointant du doigt la horde de pokémons.
James aperçut alors leur Miaouss avancer vers le joueur de flûte d’un pas félin qui ne lui ressemblait pas et se resserrer dans la masse de pokémons rongeurs.
— Qu’est-ce que c’est que cet engin ? murmura James, ébaubi.
— On dirait une sorte d’aimant à pokémon, mais rien à voir avec notre Magnet Rocket, répondit Jessie discrètement.
La mélodie s’arrêta instantanément et le flutiste leva les yeux au ciel, entouré d’une masse compacte de pokémons sauvages en transe. Une chaleur impressionnante venait de s’emparer de la plaine, et la Team Rocket remarqua avec effroi les épais nuages gris qui venaient de masquer le soleil à une vitesse incroyable. Très vite, de petits flocons gris tombèrent lentement du ciel encombré et le joueur de flûte éclata d’un rire excité.
— Il… neige ? s’étonna Jessie en tendant le cou vers le ciel gris.
James tendit la main droite pour y recevoir un flocon. À l’endroit où le flocon gris s’était déposé sur son bras s’était formé un petit trou dans sa tenue, comme brûlée par le flocon.
— Ce n’est pas de la neige ! remarqua James. C’est…
— …de la cendre !
Tous deux se retournèrent brusquement vers l’imposante montagne qui se dressait derrière eux et dont le sommet avait disparu dans les nuages de cendres.
— Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?!

Le chemin descendait vers un petit bois aux allures agréables. Alors qu’Arcko sautait de branches en branches non loin de Timmy, Galifeu ouvrait le pas devant Sofian et Skitty gambadait gaiement autour d’une Flora qui commençait à avoir le tournis. Sofian aida Flora à descendre le chemin boueux et glissant et cette dernière l’en remercia poliment. Tous deux s’obligèrent un sourire poli et les trois amis reprirent leur marche paisible, mais silencieuse, vers Autéquia en pénétrant dans le bois de la Route 113.
— Bonne nouvelle, annonça Timmy en navigant sur son Pokénav, si on continue à ce rythme, nous serons à Autéquia après-demain.
— Déjà ? se réjouit Flora. Mais c’est parfait ça ! Ça veut dire que j’aurai plus d’une semaine pour m’entraîner au concours !
Sofian ouvrit la bouche, mais préféra s’abstenir de son commentaire de peur d’être mal interprété, et se contenta de sourire.
— C’est moi, où il fait chaud tout d’un coup ? s’étonna Timmy.
— Et sombre… ajouta Flora en jetant un œil au ciel qui s’assombrissait à toute allure.
— Qu’est-ce que… il neige ?? s’ahurit Sofian.
Skitty essaya d’attraper un flocon mais poussa un petit cri de surprise en étant touché par les flocons qui venaient de brûler Sofian au même instant. La température avait si drastiquement augmenté que toute l’eau de l’orage de la veille s’était déjà évaporée, rendant le chemin boueux à nouveau praticable. De plus, Arcko tomba de sa branche, souffrant apparemment de la température étouffante, et le pelage de Galifeu semblait briller plus fort que jamais. Timmy et Flora firent rentrer leur pokémons rapidement dans leur protection sphérique.
— Il se passe quelque chose de pas net avec le Mont Chimnée, marmonna Timmy en observant les émanations de cendres tomber depuis le sommet de la montagne au centre de Hoenn. Vous vous souvenez de ce qu’avait dit Addie par rapport à la température anormalement haute du Chemin Ardent ?
— On ferait mieux de se dépêcher, pressa Sofian en reprenant la marche. Ça vous dit une petite course ?
— Je ne pense pas que ce soit une bonne… commença Flora.
Mais Sofian lui prit la main ainsi que celle de Timmy et se mit à courir.
— Galifeu, le premier arrivé à Autéquia a gagné ! lança-t-il en forçant ses amis à courir avec lui.
— Sofian, arrête ! s’écria Flora qui avait du mal à suivre le rythme que lui imposait l’adolescent.
— Oh allez, un peu d’exercice ne nous fait pas de mal, s’amusa celui-ci.
— Il faut qu’on s’arrête, lâche-nous ! insista Flora en criant. Regarde l’état de…
Sofian sentit le corps de Timmy tomber derrière lui et il s’arrêta dans sa course. Le jeune garçon était étalé de tout son long dans la petite couche de cendres et un long râle incontrôlable se dégageait de sa gorge.
— Il est en pleine crise d’asthme ! s’écria Flora.
Sofian resta bouche bée, incapable de prononcer un seul mot.
— Regarde ce que tu lui as fait !! s’emporta Flora.
— Je suis désolé, je savais pas… !
— Tu sais très bien qu’il est fragile, et cette chute de cendres n’arrange pas son cas ! Je t’avais dit que c’était pas une bonne idée ! Tu n’écoutes jamais personne ! Tu n’en fais qu’à ta tête sans penser aux conséquences sur les autres ! Encore une fois, tu prouves que tu ne penses qu’à ta petite personne et que…
Galifeu poussa un cri et Flora arrêta ses réprimandes en se tournant vers lui. Le pokémon montra une mine inquiète en regardant l’état de Timmy.
— Tu as raison, on n’a pas le temps de se disputer à nouveau, intervint Sofian. Il faut s’occuper de Timmy, c’est le plus important !
Sofian s’agenouilla auprès de son ami qui luttait pour arriver à respirer, et le plaça sur le flanc gauche afin de l’aider au mieux.
— Il faut que cette chute de cendres s’arrête, sinon je ne sais pas comment on va faire…
— Là !
Flora pointa du doigt un chemin sinueux qui descendait vers une plaine ou un petit nuage de fumée trahissait la présence d’une maison.
La double porte s’ouvrit à la volée et les deux adolescents entrèrent en précipitation à l’intérieur de ce qui ressemblait à un atelier de vitrier. Ils entrèrent dans l’arrière-salle et Sofian débarrassa une table de travail en jetant au sol tous les outils qui y trainaient. Galifeu déposa sur la table en pierre le petit Timmy qui ne respirait quasiment plus, les yeux fermés et les muscles crispés.
— Au moins, ici, son état ne s’empirera pas.
Flora fit sortit Gobou de sa pokéball afin de donner à boire à Timmy, mais celui-ci recracha toute l’eau qu’on avait essayé de lui faire avaler. Sa crise d’asthme s’intensifia, et Flora lança un regard terrifié à Sofian. Soudain, Timmy attrapa la manche de Sofian et le tira vers lui. Il plongea ses yeux rouges dans le regard de Sofian et essaya de prononcer quelque chose dans un râle inaudible :
— En… mon… ac… onne…
Ses yeux se révulsèrent et ses lèvres commencèrent à prendre une teinte bleutée.
— Dans son sac, son pokémon ! s’écria Flora qui avait déchiffré ses paroles.
Sofian se jeta sur le sac de Sofian, fouilla dans ses affaires, et trouva après quelques secondes qui en parurent des heures la pokéballs de Tarsal. Le pokémon fit usage de ses pouvoirs psychiques et arriva à apaiser son maître dont la trachée semblait se rouvrir. Mais Timmy avait perdu connaissance.
Sofian vérifia qu’il respirait et il sentit l’air entrer et sortir de ses narines. L’adolescent soupira et se laissa tomber sur une chaise en bois près de lui.
— Et maintenant ? demanda Flora, complètement perdue.
— Maintenant, on attend que le Mont Chminée ait terminé de cracher ses cendres car on ne peut pas sortir d’ici au risque d’aggraver l’état de Timmy.
— En espérant qu’il reste stable.
À travers la fenêtre poussiéreuse de l’atelier s’afficha un spectacle de désolation : la pluie de cendres se transforma bientôt en une véritable tempête.
— Gobou, peux-tu humidifier ce bout de tissu pour que je puisse éponger le front de Timmy ? demanda gentiment Flora à son pokémon pour patienter.
Mais le pokémon aquatique ne répondit pas. Il était figé, comme pétrifié, les yeux dans le vide, la nageoire sur le crâne aux aguets.
— Galifeu ?
De l’autre côté de la pièce, Galifeu se comportait de la même manière. Paralysé par quelque chose d’inaudible, les trois pokémons ne semblaient pas dans le même monde. Tout à coup, tous trois se précipitèrent vers la double porte d’entrée et disparurent sans crier gare dans la tempête.
— Où est-ce que… ?!
— REVENEZ !!
— Mais qu’est-ce qu’il leur prend, bordel ?! s’écria Sofian en courant vers l’entrée.
— Ils sont où ?!
— J’en sais rien, je ne vois rien dans cette tempête !! GALIFEU !!
— Sofian, qu’est-ce qu’il se passe ?!
— J’EN SAIS RIEN !! Il faut les retrouver !
— Et Timmy ??
— Reste avec lui !
— Mais s’il lui arrive quelque chose, je fais quoi ?!
— Tu te débrouilleras ! Il faut les retrouver !
— Je viens avec toi !
— RESTE AVEC TIMMY !
Et Sofian sortit de l’atelier dans la tempête de cendres en se cachant les yeux à l’aide de ses bras.
— SOFIAN !! hurla Flora, en proie à une crise de larmes.
Flora attendit quelques instants, mais Sofian avait complètement disparu dans le gris du paysage extérieur. Il faisait bien calme dans l’atelier, avec un Timmy inconscient, un feu crépitant aisément dans l’âtre du fourneau. Flora hésita, se mordant la lèvre. Et s’il arrivait quelque chose à Sofian ? Et si c’était un piège ? Timmy avait l’air de se reposer, dans ce calme imperturbable.
— Tu ne risques rien ici, pardonne-moi, chuchota-t-elle.
Et Flora sortit dans la tempête de cendres à son tour.

Malgré la violente tempête de cendres qui s’était abattue sur la plaine, le joueur de flûte continuait sa marche imperturbable, entouré d’une impressionnante horde de pokémons des champs. Tapis derrière les arbres qui longeaient la plaine, Jessie et James avançaient tant bien que mal en essayant de ne pas perdre des yeux leur ami Miaouss dans le troupeau de pokémons hypnotisés.
— En tout cas, sa flûte est quand même exceptionnelle… fit remarquer James.
— Voilà de quoi débloquer notre situation, se réjouit Jessie.
— Comment ça ?
— Une fois qu’on aura récupéré Miaouss, il faudra bien qu’on punisse cet énergumène pour l’affront qu’il nous a fait. Quoi de mieux que de récupérer sa flûte ? Imagine avec quelle aisance nous pourrions faire venir à nous Galifeu.
— Et il nous suivrait aveuglément comme le fait Miaouss en ce moment avec ce type ! comprit enfin James. Dans tout malheur, il y a espoir !
Jessie s’arrêta, stupéfaite.
— Tu vois ce que je vois ou bien je vois trouble ? dit-elle en montrant trois nouveaux arrivants dans le troupeau.
— Un Tarsal, un Gobou,… et un Galifeu ! s’exclama James.
— Ce pourrait-il qu’ils appartiennent aux gosses ?
— Quelle serait la probabilité de retrouver ces trois-mêmes pokémons ici, par hasard ?
— Comparée à la probabilité de retomber sur les trois gosses ?
— Jessie, je crois qu’on n’aura pas besoin de demander de l’aide à la Team Magma…
— TEAM ROCKET !
Jessie et James sursautèrent. Devant eux, bravant la tempête, apparut Sofian.
— J’aurais dû me douter que c’était vous ! Rendez-moi mon…
— Shhht !
Jessie agrippa Sofian et le força à se coucher au sol alors que James se cachait derrière un tronc d’arbre. Sofian se débattit mais la jeune femme lui montra le joueur de flûte à travers les cendres. En découvrant le troupeau de pokémons entourant l’homme mystérieux et avançant au même rythme que lui, Sofian resta bouche bée.
— Comment est-ce possible ? murmura-t-il.
— TEAM ROCKET !
— Mais c’est pas bientôt fini !! s’énerva James.
Flora venait d’apparaître à son tour sur le chemin.
— Flora ?! Qu’est-ce que tu fous ici ? Tu as laissé Timmy tout seul ?! Tu ne te rends pas compte de ce que tu viens de faire ? Sa crise d’asthme pourrait reprendre à tout moment !
— Je ne pouvais pas te laisser partir seul à leur recherche, se défendit Flora en se protégeant le visage des cendres. Et j’ai bien fait de venir car vous allez le payer Team Rocket !
— Non, tu te trompes, pour une fois, ce n’est pas eux ! intervint Sofian.
Il lui montra à son tour le joueur de flûte mais le troupeau de pokémons ainsi que l’homme mystérieux avaient complètement disparus dans la tempête.
— Où est-il ?
— Mais de quoi tu parles ?
— Oh non, on a perdu leur trace ! s’affola Jessie.
— Bon, assez discuté ! s’impatienta Flora. Rendez-nous nos pokémons !
— Écoute, princesse, t’as pas compris ce que ton amoureux t’a dit ? se défendit Jessie. On n’a pas volé vos pokémons ! On est dans le même camp, là.
— Jessie, il faut qu’on retrouve très vite ce joueur de flûte si on veut retrouver Miaouss, pressa James.
— On a peut-être le même but, mais on n’est pas dans le même camp, précisa Sofian avec amertume.
— Très bien, comme vous le voudrez !
Jessie fit signe à James de les quitter et les deux acolytes poursuivirent leur chemin en direction de l’endroit où l’homme et les pokémons avaient disparu.
— Attendez !
Sofian courut après eux, et Flora se sentit obligée de les suivre sans très bien comprendre si elle ne voulait pas se perdre dans la tempête.
— Dégage, le mioche, on n’est pas alliés, cracha Jessie.
— Je vous suis pour m’assurer qu’au cas où vous les retrouviez, vous ne voliez pas nos pokémons, rétorqua Sofian.
— Sofian, appela Flora, veux-tu bien m’expliquer ce qu’il se…
— Toi, retourne auprès de Timmy ! ordonna-t-il.
Flora soupira. Mais la jeune fille constata avec horreur un détail terrifiant.
— Attends une seconde ! Sofian, l’atelier dans lequel on a laissé Timmy… Ils se dirigent dans la même direction !
Sofian arrêta sa marche. Un atelier d’ouvrier, un joueur de flûte,… Ils se dirigeaient tous dans la même direction.
— Timmy est en danger !

Tout était flou et brumeux. Un puissant mal de crâne l’empêchait de bouger. Il focalisa son regard sur une petite tâche indescriptible au plafond afin de détourner son attention de son crâne qui le lançait. Lorsque ses yeux s’habituèrent aux couleurs et à la lumière, il perçut enfin de faibles voix converser au loin. Tout ce dont il se souvenait, c’était la chute de cendres et la course dans les bois.
Reprenant péniblement la conscience de ses membres, Timmy se souleva légèrement et découvrit un environnement qui lui était méconnu. Il s’assit péniblement sur la table en pierre sur laquelle il se trouvait, remarqua son sac à dos ouvert au sol, une chaise renversée, un très vieux fourneau dans lequel un feu ronflait tranquillement. Mais aucune trace de ses amis. Cependant, face à lui, derrière une porte entrouverte provenaient de petits bruissements et couinements, comme si plusieurs pokémons attendaient patiemment. Soudain, une voix étouffée par la distance, une voix qui lui semblait familière.
Timmy descendit fébrilement de la table en pierre et se rapprocha de la porte entrouverte à travers la fente de laquelle il aperçut une horde incroyable de pokémons rongeurs en tous genres remplir le hall d’entrée. Au milieu de ceux-ci, un homme vêtu d’une veste molletonnée attendait patiemment tandis qu’un deuxième homme invisible dans son angle de vue prenait la parole :
— Rattata, Zigzaton, Chenipan,… énumérait le deuxième homme en faisant les cents pas.
Timmy remarqua un Galifeu, un Tarsal et un Gobou qui attendaient à l’extérieur, faute de place dans l’entrée. Il crut même reconnaître le Miaouss de la Team Rocket près d’une statue en métal à l’effigie d’un aigle. Son cerveau lui jouait-il des tours ?
— Oh, et que vois-je ? Une Miaouss sans défense…
Le bras de l’homme apparut dans l’angle de la porte et Timmy découvrit un petit chaton beige muni d’un nœud rouge, flottant dans les airs, tenu par la gorge.
— C’est ça que tu appelles des pokémons puissants ?
— Je… je n’ai jamais dit que… balbutia l’homme au centre de la meute.
— Tu as dit que ta flûte pouvait attirer tous les pokémons sauvages du coin, peu importe leur niveau ! s’énerva l’homme caché. C’est ça l’offre que tu fais à la Team Magma ? Une souris frétillante, un ver de terre et un chaton qui vient de naître ?
— Je… Ce sont…
— Après tout ce qu’on a fait pour toi, après cette pluie de cendres, tu oses nous trahir ainsi ?!
— J’ai… j’ai fait ce que vous m’aviez demandé…
— ASSEZ !
L’homme balança la Miaouss sans défense contre la statue métallique qui tomba au sol dans un fracas.
— Airmure ! s’écria le flutiste, terrifié.
Il lâcha tout ce qu’il tenait en main et accourut auprès de l’armure au sol. Timmy aperçut une flûte blanche se fêler sous le choc contre le sol et s’écraser contre un mur. À cet instant, tous les pokémons semblèrent se réveiller de leur transe et s’enfuirent dans la nature dans un brouhaha assourdissant, si bien que Timmy n’entendit pas la reprise de la discussion.
— …venger, tu peux en être sûr, disait l’homme qui avait changé de position et bouchait à présent de son dos la vue à toute la scène. Je reviendrai ce soir, et tu as intérêt à avoir déniché un pokémon puissant. Sinon, tu peux dire adieu à ton Airmure. Enfin, plutôt à ce qu’il en reste.
L’homme tourna la tête pour regarder la statue métallique étalée au sol et Timmy étouffa un sursaut d’horreur. Il avait reconnu l’homme qui menaçait le pauvre flutiste. Il s’agissait de John, un des hauts représentants de la Team Magma auquel il avait eu affaire deux mois auparavant.
John quitta l’atelier en laissant le flutiste remettre sur pied tant bien que mal sa statue métallique à laquelle il tenait tant. Soupirant de désespoir, l’homme disparut dans une autre pièce. Qu’est-ce que la Team Magma était en train de préparer ? Pourquoi était-elle à la recherche d’un pokémon puissant ? Et puis surtout, quel était le rôle joué par le flutiste qui semblait être doté d’un pouvoir exceptionnel ?
Un petit miaulement fébrile attira l’attention de Timmy. Après s’être assuré que la voie était libre, Timmy se rendit dans le hall d’entrée de l’atelier et retrouva au pied d’une armoire la petite Miaouss que John avait malmenée. Timmy s’agenouilla auprès du petit pokémon blessé et examina sa patte-arrière. C’est alors qu’un autre pokémon attira son attention.
— Je sais que c’est toi, Miaouss, chuchota Timmy en voyant du coin de l’œil le chat de la Team Rocket se comporter comme un animal.
Miaouss miaula d’une manière étrange, trahissant sa véritable identité, et Timmy lui accorda l’anonymat en faisant mine d’avoir cru à sa feinte.
— Elle ne va pas très bien, dit-il tout de même à l’adresse de Miaouss en palpant la patte blessée du pokémon sauvage. Le choc contre la statue était trop violent pour elle. Je peux la soigner, mais il me faut mes produits de soins qui se trouvent dans mon sac à dos.
Miaouss acquiesça tout en gardant une position animale et Timmy lui sourit. Il prit la pokémon blessée dans ses bras et se dirigea dans la salle de travail qu’il venait de quitter, à la recherche de son sac à dos.
— Je vous ai dit que j’allais me remettre au travail !
Timmy bondit de surprise, lâchant la chatte blessée qui prit la fuite en titubant et en disparaissant dans la tempête de cendres.
— Attends ! s’écria Miaouss en courant après elle.
Le jeune garçon se retrouva seul, nez-à-nez avec le joueur de flûte qui avait brandit une pokéball pour se défendre.
— Un Miaouss… qui parle ? s’effara le joueur de flûte en suivant des yeux le pokémon qui quittait à son tour l’atelier à la poursuite de la Miaouss blessée.
— Je vous en prie, ne me faites pas de mal, supplia Timmy dans un élan de panique. Je suis asthmatique…
Le joueur de flûte fronça des sourcils et Timmy se rendit compte que cette information n’avait peut-être aucune valeur argumentative contre son intrusion dans l’atelier d’un inconnu. Un Limagma se métamorphosa hors de la pokéball de l’homme et Timmy profita de cette seconde de préparation à l’attaque pour arracher son sac à dos du sol et s’enfuir à son tour dans la tempête de cendres.
— Un Miaouss qui parle… marmonna Hamel en caressant sa flûte blanche fêlée.
En s’enfuyant dans la tempête de cendres, Timmy avait été persuadé que ce fut le bon choix à prendre. Malheureusement pour lui, il se rendit bien vite compte qu’il aurait probablement été plus judicieux de combattre l’inconnu en attendant le retour de ses amis plutôt que de se jeter dans une tempête meurtrière. Car il ne fallut pas plus de quelques secondes pour que sa crise d’asthme se déclenche à nouveau. Perdu au milieu d’un gris infini, Timmy sentit sa gorge se resserrer et les cendres lui brûler les entrailles. Il plongea la main dans son sac à dos en tira la bombonne d’oxygène que l’infirmière Joëlle du Village Myokara lui avait donnée. L’inhalateur lui permis de reprendre ses esprits un instant, et il se cacha le visage à l’aide de sa chemise afin d’éviter de respirer de nouvelles particules de cendres.
En reprenant sa course dans la tempête, Timmy se prit les pieds dans un petit monticule mou. Il tira de sous une couche épaisse de cendre un Miaouss à bout de souffle qu’il reconnut que trop bien. Constatant que lui aussi avait bien du mal à respirer dans toute cette poussière, Timmy lui injecta une dose d’oxygène grâce à son inhalateur et Miaouss reprit ses esprits.
— Tout va bien ? s’inquiéta Timmy.
Miaouss s’extirpa hors des bras de Timmy et reprit une position féline.
— Je sais que c’est toi, Miaouss, tu peux arrêter ton cinéma.
Miaouss leva les yeux au ciel et se remit sur ses deux pattes. Mais il toussa violemment et retomba à genoux.
— Cette tempête de cendres est vraiment trop nocive pour un pokémon tel que moi, se plaignit le chat.
— Alors j’imagine pas dans quel état doit être ton amie qui est blessée, fit remarquer Timmy. Il faut qu’on la retrouve !
Miaouss se dressa soudainement sur ses deux pattes.
— Là-bas !
Il se mit à courir dans la tempête et Timmy le suivit au pas de course en se cachant les yeux afin de se protéger des cendres. Ils retrouvèrent la petite Miaouss blessée allongée au pied d’un arbre dans un lit de cendres. Miaouss leur montra une grotte au loin et le petit groupe courut s’y abriter. La crise d’asthme de Timmy reprit de plus belle mais en essayant de se soulager à l’aide de son inhalateur, aucune pulsion d’air ne vint à sa rescousse. Criant de désespoir, Timmy jeta sa bombonne d’oxygène dans la tempête avant de s’écrouler en perdant connaissance.

En débarquant dans l’atelier, Sofian eut une vision d’horreur : tout ce qu’il avait craint avait eu l’air de s’être produit. Il pénétra dans la salle de travail sens dessus-dessous, des planches de bois ayant jadis formés les armoires de l’atelier s’empilaient ci-et-là, des débris de verres jonchaient le sol, le vieux fourneau avait été renversé, la table de travail sur laquelle Timmy ne se trouvait plus était fendue. Flora poussa un cri de stupeur en découvrant une masse informe sous une armure et elle se précipita sur ce qu’elle pensait être Timmy afin de le secourir. Mais lorsque les deux adolescents sortirent le corps de sous les débris, ils bondirent de sursaut en découvrant la silhouette du joueur de flûte qu’ils avaient longuement coursé.
— Qu’est-ce que vous avez fait de Timmy ?! s’exclama Sofian en le secouant violemment.
L’homme entrouvrit douloureusement les yeux et eut du mal à reconnaître l’endroit où il se trouvait.
— Limagma ! s’exclama-t-il en reprenant ses esprits.
Il se leva d’un bond avec souplesse et courut auprès du vieux fourneau pour en extraire son pokémon blessé. C’est alors qu’il remarqua la présence des deux adolescents qui avaient dégainés leurs pokéballs.
— Où est notre ami ? répéta Flora, prêt à attaquer.
— Vous… vous vous méprenez… balbutia le joueur de flûte.
— On sait que vous avez attiré vos pokémons avec votre instrument ! lança Sofian. Ne nous mentez pas et dites-nous ce que vous avez fait de Timmy et de nos pokémons !
— Je vous assure que je n’y suis pour rien, répondit l’homme, la gorge serrée.
Sofian lui lança un regard meurtrier et fit apparaître son Écrapince alors que Flora faisait de même avec son Charmillon.
— Puisque je vous dis que je ne suis pas le responsable de toute cette histoire ! se défendit l’artisan en se recroquevillant sur son pokémon afin de le protéger. Tout ceci n’est qu’un énorme imbroglio ! Je vous en prie, croyez-moi quand je vous dis que je ne sais pas où sont vos pokémons et votre ami ! Ils se sont tous enfuis une fois le charme de ma flûte rompu ! Vos collègues m’ont déjà passé à tabac et je leur ai déjà tout avoué !
— Attendez une minute, intervint Flora. Nos collègues ?
— De qui vous parlez ? interrogea férocement Sofian.
— Vos collègues de la Team Magma qui sont à la recherche du Miaouss qui parle, expliqua le joueur de flûte. J’ai fait tout ce que votre chef m’a demandé, je vous en prie, ayez pitié…
— La Team Rocket ! comprit Flora.
— Ils sont arrivés avant nous et l’ont agressé pour retrouver leur Miaouss, résuma Sofian.
— Et ils ont tous dû fuir dans la tempête de cendres ! s’affola Flora.
— Il faut les retrouver !
— La Team… Rocket ? répéta le flûtiste, dubitatif. Je ne comprends pas. Qui… Qui êtes-vous exactement ? Vous n’êtes pas de la Team Magma ?
— Pourquoi le serions-nous ? s’étonna Sofian sans lâcher sa garde.
— Donc vous n’êtes pas là pour me punir de…
Le joueur de flûte ouvrit la bouche, le regard perdu dans le vide, comme s’il venait de remettre en place les pièces d’un énorme puzzle. Il se releva brusquement et se dirigea vers le fourneau renversé sur lui-même en ignorant les pokémons des deux adolescents qui le suivaient de prêt afin de s’assurer qu’il n’allait pas attaquer.
— Je crois que je peux vous aider à retrouver votre ami, annonça l’artisan en sortant du fourneau une flûte blanche qui avait l’air d’avoir été fêlée puis réparée.
Sofian fit signe à Écrapince de ne pas attaquer et Charmillon se posa sur le fourneau sous les ordres de Flora. Le joueur de flûte les remercia de leur grâce en acquiesçant.
— J’ai surpris votre ami dans mon atelier en pensant qu’il faisait partie de la Team Magma qui en a après moi, raconta le joueur de flûte. Votre ami a pris peur et s’est enfui en compagnie d’un Miaouss qui parle et d’une Miaouss blessée. C’est alors que deux personnes — de la Team Rocket d’après vous — m’ont agressé pour que je leur révèle où se trouvait le Miaouss parlant. Si j’ai bien compris, votre ami est asthmatique, ce qui signifie que dans cette tempête de cendres, il court un grand danger. Je peux le soigner. Mais pour cela, il faut le retrouver. Je peux aussi le retrouver grâce à ma flûte blanche.
Sofian et Flora échangèrent un regard méfiant.
— Vous devez me croire, je ne suis pas votre ennemi, assura l’artisan.
Celui-ci soupira. Il se dirigea vers le seul buffet qui n’avait pas succombé à l’attaque de la Team Rocket et ouvrit un tiroir plein de flûtes de couleurs différentes. Curieux, Sofian et Flora approchèrent.
— Je m’appelle Hamel, et je suis le dernier vitrier artisan de la région de Hoenn, se présenta le joueur de flûte. J’utilise la cendre du Mont Chimnée comme matière première afin de la transformer en verre fondu, de le mélanger à des baies spécifiques et ainsi, je confectionne des flûtes aux propriétés surprenantes. Cette flûte noire provoque une mélodie désagréable qui fait fuir les pokémons sauvages, cette flûte jaune peut sortir un pokémon de sa confusion, et cette flûte blanche permet aux pokémons alentours d’être irrémédiablement attirés par sa mélodie. C’est ainsi que vos pokémons sont venus à moi, et c’est en se brisant que le charme a été rompu et qu’ils se sont tous enfuis. Je peux soigner votre ami grâce à une flûte bleue. Malheureusement, je n’ai jamais réussi à créer une flûte assez puissante pour réveiller mon Airmure.
Sofian fronça les sourcils.
— Qu’est-ce que son Airmure vient faire dans…
Flora le somma de se taire alors que Hamel se dirigeait vers la statue métallique qu’il redressa tristement.
— Lorsque j’ai découvert les propriétés spéciales de la cendre du Mont Chimnée, raconta Hamel, et comme j’avais besoin d’énormément d’argent pour développer mon commerce, j’ai fait un pacte avec un homme qui était venu me voir. Il était encapuchonné, je m’en souviens parce qu’il m’avait fichu une belle frousse. L’homme m’a demandé de faire fuir tous les pokémons de la région du Mont Chimnée où il comptait installer son entreprise, raison pour laquelle il avait besoin du pouvoir de ma flûte noire. En échange, il me donnerait assez d’argent pour développer mon commerce. Évidemment, je me suis exécuté, mais l’homme ne m’a jamais donné mon argent et a disparu dans la nature. Plus moyen de le retrouver, même à l’endroit où il était censé bâtir son entreprise. Pour me venger, j’ai créé une flûte rouge qui était capable de faire retourner les pokémons dans leur milieu naturel mais j’ai mal gérer mon invention, et mon fidèle Airmure s’est retrouvé prisonnier de son armure. Depuis ce jour, le volcan s’est éteint et je n’ai plus pu remplir mon stock de cendres. Cela fait trois ans que je cherche à créer une flûte qui le ferait sortir de son cocon de métal. C’est ainsi que j’ai trouvé comment créer une flûte qui me permettait d’attirer vers moi tous les pokémons sauvages, jusqu’à ce que je n’aie plus de matière première pour créer mes instruments. Le comble, c’est que j’avais enfin trouvé la recette pour confectionner une flûte bleue.
« Ce matin, la Team Magma est venue me trouver pour passer un pacte avec moi : ils voulaient que j’attire pour eux un maximum de pokémons puissants et en échange, ils feraient tomber les cendres du Mont Chimnée jusqu’à moi pour que je puisse reprendre mes activités et sauver mon Airmure. Et grâce à ces cendres, je vais enfin pouvoir créer mon instrument et réveiller Airmure.
Hamel essuya une larme de joie en gardant les yeux rivés sur son pokémon figé dans le métal.
— Et donc soigner Timmy ? rappela Sofian.
Hamel acquiesça et les deux adolescents poussèrent un soupir de soulagement.
— S’il-vous-plaît, faites aussi revenir notre Miaouss.
Ils firent volte-face et se retrouvèrent face à une Jessie et un James désespérés. À côté d’eux, leur Seviper, Cacnéa et Papinox semblaient épuisés et blessés.
— Team Rocket !
— Pourquoi on vous aiderait ?!
— Vous m’avez agressé et maintenant, vous me suppliez mon aide ?
— Nous sommes désolés, se repentit Jessie.
— Lorsqu’il s’agit de notre meilleur ami Miaouss, il nous est impossible de gérer notre émotion, s’expliqua James au bord du désespoir.
Hamel serra les dents.
— Sans Miaouss, la Team Rocket n’a plus de raison d’être, se lamenta James.
— C’est un très bon argument pour éviter qu’on vous aide, ça ! cracha Sofian.
— Il s’agit d’un pokémon sans défense ! se défendit Jessie.
— Mais un pokémon de la Team Rocket !
— Ça ne va pas la tête, Sofian ?! s’insurgea Flora.
Sofian se tourna vers elle, surpris.
— Ces cendres sont dangereuses, regarde l’état de Timmy. Alors imagine à quel point elles peuvent l’être pour un pokémon tel que Miaouss. Certes, ce sont nos ennemis. Certes, ils nous ont tous agressés — plusieurs fois même. Mais nous ne sommes pas comme eux. Nous ne sommes pas des monstres sans cœur comme eux. Ils ont décidé de faire de leurs pokémons des esclaves du banditisme, mais nous n’allons pas nous-mêmes ne pas porter assistance à un pokémon en danger.
Flora se tourna vers Hamel.
— Nous valons plus que cela, termina-t-elle.
Vous valez plus que cela, Hamel. Si vous aviez eu la chance de rencontrer quelqu’un qui pouvait sauver votre Aimure, vous l’auriez supplié et vous auriez été très heureux de son aide. Soyez cette personne. Je suis sûr que c’est ce que votre Airmure aurait voulu que vous fassiez.
Hamel hésita, les poings fermés. Sofian leva les yeux au ciel en voyant les larmes couler chaudement sur les joues de Jessie et James. Enfin, Hamel accepta.
— Vous avez raison. Je peux faire d’une pierre deux coups et ramener tout le monde en même temps.

Le vent qui sifflait à travers les nuages de cendres qui se déversaient à l’entrée de la grotte tira Timmy hors de son coma. Son premier réflexe en retrouvant une respiration semi-saccadée fut de se jeter sur son sac à dos afin de s’assurer que ses affaires étaient toujours là.
— Pas de panique, je ne t’ai rien volé, lui assura Miaouss.
Le chat parlant était avachi contre la paroi rocheuse de la grotte et soutenait sur ses pattes la tête de la petite Miaouss blessée et apeurée. Le membre de la Team Rocket semblait lui aussi très faible.
— Permets-moi d’en douter, ironisa Timmy en inspectant ses affaires.
Miaouss leva les yeux au ciel et ignora le jeune garçon qui examinait à présent ses poches. Une fois rassuré, Timmy examina l’état des lieux : ils se trouvaient à présent dans une minuscule grotte humide et glaciale dont l’entrée se remplissait petit à petit de cendres chaudes amenées par la tempête d’au-dehors. Ils étaient bloqués. Timmy se laissa tomber contre un mur et soupira avant qu’une quinte de toux ne le reprenne et l’empêche de respirer à nouveau.
— Tout va bien ? s’inquiéta Miaouss.
— Qu’est-ce… que… ça peut… bien… te faire ? répliqua Timmy entre deux respirations saccadées.
Miaouss soupira à son tour.
— Je suis malade, avoua enfin Timmy.
Le regard de Miaouss ne quitta pas la pokémon blessée mais Timmy constata que ses oreilles l’écoutaient attentivement.
— Depuis… tout petit, j’ai cette maladie… respiratoire qui me rend très faible… physiquement, poursuivit Timmy en suivant le rythme lent de sa respiration douloureuse. Je ne devrais probablement… pas te le dire étant donné que tu pourrais… en jouer pour avoir ma peau et me… voler tout ce que j’ai. Seulement… Je fais ce rêve depuis tout petit où… je me vois à mon propre enterrement. J’ai toujours su que j’allais… mourir jeune, c’est comme une évidence. Et je pense bien… qu’aujourd’hui, ce soit la fin.
— Désolé pour toi, répondit simplement Miaouss sans aucune émotion.
Timmy pouffa de rire, amusé par la réaction de son ennemi. Le silence tomba.
— C’est à ton tour, dit enfin Timmy.
— De quoi ?
— Ben, je t’ai révélé un truc… sur moi, à toi d’en faire… pareil.
— Pourquoi je ferais ça ?
— On est bloqué… ici, on vit peut-être… nos dernières heures…
Miaouss leva les yeux au ciel et changea de position afin de lui tourner le dos.
— J’aurais voulu connaître… l’amour avant de partir, insista Timmy. Ça doit être… la plus belle expérience à vivre, tu ne penses pas ?
Mais Miaouss resta silencieux et poursuivit les caresses qu’il donnait à la pokémon blessée.
— Je t’avoue que j’ai quelqu’un… en tête mais… oh, c’est stupide de penser… à cette personne. Elle est… inatteignable…
— Ce n’est jamais stupide, répondit enfin Miaouss, comme intéressé par le débat.
Timmy sourit, fière de son exploit.
— L’amour, ça ne se trouve pas, ça se gagne, poursuivit le chat. Personne n’est inatteignable, il suffit de trouver le chemin vers la personne que l’on désire. L’amour… c’est le plus beau sentiment à ressentir.
— Ça a l’air si simple et… si parfait, dit comme ça.
Le silence tomba à nouveau, mais Timmy préféra ne pas reprendre la parole, sentant que Miaouss avait besoin de ce silence pour construire sa pensée et se remettre à parler. Et il eut bien raison, car bientôt, le chat reprit la parole, toujours dos à lui :
— J’ai connu l’amour il y a bien longtemps, avoua Miaouss. Elle prenait la forme d’une Miaouss tellement éblouissante. Pour elle, j’aurais tout donné, j’aurais sacrifié mes neuf vies. Mais elle a pris peur quand je me suis mis à parler. Sa réaction a été tellement violente, sa terreur, le dégoût que je pouvais lire dans ses yeux,… Elle s’est enfuie comme un Abra. Ce jour-là, j’ai décidé que plus personne ne m’empêcherait de réaliser mes buts, et je suis allé travailler à temps plein dans la Team Rocket.
— C’est… bien, je suppose ? bredouilla un Timmy confus.
— Mais aujourd’hui… continua Miaouss avant de laisser sa phrase disparaître dans les méandres de ses pensées. Quand j’ai vu tout à l’heure l’espèce d’humain raté qui a fait du mal à cette pauvre Miaouss… Ça m’a fait penser à la vie que j’aurais pu avoir à Kanto lorsque j’ai fait le choix de refuser de vivre ma vie de pokémon sauvage…
Jamais Timmy n’aurait cru que Miaouss aurait pu se dévoiler ainsi sur son passé, d’autant plus que le jeune garçon n’avait jamais envisagé le fait qu’il pût avoir une vie sentimentale et émotive. De nombreuses questions foisonnaient dans la tête de Timmy, mais il n’osa l’interrompre de peur que le chat renonce à se confier à lui.
— À vrai dire… marmonna Miaouss. Non... non, c’est impossible pour moi de… En fait…
Miaouss se tourna enfin vers Timmy et le jeune garçon découvrit son visage ruisselant de larmes.
— J’en ai assez de cette vie de cavale à servir des êtres humains qui ne me respectent pas en tant que Miaouss indépendant. J’en ai assez de ces humains qui nous contrôlent, avec leurs pokéballs ou leurs flûtes. Peut-être que… peut-être que je serais un Miaouss heureux si je ne répétais pas les erreurs du passé.
Miaouss tourna le regard vers la petite chatte fébrile et se crispa.
— Depuis que j’ai croisé sa route… c’est comme si la foudre m’était tombé dessus, se confia Miaouss. C’est tellement douloureux, tellement fatigant comme douleur.
— Il faut se battre pour les choses que l’on veut, répéta Timmy avec un sourire, non sans penser qu’un ennemi de moins dans le clan de la Team Rocket leur faciliterait la vie.
Miaouss resta silencieux, pensif. C’est alors qu’une mélodie étouffée s’éleva depuis les profondeurs de la tempête de cendres. Troublé, Timmy n’eut pas le temps de se demander d’où elle pouvait provenir. En effet, les deux Miaouss s’étaient figés instantanément, comme si leurs blessures n’existaient plus, et se lancèrent sans crier gare à l’extérieur de la grotte dans la violence des rafales de cendres.
— MIAOUSS !! s’écria Timmy, paniqué.
Les étranges pouvoirs du joueur de flûte semblaient avoir à nouveau fonctionné. Il fallait qu’il les retrouve, il était de son devoir de protéger la pokémon sauvage blessée. Timmy enroula à nouveau sa chemise autour de son visage afin de se protéger des inhalations de cendres, pria pour ne pas souffrir d’une nouvelle crise d’asthme, et pénétra à son tour dans la tempête de cendres malgré son incapacité à respirer correctement.

La mélodie qui s’élevait de la flûte que manipulait Hamel était des plus apaisantes. L’homme leur avait sommé de faire rentrer leurs pokémons dans leurs pokéballs afin d’éviter que le charme dont il allait faire usage ne les touche aussi.
Lorsque les premiers pokémons sauvages apparurent dans l’atelier, Jessie et James bondirent de joie en reconnaissant leur Miaouss préféré retrouver le chemin de l’atelier. Mais les pokémons s’installèrent autour de Hamel qui leur fit signe de ne pas approcher, tout en poursuivant sa mélodie. C’est alors que Galifeu, Tarsal et Gobou pénétrèrent à leur tour dans l’atelier, provoquant les cris de joie de Sofian et Flora.
Mais il manquait toujours Timmy à l’appel. Si les Miaouss étaient de retour, cela signifiait que Timmy ne devait pas être très loin. À moins qu’il n’ait subi une nouvelle crise d’asthme, à moins qu’il se soit évanoui en chemin, se perdant dans la tempête de cendres meurtrière.
Enfin, une ombre se dessina dans l’encadrement de la double porte d’entrée, et la petite masse fébrile s’effondra au sol. Sofian et Flora accoururent auprès de leur ami qu’ils allongèrent sur la table en pierre fendue.
— Ils sont tous revenus ! indiqua Sofian.
Hamel cessa alors sa mélodie et tous les pokémons reprirent conscience. Gobou se jeta dans les bras de sa maîtresse, Galifeu cracha une boule de feu indolore vers Sofian en guise de retrouvaille et Tarsal accourut auprès de son maître dans le coma.
— Dépêchons-nous de soigner Timmy, pressa Flora en montrant l’état lamentable dans lequel se trouvait son ami.
Jamais le visage du jeune garçon n’avait été aussi pâle, et les gouttes de sueur qui perlaient sur son front trahissaient ses efforts colossaux pour respirer. Hamel ouvrit son fourneau dans la précipitation et son Limagma termina le travail de vitrier sur la flûte bleue flambant neuve qu’ils venaient de confectionner.
C’est alors que Jessie et James poussèrent un cri désespéré à l’unisson.
— AIDEZ-NOUS !! hurlèrent-ils.
Tous firent volte-face. Entre les deux acolytes se trouvaient la petite Miaouss blessée à la patte et la forme indescriptible de leur Miaouss. Du pokémon recroquevillé au sol émanait une lumière blanche aveuglante.
— Qu’est-ce qu’il lui arrive ?! s’affola James.
— SAUVEZ NOTRE MIAOUSS !! urgea Jessie.
— Je rêve !! s’exclama Flora.
— Miaouss est en train... marmonna Sofian.
— …d’évoluer !! annonça Hamel.
— IMPOSSIBLE !
— Un Persian ne peut pas parler, ce serait trop ridicule !!
Miaouss hurla de douleur alors que la salle irradiait de la lumière énergique de son évolution. Bizarrement, la forme de son corps ne sembla pas changer et le pokémon poussa un cri de souffrance déchirant.
— Pourquoi est-ce qu’il ne se métamorphose pas ? s’étonna Flora.
— On dirait que Miaouss… lutte contre son évolution ! remarqua Sofian.
Miaouss cria de plus belle et la lumière autour de son corps s’estompa, avant de reprendre de manière plus intense.
— C’est comme si le corps de Miaouss se forçait à évoluer alors que son esprit refusait !
— Je vous en supplie, faites quelque chose ! implora Jessie en se jetant aux pieds de Hamel.
— Je n’ai malheureusement aucune flûte capable de stopper l’évolution des pokémons, expliqua l’artisan dépité.
Miaouss poussa un hurlement de douleur qui terrifia la pokémon blessée.
— Je peux… faire quelque chose, intervint une voix derrière eux.
Jessie et James se tournèrent brusquement vers la table de travail sur laquelle Timmy s’était réveillé dans un très mauvais état.
— Timmy ! s’exclama Flora en accourant auprès de lui.
Mais le jeune garçon n’arriva pas à se relever dans son état et crispa son visage sous la douleur.
— Miaouss… ne… doit… pas… évoluer… dit-il difficilement. Sofian… dans… mon… sac…
Flora fronça les sourcils mais Sofian eut l’air de comprendre de quoi parlait Timmy.
— D’accord ! accepta Sofian. Mais pour ça vous devrez nous promettre une chose.
— Tout ce que vous voulez ! répondirent en chœur les deux acolytes.
— Vous allez arrêter de vous en prendre à nous ! ordonna Sofian.
— C’est comme si c’était fait ! jura James. Maintenant, aidez notre Miaouss !!
Sofian ouvrit le sac à dos de Timmy à la volée et en extirpa un petit objet rond et lisse que Flora eut du mal à reconnaître. L’adolescent se jeta sur Miaouss et la lumière blanche sembla se faire aspirer dans l’objet qui était entré en contact avec son corps. Miaouss reprit son apparence normale tandis que roula au sol la Pierre Stase que Sofian avait reçue quelques jours plus tôt de la part de la famille Stratège. Le caillou calciné se brisa en deux et laissa échapper une petite fumée blanche.
Jessie et James se jetèrent auprès de leur ami épuisé et allongé au sol tandis que Flora pressa Hamel à soigner Timmy. La mélodie plus énergique qui s’extirpa hors de la flûte bleue sembla fonctionner à merveille car bientôt, la quinte de toux de Timmy se calma et il put prendre une grande bouffée d’air frais.
— J’ai bien cru qu’on allait te perdre, soupira Flora en serrant son ami dans ses bras.
Timmy s’extirpa rapidement hors de son étreinte et prit plusieurs bouffées d’oxygène.
— Laisse-lui quand même un peu d’air, le pauvre en a manqué toute la journée ! s’amusa Sofian en serrant la main de son ami.
— Entre l’étreinte de Flora et la tempête de cendres, je pense que je préfère Flora, avoua Timmy en rigolant fébrilement.
— Merci pour tout, Hamel, remercia Sofian auprès du joueur de flûte.
— Je n’ai fait que mon devoir, répondit-il humblement.
— Tout est bien qui finit bien finalement ! lança Flora.
— Pour vous, oui. Pour moi…
Hamel soupira et afficha un air triste. Mais Sofian sourit largement.
— Hamel, regardez derrière vous. Je crois que votre flûte bleue a fonctionné mieux que prévu.
Intrigué, Hamel se retourna et tomba nez-à-nez avec… un grand et magnifique Airmure.
— AIRMURE !! s’exclama-t-il en se jetant dans les bras de son pokémon.
L’homme pleura à chaudes larmes en retrouvant l’ami qu’il avait enfermé dans sa carapace métallique depuis tant d’années et les trois adolescents préférèrent les laisser se retrouver.
— Vous devriez abandonner votre vitrerie et vous enfuir avec Airmure, conseilla Sofian une fois Hamel remis de ses émotions. La Team Magma reviendra toujours pour régler ses comptes et ne vous laissera jamais en paix. Si vous voulez être heureux et éviter un nouvel incident, vous devriez vous enfuir.
— C’est une option que je n’avais jamais pu mettre en œuvre, avoua Hamel. Mais maintenant que mon Airmure est libéré de son entrave, je vais enfin pouvoir vivre. Merci pour tout !
Hamel serra la main aux trois adolescents, les yeux remplis de bonheur. Il tendit alors sa flûte bleue à Timmy.
— Cette flûte ne m’est plus d’aucune utilité, dit-il, et elle vous servira bien plus.
Timmy accepta chaleureusement le présent qu’il blottit précieusement au fond de son sac à dos.
— Nous aussi on ferait mieux de partir, tant que la Team Rocket est occupée, préconisa Flora.
De l’autre côté de la pièce, la Team Rocket traversait une crise sans précédent. Miaouss, épuisé jusqu’aux orteils, s’était traîné vers la Miaouss blessée afin de la protéger.
— Tu… tu vas bien ? demanda délicatement James qui ne savait pas comment réagir face aux évènements.
Mais Miaouss ne répondit pas et s’afféra autour de la jambe blessée de la Miaouss.
— On devrait reprendre notre route si on ne veut pas perdre de vue les…
— Je m’en fiche de ce Galifeu, répliqua Miaouss brusquement. Il y a des choses plus importantes dans la vie que cette mission qui nous a été confiée.
— Je… je ne comprends pas, marmonna Jessie, perdue.
— Ce que j’ai ressenti lors de mon évolution… jamais je n’ai ressenti une telle douleur aussi… transcendante. C’était comme si chaque molécule de mon corps était poignardé férocement, comme si chaque atome était brûlé à vif.
— Miaouss…
— S’il y a une chose qui m’a fait tenir, c’est elle.
La petite Miaouss blessée échangea un regard apaisant avec Miaouss ; Jessie et James froncèrent les sourcils.
— C’est comme si mon instinct de Miaouss m’avait obligé à prendre soin d’elle, comme si je n’avais finalement qu’une seule mission : la protéger.
— Attends une seconde ! intervint Jessie. Miaouss… J’ai peur de ne pas bien comprendre. Tu veux quitter la Team Rocket ?
Le regard plongé dans celui de la chatte, Miaouss posa sa patte-avant sur celle de son amie qui lui sourit fébrilement, et se tourna vers ses acolytes avant de répondre :
— J’ai pris ma décision tout à l’heure. Oui, je m’en vais.
À suivre dans : « L’Auberge aux Spinda »