Stalhblume de Clafoutis

Cassis

 Wildnis fut le premier à charger vers Suicune et Entei, accompagné de toute l'armée. Du moins, de ce qui restait de l'armée. D'après mes souvenirs, nous étions environ 250 Pokémon, mais ils ne devaient en rester à peine plus de 100 actuellement...

100 contre 2. Déséquilibré ? Oui, mais pas dans le sens que l'on pouvait le croire. D'un simple rugissement, Entei provoqua une ardente Canicule qui repoussa tout ce beau monde sans aucune difficulté. Seul Wildnis résista à l'assaut en se protégeant avec ses ailes, mais c'était uniquement pour se faire brutalement plaqué au mur d'un Laser Glace presque aussi gros que lui.
… j'avais bien fait de rester en retrait pour l'instant, j'avais bien retenu la leçon depuis mon fiasco contre Eurasc.

— Ils sont bien trop forts, fit remarquer Affienns, en plus de bien se compléter de part leur type.
— Et donc ? Qu'est-ce que tu préconises ? demandai-je.
— Fuir serait le choix le plus sage, décréta t-il en souriant, mais je devine bien que tu ne m'écouterais pas si je te le demandais.
— Tu devines bien.
— Dans ce cas, il ne reste plus qu'une solution, n'est-ce pas ?

Je souris à mon tour. Oui, si fuir n'était pas possible, il fallait faire face. J’enclenchais ma Danse Magnétique, Affienns plia légèrement ses jambes ; en un instant, nous bondîmes. Comme la première fois, Entei provoqua sa brûlante Canicule, mais nous prévîmes le coup, et au premier signe de l'attaque, nous nous abritâmes chacun derrière une colonne de pierre.

Une fois le souffle embrasé passé, nous repartîmes à l'assaut. Affienns aveugla les deux légendaires d'une impressionnante pluie de Canons Graines, que Entei ne prit pas longtemps à anéantir d'un Lance-Flamme à faire fondre la roche ; la diversion fonctionnait parfaitement.

Prenant appui sur les colonnes, je fusais furtivement derrière Suicune ; des arcs électriques se mirent à parcourir vigoureusement ma mâchoire. Et alors que je m’apprêtais à enfoncer mes Crocs Éclair dans le dos du légendaire de l'Aurore, une subite éruption volcanique surgit du sol, je fus obligé de bifurquer en catastrophe pour ne pas me retrouver en acier liquide. Suicune se retourna, moqueur.

— Cette fois-ci, ce ne sera pas aussi facile, Stalhblume.

Je manquais de perdre le contrôle de ma Danse Magnétique, tant cette soudaine prise de parole me surpris.

— Quoi ? ricana t-il de sa voix résonnante. Tu ne pensais pas que nous pouvions parler ? Nous sommes des Pokémon, pas des Tsjins.
— J'avoue ne plus avoir l'habitude d'adversaires bavards, me méfiai-je. Mais je ne me souviens pas vous avoir déjà rencontré, comment connaissez vous mon nom ? Et que voulez-vous dire par « Cette fois-ci » ?
— Va savoir...

D'une vivacité légendaire – c'était bien le mot – un Hydrocanon scintillant fusa vers moi. Encore une fois, je dus réagir en catastrophe, et à raison. Je contemplai bêtement l'énorme trou que le canon aqueux perfora dans le mur de marbre du château.

— Ohé, ce n'est pas du jeu ça...
— Et tu n'as encore rien vu de nos nouveaux pouvoirs, s'amusa Suicune.

Je vis avec horreur une énorme boule aqueuse fulminante se former au dessus du légendaire. Et brusquement, de longues lances aquatiques y fusèrent, me prenant pour cible. J'avais beau voler le plus vite que je le pouvais, les lances me suivait à la trace, détruisant tout sur leur passage. Jamais je ne m'étais aussi sentie comme une proie.


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Morflam


 Mmh, ce fameux Suicune semblait prendre du plaisir à tourner Cassis en bourrique. Je ne devrais pas, mais j'étais légèrement soulagée de voir ça. Bah oui, tant que Suicune s'occupait de notre Mysdibule favorite, il ne venait pas nous embêter ; et mon type Feu lui en était bien reconnaissant.

Justement en parlant de type Feu... visiblement, Entei en avait marre de rester sans rien faire, surtout que plus personne n'osait se frotter à lui depuis qu'il avait failli tous nous griller de sa puissante Canicule. Il décida donc de carrément sauter au milieu de nos troupes et de déchaîner ces Crocs de Feu.

Quand à moi... et bien j'étais par terre, toujours incapable de bouger, par conséquent, je me faisais vraiment toute petite petite, espérant très très fort que le lion enragé ne me remarquât pas. Cependant, ce serait quand même vachement cool que je pusse bouger, quoi. Et comme par miracle, au moment où je pensais cela, mon – pas si – ancien coéquipier s'écrasa devant moi, les écailles fumantes.

— Belcolinou ! m'écriai-je. Tu tombes bien !
— … parce que j'ai l'air « bien » d'après toi ? Et pourquoi tu continues avec ce surnom ?
— Bah au début je l'avais inventé sur un coup de tête mais à force, je trouve qu'il te va super bien ! Mais ce n'est pas le sujet, tu veux bien me porter à nouveau ?
— Euuh... ouais, mais au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, on a un gros félin pas sympathique au trousse ! Si je m’encombre avec toi, je vais me faire pulvériser en moins de deux...
— Huhuhu, ne t'en fait pas, j'ai un plan !

Souriante, je bombai le torse, fixant fièrement Belcol-Exion des yeux. Du moins dans ma tête, dans les faits j'étais toujours paralysée au sol.

— Tu as entendu ce qu'avait dit Wildnis, hein ? Il paraît qu'il y a un super garde-manger en sous-sol. Emmène-moi là-bas, s'il te plaît !
— … parce que tu penses vraiment que c'est le moment de penser à s'empiffrer ?!
— Mais non gros bêta ! Je veux juste goûter les mets royaux de Wearl ! … ah, et aussi retrouver mes forces pour pouvoir bouger et combattre à nouveau, au passage.
— … même si j'ai un doute sur ton ordre de priorité, l'idée ne me semble pas si stupide après réflexion. C'est vrai que tu fais un peu plante verte là.
— N'est-ce pas ! Si je pouvais redevenir Hungry Fire, ces deux là ferrait bien moins les malins, légendaires ou non !
— … vraiment ? plissa le Carmache des yeux.
— Bon, tu es d'accord pour m'emmener ?
— Bah après tout, au point où l'on en est ! Allez, en selle la plante verte !
— Ouaiis, je savais que je pouvais compter sur toi Belcolinou !

Ce n'était pas très glorieux de fuir un combat, mais c'était pour revenir plus forte que jamais. Belcol-Exion me porta à nouveau sur son dos, et soudain, les premiers problèmes firent surface.

— … au fait, geignit ma monture, tu sais où par où il faut passer pour aller en sous-sol ?
— Bah non, j'habite pas ici moi !
— Génial, il faudrait demander à Wild...

Nos regards se fixèrent sur le fameux Libégon, évanouit, salement amoché après avoir été heurté de plein fouet par un Laser Glace.

— Hiii ! paniquai-je. Notre source d'informations est gelée !
— Tant pis, éluda Belcol-Exion, on a plus de temps à perdre, il va falloir se débrouiller seuls !

Plus facile à dire qu'à faire. Ce château semblait vraiment super grand, pour dire, nous pouvions tenir à plus de 100 dans l'entrée, et il y avait encore pas mal de place ! Mais se plaindre ne mènerait à rien, même si c'était difficile, l'heure était à l'action. Ce fut donc sans grande conviction que nous commençâmes notre quête de nourriture... juste pour retrouver des forces hein, je n'étais absolument pas intéressée par les succulents mets rarissimes de ce que l'on appelait la perle du désert !


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Artichtote

 La situation ne se présentait pas sous les meilleurs auspices. Suicune et Entei se jouaient de nous, et le pire dans tout cela, c'était que même Cassis et Wildnis, qui pourtant étaient nos guerriers les plus puissants, semblaient totalement pris au dépourvu. Et si Cassis et Wildnis peinaient, qu'est-ce que je pouvais faire moi, pauvre petite Canarticho ne sachant même pas se battre ?! Me planquer derrière une colonne, évidemment. Sauf que cette colonne, je l'occupais en colocation avec un certain Pachirisu pas très frais.

— P-Patch.., m'inquiétai-je. Reprends-toi !
— ...hahaha... y a du feu partout..., divaguait-il. J'ai l'impression d'être dans un four... Oh ! Mais oui c'est ça ! Je suis un tout petit cookie en train de cuir bien gentiment... je devrais peut-être me rapprocher du joli feu pour être plus croustillant...
— Nooon, reste ici !

Le petit problème avec Patch, c'était qu'il avait tendance à perdre tous ces moyens dans les situations un peu stressantes. Il avait admirablement pris sur lui pendant l'assaut de Wearl, résistant tant bien que mal à sa peur maladive, mais dès que Suicune et Entei étaient apparus devant lui, il avait totalement perdu les pédales. Comme si l'on avait besoin en ça en plus !

— Hé Artich' !

Soudain, Brazoro bondit vers nous, tout essoufflé.

— Tu viens te cacher toi aussi ? tentai-je de deviner.
— Comme si ! s'illumina t-il. Il y a devant moi deux Pokémon extrêmement puissants, que même Cassis et le Libégon ne peuvent battre ! Héhé... moi qui cherchait une motivation dans cette guerre, je crois que je l'ai trouvé ! Je vais les défoncer tous les deux, et ce sera mon moment de gloire !
— Oh ! Une saucisse qui parle ! s'étonna Partch. Toi aussi tu veux cuire avec moi ?
— … pardon ? plissa Brazoro des yeux.
— Ne fait pas attention ! m’efforçai-je de sourire. Tu connais Patch, toujours aussi peureux... et là il est dans un stade où il pense qu'il est un cookie...
— … je vois.... mais pourquoi je serais une saucisse ?!

Brazoro secoua vivement la tête, comme s'il voulait se remettre les idées en place.

— Mais je ne suis pas là pour parler de cookies, ni même de saucisses ! s'écria t-il vivement. Je me demandais, tu es une érudite, n'est-ce pas ? Tu ne connais vraiment rien sur ces deux Pokémon ? Leur point faible, une tactique pour les vaincre, quelque chose du genre ?

Gnn... la question qui fâchait....

— J-Je ne sais pas comment le dire, hésitai-je, mais non. Je n'ai jamais entendu parlé d'eux, vraiment jamais, dans aucun bouquin ! Pour te dire, le terme même de Pokémon légendaires m'était inconnu jusqu'à aujourd'hui !
— V-Vraiment ?! M-Mais ce n'est pas possible, tu es toujours plongée dans tes livres et tout !
— Je ne sais vraiment pas, désolée...
— … donc tu n'as pas de techniques miracles à me proposer ?
— J'en ai bien peur. La seule chose que je peux te dire, c'est leur type, Feu pour Entei, et Eau pour Suicune, chose que tout le monde avait certainement déjà deviné.

Je pus voir la déception dans les yeux de mon ami. Normal après tout, la seule raison de ma présence était d'être une source d'informations, mais là, dans cette situation où j'étais parfaitement ignorante, j'étais complètement inutile.

— Oui..., soupira Brazoro. Feu et Eau, pas très bon pour moi... je pourrais toujours essayer de les mitrailler de Mach Punch mais...
— Mmmh, réfléchis-je, cependant, ce n'est qu'une théorie, mais on peut toujours tenter quelque chose.
— Ah ?! Quoi ?!
— Tu te souviens du combat contre Carchacrok ? Cassis l'avait vaincu en brisant son Orbe. Alors peut-être que si on réussi à briser les Orbes de ces deux-là, on parviendrait à les battre !

Suite à ma remarque, Brazoro me fixa longuement avec des gros yeux, la bouche entre-ouvert.

— Mais c'est pas idiot ça ! finit-il par s'exclamer. Oui, je ne suis pas suffisamment fort pour les vaincre de front, mais s'il suffit de briser une Orbe... ça devrait être dans mes cordes !

Et il partit sans attendre, remonté à bloc, avant même que je ne pusse émettre la moindre objection.

— … mais pour ça, il faudrait d'abord réussir à les approcher..., geignis-je.
— Bah, elle est partie sans moi la saucisse ?!
— … Paaatcheu...

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Wildnis

 … qu... ? J-Je m'étais fait avoir comme un bleu. J'avais bien l'air malin là, après mes grands discours, me faire rétamer par un stupide Laser Glace. J'avais sous-estimé ces deux Pokémon, je le reconnaissais. Leur puissance devait certainement dépasser la mienne.

Et alors ? Je n'allais pas fuir la queue entre les jambes, plutôt mourir. Puisant dans toute ma volonté, je me remis debout. Je me mordis les lèvres. Encore un massacre. Cassis « tenait tête » à Suicune, tandis que Entei se déchaînait sur le reste de nos troupes.

Rien n'y personne ne pouvait stopper cette furie volcanique ; agile, vif, brutal, il incarnait la mort elle-même. Si nous ne déplorions que très peu de victimes, c'était uniquement parce qu'Affienns concentrait tous ces efforts à sauver nos Pokémon des flammes d'Entei, mais je voyais bien qu'il était à bout.

— Approchez ! Approchez ! ricanai le légendaire. Venez goûtez à mes crocs !

Je souris. Alors comme ça, il ne nous prenait pas au sérieux. Tant mieux, ça jouerait certainement en notre faveur. Il ne s'en doutait pas, mais j'avais encore un atout dans ma poche, la mystérieuse cascade de sable qui s'écoulait paisiblement au beau milieu du champ de bataille. Une source mystique et infini de sable. Quoi de mieux pour moi, qui pouvait le contrôler ?

Discrètement, je déviais le flux incessant de la cascade en un long et épais fouet d'or. Brusquement, Entei embrassa le sol, le flanc encore endolorie par l'énorme coup de fouet qu'il venait de se prendre.

— … qui ? … QUI m'a fait ça ?!

J'avançai lentement, nos regards se croisèrent durement.

— Toi..., souffla le lion. Tu aurais dû rester au sol, Wildnis, je te réservais un traitement spécial, à la hauteur de ce que tu nous as fait subir...
— Ne me tutoyez pas, grondai-je. Je ne comprends rien à vos baragouinages, mais ce que je comprends très bien, c'est que vous faites du mal à mon peuple. J'espère que vous êtes prêt à en payer les conséquences !

Je fis tournoyer mon fléau d'or autour de mon adversaire. Ce dernier recula légèrement, prêt à réagir. Sans crier gare, je bifurquai rapidement mon fouet vers son dos, or, l'impact ne vint jamais. Entei disparut purement et simplement, et en un instant, il se retrouva à quelques centimètre de mon visage, souriant.

— Un problème ? se moqua t-il.

Avant même que je ne pusse battre en retraite, une gerbe de Feu Sacrée se concentra dans sa gueule. Un faisceau infernal me percuta. J'eus l'impression de fondre, la douleur... non, pouvait-on encore parler de douleur à ce niveau là ? Je ne percevais absolument plus rien, je perdis tous mes sens. Seul cet insoutenable martyr occupait mon âme. Je ne pouvais que hurler, hurler, et encore hurler.


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Affienns


— Wildnis !

Mon ami était en feu, se roulant désespérément au sol dans le fol espoir d'étouffer les flammes. Lorsque Entei s'approcha de lui, vainqueur, une gerbe de flammes meurtrière naissante entre ses crocs, mon sang ne fit qu'un tour. Je m'interposais entre lui et Wildnis, ferme et tremblant.

— Oh ? s'étonna légèrement le légendaire volcanique. Nous avons un héros parmi nous ? Mmmh... toi, tu es Affienns, n'est-ce pas ? Un ancien petit Maire de pacotille, qui suis Stalhblume comme un gentil petit toutou...
— Vous avez l'air de tous bien nous connaître, soupirai-je. Mais de nom uniquement, si tu penses que je ne suis qu'un simple petit toutou, tu es bien loin de m'avoir cerné.

Je n'avais pas un instant à perdre, je devais éloigner ce monstre de Wildnis, il était bien trop vulnérable en l'état, un coup de plus et son corps lâcherait, définitivement.

Subitement, je le submergeais de Canons Graines, avant de courir sur le côté. Cet idiot, énervé par mon attaque inattendue, ne réfléchit pas une seconde et me suivit. Bien, c'était déjà ça de fait. Maintenant, une autre problématique se posait : comment survivre face à un monstre de puissance enragé ?

— Tu n'aurais pas dû faire ça..., grogna t-il vigoureusement. Je vais te réduire en poussière !

Il était si enragé qu'une Canicule permanente soufflait autour de lui, agissant à la fois comme un bouclier ardent et une menace redoutable. Non, vraiment, j'avais beau me triturer l'esprit, je ne voyais pas comment faire pour le vaincre, ni même le blesser.

Je ne pouvais que fuir les Lances-Flammes qu'il me projetait à tout va. Heureusement mon agilité de singe me m'aidait à prendre appui sur l’abondance de colonnes, me permettant de réagir très vite aux menaces de mort que mon adversaire déversait.

Le plus gros problème, c'était que ce monstre maîtrisait la Vitesse Extrême, et la maniait avec sournoiserie en plus de cela ! Plus d'une fois il avait disparu d'un coup, pour se rapprocher dangereusement de moi. Je devais continuellement et minutieusement analyser chacun de ses mouvements pour anticiper les Vitesses Extrêmes, sous peine de fondre instantanément. Et comment être minutieux lorsqu'un lion géant surpuissant vous collait au poil ?

— Tu es tenace pour un sous-fifre, gronda Entei. Mais notre petit jeu est terminé à présent.
— …

Je craignais que cet agaçant personne n'eût raison. Son dernier assaut m'avait obligé de me coincer contre un mur, sans plus aucun échappatoire. Je raffermis ma posture, combatif, mes deux queux se mirent à briller.

— Tu veux mesurer ta force à la mienne ? ricana le légendaire. Très bien, on verra lequel d'entre nous possède la plus puissante attaque !

Je restai immobile, concentré au maximum, analysant le moindre frémissement de ses pattes. L'occasion. Je devais trouver l'occasion, la faille. Ça allait être très difficile, mais c'était soit ça, soit...

— COOKIE !

… soit... cookie ? … euh... quoi ?!

— P-Patch ?! sursautai-je vivement.

Dans un aléatoire absolu, Patch sauta à corps perdu sur la tête de Entei, s'y agrippant comme si sa vie en dépendait.

— Je suis un cookie et je suis en train de cuireuh ! Je suis un cookie et je croustilleuh ! chantonna joyeusement le Pachirisu. Ouii ! J'ai réussi à m'accrocher au four, je vais être tout délicieux !
— Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?! gronda Entei totalement pris au dépourvu.

Ok, je ne comprenais pas grand chose moi aussi, mais c'était tout ce dont j'avais besoin. Je profitais de cette intervention miracle pour infliger à ce légendaire mon plus puissant Coup Double ; couplet à l'« assaut » surprise de Patch, ce fut le coup de trop pour Entei qui chancela avant de trébucher en essayant de se reprendre. Je me dépêchais de récupérer Patch avant de battre en retraite aussi vite que je le pouvais.

— Je suis un cookie volant ! s'amusa Patch comme un petit fou.
— D'accord le cookie, essayai-je de jouer le jeu, mais s'il te plaît ne te met plus en danger comme ça !
— Ah mais oui, tu as raison monsieur l'aubergine ! Si je ne bouge pas, je vais plus cuire et je serais plus croustillant !
— … oui, c'est ça...

Oulah, il devait s'être pris un sacré coup sur la tête s'il me confondait avec une aubergine, et c'était d'autant plus dommageable que c'était lui notre médecin ! Enfin, il avait décidé d'être un gentil petit cookie obéissant visiblement, vu qu'au moment où je le posais bien en sécurité derrière un pilier, il s'immobilisa brusquement, à un tel point qu'on jurerait voir une peluche.

Concernant Entei, ce dernier avait extrêmement mal digéré de s'être fait avoir aussi bêtement, à présent, il hurlait mon nom en jurant atomiser la moindre particule de mon corps. Je ne pensais pas être facilement impressionnable, mais je devais avouer que sa grosse voix me faisait un peu peur.

L’avantage dans ces menaces de mort, c'était qu'il ignorait – et donc épargnait – totalement les autres Pokémon, se focalisant entièrement et uniquement sur moi. Mon petit doigt me disait qu'il fallût mieux que je restasse caché le plus longtemps possible...

— … ?

Soudain, alors que je vaguais de colonnes en colonnes, une petite flamme bleutée passa juste devant moi, avant de rester en suspension au plafond. Je pensais tout d'abord que Entei m'avait retrouvé mais non, le légendaire était toujours enragé, oui, mais vue son expression, il me cherchait encore. Ce fut alors que je compris, et un rictus naquit discrètement au coin de mes lèvres.


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Cassis

 Ce Suicune commençait sérieusement à me courir sur le haricot. Entre ces Hydrocanons, ces longues lances aquatiques, ces Lasers Glace et son agilité légendaire, je n'étais pas prête de le toucher ! Néanmoins, le combat n'était pas non plus à sens unique. Grâce à ma maîtrise de ma Danse Magnétique, je parvenais à éviter chacune des tentatives de mon adversaire et je voyais bien que je n'étais pas la seule à m'énerver.

— Arrête de bouger partout ! fulmina Suicune. Tu vas rester tranquille la mocheté ?!
— … la mocheté ?

Étrangement cette formulation me percuta, j'étais persuadée de l'avoir déjà entendue quelque part, mais où... Mais ce n'était pas le moment de perdre sa concentration, surtout maintenant, lorsque Suicune perdait justement la sienne !

La colère était le premier des points faibles universaux, même un légendaire n'y faisait pas exception. Je voyais déjà ces mouvements devenir plus brusques, moins réfléchis. Il fallait croire que sa puissance n'était pas proportionnelle à son intelligence. C'était peut-être le moment d'en jouer.

— Ce n'est pas de ma faute si tu n'es pas suffisamment doué pour me toucher, pouffai-je.
— … qu'est-ce que tu dis ?! Tu te crois plus forte que MOI c'est ça ?!

Comme prévu, un énorme Hydrocanon – beaucoup plus intense que les précédents – fusa droit sur moi. Tellement droit qu'un simple déplacement sur coté me permis de l'éviter.

— Vu ce que tu me montres, le narguai-je, je suis obligé de le croire...
— … !!

Encore une fois, Suicune cracha ses Hydrocanons, un à un, toujours plus puissants, mais aussi de plus en plus lents. J'avais l'impression qu'il voulait m'impressionner avec sa plus puissance capacité, mais ce n'était pas gagné.

— Raté, me moquai-je en dansant entre ses geysers, … raté ! Et encore raté !

Je devais avouer que ça m'amusait un peu de voir ce Suicune devenir de plus en plus rouge. Cependant, toute bonne chose avait une fin. Il était à point. Profitant du fait qu'il chargeait longuement un autre de ses sempiternels Hydrocanons, je changeai brusquement ma trajectoire. Ah, il était tellement concentré à condenser son attaque qu'il ne le remarquât même pas.

C'était à mon tour de lui montrer ce que je savais faire. En un instant, ma mâchoire s’intensifiât d'électricité et rencontra goulûment le flanc sans défense du légendaire.

— QU... ?!

Interrompit en plein dans son élan, Suicune perdit le contrôle de son Hydrocanon ; il vomit bêtement toute l'eau qu'il avait accumulé tout en hurlant de douleur.

Évidement, je n'allais pas gentiment attendre qu'il reprît ses esprits, je n'étais pas suffisamment gentille pour ça. Pendant qu'il était encore parcouru de spasmes, je m'acharnais sans pitié sur son corps, enchaînant encore et encore mes Crocs Éclair.

— N-Ne me... s-sous-estime pas !

Subitement, dans un affreux Hurlement, Suicune libéra une aura glaciale incroyablement intense qui me plaqua violemment contre le mur. Un épais Blizzard recouvrit entièrement la zone, du givre se forma même dans la foulée.

— Alors la mocheté, fanfaronna Suicune en s'avançant vers moi, tu fais moins la fière, hein ? Tu ne t'attendais pas à ça, hein ? Ne pense pas UNE seconde pouvoir me surpasser...
— Oh mais je ne le pense pas, souris-je malgré tout. J'en suis sûre.
— Espèce de petite... !

Alors que mon cerveau tournait à plein régime afin de trouver un échappatoire, un certain singe de feu se rua à une vitesse telle qu'elle ne faisait aucune doute sur la capacité qu'il était en train d'utiliser. Son Mach Punch se fracassa sur l'Orbe incrustée dans le torse de Suicune qui recula légèrement en grimaçant.

— Zut, pesta Brazoro, ce n'était pas suffisant pour la briser...

La briser ? … ah, briser l'Orbe. Ce n'était pas idiot dans un sens, c'était évident que, comme Carchacrok, ces légendaires tiraient leur force phénoménale de l'Orbe. Je me sentais stupide de ne pas y avoir penser plus tôt, j'étais bien trop focalisée sur ma survie pour réfléchir posément à une perspective efficiente de victoire.

— Brazoro ? grogna Suicune. Le plus faible d'entre vous qui ose me faire face ?! Tu ne vois donc pas que notre niveau est complètement différent ?!

Décidément, ce légendaire était extrêmement colérique. Son attention se détourna totalement sur le pauvre Chimpenfeu qui pour le coup, ne faisait plus vraiment le malin. Sauf que comme Suicune ne s'inquiétait plus de moi, j'eus largement le temps d’enclencher ma Danse Magnétique et de sauver Brazoro en le prenant au vol, le permettant d'échapper à un Hydrocanon qui l'aurait bien coupé en deux.

— Ne crois pas que je vais te remercier ! grogna néanmoins mon coéquipier.
— C'est tout naturel, m'amusai-je.

Mais ce qui m'amusait moins, c'était ce Suicune qui nous collait aux trousses. Or, le Blizzard qu'il avait provoqué semblait de puissance proportionnelle à sa rage, autant dire qu'en l'état, non seulement j'étais sur le point de geler sur place, mais j'avais aussi de plus en plus de mal à voir devant moi à cause de toute cette neige.

— C'est n'importe quoi ici ! crut bon de commenter Brazoro. Du côté de Entei c'est l'enfer infernal, et du côté de Suicune c'est l'ère glaciaire !
— Que veux-tu, y a plus de saisons ! m'efforçai-je de lui répondre en continuant à voler à l'instinct à travers le Blizzard.

Cependant, c'était évident que voler à l'aveugle n'allait plus fonctionner longtemps. Je pouvais sentir Suicune s'approcher de plus en plus. A tous les coups ce type n'était nullement embarrassé par son Blizzard, contrairement à nous.

— ...huhuhuhu...
— Brazoro, râlai-je, tu crois vraiment que c'est le moment de rire ?
— Quoi encore ? s'étonna se dernier. Je n'ai rien dit !
— … si ce n'est pas toi, d'où vient ce rire alors ?


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Morflam

— HUHUHUHU ! Tremblez offenseurs de la paix et de satiété ! La célèbre Magical Pokégirl, Hungry Fire, fait son apparition ! Goûtez à ma colère ! Hungry Meteors !

Mouahaha, j'étais trop forte ! Pendant que tous ce beau monde se battait à corps perdu, moi, la magnifique, la merveilleuse, la toute puissante Hungry Fire, préparait dans la plus grande discrétion mon attaque la plus dévastatrice !

Les centaines de Feu Follets que j'avais placé au plafond fusionnèrent entre eux en des dizaines d'énormes boules de feu azur fulminantes... et s’abattirent sur les deux légendaires comme manifestation de mon courroux impérial !

La chaleur intense que dégageait mes météores fit complètement fondre le Blizzard de Suicune, tandis que la surprise de l'assaut fit perdre à Entei le contrôle de sa Canicule. Sans oublier bien sûr que ces deux gugusses avaient l'air de très très bien sentir l'impact des météores. En résumé, victoire totale pour Hungry Fire, mouahaha !

Évidement, je savais que ça n'allait pas suffire à les terrasser et pire encore, que les deux légendaires allaient désormais vouloir ma peau. Cependant ! J'étais Hungry Fire, et Hungry Fire avait toujours un tour dans sa panse !

— Associé, à toi de jouer !
— Compris !

Derrière moi, Belcol-Exion me lança une énorme grappe de baies scintillantes qui je gobai d'un seul coup en plein vol. Je n'avais aucune idée de quel genre de baies c'était mais par les 7 délices du monde, je n'avais jamais rien mangé d'aussi exquis ! Aussitôt, ma Stomach Energy se rechargea complètement, et même plus. Je n'avais jamais ressenti un tel afflux de puissance me parcourir !

Les deux légendaires bondirent vers moi, loin d'être impressionnée, j'inclinai légèrement la tête vers l'avant, un grand sourire moqueur au visage.

— Inconscients, pouffai-je.

Dès qu'ils furent suffisamment proche, je relevai la tête, écartant vivement mes bras dans un large mouvement. Une trentaine de grosses sphères psychiques brillantes se matérialisèrent immédiatement à mes côtés ; un Choc Psy d'une puissance jamais égalée ! Aussi furtives que des étoiles filantes, les sphères fondirent brutalement sur mes deux adversaires qui furent tous deux irrémédiablement envoyés embrasser le sol une dizaine de mètres plus loin.

Je fus assez surprise de voir les deux légendaires se relever sans trop de difficultés, mais je n'allais pas me laisser abattre pour autant. Surtout que...

— Associé, double ration !
— Yosh ! Tes désirs sont des ordres !

Cette fois-ci, se fut deux grappes de baies qui s'envolèrent vers moi, d'un double salto-arrière, je les installai confortablement au plus profond de mon estomac.

— Ooooh ! rayonnai-je de puissance. Ça va déguster !

En faisant tournoyer ma baguette, un large cercle magique écarlate et remplit de runes – dont je n'avais fichtrement aucune idée de la signification – se dessina au sol sous les deux légendaires. Et lorsque j'abaissai ma baguette, l'énergie du cercle se condensa tellement que son aura ardente bouillonna terriblement, comme s'il s’appétait à exploser.

— C'est fini ! hurlai-je. HUNGRY NOVA !!

J'avais dis que Hungry Meteors était mon attaque la plus dévastatrice ? Je crains ne m'être trompée. D'un seul coup, dans une détonation phénoménale, une explosion cataclysmique déferla aux pattes des légendaires. Une explosion si indescriptible que toutes les – pourtant robustes – colonnes aux alentours se détachèrent du plafond avant de s'écraser lamentablement, par le simple effet du souffle de ma catastrophe.

— HUHUHUHU ! m’égosillai-je pendant que ma tempête ardente soufflait à pleine puissance. Je suis Hungry Fire, la plus puissantes de toutes les Magical Pokégirl ! Offenseurs de la paix et de la satiété, tremblez, tremblez de toute votre âme ; car vous serez dévorer par mes flammes ! HUHUHUHU !

Il fallut deux minutes entière pour que le souffle de l'explosion retomba enfin. La salle était dévastée ; je perçu même qu'il manquait deux ou trois blocs de pierre au plafond. Heureusement, du côté de mes alliés, ils avaient tous eu le temps de se mettre à l'abri. Ouf ! Ça n'aurait été pas très cool que j'atomisasse aussi mon équipe dans la foulée !

Je pouvais sentir tous les regards scotchés sur moi. Huhuhu, c''était sûr que ça avait dû les en boucher un coin ! Même moi je ne savais pas que je pouvais faire ça, c'était dire ! Mais néanmoins, modeste, je me contentais simplement de lever bien haut la tête, satisfaite, accueillant silencieusement et avec plaisir ma nouvelle célébrité.

— C-C'est... tout ce que tu peux faire ?

… pardon ? Je m'attendais plus à recevoir une foule d'acclamations qu'un sifflement cynique ! Et qui m'avait dis ça au fait ?

Finalement, j'aurais préféré ne pas savoir. Je n'en croyais pas mes yeux, Suicune et Entei étaient toujours debout. Leur corps avait légèrement roussi, et leur démarche était un peu hésitante, certes, mais ils étaient indubitablement prêts à continuer le combat.

— Associé ! criai-je.
— … euh...
— … quoi ? Ne me dis pas que...

Paniquée, je me retournai vers Belcol-Exion. Il avait les mains vides.

— … hihihi...
— Hé ! protestai-je. Ne me vole pas mon « hihihi » !
— Faut croire que c'est contagieux !

Mince, mince, mince, mince ! J'avais littéralement tout utilisé dans ma Hungry Nova ! Si je ne pouvais plus refaire mon stock de Stomach Energy, alors...
Tout d'un coup, mon corps s'écroula au sol, complètement vidé.

— Associé... ça te dérangerait de me porter, de courir très très très vite et très très très loin ? J'ai un peu peur là...
— Inutile de me le demander deux fois !

Belcol-Exion me prit brutalement par le bras et me traîna à toute vitesse à travers la salle. C'était très peu confortable, mais je n'allais pas m'en plaindre, c'était encore plus inconfortable de se faire courser par deux légendaires en furie !

Cependant, à mon grand bonheur, Suicune et Entei stoppèrent soudain leur chasse. Je savais que de les regarder avec ma petite tête mignonne faisait son petit l'effet ! … bon ce n'était sûrement pas pour ça en fait.
Les deux redoutables Pokémon se réunirent au centre de la pièce. Quelque chose avait changé en eux, comme s'ils avaient enfin décidé d'être sérieux. Et ça, pour nous, ce n'était pas vraiment le grand bonheur.


____________________

Wildnis

 Quelle humiliation. Une infâme gelure défigurait ma poitrine et mon aile droite était à moitié carbonisée. Je les avais vu, Cassis, Brazoro, Affienns, Morflam et son ami Carmache... et même Patch ! Tous se battaient, ils risquaient leur vie à chaque secondes, pendant que moi je restais en retrait, à me plaindre de mes blessures.

Mon peuple était dans le même cas. Ils étaient tous là, derrière moi, fulminants, mais pourtant impuissants. Ils avaient la rage, le feu dans le regard. Cependant, ils ne pouvaient rien faire. La Canicule d'Entei les repoussaient tous, sans exception, ils ne pouvaient même pas s'approcher pour faire hurler leur courroux.

Et pour couronner le tout, voilà que les deux légendaires – qui se battaient jusqu'alors chacun de leur côté – avait décidé de faire cause commune.

— Cette comédie a assez duré, grogna la voix profonde d'Entei.
— Il est temps d'en finir ! appuya Suicune.

Les deux légendaires poussèrent alors un puissant Hurlement, leur énergie élémentaire se condensa autour deux. L'aura de feu immortel de Entei se croisa à l'aura d'eau ravageuse de Suicune dans un mélange pourpre et saphir éblouissant.

Nous reculâmes, sidérés, pendant que les deux légendaires accumulaient encore en encore de la puissance. Le poil d'Entei devint si irradiant j'avais l'impression de fixer le soleil lui-même, tandis que la peau de Suicune brillait tellement qu'il semblait refléter toute la profondeur de l'océan.

Cassis fut la première à partir à l'assaut, craignant sans doute le danger grandissant. Entei arriva derrière elle en un instant d'une Vitesse Extrême phénoménale. Par je ne savais quel miracle, Cassis parvint à éviter en catastrophe la gerbe de Feu Sacrée, mais ce fut pour se faire faucher de plein fouet par un Hydrocanon dévastateur de Suicune ; elle s’évanouit sur le coup.

Immédiatement après, Suicune et Entei se décidèrent à chasser Affienns, puis Brazoro, Morflam et Belcol-Exion. Aucun d'entre-eux ne pouvait rivaliser avec la coordination infernale de ce duo de prédateurs impitoyable.

Il ne restait plus que moi, leur regard croisa le mien. Ah, je devais vraiment leur sembler faible pour qu'ils décidassent de m'éliminer en dernier. Que pouvais-je faire ? Ils avaient pulvérisé Cassis et Affienns en un temps record ! Non, je ne savais absolument pas quoi faire. En revanche, je savais ce que je ne devais pas faire ; abandonner.

Je n'étais pas tout à fait seul, il restait encore mon peuple, terrifié et enragé, derrière moi. J'étais leur dernier rempart, et je comptais bien le rester jusqu'au bout.
De nouveau je fis face, de nouveau je pris le contrôle de la cascade de sable, de nouveau un imposant fouet doré dansa autour de moi. Je m'élevai dans les airs en un grand coup d'aile. Suicune ricana.

— Voyez-vous ça, il veut encore se battre ! Hé, tu ne serais pas maso sur les bords, toi ?

Je ne répondis pas à la provocation ; je n'étais pas là pour ça. D'un geste de bras, je fis exploser une traînée de Telluriforce au dessous de leur pattes, pour les disperser. Brusquement, sans me retourner, j'abattis mon fouet derrière moi, fulgurant ; Entei poussa un grognement sourd. Je ne m'étais pas trompé, il avait utilisé sa Vitesse Extrême pour arriver dans mon dos ; à force d'utiliser cette technique, elle devenait très prévisible.

Profitant de sa surprise, je me retournai vigoureusement et infligeai au lion volcanique un rapide combo de Dracogriffe avant de sauter audacieusement. Encore une fois, je vis juste. Pensant sans doute que j'étais sans défense, Suicune m'avait lancé un Hydrocanon destructeur, mais comme je m'étais élevé, l'assaut aquatique dévastatrice poursuivit sa route droit sur Entei.

Ces deux-là étaient immensément forts, mais avait la fâcheuse habitude de répéter souvent les mêmes actions. Rapidement, je remerciais en silence Cassis, Affienns, Morflam et leurs compagnons. Si je n'avais pas observer leur combat afin d'analyser soigneusement la manière de se battre des légendaires, je serais déjà à terre.

— Qu'est-ce que tu fous imbécile ?! tempêta Entei en direction de Suicune. Tu veux te battre ?!
— Hé c'est pas de ma faute ! protesta ce dernier. Fallait pas rester là, non mais !
— C'est ça, continue de faire le malin...

… ? Ils... se disputaient ? C'était étrange, ils avaient beau porter le titre de légendaire, je distinguais surtout une énorme immaturité chez ses deux Pokémon. En tout cas, la discorde chez mes adversaires arrivait à point nommé pour moi.

Pendant qu'ils se prenaient la tête, mon fouet de sable se sépara en deux, s'approcha discrètement des légendaires, et ligota fermement une patte à chacun.

— … !
— Qu.. ?
— Prenez-ça ! hurlai-je.

Dans un énorme effort, je les soulevai, en même temps, avant de les fracasser férocement l'un contre l'autre.

— Gn.. ! grogna Suicune. J-J'avais dit... que la comédie était finie !

Furieux, Suicune invoqua tout autour de lui un Blizzard d'une force telle que même en couvrant mon corps de mes deux ailes, je sentis mon corps se geler. Sauf que Entei, qui était presque collé au Pokémon Aurore, n'apprécia pas vraiment cette soudaine chute de température.

— T'as fini de faire n'importe quoi ?! brailla t-il avant d'invoquer à son tour une intense Canicule qui s'annula avec le Blizzard.
— C'est toi qui fiche le bordel ! piailla Suicune. Tu ne vois pas que j'étais sur le point de le défoncer, là ?!
— Oui, et moi avec, crétin !!

Oui, c'était exactement ça ! Il serait folie de croire que je pouvais vaincre ses monstres de puissance de ma simple force, en revanche, s'ils se retournaient l'un contre l'autre, j'avais toutes mes chance !

— Haha..., ricanai-je, vous êtes incapables de vous battre ensemble...
— Qu'est-ce que tu dis ?! s'écrièrent-il tous les deux.
— Mais c'est évident, souris-je. Entei est bien trop faible pour seconder Suicune...
— Ah ! fanfaronna soudainement Suicune. Tu vois, même-lui le pense !
— Gnnnn !! Je ne suis pas faible !!

Le légendaire de Feu ne se retint plus, et subitement, une Éruption de lave pharamineuse jailli abondamment de son dos.

— Je ne suis pas faible, je ne suis pas faible, je ne suis pas faible ! continua t-il de répéter les yeux injectés de sang. J'en ai marre qu'on préfère mon frère à moi, je ne suis pas plus faible que lui !!

Les explosions de laves giclèrent impétueusement vers moi, mais aussi vers Suicune qui en hurlait de douleur. C'était ma chance, le tout pour le tout ! Je concentrais toute l'énergie Draconique que je le pouvais dans ma main droite.

J'avais vu Brazoro frapper Suicune d'un Mach Punch, droit dans l'Orbe incrusté dans son torse, un peu plus tôt. Malgré la faible puissance de la capacité, le légendaire aquatique avait sérieusement grimacé, alors que se passerait-il si une attaque bien plus puissante le transperçait ?

Vif et agile, je volai avec une précision d'échelle microscopique, me frayant de justesse un passage entre les vagues de magma. Je n'avais qu'un seul objectif : Suicune, bien trop occupé à souffrir pour me repérer. La chaleur était si intense que ma sueur s'évaporait instantanément, ma vision était flou, mon corps fumait, mais je ne ralentis jamais ; une flamme draconique recouvrait désormais mon bras.

Je vis enfin ma cible, qui se débattait encore dans un torrent de lave. Mon regard s'abaissa sur son Orbe. Je ne voyais plus que ça. Tant pis si je devrais traverser un voile de magma, j'atteindrais mon but. Et je l'atteignis. Fulgurante, brutale, bestiale, ma Dracogriffe chargée à l'extrême heurta le légendaire de plein fouet ; j'entendis un léger son de verre qui se brisait.

Suite à l'impact, Suicune fut férocement projeté contre le mur, à peine conscient. Constatant la défaite de son coéquipier, Entei stoppa net son Éruption, hébété, comme un enfant pris sur le fait.

— Hé oui, lui souris-je malgré les résidus brûlant de lave coulant sur mon corps. Je crois que je devrais te remercier, sans toi, je n'y serais jamais arrivé !
— … !!

Pour la première fois depuis le début du combat, Entei recula, peut-être sentait-il le vent qui tournait ? Puis, d'un coup, il se retourna et courut vers l'escalier central, qu'il monta à longues foulées, sous mon incompréhension la plus complète. Mais je n'avais pas le temps de rester planté là, je devais le rattraper !


***

Plus je poursuivais Entei, et plus un certain malaise m'envahissait. Je connaissais ce château comme ma poche, et pour cause, j'y vivais. De par ce fait, je pouvais aisément reconnaître le couloir, le chemin, les escaliers que nous empruntions. Ils menaient dans une partie bien particulière des sous-sols, les cachots.

Lorsque j'étais Maire, les cachots étaient perpétuellement vides, mais lorsque Eurasc fut arrivé, la politique changea du tout au tout, et les honnêtes citoyens de Wearl – du moins ceux qui ne savait pas se battre – y furent emprisonnés, pendant que ceux ayant un minimum d'expérience guerrière furent envoyés avec moi afin de massacrer des petits villages. Mais qu'est-ce que Entei voulait bien faire dans un endroit pareil ?

Je ne pris pas longtemps à le deviner. Dès que j'arrivasse au plus profond des cachots, le légendaire volcanique m'attendait, un énorme rictus maléfique aux lèvres ; derrière lui, je pouvais voir mon peuple, emprisonné, apeuré, recroquevillé les uns sur les autres, qui fixait la scène avec incrédulité.

Mais ce n'était pas tout, presque collé aux barreaux de la prison, la vue d'un certain Vibraninf me provoqua comme une flèche dans le cœur.

— Gaïan ! hurlai-je.
— Père !

Et il n'était pas seule, à ses côtés, une Libégon le tenait fermement. Malgré toutes les nuits qu'elle avait passées dans ce cachot, elle n'avait rien perdu de sa fierté et de sa superbe.

— Aglaé !
— … Wildnis...

Soudain, le rire d'Entei tonna.

— HAHAHAHA ! Te voilà enfin, Wildnis, celui avec qui tout à commencé... ! Si tu n'étais jamais arrivé, toi et ta fichue armée du désert....

J'en doutais depuis le début mais là c'était clair, ce légendaire me connaissait personnellement. Sa manière de parler à moi, et pas qu'à moi d'ailleurs, même à Affienns ou Cassis... mais qui était-il ? Un survivant d'un des villages que j'avais détruit ? Mais si c'était le cas, pourquoi s'être allié à Eurasc, qui était le commanditaire de mes massacres ?

— Écoutez, hésitai-je. Si je vous ai fait du mal, j'en suis désolé mais...
— Désolé ? me coupa brutalement Entei. Non, non, non, surtout pas ! C'est en parti grâce à toi, oui, c'est grâce à toi ! Si tu n'étais pas venu à Lugeni, jamai Eurasc ne serait venue me voir, jamais je n'aurais connu une telle puissance !
— L-Lugeni ?!

Deux minutes, il avait bien dit Lugeni ? Le village où j'avais retrouvé Cassis ? Mais qui était-il ?!

— Oh voyons, tu ne me reconnais toujours pas ? Moi, le petit Pokémon que tout le monde avait rejeté à cause d'un petit accident, celui que tout le monde évitait après que l'un de tes subordonnés ait tué ma sœur...
— … !

U-Un Pokémon rejeté... qui avait perdu sa sœur... non ! Ça ne pouvait pas être lui !

— Aaah, je vois dans ton regard que la vérité t'éclaire enfin ! Oui, c'est bien moi, Braise, le petit Pyroli de Lugeni ! J'ai changé, n'est-ce pas ? Remercie Eurasc pour cela, sans lui, je serais encore à me morfondre dans ce fichu village ! Mais lui, Eurasc, à su voir mon potentiel, il a su voir que j'étais de la race dominante ! Il m'a donné l'Orbe, qui m'a tout de suite accepté ! Il a dit que j'étais l'un des rares Pokémon de ce monde à pouvoir utiliser l'Orbe à son plein potentiel, jusqu'à transformer mon apparence !
— A-Alors, commençai-je à comprendre, Suicune est...
— Oui, c'est bien Pluie. Visiblement, lui aussi avait les mêmes prédispositions que moi à l'Orbe, peut-être parce que nous sommes frères ? Mais qu'importe, puisqu'il est vaincu.
— … et tu le seras aussi bientôt, le menaçai-je. Relâche tout de suite mon peuple et ma famille !

Un sinistre ricanement hanta ténébreusement la prison. Je regardais, terrifié, le visage d'Entei – non, de Braise – devenir de plus en plus sombre.

— Les relâcher ? A la bonne heure ! C'est justement ce que je comptais faire !

Soudain, il se retourna vivement, crachant aléatoirement une gerbe de flamme brûlante sur le cachot. Son Lance-Flamme passa à travers des barreaux comme dans du beurre, et explosa sur une famille de Cacturne qui se serrait dans les bras, impuissante ; de la sève verdâtre coula de leur membre arrachés.

— Je vais les relâcher de leur vie !
— … !!
— Ôte moi d'un doute, ricana Braise, c'est bien ce qui était prévu, non ? Eurasc t'avait ordonné de détruire tous les villages du désert, si tu voulais revoir les otages en vie. Pourtant, tu as perdu à Lugeni, et de plus, le village de Herz est toujours intact. Tu as failli, c'est donc tout naturel que tu en paies les conséquences !

Alors que j'étais pétrifié de terreur, Braise me rit en nez et reprit son massacre, prenant un malin plaisir à calciner mon peuple, un Pokémon à la fois. Je me mordis tant les lèvres que mes dents se rencontrèrent, je cru que mon cœur fut sur le point d'exploser.

— A..Arrê...
— Tu veux dire quelque chose ? se retourna Braise d'un ton ironique. Dépêche-toi, tu sais bien comme moi que le feu prend vite ici !
— ARRÊTE-TOI TOUT DE SUITE !

Ce fut comme si quelque chose en moi s'était brisée, je ne réfléchissais plus, je ne voyais plus un Pokémon en face de moi, mais un être abject, abominable. Je voulais le détruire, l'anéantir, je voulais qu'il disparût à jamais.

D'une rage hors-du commun, je me précipitais vers lui, les griffes vengeresses. Braise ne perdit pas une seconde et me cracha un intense Feu Sacré en plein visage. Je sentis ma peau brûler mais je n'en avais cure, j'ignorais totalement la douleur et je poursuivis ma course, jusqu'à ce que ma Dracogriffe lacéra bestialement le visage de mon adversaire.

Braise fit un pas en arrière, surpris, et ricana à nouveau. Ma respiration erratique s'intensifiait de ma véhémence, j'étais comme fou, non, j'étais fou. Encore une fois, je me lançai à corps perdu dans une lutte acharnée, ne ralentissant aucunement aux nombreux torrents de flammes ardentes qu'il me projetait à bout portant. Jamais mon élan ne cessa, ma griffe heurta toujours sa proie.

— Qu'est-ce que...

Je sentis soudain comme un doute luire dans les yeux de Braise, je m'en abreuvais délicieusement. D'un appui sur le sol, je fusai vers lui d'une Dracocharge, comme un missile impitoyable ; l'Orbe sur son torse me réceptionna durement. Mais ce n'était pas assez, ma Colère grondait de plus en plus, jusqu'à atteindre son paroxysme.

Je m'acharnai sur Braise, encore et encore, il se défendait tant bien que mal, mais dans mon état, plus rien ne pouvais m'arrêter. Ni ses morsures brutales, ni ses flammes infernales. Mon corps prenait bien sûr des dégâts, mes écailles de dragon étaient toutes carbonisées, certaines étaient même tombées, dévoilant honteusement ma chair à vif. Mais la douleur physique n'était rien, absolument rien face à l'ire de mon cœur ; il pouvait m'arracher un bras, voire même les deux, je continuerais sans relâche mon œuvre destructrice.

— Assez !! lança t-il furieusement.

Je ris bien de sa furie. Qu'était-ce la colère qu'il ressentait, sinon la pathétique peur de voir la situation lui échapper ? Comment pouvait-il opposer cette ridicule colère égoïste à la mienne, qui symbolisait la rage de tout un peuple réuni ?!

Son corps se mit à rougeoyer dangereusement, je devinais instinctivement ce que cela signifiait : il allait déferler son Éruption. Malgré mon état de rage, je compris ce que cela signifiait dans un cadre comme celui des cachots ; personne ne pourrait y échapper.

Déterminé à ne pas laisser cette catastrophe se dérouler devant mes yeux, ma furie royale brisa sa plus haute limite. Une puissance phénoménale m'envahit alors, tandis que mon aura draconique fulminait de mille feux. Je fis pleuvoir un déluge infini de coups sur Braise, tentant de viser son Orbe en priorité, mais le légendaire le protégeait de son mieux en se recroquevillant sur lui-même. C'était une course contre la montre, si je ne parvenais pas à arrêter Braise avant qu'il ne ne chargeât son Éruption, alors...

— MEURS ! hurlai-je.

Épouvanté par cette idée, la cadence de mon acharnement doubla, tripla, quadrupla d'intensité. Mes griffes déchiraient férocement ses poils, perçaient sauvagement sa peau ; son sang gicla abondamment, mais à aucun moment son Éruption ne montrait des signes de faiblesses. Il ne me restait plus que très peu de temps.

— ...ha..hahaha..., ria insolemment Braise. C'est inutile, inutile... ! Bientôt... je... vais tous... les crâmer... jusqu'au dernier !!

Non ! Jamais jamais jamais jamais !! Je ne te laisserais pas faire, je t'anéantirais ! Mon peuple, mon peuple qui m'était si chère, que j'avais tant fait souffrir, jamais, jamais je n'accepterais qu'un seul d'entre-eux ne souffrît d'avantage ! Encore un peu plus, un peu plus de puissance.... !! Encore, encore, encore et encore ! Mes griffes lacérèrent non plus sa peau désormais, mais sa chair sanguinolente.

J’aperçus soudain un début d’Éruption jaillir de son dos, tandis qu'il riait à plein poumon.

La lave se propagea à une vitesse fulgurante, prêt à se déverser sans pitié sur les prisonniers ; sur mon peuple, sur ma famille.

— AAAAAHH !!

La colère, la haine, la honte, le désespoir. Tous mes sentiments se mélangèrent brutalement, me faisant perdre le peu de raison qu'il me restait jusqu'alors. Non.. non... NON ! Je ne pouvais pas... c'était impossible ! Cela ne pouvait pas arriver, pas devant moi, pas après tout ce qu'on avait subit !!

Je poussai alors un hurlement, un hurlement terrible, un hurlement de rage, un hurlement de désespoir, un hurlement appelant au miracle.

Soudain, le château dans son intégralité se mit à trembler, et des fissures se mirent à apparaître sur les murs, le sol et le plafond. Instantanément, une quantité astronomique de sables s'engouffra par chacune de ses nouvelles entrées. Des immenses vagues dorées se formèrent alors, et rentrèrent directement en concurrence avec l’Éruption, s'y confrontant, s'y mélangeant et enfin, l'étouffant entièrement.

Braise trembla de tout son être ; il avait perdu, il le savait. L'immensité sableuse nous entoura lui et moi dans un Tourbi-Sable dépassant l'entendement, comme si nous étions dans une arène de sable improvisée.

— N-Ne t'approche pas ! paniqua Braise. Ne bouge pas ! Pitié !
— Pitié ? grondai-je. Tu oses me demander pitié alors que tu viens de massacrer mes précieux citoyens non seulement sous mes yeux, mais aussi sous ceux de mon fils ?!
— J-Je... non ! C-C'est Eurasc ! Oui, ce n'est pas de ma faute, c'est Eurasc qui m'a forcé !
— Silence ! Garde tes pathétiques excuses pour toi, je n'en ai que faire.

Le Tourbi-Sable tournoya de plus en plus vite, provoquant une véritable tornade. Je levai un bras et lentement, une trombe de sable se créa et prit la forme d'une énorme lance perçante. Braise était devant moi, sans défense. J'avais toutes les armes en main.

Soudain, un doute m'envahit. Qu'étais-je en train de faire ? Allais-je le tuer ? Comme ça, sans pitié ? L'image de Cassis couverte de sang de Tsjins me revint alors. Une image répugnante. Voulais-je vraiment ressembler à ça ? Était-ce vraiment l'image que je voulais donner de moi-même ? Et surtout, alors que mon fils et ma femme me regardaient ?

Ma lance de sable se désintégra lentement, tombant en poussière. Braise me regarda, fébrile, ne semblant pas comprendre mon choix.

— ...ha...hahaha ! ria t-il finalement. J-Je le savais, tu n'as aucun courage ! Tu n'es pas capable de me tuer !
— Crois ce que tu veux. Je ne te laisse pas en vie pour toi, mais pour moi. Aussi, ne me remercie pas trop vite, te laisser à ta vie pathétique est bien plus cruel que de t'en libérer.
— Voilà qui est bien chevaleresque de ta part.

Brusquement mon corps se tendit. Cette voix que je reconnaîtrais entre mille !

— Eurasc ! hurlai-je.

Petit à petit, l'énorme masse à la fois ténébreuse et lumineuse d'Eurasc apparut devant moi ainsi que le corps de Suicune – ou Pluie – à ses côtés, inconscient. La première chose que je remarquais était que l'Orbe de Pluie était toujours là, fêlée, mais entière.

— Tsst, sifflai-je. Vous allez ramassez nos restes, maintenant que vos subordonnés nous ont bien amochés ?
— Non, résonna sa voix d'un autre monde. Je suis là pour respecter mes engagements. Vous avez défait à la fois Suicune et Entei, vous avez donc réussi mon défi. Par conséquent, par la Loi d'Or d'Iræ, moi, Eurasc, admets avoir été vaincu et lègue le village de Wearl à Wildnis, roi du désert, ici présent.

Je n'ai croyais pas mes oreilles. C'était... fini ? Comme ça ? Sur une simple phrase ? Je n'arrivais pas à y croire, et surtout, le fait qu'Eurasc soit toujours là, aussi hautain et supérieur que d'habitude, me laissait un goût amère.

— Vous ne pouvez pas me vaincre, continua Eurasc en lisant dans mes pensées. Je suis exception, je ne suis pas conforme à la règle, je ne suis pas censé existé. C'est pourquoi je ne me bats pas personnellement, je me contente d'observer.
— Oui c'est ça, faites encore le malin tant que vous le pouvez encore... un jour... un jour on vous retrouvera, et ce jour-là... vous subirez de plein fouet ma Colère !
— … que vous me croyez ou non, rien ne me ferait plus plaisir.

Sur ses dernières paroles énigmatiques, Eurasc disparut, avec les corps de Braise et de Pluie, comme si tout cela n'était qu'un horrible cauchemar.

Subitement, toute la tension qui m'envahissait s’évanouit, je ressentis tout d'un coup toute la douleur que j'avais jusqu'alors ignorée ; le choc fut si violent que je perdis immédiatement connaissance.