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Elementary Corp. ~ Les aventures de la famille Milvard de Takie du désert



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Informations

» Auteur : Takie du désert - Voir le profil
» Créé le 22/06/2016 à 01:44
» Dernière mise à jour le 10/03/2018 à 03:42

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Présence d'armes   Région inventée

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N'était-ce qu'une erreur?
La porte du rez-de-chaussée s’était ouverte alors que Vake achevait de raconter les événements qui avaient eu lieu auparavant. Le garçon sentit son cœur s’affoler malgré lui et ses bras se resserrèrent autour de son Malosse. Shadan jeta un coup d’œil à sa montre avant de froncer les sourcils : il était trop tôt pour qu’il puisse s’agir de leur mère, mais c’était peut-être Zarod. Elle remonta ses yeux bleus sur le grand marin devant elle. Ce dernier se leva, la mine sombre et rassura le jeune borgne :

« On est là Vake. Si ce sont eux ils ne pourront rien te faire. »

L’adolescent acquiesça silencieusement et s’adossa au mur jaune de la chambre de son frère tandis que le petit Soros venait s’assoir à côté de lui sur la couette. Monsieur Milvard s’apprêta à sortir de la chambre pour rejoindre le rez-de-chaussée avec Njörd :

« Shadan reste avec tes frères s’il-te… »

Il n’eut cependant guère le temps d’achever sa phrase qu’une vive crinière rouge lui sauta dessus :

« C’est moi !! J’ai terminé plus tôt à l’hôpital, Mertiane m’a remplacée pour que je puisse aller acheter de quoi faire des gnocchis ! Dis-moi qui a déverrouillé le code de la maison ? Je veux bien que nous soyons dans un quartier calme mais cela ne me paraît tout de même pas très prudent ! »

Une femme âgée d’un peu plus de cinquante ans trainait un gros sac de courses sur la table de la cuisine après avoir déposé un baiser sur les lèvres du marin. Ses longs cheveux roux et bouclés étaient parsemés de mèches métalliques dus à l’âge et elle était habillée avec l’uniforme des Infirmières. Derrière elle une Nymphali attentionnée s’occupait de ramasser les sachets que Madame Milvard avait fait tomber de ses courses.

« Sogha… »

Le vieux marin s’était approché d’elle avec un léger sourire rassuré et tentait tant bien que mal de freiner le débit de paroles qui s’échappaient joyeusement de la bouche de sa femme.

« Ah d’ailleurs je crois qu’Arkas rentrera tard ce soir ! On nous a signalé un incendie à côté des pensions, tu sais pas loin de la rue Grande et un groupe de Ranger y a été envoyé avec… »

« Sogha ! »

Le dresseur avait parlé un peu plus fort et tenait maintenant les épaules de sa femme déjà occupée à laver une douzaine de tomates dans le lavabo. Elle se tourna vers lui avec un « hum » interrogatif et découvrit Shadan sur le pas de la porte de Zarod. Fronçant les sourcils, l’Infirmière posa les poings sur ses hanches en s’adressant à sa fille :

« Shadan ? Qu’est-ce-que tu fais dans la chambre de ton frère ? Tu sais qu’il n’aime pas qu’on touche à ses circuits électriques, ça dérègle tout après ! »

Et avant-même que la surfeuse ne puisse répondre, Soros se glissa à côté de la jeune femme à la chevelure blanche pour se jeter sur sa mère :

« Maman ! »

Sogha ébouriffa la tignasse rouge de son dernier fils en essayant de ne pas lui mettre du jus de tomate dedans alors que l’enfant blottissait son visage dans son tablier blanc. Elle se tourna vers son mari :

« Mais enfin qu’est-ce-qui se passe ici ? Et où est Vake d’ailleurs, je n’ai pas entendu Forban au rez-de-chaussée… »

Exaspéré par cette suite de paroles et d’actions trop rapides pour qu’il puisse intervenir, Cadrick Milvard leva ses bras musclés en l'air :

« Eh bien si tu me laissais le temps de t’expliquer avant de te jeter dans la préparation de tes pâtes ! »

Levant les yeux au ciel, l’infirmière ôta son tablier et coupa l’eau du robinet avant de croiser les bras. Il était vrai qu’elle pouvait être épuisante par moment avec son tempérament hyperactif, tempérament qu'elle avait généreusement légué à son second fils, Zarod. Le caractère calme et posé de son mari l’obligeait elle-même à s’apaiser de temps à autres. Elle prit donc une inspiration et sourit à Cadrick :

« Bien, je t’écoute Cad. »

Le marin se passa une main sur sa barbe métallique soigneusement taillée et acquiesça, ne sachant plus trop bien par où commencer. Ses yeux bleus glissèrent de la cuisine à la chambre de Zarod un peu plus loin, il finit par reprendre :

« Bien… hum, pour commencer je pense que tu devrais jeter un coup d’œil à Vake et… il t’expliquera ce qu’il s’est passé. »

A la mention du nom du plus casse-cou de ses fils, le visage de la vieille infirmière s’assombrit et elle se rendit sans plus attendre dans la chambre de l'Eleveur absent, se demandant bien pourquoi toute la petite famille y était regroupée. Elle eut sa réponse en découvrant le visage de l’adolescent de seize ans. Elle plaqua une main sur sa bouche et ses yeux se plissèrent comme ceux d’un Seviper venimeux. Dans son lit, Vake se recroquevilla sur lui-même: il n’aimait pas quand elle faisait ça, ça voulait dire qu’il allait se faire passer un savon alors que cette fois-ci il n’y était pour rien !

« Ritournelle, mon sac s’il-te-plaît. »

Le ton sec de Sogha Milvard confirma l’impression du jeune roux : elle était persuadée qu’il s’était encore fourré dans une situation pas possible alors que c'était lui la victime ! Shadan vola à son secours lorsque la Nymphali revint en trottinant avec un sac de l’hôpital :

« Maman, Vake n’y est pour rien. Si le code de la maison a été désactivé c’est parce que des hommes s’y sont introduits quand il est revenu de l’Académie. Ils… ils l’ont attaqué et lui ont fait croire qu’ils avaient tué Forban… enfin quelque chose comme ça, ce n’est pas très clair. Et ils ont laissé une carte… enfin… »

La jeune dresseuse jeta un regard à son père comme pour savoir si elle devait continuer ou attendre qu’il prenne le relais. Le marin hocha la tête et lui prit la petite carte métallique des mains. Il la brandit devant le visage sidéré de son épouse laquelle lut à haute voix :

« Elementary Corpo… »

La fin du mot s’évapora à mesure qu’elle prenait conscience de ce que cette inscription signifiait… Elle posa des yeux emplis d’inquiétude et de sous-entendus sur son mari qui hocha la tête silencieusement.

« Eh bien eh bien ! C’est réunion de famille dans ma chambre ou quoi ? »

Tout ce beau petit monde sursauta lorsque la voix de Zarod retentit sur le pas de la porte. Mais personne n’eut le temps de réagir avant le dresseur à la longue chevelure rousse, peut-être encore plus rapide que sa mère lorsqu'il s'agissait de parler. Alors que Flash se jetait avec un cri de joie perçant sur Tsunami, l’Eleveur reprit avec un grand sourire :

« Heureusement que je ne m’appelle pas Siron. Je ne vous ferai donc pas une petite scène à propos de l’intimité de mon cher laboratoire ! D’ailleurs comment ça se fait que vous soyez déjà-là vous ? »

Celui qui se trouvait être l’aîné en l’absence de Siron pointa un doigt interrogateur sur ses deux parents devant lui tout en continuant de parler à une vitesse assommante :

« Vous finissiez plus tard aujourd’hui non ? A moins qu’il n’y ait un événement particulier, je n’ai pas trop suivi les infos… ah oui parce que je ne vous ai pas dit mais on a eu une naissance… »

La voix douce mais ferme de l’Infirmière intervint en fond pour rompre le flot de paroles qui s’échappaient de la bouche de son fils :

« Zarod… »

« Le boss n’en croyait pas ses yeux ! Et j’ai réussi à lui faire dire qu’il était fier de moi ! Vous imaginez ? Même Flash était… »

« Zarod ! »

Cette fois ce fut Cadrick qui prit la parole d’une voix plus forte que celle du rouquin. Ce dernier fut forcé de se taire et remonta ses lunettes sur son nez pour observer plutôt sa chambre. Son regard vif eut tôt fait de passer de Shadan à Soros et de Soros à … à Vake. Dans son lit. Que faisait-il dans son lit ? Le jeune homme écarquilla les yeux en découvrant les marques sur le cou et les joues de son petit frère. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi n’avait-il pas été amené à l’hôpital immédiatement ? Qu’est-ce que sa famille faisait dans sa chambre ? Pourquoi sa sœur avait-elle l’air si inquiète et Soros si effrayé ? Les questions se bousculaient dans son crâne à une vitesse ahurissante. Perdant quelques peu l’accent joyeux et rapide de son parler, il ouvrit la bouche :

« Je… »

« Non tu te tais ! »

Le Commandant fit taire l'Eleveur d’un signe de la main, sachant très bien que le dresseur presserait la petite famille de questions. Se rendant compte que la petite chambre aux néons brillants était pleine à craquer d’individus et de Pokémons, il se passa une main sur le front et reprit :

« Allez, tout le monde dehors ! Dehors ! »

Le Raichu de Zarod qui se chamaillait encore avec le Carabaffe de Shadan sortit le premier comme une pile électrique. Soros suivit le mouvement avec l’Aligatueur, puis la Nageuse, Coffee et enfin Cadrick. Bientôt la pièce fut vidée et tout ce beau monde se retrouva dans la cuisine. Seule Sogha était restée avec Vake et Forban dans la chambre pour leur prodiguer les soins nécessaires, aidée par Ritournelle, sa Nymphali. Le père de famille laissa échapper un soupir avant de prendre les commandes :

« Bon. Maman était en train de préparer la sauce tomate pour les gnocchis. Soros lave les tomates dans l’évier s’il-te-plait. Shadan commence à mettre une casserole sur le feu, Zarod va m’aider à ranger les courses. »

Shadan jeta un regard inquisiteur à son père, lequel l’évita royalement. Elle savait très bien que c’était une tactique pour s’éloigner de l’autre côté de la cuisine avec le grand roux à lunettes et discuter avec lui alors qu’elle-même devrait commencer la cuisine avec son petit frère. Elle en avait marre d’être encore considérée comme une enfant, mais le moment était plus que mal choisi pour en faire le commentaire. Aussi ravala-t-elle sa mauvaise humeur pour se concentrer sur sa tâche. Derrière eux Cadrick et Zarod triaient le contenu des deux sachets pour les ranger dans les placards. Le marin saisit deux paquets de gâteaux et fit mine de les placer sur une étagère avant de murmurer :

« Il dit qu’ils étaient plusieurs. Et on a trouvé une carte de la Corporation… Je ne sais pas quoi penser… »

Zarod fronça ses sourcils et déposa un pot de pâte à tartiner derrière des sachets de céréales entamés.

« Il ne faut pas que ça sorte d’ici pour l’instant… Tant qu’on ne sait pas de qui il s’agit vraiment. Je n’ai jamais entendu dire qu’ils procédaient ainsi… »

« Peut-être parce que personne n’a jamais été là assez longtemps pour en témoigner. »

Le jeune dresseur remonta ses lunettes sur son nez fin avant de répondre

« Dans ce cas pourquoi laisser Vake ici ? »

« Je n’en sais rien. Je ne sais pas ce qu’ils cherchent. Ou plutôt je pensais le savoir mais ça ne colle pas avec tout ce qui s’est passé… »

« Ou alors… »

L’Eleveur dut se taire lorsque la porte fluorescente de sa chambre se rouvrit et que Vake en sortit, Forban dans ses bras. L’adolescent paraissait sur le point de s’évanouir mais la femme à la chevelure flamboyante derrière lui enfonça son doigt dans le dos de son fils pour le faire avancer.

« Allez ! Manger te fera du bien grand nigaud. Et ça te changera les idées, ce n’est pas bon de se morfondre dans son lit en serrant son Pokémon comme un enfant de cinq ans tient son doudou. Lâche-le Vake qu’il puisse jouer avec Tsuna et les autres. »

Le rouquin ne semblait pas vouloir lâcher son compagnon d’un centimètre mais ses bras se desserrèrent progressivement pour laisser glisser le Malosse hors de son étreinte. Le chien se frotta aux jambes minces de son dresseur avant de rejoindre ses compagnons. Sa mère lui mit dans les mains un sachet de viande hachée en agitant ses mains

« Tiens, occupe-toi de faire des boulettes, ça t’occupera ! Allez, ouste !»

Elle se tourna ensuite vers le lavabo et eut la satisfaction de voir Soros et Shadan à l’œuvre. Ses yeux perçants continuèrent de glisser sur le plan de travail jusqu’à arriver aux deux derniers énergumènes, accroupis avec chacun un paquet d’aliment dans la main et un air coupable. Son regard jeta des éclairs et Cadrick toussa avant de se relever vivement.

« Bien Zarod je te laisse finir ! »

Il jeta à son fils les paquets de pain de mie qu'il tenait et revint vers sa femme en plaquant sur son visage un air serein et calme. Les deux dresseurs vétérans baissèrent la voix en profitant de l’agitation autour d’eux pour parler. Sogha commença :

« Es-tu sûr qu’il s’agit de la Corporation ? »

Elle tenait toujours la carte dans ses mains et la faisait miroiter à la lumière des néons de la cuisine.

« Je n’en sais rien Sog. Ce que je sais c’est que Vake ne s’est pas frappé tout seul. Et que quelqu’un a bien déposé cette carte sur la table. »

La femme se passa une main dans les cheveux en soupirant :

« Il faudrait peut-être les prévenir… »

Le visage de Cadrick s’assombrit et il secoua la tête. L’homme cherchait de quoi rassurer sa femme sans pour autant trop s’éloigner de la réalité et de ce qu’il redoutait :

« Non ! L’un ne vaut pas mieux que l’autre. Vake est parmi nous, je pense qu’on entendra plus parler de tout ça, ils ont fait une erreur et s’en sont rendu compte à temps. Point. »

Le couple sentait que les tâches de chacun de leurs enfants commençaient à s’essouffler et que les oreilles n’allaient pas tarder à se tendre par-dessus les bruits de vaisselle et de couteau, pour arracher quelques bribes de conversation. Sogha soupira de nouveau et caressa la joue de son mari d’une main douce, laissant courir ses longs doigts sur la barbe grise.

« J’aimerai tellement te croire. »

Puis elle contourna les épaules carrées du marin pour se lancer dans la préparation de ses fameuses pâtes, laissant son époux la tête remplie de doutes et de craintes.