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Freeze de Eliii



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Informations

» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 24/06/2016 à 11:55
» Dernière mise à jour le 04/07/2016 à 14:18

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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027 - Beware of the Four
The Hawk In Paris - Freaks
En ce matin frais, une agitation inhabituelle régnait dans les rues de Volucité. D'ordinaire, si tôt dans la journée, tout le monde se trouvait au travail, dans les innombrables tours de verre comptant une trentaine d'étages ou plus. On se pressait dans les rues, en direction de la grand-place menant à la route 4, qui elle-même conduisait vers Méanville, une métropole de la région très prisée pour son parc d'attractions, son Music-Hall et ses terrains de sport, où les joueurs de football, de tennis ou encore de baseball affrontaient volontiers les dresseurs désirant se mesurer à eux.

Il y avait bien une raison pour laquelle tant de personnes se bousculaient pour atteindre ce point précis de la ville, et pour une fois, une telle effervescence n'était en aucun cas liée aux soldes. Une estrade ainsi qu'un pupitre comme ceux utilisés par les présidents ou autres personnalités politiques lors de discours se trouvait là, encerclée par de nombreux vigiles spécialement entraînés pour protéger la personne qui parlerait. Après tout, il était fréquent que l'on attente à la vie des membres influents du gouvernement, que ce soit une organisation terroriste ou une personne seule.

Tandis que les journalistes se tenaient, fidèles au poste, armés de caméras et de micros pour tout retransmettre en direct, une berline noire arrivait non loin de là. Les flashs des appareils photo s'excitaient déjà, alors que l'homme assis à l'arrière de la voiture en sortit pour se diriger, tant bien que mal, vers le pupitre. Il détestait par-dessus tout ce genre d'événements où il devait se frayer un chemin parmi un troupeau de gens pour espérer se faire entendre, mais c'était là l'un des désagréments de la vie politique. Il avait voulu obtenir un poste haut-placé, et maintenant que c'était chose faite, il ne le regrettait pas. Maintenant, il avait beaucoup d'influence.

Il s'installa face au public composé d'hommes, de femmes, et même d'étudiants intrigués qui venaient observer tout cela avec attention. Le politicien était parmi les plus jeunes - peut-être même était-il le plus jeune - à siéger au gouvernement d'Unys, à trente-neuf ans seulement. Grand, le maintien digne, bien habillé, il en imposait par sa prestance et son aura. Ses cheveux bruns clairs coupés courts et coiffés proprement ne sortaient pas de l'ordinaire, contrairement à ses yeux. L'un, le gauche, était d'une couleur bleue-grise plutôt terne, mais l'autre, d'une couleur jaune étrange, attirait l'attention sur lui.

Le ministre de la Justice, Howard Asher. L'homme qui régnait d'une main de fer sur la police et sur les institutions juridiques de la région d'Unys. Derrière lui, de chaque côté, se trouvaient ses deux secrétaires personnels, qui l'accompagnaient toujours lors de ses déplacements officiels, et qui avaient été choisis pour leurs compétences dans des domaines précis.

Ainsi, la femme d'une trentaine d'années, aux cheveux roux attachés en un chignon impeccable, aux yeux noisettes dissimulés derrière des lunettes, et habillée sobrement d'un ensemble chic noir, se nommait Katia Hopkins et s'occupait de tout ce qui était lié à la communication ; elle faisait la liaison entre le ministre et la presse, supervisait les conférences de presse auxquelles il participait et tâchait de faire de son mieux pour donner une image positive du ministère de la Justice.

Quant à son homologue masculin du même âge, un grand brun aux yeux bleus à l'air taciturne, il s'agissait de Ryan Lawrence. Ancien inspecteur de la brigade criminelle de Port Yoneuve, très compétent, il s'était fait un nom dans le monde de la loi. Il s'occupait à présent de renseigner son supérieur au sujet de tous les délits importants et de tout ce qui touchait à la finance, ayant des connaissances sur le sujet.

Le ministre Asher commença à parler, l'air grave. Ce qu'il allait révéler bouleverserait beaucoup de personnes, en particulier les dresseurs Pokémon passionnés.

"L'heure est grave. L'une de nos très estimés compatriotes a trouvé la mort dans des circonstances obscures récemment. Il s'agit d'Anis Hawks, membre du Conseil des Quatre de la région, spécialisée dans le dressage de Pokémon de type spectre."

Brouhaha dans l'assistance. La plupart des spectateurs étaient immensément choqués par la nouvelle. Anis était jeune et avait un avenir brillant devant elle. En plus d'être une dresseuse de renom, elle avait, depuis quelques années, commencé sa carrière d'écrivaine prometteuse dans le domaine de l'horreur et du fantastique. Ce que personne ne savait, c'était que le revers de la médaille se révélait être tout sauf reluisant. Dans le monde criminel, elle laissait libre cours à sa véritable personnalité, celle d'une tueuse sanguinaire aimant jouer avec les nerfs de ses victimes avant de leur arracher leur vie. Elle agissait sous le nom d'Esther, et ne portait plus ni ses lunettes ni sa perruque courte et plus foncée qu'elle utilisait pour ses apparitions publiques. Autrement dit, pour ceux qui ne la connaissaient pas, elle était méconnaissable et pouvait agir en toute impunité.

"Elle a été retrouvée cette nuit dans un appartement, situé dans les quartiers aisés de la ville. Un voisin de palier, qui a témoigné avoir senti des odeurs nauséabondes émaner de l'étage, est sorti pour inspecter le couloir. La porte de l'appartement d'où s'échappaient ces effluves était entrouverte. Cet honorable citoyen est entré pour y découvrir, baigné dans une mare de sang, le corps d'une jeune femme, qui s'est révélée être mademoiselle Hawks suite à des tests ADN et à une autopsie scrupuleusement menée par nos experts. Nous cherchons encore des traces d'autres ADN sur les lieux du crime", poursuivit Asher, tentant de se faire entendre malgré les exclamations indignées de la foule.

Dans l'assistance, de jeunes dresseurs se plaignaient, ayant prévu de se confronter au Conseil des Quatre bientôt, tandis que d'autres étaient figés dans une incompréhension totale ; pourquoi tuer une jeune femme aussi inoffensive qu'Anis Hawks ? Bien sûr, ils ne connaissaient pas ses penchants pour le meurtre et la méchanceté gratuite, et n'en sauraient jamais rien, puisque seuls les Quatre, leur chef, et le groupe de personnes traquées par le quatuor d'assassins dont elle faisait partie étaient au courant.

"Qu'allez-vous faire ? Comptez-vous prendre des mesures pour trouver l'assassin de mademoiselle Hawks ?" questionna une journaliste armée d'un micro performant.

Le jeune politicien fit mine de réfléchir un moment, tandis que derrière-lui, ses deux secrétaires personnels semblaient discuter de quelque chose. Il finit par adresser un sourire chaleureux à la caméra - cela sembla le rajeunir un peu, lui qui était d'ordinaire assez crispé - et répondit à la question.

"A vrai dire, nous ignorons par où commencer, car nous n'avons pas encore retrouvé la moindre trace d'ADN autre que celui de mademoiselle Hawks. Nous ferons tout notre possible en nous appuyant sur chaque petit indice que nous trouverons, mais cela est difficile, d'autant plus que la balle ayant mis fin à la vie de la défunte correspond à une arme très répandue. Il ne sera donc pas aisé de retrouver le coupable. Mais je promets de faire ce que je peux pour que le décès d'une icône de notre région ne soit pas vain."

Le ministre Asher marqua une pause, puis reprit, le regard froid.

"Où que tu sois, toi qui as assassiné Anis Hawks, je te retrouverai. On ne se moque pas impunément de la loi comme tu as pu le faire, et sois certain que tu ne passeras pas entre les mailles du filet. Tu as scellé ton propre destin à l'instant même où tu as pressé la gâchette pour lui retirer la vie. Médite tes péchés, et puisse ta conscience te remettre dans le droit chemin."


x x x

Tout le monde était réuni dans la chambre d'hôtel de Linda et Liz pour faire le point sur ce qu'ils allaient faire ensuite. Après avoir vu cette interview en direct du ministre de la Justice, tout cela leur semblait plutôt clair. Ils ne pouvaient pas rester dans les environs trop longtemps. Ce type disposait de beaucoup de moyens pour les rechercher.

Ethan regardait fixement l'écran de la télévision, le cœur battant. Les derniers mots prononcés par Howard Asher lui étaient directement destinés - bien que le politicien n'en sache rien - et l'avaient percuté de plein fouet. Un peu comme s'il s'était fait renverser par une voiture roulant à quatre-vingt dix kilomètres par heure. Un immense choc, qui dans ce cas là n'était pas physique, mais psychologique. Juste quand il pensait se remettre de ce triste épisode de sa vie, on lui rappelait ce qu'il avait fait. Il se souvint de sa conversation avec Will la veille au soir, et secoua la tête, déterminé. Il ne se laisserait pas faire. Plus maintenant. Il devait aller de l'avant, avec ce groupe de personnes qu'il considérait comme ses amis.

"Les politiciens, tous les mêmes... soupira Edward, adossé contre le mur de la chambre, surveillé de près par Liz. Des promesses en l'air, c'est tout.
- Je crois pas que quelqu'un t'ait donné la parole ici, espèce de crétin, alors ferme-la bien gentiment, d'accord ? Tu as de la chance qu'on ait accepté de te laisser les mains libres. Sois sûr que si tu fais le moindre geste suspect, on te saucissonne à nouveau.
- Compris."

Walter haussa un sourcil, intrigué par le rouquin qui semblait anormalement calme, pour un homme capturé par ses ennemis. Peut-être s'attendait-il à ce que Riley Black ou l'Empoisonneuse vienne le délivrer ? Si c'était le cas, le voleur ne les laisserait sûrement pas faire. Il jeta un regard en coin à la pirate informatique énergique. Ils s'étaient beaucoup rapprochés ces derniers temps, et partageaient une complicité qui rendait Linda jalouse. Mais celle-ci avait décidé de ne surtout pas s'interposer entre eux pour ne pas être un fardeau. Le brun ne s'en doutait pas et pensait que Linda ne lâcherait pas l'affaire, mais Liz avait bien remarqué sa résolution, cela se lisait dans son regard.

Quant à Will, il semblait plus sombre qu'à son habitude, le regard tourné vers la fenêtre, l'air absent. Ethan savait bien pourquoi, et il comprenait que raconter l'histoire de son expérience du meurtre pour le rassurer avait dû porter un sacré coup à son moral. Le médecin le comprenait beaucoup mieux à présent, et voyait le frère de Linda comme un homme altruiste et désintéressé qui n'avait pas vraiment d'objectif propre. Tout ce qu'il voulait, c'était aider Walter à se débarrasser des Quatre - ou de ce qu'il en restait - pour enfin être tranquille.

"Bon. On fait quoi, maintenant que monsieur le ministre Asher a l'intention de retrouver l'assassin d'Esther ? questionna Linda, brisant le silence pesant s'étant installé.
- J'ai deux solutions, mais la première ne va pas vous plaire, souffla Walter.
- Dis toujours, on n'a rien à perdre à t'écouter, admit Liz.
- Soit on liquide Asher bien comme il faut - ce que j'aimerais beaucoup faire, ça me démangerait presque -, soit on fuit en direction du nord de la région. J'ai entendu dire que Janusia n'était pas mal pour se planquer, la criminalité étant presque nulle là-bas, les flics ne font pas leur boulot."

Tous les autres se consultèrent du regard. Edward regardait fixement l'écran de télévision avec un mépris non dissimulé, n'ayant rien de mieux à faire. Contre toute attente, la proposition de Walter s'avéra intéressante.

"Pour une fois que tu l'ouvres pas pour dire des conneries, tu m'impressionnes ! sourit Liz. Fuir vers Janusia me semble être une bonne solution.
- On emmène Edward avec nous ? demanda Ethan.
- Quelle question, on ne va pas le laisser ici, il faut qu'on garde en permanence un œil sur lui pour espérer lui faire cracher le morceau ! répondit Linda.
- Je me disais simplement que ce voyage serait peut-être épuisant pour lui, avec sa maladie..."

Le rouquin haussa les épaules.

"Ne vous occupez pas de ça, si c'est un voyage en voiture, je peux très bien supporter. Et puis, du moment que j'ai mon traitement avec moi, ça va aller. Vous m'avez rapporté trois flacons, ça devrait suffire pour un mois. N'ayez pas trop de considération pour vos ennemis, ça pourrait vous tuer.
- Il a raison, ajouta Will. Concentrons-nous sur notre fuite, c'est l'essentiel.
- Peu importe ce que vous en pensez, je ne le laisserai sûrement pas mourir", protesta le médecin, catégorique.

Liz sourit. Elle admirait de plus en plus son ami, dont le caractère commençait à s'affirmer. Son âme de médecin ressortait particulièrement en ce moment. Il s'en voulait encore d'avoir tué Esther, et ne voulait commettre une deuxième fois la même erreur. Dans un sens, elle s'inquiétait aussi beaucoup pour lui ; un homme trop gentil ne restait pas longtemps en vie dans le monde souterrain avec des assassins à ses trousses.

"Alors c'est décidé, on va à Janusia ? Il va falloir partir sans perdre de temps, dans ce cas. Le plus tôt sera le mieux, supposa Walter.
- En effet... quelle route est la plus sûre ? Une fois à Méanville, deux choix s'offrent à nous : on prend la direction de Port Yoneuve, ou bien celle de la Ville Noire... je ne sais pas trop comment on va pouvoir choisir judicieusement, s'inquiéta Linda.
- Il suffit de bien connaître les villes. Laissez-moi faire, j'ai voyagé un peu partout et je connais bien la région", ajouta Will.

Tout le monde commença à s'affairer pour préparer les bagages à emporter et pour planifier leur parcours à travers Unys. Ethan avait le sourire. Il avait trouvé des amis sur qui compter, et de plus, il retrouverait bientôt Janusia. Il regarda, revigoré, l'anneau à sa main gauche, et éteignit le poste de télévision, ayant assez vu le ministre de la Justice pour la journée.