Passé du Futur de Adama-chan

Depuis que Solon était mort, ils n'avaient presque pas parlés. Pas échangé le moindre mot ou commentaire. Cela durait depuis le début de leur exil, ils n'avaient pas ouvert la bouche trop plongé dans leurs souvenirs de leurs anciennes vies. Ils s'arrêtaient de temps en temps pour faire une pause, d'un échange tacite et reprenaient leurs marches dès que les deux étaient réveillés et en forme. Cela faisait un moment qu'ils marchaient ainsi, dans le silence le plus total. Aucun des deux n'osait dire quoi que ce soit, espérant que l'autre prenne la parole. C'était une sorte de recueillement en honneur à Solon.

Solon. Alizé était vraiment affligée, désespérée par sa mort. Elle ressassait constamment les pensées qu'elle avait de lui, n'arrivant pas à se détacher des souvenirs de son protecteur. Elle le considérait comme un père et cela lui brisait le cœur de savoir qu'elle ne le reverrait plus jamais. Que c'était finit, qu'elle ne se réveillerait plus avec un bonjour enjoué du Pokémon feu. Elle n'arrivait pas à y croire. Cela paraissait impossible. Tout avait changé si vite. Cela lui donnait envie de pleurer et de tout abandonner. Mais elle ne pouvait pas, elle n'avait pas le droit. Elle devait honorer la mémoire du Chartor en continuant à vivre. Sinon son sacrifice aurait été vain.

Alors elle se forçait à penser à autre chose. Aux flammes. Ces choses brillantes, mouvantes qui semblaient être vivantes. L'humaine n'avait pas vraiment eu le temps de les observer en détail, devant s'enfuir rapidement. Maintenant, elle y repensait constamment. La lumière qui avait été diffusée par cela, la façon de bouger ainsi que l'immense chaleur qui avait envahi l'atmosphère quand elles avaient éclatés. Tout cela lui donnait énormément envie. Elle voulait revoir le feu, ressentir cette étrange chaleur. Tout ce qu'elle avait lu dans la grande bibliothèque lui revenait à l'esprit. Tous ces détails sur le temps, le soleil ou la chaleur. Cela devait être fantastique de vivre dans le Passé.

Trop perdue dans ses pensées, elle ne fit pas attention et son pied dérapa. Surprise, elle laissa échappée un cri avant de commencer à dévaler la dune. Inquiet, Aaron la rejoignit rapidement. Ils ne devaient pas se perdre de vue. Ils ne devaient pas rester seuls. Sinon, ils risquaient tous les deux d'abandonner, de perdre cette envie de vivre. Ils l'avaient finalement trouvés, ils ne devaient plus la perdre. Jamais. Ils devaient rester unis pour combattre ce monde si cruel et impitoyable.

L'Arcko était en train de dévaler la dune quand il entendit un nouveau cri de sa partenaire, un cri de peur. Véritablement inquiet, il accéléra sa descente pour voir qu'Alizé était en train de se faire attaquer par un Kraknoix. Elle ne pouvait pas s'enfuir, bloquer dans un piège de sable de son adversaire. Fou de rage en voyant sa presque-sœur se faire attaquer et blesser, il sauta directement sur le dos du Pokémon et laissa son pouvoir dérober l'énergie de l'autre. Vol-vie. Ce dernier s'effondra rapidement suite à cela. Aaron se redressa pour faire face à Alizé, voulant vérifier qu'elle n'était pas blessée.

« Merci. Ne t'inquiète pas, il m'a juste mordu le bras. Je n'ai presque rien. »

Encore en colère en voyant que sa camarade était blessée, il l'obligea à s'assoir pour la soigner. Il ne pouvait pas transmettre l'énergie qu'il avait volée à l'autre Pokémon, c'était dommage. Les soins auraient été plus pratiques comme cela. Il protégea la plaie avec les quelques bandages qu'il avait gardé de chez Solon. Dès que cela fut finit, ils repartirent. Ils ne pouvaient pas rester trop longtemps au même endroit, c'était trop dangereux et ils devaient continuer. Ils devaient trouver ce « but ». Cet objectif à atteindre.

Ils marchèrent encore un long moment. La chaleur du désert ne les touchait plus à présent. Ils avaient passé de nombreuses années ici alors leurs corps avaient finies par s'habituer. La blessure de l'humaine lui faisait mal mais pas question de se plaindre. Elle ne devait pas montrer sa faiblesse. Aaron semblait encore contrôlé par la colère alors elle ne devait rien faire pour le contrarier. Elle savait bien qu'il ne l'attaquera jamais mais elle ne voulait pas encore plus l'agacer. Il était trop impulsif quand il se mettait en colère. Elle ne voulait pas qu'il fasse une bêtise ou quelque chose d'imprudent.

Soudain, l'Arcko s'arrêta. Curieuse, Alizé essaya de voir ce qui l'avait ainsi interrompu. Des sables mouvants. Ils avaient bien fait de s'arrêter avant. Le sable coulait tout doucement à l'intérieur, comme si il n'y avait aucun danger. Pourtant, l'humaine était certaine de ne plus pouvoir en sortir si ils tombaient dedans. C'était cela le piège. Les Pokémon les plus crédules s'avançaient sans faire attention et se retrouvaient bloqués dans le piège naturel. Alors ils mourraient étouffés et sans force dans le sable. Elle avait déjà vue un Pokémon mourir comme cela. C'était vraiment affreux.

Ils allaient faire demi-tour quand soudain un grognement se fit entendre. Immédiatement prêt à combattre, les deux partenaires se retournèrent. Derrière eux se trouvait un Escroco. Et visiblement, il ne leur voulait pas du bien. Avant même qu'ils ne puissent réagir, il leur sauta dessus. Alizé évita l'attaque de peu avant de répliquer avec un coup dans la mâchoire. Elle n'avait plus son petit couteau. Il était resté dans la grotte de Solon. Elle allait devoir en refaire un. Mais là, c'était vraiment le cadet de ses soucis.

Aaron l'attaqua à son tour, prêt à défendre sa camarade. L'Escroco était malgré tout plus fort qu'eux et il les repoussait petit à petit. Ils étaient presque dans les sables mouvants quand le Pokémon adverse fit un faux pas et s'écroula sur eux par erreur. L'Arcko n'attendit pas pour lui donner le coup de grâce et ainsi se débarrasser de cette menace. Ce qui n'était pas prévu, c'est qu'avec le poids de l'Escroco, ils basculèrent dans le piège naturel, le cadavre les bloquant.

Ils glissaient rapidement au fond du piège qui peu à peu les engloutissaient. Ils essayaient de se débattre et de s'échapper sans aucun succès. Non, ce n'était pas possible. Ils ne pouvaient pas mourir ainsi, aussi bêtement après tout ce qu'ils avaient vécus. Pas maintenant. Ils n'avaient même pas accomplit la dernière volonté de leur mentor. Les larmes venaient aux yeux de l'humaine. Elle ne voulait pas qu'ils finissent comme cela. C'était impossible. Elle voyait Aaron continuer d'essayer de s'échapper sans succès. Ils allaient mourir. Du sable commençait déjà à s'engouffrer dans sa bouche. L'aventure était finit. Ce fut sa dernière pensée avant d'être totalement recouverte de sable et de s'évanouir.


Elle se réveilla pourtant un peu plus tard. Et elle était encore vivante. Elle se redressa rapidement pour cracher tout ce qu'elle avait avalé par erreur avant de regarder autour d'elle. Elle était dans une sorte de caverne. Du sable tombait doucement du plafond. Il y avait un trou au-dessus d'elle. Ils étaient tombés de là ? Cela voulait dire que les sables mouvants menaient à un autre endroit, non ? Un endroit secret caché de tous. Et si c'était cela que Solon voulait qu'ils découvrent ? Et si cet endroit cachait un immense secret ? Leur objectif, leur but.

Elle se redressa avec précipitation, cherchant Aaron. Il ne pouvait pas avoir disparu très loin. Elle le trouva à quelque pas d'elle, évanoui. Elle se dépêcha de le secouer pour le réveiller, voulant aller explorer cet endroit le plus rapidement possible. Il se réveilla en grognant, n'appréciant pas la violence du réveille. C'est vrai qu'elle n'était pas particulièrement douce mais elle n'était pas violente, il exagérait vraiment.

« Où sommes-nous ?

-Dans une grotte sous le sable mouvant ! Tu te rends compte ? Il doit y avoir un endroit secret, un trésor doit se cacher à l'intérieur ! Viens vite, on va le découvrir !

-Et si c'était un piège ? Et si un Pokémon vivait au fond et est prêt à nous attaquer ?

-Mais non, je suis sûre que c'est l'endroit dont il parlait ! Viens vite ! »

Et elle commença à courir. Elle n'avait pas osé prononcer le nom de Solon. Elle n'osait pas l'évoquer à nouveau. Elle ne voulait plus penser à lui. Il fallait qu'elle passe à autre chose, elle ne devait pas rester bloquer sur le passé. C'était triste et cruel mais elle ne pouvait pas continuer de penser à lui. Maintenant, l'espoir lui permettait de croire en de nouvelles choses. Elle pouvait espérer avoir un objectif, un but. Elle pouvait espérer faire changer les choses.