Chapitre 16 : Panique
Elle avait chaud. Elle était fatiguée. Elle était faible. C'était les seules choses qu'elle ressentait. Elle était dans un demi-sommeil qui l'empêchait de bouger. Elle était trop épuisée pour ressentir de la peur face à un tel état de faiblesse. Elle aurait dû se redresser d'un coup, essayer de savoir où elle se trouvait, comprendre pourquoi elle n'était pas encore morte et se mettre en sécurité. Son état de faiblesse l'empêchait de faire une chose pareille. Et puis, Alizé n'en avait pas envie. Tout ce qu'elle souhaitait à présent, c'était se reposer. Tout lâcher et dormir. Elle avait perdue Solon. Elle avait perdue Aaron. Plus rien n'avait d'intérêt. Elle était seule et tellement fatiguée…
Elle entendait des bruits autour d'elle. Quelqu'un s'agitait non loin. Mais Alizé n'avait pas le courage d'ouvrir les yeux pour voir qui se trouvait là. Elle avait à nouveau cette impression de sécurité. Comme quand elle était aux côtés d'Aaron. Alors même si ce n'était qu'un rêve, même si Aaron se trouvait certainement à plusieurs centaines de kilomètres d'elle, l'humaine continua de croire que c'était le Arcko qui s'occupait d'elle. Elle avait l'impression de sentir sa présence autour d'elle. De revoir ses gestes, ses mimiques. Pourtant, quand elle sentait que le Pokémon s'approchait d'elle, changeait ses bandages et vérifiait qu'elle allait toujours bien, ce n'était pas les mains d'Aaron.
Elle sentait qu'on lui mettait quelque chose dans la bouche, qu'on la forçait à manger. Elle sentait qu'on vérifiait l'état de ces blessures. Le Pokémon devait tenir à elle ou alors avoir un intérêt à la voir vivante. Il n'y avait pas d'autre explication au soin qu'il prenait à la guérir. Alizé ne comprenait pas pourquoi il faisait ça. Personne ne tenait à elle ou n'avait d'intérêt à la garder vivante dans ce monde. La seule personne qui acceptera cela était certainement très loin d'ici alors qui pouvait s'occuper d'elle ? Cette question restait sans réponse et elle n'avait pas la force d'ouvrir les yeux pour avoir la réponse. Elle alternait entre des périodes d'inconscience et des moments de demi-sommeil où elle entendait tout ce qu'il se passait autour d'elle. Par moment, seul le silence était présent, aucun bruit ne se faisait entendre, la laissant deviner que le Pokémon s'absentait par moment.
C'était logique après tout. Ce protecteur n'allait pas rester tout le temps à ses côtés. Il devait de temps en temps sortir, au moins pour se nourrir. Elle ignorait l'endroit où elle se trouvait mais avait facilement devinée qu'elle était dans un endroit abrité. Elle entendait encore l'extérieur, le bruissement des feuilles, le craquement des branchages mais tout cela était étouffé. Elle était cachée quelque part, certainement à l'abri des autres Pokémon. Personne ne risquait de l'attaquer dans ce lieu. Savoir cela l'avait un peu rassurée. Sa méfiance n'était pas totalement tombée et elle avait encore peur d'être attaquée sans pouvoir rien faire.
Finalement, au bout d'un long moment, elle put enfin bouger. Elle eut enfin suffisamment de force pour se redresser, ouvrir les yeux et voir où elle se trouvait. Elle était dans un creux de ce qu'il semblait être un arbre. Un trou creusé à même l'arbre, suffisamment en hauteur pour qu'aucun Pokémon ne vienne sans se faire repérer, mettant à l'abri les résidents de la cachette. L'humaine ne risquait rien dans ce lieu. Pouvoir vérifier cela la rassura même si elle avait devinée qu'un prédateur ne pourrait pas venir dans ce lieu. Sinon, il y aurait eu très peu de chance qu'elle puisse survivre lors des absences de celui qui l'avait soignée. Pokémon qui n'était d'ailleurs pas dans l'abri.
Alizé était seule et ne savait pas quoi faire. Devait-elle s'enfuir sans chercher à savoir qui était celui qui l'avait soigné ou bien attendre et le voir ? Elle n'arrivait pas à se décidée. Elle avait peur de ce Pokémon qu'elle ne connaissait pas. Pourquoi avait-elle été sauvée ? Plus personne ne faisait cela depuis bien longtemps. Alizé n'avait jamais rencontré de Pokémon assez gentil pour sauver quelqu'un. Sauf deux êtres. Mais l'un était mort et l'autre certainement à plusieurs centaines de kilomètre d'elle. Peut-être que celui qui l'avait sauvé voulait juste avoir le plaisir de la tuer quand elle serait consciente. Ou alors, il préférait peut être mangé des proies vivantes et non morte. Elle avait un petit peu entendu parler de ce genre de prédateur et elle espérait ne jamais en rencontrer.
La peur commençait à l'envahir de plus en plus. Il fallait qu'elle parte. Cela sera certainement bien plus prudent que n'importe quoi d'autre. Elle se releva en grimaçant, sentant ses muscles courbaturés et sa blessure lui faire mal. Bien que celle-ci soit presque totalement cicatrisée, elle restait fragile et douloureuse. Elle sortit avec précaution de la cachette et réussit à grimper jusqu'à la cime de l'arbre. Elle put ainsi se situé dans la forêt. L'humaine se trouvait au centre d'une forêt pas particulièrement grande. C'était une bonne chose, elle pourrait facilement repartir à la recherche des prochaines reliques.
Même si elle s'était beaucoup éloignée de la première relique découverte, elle savait exactement comment la retrouver. Comme si elle avait une carte en elle qui lui permettait de toujours se retrouver. C'était terriblement pratique et elle était bien contente de pouvoir ainsi toujours savoir où elle se trouvait. Un craquement se fit entendre, la faisant se recroqueviller sur sa branche. Quelqu'un se trouvait non loin d'elle. Sur le même arbre. Cela devait être son sauveur. Il devait avoir remarqué la disparition de sa proie et allait dans très peu de temps se mettre à sa recherche. Choisissant rapidement une nouvelle direction à prendre, Alizé sauta sur un autre arbre et poursuivit son chemin le plus rapidement possible. Il fallait qu'elle sème le plus rapidement possible ce prédateur.
L'humaine sautait d'arbre en arbre le plus rapidement possible. Elle avait entendu l'autre Pokémon se mettre à la poursuivre, elle devait sortir de cette forêt le plus rapidement possible. Le prédateur était visiblement agile et rapide, elle continuait de sentir sa présence derrière elle, il arrivait à la suivre. Peu de Pokémon étaient capables de cela dans les arbres. A un moment, elle essaya de se retourner pour voir à quoi ressemblait son poursuivant. Tout ce qu'elle réussit à faire fut de presque se faire assommer par une branche se trouvant pile devant sa tête. Elle put seulement apercevoir la silhouette qu'elle avait déjà vue avant de s'évanouir.
Elle continua de sauta d'arbre en arbre pendant un petit moment, devinant qu'elle allait bientôt arriver à la fin de la forêt. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est que la branche sur laquelle elle atterrit n'était pas solide. L'humaine entendit un gros craquement avant de se sentir tombé sans rien pouvoir faire pour arrêter sa chute. Elle laissa échapper un cri de surprise et de peur. L'arbre était haut, elle n'arriverait pas en bas indemne. Fermant les yeux en attendant l'impact, elle fut surprise de ne plus se sentir tomber. Que c'était-il passé ? Elle les rouvrit pour se figer de peur. Le prédateur l'avait rattrapé.
Il était légèrement plus grand qu'elle, de couleur verte. Il avait des feuilles aux niveaux des coudes ainsi qu'une longue sur sa tête. Et deux yeux dorés qui lui rappelaient énormément ceux de son plus cher ami. Elle se débattit, essayant de se libérer de son agresseur qui ne faisait rien d'autre que la fixer en la tenant fortement. Elle avait une quête à finir, elle ne pouvait pas se faire tuer maintenant. Pas alors qu'elle avait survécu à tant de chose. En donnant un coup dans le ventre rose du Pokémon, elle réussit à se dégager et elle s'échappa rapidement. Cela sembla réveiller le Pokémon qui reprit sa poursuite. Elle allait le plus rapidement possible, ne voulant surtout pas être rattrapée. Il fallait qu'elle mette le plus de distance possible entre elle et lui.
« Attends-moi ! »
S'il y a bien une chose auxquelles elle ne s'attendait pas, c'était d'entendre son agresseur parler. Très peu de Pokémon avait gardé cette habitude. Elle n'en connaissait que trois. Son père, son frère et le Créfollet. Et elle avait bien compris que même si un Pokémon parle, il n'était pas obligatoirement gentil. Elle continua donc sa fuite le plus rapidement possible.
« Arrête-toi ! S'il te plait ! Alizé ! »
Elle loupa la branche et commença à tomber à nouveau. Le Pokémon l'avait appelée par son prénom. Pourtant c'était impossible, seul Aaron le connaissait. Et l'Arcko n'était pas là. Elle fut à nouveau rattrapée par son poursuivant qui la serra fort dans ses bras. Comme si il ne voulait pas la voir partir. Elle n'arrivait pas à y croire de son côté. Comment un Pokémon qu'elle ne connaissait absolument pas pouvait connaître la seule chose qui la rendait unique dans ce monde.
« Pourquoi… Pourquoi tu connais mon nom ?
-Alizé… C'est moi… Je suis Aaron. »