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Echos Infinis de Icej



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» Auteur : Icej - Voir le profil
» Créé le 23/06/2016 à 05:18
» Dernière mise à jour le 04/01/2019 à 15:08

» Mots-clés :   Action   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de shippings

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Épisode 27 : Reflux
Mouahaha je vous ai menti, et j'ai changé le titre du chapitre.
... Sinon, qui a dit que ce chapitre devait arriver pendant les vacances d'Avril, déjà ? x)
Bref, j'ai toujours deux chapitres de retard. J'ai en effet traversé deux mois de panne sèche d'écriture—je vous jure que je n'ai rien écrit d'autre, cette fanfic est mon seul projet en cours—mais comme le veut le cliché, l'inspiration est revenue juste pendant mes révisions de bac. Enfin, révisions... ha. ha.
Que dire de cet épisode 27 ? Eh bien, il est contrasté. Il y a des parties où je suis contente de mon écriture, comme la scène (Diamonds) ou (Le Néant). D'autres où elle est plus banale. C'est aussi parce que cet épisode est, par essence, un épisode de transition.

Mes dernières épreuves de bac sont demain, et je rattraperai PEUT-ÊTRE mon retard de chapitres après cela... peut-être ?

-

(Ils sont comme ils étaient)
Ses prunelles d’un gris pâle, presque bleu, s’ouvrirent contre le soleil. Le souffle sourd de la climatisation battait contre l’une de ses tempes ; l’autre rissolait lentement, exposée au ciel du désert. Un grognement s’échappa de lèvres gercées, se répercutant dans un corps recroquevillé, contre des muscles gourds et sous des ligaments crispés. Ses fesses collaient à la banquette grise, depuis longtemps entrées en fusion avec le coton trempé de son boxer. À chaque cahot, le moteur du quatre-quatre rugissait de frustration, et les passagers volaient vers le plafond, ceinture de sécurité mordant leur chair sensible. Durant ses heures de sommeil, son oreiller lui avait échappé, et il gisait à présent sur la moquette, blanc, crasseux.

Mélis plissa des yeux, fuyant le soleil avec fatigue, s’en allant détailler le reste des voyageurs.

Deux adolescentes partageaient sa banquette, l’une pensive, l’autre complètement endormie. Cette dernière avait trouvé le moyen de se rouler en boule comme un Pokémon, ses courtes mèches blondes éparpillées sur la jupe de son amie… et ses pieds nus étendus sur les genoux de Mélis. Il grimaça, dégoûté par la mélasse noire qui s’était accumulée entre ses orteils, mais ne cilla pas, souhaitant observer sans être remarqué. Au fil des années et des siestes inopportunes, Mélis était devenu un très bon espion.

Auparavant il voyait Écho lui jeter des regards amoureux et ses yeux, écorchés par le feu de camp, prenaient la couleur des cendres. Matis était jaloux. Il sifflait des insultes à la dérobée quand Mélis somnolait. La Team Plasma avait cru l’avoir une fois, deux Sbires prenant leurs rêves pour une réalité tandis que leur proie ronflait. Mais il ne dormait que d’un œil, Mélis ne dormait jamais que d’un œil.
—D’ailleurs, même ses parents tombaient dans le panneau, ils avaient pris leur pied juste à côté de lui une fois au parc—

Le jeune adulte s’empêcha de replonger dans ce souvenir. Il retourna à son observation… Elsa griffonnait sur son carnet, relevant tantôt les yeux vers la fenêtre. Il se demandait ce qu’elle pouvait bien raconter à son cahier, il s’interrogeait sur les courbes fines de ses lettres : sa version de leur réalité. Elsa Hirata était la plus remarquable de la bande, une flèche noire visant une autre cible que ses pairs, une toute autre cible. La brune était sans doute faite pour les grandes études, était sans doute promise à des théories novatrices et de longues nuits de silence. En cet instant, ses lèvres délicates se serraient, se tordaient. Et sur sa mine, sombre, fleurissait lentement un orage.

Mélis avait un flair pour les orages—il savait toujours éviter la tempête. Sauf peut-être, il y a quelques semaines, à Volucité, quand Matis avait craqué. Cette tornade là avait déchiré sa vie sans signe avant-coureur, et le dresseur se retrouvait maintenant gardien légal de trois adolescents. Il avait certainement dû faire des erreurs, mais lesquelles ? … Lentement, il expira. Il détestait fouiller le passé : cela n’apportait que des migraines.

À l’avant de la voiture, un adolescent patientait sans un mot, son profil ne trahissant aucune émotion. Sans doute que le garçon affrontait ses propres regrets—en avait-il ? Mélis avait cru comprendre qu’Elsa Hirata reprochait quelque chose à Syd Redding… mais la raison lui échappait encore, nébuleuse. Il était adulte : il ne pénétrerait pas facilement le monde des enfants, peu importe le nombre de semaines passées avec eux dans le désert. —Cet état de fait procurait bien du soulagement au dresseur : qu’est-ce que l’on était bête, après tout, à treize ans ! Bonjour les migraines…—

L’adulte détourna son regard vers la femme qui conduisait, assise juste devant lui. Maëlle. Aucun nom de famille connu. Assistante d’Oryse. Blonde. Les yeux bleus comme il n’en avait jamais vu, bleus comme les rêves des peintres fous, bleus comme le ciel d’un enfant. Les joues très rondes aussi, et une peau rose, luisante, celle d’un Spoink en pleine santé. Cette femme se tenait légèrement vouté. Son regard se posait droit devant elle, ou alors sur le sol ; elle le relevait seulement quand on l’appelait explicitement. Elle ne participait pas aux conversations, répondant plutôt à des questions directes ; et parfois, souriant, elle se rattrapait en sursautant, comme si elle venait de s’oublier. Mais toujours elle guettait, plus prompte à réagir que Mélis lui-même. Et alors qu’il l’observait, elle leva ses iris hypnotiques vers le rétroviseur, croisa son regard d’espion.

Mélis baissa les yeux.

[…]

Ils arrivèrent à la Galerie Concorde après quatre jours de voyage. Les halles grises résistaient de manière surréaliste au sable et à la poussière, rutilant comme l’émail d’un seigneur. Leur reflets aveuglants réveillèrent Syd et Élin, endormis depuis l’aube, et arrachèrent nombre de jurons à Mélis, dont c’était le tour de conduire… Maëlle se reposait, assise la banquette arrière sans un mot.

Jusqu’à ce que la voiture butte sur un nid de poule et que les crânes des passagers s’en aillent embrasser le plafond.

— PUT—cria Élin en atterrissant sur la plage arrière…
— SURVEILLE TON LANGAGE ! la rabrouèrent simultanément Syd et Mélis.
— Oh VOUS ! s’énerva Elsa en réaction, pointant un doigt accusateur vers le jeune adulte malgré la position disgracieuse dans laquelle elle se trouvait après son vol. Faites attention à la manière dont vous conduisez au lieu de donner des leçons !
— Qui ose me parler sur ce ton ? grinça Mélis avec une arrogance appuyée, piqué au vif.
— Moi ! siffla Elsa, ne se démontant pas.
— Gna gna gna !
— Quelle réponse PUÉRILE !

À cet instant, le pneu avant-droit du quatre-quatre buta contre une Fermitière en acier, voilée par le soleil et les mirages. Portée par sa vitesse, la voiture percuta l’obstacle de plein fouet et le train arrière se souleva dangereusement, blessant à nouveau les occupants. Le véhicule vola pendant un moment effrayant. Le cœur d’Elsa bondit jusqu’à sa gorge, ses lèvres.
Puis la gravité reprit le dessus, et ils s’écrasèrent tous sur leur banquette.

— Pourquoi on a pas pris l’autoroute, déjà ? gémit la brune, se frottant le bas du dos.
— Parce que le gouvernement y est ! Depuis qu'on est allés au Château on est hors-la-loi ! rétorqua furieusement Mélis.
— Eh bien c’était un choix IDIOT, on aurait dû y aller quand même, sur L’AUTOROUTE ! s’écria l’adolescente avec reproche.
— Mais sur les autoroutes y a des embouteillages et c’est chiant les embouteillages, répliqua Élin avec impatience, hautaine.
— Surveille ton langage ! lui ordonna Syd.
— Non !
— On va te laver la bouche avec du savon !
Calmez-vous.

La voix résonna avec tranquillité, une sorte de froide quiétude. Ils se turent et observèrent Maëlle, saisit d’une méfiance ancienne et animale. La blonde regardait toujours par la fenêtre d’un air vide. Sa position était neutre, son corps relâché : on aurait pu croire qu’elle n’avait jamais parlé, qu’elle n’avait pas été affecté par les cahots de la route. Sa maîtrise était plus efficace que tout mépris.

— Je vous préviens, ça va secouer, grimaça Mélis, brisant le silence qui s’ignorait.
Il leur restait une dernière étendue à franchir avant de rejoindre, enfin, l’immense Galerie Concorde.
— Comme si ça ne le savait pas déjà… soupira Elsa.

L’adolescente s’agrippa néanmoins à la poignée de porte et resserra sa ceinture de sécurité, imitée par une Élin réticente. Syd les scruta à travers le rétroviseur, vérifiant par réflexe qu’elles s’étaient bien attachées… Elsa lui renvoya un regard brûlant, et il baissa la tête.

La voiture percuta bientôt un nouveau nid de poule, et elle dû ravaler toute pensée de confrontation. Cependant, Elsa était imperturbable, Elsa était méthodique. Elle savait classer et ranger toutes ses théories et ses envies. C’est comme cela qu’elle avait survécu à l'école primaire et au collège : en se plongeant dans ses cours, en apprenant mille et un détails par cœur jusqu'à en oublier le présent. Le bégaiement, les pleurs et les humiliations, tout cela l'avait toujours pousser à relire encore et encore ses cours et ses devoirs.

Finalement, le quatre-quatre pénétra dans l’immense garage de la Galerie Concorde en un dernier dérapage mal-contrôlé. Elsa fut la première à sortir de la voiture, immédiatement suivie de Mélis—le jeune adulte était toujours rapide à agir quand il s’agissait de son confort personnel. Ils furent rejoints par Élin et Syd, et enfin, Maëlle.

Cette-dernière ferma la voiture à clef.

Ils étaient arrivés. Et pourtant… le parking gigantesque prévu pour les clients de la Galerie était entièrement désert. Une étendue triste de béton qui les laissait à découvert, étrangement seuls, à la merci du ciel écrasant. Toutes les autres voitures semblaient embrayer sur l’autoroute en direction de Méanville, ignorant complètement les halles.

— Cas de force majeur ? Bâtiments en travaux ? Infection à l’amiante ? s’enquit Syd sur un ton désabusé, comme s’il avait déjà tout vu.
Il vit Elsa se tendre, comme offensée par sa présence. Sa mine s’obscurcit.
— Non, souffla Mélis, légèrement désespéré. (Et il rajouta discrètement : quelle horreur, cet endroit n’a toujours pas décollé…)
— De toute façon, nous faisons juste une pose pour aller aux toilettes, déclara placidement Maëlle. Soyez rapides.

Chacun suivit sa consigne du mieux qu’il le pouvait. Mélis semblait vouloir éviter la Galerie proprement dite à tout prix, poussant les enfants vers les toilettes publics qui avaient été plantés au beau milieu du parking. Cependant, et il faut le souligner car le dresseur légendaire n’eut pas beaucoup de prévoyance… le Facteur Hei intervint.

Élin s’échappa du groupe et fonça vers l’entrée majestueuse des Galeries, curieuse de voir ce que pouvaient bien abriter des bâtiments aussi imposants. Des magasins pour dresseur ? Une arène ??

La jeune blonde s’enthousiasmait follement et galopait à toute allure, ravie de voir que son corps et ses muscles répondaient sans accros, coordonnées, puissants et bien irrigués… Le vent sifflait contre sa silhouette, chaud comme son souffle effrené, comme sa peau à fleur de sang. Cependant, quand elle passa l’arche élancée des Halles, l’adolescente ne rencontra que du vide.

Elle resta pantoise durant quelques instants.

— ÉLIN ! (Ça y est, Mélis était arrivé, rouge comme un Colhomard, veines saillantes, au bord de la crise cardiaque.) Sale gamine ! Tu ne pouvais pas m’écouter trois secondes hein !
— Hey ! De toute manière, il n’y a rien dans cette Galerie ! rétorqua l’enfant, déçue.
— Pas du—c’est ça… balbutia Mélis avec un sourire faussement soulagé—tout son corps suintait pourtant la nervosité. D’ailleurs, nous devrions vite nous en aller, puisqu’il n’y a rien à voir… rien du tout…

Le dresseur mythique essaya d’attraper sa « nièce » de douze ans, en vain. Elle évada sa poigne hasardeuse, dansant, se contorsionnant pour lui échapper. Et si Mélis manquait d’une chose, c’était d’endurance—malgré toute la volonté de ses professeurs d’éducation physique, il avait toujours su s’arranger pour sécher sport, en toute tranquillité—.

— Tu mens ! énonça la blonde, méfiante.

Et c’est alors que ce que craignait Mélis arriva. Un hurluberlu en costume d’affaires apparut en un éclair aveuglant, effrayant plus le jeune adulte qu’Élin, et se saisit du bras de la jeune fille blonde. Ses yeux bruns se plissèrent brutalement, comme s’ils la scannaient jusqu’au plus profond de son âme.

— BIENVENUE À LA GALERIE CONCORDE ! cria finalement l’homme, postillonnant copieusement. Élin lui renvoya une grimace des plus noires, mais il poursuivit sans prendre acte, au bord des larmes : Là où tout le monde s’amuse… en théorie…
— Oui, je vois cela, le coupa froidement l’enfant.
— … il n’y a absolument rien, pour l’instant. Juste une rue, déserte…
— Oui, je vois cela.
— Monsieur… lança Mélis avec fermeté, s’approchant vaillamment de la paire avec l’intention de saisir Élin et de partir en courant.

À ce moment, Elsa et Syd, suivie d’une Maëlle impassible, pénétrèrent avec curiosité dans la halle caverneuse. Silhouettes filées d’or, auréolés de jour pendant un instant lancinant, avant d’être avalés par la pénombre. Elsa et Syd froncèrent furieusement des sourcils en remarquant la scène, le dernier portant tout de suite une main à ses Pokéball.

— Que se passe-t-il ? lança-t-il, suspicieux.
— Mais je compte bien en faire une route vers la GLOIRE et la FORTUNE ! cria l’homme, désespéré.
Elsa arqua un sourcil dubitatif.
— Et ? On peut vous aider en quoi, exactement ?
Un gémissement malheureux retentit, et la main de Mélis entra en brutale collision avec sa main.
— Tu n’aurais pas dû dire ça… geignit-il, ses mots à peine compréhensibles.
— Tant que ça vous énerve… rétorqua la brune.
— Bonne question ! s’exclama cependant l’homme avec une vivacité soudaine, se relevant d’un coup. Gamine, poursuivit-il, s’adressant à Élin, n’aurais-tu pas une expression bien à toi, reconnaissable dans le monde entier ?

Sans le savoir, il avait employé les mots qu’il fallait pour charmer la blonde. Ravie de voir qu’un adulte la distinguait parmi ses pairs, et bondissant sur l’occasion de parler d’elle, l’adolescente prit tout de suite la question au sérieux. Elle s’associait bien entendu très naturellement à l’idée de « monde entier » : l’adolescente se voyait déjà une star.

— Mon expression, c’est « Yosh ! », déclara-t-elle avec orgueil.
— Congruent, marquant… nota fiévreusement l’homme. PARFAIT !
Ceci arracha un soupir ostensible à Mélis.
— Bon, c’est ridicule, vous posiez les mêmes questions à Matis il y a quatre ans… et votre affaire n’a toujours pas décollé, lança-t-il, lassé.

L’homme avait alpagué Mélis en premier, à l’époque de leur voyage. Sans doute pour son charisme facile d’enfant riche, intelligent, sa beauté canonique. Mais le dresseur était déjà bien trop habitué à repérer les lèches-bottes : sa mère, mairesse de Pavonnay en son temps, lui en avait présenté chaque jour de son enfance. Il avait donc refusé fermement de traiter avec le gérant de la Galerie. Écho, plus réservée, et fille de professeurs, s’était aussi dérobée au contrat. Mais Matis, qui n’avait pas l’habitude de telles propositions, et voulait surpasser Mélis à tout prix, avait immédiatement accepté, clamant avec arrogance qu’il saurait transformer les Galeries en mine d’or. De ce qu’en savait Mélis, le projet avait rencontré de nombreuses difficultés, et son ami s’était tenu au courant quelques années, avant d’abandonner ses velléités de gloire et fortune.

— Mais qu’est-ce que tu racontes, Mélis ! se rebiffa Élin. Il attend juste des gens compétents ! Photogéniques !
— Dingue, elle connaît le mot photogénique, commenta ironiquement Syd.
— Quelle commentaire déplacé, siffla Elsa avec mépris.
Il se recroquevilla.
— Il m’attendait, MOI ! termina Élin d’une voix forte, très fière d’elle.

Mélis resta pantois.

— TRÈS BIEN ! cria l’homme. Oh, regardez, un passant ! Allez vite lui parler !

Un jeune homme curieux s’était en effet aventuré dans la Galerie, après avoir remarqué qu’une voiture était garée sur le parking du lieu imposant. Il parut désarçonné quand une pré-adolescente blonde l’accosta avec un sourire menaçant et se mit à lui décrire le but de la Galerie, sous les yeux blasés ou inquiets d’une troupe d’observateurs. Mais très vite il poussa une exclamation ravie.

— Est-ce que je peux ouvrir une fleuristerie ?
Élin affecta une moue surprise.
— Euh, oui, je suppose…
Et Mélis de soupirer dramatiquement : « il va falloir réaliser un commando d’exfiltration. »


(Spécialiste de boules ?)
Bianca se rongeait les ongles. C’était une sale habitude qu’elle avait prise petite, et dont elle avait cru se débarrasser après son Voyage Initiatique. Erreur : durant les périodes difficiles de sa vie, le tic lui revenait toujours. (Un plaisir coupable. Les mains ensanglantées). La thésarde savait que ce réflexe déplaisait… sa mère la grondait, dédaigneuse, plus encore que lorsqu’elle se resservait au dîner. White se moquait.

— Waouh Bibi, t’as encore faim ? Laisse une main pour demain quand même…

Pendant un instant, Bianca crut l’exclamation railleuse sortie de son passé tel un écho vengeur venu tout droit pour la punir. Mais non, c’était bien White en chair et en os, qui revenait de sa salle de sport. Irisée de sueur, elle n’en conservait pas moins sa superbe, et détaillait les ongles érodés de Bianca avec un air connaisseur—une moue méprisante et amusée à la fois, comme si elle partageait une blague de longue date avec son amie d’enfance, mais qu’elle était la seule à en rire.

— Je dois passer un appel, soupira Bianca. J’ai du travail en dehors d’être ton infirmière.
White ne répondit que par un haussement d’épaules indifférent, queue-de-cheval brune coulant hypnotiquement d’une omoplate à l’autre.
— Fais comme chez moi.

Après cette dernière pique, la dresseuse disparut dans un couloir climatisé.

Bianca souffla de nouveau. Pour passer un coup de visiophone, il fallait qu’elle quitte le magnifique canapé de cuir blanc dans lequel elle se reposait depuis plus d’une heure, admirant la vue… Et surtout, qu’elle vainc sa nervosité, celle-là même qui l’avait immobilisée dans le fauteuil en premier lieu. Indécise, elle avait observé la baie de Vaguelone par la baie vitrée… les touristes envahissant la plage par vagues colorées.

La scientifique observa ses ongles déchiquetés, lamelles les plus tendres pendant en arc-de-lune autour de ses doigts bouffis.
(Un plaisir coupable. Les mains ensanglantées).
Elle serra les dents, dégoûtée.
Puis elle se leva.

La villa de White s’étalait sûrement sur plus de trois cent mètres carrés, symbole de sa richesse, de son orgueil. Pire : la brune avait du goût, le goût des élites, et cela se sentait. Le cours de sa vie et de ses caprices lui avait permis de réunir sculptures rares (en bronze, en or), meubles de caractère (en thèque, en verre), œuvres visionnaires (du Qulimt, du Dan Gogh), et une constellation d’ouvrages et d’artefacts réservés aux puissants… Bianca glissait dans un couloir lumineux dont le parquet ciré devait coûter plus cher que son propre appartement.

Elle entra dans le bureau du rez-de-chaussée. Aucun des ouvrages de la bibliothèque n’avait été lu par White, mais les étagères réunissaient tous les classiques de la littérature unyssienne. Une édition rare du Testament d’Arceus reposait, dans une niche prévue ad hoc. Bianca doutait que son amie d’enfance soit croyante.

Pour certaines choses, White avait acquis le savoir des fortunes anciennes : un paysagiste avait créée son jardin selon les traditions de Vaguelone et sa maison avait été construite par un architecte renommé, à l’écart de la ville. On lui avait dit quels meubles acheter, et comment les agencer. Si elle avait été assez maligne pour faire fructifier l’argent gagné à la Ligue, un professionnel s’occupait à présent de le conserver.

Par certains autres aspects, la dresseuse conservait la désinvolture des nouveaux riches. Elle ne fréquentait pas la bonne société, ne se cultivait pas. Elle sortait toujours parée de mille bijoux, dont certains dépareillaient avec l'élégance de sa demeure. Elle choisissait sans faute le service ou l’entreprise la plus chère, ne différenciant pas prix et qualité. Et elle lançait de grands banquets aux thèmes kitsch, hébergeant amis et familles pendant des semaines à la suite.

La caractéristique principale des élites est le soin qu’elles mettent à se reproduire. White n’en était même pas consciente.

Une goutte de sang perla, suinta, coula le long du bras replié de Bianca. (Un plaisir coupable. Les mains ensanglantées). Le coton blanc de son tee-shirt la recueillit, l’absorba, le sang pénétrant dans les fils du tissu. Il fallut quelques secondes à la scientifique pour remarquer la toile d’araignée filée par l'hémoglobine, les veines rouillées s’étendant au-dessus de sa hanche…

Soudain furieuse et écoeurée, Bianca s’assit devant le visiophone. Emportée dans son élan, elle composa le numéro qu’elle n’osait appeler depuis plus d’une semaine, les sourcils froncés, prête à en finir une fois pour toute avec sa mollesse et sa couadise. Il fallait qu’elle contacte un spécialiste de Pokéball pour examiner les MystèreBall de Tcheren, elle l’avait promis à son ami, donc elle allait le faire.

Puis la scientifique pâlit d’horreur, se figeant, la bouche ouverte. Non. Non elle n’avait pas pu l’appeler, NON ! Il fallait raccrocher ! Avant qu’il ne soit trop tard ! Pourtant elle suspendit son geste—ça allait une simple discussion, pas de quoi paniquer, il ne devinerait RIEN ! Mais il savait qu’elle connaissait déjà Fargas, non ? Le spécialiste de…

— Allô ? Oh, Bianca !
— … boules…
— Bianca ?
— J-Je cherche JUSTE un spécialiste de Boules !

Elle comprit son lapsus alors qu’il était déjà trop tard.
Un silence se fit.
Elle plaqua une main contre sa bouche, mortifiée.
À plus de mille kilomètres de Vaguelone, Green fronça les sourcils.

— P-P-Pardon j-je s-s-suis chez une a-amie q-qui me s-s-surmène… s’excusa faiblement Bianca, les yeux exorbités.
Il y eut un nouveau blanc de l’autre côté de l’appareil.
— Oui je vois ça…

Avant qu’Élin ne parte en voyage initiatique, mais après la querelle de Black et White, Bianca était allée étudier auprès du professeur Chen, à Kanto. C’est là qu’elle avait rencontré son petit-fils, huit années de plus qu’elle au compteur, assurance tranquille, fine répartie. Nul besoin de préciser qu’elle était tombée amoureuse bien avant le terme de ses recherches. De retour à Unys, elle avait longtemps cherché un prétexte pour le rappeler.

À l’autre bout du fil, le chercheur reconnu était aussi beau que dans ses souvenirs, c’est-à-dire comme un dieu. Les yeux verts perçants, une expression volontaire, quelque chose de masculin. (« Un mâle, un vrai ! » se serait écrié sa mère…)

— … Ça va ? fini par lancer Green, ne se doutant pas des scénarios embarrassants à l’œuvre dans l’esprit de son interlocutrice.
— O-Oui ! glapit la thésarde.
— Et tu cherches… un spécialiste de boules, compléta ensuite le kantonnais, d’un ton neutre.
— De Pokéball, en fait, corrigea Bianca d’une toute petite voix.
Une pause.
— Mais tu connais déjà Fargas, je te l’ai présenté, énonça Green d’un air confus.

Bianca se para d’un sourire embarrassé et bafouilla une réponse, puis son cerveau s’enraya. Ses yeux bleus s’enrayèrent, s’arrêtèrent sur le Testament d’Arceus enluminé. Brusquement, une bourrasque souleva les rideaux dentelés, un rayon de soleil vint frapper sa main crispée. Ses doigts blessés elle jouèrent nerveusement avec un pli de sa jupe.

— Oui, bien sûr que c’est Fargas que je dois contacter, suis-je bête ! lança-t-elle avec un sourire lumineux. Sinon, on se rappelle bientôt ? Je meurs d’envie !

Puis elle plaqua une main sur sa bouche, mortifiée.
À plus de mille kilomètres de Vaguelone, Green étouffa un ricanement.


(Mise en perspective)
La blonde n’avait aucun intérêt. Maëlle l’avait vite appris. La jeune fille se comportait de manière impulsive, suivait plus ses désirs que les intérêts du groupe, et criait tout ce qui lui passait par la tête. Il fallait s’en méfier, évidemment—comme il fallait se méfier de chacun. Mais si elle devait ranger tout cette petite troupe par ordre croissant de menace, la blonde se retrouverait au bas de l’échelle.

De même pour Mélis Grey. S’il savait. Le dresseur semblait se croire bien perspicace, observant silencieusement son entourage quand ils le supposaient endormis, ironisant souvent de manière à ce que les enfants ne saisissent pas le fond de sa pensée. Mais il n’avait pas enquêté sur Maëlle—sinon, il lui aurait déjà posé des questions sur son passé. Et il ne suspectait le voleur de Galet de rien, attribuant son comportement fermé et ses silences coupables à quelque trouble adolescent. Quel piètre gardien…

L’agent Plasma inspirait déjà plus de prudence à l’assistante était l’enfant brune. Celle-là… avait un regard à la fois malin et froid, parfois presque brutal. Elle semblait analyser tout le groupe, inscrivant des remarques mystérieuses dans son carnet, plissant des yeux dès qu’un détail changeait, ou qu’un trait nouveau se manifestait dans l’entourage. Oui, ce n’était pas qu’elle observait Maëlle avait une suspicion particulière—c’était qu’elle scrutait tout le monde avec un peu trop d’attention…

Mais celui qui troublait vraiment Maëlle… c'était l'agent Plasma. Elle se demandait souvent comment ce garçon renfermé en était venu à intégrer la Team—comment il s’était infiltré dans le voyage initiatique de Bianca Lenoir. Il devait être intelligent, organisé, froid… pour être choisi, si jeune, pour une mission d’élite Plasma. À son âge, Maëlle passait son temps sur les rives de Vaguelone, dérivant au grès des vagues, mèches blondes lustrées par le soleil. Cette dissonance, et l’air triste de l’agent, mettaient Maëlle mal à l’aise. Elle imaginait qu’il avait vécu une tragédie... et ceux qui en ont traversé recourrent souvent à des comportements extrêmes.


(Diamonds)
Méanville était spectaculaire. Ils le remarquèrent par étape. D’abord la musique des voitures voisines se fit plus joyeuse, plus forte. Chant fleuri et basses colorées. Les notes puissantes percutaient le silence lassé de leur quatre-quatre, pétillant contre les fenêtres gelées, la carlingue confite de soleil. Une tension sourde monta dans leur bulle climatisée, assez pour chasser la fatigue.
Élin se dressa contre une des vitres.

Ensuite ils virent la ville depuis leurs vitres teintées, du haut de l’autoroute surélevée. Méanville. Un diamant solitaire étincelait au soleil, gratte-ciel en losange, quartier financier de Méanville. Et aux alentours éclataient des tours bleues, des tours rouges, des tours aux toits dorés, dômes chatoyants cœurs ardents de la ville. Et entre toutes ces tours s'éparpillaient des quartiers aux reflets anisées, aux nuances pastelles léchées de jour, mille bonbons de verre aux marbrures outrancières. Arlequin d’Unys, Méanville, ses casinos. Arc-en-ciel, Unys, et Méanville ses stades et ses opéras.
La grande roue les toisait, nacelles en feux d’artifice.

Enfin ils sentirent la ville, quand Maëlle dut couper le moteur, voiture figée dans les embouteillages avec trop peu d’essence. Ils baissèrent les vitres. Et aussitôt la chaleur du désert et des gaz d’échappement les irradia. Elsa et Syd poussèrent des soupirs agacés, leur souffle aussitôt corrompu par la pollution, prenant des accents de pétrole. Mélis gémit, se recroquevilla ; Maëlle resta stoïque, mains serrées autour du volant grillé par le soleil. Seule Élin sourit… une odeur de volaille frite, d’huile et d’épices montait depuis le dessous gris de l’autoroute.
Sous le serpent de béton, les ombres du graillon.

Des heures passèrent, l’excitation se dissipa. La voiture se libéra enfin des embouteillages, bolide embourbé fusant finalement vers le Centre Pokémon; l’excitation revint. Elsa observait d’un œil méfiant Syd qui observait la ville d’un œil méfiant. Élin tirait sur les bras de Mélis pour le réveiller, pour qu’il réponde à cette question, et à cette question, et à cette exclamation émerveillée. Maëlle conduisait.

Ils se garèrent dans le parking sous-terrain du Centre, un labyrinthe immense de béton et de néons, aux odeurs de parking, mais de parking propres, pas de ceux noyés de pisse et de burgers pourris. Parmi les écailles luisantes des voitures et le silence, ils trouvèrent finalement une sortie, gravissant un escalier noir, émergeant dans la nuit.

Le groupe se trouvait à quelques mètres du centre Pokémon, protégé de Méanville par un grand mur de béton, une enclave impénétrable. Un étrange silence s’était installé, étouffant leur souffle, leurs émotions—tout, comme un manteau de feutre. L’impatience joyeuse qui avait accompagné leur arrivée s’éteignit doucement, braises fuyant la nuit. Et ils se tenaient, serrés tout prêt comme par instinct, fatigués, brusquement faibles avec leurs sacs entre les bras. Seul le vague tintamarre de Méanville entamait la tranquillité de l’onde, érodant la digue de l’enceinte, se déversant dans la cour par le sommet.

Brusquement une sirène déchira le silence—Syd se tendit pensa police—un homme en uniforme d’infirmier se précipita hors du Centre et leur cria de se mettre sur le côté !

Une ambulance fusa dans la cour, jaillissant d’un passage sous-terrain, écrasant les dalles sur lesquelles ils s’étaient tenus interdits. On sortit deux bêtes épuisées du véhicule, un Crabicoque et une Larfayette dont, sans doute, personne n’avait trouvé le dresseur. L’infirmier se dirigea vers eux qui demeuraient frappés d’inquiétude.

— Vous pouvez rentrer dans le Centre sans souci, les informa-t-il. Vous ne gênerez absolument pas, les Pokémon blessés sont traités dans une autre aile.
Elsa regardait Syd qui serrait les poings, les yeux ronds et perdus dans les néons des gratte-ciels.
— D’accord, dit Mélis. J’espère que les Pokémon iront mieux, et vite…
L’infirmier haussa les épaules, puis—son visage se froissa d’une moue suspicieuse.
— Attendez, je ne vous ai pas déjà vu quelque part ? Votre tête me dit quelque chose.

Des publicités mouvantes animaient les immeubles, pixels tourbillonnants de roses ou de slogans « J’adore Méanville ». Elles tatouaient leur visage de vert ou de rouge, se jouant de leurs yeux brillants.

— Hm ? sourit Mélis avec flegme. Ah oui, on me confond souvent avec Grey machin-chose, celui qui a battu la Ligue…
— Oui ! s’exclama l’infirmier. C’est ça. Quelque chose avec les yeux, ou la forme de votre visage…

L’équipe avait fini de décharger les Pokémon, et la responsable musclée appela vivement leur interlocuteur. Il disparut avec un hochement de tête satisfait, content d’avoir percé un mystère si intriguant. Mélis grimaça et les guida vers l’entrée du Centre, portail lumineux.

Ils entrèrent et Clara Chazal assaillit leurs tympans, souriant d’un air plastique sur un écran géant : « Et nous passons maintenant l’antenne à notre envoyé spécial David Pyjama, sur place, à la Ligue d’Illumis ! David, quels sont les résultats de ce troisième jour de combat ? ».
Un homme brun, à l’air de bien s’aimer : « Eh bien Claire, comme vous le savez, nous sommes encore dans la phase « Blitz » de la Ligue, qui ne s’arrêtera que lorsqu’il ne restera que cent candidats. Pour récapituler : le premier jour, mille prétendants se sont affrontés. Le deuxième jour, il n’en restait que cinq cents ! et aujourd’hui, deux-cent-cinquante ! ».
« Eh bien David, la compétition est rude ! Dites-nous, y a-t-il beaucoup d’Unyssiens parmi les qualifiés ? »
Élin se redressa, laissant brusquement son sac-à-dos tomber à terre.
« Quarante-trois ! Unys a exceptionnellement bien réussi cette saison, tandis qu’Hoenn est saisie de faiblesse pour la deuxième année consécutive… »
Une seconde, deux, trois.
« … et bien évidemment, le légendaire dresseur Black Hei est toujours dans la course ! ».

Mélis posa une main sur son épaule. Elle sursauta. Le charme de la télévision était brisé. Maëlle était partie les enregistrer au Centre, debout à l’accueil, devant un autre infirmier. Elsa et Syd la fixaient, interrogateurs.

— Ben… c’est mon père, expliqua-t-elle faiblement.
— Il reste encore presque un mois de compétition, lui rappela Mélis. Les temps de repos entre chaque manche sont de plus en plus longs, pour permettre aux compétiteurs de s’entraîner—
— Je sais qu’une Ligue dure deux mois, trancha Élin.

Mais son timbre accrocha sur la dernière syllabe. Et si elle se dégagea bien vite de l’emprise de l’adulte, un sourire défiant aux lèvres, chacun entendit bien son instant de faiblesse, comme un aveux gênant. Syd et Elsa ne s’étaient pas posés de questions sur la fugue de leur amie, aux aurores de leur voyage, trop aveuglés par sa façade heureuse, mais comment avaient-ils pu ne pas s’interroger ? Quel père laisse son enfant seule deux mois ?

— Je vais acheter des trucs à la boutique, annonça fortement Élin, fronçant les sourcils, exaspérée.
Elsa lança un regard à Syd qui serra les poings.
— Moi aussi ! se précipita-t-il.

Et Mélis et Elsa se retrouvèrent seuls devant l’écran géant. Deux silhouettes petites dans ce hall presqu’aussi vaste qu’un gymnase, adapté à la taille de la ville, régit par une chaîne de commande secrète qui comportait plus de cent infirmières et infirmiers. Un océan de dresseuses, dresseurs et leurs amis et leurs familles se pressait autour d’eux, déplaçant les canapés, refaisant le paysage du Centre.

— On se retrouve souvent tous les deux, remarqua Mélis avec amusement.
— Jamais volontairement, contra Elsa, agacée.
— Pourquoi tu en veux à ton ami ?
— Est-ce normal que la Team Plasma se tienne si tranquille ?
— Tu n’as pas répondu à ma question.
— Et vous à la mienne.
— J’ai parlé d’abord.
Elle soupira. Voulut insister pour changer de sujet. Mais ses lèvres la trahirent...
— I-Ils m'excluent. Ils sont toujours ensemble, lui, et Élin... même alors qu'au Château Enfoui...
Et il la trouva drôle tout à coup, et mignonne, avec son visage bizarre et son air mécontent.
— Ce n’est pas très scientifique, railla-t-il légèrement, serrant les mains derrière son dos.
— C’est bien ce qui me déconcerte… souffla-t-elle.
Elle prit un air méchant, et il sut qu’elle ne se confierait pas plus. Trop cartésienne pour s’épancher en de vagues élucubrations…
— C’est leur modus operandi.
Elle sursauta et ses sourcils aussi, s’échappant de leur pli orageux.
— De ? La Team Plasma ?
Il lui offrit un sourire crispé, trop sincère pour être doux, et hésita. Jamais il n’expliquera cela à une gamine de treize ans. Jamais il ne dirait cela à Élin. Mais…
— Ils se tiennent tranquille avant… chaque nouvelle frappe. Et à chaque fois, ils attaquent un peu plus fort.
Elsa écarquilla les yeux.

Puis Maëlle revint, et l’adolescente—ou la jeune femme, elle devenait déjà une jeune femme, même si elle était encore prisonnière de l’enfance et des peurs du collège—s’en alla avec un bref signe de main. Il relâcha ses mains, un peu décontenancé. Élin et Syd vivaient pleinement leur jeunesse, enfoncés dans leur fascination des matchs Pokémon… et Elsa se détachait, Autre, même si pas encore tout à fait. Il ne se souvenait pas avoir été comme elle à treize ans.

Élin montrait une Pierre Feu à Hope. Le petit chien se tendait, tremblait tantôt, grognait un peu, et finalement secoua de la tête. La dresseuse ne retint pas un rire—elle était généreuse avec ses rires, ses rires étaient comme une source pétillante jaillissant de partout et de nulle part, portés par un instinct chaleureux. Vivement elle se baissa pour caresser son petit dernier, mains se perdant dans sa fourrure rêche, presque comme une armure ignifugée.

— C’est pas grave Hope, je te l’achète quand même, comme ça quand tu la voudras on sera sûrs d’en avoir ! susurra-t-elle en le câlinant, prenant bien garde à tenir la pierre évolutive éloignée de son petit corps. La pierre coûtait très cher, mais ce n’est pas comme si elle n’avait pas fugué avec une somme d’argent considérable !

Syd, quant à lui, était parti avec une somme d’argent modeste—sa famille s’en sortait, oui, mais avec les études de Rosa, elle ne pouvait pas se permettre de lui confier mille et millions. Cependant, il avait quand même remporté un match d’arène, sans parler de quelques dresseurs qu’ils avaient rencontré sur les routes. Aussi il scrutait le rayon des CT et des CS, à la recherche des capsules qui pourraient lui être le plus utile… Finalement, il porta son choix sur Escalade, Éclate-Roc, Force, et Coupe. Son portefeuille lui apparut soudain bien vide. Presque troué. Um.

Mais Elsa—Elsa fonça vers le premier canapé qu'elle vit. La Team Plasma se tenait tranquille avant chaque frappe—cela voulait dire que la prochaine vague meurtrière les assaillirait bientôt ! Cela voulait dire que... cela voulait dire que l'organisation était actuellement en train de se préparer... de mettre son piège en place... Comme lors d'un Schéma Lure...

Des flash du Ferry lui vrillèrent le crâne. Elle déglutit, sentant presque cette vieille bar de fer entre ses mains. Et puis l'attaque du Ranch lui revint—tous ces assauts avaient été espacés dans le temps, avaient été de violence croissante... Elle se rappelait très peu du lendemain de leur sauvetage des Ponchiot—tout était passé si vite—Tcheren avait parlé de l’Ancienne Team Plasma, de la nouvelle version, des sages Carmine et Azuro, de Nikolaï…

Saisie de vertige, l'adolescente pianota rapidement sur sa Pokémontre, se connecta au réseau du Centre. Elle inspira, le cœur palpitant. Il fallait qu'elle s’informe. Qu’elle s’informe, pour la prochaine frappe. Nikolaï. « Radié de l’ordre des médecins en 2989 pour ses traitements expérimentaux sur la régénérescence cellulaire… infuser les cellules humaines de sujets tétraplégiques avec des capacités Pokémon… nouveaux travaux suggèrent aujourd’hui que le protocole expérimental pourrait fonctionner correctement avec habituation préalable des sujets, mais toutes recherches supplémentaires ont été interdites. »

Elsa soupira, fatiguée. Sa tête tourbillonnait.

À ses côtés, Cryptéro flottait de haut en bas, de gauche à droite, suivant un rythme erratique. Depuis le Château Enfoui, le pauvre oiseau semblait presque « déréglé », comme s'il avait besoin de retrouver un niveau d'énergie normal—il ne cessait de retransmettre les conversations que le groupe avait eu dans le désert.

« Tu es vraiment une jeune fille remarquable — qu'un Pokémon aussi puissant et rare te choisisse comme dresseuse indique une maturité rare à ton âge »

Serrant les dents, Elsa lui souffla de se calmer, mais l'oiseau resta affolé. Il était toujours perturbé... Devait-elle le rappeler ou l'amener à l'infirmière Joelle...?

« C-Comment— »

La voix de Syd.
Le doigt d'Elsa resta figé sur le bouton de sa Pokéball.

« Mais... — pourquoi m'appelez-vous — non... non... s'il-vous-plaît... — Oui… je ferai équipe avec… — oui — oui — oui ! »

Il semblait terrifié.
Et depuis l'autre bout du fil grésillait une voix inconnue, déformée...
Son coeur se glaça.

« Nord, Nord ! Est, Sud, Sud, Est ! »

Comment Syd avait-il pu capter du réseau dans le désert—avec quelle technologie ?
Qu'est-ce que ces directions pouvaient bien signifier ?
Dans quel labyrinthe Syd devait-il s'orienter ?
Elsa cligna des yeux, le souffle court.
Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ?


(Le néant)
Maëlle étudia brièvement la foule parasite, y cherchant l’agent Plasma qui portait le Galet sacré. Depuis qu’on lui avait ordonné de faire équipe avec le garçon, elle le tenait toujours à l’œil, méfiante. L’expérience avait déjà infligé une dure leçon à la jeune femme : tout pouvait dérailler. Tout pouvait lui être arraché.
Mais l’agent Plasma était effectivement en place, et elle put se tourner vers Mélis, lui offrant un regard placide.

— Les chambres sont toutes prises. Je vous donne vos clefs, ainsi que celles des enfants…
— Euh… merci, répondit le dresseur de légende, haussant les sourcils. Maëlle le fixa impassiblement.
— Je vais déposer mes valises dans ma propre chambre.
— D’accord…

La jeune femme attrapa son petit sac de voyage, attrapa le container réfrigérant dans lequel se trouvaient les expériences d’Oryse—expériences qui avaient intrigué, enthousiasmé Maëlle, qui l’avaient gardée de longues nuits éveillées, à chuchoter des théories farfelues à l’oreille de Mustéflott… Mélis suivait l’assistante du regard, les yeux plissés.

Quand elle quitta le hall, il lui offrit un signe de main auquel la jeune femme ne répondit pas. Elle ne sentait pas le poids des valises, monta quatre étages. Son tout petit sac de voyage rebondissait le long de sa hanche, poids mort percutant ses os protubérants. Elle se rappela, quand elle avait seize ans (« voyage léger ») sa voix moqueuse, presque teintée d’affection, rendue légère par l’excitation. Mais il n’était jamais venu au point de rendez-vous. Après l’incendie.

Sa chambre était noire, propre, sans intérêt… elle ne se sentait même pas la force d’allumer les lumières…
Soudain le téléphone de l’hôtel s’éveilla. Musique commerciale, joyeuse dissonante.
Maëlle frissonna, glacée.
Elle savait déjà quel timbre la frapperait, ondes magnétiques.

— Allô, Maëlle chérie…
— Anto.

Elle était assise sur le bord de son lit, le dos rigide.

Elle était assise sur le rebord de sa fenêtre au premier étage, et la nuit lui répondait, un chant vague et rassurant, sel et forêt sèche. Leur petit pavillon rejoignait brusquement la roche de la colline, les couleurs éclatant comme une dispute. Irréconciliable, pigments vifs contre la pénombre, rouge de la latérite et blanc rugueux du ciment contre lequel elle battait des pieds. Les employeurs étaient revenus hier, revenus passer les vacances d’été loin de Sinnoh. Il viendrait la voir, la voir.

Elle était assise contre le cuir froid d’une voiture de luxe, vitres teintées et quatre places arrières.

Elle était assise sur une brisure de latérite, accroupie, des explosifs dans une main et l’encolure de son starter dans l’autre, Aflamanoir, surentraînée depuis, oui la disparition l’avait trop affectée. Son cœur battait, elle était malade, les étoiles chutaient vers leur terre rouge mais il lui semblait qu’il posait encore sa main , que des doigts glissaient encore où il le voulait, oui tout coulait sans peine ni mérite sous le ciel lactescent, son cœur cataractant.
Il posa sa main là, elle relâcha totalement son corps comme elle l’avait appris, se dissolvant contre sa silhouette et il était prêt à l’accueillir, pointant la maison familiale d’une main assurée.
— Tu te rappelles de ce que je t’ai dit ? Récite-moi…
— Quatre bombes autour de l’aile ronde, une à l’arrière à côté de la cuisine, et une sous la véranda, et le reste dans la cave, à côté des escaliers et…


— … j’ai pris le Galet Blanc factice, qui avait été posé dans ma roulotte, puis je l’ai donné à Ton agent. Ensuite j’ai facilité le trajet du garçon dans les Ruines, et j’ai distrait le groupe du mieux que je pouvais.

Anto était en face d’elle. Après tout, au téléphone, il lui avait demandé de venir jusqu’à lui. Et il suppurait d’aise, suintait de confiance, assis comme seuls les riches et puissants savent le faire. Négligé comme un être qui a grandit élégant. Quant à Maëlle, elle se transformait en poupée de cire. Elle le regardait poliment avec la blancheur d’une toile neuve. Il se pencha et lui indiqua de l’imiter—elle coula comme un miroir—il lui caressa le visage, un sourire content.

Anto était beau. Il ne serait jamais moche, et jamais il ne pourrait vieillir. Si l’on portait une dague à son visage, elle se briserait au contact de sa peau, marbre de sculpteur, diamant d’un roi conquérant. Et Maëlle pouvait garder son expression de toile blanche, mais il lui était impossible de maîtriser son cœur affolé ou sa gorge palpitante : elle fondait comme de la cire sous ses doigts aux tracés nonchalants, sa cire personnelle qu’il s’amusait à façonner. Il posa un index sur sa jugulaire, non pas pour vérifier qu’elle perdait tous ses moyens, mais pour le savourer.

— Je suis content de toi, Maëlle… Échos du passé, il le savait, il employait les mêmes mots qu’à leur seize ans, elle se souvenait encore quand il lui murmurait— « Tu ne t’es pas faite remarquée ? »

Elle le renvoyait encore.

Il se tenait debout au pied de son lit tandis que les parents dormaient, le port altier, et elle s’était déshabillée et les jambes écartées elle attendait qu’il enlève sa ceinture.

Elle sentait encore le souffle de la première explosion, les flammes. Ses prunelles écorchées, et la villa futuriste qui s’écroulait, avalanches brutales de poussière. Il spéculait sur l’ordre de leur mort, probablement son grand-père en premier—elle l’entendait encore.

Ils jouaient entre deux pins centenaires, leurs petits pieds d'enfants ripant sur les épines ; il voulait toujours s’aventurer un peu plus loin et elle le suivait, riant.

Elle s’était débarrassée de l’Aflamanoir.

Il lui offrait sa Mustébouée, sœur de son propre starter, Pokémon si rare à Unys.

La juge lui avait offert l’immunité en échange de son témoignage. Une grande partie duquel n’avait pas été cru.

Il lui disait bonjour pour la première fois, petit pour ses cinq ans, cheveux bruns lustrés par sa mère, et sa mère parlait aux parents de Maëlle avec des instructions pour le jardin et la maison.

Maëlle revoyait souvent le visage de sa sœur quand elle fermait les yeux. Elle n’avait jamais été gentille, mais maintenant elle était morte.

Il réapparaissait après quatre années, porté disparu, et la plaquait contre un mur.

Dans la chaleur de l’été, suivre Anto jusqu’au bout de ses plans avec été un délice, bonheur torréfié, pétillant d’amertume. Il n’apparaissait qu’à elle, spectre joueur aux épis désordonnés, le brun ayant viré à un bleu glacé.

Onze ans. Il souriait avec la joie de revoir son amie, se faufilant hors de la villa pour aller la rejoindre, elle battant des pieds contre le ciment de son petit pavillon.

La voiture avait démarré, et les lumières du Centre Pokémon se dissolvaient dans le chaos de Méanville. Maëlle bannit toute pensée, toute question, toute émotion. Ce serait plus supportable ainsi.

Il disparaissait au coin d’un sapin, elle suivait en riant, elle découvrait deux Sbires Plasma.

— C’est bien, tu as voyagé léger, observa-t-il avec un ton approbateur. Il lui avait conseillé la même chose, le jour où il l’avait abandonnée.


(Shazaa !)
Elsa sentit la foule tourbillonner autour d'elle comme un ouragan. Par les portes du Centre se déversait des flots de dresseurs et de Pokémon—autour d'elle on tirait, poussait, réarrangeait les canapés et quelqu'un la bouscula... Mais elle n'entendait pas le vacarme de la foule. Son cœur battait au ralenti. Elle ne comprenait pas tout à fait la portée de ce qu'elle venait d'entendre, mais elle sentait que c'était grave. Ses instincts de bonne élève s'affolaient. Il fallait qu'elle trouve un adulte.

Ses yeux scrutèrent les masses trempées et butèrent sur la figure de Mélis. Il somnolait sous le regard bienveillant de son Eoko, une main serrée autour de son portable... Elsa s'approcha.

— Monsieur... appela-t-elle faiblement, n'osant le secouer.

Derrière elle flottait Cryptéro. Un de ses grincements étranges finit par réveiller le dresseur de légendes, qui se redressa difficilement, peu étonné de s'être endormi au beau milieu du centre. Il sembla plutôt étonné de voir Elsa encore devant lui, et fronça les sourcils quand il remarqua son malaise.

La brune se mordit les lèvres.

— Je... Quelque chose se prépare, expliqua-t-elle un peu trop hâtivement.

Il l'étudia, elle et son corps maigre, sa jupe plissé, son Pokémon majestueux, le regard mesuré. Les échos de leur précédente conversation jouaient dans son esprit ; il lui avait révélé le modus operandi de la Team Plasma, et déjà elle revenait le voir...

— Peux-tu me dire quoi ? demanda-t-il calmement.
— ... Je... bégaya-t-elle encore. Je ne suis pas sûre... Mais je crois que ça a un rapport avec le désert... le château enfoui.

Les yeux gris de Mélis s'aiguisèrent, et il se redressa complètement, se pencha vers elle.

— Dis-m'en plus, intima le dresseur de légendes.
— J'ai entendu une conversation téléphonique, répondit-elle immédiatement, et je pense que les interlocuteurs discutaient de... Ils parlaient de direction pour trouver quelque chose ! Ils répétaient nord, nord, sud, est, ouest j-je crois...

La mâchoire de Mélis se crispa. Son expression avait quelque chose d'effrayant. Peut-être que c'est à cet instant qu'Elsa comprit l'importance de ce que Cryptéro lui avait retransmis.

— Tu es sûre ?
— O-Oui !
— Mais comment et quand as-tu entendu cette conversation ? Qui était à l'appareil ?

Elsa joua avec sa jupe. Elle cligna des yeux, fixa ses pompes, sentit son cœur se dégonfler. C'était Syd... elle en était sûre, elle avait entendu la voix de Syd, et il était terrifié... et comment avait-il fait pour capter dans le désert ?

— ... Syd, murmura-t-elle, osant enfin rencontrer le regard de son aîné. Elle vit le visage de Mélis se drainer de toute couleur.
— Quoi ?! s'étouffa-t-il, sautant à ses pieds.
— A-Attendez, Cryptéro a enregistré la conversation !

Ils regardèrent vers le Pokémon, qui ne faisait que tourner en rond et pousser des exclamations rauques. Elsa fit un pas de plus vers lui, levant un regard suppliant vers lui, portant une main à son cœur.

— Allez, Cryptéro... souffla-t-elle, trop consciente des yeux de Mélis sur elle. S'il-te-plaît, répète la conversation du désert...

Mais peu importe le nombre de suppliques, l'oiseau ne fit que grincer : « Tu es vraiment une jeune fille remarquable — qu'un Pokémon aussi puissant et rare te choisisse comme dresseuse indique une maturité rare à ton âge ». Et Elsa sentit Mélis se renfrogner, se désintéresser. Elle paniqua, insistant une nouvelle fois, les larmes au yeux, mais le Pokémon semblait véritablement confus. Elsa ferma les yeux pour s'empêcher de pleurer.

— Je...
— Ce sont des accusations très graves que tu portes sans preuve, la coupa Mélis.

Elle tressaillit. Sa voix était froide.

— Ce n'est pas comme ça que tu réussiras à attirer l'attention de tes amis, tu sais... poursuivit-il.
— M-Mais ce n'est pas du tout pour ça que je suis venue vous voir ! s'écria-t-elle. Je—
— Le Galet Blanc existe.

Elsa ne comprit pas tout de suite où il voulait en venir. Et puis elle se souvint de toutes les histoires d'enfants que son père lui lisaient, de toutes les légendes sur les élus de Réshiram, et ses yeux se rouvrirent brutalement. Le Galet Blanc existait ? Le Galet Blanc...
Et tandis qu'elle peinait à enregistrer cette information capitale, la voix de Mélis vibrait d'une colère à peine contenue.

— Ce n'est pas qu'un conte débile qu'on raconte à ses mômes ! s'exclamait-il. Et j'ai cru que tu avais réellement entendu les directions à prendre pour le retrouver ! J'ai cru que quelque chose de grave s'était passé, tu comprends ?

Elsa le fixa, scotchée. Elle fixa son air sombre, et ses yeux gris, où se préparaient un orage.

— Ne reviens pas me voir si c'est pour me dire des bêtises, termina-t-il rudement.

Et il se laissa retomber sur le canapé, détournant le regard pour ne plus l'avoir sous les yeux. Catastrophée, Elsa ne put retenir un sanglot. Elle rappela Cryptéro et s'éloigna vivement, les yeux brouillés par les larmes, de veines imprécations obstruant sa gorge. Il fallait qu'elle se retrouve seule... comment avait-il peu ne pas la croire ? Le Galet Blanc existait—pourquoi Mélis la prenait pour une menteuse ? Elle avait... elle avait réellement entendu cette conversation, elle...

— Elsa ? Pourquoi pars-tu ?

La brune se figea comiquement, coupée dans son élan. La voix… le timbre chaud et riche qui l’avait rappelée… Elle se tourna de nouveau, lentement, et fit face à Syd. L’adolescent avait quelques difficultés à la fixer, prunelles d’ambres ripant contre son visage surpris. Souriante, Élin s’appuyait contre lui, le chatouillant avec deux petites mains, et il saisit la distraction avec soulagement. Continuant, sans adresser Elsa en face…

— On allait appeler Oscar… Et je pense qu’il serait très content de te voir.
Nouveau choc. Elsa serra les dents.
— Qu-Quand avez-vous décidé ça ? balbutia-t-elle, maudissant sa langue qui fourchait, souvenir du passé.
— Ça nous a juste semblé évident… s’étonna Syd. On voulait être réuni tous les quatre.
Elsa resta muette. Élin et Syd ne comprirent pas pourquoi. La blonde se redressa.
— Bon, je crois que la nana de devant a enfin terminé de se disputer avec sa petite-amie, donc c’est notre tour… On crie tous « BOO ! » en même temps, ok ?

Syd haussa des épaules, hocha de la tête. Sonnée, Elsa fit de même. Élin appela Mélis, qui s'approcha lentement, fut mis au courant du plan, et haussa les épaules.
Elsa exhala doucement, n'osant pas regarder le dresseur de légendes. Elle allait revoir Oscar. Tout allait trop vite. Qu'est-ce qui se passait exactement ?
On amena des tabourets pour Elsa et Syd. Élin composa le numéro qu’Oscar lui avait donné avec un sourire enthousiasmé, nostalgique aussi. Chacun se mordit la lèvre.
Puis on décrocha.

— BOO ! hurlèrent comiquement trois adolescents, effrayant une grande partie des clients du Centre. Mélis les rejoint avec quelques secondes de retard, s’attirant une nouvelle salve de regards noirs.

Mais ce n’est pas le visage d’Oscar qui s’afficha à l’écran. Détruisant tout leur enthousiasme et leurs espoirs, l’image d’une jeune femme se dessina. Une inconnue aux traits fins, toison noire et riche, peau cuivrée, prunelles en amande rehaussées de khôl épais, lèvres pleines et maquillées. Elle était d’une beauté à couper le souffle.

— Oh, super, des préados… soupira-t-elle d’un air lassé, les œillant vaguement avant de scruter l’ongle de son index. Si vous cherchez Oscar, c’est mort… il est sous la douche.


-

Je tiens à préciser que Maëlle se fait enlever, qu'elle ne part pas de son plein grès, et qu'Anto est terrifiant. Ceci n'est pas un idylle, ou une histoire d'amour.

Sinon, des commentaires m'aideraient à écrire la suite, évidemment. ;)