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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 16/06/2016 à 23:13
» Dernière mise à jour le 16/06/2016 à 23:13

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 9 : Sans pitié.


Wildnis


— Resserrez les rang ! Rapprochez-vous de moi !

Je continuais sans cesse de hurler de ordres désespérés, sans réussir à me faire entendre. Sous le vacarme de le pluie meurtrière de Roc-Boulet, alourdit par la panique ambiante, ma voix ne parvenait pas à s'imposer. Chacun n'en faisait qu'à sa tête, toutes idées de coordination avait quitté l'âme de notre armée. C'était le pire scénario possible.

Beaucoup de nos Pokémon s'écrasait lamentablement contre le mur de Tsjins-Gravalanch, un mur diablement efficace, avouai-je à contrecœur. Il y en avait des dizaines des dizaines, les uns sur les autres à un tel point qu'ils formaient un barrage de plus de 20 mètres, ne faisant rien d'autre que d'accumuler les Murs de Fer.

J'étais franchement impressionné par Cassis, qui avait su traverser ce mur en une seule charge, moi-même doutais pouvoir en faire autant. Je serais bien parti à sa suite, mais la brèche qu'elle avait crée dans le barrage avait été presque instantanément renflouée par d'autres Tsjins-Gravalanch, nous renvoyant à notre point de départ.

Nous étions donc condamnés à rester là, à s'acharner inutilement sur un Barrage quasi-invulnérable. Les deux Carmache qui accompagnaient Cassis avait tenté de passer sous terre, histoire d'éviter le problème, sans succès. Décidément, ce Eurasc avait pensé à tout. Le Barrage de Tsjins-Gravalanch n'était pas qu'en surface, mais aussi en sous terre ! Je ne savais pas jusqu'à quel profondeur il descendait, mais si des experts en Tunnel comme des Carmache n'avaient su en voir le bout, ce n'était même plus la même d'y penser.

En l'état, ce Barrage vertigineux était inoffensif, il restait en plan, sans rien faire d'autre que des Murs de Fer. Sauf que derrière lui, d'autres Tsjins se donnaient à cœur joie de nous bombarder continuellement de Rocs-Boulets, soit des rochers d'un mètre de diamètre. Et ça, c'était loin d'être inoffensif.

— Tu penses pouvoir tenir longtemps ?

Bien qu'il tentait de paraître calme, je sentais une évidente inquiétude dans la voix d'Affienns. Qui ne le serait pas, vue la situation ?

Je hochai la tête, tentant à mon tour de paraître confient. Mais ni lui, ni moi ne nous faisions d'illusions. Actuellement, j'utilisais mon Zehnte – The World of Sand – à son plein potentiel pour ériger un bouclier de sable au dessus de nos crânes. Cependant même condensé, le sable avait du mal contre une averse de rochers.
Fatalement, des brèches se formaient, fatalement, des Rocs-Boulets écrasaient mes compagnons, fatalement, mon cœur se serrait atrocement.

— Wildnis..., souffla la Canarticho érudite de Cassis. Je te le demande encore une fois, réduit la taille de ton bouclier !
— Jamais ! Il reste encore beaucoup des miens qui sont trop éloignés de moi, si je réduit mon bouclier, ils mourront !
— Mais si tu continues d'épuiser tes forces comme cela, protesta t-elle, c'est ton bouclier dans son intégralité qui disparaîtra et nous mourrions tous !
— … je... je n'abandonnerais jamais les miens... !

Comme si je ne le savais pas ! Cela faisait plus de dix minutes que je protégeais les 250 Pokémon de notre armée avec mon Zehnte, soit la plus puissante capacité que je connaissais. Une capacité qui avait un poids énergétique plus que conséquent.

Artichtote avait raison, je ne tiendrais pas longtemps ; une ou deux minutes tout au plus. Le seul moyen de prolonger mon World of Sand serait de réduire son périmètre d'action, ce qui signifiait aussi d'arrêter de protéger certains Pokémon !

Je ne pouvais pas l'accepter. Ces Pokémon, cette armée, c'était mes anciens citoyens. Leur peine, leur malheurs, leur désespoir, j'en étais leur source. Mais ils avaient quand même décidé de continuer à me faire confiance, et les voilà, en ce moment, en train de tout donner pour moi ! Je ne pouvais pas les abandonner, c'était impossible.

— … !!

Mais les Rocs-Boulets ne montraient aucune pitié. Ils ignoraient mon ressenti, ils ignoraient mon dilemme. Ils continuaient de s'abattre sans relâche sur mon bouclier de sable, encore, encore, encore et encore.
Je puisais dans mes plus profondes ressources, supportant le martyr que m'affligeait cet effort inconsidéré. Je ne remarquais même pas que je mordais mes lèvres jusqu'au sang.

— Mon ami, me souffla Affienns d'une voix calme. Si tu insistes ainsi, tu vas mourir.
— …

Et alors ?! Ma vie, je la donnerais volontiers pour sauver celle de mes citoyens !

— Je reconnais ce regard, sourit Affienns. Tu penses au bien de ton peuple, n'est-ce pas ? Tu es vraiment un Maire exemplaire. Mais je te le demande, comment comptes-tu protéger ton peuple, si tu meurs ? Penses-tu réellement que nous avions une chance de réussir, sans toi ? Non, nous n'en avions aucune ; ta mort en provoqueras encore plus.
— …

Non, n'en dis pas plus ! Si tu continuais, alors, ma volonté...

— Tu nous avais dis que tu avais une femme et un fils, pris en otage par Eurasc, non ? Que penses-tu qu'il va leur arriver, si nous perdons ici ?
— …

… ma famille...

— Wildnis, pour ton propre bien, soit égoïste. Arrête de faire des efforts inutiles, arrêtes de te sacrifier. Tes compagnons se battent actuellement pour toi, et uniquement pour toi ! En refusant leur bienveillance comme tu le fait, ne penses-tu pas que tu insultes leur dévotion ?!
— … !

Je... !

— Pardonnez-moi ! hurlai-je.

Juste avant de me retrouver à bout de force, je cédais à la tentation. Brusquement, je réduis le périmètre de mon bouclier de sable. Désormais plus aisé à contrôler, ce fut comme si un poids énorme fut retiré de mes épaules. Pour qu'un autre le remplace.

Fatalement, les Pokémon qui se trouvaient à la périphérie de mon Zehnte se retrouvaient également sans défense. Ils étaient totalement impuissants. J'entendais leur cris, j'entendais leur os se faire écraser, j'entendais leur corps se déchirer.

— … désolé... désolé... !

Par ma faute, parce que je n'étais pas assez puissant pour maintenir ce fichu bouclier ! Après les massacres que nous avions dû commettre pour le compte d'Eurasc, après les suicides en masses que nous avions essuyés..., j'abandonnais maintenant les miens, je leur ôtais volontairement et en toute conscience ma protection, je les tuais de mes propres mains !

Je me dégouttais moi-même et pourtant... pourtant... moi aussi, au fond, je voulais rester en vie ! Je voulais vaincre Eurasc, retrouver mon village et surtout, revoir ma famille ! Pour mes souhaits égoïstes, juste pour mon propre plaisir personnel... j'étais vraiment une pourriture...

— Cassis...

C'était mon dernier espoir. Elle avait réussi à percer le Barrage des Tsjins-Gravalanch. elle pouvait vaincre ceux qui nous bombardaient de Rocs-Boulets de l'autre côté.

— Je t'en supplie Cassis, dépêche toi...


____________________

Cassis

 Combien ? Juste, combien de Tsjins-Sablaireau devais-je tuer pour avancer ? J'en avais déjà tellement massacré que j'étais entièrement recouverte d'un sang répugnant.

Mon objectif principal était de tuer les Tsjins-Rhinastoc responsables de la pluie de Rocs-Boulets. Si seulement je pouvais les atteindre. Je ne pouvais pas faire un pas sans me heurter à une dizaine de Tsjins-Sablaireau venus de nulle part, les griffes en avant. Je les tuais en un seul coup, évidemment, mais il y en avait tellement ! Sans compter que le sang de mes victimes s'était si rependu que j'avais l'impression de me déplacer dans un lac écarlate, ce qui ne facilité aucunement mes déplacements…. tsst, et pendant ce temps, de plus en plus de nos camarades tombaient...

Bon, tant pis pour ma sécurité, l'enjeu était bien trop important. Je décidai ni plus ni moins que d'ignorer totalement les Tsjins-Sablaireau pour me concentrer uniquement sur les Tsjins-Rhinastoc. Armée de ma Tête de Fer – la même qui m'avait permis de transpercer le Barrage des Tsjins-Gravalanch – et de ma Danse Magnétique, je fusais vers mes nouvelles proies.

Les Tsjins-Sablaireau n'attendirent pas une seconde occasion, et comme à leur habitude, vinrent écraser sur moi leurs griffes brutales. Ces dernières me lacéraient goulûment, normalement, ce genre d'attaque ne m'aurait fait ni chaud ni froid, mais répétée des dizaines et des dizaines de fois par seconde, même une attaque faiblarde pouvait se révéler redoutable.

La douleur manqua plusieurs fois de me faire défaillir et lorsque j’atteignis enfin le rang des Tsjins-Rhinastoc, je soupirais instinctivement de soulagement. Toutefois, le plus dur restait encore à faire : tous les tuer, tout en évitant de me faire moi-même tuer par l'armada de Tsjins-Sablaireau.

Fort heureusement, je trouvais avec facilité la gemme écarlate des géants de pierre. Un coup de mâchoire, et l'un d'entre deux retourna à la poussière. Allez ! Plus qu'un petit effort et je débarrasserais définitivement le monde de ces atrocités...


____________________

Morflam

Haha, la grande Morflam n'allait pas rendre les armes sans rien dire ! Je ne voulais pas tuer les Tsjins, certes, mais je ne voulais pas mourir non plus. Il ne nous restait plus qu'une solution : la fuite. Et c'était justement ce que nous faisions : courir, courir, et encore courir.

A l'occasion, je jetai des Déflagration derrière nous histoire de balayer un peu le terrain – je pouvais y aller à pleine puissance vu que les Tsjins étaient immortels tant qu'on ne brisait pas leur gemme écarlate.

— Juste une question..., lâcha Belcol-Exion à bout de souffle.
— Oui ? répondis-je innocemment.
— Depuis tout-à-l'heure on court, mais, à tout hasard, est-ce que tu as une fichue idée d'où nous sommes exactement ?!
— … hihihi !
— Ce n'est pas le moment de « hihihi » !

Honnêtement, je voulais savoir le nom du mec qui avait définit Wearl comme étant un village. Lugeni par exemple, c'était petit, on pouvait faire le tour en une heure à peine, ça, c'était un village ! Alors que Wearl, c'était crévindiou de grand ! Des maisons partout, des petites ruelles sombre à foison... bref, tout ce qui caractérisait une ville !

Résultat, Belcol-Exion et moi, on tournait sans cesse en rond dans ce labyrinthe rurale, sans savoir où se trouvait la sortie. Et en bonus nous avions le complément « armée de Tsjins qui nous poursuivait inlassablement dans la nuit ».

— Je sais ! m'illuminai-je. On m'a toujours dit que dans on est perdu, il faut suivre une rivière !
— Ça ne marche qu'en forêt ça, imbécile !
— Ah oui, zut... mais critique pas ! Moi au moins je propose des solutions !
— Si seulement ces solutions étaient pertinentes...
— Oui, bah je ne suis pas connue pour être intelligente, hein !
— …

Non mais, parce qu'il pensait vraiment que moi, Hungry Fire, la Roussil qui ne pensait qu'à manger et à lancer de jolies flammes, allait donner une réponse intelligente ? C'était le rôle de Cassis ou d'Artichtote ça, mais manque de peau, aucunes de mes deux amies n'étaient présentes actuellement.

— Euh... j'ai quelque chose à t'avouer, fis-je soudain d'une petite voix toute mignonne.
— … je crains le pire...
— Bah en fait, je suis presque à court de Stomach Energy !
— … ce qui signifie ?
— Ce qui signifie que ma transformation en Hungry Fire va s'arrêter. Le petit hic, c'est que j'ai tellement abusé de mes pouvoirs que je ne vais même plus avoir suffisamment d'énergie pour pouvoir marcher et ce, dans exactement trois, deux, un...

Brusquement, mon corps tomba de lui-même et ma fourrure reprit sa teinte normale.

— … zéro..., hihihi...
— M-Morflam ?! D-Dis moi que tu plaisantes !
— … ouais, j'suis dans la merde là ! … euh dis, ça te dérangerais de me porter ?
— Gnn, tu as décidé d'être lourde dans tout le sens du terme, hein...

Belcol-Exion avait beau rouspéter, il prit tout de même la peine de s'arrêter et de m'installer bien confortablement sur son dos. Enfin, confortablement...

— Tes écailles me font mal et ton aileron me gêne...
— Désolé princesse, pesta t-il, mais vous allez devoir supporter ces inconvenances, nanméoh !

Haha, je devrais peut-être éviter de l'énerver. Surtout qu'il avait raison, dans cette situation, j'étais un véritable poids ; je le ralentissais et à cause de moi, nos poursuivants prenaient de plus en plus d'avance.

— Va falloir trouver une idée, et très vite ! lâcha le Carmache.
— Moi je passe mon tour, j'peux même plus bouger !
— … j'ai bien envie de lâcher du leste...
— Hé mais c'est une bonne idée ça ! Si tu t'allèges, on pourra aller plus vite... mais euh, qu'est-ce que tu comptes lâcher au fait ?
— Je te laisse deviner.
— … hé ! Mais tu parles de moi en fait ! Non, non, tout mais pas ça !
— Je ne m'en rends compte que maintenant, mais tu es vachement longue à la détente...

Arf, voilà qu'il se moquait de moi. Mais il n'avait pas vraiment tord aussi ; pour ma défense, sans ma Stomach Energy, je n'étais pas au mieux de ma forme.
Soudain, alors que j'étais encore plongée dans mes pensées, Belcol-Exion s'arrêta brusquement.

— … un problème ? Pourquoi tu ne cours plus ?
— Pour courir, il faut de l'espace non ?
— … euh...

Interloquée, je levai la tête. Ah. En effet, ce serait très difficile de continuer notre course devant ce très joli cul de sac.


____________________

Cassis

 Le dernier Tsjin-Rhinastoc tomba enfin. Immédiatement après, les Tsjins-Sablaireau s'arrêtèrent comme un seul Pokémon. Ils avaient l'air perdu, sans doute qu'ils étaient programmés pour protéger les titans de pierre et maintenant que ces derniers étaient morts, leur rôle de protecteur n'avait plus aucun sens.

Ma mission enfin accomplie, je sentis désormais pleinement l'étendue de mes blessures, je m'obligeais à tendre mes muscles au maximum pour ne pas hurler. Ces fichus Tsjins-Sablaireau, ils n'étaient pas allés de griffes molles... à cause d'eux...

Mon regard croisa celui des Tsjins. Sans but, ils ne bougeaient plus. Ils étaient totalement vulnérable. Sans doute était-ce l'adrénaline ou un désir sadique de vengeance, mais je fusais précipitamment vers eux. Je n'éprouvait aucune pitié à leur égard, que de la rancœur.

De la rancœur pour m'avoir blessée, pour m'avoir fait perdre mon temps, pour avoir indirectement provoquer la mort de nombre de mes camarades. Mais cette rancœur se transforma rapidement en joie immense à chaque fois que je brisais une gemme écarlate et que le sang de mes victimes giclaient de toutes parts.

— Sublime.

Lorsque le dernier Tsjins rejoint ces camarades dans l'autre monde, une voix bien trop connue résonna derrière moi.

— … Eurasc, marmonnai-je sans me retourner.
— Je ne m'étais pas trompé, tu es bien de la race des dirigeants. Tu sais que mes Tsjins étaient des Pokémon normaux avant, et pourtant, cela ne t'as pas empêché de les massacrer. De ton point de vue, ils n'étaient que des faibles, des faibles t'ayant manqué de respect, des faibles que tu as punie en les sanctionnant de leur vie. C'est exactement ça que ce monde attends des dirigeants. Ils doivent se faire respecter, il doivent démontrer à tous leur supériorité.

Eurasc laissa un moment de flottement dans son monologue, avant de reprendre.

— Regarde autour de toi, Stalhblume. Ces cadavres, ce sang, ce massacre. C'est ton œuvre. Et le plus merveilleux dans tout cela, c'est que tu n'as eu aucun doute. Même maintenant, je ne vois aucune trace de remord chez toi. Je te laisse une dernière chance, Stalhblume. Abandonne ta quête et laisse toi porter par la Loi d'Or.
— … tu es venues juste pour me dire ça ?
— J'espérais altérer ta vision des choses, mais je vois que cela n'a servis à rien. D'un autre côté, rester ferme dans son propre chemin est une qualité remarquable. Je t'attendrais au sommet de Wearl et soumettrais, à toi et à tes compagnons, un défi. Si vous le remportez, je vous rendrais le village, sinon, votre aventure se terminera ici.
— C'est bien aimable de votre part.

Plus aucune réponse. Je me retournais, personne. Il avait disparu. Ce type faisait vraiment tout ce qui lui plaisait, qu'il en profitât tant qu'il le pouvait encore, je viendrais bientôt lui régler son compte.

— Et maintenant, que faire ? demandai-je à vois haute.

La logique voudrait que j'allasse retrouver Wildnis et les autres, mais pourquoi faire ? Maintenant que la pluie de Roc-Boulet avait cessé, il n'avait pas besoin de moi pour continuer à avancer. En revanche, deux Pokémon en particulier m'inquiétais toujours : Morflam et Belcol-Exion. Je n'avais encore retrouvé ni l'un, ni l'autre, et j'étais bien à même de savoir que leur situation était critique.

Je devais partir à leur recherche illico, une seconde de plus à rêvasser ici pouvait aussi être leur dernière.


____________________

Affienns


 Nous restions tous interdit, même les plus enflammés n'osaient faire le moindre mouvement. Une fois que l'averse de Roc-Boulet fut terminée, nous avions pu concentrer tous nos efforts à la destruction du mur de Tsjins-Gravalanch, un mur qui tomba bien vite. Et derrière lui, se trouvait un spectacle morbide.

Rouge, rouge, rouge. Que du rouge. Du rouge et des cadavres, des dizaines et des dizaines de cadavres de Sablaireau, des cadavres dans des états pitoyables, baignant dans leur entrailles ; j'entendis certain des nôtres vomir.

— C'est... C'est Cassis qui a fait ça ? expirais-je difficilement.
— …. sans doute, me répondit Wildnis en tremblant légèrement.

Je ne voyais qu'une explication à ce désastre, Cassis avait dû trouver le point faible des Tsjins, leur gemme écarlate. Mon ami Virchen m'avait mis en garde, il ne fallait absolument pas toucher à ce point faible.

Si jamais la gemme écarlate était brisée, le Tsjin redevenait instantanément un Pokémon normal, comme si rien ne s'était passé. Une bonne chose ? Pas tout à fait. Il reprenait sa conscience, uniquement pour souffrir d'une mort atroce.

Imaginez que vous étiez un Pokémon normal, vivant une vie normale. Puis, Eurasc se présentait devant vous et vous transformait en monstre téléguidé, sans aucune volonté. Et enfin, quelqu'un brisait votre gemme, et vous vous réveilliez de votre cauchemar. Vous n'aviez aucune idée de ce qui s'était passé, vous ne saviez même plus où vous étiez.

Soudain, alors qu'une montagne d'interrogations vous submergeait, une vive douleur vous assaillait brusquement. Et puis, vous ne pouviez que constater votre funèbre destin, votre peau qui pourrissait sans raison, votre sang qui giclait de vos orbites...

Qu'importe comment l'on le regardait, c'était un destin infâme que l'on ne souhaiterait à personne. C'était pour cela que je ne voulais pas que ce point faible fut connu de nos troupes. Je savais que l'on était en guerre, que notre vie était en jeu, mais ce n'était pas une raison pour devenir des monstres.

Je pensais aussi à la charge psychologique qu'un meurtre de cet envergure pourrait engendrer. A moins d'être absolument sans pitié, il était impossible de ne rien ressentir en voyant un Tsjin mourir. Et visiblement, Cassis n'avait pas ce problème.

Je savais que Cassis avait tendance à se fixer un objectif et à le suivre jusqu’au bout, quelles qu’en fussent les conséquences. Mais là... comment... comment avait-elle pu massacrer tous ces Sablaireau ? Comment avait-elle pu supporter le sang qu'elle répandait ? Comment avait-elle pu supporter les hurlements de douleur ? Avait-elle ressenti quelque chose pendant son acte meurtrier ?

Je voulais me persuader que oui, je voulais me persuader qu'elle avait hésité à tuer, je voulais me persuader qu'elle l'avais fait à contrecœur, je voulais me persuader qu'elle l'avait fait uniquement par nécessité.

Oui, je voulais m'en persuader, mais au fond de moi je le savais, elle n'avait fait preuve d'aucune pitié.